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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 2 hours 39 min ago

Un Falcon 50 survole la Méditerranée. Premier vol de reconnaissance français pour EUNAVFOR Med

Fri, 03/07/2015 - 20:41

(BRUXELLES2) Un avion de surveillance maritime Falcon 50 de la Marine nationale a effectué son premier vol de reconnaissance sur la Méditerranée vendredi (3 juillet). C’est la première contribution opérationnelle de la France à l’opération de lutte contre les réseaux de trafiquants (EUNAVFOR MED), lancée le 22 juin dernier.

L’avion, en provenance de la base d’aéronautique navale de Lann Bihoué, dans le Morbihan, a décollé de la base d’aéronautique navale de Hyères (près de Toulon) à 10h. Un ravitaillement en carburant à Sigonnella, en Italie, lui a permis de réaliser un survol de trois heures au large de la Sicile. Le renseignement collecté a été transmis à l’état-major tactique de l’opération (FHS), basé sur le porte-aéronefs Cavour. Trois officiers français sont insérés dans cette structure de commandement qui compte une centaine d’officiers, d’une dizaine de pays européens.

Vendredi également, le Conseil des ministres italien a approuvé un décret-loi autorisant la participation italienne à EUNAVFOR MED, notamment par la mise à disposition du Cavour et des structures de commandement à Rome, le Comando Operativo di vertice Interforze (COI) qui est établi sur l’aéroport militaire de Centocelle.

A Malbork, les F-16 belges veillent

Fri, 03/07/2015 - 06:50

Le badge de la Enhanced Air Policy sur fond de damier blanc et rouge, logo de l’armée de l’air polonaise (© NGV / B2)

(BRUXELLES2) Les quatre F-16 belges, basés à Malbork, en Pologne, ne chôment pas tous les jours. Faisant partie de l’arsenal de « réassurance » mis en place par l’Alliance atlantique au sommet du Pays de Galles face à la nouvelle attitude plus agressive de la Russie, ils visent à rassurer les pays baltes face à l’attitude plus agressive de la Russie ces derniers mois comme à renforcer la protection de l’espace aérien de l’OTAN. Les Russes sont tout proches, l’oblast de Kalilingrad n’est qu’à peine à 80 km à vol d’oiseau.

4 équipes pour la surveillance aérienne des pays baltes

Il y a aujourd’hui 4 détachements aériens qui assurent la surveillance du ciel baltique, ou de la zone internationale au large : outre les 4 F-16 Belges, il y a les Eurofighter Italiens et F-16 Norvégiens, qui opèrent à partir de Šiauliai en Lituanie, et les Eurofighter Britanniques, sur la base d’Amari en Estonie tout au nord. Ce sont les Norvégiens qui assurent l’astreinte BAP (Baltic Air Policy), c’est-à-dire qu’ils sont disponibles 24h/24. Tandis que les autres qui sont en renfort (Enhanced Air Policing ou EAPM) prennent l’astreinte une semaine sur deux. Dans tous les cas, ils restent disponibles si nécessaire pour revenir en mode alerte. « Nous avons six heures pour revenir en mode alerte » explique un officier.

14 alertes

Depuis le début de leur déploiement, en janvier, les avions belges ont décollé pour 14 alertes réelles pour des avions russes en limite de zone. Et cela s’est accéléré dans les deux derniers mois. 2/3 des interventions (10) ont lieu en mai et en juin, contre 4 dans dans les quatre premiers mois de la présence belge. Sur ces 14 alertes, huit ont débouché sur une identification visuelle, à proximité de l’avion (voir encadré).

Une augmentation à des moments particuliers

Les vols russes ont particulièrement augmenté durant les exercices de l’OTAN (Baltops 2015) tout comme lors d’un gros exercice russe, qui s’est déroulé au large de Kaliningrad. La plupart des vols viennent de Saint Petersbourg, passent le long des eaux internationales et entrent en Baltique (qui concentre plus de la moitié des vols russes). Ce qui place la base d’Amari (Estonie) en première ligne.

Augmentation nette en nombre

« Depuis le dernier déploiement belge en Lituanie en 2013, cela s’est accéléré, il y a davantage de vols russes, mais aussi de l’OTAN » remarque un officier. Entre 2013 et 2015, il y a eu une augmentation de près de 50% des vols de transport tactique qui sont passés de 134 à 179 et 213 comme des vols d’avions de combat ou bombardiers qui sont passés de 31 à 54 et 132.

De la musculation

« Chacun fait un peu de musculation. On est revenu à un rythme de la guerre froide ». Il ne s’agit pas d’erreurs ou d’incidents techniques. Ni même d’objectifs militaires. C’est une attitude, décidée « à haut niveau » de l’armée russe, « avec un objectif politique : montrer la puissance russe, montrer également que « ici » ils sont un comme chez eux » explique à B2 un haut gradé belge.

