(crédit : marine italienne)
(B2) Le blocage des migrants entre la Turquie et la Grèce est à peu près efficace. Le directeur de Frontex l’a confirmé tout à l’heure devant le Parlement européen.
Une centaine d’arrivées chaque jour en Grèce
« Le nombre d’arrivées a beaucoup baissé. Environ une centaine de migrants par jour » arrivent en Grèce explique Fabrice Leggeri. Beaucoup de migrants attendent en Turquie de passer. Mais « rien n’indique qu’il y ait un déplacement de la Turquie vers la Libye », du moins pour l’instant. « On voit bien une augmentation du nombre de migrants de la Libye vers l’Italie. Mais c’est une autre question. C’est une immigration venant d’Afrique. »
Pas de routes alternatives utilisées massivement
De la même façon, le passage par des routes alternatives — Mer noire, Bulgarie, Albanie — reste pour l’instant très limité. « Nous n’avons pas constaté de passage important. Ce sont quelques cas isolés, depuis l’ouest de la Grèce essentiellement vers l’Italie. (…) Pour l’instant, ainsi la situation semble gelée ».
De l’ordre de quelques dizaines de personnes
Il s’agit « de quelques dizaines de personnes », a précisé à B2 un bon connaisseur du dossier. Soit ce sont des personnes qui profitent de l’opportunité, de façon individuelle. Mais « c’est peut-être aussi une manière de tester de nouvelles routes » se hasarde-t-il. En tout cas à suivre…
Une extension de la zone opérationnelle de Frontex en cours
A Frontex, « on suit de près la situation » confirme Fabrice Leggeri. La zone opérationnelle de surveillance aérienne a été étendue « en accord avec les autorités italiennes » à toute la zone Adriatique « pour contrôler les éventuels passages de l’Albanie et Monténégro vers l’Italie ». Et l’agence européenne est « prête à redéployer ses activités si nécessaire », en mer ou dans le ciel, notamment vers l’Italie qui fait davantage face aujourd’hui que la Grèce à un nouveau flux d’arrivées de migrants (ou de réfugiés).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Le gnral de brigade Hautecloque est le commandant de la Task Force La Fayette Warehouse Kaboul.
(BRUXELLES2 – exclusif) L’Union européenne a décidé de lancer une troisième mission chargée de former une armée africaine. Après la Somalie (avec EUTM Somalia), lancée en 2010, et le Mali (avec EUTM Mali), mise en place en 2013. C’est le tour de la Centrafrique.
Un vrai défi
L’objectif est simple : restructurer et mettre sur pied une armée centrafricaine moderne, efficace et contrôlée démocratiquement. En bref, éviter que l’armée ne massacre demain les populations ou fasse un coup d’état mais soit aussi capable de maintenir la stabilité de l’Etat. Mais en Centrafrique, c’est un vrai pari !
Les principes posés
La mission démarrera officiellement début juillet, voire avant, si tout est prêt. Mais les ministres de la Défense ont déjà décidé, hier les grandes lignes de cette opération, lors de leur réunion semestrielle à Luxembourg (lire : La mission de formation EUTM RCA adoubée par les ministres. La troisième du genre). Preuve d’un certain succès de ce type de mission, et d’une évolution des esprits, plus personne au niveau européen ne conteste l’utilité d’une telle mission.
Des réticences qui se sont tues
En 2009-2010 quand s’est décidé la mission en Somalie, nombre de critiques avaient été émises, estimant que les risques étaient plus grands que les avantages. A l’époque, le Royaume-Uni mais aussi l’Allemagne, la Suède, l’Autriche… étaient on ne peut plus sceptiques. Ces voix se sont tues aujourd’hui car EUTM Somalia est une réussite. Idem pour EUTM Mali lancée au forceps, grâce à la pression française et espagnole notamment. Encore plus récemment, pour la Centrafrique, plusieurs pays étaient particulièrement peu enthousiastes à l’idée de voir une nouvelle mission militaire de formation voir le jour. Faute de mieux, c’est une simple mission de conseil (EUMAM RCA), mission de transition qui avait été mise sur pied, à titre de test. Aujourd’hui, chacun voit bien que la stabilisation des pays africains est une nécessité. Ne serait-ce que par pur intérêt national : éviter le terrorisme, juguler les migrations, permettre le développement économique.
Un commandant français
C’est un général français qui commandera cette nouvelle mission, comme annoncé hier (Lire: Le second de l’Eurocorps va prendre la tête d’EUTM RCA). La Centrafrique est un peu le terreau de l’armée de terre, c’est naturellement un terrien. Mais cette fois un cavalier, ancien du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP), qui a été choisi : le général français Éric Hautecloque-Raysz. Un militaire habitué des théâtres extérieurs : au Kosovo (KFOR) à deux reprises en 2001 et 2004, en Afghanistan en 2012 — où il a fermé le ban de la task force Lafayette en Kapisa et Surobi — et au Liban (au sein de la FINUL) en 2014. Ancien gouverneur militaire de Strasbourg, et ancien chef de la 2e brigade blindée (2e BB) d’Illkirch-Graffenstaden.
Déploiement de l’Eurocorps
Le général Hautecloque-Raysz est aujourd’hui le numéro 2 de l’Eurocorps. Il part entouré de son état-major. C’est en effet plus de 70 personnes de ce corps qui l’accompagnent, comme B2 l’avait annoncé le 5 avril (lire : Carnet 05.04.2016). C’est la seconde fois en quelques mois qu’une partie de l’état-major de l’Eurocorps se déploie sur le terrain africain pour le compte de l’Union européenne. Ca change de la capitale alsacienne…
(Nicolas Gros-Verheyde, avec LH à Strasbourg)