Vous êtes ici

Diplomacy & Defense Think Tank News

OCDE, Publication des chiffres de la croissance du premier trimestre 2018

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Le 22 mai, l'OCDE a publié ses chiffres de la croissance pour le premier trimestre 2018. D'après l'Organisation, la croissance a ralenti à 0,4% dans l'Union européenne et dans la zone euro au premier trimestre de 2018 (contre 0,6% et 0,7% respectivement au trimestre précédent).

Eurobaromètre, Un soutien record pour l'Union européenne

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Un sondage Eurobaromètre, réalisé en avril 2018 auprès de 27 601 citoyens des 28 États membres et présenté le 23 mai, révèle qu'à un an des élections européennes, 60% de citoyens estiment que l'adhésion de leur pays à l'Union européenne est positive, tandis que plus de deux tiers des personnes interrogées sont convaincues que leur pays a tiré profit de son appartenance à l'Union européenne. Il s'agit du résultat le plus élevé jamais enregistré depuis 1983, malgré le contexte du Brexit.

Etudes/Rapports, Rapport de convergence 2018 : examen des progrès réalisés par les États membres

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
D'après le rapport de convergence 2018 publié par la Commission le 23 mai, les sept États membres n'appartenant pas à la zone euro qui sont juridiquement tenus d'adopter la monnaie unique (Bulgarie, République tchèque, Croatie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Suède) présentent de manière générale une convergence nominale considérable, mais aucun d'entre eux ne remplit actuellement toutes les conditions formelles pour rejoindre la zone euro.

Etudes/Rapports, Rapport sur la stabilité financière

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
D'après le dernier rapport semestriel sur la stabilité financière de la Banque Centrale européenne publié le 24 mai, le risque systémique dans la zone euro est resté faible ces six derniers mois, grâce à de meilleures perspectives de croissance à l'extérieur comme à l'intérieur de la zone. Cependant, l'étude montre que si la rentabilité des banques européennes s'est améliorée, des fragilités structurelles persistent. La détérioration de la croissance ou l'assouplissement de la politique budgétaire dans les pays à forte dette pourraient également avoir une incidence sur les perspectives budgétaires.

Culture, Drawing Dublin

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Jusqu'au 26 août, la National Gallery of Ireland propose une exposition d'œuvres sur papier comprenant un grand nombre d'images liées à l'histoire de la ville de Dublin. Des paysages, des études de figures et des portraits seront présentés, décrivant comment la capitale a été interprétée par les artistes au fil des siècles.

Culture, Hokusai à Stockholm

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Jusqu'au 3 juin, le musée Millesgården de Stockholm offre à ses visiteurs une exposition inédite de diverses œuvres de l'artiste japonais Katsushika Hokusai, mondialement connu pour sa gravure sur bois "La grande vague de Kanagawa".

Culture, Exposition Andy Warhol, après Munch

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Jusqu'au 26 août, le Munch Museum on the Move-Kunsthall d'Oslo propose une exposition comprenant trois originaux des 15 œuvres qu'Andy Warhol a créées avec des motifs tirés directement des lithographies les plus connues d'Edvard Munch. Des sérigraphies d'une édition inédite des mêmes motifs sont également présentées, et le film de Warhol "Kiss" (1963) est projeté.

Culture, Le Magasin des Petits Explorateurs au Quai Branly

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Jusqu'au 7 octobre, le musée du Quai Branly accueille une exposition inédite qui propose de revenir sur la façon dont la culture populaire en France a présenté les "sociétés d'ailleurs" aux jeunes dans la littérature du XIXe siècle à nos jours.

Culture, Exposition Chagall au musée Guggenheim de Bilbao

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Du 1er juin au 2 septembre, le musée Guggenheim de Bilbao accueille une exposition sur le peintre Marc Chagall. Mise en place à l'initiative du Kunstmuseum Basel, elle présente une sélection d'œuvres réalisées dans la période dite des années décisives 1911-1919.

Culture, Exposition Odilon Redon au musée Kröller-Müller

Fondation Robert Schuman / Actualités - lun, 28/05/2018 - 02:00
Du 2 juin au 9 septembre, le musée Kröller-Müller d'Otterlo aux Pays-Bas jette un nouvel éclairage sur le peintre français Odilon Redon (1840-1916) avec l'exposition "Odilon Redon. La littérature et la musique". A travers un grand nombre de peintures, lithographies, pastels et dessins, l'exposition dévoile le rôle clef que la littérature et la musique ont joué dans la vie et l'œuvre de l'artiste.