Pas de violation territoriale

Les « incidents » ne sont pas vraiment « graves ». Il n’y a ainsi pas violation des zones territoriales baltes ou polonaises. Les avions russes volent au-dessus des eaux internationales. Simplement ils « ne rédigent aucun plan de vol, ne répondent pas aux indications et coupent les transpondeurs ».

Une technique d’interception bien rôdée

© NGV / B2

La reconnaissance visuelle

Pour notre arrivée sur la base de Malbork, nous avons droit à bord de l’Embraer ministériel à un exercice d’accompagnement. Les deux F-16 se rapprochent de l’appareil, un droite, un à gauche, l’escortent, avec des battements d’ailes pour la reconnaissance, des signaux visuels. Mais rien de plus… « L’objectif est d’aller identifier l’avion, son type, ses armements, et le suivre jusqu’aux limites de l’espace aérien. » C’est une mission « interception, identifiy, shadow ».

10 à 12 minutes pour être en l’air

Les avions enchaînent des semaines d’alerte (hot week) et des semaines de pause (cold week). Durant les Hot week, les avions prennent la QRA avec 2 avions 24/7. Selon le contrat OTAN, les deux avions doivent être prêts à décoller en 20 à 30 minutes, tout compris entre la transmission par le CAOC de Uedem, à l’état-major de Varsovie, puis à la tour de contrôle et enfin le décollage. « Dans la réalité, nous arrivons à décoller en 10 à 12 minutes en réel » pour ce qu’on appelle les Alpha Scramble, les alertes réelles.

Avions armés

Chaque avion est armé avec 2 missiles air-air de moyenne portée CATM 120B et des missiles infrarouge en combat rapproché. Il est aussi équipé avec deux bidons de fuel permettant d’assurer des missions plus longues jusqu’à 2h à 2h30 et d’atteindre le large de la Baltique. NB : les avions belges n’assurent la surveillance de l’espace aérien balte et de l’espace international. Ils n’interviennent pas du tout sur l’espace polonais qui reste de la responsabilité de Varsovie.

Un terrain idéal pour l’entraînement

Durant les cold week, il ne s’agit pas vraiment de repos. Les avions continuent de voler pour l’entraînement. Comme l’explique un officier, l’avantage de cette zone, est de « disposer de certaines facilités pour voler que nous n’avons pas chez nous ». Il y a « plus de flexibilité, davantage de latitude pour les vols militaires par rapport aux vols civils, des possibilités de vol à basse altitude, et des zones plus vastes également ». La Pologne est (un peu) plus grand que la Belgique. De plus, les Polonais disposent « d’un espace extrêmement permissif qui permet de faire de l’entrainement de tirs au sol ».

Les Tango Scramble pour se former

Il y a des Tango Scramble = les entrainements comme en réel (le T = Training). Des vols très utiles pour former les pilotes aux alertes, mais aussi pour travailler en coopération avec les alliés, que ce soit en l’air ou au sol. Dans l’espace lituanien, il s’agit également de former les contrôleurs de combat lituanien du GCI de Karmelava en coordination avec les Norvégiens et les Italiens.

Un rappel en QRA durant les entraînements

Durant ces périodes, les avions volent désarmés, avec possibilité de rappel en configuration QRA, dans les 6 heures. « C’est arrivé le 9 juin, quelques minutes avant le décollage d’entrainement, le CAOC d’Uedem a demandé une intervention à quelques centaines de miles d’ici. On avait deux possibilités alors : soit préparer l’avion pour un vol d’interception, avec les armements, ou décoller plus rapidement sans armement. C’est cette possibilité qu’on a choisi. On a réussi à décoller en 10 minutes. »

Détachement belge

 

Réduit à l’essentiel

Le détachement belge est réduit à l’essentiel. « Nous avons 49 personnes là où les Néerlandais avaient 65 personnes et les Américains 120 personnes pour effectuer la même mission. L’effectif est réduit mais opérationnel. » Un point sur lequel a insisté le ministre, Steven Vandeput.

Une mini base aérienne

La structure du détachement est une mini-base aérienne en soi : une section opérationnelle (pilotes et mécanos), une section maintenance (CIS, Log…) et une section soutien, composée de 25 personnes (Admin, Médic, Welfare, Kitchen). Une équipe de pompiers est également présente en cas d’incident ou de feu sur un avion. La cuisine reste bien belge (j’ai pu le tester, frites et mayonnaise sont bien là :-)).

Un traducteur aussi est présent. C’est « extrêmement important » insiste le chef du détachement. Si certains militaires parlent anglais, d’autres même à certains niveaux de commandement ne parlent que polonais. Le détachement mixte, francophone et néerlandophone. 30 personnels viennent de Florennes / 10 de Kleine Brogel, 4 de la composante terre.

L’assistance polonaise

La Pologne en tant que Host nation support fournit aux Belges tout le nécessaire. Un grand hangar permettant d’accueillir 4 avions simultanément et toutes les pièces de rechange et éléments techniques. « Toutes les sections sont ensemble. Et cela permet une symbiose entre chacun » précise le chef du détachement. Les avions d’alerte disposent chacun d’un hangar au plus près de la piste. Tandis que les 4 pilotes et mécanos d’astreinte se trouvent dans un bâtiment non loin des pistes. Un officier est détaché à la tour de contrôle à la base pour assurer la liaison entre le contingent belge et les Polonais.

