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Diplomacy & Defense Think Tank News

Dr Filippa Chatzistavrou writes in Revue Française d’Administration Publique on European economic governance and the Greek crisis

ELIAMEP - dim, 30/10/2016 - 07:35

From national coordination to supranational supervision: Greece towards the EU programs of economic adjustment – This article assesses the impact of European economic governance on the political and administrative system of Greece in the context of the sovereign debt crisis. It describes the changes in the coordination and administrative system that Greece has put in place according to the requirements of the economic adjustment programmes in order to adapt to the new environment at national and European level. The article assesses how the strict conditions of the Greek membership in the Eurozone have weakened the centrality of the State, the administrative and political sovereignty of Greek governments and their bargaining power in the intergovernmental decision-making bodies governing the Eurozone.

Author: Dr Filippa Chatzistavrou

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„Eine gute Wahl“: Gewinner des Lokaljournalistenpreises feiern in Chemnitz

Konrad Adenauer Stiftung - dim, 30/10/2016 - 00:00
In Chemnitz haben die insgesamt 15 Gewinner des Deutschen Lokaljournalistenpreises in einem Festakt ihre Urkunden erhalten.

La justice internationale existe-t-elle ?

IRIS - ven, 28/10/2016 - 16:45

Stéphanie Maupas est journaliste indépendante, spécialisée sur les questions de justice internationale. Elle répond à nos questions à l’occasion de sa participation aux Géopolitiques de Nantes organisées les 30 septembre et 1er octobre 2016 par l’IRIS et le lieu unique avec le soutien de Nantes métropole :
– Comment expliquer le mauvais démarrage de la Cour pénale internationale ?
– Quels sont les principaux succès de la CPI ?
– La CPI ne représente-t-elle pas une justice occidentale ? Pourrait-on voir un jour G.W. Bush, T. Blair ou N. Sarkozy traduits devant cette Cour ?

Venezuela : les enjeux nationaux et régionaux de la bataille entre l’opposition et Nicolas Maduro

IRIS - ven, 28/10/2016 - 16:22

Dans quel contexte politique se trouve le Venezuela aujourd’hui ? Quels sont les acteurs et les revendications des deux camps dans cette crise ?

Le Venezuela est, aujourd’hui, le théâtre d’affrontements politiques intenses entre le gouvernement chaviste et son opposition majoritaire à l’Assemblée nationale sur fond d’approfondissement de la crise économique et sociale qui secoue le pays depuis 2013. C’est cette dernière, qui s’est abattue sur toute l’Amérique latine, notamment du Sud, en 2013 lorsque Nicolas Maduro remportait au même moment l’élection présidentielle, qui est le point de départ de la situation actuelle.

Le pays vit la plus grave crise économique de son histoire. Cette dernière se déploie dans un contexte plus global de récession économique en Amérique latine et de chute de la demande mondiale et d’effondrement du prix des ressources naturelles et des matières premières. Le Venezuela dépend quasi-exclusivement de ses exportations de pétrole.

La dégradation constante de l’économie, des conditions de vies matérielles de la population a atteint un point critique. Ceci a dégénéré en mécontentement social – notamment au sein des secteurs populaires qui constituent la base sociale du chavisme -, puis en crise politique radicalisée. Les tensions entre le chavisme et la droite ont accompagné la vie du pays depuis le premier jour de la Révolution bolivarienne (1998). Ce n’est pas la première fois que la polarisation qui caractérise la vie politique et sociale vénézuélienne prend un tour dramatique – rappelons-nous du coup d’Etat contre Hugo Chavez en 2002 -, mais aujourd’hui, la situation semble de nouveau indiquer la possibilité d’un point de rupture.

Les développements actuels (accusation mutuelle de « coup d’Etat » entre le gouvernement et l’Assemblée, appels à la grève générale, mobilisations de chaque camp dans la rue – l’opposition appelle ses partisans à marcher vers « Miraflores », le palais présidentiel, le 3 novembre, ce qui a déclenché l’appel similaire des chavistes pour le protéger – , bataille médiatique et sur les réseaux sociaux, guerre juridique d’interprétation de la Constitution et de l’application de ses dispositions, etc.) révèlent un engrenage volcanique au Venezuela.

Dans cette bataille, chaque bloc brandit ses armes. L’opposition détient l’Assemblée nationale, quelques Etats du pays, des villes. Elle dispose de relais puissants dans les secteurs économiques et financiers et les médias. Elle bénéficie aussi du soutien de puissances étrangères, notamment les Etats-Unis. Elle peut également désormais compter avec le soutien des nouvelles droites au pouvoir dans la région, notamment en Argentine (Mauricio Macri s’est directement impliqué dans le dossier vénézuélien pour relayer les revendications de l’opposition), au Brésil et au Pérou (dont le Congrès vient de condamner « la rupture constitutionnelle et le coup d’Etat » au Venezuela, les termes exactes de l’opposition vénézuélienne).

Quant aux chavistes, ils conservent le pouvoir exécutif, un soutien ultra-majoritaire au sein de l’autorité électorale et du Tribunal suprême, dont les magistrats sont proches du gouvernement. Ce dernier bénéficie surtout du soutien de l’armée vénézuélienne, qui vient de réaffirmer sa position publiquement en se désolidarisant clairement des initiatives récentes de l’Assemblée nationale. Dans son document « pour la restitution de l’ordre constitutionnel au Venezuela », cette dernière demandait notamment à la Force armée nationale de ne pas obéir à des décisions contraires aux principes constitutionnels issues du pouvoir exécutif ou judiciaire. L’armée a rejeté la légitimité de cette demande et indiqué qu’elle considérait que l’opposition ne respectait pas cette Constitution qu’elle prétend défendre. Il ne faut pas oublier que le chavisme repose sur une alliance entre le mouvement bolivarien et les forces militaires du pays.