Mehrheitsentscheidungen und Flexibilisierung in der GASP

SWP - lun, 28/05/2018 - 00:00

Die Einführung von Mehrheitsentscheidungen in der Gemeinsamen Außen- und Sicherheitspolitik (GASP) ist kein neues Thema. Aufgrund wachsender internationaler Herausforderungen an die EU nimmt die Diskussion jedoch wieder Fahrt auf. Befürworter plädieren dafür, das Einstimmigkeitsprinzip abzuschaffen, um die GASP effektiver zu machen. Allerdings sind die rechtlichen Möglichkeiten dafür ohne Vertragsänderung begrenzt. Mehrheitsentscheidungen in der GASP sind zudem dann problematisch, wenn sie die Legitimität der EU nach innen und ihre Glaubwürdigkeit nach außen schwächen. Hier böte sich ein doppelter Ansatz an: Mittelfristig ließe sich die EU-Außen- und Sicherheitspolitik durch Flexibilisierung stärken. Langfristig könnte die Entwicklung einer gemeinsamen strategischen Kultur durch den Aufbau europäischer Analysefähigkeiten unterstützt werden.

Transatlantische Tragödie

SWP - lun, 28/05/2018 - 00:00

 

 

Wahlen in Kolumbien: Eine Nation zwischen rechts und links

Konrad Adenauer Stiftung - lun, 28/05/2018 - 00:00
Im zweiten Wahlgang werden sich Gustavo Petro und Iván Duque gegenüberstehen. Bis dahin wird die kolumbianische Gesellschaft erneut polarisiert sein.

Aktionswoche gegen Antisemitismus: Was ist Antisemitismus?

Konrad Adenauer Stiftung - lun, 28/05/2018 - 00:00
Was bedeutet der Begriff? Und welche Ausprägungen des Antisemitismus gibt es? Antworten gibt das Extremismus-Portal der Konrad-Adenauer-Stiftung.

kurzum: Das Recht sollte nicht auf „weiblich“ und „männlich“ verzichten

Konrad Adenauer Stiftung - lun, 28/05/2018 - 00:00
Das Bundesverfassungsgericht hat dem Gesetzgeber aufgegeben, bis Ende des Jahres die Vorschrift zur Eintragung des Geschlechts im Personenstandsregister (§ 22 Abs. 3 PStG) neu zu regeln.

Diplomatie française : « Quand on parle à tout le monde, le pire est de ne rien oser dire »

IRIS - dim, 27/05/2018 - 18:37

 » Emmanuel Macron se différencie de ses prédécesseurs avec une ligne néoréaliste qui consiste à ne pas ignorer les personnages qui comptent. Nicolas Sarkozy, et dans une moindre mesure François Hollande – plus pragmatique mais plus sensible à la pression populaire – pouvaient pratiquer une forme de sélection dans leurs relations. Il y avait chez eux une nostalgie de la puissance et l’illusion de pouvoir être l’arbitre des élégances entre les États pour dire lequel est dans le vrai selon les valeurs occidentales.

Le père spirituel de l’Ostpolitik, Egon Bahr, proche de Willy Brandt, disait à juste raison : « Pour modifier le statu quo, il faut d’abord le reconnaître ». Cela demande de dépasser les positions de principe trop rigides. La rupture diplomatique ne change rien aux situations concrètes. L’important n’est pas de parler ou de ne pas parler avec tout le monde, mais de savoir quoi dire et de s’y tenir. Face à Donald Trump, sur le climat ou l’accord nucléaire iranien, on ne peut pas dire qu’Emmanuel Macron a rallié le point de vue américain. On ne peut pas dire non plus qu’il reste le muet du sérail face à Poutine.