(Nicolas Gros-Verheyde, à Malbork)

NB : les noms des pilotes et du personnel restent anonymes. Depuis l’intervention en Irak, ces militaires sont des cibles potentielles. Des mesures de précaution sont de rigueur.

8 alertes en mai – juin

Le 21 mai, 2 bombardiers supersoniques Tupolev 22 Backfire, de la force aérienne stratégique, Les Belges ont décollé avec les Italiens. Les avions ont été interceptés par les Italiens qui ont fait demi tour.

Le 26 mai, les avions interceptent, sans plan de vol, un avion de transport An-26 qui ne répondait pas. Il est suivi jusqu’à la zone de Kaliningrad.

Le 27 mai, lors d’un exercice de T-Scramble au-dessus de la Lituanie, les F-16 sont envoyés sur un Sukhoï 24 (Fencer) en survol de Kaliningrad. Il reste sur cette zone.

Le 28 mai, même topo, l’avion Sukhoï 24 sort de Kaliningrad.

Le 9 juin, 2 avions décollent pour un Ilyushin IL-20 Coot A, un avion de guerre électronique et surveillance, qui n’est pas sorti. Deux heures plus tard, le même avion est sorti de la zone et photographié.

Le 11 juin, un Ilyushin IL-20 Coot A est intercepté par la QRA Danoise, puis pris en relais et « raccompagné » par les Belges.

Le 13 juin, c’est l’inverse, un Ilyushin IL-20 Coot A est intercepté par les F-16 belges, les F-16 de la QRA danoise prennent le relais.

Le 15 juin, interception d’un Sukhoï 24 qui sort régulièrement de la zone russe, à l’occasion d’un gros exercice combiné entre la marine russe et les avions. Les avions belges sont alors « illuminés par les navires russes ». Un Coot-A est intercepté dès sa sortir de Kaliningrad.

Lire aussi

Minute de silence pour les Britanniques décédés en Tunisie ce vendredi

Fri, 03/07/2015 - 00:16

Un C-17 Globemaster du 99 Squadron, rapatrie les corps des victimes en Tunisie sur la base de Brize Norton (crédit : Royal Air Force)

(B2) Le traumatisme subi au Royaume-Uni lors de l’attentat en Tunisie avec plus de 30 victimes britanniques est passé relativement inaperçu en Europe. Une minute de silence sera célébrée dans tout le pays à midi ce vendredi (3 juillet). C’est le plus grave bilan pour des citoyens de la Couronne depuis l’attentat du 7 juillet 2005.

Les 4 derniers blessés, les plus gravement atteints ont été rapatriés mardi (30 juin) tandis que les premiers corps des personnes décédées ont commencé d’être rapatriées par les avions C-17 de la base de la RAF de Brize Norton mercredi (1er juillet)

(NGV)

Lire aussi : De nombreux Européens tués lors de l’attentat de Sousse en Tunisie (Maj4)

 

La crise grecque en toutes lettres

Thu, 02/07/2015 - 22:29

Derrière les sourires en présence des photographes, un amour-haine sur fond de drame économique (crédit : Conseil de l’UE)

(BRUXELLES2) Ce ne sont pas des lettres d’amour. Ce ne sont pas des lettres de déchirure. Mais cela y ressemble un peu. Les lettres, discours, tweets que se sont échangés quasi-publiquement, ces derniers jours, l’Europe et la Grèce, marquent une certaine incompréhension de part et d’autre, un manque d’Europe.

Lundi (22 juin), la Grèce envoie une lettre faisant état de ses contre-propositions. Télécharger Une réunion au sommet des dirigeants de la Zone Euro n’aboutit pas vraiment à autre chose qu’à demander à l’Eurogroupe de continuer à travailler.

Jeudi (25 juin), les autorités européennes mettent au point un dernier plan « tenant compte des différentes propositions grecques ».

Vendredi (26 juin), dans la nuit, Alexis Tsipras annonce la tenue d’un référendum sur le plan présenté par la Commission européenne. François Hollande et Angela Merkel apprennent la nouvelle juste avant, que leader grec a « élégamment » a prévenu auparavant. Le Grec a bien appelé aussi Jean-Claunde Juncker. Mais le président de la Commission européenne dormait profondément. Et il n’apprendra la nouvelle le lendemain, comme la plupart des autres dirigeants européens ou ministres des Finances qui découvrent la nouvelle sur… twitter. De quoi bien fâcher.

