La comparaison manuelle d’empreintes digitales (© JB / B2)
(BRUXELLES2 à Ramallah) Le local parait un peu ‘vétuste’ : quelques bureaux, de vieux ordinateurs… On ne sent pas dans un lieu high tech de haute technologie. L’équipe n’est pas bien nombreuse : 25 agents répartis sur les 11 districts que composent la Cisjordanie. Et une bonne partie du travail se fait encore à la main… Mais, ne vous y fiez pas. Le travail réalisé ici est plutôt efficace. Et les Sherlock Holmes palestiniens n’ont pas à rougir de leurs résultats…
Dépasser l’aveu comme preuve absolue
La méthode par empreintes est une petite révolution mentale en Palestine. « Avant, les aveux obtenus était ‘la’ preuve par excellence » explique Saïd Issa, le responsable de cette unité que nous rencontrons dans ces bureaux. Aujourd’hui, « plusieurs personnes ayant été faussement accusées ont pu être libérées. Et les vrais coupables ont pu être arrêtés ».
Faire reconnaitre la qualité légale des empreintes digitales
La preuve criminelle, venant de la récolte d’empreintes, n’a pas toujours été bien reçue dans les tribunaux. Elle était régulièrement remise en cause par les juges. « Nous nous sommes aperçus qu’il fallait un cadre légal pour notre travail », raconte Saïd Issa. « Nous avons cherché un modèle et nous nous sommes rapprochés du modèle allemand ». Il a fallu codifier une méthode pour que « la légalité de notre travail » soit reconnue. Des experts en empreintes digitales sont désormais reconnus par les tribunaux. Sept d’entre eux ont prêté serment et reçu du ministère de la Justice le papier, revêtu du tampon officiel qui leur permet de « témoigner devant la cour ».
Le ‘criminal fingerprint record’
« Après des discussions avec le ministère de l’Intérieur, nous avons mis en place le fichier des empreintes criminelles (criminal fingerprint record) ». C’est le ministère qui se charge de l’enregistrement (de l’empreinte) et de l’instruction des dossiers. Cette base de données mise en place en 2012 comprend aujourd’hui « près de 50.000 empreintes sont aujourd’hui enregistrées » et identifiées.
Empreintes cherchent propriétaires, faire offre
Ce fichier a permis de résoudre concrètement « de nombreux dossiers ». Et d’autres pourraient l’être encore plus à l’avenir. Il reste, en effet, encore 100.000 empreintes issues de dossiers, dont on ignore encore le propriétaire. Mais, peu à peu, les fins limiers de la police palestinienne comptent bien démasquer qui se cache derrière ces empreintes suspectes.
Une toute jeune unité qui a son avenir devant elle
L’unité spéciale de traitement des empreintes digitales est récente. Elle n’a été créée, au sein de la police civile palestinienne qu’en 2012, soit il y a peine 4 ans. Une unité équipée et entraînée en grande partie par le gouvernement allemand et soutenue par les Européens de la mission EUPOL COPPS. L’objectif aujourd’hui est de la renforcer : d’augmenter son équipement comme d’avoir une présence plus grande dans les 11 districts qui composent la Cisjordanie.
(Johanna Bouquet, à Ramallah)
(B2) Dans une lettre transmise au conseil de sécurité par l’ambassadeur de France à l’ONU, le représentant de l’opposition syrienne, Riyad Hijab, a dénoncé le massage commis le 31 mars dernier par les forces du régime Assad contre la population civile du village de Deïr el-Assafir, dans la Ghouta orientale. Une claire violation de la cessation des hostilités, à l’écouter. Au final, « 33 morts (dont 11 enfants), et plus de 60 blessés dans les hôpitaux de campagne, dont plusieurs dans un état grave ». Des missiles ont été tirés « contre l’école, l’hôpital et le centre de la défense civile de Deïr el-Assafir ». Des raids aériens ont suivi « visant les équipes de secours et de la défense civile qui se rendaient sur les lieux, ce qui a alourdi le bilan des victimes, parmi les civils et les secouristes ». Parmi les morts, on dénombre 11 enfants, comme un secouriste de la défense civile (ce qu’on appelle les « casques blancs ») et deux agents de police.
(NGV)
(BRUXELLES2) C’était une visite nécessaire pour la chef de la diplomatie européenne. Un an après un naufrage en mer qui avait vu près de 900 personnes perdre la vie, le 18 avril 2015, Federica Mogherini était sur le Cavour, le navire-amiral (italien) de l’opération européenne montée, en quelques semaines, pour éviter toute nouvelle tragédie.
Une opération montée en un temps record
« C’est l’une des histoires de l’Union européenne, dont nous pouvons être fiers » a souligné, face à l’équipage multinational du Cavour la Haute représentante de l’UE. « Nous avons réussi à monter l’opération en un temps record d’un mois. Et nous avons atteint la capacité opérationnelle complète, deux mois plus tard. Depuis début octobre, nous opérons dans les eaux internationales avec une priorité claire à l’esprit : sauver des vies. »
La priorité sauver des vies
Lampedusa a connu « plusieurs fois des tragédies comme celle-là. Mais ce fut la première fois que l’Union européenne a réagi en tant que telle » s’est-elle félicité. Depuis, 13.000 personnes ont été sauvées, dont 800 enfants. « Il y a un an, nous avions un sentiment de honte, je n’ai pas peur d’utiliser ce mot, nous étions honteux d’une Europe qui n’était pas en mesure de sauver des vies, Aujourd’hui, nous pouvons être fiers d’une Europe qui est capable de sauver des vies. »
(NGV)
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La discussion sur la révision du mandat d’EUNAVFOR a commencé. 4 Options… *
(B2) Ce samedi (16 avril), deux navires de la marine italienne qui participent à l’opération Mare Sicuro, le Borsini et l’Orione, sont venus au secours de plusieurs bateaux pneumatiques qui transportaient des migrants à partir de la Libye. Ils ainsi pu récupérer respectivement 118 migrants, dont 20 enfants, et 106 migrants. Quant aux 558 migrants récupérés les jours précédents, ils ont été amenés au port de Reggio Calabria par le navire Cigala Fulgosi.