Dans la bataille, les deux camps se rendent coup pour coup et utilisent un panel de méthodes variées ayant pour but d’affaiblir l’adversaire, notamment par la mobilisation de la rue, des médias et le lancement de multiples procédures institutionnelles judiciaires, nationales et internationales. C’est une guerre politique dont l’appareil d’Etat est devenu le théâtre des opérations. Ces derniers jours, l’opposition a décidé d’accuser Nicolas Maduro responsable d’un « coup d’Etat » du fait notamment de la décision du Conseil national électoral de suspendre le référendum révocatoire pour cause de « fraudes » identifiées par des tribunaux locaux dans la collecte des signatures nécessaires à son activation dans cinq Etats du pays.

Depuis, la crise s’est aiguisée et l’opposition semble désormais brûler tous ses vaisseaux dans la bataille. L’Assemblée nationale a proposé une batterie de procédures visant à exiger la restitution de l’ordre constitutionnel au Venezuela, selon elle bafouée. Cette restitution passerait par la révocation des juges et magistrats du Tribunal suprême, du Conseil national électoral (dont elle demande qu’ils soient jugés par la Cour pénale internationale), le départ du président – accusé de « probable double nationalité » et d’avoir « abandonné les fonctions constitutionnelles de la présidence » – par la voie d’une procédure de mise en cause de sa responsabilité. Ce point reste vague car il n’existe pas de procédure de destitution au Venezuela. L’opposition évoque l’organisation d’un « procès politique » contre Nicolas Maduro, notion également inexistante dans la Constitution. Elle le cite néanmoins à comparaître devant l’Assemblée le 1er novembre.

Compte tenu des tensions entre les deux camps, il est difficile de prédire si les différentes instances régionales et internationales de médiation – le Vatican s’est récemment posé en médiateur pour appuyer les initiatives de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) – parviendront à instaurer un dialogue entre les deux partis. Un acquis est que, finalement, une partie de l’opposition – rappelons que celle-ci est très divisée au-delà de son rejet de Nicolas Maduro – semble accepter de participer à une première réunion prévue le 30 octobre. Elle exige que soit reconfirmé le référendum révocatoire et que soit arrêté un calendrier électoral général pour 2017. En attendant, toutes ses composantes poursuivent leur appel à « prendre » la rue, sur un mode de plus en plus insurrectionnel.

Quel est le bilan de Nicolas Maduro ? Comment gère-t-il cette crise ?

Nicolas Maduro est arrivé au pouvoir dans des circonstances imprévues : le décès d’Hugo Chavez. Des élections anticipées ont été organisées durant lesquelles il a été élu avec une courte avance ; l’opposition en avait contesté le résultat. Tout part de là. En réalité, l’opposition n’a jamais accepté cette victoire. Dès 2014, elle avait appelé à « sortir » Nicolas Maduro. Certaines de ses franges, par tous les moyens. 2014 et 2015 ont été deux années de stratégie de la tension impulsée par l’opposition, jusqu’à la victoire du 6 décembre 2015 à l’Assemblée nationale.

En plus de devoir succéder au très populaire Hugo Chavez, le nouveau président vénézuélien s’est trouvé, dès son investiture, confronté à un environnement économique beaucoup plus difficile que celui qui a présidé aux années de pouvoir du fondateur de la Révolution bolivarienne.

La réaction de Nicolas Maduro à la crise a d’abord été de tenter de sanctuariser les bases sociales populaires du pays, terreau militant et électoral du chavisme, en essayant de les protéger de la crise. Aujourd’hui, le gouvernement arrive à poursuivre certaines politiques sociales (logement notamment) et améliore l’approvisionnement de ces populations. Il a également annoncé un relèvement de 40% du salaire minimum à la veille de la grève générale annoncée par l’opposition. Mais sur le plan économique, aucune transformation significative d’ordre macro-structurel n’a été entreprise, le Venezuela reste donc fortement dépendant du pétrole. Autre problème, celui du contrôle de change instauré par Hugo Chavez, qui a abouti à la création de multiples taux de change et à l’émergence d’un marché noir monétaire hyper-spéculatif. Cette situation, non modifiée par le gouvernement, stimule toutes les contrebandes imaginables (en partie responsables des pénuries) et provoque la montée en flèche de l’inflation, qui détruit en retour le pouvoir d’achat des Vénézuéliens et annihile toute politique économique favorisant la croissance et le développement.

Nicolas Maduro annonce aujourd’hui vouloir corriger le tir et amorcer une diversification de l’économie vénézuélienne. Il parle de « révolution productive ». Mais ces transformations sont désormais d’autant plus dures à orchestrer aujourd’hui que le pays ne dispose plus des ressources nécessaires issues de la rente pétrolière pour permettre leur mise en œuvre.

Dans un environnement polarisé autour de deux camps, on ne peut pas dire que le contexte soit propice au rétablissement de l’économie. C’est pourtant la priorité absolue pour l’avenir du pays. Le Venezuela est actuellement dans une situation de pré-conflit et le risque de guerre civile en cas d’aggravation de la situation ne peut plus être exclu.

Peut-il être destitué ?

Comme je le mentionnais, il n’existe pas de procédures de destitution au Venezuela. Les opposants peuvent décider de déclarer le président inapte à assumer ses tâches (« abandon de poste ») mais cela ne saurait trouver une matérialisation directe dans le cadre d’une destitution.

Pour obtenir le départ de Nicolas Maduro, il faut en passer par les élections (prévues en 2019) ou le référendum révocatoire à mi-mandat. Quand bien même il devait avoir lieu et déboucher sur un résultat défavorable à Nicolas Maduro, le référendum aboutirait désormais au remplacement du président par son vice-président. L’opposition n’obtiendrait donc pas la chute du gouvernement et c’est pour cela qu’elle militait pour la tenue d’un référendum au plus tard le 10 janvier 2017. Avant cette date, il aurait abouti sur la tenue d’élections anticipées.