Samedi (27 juin), une nouvelle réunion de l’Eurogroupe s’achève, cette fois, sur un clair constat de désaccord. Le ministre grec des finances ne veut pas approuver la déclaration finale. Le service juridique du Conseil est consulté. L’Eurogroupe est une structure informelle. Et il n’y a pas de règle de vote. La déclaration est donc adoptée à 18 pays (sauf la Grèce). Une note de bas de page témoigne du divorce. Le ministre grec quitte la salle. La réunion se poursuit à 18 pour examiner les mesures de stabilité à prendre dans la Zone Euro. Le mot Grexit n’est plus tabou. Télécharger la déclaration de l’Eurogroupe

Dimanche (28 juin), la Commission européenne diffuse – ce qu’elle n’avait jamais fait jusqu’ici – le document distribué aux négociateurs sur la dette grecque. Un texte intéressant car il contient les dernières propositions convenues entre les trois institutions (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Ces propositions « prennent en compte les propositions des autorités grecques ">de 8, 14, 22 et 25 juin 2015 ainsi que les négociations au niveau politique et technique tout au long de la semaine ».  ">Télécharger. Lire aussi : En toute transparence… Un budget de la défense, un peu, préservé

Lundi (29 juin), lors d’une conférence de presse convoquée spécialement pour la circonstance, Jean-Claude Juncker, appelle délibérément à voter ‘Oui’ au référendum. Au-delà des mots, on sent chez l’ancien Premier ministre luxembourgeois une déchirure personnelle, une blessure d’amour-propre. Télécharger (lire aussi : La Grèce dans l’Euro. L’adieu aux idéaux de jeunesse de Jean-Claude Juncker)

Mardi (30 juin), Alexis Tsipras envoie, au dernier moment, dans l’après-midi une ultime lettre au président de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Son contenu est plutôt vague et se résume à deux demandes : un nouveau programme d’assistance de deux ans et la restructuration de la dette grecque. Un peu exorbitant à première vue. Dans la foulée, une réunion des ministres des Finances de la Zone Euro est convoquée par visioconférence. Le plan est terminé, soulignent les ministres.

Mercredi (1er juillet), le Fond monétaire international (FMI) constate l’arriéré de paiement de la Grèce sur la somme de 1,5 milliard $. Mais il se réserve de se prononcer sur la demande grecque d’extension du délai, demande qui sera examinée par le Conseil d’administration du FMI « en temps voulu » (télécharger communiqué du FMI). Réuni à deux reprises dans la journée par vidéoconférence, l’Eurogroupe décide de renvoyer la proposition grecque. La lettre de Jeroen Dijsselbloem est un ‘non merci’ ferme et un ‘retour à l’envoyeur’ de la proposition Tsipras. Télécharger.

Le même jour, le ministre grec des Finances, Yannis Varoufakis, explique sur son blog les 6 raisons qui l’appellent à voter ‘Non’ Télécharger

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

 

Les Français prennent l’alerte de la force de réaction rapide de l’UE

Wed, 01/07/2015 - 09:45

(crédit : DICOD / EMA)

(BRUXELLES2 – exclusif) Les Français (et les Belges) ont pris le relais des ‘Nordiques » pour assurer le tour d’astreinte du battlegroup, la force de réaction rapide de l’UE, qui sera de permanence ce semestre jusqu’à la fin décembre 2015.

Un seul groupe d’astreinte

Contrairement à ce que prévoit le concept européen, il n’y aura qu’un seul battlegroup d’astreinte durant cette période. Ce n’est pas la première fois. Les plannings contraints des armées européennes comme les budgets à la baisse – et un certain manque d’entrain politique aussi – ont entraîné quelques « trous » dans le planning.

Capable d’intervenir sur tout le spectre

Fort d’environ 2000 personnels, ce groupement tactique franco-belge sera « capable d’intervenir sur tout le sceptre du concept d’opération des battlegroups » : maintien de la paix ou imposition de la paix, interposition, évacuation de ressortissants européens, etc. Il pourra exercer ainsi des « missions de coercition de très haute intensité ». Il n’y a d’ailleurs aucun « caveat » national, posé par les Etats participants.

Un coeur robuste

Le battlegroup français sera constitué essentiellement autour de la 2 BB (la deuxième brigade blindée – héritière de la célèbre 2eDB du général Leclec). Ce battlegroup sera « robuste » – selon les éléments qui ont été communiqués à B2, avec un cœur « combattants » affirmé et des capacités « puissantes et modernes ».

On y trouvera ainsi un escadron de chars Leclerc, des VBCI (véhicules blindés de combat d’infanterie) derneir cri, le canon Caesar 155 mm. En bref, le dernier cri de ce qui fait l’équipement de l’armée de terre. Une « vitrine des derniers équipements français » en quelque sorte. Un certain nombre d’unités – comme des escadrons d’éclairage, des unités « Rens » (renseignement) accompagneront ce noyau dur, dans « un format assez souple qui pourra être adapté à la mission et au théâtre d’opérations potentiel » a précisé à B2 un expert des questions. Et il pourra être renforcé au besoin d’avions, d’hélicoptères, de forces spéciales, si la situation l’exige sur le terrain.

Le centre de commandement sera assuré au Mont-Valérien. Ce quartier général d’opérations était déjà en veille les six premiers de 2015 pour le battlegroup nordique. Ces pays ne disposant pas d’OHQ agréé au plan européen ou OTAN.

