Le mur des lamentations à Jérusalem (crédit : Israel)
(B2) Dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde, de nombreux monuments officiels ou symboliques se sont illuminés aux couleurs tricolores cette nuit de samedi à dimanche, en hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015, au Bataclan, au Stade de France, sur les terrasses et les rues du 10e et 11e arrondissement. Un hommage visuel qui a sans doute autant de poids que les mots.
(B2) Les attentats de Paris vendredi 13 novembre au soir sont sans doute un des plus lourds au niveau européen. Il pourrait approcher les 150 morts au final. Le dernier bilan dressé par les autorités françaises, transmis par l’AFP, samedi en début d’après midi, fait état de 128 morts, 300 blessés dont 80 en « urgence absolue ». On décompte plusieurs victimes européennes, essentiellement au Bataclan lors du concert des Eagles of Death Metal (1),
Deux Belges ont été tués a confirmé, samedi, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.
Trois Néerlandais sont blessés, dont deux gravement, et un plus légèrement, deux hommes et une femme, a confirmé son homologue néerlandais Bert Koenders.
Une étudiante suédoise de 23 ans aurait été blessée (sans gravité apparemment) selon la presse suédoise.
Trois Autrichiens étaient au Bataclan, deux sont sains et sauf, mais on est sans nouvelles du troisième, assure le ministère des Affaires étrangères.
Les ambassades et consulats étrangers à Paris sont mobilisés également pour identifier si certains ressortissants figurent parmi les victimes (tués ou blessés). Un numéro d’urgence a été mis en place par le Quai d’Orsay à destination de l’étranger. + 33 (0) 1 45 50 34 60 .
(NGV)
déploiement de militaires aux Antilles en janvier (crédit : EMA / DICOD)
(B2) L’ampleur des attentats simultanés qui ont eu lieu ce vendredi (13 novembre), au Bataclan, au Stade de France… doit interpeller sur le dispositif de sécurité. Il signe un certain échec du plan Vigipirate et de l’opération Sentinelle.
Un terrorisme au sens pur
Le stade de France à Saint-Denis, le 10e et le 11e arrondissement sont des quartiers éminemment populaires. Le déploiement en nombre de personnel militaire protégeant certains bâtiments sensibles, de façon permanente, est plutôt avec le terrorisme. Du moins le terrorisme, au sens « pur » du terme, celui qui est destiné à semer la terreur parmi la population et vise toute une série d’objectifs « non stratégique » mais la population.
Un dispositif couteux
L’opération Sentinelle est un dispositif couteux — en hommes — et impossible à tenir à la fois dans la durée et dans l’étendue. 7.000 militaires sont mobilisés en permanence (10.000 au plus haut de la crise après les attentats de janvier à Charlie hebdo, Montrouge et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes). Il est aussi en grande partie inutile face à ce type de terrorisme. Peut-on protéger toutes les salles de spectacle, les stades, les restaurants, tous les lieux publics ? Dans ce cas, le terrorisme s’en prendra aux épiceries, aux supermarchés, au bus et au métro. Protégera-t-on le centre de Paris ? Les terroristes viseront des cibles en banlieue ou en province. L’usage de militaires de façon permanente pose aussi des problèmes d’ordre juridique mais aussi opérationnels.
qui a ses limites
Toutes les questions doivent maintenant être posées, sans tabou. Les effectifs militaires ne sont pas extensibles à l’infini. En comptant les opérations extérieures, le maintien de la présence dans les bases permanentes extérieures et outre-mer + l’opération intérieure, il y a plus de 20.000 hommes mobilisés en permanence. Est-ce judicieux d’employer des militaires en métropole en nombre à des missions de police ? Ne seront-ils pas plus efficaces aux missions pour lesquelles ils ont été formées, à l’extérieur du territoire ? N’est-il pas plus utile d’employer des policiers et de gendarmes dont c’est la fonction et qui ont la capacité d’intervenir ? Ce qui pose la question de l’augmentation des effectifs, donc du budget supplémentaire (donc une augmentation du déficit).
et créé une illusion de sécurité
Ce dispositif est trompeur. Il crée également une fausse sécurité dans tous les autres lieux. Il ne s’agit pas de créer la panique, mais de sensibiliser la population, d’avoir une certaine méfiance par rapport à des actes suspects et de prendre les bonnes dispositions en cas d’attaque. Dans une population, qui pour sa grande majorité, n’a jamais connu la guerre, voire les précédentes vagues d’attentats (type OAS ou FLN durant la guerre d’Algérie), il importe aussi de développer un esprit de résilience. Même les vagues les plus récentes — celles du GIA ou iraniennes de 1986 ou 1995 — qui visaient (elles aussi) des cibles populaires — peuvent paraitre lointaines.
Développer une résilience
Avoir les bons réflexes en cas d’attaque, apprendre à maitriser son sang-froid ne sont pas innés. Il y a des règles, des conseils à donner à la population. Eviter de montrer du doigt contre certaines religions ou nationales, de développer du racisme ou de la haine raciale est aussi impératif. Ce serait pire que tout et nourrirait les attentats de demain.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire : Armée déployée en France. Une « opération intérieure » de protection