Nicolas Maduro, malgré son impopularité manifeste, ne semble pas en position de tomber, d’autant plus qu’il jouit du soutien du gouvernement et de l’armée, et même d’une légère remontée du prix du pétrole après l’accord des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) signé à Alger le 28 septembre pour faire baisser la production et remonter les cours mondiaux (dossier dans lequel s’est très largement investi Nicolas Maduro depuis des mois).

Comment se situe actuellement le Venezuela sur la scène régionale ? La crise a-t-elle un impact sur les pays voisins ?

Le Venezuela cristallise aujourd’hui les nouveaux antagonismes régionaux entre les gouvernements progressistes de gauche et les gouvernements de droite et de centre droit. Ces derniers tentent de marginaliser la position du Venezuela sur la scène régionale. Le Marché commun du Sud (MERCOSUR) est le théâtre de ces affrontements où l’Argentine, le Brésil et le Paraguay (avec l’accord rétif de l’Uruguay) sont parvenus à retirer au Venezuela sa présidence semestrielle du bloc qui devait lui revenir entre juillet et décembre 2016. Les trois détracteurs de Nicolas Maduro tentent également de suspendre le Venezuela de l’Organisation des Etats américains (OEA) arguant que l’autoritarisme et l’incarcération de « prisonniers politiques » enfreignent la charte démocratique de l’organisation. L’objectif est de marginaliser le Venezuela sur la scène internationale, espérant l’exposer ainsi à un rejet et à des sanctions de la « communauté internationale » pour, in fine, porter un coup fatal au mouvement chaviste.

Mais Nicolas Maduro bénéficie aussi de soutiens, parmi lesquels, l’Equateur, le Nicaragua, la Bolivie et Cuba. Ainsi, il existe aujourd’hui une fracture entre deux Amériques latines dont le Venezuela est devenu la frontière.

Entre les deux camps, l’Union des nations sud-américaines (UNASUR), qui intègre tous les pays d’Amérique du Sud multiplie les efforts, à l’instar du Pape François, pour créer les conditions d’un dialogue entre l’opposition et le gouvernement vénézuélien. Car le basculement du pays vers une guerre civile ou tout type de conflit de haute intensité aurait des conséquences incalculables pour l’ensemble de la région. Le voisin colombien par exemple, en plein processus fragile de négociation de paix avec les FARC, a tout intérêt à ce que le Venezuela, pays clé dans la négociation, ne sombre pas dans l’instabilité. Même Washington, hostile aux chavistes, semble redouter les conséquences d’une éventuelle dégradation de la situation. Avec Nicolas Maduro, ils savent à qui et à quoi ils ont affaire. Mais que deviendrait le pays dans une autre configuration ? Serait-il moins ou bien plus instable ? Un saut dans l’inconnu que personne ne souhaite réellement.

Une COP22 déterminante pour confirmer la dynamique de Paris

IRIS - ven, 28/10/2016 - 11:31

Les ratifications de l’Inde et de l’Union européenne vont permettre à l’Accord de Paris de franchir le double seuil nécessaire à son entrée en vigueur. A quelles actions peut-on s’attendre dans les prochaines semaines ? Quid des pays n’ayant pas encore ratifié l’Accord de Paris ?

Les prochaines semaines devraient être occupées par l’investissement des équipes de négociations dans la préparation de la COP22 mais aussi des diplomaties, marocaine notamment, afin de porter le message de mobilisation de la communauté internationale, particulièrement vis-à-vis des pays les plus récalcitrants. Peu de chefs d’Etat – une vingtaine, dont François Hollande – ont pour l’instant annoncé leur participation à la conférence. Rappelons que parmi les grands pays exportateurs d’hydrocarbures, notamment ceux de l’OPEP, seuls les Emirats arabes unis ont déposé leurs instruments de ratification. L’Arabie saoudite et la Russie n’ont pas témoigné d’un intérêt particulier vis-à-vis de la procédure. L’Accord de Paris avait de toute manière banni toute référence à un prix du carbone ou à l’extraction des ressources fossiles.

Le protocole de Kyoto était entré en vigueur seulement huit ans après sa signature. Comment expliquer l’engouement suscité par l’Accord de Paris ?

L’accord a bénéficié de l’investissement jusqu’alors plutôt limité des deux premiers émetteurs mondiaux : les Etats-Unis et la Chine. En annonçant leur ratification ensemble dès le mois de septembre, ils ont mis la pression sur les autres signataires qui, autrefois, pouvaient arguer de leur mauvaise volonté pour dénoncer le manque d’avancées des négociations internationales. Si tous les blocages ne sont pas levés, cet argument est désormais caduc. Ce changement de posture des pays autrefois considérés comme des facteurs d’obstruction de la régulation internationale a été un important facteur de réussite de la COP21, tout comme le considérable investissement des acteurs non étatiques, des collectivités territoriales aux ONG en passant par la société civile. Cette dynamique s’est ainsi concrétisée par une ratification record à laquelle doit maintenant succéder une période de mise en œuvre.

Ségolène Royal, présidente de la COP 21 a annoncé que la COP22 à Marrakech serait celle de l’action où de nombreux partenariats seront présentés. Que doit-on attendre de la COP22 ? Quels genres de projet sont à l’étude ?