(Nicolas Gros-Verheyde)

L’Europe groggy par la crise grecque

Wed, 01/07/2015 - 01:18

Jeroen Dijsselbloem à la conférence de presse de l’Eurogroupe le 27 juin qui voit le départ de la délégation grecque (crédit : CUE)

(BRUXELLES2) Ce n’est pas moi, c’est lui ! Tout le week-end, cette antienne a résonné par déclarations, communiqués et twitters interposés entre les dirigeants grecs et européens. Entre Bruxelles et Athènes, après la réunion avortée de l’Eurogroupe samedi après-midi, il y a davantage qu’un différend technique, il y a une incompréhension grandissante, un amour déçu, amer.

La Grèce, sur qui on avait mis tant d’espoir, vantée il y a quelques années comme la réussite même de la bonne utilisation des fonds européens, apparaît aujourd’hui comme l’enfant insolent, menteur et… dépensier. L’Europe, qui fait partie même de l’ADN grec, se montre égoïste, hautaine et peu respectueuse de la démocratie selon le gouvernement Tsipras.

Un manque de confiance réciproque qui se traduit bien quand on écoute le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis raconter, par le menu, sur son blog, la réunion dramatique du 27 juin. « L’idée même que le gouvernement allait consulter son peuple a été traitée avec incompréhension et souvent avec dédain proche du mépris. On m’a même demandé: ‘Comment voulez-vous que les gens ordinaires à comprendre ces questions complexes ?’ » La Commission européenne, de son côté, a dénoncé la décision « unilatérale des autorités grecques d’abandonner le processus de négociation » Elle a même décidé de publier le détail des propositions faites à la Grèce, brisant l’omerta, « dans l’intérêt de la transparence et pour l’information du peuple grec ». Un fait exceptionnel qui en dit long sur l’état d’esprit ambiant.

En bref, la vaisselle est cassée. Et personne n’a envie d’en acheter une nouvelle en commun. L’Europe est groggy. Mais elle n’est pas restée inactive pour autant. Toute la journée du dimanche, le téléphone a fonctionné entre les dirigeants européens. Car l’inconnue est maximale et les risques multiples.

D’une part, il faut limiter les dégâts un défaut grec. La Banque centrale européenne a été appelée à la rescousse. Après une réunion exceptionnelle, dimanche, la BCE a assuré vouloir travailler étroitement avec la Banque de Grèce « pour maintenir la stabilité financière ». Ainsi « l’assistance de liquidités d’urgence » qui maintient en survie les banques grecques va être « maintenue ». Et Athènes a annoncé une stricte limitation des fonds pouvant être retirés comme la fermeture des banques.

Ensuite, chacun sera suspendu, lundi, aux réactions des marchés. Les mesures prises suffiront-elles ? L’inconnue est totale. Un choc monétaire n’est pas à exclure. Et la contagion de la crise à d’autres pays doit être contenue. Chypre, la Slovaquie ou le Portugal sont particulièrement « exposés », selon les indiscrétions d’experts européens.

Enfin, il va falloir essayer de garder la Grèce dans la Zone Euro, en lui évitant la faillite, sans avoir l’air de revenir sur la discussion avortée de l’Eurogroupe ni accepter les demandes grecques. Autrement dit la quadrature du cercle. Une porte de sortie pourrait être l’effacement, partiel, de la dette grecque. Une hypothèse clairement mise sur la table… par les Américains. « Il est important d’arriver à une solution qui inclut une discussion sur la réduction de la dette » a indiqué le secrétaire US au Trésor Lew dans ses entretiens téléphoniques avec ses homologues allemand Wolfgang Schäuble et français Michel Sapin. Tandis que Barack Obama exhortait la chancelière allemande, Angela Merkel, à faire « tous les efforts » pour permettre à la Grèce de « reprendre les réformes et la croissance au sein de la zone euro ». Autrement dit pas de Grexit possible pour Washington !

En France, François Hollande a convoqué un conseil restreint à l’Elysée pour ce lundi. Et à Bruxelles, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, parlera devant la presse vers 13h. Autant dire que l’heure est grave. Après « Je suis venu te dire que je m’en vais » de Gainsbourg, les Européens auront-ils le courage de chantonner à la Grèce, comme Jacques Brel : « Ne me quitte pas » et de terminer par un « Formidable » de Stromae. Rien n’est moins sûr…

(Nicolas Gros-Verheyde) paru dans Sud-Ouest, le 29 juin.

Une stratégie ne fait pas le printemps !

Tue, 30/06/2015 - 17:30

Une stratégie, c’est un comme un défilé, c’est beau, mais ca ne dure que le temps d’un défilé (crédit : MOD UK)

(BRUXELLES2) Les Européens ont avalisé, vendredi dernier (26 juin), la préparation d’une nouvelle stratégie de sécurité que Federica Mogherini, la Haute représentante de l’UE, devrait présenter dans un an, lors du sommet européen de juin 2016.