En revanche, la France pourrait être plus « vocale » sur certains sujets comme la situation des droits de l’homme en Égypte. Même chose pour le président rwandais Paul Kagame reçu il y a peu à l’Élysée, et dont la ministre des affaires étrangères est pressentie pour prendre la tête de la francophonie malgré les atteintes aux droits fondamentaux. Quand on parle à tout le monde, le pire est de ne rien oser dire. Il y a sans doute une autre limite : l’excès de confiance, ou plutôt l’excès de communication. Emmanuel Macron est comme nombre d’autres chefs d’État conscient de son charme, assez sûr de son équation personnelle pour avoir le sentiment de convaincre ses interlocuteurs. Mais on a bien vu que la « calino-thérapie » avec Trump était loin de suffire. Après avoir dit « je suis assez certain que mon ami Trump va changer d’avis » sur le climat, le président américain a finalement confirmé le retrait de l’accord de Paris. Cette posture est en même temps habile : il s’agit aussi de ne pas attaquer le premier pour ne pas se mettre à dos l’opinion américaine, et renforcer les soutiens à Donald Trump. S’il y a une rupture entre la France et les États-Unis, on pourra dire que Paris aura tout fait pour l’éviter.

La France a une stature et une indépendance suffisante pour assumer un refus net, ou ne pas céder à la pression, même si ce genre de coup d’éclat est une arme à user avec parcimonie. C’est ce que Jacques Chirac avait pu faire en 2003 en rejetant l’intervention en Irak, ou le non-alignement de Mitterrand avant lui, face au projet de défense américain « guerre des étoiles ». À mon sens il y a un grand geste gaullo-mittérandien à faire si les sanctions américaines sur les entreprises européennes en Iran ne sont pas levées. Il s’agit d’une attaque frontale contre notre souveraineté. Ce serait une catastrophe si les Européens cédaient à ce diktat.  »

Propos recueillis par Jean-Baptiste François pour La Croix.

Zukunftsvision und Innovation: Digitale Weltmeister

Konrad Adenauer Stiftung - dim, 27/05/2018 - 00:00
Wer wissen will, wie die digitale Zukunft aussehen kann, für den lohnt ein Blick nach Singapur.

Coalition populiste en Italie : vers un fragile statu quo européen

IRIS - ven, 25/05/2018 - 15:44

Un nouveau gouvernement vient de se constituer en Italie, issu de la coalition entre la Ligue et le Mouvement 5 Étoiles (M5S), arrivés en tête lors des dernières élections. Le programme économique promis par cette nouvelle coalition inquiète l’Union européenne. La stabilité économique de l’Union européenne peut-elle en être menacée ? Dans un contexte où le populisme semble progressivement devenir une alternative au projet européen, l’Europe possède-t-elle les outils institutionnels et politiques nécessaires pour y faire face ? Le point de vue de Rémi Bourgeot, économiste et chercheur associé à l’IRIS.

Troisième économie de la zone euro, mais deuxième pays le plus endetté, les principales mesures prônées par la coalition italienne pourraient coûter 125 milliards d’euros sur quatre ans. La nouvelle coalition à la tête de l’Italie est-elle concrètement en mesure d’appliquer son programme ?

Le programme présenté par la coalition populiste italienne résulte à la fois de l’objectif de la Ligue et du M5S de trouver un terrain d’entente idéologique et de passer le cap de la confirmation par le président de la République Sergio Mattarella. Après avoir atteint ces objectifs de court terme, la coalition n’est pas véritablement tenue par ces propositions qui relèvent plutôt d’orientations générales. Il en ressort plus généralement la volonté d’envoyer aux électeurs populaires le signal d’une inversion de la logique budgétaire européenne. Sur la question de la sortie de l’euro qui avait été évoquée, la coalition populiste s’est faite extrêmement discrète, à la fois pour ne pas effrayer une partie de son électorat, pour passer l’étape de l’accord présidentiel, et pouvoir prendre le pouvoir sans avoir à faire face à une crise financière. Les taux d’intérêt sur la dette italienne ont crû de façon significative ces derniers temps, mais restent très en-deçà des niveaux typiquement liés à une quelconque panique et sont vus, par certains, comme une opportunité d’investissement dans le contexte des taux très bas en Europe.