Tommi Rautanen, expert cybercriminalité à EUPOL COPPS, Ramallah © JB / B2
(BRUXELLES2 à Ramallah). Tommi Rautanen est arrivé à Ramallah il y a un mois. Sa mission au sein de la mission européenne EUPOL COPPS : montrer à ses collègues palestiniens comment faire parler un ordinateur, lui faire rendre gorge…
Car à 44 ans, Tommi est toujours un vrai geek. Un policier du XXIème siècle, féru des technologies informatiques dont le savoir n’a pas de frontières. Un passionné qui a « joué toute sa vie avec les ordinateurs ». Un travail minutieux qu’il exerce depuis 2002 au bureau d’enquête de la police nationale finlandaise. Presque quinze ans de carrière qu’il exerce « toujours avec beaucoup de plaisir » et qu’il vient mettre à profit en terre palestinienne.
Ce n’est pas sa première mission à l’étranger. Il a un peu baroudé : en mission de maintien de la paix, au Liban en 1994-1995 et en Bosnie-Herzégovine en 1996-1997. « J’ai une petite connaissance de cette région depuis mon expérience au Liban », explique Rautanen que j’ai réussi… à extraire pour quelques minutes de ces ordinateurs. Même ma présence semble avoir moins d’attrait qu’un bon vieux PC décortiqué, prêt à rendre l’âme…
Une formation en cybercriminalité demandée par les palestiniens
Sa présence ici n’est pas inopinée. C’est l’unité de la police palestinienne spécialisée en cybercriminalité qui a demandé la venue d’un spécialiste de l’informatique. Objectif : pouvoir se former aux techniques modernes de cybercriminalité et d’extraction de données. Une vraie nouveauté…
Ne pas corrompre…
Ces actions ont un objectif très concret en matière de police judiciaire : extraire des données informatiques d’un ordinateur ou d’un téléphone portable sans les « corrompre » – comme le disent les policiers -, ce qui permet ensuite de s’en servir comme preuves devant la justice. C’est imparable. Mais encore faut-il que certaines précautions soient prises. « Il faut faire toutes les étapes nécessaires, tout documenter minutieusement. L’extraction de données est importante mais l’essentiel du travail se fait dans le laboratoire. »
Dans un ordinateur tout est volatile
Avec lui, on découvre le cheminement du geek-policier… « Dans un ordinateur, tout est très volatile. Normalement vous traitez avec des copies, et non avec les versions originales des disques durs. La première étape consiste à établir un plan. Il faut un véritable entrainement pour savoir comment s’occuper de la preuve (sans la compromettre). La façon de faire varie si l’ordinateur est éteint ou allumé. » On parle de preuve ‘vivante’ quand l’ordinateur est allumé. « Il faut ensuite documenter toute la procédure choisie. Quand tout est prêt sur la scène de crime, on récupère le matériel jusqu’à notre laboratoire. C’est là que se fait la majeure partie de notre travail sur les preuves. On présente ensuite ce que nous avons récupéré aux enquêteurs. Enfin tout est notifié dans un rapport qui pourra être présenté devant la Cour ».
Le travail reste à faire mais la motivation est là
Pour les Palestiniens, « c’est nouveau. Ils en sont au tout début de la cybercriminalité. Je les aide quotidiennement en leur donnant la connaissance et les équipements pour mener à bien leur travail. Je les assiste. Cela fait deux semaines que je travaille avec des ingénieurs. C’est super de travailler avec eux » s’enthousiasme-t-il. « Ce sont des gars très professionnels, hautement motivés et qui ont une réelle envie d’apprendre. C’est vraiment agréable de travailler ici ».
Et après un mois de mission…
… la police palestinienne a été capable d’extraire des données d’un ordinateur dans une affaire criminelle en cours. Une petite révolution ! « L’ordinateur était cassé. Mais le disque dur était resté intact. Nous avons été capables d’en extraire les informations. » Il sera impossible d’en savoir plus, même en insistant un peu. « Je ne pas vous expliquer plus sur l’affaire. Pour moi, tout est crypté, puisque c’est en arabe », plaisante-t-il.
(Johanna Bouquet)
(B2) le troisième numéro du « café diplomatique » de B2, enregistré en direct du service européen d’action extérieure (SEAE), avec nos amis de viEUws, est disponible. Ce numéro est consacré à la réunion des ministres des Affaires étrangères qui a lieu ce lundi 18 avril, au Luxembourg. L’agenda de la réunion est assez éclectique : Iran, Cuba, Colombie, partenariat oriental, Libye, etc. Mais c’est la Libye qui a retenu toute notre attention. Les ministres auront ainsi une video conférence avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj puis un diner à ’56’ avec leurs collègues de la Défense. Enjeux de la discussion…