L’Accord de Paris est le premier accord universel et contraignant conclu en vue de lutter contre le changement climatique. Objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, révision quinquennale des ambitions de réduction des émissions, plancher de 100 milliards pour les financements, les avancées sont certes présentes mais encore à consolider. A ce titre, la COP22 de Marrakech est aussi importante que la COP21 dont elle doit à tout prix confirmer la dynamique, sans quoi les négociations rentreront dans un nouveau cycle de blocage comme celui qui avait débuté après Copenhague en 2009. Les Etats n’ont pas encore précisé les mesures qui vont normalement leur permettre d’atteindre les objectifs qu’ils ont déposés auprès du secrétariat de la Convention climat avant la COP21, les modalités d’abondement de l’enveloppe de 100 milliards et de répartition des fonds ne sont pas encore tranchées, comme nombre d’autres questions. La COP22 a ainsi valeur de test pour la communauté internationale. Soit les Etats confirment leurs engagements en faveur d’une action responsable a minima, soit c’est le retour aux prises de positions unilatérales, aux obstructions et l’explosion du fragile consensus auquel la COP21 a permis d’aboutir.

Sauver le climat, quelle réponse des banques ?

IRIS - ven, 28/10/2016 - 09:33

Article co-écrit avec Déborah Leboullenger, Laboratoire Economix, University Paris Ouest – Nanterre La Défense

Dans la continuité de l’accord de Paris en décembre 2015, les bonnes nouvelles se sont accumulées dans le champ environnemental. Depuis le 5 octobre 2016, le seuil minimum permettant l’entrée en vigueur du traité de Paris a été atteint, à savoir 55 pays représentant au moins 55 % des émissions de Gaz à effet de serre. Dès le 4 novembre prochain, soit 30 jours après l’atteinte de ce plancher, l’accord aura une valeur internationale. Dès le début du mois de septembre et à la veille du sommet du G20 à Hangzhou, la signature simultanée du traité par l’Empire du milieu et par les Etats-Unis, soit près de 40 %[1] des émissions globales, avait permis d’envisager une évolution positive et une ratification de l’accord avant la tenue de la COP 22 au Maroc à Marrakech, du 7 au 18 novembre prochain.

Un contexte encore favorable aux investissements durables

D’autres facteurs intervenus sur la première partie de l’année poussent à l’optimisme. Ainsi, les investissements dans les énergies renouvelables (ENR) au niveau mondial ont, selon le dernier rapport de l’UNEP[2], Global Trend in Renewable Energy Investment, atteint un nouveau record à près de 286 milliards de dollars[3] en 2015. Les investissements ENR dans les capacités électriques ont atteint près de 266 milliards de dollars, soit plus du double du montant observé pour les investissements réalisés dans les centrales à charbon et à gaz (130 milliards de dollars).

Le montant global d’investissement dans les ENR, en hausse de 5 % par rapport à 2014, dissimule de fortes disparités régionales et laisse apparaitre un leadership désormais affirmé de la Chine dans le secteur (103 milliards de dollars d’investissements). Le pays représente près de 36 % des investissements mondiaux, avec un taux de croissance annuel moyen de 38 % depuis 2004 ! L’Inde (10,2 milliards de dollars d’investissements) et le Brésil (7,1 milliards) complètent le panorama des émergents dans les ENR[4]. En Europe, le constat est beaucoup plus alarmant. Certes les investissements ont atteint environ 49 milliards d’euros, mais ils enregistrent une forte diminution (21 %) par rapport à 2014. En outre, ces montants restent très éloignés des niveaux records enregistrés en 2011, à près de 123 milliards de dollars. Ce retournement marqué est largement dû au contexte macroéconomique observé en Europe et à l’austérité budgétaire (diminutions ou coupes fiscales dans certains pays européens (Espagne, Roumanie…), qui réduisent de facto les incitations à investir dans les ENR. Seul le Royaume-Uni, avec une véritable dynamique d’investissements dans les éoliennes off-shore, est à contre-courant de la tendance européenne globale.

D’un point de vue macroéconomique, la croissance mondiale résiste autour de 3,1 % et le risque Chine, même s’il reste toujours présent, ne focalise plus autant l’attention des investisseurs qu’en fin d’année dernière. En outre, le secteur des ENR pourrait bénéficier de la remontée des prix du pétrole (autour de 50 dollars le baril), alors que les cours de l’or noir étaient à leur plus bas niveau en décembre 2015. .

D’un point de vue monétaire et financier, le contexte est certes déroutant et « jamais vu », mais il n’en existe pas moins une conjoncture favorable aux investissements durables. Les politiques monétaires américaines, et plus généralement à travers le monde, restent globalement et exceptionnellement accommodantes. En effet, la hausse des taux d’intérêt directeurs décidée par la Réserve Fédérale des Etats-Unis (FED), par l’intermédiaire de sa présidente Janet Yellen, le 15 décembre 2015, devait annoncer le début d’une remontée graduelle des taux d’intérêt directeurs américains, concluant ainsi un cycle monétaire inédit de près de 7 ans. Or il n’en fut rien ! En résulte un environnement macro financier inédit : d’une part, un niveau « plancher » des taux d’intérêt inégalé depuis la période de la Renaissance[5] et une abondance des ressources financières dans la plupart des économies avancées : de l’ordre de 15 % du PIB en flux annuels (OCDE), soit 7 trillions de dollars, et l’on estime le stock d’épargne géré par les investisseurs institutionnels dans le monde à plus 110 trillions de dollars ! Cette situation paradoxale pousse les investisseurs à rechercher de nouvelles sources de rendement et beaucoup appellent à une relance des investissements de grande envergure comme les projets d’infrastructure. Car avec l’aplatissement de la courbe des taux d’intérêt, jamais le long terme ne fut aussi bon marché (ou respectivement le présent peu valorisé sur les marchés financiers).

A la recherche d’un financement structurel vert

Toutefois, certains éléments invitent également à la prudence. En effet, le ralentissement de la croissance en Chine est à coup sûr précurseur d’une décélération des investissements dans les ENR en 2016 -le pays ayant enregistré une quasi-stagnation (0,5 %) de sa consommation d’électricité l’année dernière- et les premières tendances tendent à montrer une forte décélération en 2016.