La réflexion stratégique

Croire cependant que la réflexion stratégique va permettre de cristalliser une nouvelle volonté européenne et l’alpha et l’oméga d’une nouvelle politique européenne par le seul poids du verbe, semble un pari illusoire. Mettre près d’un an pour rédiger cette stratégie, c’est bien, c’est beau. Les débats seront certainement intéressants, captivants. Cela va occuper pas mal de monde, des chercheurs, des diplomates, pour placer ici un paragraphe sur l’autonomie stratégique, l’autre sur l’enjeu de l’Arctique ou de la mer de Chine, le troisième sur la guerre hybride et les cyberattaques… Mais, concrètement face aux enjeux et menaces du moment, c’est un peu irréaliste. C’est un peu comme si, en face d’un incendie, le pompier se demandait s’il ne fallait pas mieux réfléchir à la conception des maisons ou la disposition des extincteurs Ce d’autant que l’utilité de la stratégie dans le déroulement des actions européennes a été, pour l’instant, assez réduit…

Une stratégie n’a jamais rien permis ni autorisé.

Depuis dix ans qu’existe la stratégie Solana, on ne s’est jamais vraiment référé à la stratégie pour lancer ou ne pas lancer une opération ou une mission menée au titre de la PSDC ou pour entériner une décision européenne en matière de sécurité. Certains succès ont été obtenus avec une vraie stratégie d’action : contre la piraterie et, plus généralement, dans la Corne de l’Afrique. Mais soyons honnêtes. Ce n’est qu’après la pratique qu’est venue la théorisation avec l’approche globale. Et non l’inverse. Par contre, des échecs retentissants sont survenus alors qu’il y avait, sur le papier du moins, une stratégie. Il suffisait de s’y référer, de l’appliquer. Mais on n’a rien fait. L’exemple le plus frappant est le Sahel et le Mali ou la Libye.

Une stratégie pour quoi faire ?

Il ne peut y avoir de réflexion stratégique que si, de façon structurelle, il y a une vision commune. Et celle-ci ne pourra pas être créée à 28, même avec la meilleure plume du monde. Négocier une stratégie à 28 implique de mettre tout dedans : la vision pacifiste ou neutraliste des uns, réaliste et engagée des autres, un peu de militaire, de développement, d’humanitaire, du bon sentiment et du réalisme, etc. Autrement dit, des mots qui rassurent, sont consensuels et vont ressembler à des documents déjà existants, simplement mis à jour. Avec le risque qu’ils soient dépassés d’ici 2 ou 3 ans, au rythme où va l’évolution des crises.

Une review régulière par les Chefs d’Etat et de gouvernement ?

Au rythme de l’évolution des menaces, la meilleure stratégie serait plutôt de voir et revoir régulièrement au plus haut niveau européen, au niveau des Chefs d’Etat et de gouvernement, l’état des lieux des menaces, de l’environnement sécuritaire, et du voisinage. Cette « revue stratégique » régulière était d’ailleurs prévue, avec sagesse, par le traité de Lisbonne. Elle n’a jamais été appliquée. Il serait temps de la remettre au goût du jour.

(Nicolas Gros-Verheyde)

La Grèce dans l’Euro. Le retour à un idéal du « jeune » Jean-Claude Juncker

Tue, 30/06/2015 - 16:02

La salle de presse pavoisée des drapeaux grec et européen, pleine à craquer (© NGV / B2)

(BRUXELLES2) Après un week-end tourmenté, la ‘venue’ de Jean-Claude Juncker était attendue, dans la salle de presse comble au Berlaymont après. Le Luxembourgeois n’a pas failli à sa réputation. Il s’est montré ce lundi (29 juin), à la hauteur de sa fonction. Avec un discours qu’on peut qualifier d’historique. Car au-delà des mots politiques, il y avait une certaine émotion, une certaine vision personnelle que le leader européen voulait mettre en avant…

Au rendez-vous de l’histoire

Une fois n’est pas coutume, le président de la Commission s’est d’ailleurs attaché autant que possible à respecter son discours écrit, écrit au cordeau. Comme si le président avait un peu peur de laisser trop parler son coeur et de lâcher sa colère ou son courroux contre le dirigeant Alexis Tsipras et son entourage notamment mais aussi sur quelques autres leaders européens, avec une trop courte vision de l’avenir. Au-delà des précisions techniques, et du message politique, c’est ainsi un message personnel que Juncker a voulu délivrer, une sorte d’adieu, ou plutôt de retour sur ses idéaux de jeunesse, des idéaux qu’il maintient toujours, contre vents et marées, refusant de céder à la facilité…

Ne pas voir Platon jouer en deuxième division

« Lorsque j’ai commencé, il y a longtemps, ma vie européenne, nous étions dix Etats membres, c’était en décembre 1982. Le dixième Etat membre venait tout juste de rejoindre la famille européenne, un an auparavant. Ce fut la Grèce et j’étais heureux à l’époque de voir la Grèce nous rejoindre pour compléter l’Union européenne, qui s’appelait encore les Communautés européennes à ce moment-là. Suivant la formule de Valéry Giscard d’Estaing, je ne voulais pas ‘voir Platon jouer en deuxième division’. »