La situation de l’économie italienne reste mauvaise. Le PIB par habitant du pays n’est pas plus élevé qu’à la création de l’euro en 1999, et la reprise européenne des dernières années montre déjà des signes d’essoufflement importants. L’économie italienne a, de plus, été très fragilisée par la crise de l’euro, notamment en ce qui concerne la santé du secteur bancaire. La coalition populiste ne rebat pas véritablement les cartes économiques, mais évoque plutôt une forme de relance par la dépense publique et des baisses d’impôts qui restent plutôt conventionnelles. Ce programme entre en conflit avec les règles budgétaires européennes, mais on est loin d’une remise en cause fondamentale du statu quo. De nombreux commentateurs de marché ont même accueilli l’idée d’une relance de ce type avec un relatif enthousiasme, au moment où la reprise économique faiblit et où le support de la Banque centrale européenne sous la forme d’achat de titres de dette est en voie de suppression progressive. La dette italienne est très élevée, à environ 130% du PIB. Cette dette reste cependant à ce jour très liquide et bien notée par les agences, et n’est en rien comparable à la dette grecque et aux différentes étapes de la crise multiple qu’a connue le pays. Surtout, le poids politique de l’Italie en Europe, quelle que soit la crédibilité du gouvernement en place, est bien plus important.

La principale menace sur la stabilité financière italienne proviendrait aujourd’hui d’une récession qui accroîtrait bien plus le poids de la dette qu’un plan de relance même mal conçu. La coalition populiste est loin de proposer quoi que ce soit à même de relancer l’économie italienne sur le long terme, mais les indications préliminaires quant à la politique qu’elle va mener ne sont pas, pour l’heure, de nature à entraîner une déflagration en tant que telle. Reste à voir ce qui va véritablement être fait et la réaction aussi bien des marchés sur le plus long terme que des partenaires européens.

Le programme promis par la nouvelle coalition en Italie semble incompatible avec les règles du pacte européen de stabilité et de croissance, Pierre Moscovici ayant appelé à une “réponse crédible” sur la dette publique. La stabilité économique de l’Union européenne peut-elle être menacée ? Faut-il redouter des conséquences sur la zone euro ?

Les mises en garde vont de soi. Il convient cependant de noter l’évolution du climat intellectuel en Europe depuis le point bas de la crise de l’euro, lorsque la focalisation sur des programmes d’austérité procycliques sidérait les observateurs mondiaux. Les réactions en Allemagne en particulier indiquent une prudence dans le traitement des développements politiques italiens. Le gouvernement allemand s’est fait discret sur le sujet, et la plupart des commentateurs précisaient que le cas italien ne pouvait en rien être traité de la même façon que le cas grec, en raison de la taille de l’Italie. Par ailleurs, la crise politique européenne est un phénomène généralisé, qui touche notamment Berlin très directement. Il n’existe pas à ce jour de voix forte en Europe pour défendre un projet européen qui reposerait sur le respect fort des contraintes budgétaires.

Bien que le gouvernement allemand prolonge la doctrine de Wolfgang Schäuble sur les sujets financiers européens, son successeur social-démocrate au ministère des Finances ne dispose pas du même poids politique ni d’une vision personnelle méticuleuse du fonctionnement de l’Europe en termes de suivi budgétaire. Le fond de l’approche allemande, renforcée par l’envolée de l’extrême droite dans le pays, consiste aujourd’hui surtout à refuser tout bond en avant en termes de construction fédérale et de solidarité financière vis-à-vis du sud de la zone euro. En ce sens, l’arrivée au pouvoir de la coalition populiste à Rome offre un prétexte supplémentaire à Angela Merkel pour enterrer l’idée d’une réforme conséquente de la zone euro. Avant même ce développement en Italie, les autorités allemandes précisaient que toute avancée sur le plan de l’union bancaire devrait attendre une lointaine normalisation du secteur bancaire italien, fragilisé par une montagne de dettes douteuses.

Les partenaires européens de l’Italie n’ont pas véritablement d’autre choix que d’accepter une forme de statu quo avec la coalition romaine. Le déclenchement d’une panique de marché serait dévastateur et remettrait en cause l’existence de la zone euro. On devrait a priori rester loin du jeu qui avait eu lieu sur la crise grecque. En 2015, le gouvernement allemand était prêt à expulser la Grèce de la zone euro. Ce à quoi les autorités françaises avaient opposé leur veto informel. L’idée d’une sortie de l’Italie de la zone euro remettrait directement en cause la fragile stabilité financière de toute l’union monétaire. Derrière les mises en garde parfois frontales, l’heure est plutôt à la prudence et à la recherche d’un statu quo pour quelques années. Les choses deviendraient néanmoins bien plus compliquées en cas de nouvelle crise économique et financière. Les tabous sur la solidarité entre pays européens seraient cette fois quasi-indépassables du fait de l’évolution populiste croisée en Italie et en Allemagne.