Dans ce contexte, la question qui se pose désormais reste celle d’un financement structurel de la transition énergétique et des investissements dans les ENR. Lors de la COP 21, il a été convenu qu’il faudrait consacrer près de 100 milliards par an à des projets ENR à partir de 2020. Plus globalement, la problématique financière risque de devenir le véritable nœud de la lutte contre le changement climatique.

De nombreuses initiatives sont en train d’émerger à l’heure actuelle mais là encore les disparités régionales risquent d’être très marquantes. En effet, les problématiques européennes et chinoises observées à l’heure actuelle sont particulièrement intéressantes.

Les institutions bancaires européennes souffrent actuellement d’un problème de rentabilité structurel en lien notamment avec la politique monétaire de faibles taux d’intérêt initiée par Mario Draghi mais également en raison de la faible croissance enregistrée depuis la crise financière de 2007-2008. En outre, certaines banques allemandes ou italiennes ont enregistré des chocs externes particulièrement marqués (exposition marquée notamment au financement de projet dans le secteur pétrolier, amendes records pour la Deutsche Bank aux Etats-Unis, etc.) et certains analystes pointent du doigt un risque systémique important en Europe à l’heure actuelle. En outre, et face à leur responsabilité dans la crise financière, le système bancaire et financier européen a été soumis à de nouvelles réformes, notamment en matière d’exigences de fonds propres et de liquidité.

Dans ce contexte, les banques peuvent-elles sauver le climat ? Certaines propositions de réformes laissent entendre qu’un système d’incitations pourrait être mis en place. Un système de bonus-malus pourrait notamment être envisagé. Le schéma serait le suivant : le financement d’un projet accompagnant une transition énergétique bas-carbone (projet d’infrastructures durables, d’efficacité énergétique, d’adaptation aux risques climatiques, etc.) ne serait pas soumis aux mêmes contraintes de liquidités et/ou de solvabilité qu’un projet dans une énergie carbonée. Dès lors, l’effet de levier de financement des projets durables s’en trouverait rehaussé contribuant ainsi à une réorientation des actifs bancaires. Cela pourrait notamment alimenter les demandes de crédits pour les investissements dits «compatibles» à une transition énergétique bas-carbone mondiale.

Les banquiers pourraient ainsi contribuer à sauver le climat ! Mais pourraient-ils par le même schéma résoudre les problèmes structurels auxquels leurs banques font face ? En œuvrant pour une meilleure transition énergétique, elles se prémunissent contre un risque climatique. Mais leur résilience face à une crise financière de l’ampleur de celle que nous venons de subir s’en trouve-t-elle améliorée ? Le fait qu’elles ne maitrisent ni la politique de la Banque centrale européenne (BCE), ni la croissance en Europe, tout comme aux Etats-Unis, interroge. Certains économistes (R. Gordon, L. Summers) ont mis en exergue la lenteur de la reprise observée dans certains pays développés, notamment aux Etats-Unis et ont remis au goût du jour la théorie développée par Alvin Hansen, en 1938, relative à la stagnation séculaire. Financer la transition énergétique permettrait sûrement ainsi de relancer l’activité bancaire mais ce mouvement se heurterait à deux écueils : les rendements des projets ENR, par exemple, restent toujours inférieurs à ceux des projets énergétiques carbonés et une réallocation excessive des crédits bancaires en faveur des projets durables pourrait déséquilibrer leurs actifs. Ce deuxième point est essentiel, une réallocation massive pourrait ainsi contribuer à exposer les banques à une dévalorisation de leurs actifs en cas, par exemple, d’éclatement d’une bulle sur les énergies renouvelables ou au sein du secteur immobilier, à la fois porteur de risque systémique financier et climatique. Se pose ainsi la question du type d’acteurs devant financer la transition énergétique et celle de l’intégration à une politique plus globale favorable à l’investissement dans les projets durables ?

Une banque européenne spécialisée dans les projets durables (ENR, efficacité énergétique, etc.) ?

La Chine donne un exemple intéressant d’intégration de la question financière dans sa propre transition énergétique. Les investissements nécessaires à la réalisation du 13ème plan sur le plan environnemental vont demander près de 350 milliards de dollars. Dès 2014, le gouvernement chinois a mis en place une commission (Green Finance Task Force) chargée de faire des recommandations en matière d’incitations dans les projets ENR. Ces dernières intègrent un système de bonus-malus permettant d’augmenter la rentabilité des projets durables et de diminuer celle des projets polluants. Plus globalement la Chine va proposer une infrastructure globale favorable à l’investissement vert : la création d’institutions financières spécialisées dans les projets ENR, une politique fiscale et financière incitative (prêts subventionnés, création de taxes créant de la distorsion en faveur des projets durables…), le développement des marchés de CO2 et la création d’un système de rating vert (indice boursier environnemental…) ainsi que d’un système d’assurance obligatoire pour mettre en exergue les potentiels dommages des projets polluants. Cet arsenal a le mérite d’intégrer différents outils économiques et cherche à prendre en compte la spécificité des projets de décarbonation à travers la création d’une institution spécialisée.

L’Europe devrait peut-être s’inspirer de la Chine dans sa gestion des projets de décarbonation. La création d’une banque européenne spécialisée constituerait un projet sur lequel l’Europe pourrait capitaliser pour relancer sa construction. Cette institution centralisatrice pourrait agir en chef d’orchestre de la massification des investissements durables intermédiés par des banques locales, tout en les protégeant de l’éclatement d’une nouvelle bulle liée à la redirection des actifs grâce, par exemple, à un mécanisme de résolution à l’échelle européenne. Un projet tourné vers l’avenir et source d’intégration, un projet qui, en outre, permettrait à l’Europe de concurrencer le leadership présent et futur de la Chine sur ces questions.