Une Europe par trop égoïste

Alternant le français – qui a constitué l’essentiel du discours -, l’anglais et l’allemand et terminant par deux mots en Grec, le président Juncker a tenté de recoller les morceaux d’un rêve d’Europe brisé. « En une nuit, en une seule nuit, la conscience européenne a pris un sacré coup. La bonne volonté s’est quelque peu évaporée. Des égoïsmes, parfois des jeux tacticiens voire populistes ont pris le dessus. » Il vise ainsi, sans le nommer Alexis Tsipras, mais aussi certains dirigeants ou responsables européens qui n’ont sans doute pas fait preuve de flexibilité. Dans la négociation qu’il pensait de bonne foi, il estime qu’au moins une des parties n’a pas joué le jeu.

Un sentiment de trahison

« Après tous les efforts que j’ai déployés, après tous les efforts qui furent ceux de la Commission et aussi des autres institutions impliquées, je me sens un peu trahi parce qu’on prend insuffisamment en compte mes efforts personnels et les efforts des autres qui furent nombreux et durables. Il y a eu beaucoup de bruit, beaucoup de fureur et cela a couvert les voix de ceux qui ont travaillé, et continuent à travailler, jour et nuit, et je n’invente rien.

Voter oui…

Au final, contrairement à ce qu’avaient par le passé fait certains responsables européens, Jean-Claude Juncker n’a pas hésité à se projeter dans la bataille, à appeler « à voter OUI » « indépendamment de la question posée », « parce que les citoyens grecs (…) et à juste titre, fiers d’eux-mêmes et de leur pays, doivent dire oui à l’Europe ». Ce faisant il évite de tomber dans le piège technique qui pouvait survenir et transforme la question référendaire sur le programme d’austérité en un « Oui » ou « Non » à l’Europe et à la Zone Euro…

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : je conseille à tous ceux qui sont intéressés par l’Europe – et même ceux qui n’y sont pas intéressés – de lire ce texte. Il restera (pour moi) dans les annales comme un momentum. Télécharger le discours

Le monde brûle, l’Europe se chamaille

Mon, 29/06/2015 - 23:55

Le camp d’Azraq à la frontière Syrie – Jordanie (crédit : ECHO/Caroline Gluck)

(BRUXELLES2) Ce qui s’est passé samedi à l’Eurogroupe est assez dramatique. Aujourd’hui chacun se rejette, l’un sur l’autre la faute : M’sieur, c’est lui qui a commencé. Non M’dame, c’est lui… L’Europe ressemble un peu à une cour de récréation, où l’intérêt général est une chose assez peu partagée à une exception près, notable, qu’il faut souligner : Jean-Claude Juncker jour son rôle  semblant le dernier défenseur d’une valeur, qui parait presque démodée, l’intérêt européen.

Briser la vaisselle ne suffit pas

Oui, effectivement, Alexis Tsipras a joué un sale tour aux négociateurs, en provoquant un référendum, in extremis. Mais avait-il un autre choix ? Est-ce que le programme proposé avait quelques chances de passer la rampe au niveau de son parti. Et ne conduisait-il pas sûrement à l’éclatement de Syriza et de sa majorité. Perdu pour perdu, autant jouer le grand 8 alors et provoquer un référendum. Avoir cru, côté européen, qu’on pouvait écraser la volonté grecque d’un seul coup de marteau est un brin autoritaire et inconséquent. Avoir cru, côté grec, qu’on pourrait changer le cours des négociations juste avec de la sémantique et un coup de force était tout aussi illusoire. Bref la vaisselle est cassée, le couple est séparé.

Une crédibilité européenne entamée

Mais, au final, ce que l’Europe montre surtout : c’est son impuissance. Varoufakis n’a peut-être pas raison quand il dit que cela entame la crédibilité démocratique de la Zone Euro. On peut dire que cela entame la crédibilité, tout court, de l’Europe. Quel crédit aura demain l’Europe quand elle parcourra le monde pour donner des leçons de solidité économique de démocratie ? Ou qu’elle prônera les vertus de la négociation et du dialogue ? Honnêtement cela va être difficile. Et je souhaite beaucoup de courage aux diplomates européens dans les prochains mois en poste dans les pays difficiles. Car la Grèce, pour être un « petit » pays, est connue dans le monde entier, ne serait-ce que pour son histoire, ses armateurs, ses armateurs. Ce n’est pas l’Irlande ou l’Estonie, ou même l’Espagne ou la Finlande, n’en déplaisent à ces pays qui jouent un rôle important.