Avec l’émergence de mouvements eurosceptiques, que ce soit en Hongrie, en Pologne ou en Italie, l’UE est-elle en capacité de faire face au délitement de son projet ? Possède-t-elle les outils institutionnels et politiques nécessaires pour y faire face ?

La montée de l’euroscepticisme est un mouvement généralisé, notamment au cœur du système en Allemagne. Il y a encore quelques mois, l’hypothèse d’un bond en avant en Europe sous l’impulsion du président Macron était privilégiée par de nombreux observateurs. La désillusion est sévère aujourd’hui et il faut certainement un certain temps pour qu’une nouvelle synthèse n’émerge. Emmanuel Macron a, à diverses occasions, donné quelques indications quant à un changement d’approche.

Plus généralement, la prise de conscience de ces développements est encore relativement récente, et l’heure ne semble pas encore être au développement d’un nouveau mode de coopération qui permette une stabilisation européenne. Cette dernière nécessite un travail ambitieux consistant à mettre en avant un nouveau modèle de développement économique et social en Europe. La réponse à la crise, sous la forme d’une compression tous azimuts façon « low cost » a, à la fois, nourri la montée généralisée du populisme et mis en danger la modernisation de l’économie européenne, dans un contexte de révolution industrielle et technologique dans le monde.

“Un immense big bang politique”. Trois questions à Marc Lazar sur le nouveau gouvernement italien

Institut Montaigne - ven, 25/05/2018 - 15:29
“Un immense big bang politique”. Trois questions à Marc Lazar sur le nouveau gouvernement italien Institut Montaigne ven 25/05/2018 - 15:29 Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue sont finalement parvenus à s’accorder sur le nom du prochain président du Conseil, ce sera

Gouvernement italien, que doit-on attendre du duo des extrêmes ?

IRIS - ven, 25/05/2018 - 12:18

Après plus de deux mois de discussion et une pression accentuée de la part du président de la République, Sergio Mattarella, le Mouvement 5 étoiles et la Lega ont trouvé un accord pour un projet commun, malgré des divergences évidentes. Une personne neutre devient président du Conseil : Giuseppe Conte.

Pourquoi la naissance de ce gouvernement a-t-elle pris autant de temps ?

Une coalition entre les deux hommes semblait tout simplement impossible il y a encore quelques semaines lorsque les deux vainqueurs (la Lega et le Mouvement 5 étoiles) déclaraient ouvertement leur incompatibilité. Beppe Grillo, mentor du Movimento 5 Stelle, tweetait qu’un accord avec ceux qui “ont détruit le pays pendant 20 ans” était impossible, alors que Matteo Salvini, secrétaire fédéral de la Lega, répétait un “non” catégorique à toute alliance avec le parti de Luigi di Maio. Dans ce contexte, une alliance entre ces deux partis semblait donc exclue, elle n’était d’ailleurs pas le premier choix ni de l’un ni de l’autre. En effet le Mouvement 5 étoiles s’était adressé au Parti démocrate dans l’espoir de trouver une solution, mais les tractations se sont arrêtées à cause d’un désaccord sur le nom de Maria Elena Boschi, ex-ministre et proche de Matteo Renzi, considérée comme infréquentable par les 5 Stelle.

Ce premier projet de gouvernement mort dans l’œuf, un rapprochement entre les deux extrêmes semblait inéluctable pour satisfaire les Italiens, bien que fortement complexe. Là aussi une personnalité bloquait toute négociation aux premiers abords : Silvio Berlusconi, allié de la Lega et “mal absolu” selon Alessandro di Battista (le numéro 2 non officiel du Mouvement 5 étoiles). Les négociations étaient donc au point mort, jusqu’à ce que Monsieur Berlusconi décide de faire un pas en arrière pour laisser place aux deux jeunes leaders.

Pas de programme commun ni de coalition, mais un contrat

La solution trouvée pour la formation d’un gouvernement est inédite pour l’Italie, il s’agit d’un contrat entre les deux partis. Les politiques engagées devraient être orientées sur deux axes principaux : la réforme des retraites et l’Europe.