[1] Selon la comptabilité de l’ONU, la Chine, premier émetteur mondial, représente 20 % des émissions et les Etats-Unis environ 18 %.

[2] United Nations Environment Programme, http://fs-unep-centre.org/publications/global-trends-renewable-energy-investment-2016, 24 mars 2016.

[3] Ce chiffre comprend les investissements dans les capacités additionnelles, dans les nouvelles technologies et dans la R&D.

[4] Pour une étude plus détaillée des investissements dans les ENR, lire notamment Emmanuel HACHE, Renouvelables, derrière les chiffres, quelle géopolitique énergétique mondiale ? Quelle place pour l’Europe ?, 12 avril 2016, http://www.iris-france.org/74791-renouvelables-derriere-les-chiffres-quelle-geopolitique-energetique-mondiale-quelle-place-pour-leurope/

[5] Tiré de Granjean et Martini ; Financer la Transition Energétique ; 2016.

La candidate du parti au pouvoir Tsetska Tsacheva est la favorite des sondages à une semaine du 1er tour de l'élection présidentielle en Bulgarie

Fondation Robert Schuman / Publication - ven, 28/10/2016 - 02:00
Le 6 novembre, les Bulgares sont appelés aux urnes pour désigner le successeur de Rossen Plevneliev à la présidence de la République. Ce dernier a annoncé le 20 mai dernier qu'il renonçait, pour raisons personnelles, à postuler pour un 2e mandat à la tête de l'Etat. La mort accidentelle...

Parlamentswahlen in Island: Zaghafte Wikinger

SWP - ven, 28/10/2016 - 00:00
Die Partei der Piraten ist auf dem Weg, die bevorstehende Abstimmung zu kapern. Dies könnte der Beginn nachhaltiger Veränderungen im politischen System des Inselstaates sein, meinen Tobias Etzold und Christian Opitz.

Subsahara-Migranten in Marokko: Hoffen auf Stabilität und Integration

Konrad Adenauer Stiftung - ven, 28/10/2016 - 00:00
Immer mehr Subsahara-Migranten betrachten Marokko dauerhaft als möglichen neuen Lebensraum. Was sind ihre Erfahrungen? Und wie sehen ihre Zukunftsplanungen aus?

ICM Policy Paper: Women, Peace, and Security

European Peace Institute / News - jeu, 27/10/2016 - 19:21

Over the past two decades, an abundance of legal and policy frameworks in the multilateral system have focused on women’s security and empowerment. Women, however, continue to be poorly represented in formal peacemaking activities, and they suffer disproportionately from the indirect effects of conflict. The credibility of the multilateral system itself depends on progress in this area, due to compelling evidence that inclusive societies are more likely to be peaceful and stable.

On the sixteenth anniversary of Security Council Resolution 1325, this policy paper explores key challenges and developments related to women, peace, and security. This is the first in a series of fifteen policy papers produced by the Independent Commission on Multilateralism (ICM), a two-year project launched by IPI in September 2014 to identify how the multilateral system can be made more “fit for purpose” for twenty-first-century challenges.

Based on extensive consultations with representatives of states, various UN entities, and civil society, as well as subject-matter experts, this paper details recommendations laid out in the ICM’s final report, published in September 2016. To improve multilateral engagement on women, peace, and security, it recommends several major shifts:

  • Reimagine traditional approaches to peace and security, from conceptions of peace and security to the identification of key actors and the goals of peace processes.
  • Achieve a unified, holistic, and coherent approach to improve women’s security and participation, from shifts in social norms to improvements in education and increased women’s representation in politics and policymaking.
  • Build an inclusive and legitimate multilateral system that embraces the women, peace, and security agenda as key to its credibility and effectiveness.

For other IPI news, events, and publications about women, peace, and security, see here.

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La politique étrangère de François Hollande

IRIS - jeu, 27/10/2016 - 18:55

François Ernenwein est rédacteur en chef du quotidien La Croix. Il répond à nos questions à l’occasion de sa participation aux Géopolitiques de Nantes organisées les 30 septembre et 1er octobre 2016 par l’IRIS et le lieu unique avec le soutien de Nantes métropole :
– Quel bilan dressez-vous de la politique étrangère de François Hollande ?
– Quels sont les succès et les échecs de la diplomatie Hollande ?
– Quels défis attendent le futur président ?

Géo-économie du Maghreb

IRIS - jeu, 27/10/2016 - 14:57

Le dernier rapport de la Banque mondiale au sujet de la situation économique et sociale au Maghreb (à l’exception de la Mauritanie) tire un bilan qui en dit long sur le statu quo et le manque de perspectives en la matière : l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie « ont en commun les mêmes grands défis socioéconomiques avec, au premier rang d’entre eux, les taux élevés du chômage chez les jeunes et la nécessité d’y remédier en développant le secteur privé pour créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité ». Les inégalités qui persistent représentent « un obstacle majeur à l’objectif visant à mettre fin à l’extrême pauvreté dans le monde d’ici 2030 ».

De fait, les pays maghrébins sont toujours en quête d’un modèle de développement. Leurs économies se trouvent dans une situation de dépendance extérieure, pour l’importation (agricole en particulier) comme pour l’exportation (en hydrocarbures). La succession et la combinaison de politiques étatistes et de politiques d’ajustements structurels (ou de libéralisation de l’économie) ont échoué à sortir ces pays d’un sous-développement indiqué par le faible niveau du PNB annuel par habitant.

Après les indépendances nationales, dans le contexte de la Guerre froide et de confrontation idéologique, les orientations politiques et économiques ont divergé : d’un côté, l’ouverture à l’économie de marché, aux investissements privés et à la société de consommation (cas de la monarchie marocaine) ; de l’autre, l’adhésion au modèle socialiste de révolution agraire et d’industrialisation de l’économie, sous la tutelle d’un État interventionniste (Algérie, mais aussi Tunisie et Libye).