En ce qui concerne le système des prestations sociales, le Mouvement 5 étoiles souhaiterait une modification ou une réorientation de la loi sur les retraites actuelles (la legge Fornero) alors que la Lega voudrait sa suppression immédiate et unilatérale. Mais l’abolition de cette réforme a un coût : 80 milliards d’euros selon les économistes, beaucoup moins (15 ou 20 milliards) selon les deux partis au gouvernement. Dans tous les cas, on imagine difficilement une élimination pure et simple de cette loi, surtout pour un pays endetté comme l’Italie.

Pour les deux extrêmes, l’Europe n’a rien apporté de positif à l’État italien, qui doit récupérer sa souveraineté monétaire et budgétaire, au risque d’un conflit avec Bruxelles. Jusqu’à présent, les mots ont été très virulents envers l’Europe, surtout de la part de Matteo Salvini. Pour le leader de la Ligue, l’Europe est la responsable de tous les maux italiens et de toutes les difficultés que le pays rencontre. Les prochains mois nous diront si ce nouveau gouvernement passe de la parole aux actes.

Les deux partis doivent également appliquer deux promesses électorales qui semblent, dans les conditions économiques actuelles, relever de l’utopie. Le Mouvement 5 étoiles avait comme point fort de son programme le “revenu de citoyenneté” (une sorte de RSA élargi) et une grande réforme pour l’emploi, un investissement considérable. La Lega basait son programme sur une « flat tax » progressive de 15% à 25%, soit une baisse des entrées notable pour l’État. Deux projets aussi incompatibles qu’irréalisables financièrement, mais sur lesquels les électeurs comptent beaucoup. Ce mariage de raison entre les deux partis est perçu par les deux électorats comme une trahison de leur ligne directrice, à savoir “pas d’alliance” pour le Mouvement 5 étoiles et “coalition de droite” pour la Lega. Si le prix à payer est de travailler avec l’ennemi, il doit permettre d’appliquer les réformes les plus importantes. Les électorats contestataires qui ont voté pour les extrêmes seront intransigeants sur ce point.

Une nouvelle philosophie internationale

Le gouvernement précédent avait changé un peu la donne avec une politique internationale moins centrée sur l’Italie et plus orientée vers l’étranger. L’ancien président du Conseil, Paolo Gentiloni, était également l’ex-ministre des Affaires étrangères (2014-2016) où il avait œuvré pour faire participer l’Italie aux affaires internationales, comme à Cuba ou en Iran[1]. À l’inverse, le nouveau gouvernement s’est clairement recentré sur une politique défensive anti-immigration et protectionniste. Matteo Salvini prône une politique d’expulsion des migrants et une protection des frontières. Il faudra donc s’attendre à une fermeture (voire un hermétisme) diplomatique plutôt qu’à une collaboration avec l’Europe et les pays du Sud.

Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue ont un point commun : un intérêt et une sympathie pour la Russie de Vladimir Poutine. Matteo Salvini admire le président russe et cite Moscou comme ville de référence : “une ville propre sans SDF ni migrants et où les femmes peuvent rentrer le soir sans risquer leur vie”. Le Mouvement 5 étoiles quant à lui a changé son programme il y a quelques semaines afin de modérer ses positions sur le conflit syrien et militer pour une levée des sanctions contre la Russie. Un potentiel rapprochement des deux pays est envisageable. L’Italie pourrait donc regarder à l’Est, ce qui serait une nouveauté de taille et un désaveu des États-Unis, pays avec lequel la population italienne noue des liens forts depuis plus d’un siècle (vagues d’immigrations de la péninsule vers l’Amérique et la Seconde Guerre mondiale).

Une sortie de l’Europe improbable

Emmanuel Macron a rapproché ouvertement ce gouvernement au Brexit. Cette corrélation est assez logique au vu des programmes et des tons utilisés par les deux partis au pouvoir. Mais il n’y a peut-être pas de quoi être aussi alarmiste. N’oublions pas que la Lega est née comme “Lega Nord”, partisan d’une scission de l’Italie qu’elle n’a jamais fait, même lorsqu’elle était au gouvernement avec Silvio Berlusconi. Il en sera de même avec l’Europe. Situation identique pour le mouvement 5 étoiles : son fondateur, Beppe Grillo, parlait il y a 10 ans d’une sortie de l’Union européenne. Aujourd’hui, cette option n’est plus d’actualité.

La réelle véhémence de ce nouveau gouvernement contre l’Europe est basée sur la monnaie unique et les restrictions financières. L’Italie est un pays qui avait pour habitude de déprécier la lire pour pouvoir rester compétitive et l’euro a stoppé net cette possibilité. La souveraineté monétaire nationale est donc un argument central dans les discours populistes italiens, qui promettent une amélioration immédiate une fois libérée du diktat de Bruxelles. Là aussi, dans les discours de Matteo Salvini et de Luigi di Maio, les mots sont forts, mais dans les actes il n’est pas certain que l’Italie ait les armes pour imposer ses revendications.

Giuseppe Conte, Président du Conseil ou simple pantin ?

Deux partis pour un seul poste de président du Conseil. Le choix s’est donc porté sur une personne neutre satisfaisant les deux camps.

Giuseppe Conte apparenté au Mouvement 5 étoiles même s’il n’est pas une figure active et présente médiatiquement. Professeur de Droit (symbole de l’impartialité) à Florence et originaire du sud, il représente idéalement le territoire italien, sauf le nord, chasse gardée de Matteo Salvini.

Giuseppe Conte est peu connu du grand public et n’a jamais été présent sur la scène politique avant sa nomination. Il est donc difficile d’anticiper ses réactions et les traits de caractère qui pourraient définir son style. L’unique certitude est qu’il est moins expérimenté que les deux artisans du gouvernement. On pourrait donc s’attendre à ce qu’il applique sagement les ordres qui lui sont donnés.

Nouveauté de ce président du Conseil : Monsieur Conte a un curriculum vitae plus international que la grande majorité de ses prédécesseurs. Le nouveau président du Conseil pourrait donc être le parfait médiateur entre l’Europe et les politiques proclamées à Rome, évitant ainsi des incidents diplomatiques qui mettrait l’Italie dans une position difficile. Il a d’ailleurs déjà déclaré être favorable à une Italie toujours présente au sein de l’Union européenne.

L’opposition attend le faux pas

Paradoxalement, Silvio Berlusconi peut être satisfait de cet accord. Les sondages sont formels, en cas de nouveau vote le parti de Monsieur Berlusconi, Forza Italia, serait sérieusement en difficulté. Il a donc tout intérêt à conserver les sièges qu’il a actuellement et éviter une crise politique anticipant de nouvelles élections. De plus, Silvio Berlusconi n’est plus inéligible depuis le 12 mai, ce qui pourrait lui permettre de revenir au centre de la scène politique. Il faut donc s’attendre à une action ou manœuvre de sa part, car, même âgé de 81 ans, Monsieur Berlusconi peut et veut encore compter. Comme disait son médecin personnel (Umberto Scapagnini, décédé en 2013) : “Silvio Berlusconi est techniquement immortel”.

Matteo Renzi est peu optimiste quant à la réussite de cette alliance M5S-Lega, un “Frankenstein politique” comme l’a défini le journaliste Massimo Giannini. L’ex-secrétaire du Parti démocrate rêve donc d’une crise politique qui pourrait ouvrir une brèche à une centralisation et unification des partis modérés. Il regarde donc ce spectacle, espérant une fin tragique qui pourrait légitimer son retour comme homme providentiel. Reste à savoir si le Parti démocrate l’accepterait de nouveau comme leader, ce qui n’est pas dit. Malgré des efforts pour rassembler la gauche, une guerre interne fait rage. Lors de ces derniers jours, la convention du Parti démocrate s’est déroulée dans une ambiance électrique, ce qui ne présage rien de bon.

Un gouvernement, mais pour combien de temps ?

Le président du Conseil trouvé, il lui faut encore former son équipe de ministres et établir le format qu’aura ce gouvernement. Le rôle de Luigi di Maio et de Matteo Salvini est encore à définir et le poste de ministre de l’Économie semble être la convoitise principale. Il faudra ensuite que le gouvernement change la loi électorale, car le système proportionnel ne fonctionne pas. De nombreux grands chantiers sont à réaliser, avec une majorité de seulement quelques sièges à l’assemblée. Pour de nombreux spécialistes, voir ce gouvernement se maintenir au pouvoir jusqu’en mars prochain serait déjà une prouesse. Un retour aux urnes avant la fin de la législature n’est donc pas exclu.

——————————-

[1] Paolo Gentiloni est le premier président à aller à Cuba après l’accord avec les États-Unis. Il était également allé en Iran juste avant l’accord sur le nucléaire.

Pages