Dans les années 1980 et 1990, la libéralisation et la privatisation de l’économie ont produit de la croissance et des richesses, mais mal réparties (corruption et népotisme obligent). Malgré l’émergence de classes moyennes à la fin des années 1980, le libre-échange n’est pas synonyme de développement pour des pays maghrébins marqués par de fortes inégalités sociales et territoriales, et un chômage massif de la jeunesse urbaine et diplômée qui peine à trouver sa place sur le marché du travail et dans la société.

Aujourd’hui, les conclusions générales de la Banque mondiale sont claires et tiennent en trois points : l’extrême pauvreté régresse dans l’ensemble du Maghreb, mais de larges pans de la population risquent de retomber dans la pauvreté, tandis que le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, reste un défi de taille. Au-delà de ce panorama global, le rapport de la Banque mondiale apporte quelques analyses plus fines. Le niveau de pauvreté et de chômage diffère selon l’âge, le sexe et les territoires.

Ainsi, l’Algérie subit très fortement la baisse des prix pétroliers. Les capacités de redistribution sociale de l’Etat sont mises à l’épreuve dans un contexte déjà socialement tendu, avec 10% de la population – soit 4 millions de personnes – qui vivent dans une situation de précarité et risquent de basculer sous le seuil de pauvreté. Une réalité qui renvoie aussi aux disparités territoriales que connaît le pays : « La pauvreté est deux fois plus répandue dans le Sahara, et trois fois plus élevée que la moyenne nationale dans la région des steppes ».

En Libye, la situation plus alarmante compte tenu des conséquences de l’insécurité et de l’instabilité politique sur la production pétrolière, quasi-unique source de revenus du pays. Ce pays potentiellement riche voit une frange de plus en plus importante de sa population côtoyer la pauvreté : avec 435 000 personnes déplacées et 1,3 million d’habitants en situation d’insécurité alimentaire, la Banque mondiale souligne que « plus d’un tiers de la population aurait besoin d’une aide humanitaire ».

Si la croissance économique au Maroc a permis d’enregistrer un recul du taux de pauvreté (de 8,9% en 2007 à 4,2% en 2014), le taux de chômage reste élevé chez les jeunes urbains (38,8%) et les inégalités demeurent criantes dans ce pays où 19% de la population rurale vit encore dans la pauvreté ou risque d’y basculer.

Enfin, en Tunisie, les projections de la Banque mondiale indiquent que la pauvreté a augmenté à la suite de la révolution de 2011, avant de revenir, en 2012, à son niveau précédent. Le taux de pauvreté extrême a stagné à 1,9 % sur la période 2013-2016, mais le rapport indique une légère baisse de la pauvreté modérée (passée de 8,3 % en 2013 à 7,9 % en 2015). Reste que le chômage continue d’atteindre des niveaux préoccupants, avec 22% chez les femmes et 31,8% chez les jeunes (31,2% chez les jeunes diplômés).

Dans le contexte de ralentissement de l’économie mondiale, la faiblesse persistante des prix du pétrole, l’escalade des tensions internes et régionales, les perspectives de reprise de la croissance à brève échéance sont peu encourageantes. Les Etats sont-ils pour autant condamnés à la passivité ? Pour que la jeunesse maghrébine retrouve espoir dans son avenir, les Etats n’ont d’autres solutions que faciliter l’égalité d’accès aux opportunités économiques.

Chine : un 6e plénum du Comité central du PCC décisif pour le pays et ses dirigeants ?

IRIS - jeu, 27/10/2016 - 12:38

Les réunions du Comité central du Parti communiste chinois débouchent-elles sur des décisions importantes ? Comment fonctionnent les plénums et quels sont les enjeux du sixième qui a cours cette semaine ?

Le principe de ces réunions est double. Il s’agit tout d’abord d’identifier les personnes qui seront amenées à exercer un rôle important au sein du Parti communiste chinois dans les années à venir. Les réunions du Comité central sont donc l’objet de jeux de pouvoirs, parfois de chaises musicales où chacun essaye de trouver sa place, de faire entendre sa voix et d’obtenir des postes à échelle nationale.

Le deuxième objet principal des réunions du Comité central constitue à définir des orientations qui devront ensuite être validées par le gouvernement. Les domaines abordés sont nombreux. Ceux-ci s’étendent de la politique intérieure et internationale à la politique économique et sociale en passant par la politique de défense.

Dans le contexte actuel, le Comité central se penchera sur les moyens d’assurer la continuité de la politique exercée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir en mars 2013. Cette politique se base sur deux axes : la lutte contre la corruption et le développement du phénomène dit « one belt, one road », c’est-à-dire de l’ouverture de la Chine dans le financement des infrastructures à travers le monde. Ainsi, les discussions porteront probablement sur les bilans de ces deux initiatives et des orientations nouvelles à leur donner. Le sixième plenum sera également une occasion de constater si le pouvoir de Xi Jinping est consolidé, ce qui sera probablement le cas, et de déterminer l’éventuelle existence et la nature des oppositions au septième président de la République populaire de Chine.

Les réunions du Comité central aboutissent parfois sur l’apparition de nouveaux slogans tels que l’« émergence pacifique de la Chine » ou le « soft power chinois ». Ces slogans sont essentiels et laissent entrevoir la manière dont la Chine se positionnera et s’autoproclamera sur la scène internationale.

L’ère Xi Jinping est marquée par une importante croisade anti-corruption. Le sujet sera probablement abordé durant le sixième plénum du Comité central. Des nouvelles mesures sont-elles susceptibles d’y être adoptées ? Quelle est la réalité de la corruption en Chine ?

La corruption est très présente en Chine mais elle est en voie de réduction. A son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a fait de la lutte contre la corruption sa marque de fabrique, les autorités ont fortement investi dans ce domaine et obtiennent des résultats. L’objectif pour l’Etat parti est de recrédibiliser le pouvoir central ainsi que de rétablir son lien avec la population en prenant comme adversaire les échelons intermédiaires où les degrés de corruption sont, en général, élevés. En ce sens, les discours du pouvoir contiennent une rhétorique populiste, qui n’est pas sans rappeler la période du début de la révolution culturelle.

Cette purge a également pour but de renforcer le pouvoir de Xi Jinping en éliminant les cadres gênants. Des proches de Jiang Zemin (au pouvoir entre 1993 et 2003) ont notamment été inquiétés tandis que le clan de Xi Jinping n’est jamais éclaboussé par la vague de l’anti-corruption. Cette situation laisse clairement entrevoir un règlement de compte sous fond de lutte contre la corruption. Ses résultats concrets doivent donc être analysés avec prudence.

Dans le cadre des discussions, plusieurs mesures pourraient être prises comme l’obligation pour les principaux membres du parti de déclarer leur patrimoine. Cette idée peut cependant laisser perplexe quant à l’exhaustivité des documents qui seraient fournis dans le cadre de cette mesure. Xi Jinping accepterait-il de fournir tous les éléments concernant son propre patrimoine ? On peut en douter. Au final, la croisade s’apparente plus à un renforcement du pouvoir qu’à une véritable campagne anti-corruption.

Quelle que soit sa nature, la croisade anti-corruption comporte des risques et le gouvernement chinois pourrait être dépassé par l’engouement qu’elle suscite, de la même manière que la révolution culturelle avait pris de court les dirigeants chinois, contraints, à un moment donné, de suivre la révolution plutôt que de l’orchestrer. La Chine vit actuellement dans un climat d’hostilité de la population à l’égard des cadres corrompus. Le pouvoir central a contribué à alimenter cette hostilité et il est possible d’imaginer un effet boule de neige qui dépasserait les simples règlements de comptes souhaités initialement.

A la lumière de ces éléments, je pense que le Comité central débouchera plus probablement sur une volonté de réaliser un « effort de transparence » tout en annonçant la fin de la campagne anti-corruption. Xi Jinping est parvenu à éliminer ses détracteurs et à imposer son clan. Dès lors, il est souhaitable pour lui de ne pas pousser l’expérience trop loin. Sera-t-il possible d’arrêter la croisade anti-corruption ? Quelles seront les conséquences de la purge sur l’Etat parti ? Ces questions méritent d’être posées.

Cette réunion se tient dans un contexte de ralentissement économique pour la Chine, avec un taux de croissance qui a fortement diminué ces dernières années (14,2% en 2007, 6,9% en 2015). Comment se porte l’économie chinoise aujourd’hui ? Sa situation est-elle susceptible de remettre en cause la position de certains dirigeants chinois ?

La Chine est entrée, depuis quatre ans, dans un cycle de ralentissement de sa croissance économique. Les résultats de 2016 ne dépasseront pas ceux de 2015 (6,9%). Les dirigeants chinois ont conscience du problème et ne nient pas publiquement son existence. De plus, de la prospérité de la croissance dépend aussi celle du parti. En effet, il a été, ces 35 dernières années, le principal acteur de la croissance chinoise. Si celle-ci se porte moins bien, le Parti communiste chinois détient une part de responsabilité. Ses dirigeants veulent donc éviter que ce cycle de ralentissement ne s’inscrive dans la durée et qu’il ne génère des conséquences politiques.

Les solutions chinoises s’effectuent sur le plan interne et international. En interne, des mesures ont été mises en place dès 2008, alors que la crise internationale n’avait pas encore eu d’impact sur la Chine. Ces mesures visaient à augmenter les conditions de vie et les salaires des Chinois afin de relancer la consommation interne. Dans cette optique, les décisions prises, ces huit dernières années, portent leur fruit. La Chine parvient à faire émerger une classe moyenne, réduire l’extrême pauvreté et à maintenir un niveau de croissance qui, à défaut d’être bon, reste correct.

Sur la scène internationale, les mesures chinoises sont beaucoup plus ambitieuses. Si la Chine se situe actuellement dans un cycle de ralentissement de sa croissance, elle dispose d’importantes ressources en devises. Ces ressources seront mises au profit de vastes investissements à l’étranger, notamment dans les infrastructures et dans les pays émergents. Initié au début des années 2000, ce processus s’est accéléré ces dix dernières années. L’arrivée de Xi Jinping a également donné une impulsion nouvelle au mouvement. Le « one belt, one road » ne se limite pas aujourd’hui seulement à la consolidation d’infrastructures autour des routes de la soie terrestres et maritimes. Les investissements s’effectuent, aujourd’hui, dans le monde entier.

L’objectif de cette démarche est tout aussi bien d’accroître l’influence et le prestige chinois à l’international, que de pérenniser sa croissance en renforçant les voies commerciales à l’international et celles d’approvisionnement en ressources énergétiques. L’objectif est aussi d’accroître la consommation des pays en développement en édifiant des infrastructures et en créant des emplois afin que les locaux consomment des produits chinois.

La crise économique est finalement perçue comme une opportunité pour les Chinois de modifier leur modèle, de globaliser leur économie et d’asseoir leur influence sur le monde. La Chine est, en ce sens, passée à la vitesse supérieure. Les réunions du Comité central du Parti communiste chinois devront cependant trouver des réponses aux enjeux de cette nouvelle politique. Dans quelle mesure la Chine peut-elle accélérer le mouvement ? Quelles sont ses capacités réelles ? Les enjeux seront aussi ceux des implications liées à la volonté chinoise d’être de plus en plus présente sur les marchés internationaux en Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est où elle est très présente, ainsi qu’en Europe où elle multiplie les investissements.

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