Le pari de l’instabilité grecque : dangereux

L’Europe joue un jeu très dangereux aujourd’hui. Parier sur le renversement du gouvernement Tsipras, démocratiquement ou non, sur l’arrivée d’un nouveau gouvernement au pouvoir, c’est jouer avec les allumettes sur un baril de poudre. Déstabiliser encore un peu plus la Grèce et risque d’avoir un Etat instable, au sein de l’Union européenne, face à la Libye à la dérive, non loin du Moyen-Orient, en proie à plusieurs conflits majeurs (Syrie, Irak…) et frontalier d’une Turquie, en proie à ses propres difficultés, c’est d’une inconséquence folle ! Oui il va falloir sans doute faire une entorse à certains principes, à certains dogmes, de part et d’autre, ne serait-ce que pour éviter de renforcer cette instabilité.

L’Europe peut-elle se permettre une nouvelle crise ?

Poser la question. C’est y répondre. Cela fait bientôt six ans que l’Europe vit repliée sur elle-même centrée sur ses propres crises, son mal-être, ses problèmes graves d’ordre financier et économique. Pendant ce temps, le monde continue de tourner. Certes l’Europe a continué de s’intéresser au monde extérieur. Mais sans doute pas avec l’attention qu’il aurait mérité. La crise en Syrie, en Ukraine, en Libye et par la suite la crise migratoires n’ont pas du tout été ni prévues, au plan politique, ni commencées à être jugulées avant de devenir quasiment impossibles à gérer. Les Chefs d’Etat et de gouvernement n’y ont prêté qu’une attention très limitée, en tout cas trop limitée par rapport à l’ampleur des problèmes.

Plusieurs zones en feu

Le conflit en Libye en 2011 ouvrait un vacuum que l’Europe n’a pas voulu vraiment occuper. Aujourd’hui elle se retrouve avec un trou noir devant sa porte. Le conflit en Syrie qui a suivi n’a pas été perçu dans sa dynamique destructive et exportatrice de réfugiés que d’un point de vue humanitaire.

Aucun débat d’importance sur la Syrie n’a été tenu, mis à part une politique de sanctions la plus dure possible (mais sans une once d’efficacité sur le terrain). Quant à la guerre en Irak, elle est quasiment passée inaperçue pour les Européens.

Le déclenchement d’une politique d’association avec l’Ukraine notamment n’a pas bien été réfléchie dans sa perception par la Russie ; l’euphorie pro-Maidan s’est vite envolée et le refus d’abord fier de l’Europe de négocier à trois (Russie-Ukraine-Europe) s’est très vite évanoui devant le poids des réalités. Ce n’est qu’ensuite que le problème a été pris en conséquence, avec plusieurs réunions au sommet. L’Ukraine est d’ailleurs le seul sujet à avoir nécessité du débat européen de haut niveau.

La montée en puissance de Boko Haram n’a pas été perçue à sa juste mesure. Le conflit au Yemen a été quasi-ignoré. Quant à l’Erythrée, soyons honnêtes, on s’en contrefout, etc.

La seule crise qui a réussi à être jugulée est celle au Sahel – Mali, grâce d’une part à l’intervention (rapide, décisive) française et l’action complémentaire assurée ensuite au plan européen. Il faudrait y ajouter la crise en Somalie où le rôle joué par les Européens dès avant les années 2010 est assez décisif (on ne le dit jamais assez !).

Certaines mesures de « containement » urgentes

Au final, aucun des conflits qui sont aujourd’hui dans le voisinage ne peut être imputé, directement ou indirectement, à l’Europe. Et il n’est pas certain qu’une action décisive et éclairée aurait permis de les résoudre tous. Mais ce qui est sûr c’est que les Européens n’ont pas consacré toute leur énergie ni leurs moyens à tenter de les prévenir, puis de les juguler et enfin de les éteindre. Un autre conflit ou une autre crise peuvent survenir aujourd’hui ; et l’Europe risque bien de rester atone et aphone.

Liban, Egypte, Tunisie…

Les 28 doivent aujourd’hui faire tout ce qui est en leur pouvoir pour garder stables des pays de la région : le Liban, l’Egypte, la Tunisie, voire la Turquie et l’Algérie qui, s’ils basculaient sèmeraient le trouble. Ils ne doivent pas considérer comme trop lointains les conflits ou crises en Erythrée, au Soudan, au Burundi, au Nigeria… car ceux-ci nourrissent ou peuvent nourrir les migrations d’aujourd’hui ou de demain et des instabilités dans les pays voisins.

Le trou noir libyen

Quant à la situation libyenne, qui est plus dramatique qu’on veut bien le croire, elle impose des mesures d’urgence. Si demain, Daech et consorts, arrivent à conquérir un peu plus de territoire, à s’organiser, à mettre en place une force d’action terroriste, en piégeant ou envoyant des bateaux lestés de bombes, l’Europe pleurera…

Européens réveillez-vous !

L’heure est grave aujourd’hui pas seulement pour la Grèce mais pour une certaine quiétude européenne. Il serait temps que les Européens le ressentent et prennent des mesures décisives, extraordinaires, hors du commun. Car la période actuelle est extraordinaire et hors du commun. Il serait temps aussi que les réunions de chefs d’Etat et de gouvernement ne soient pas cantonnés à d’aimables palabres sur l’avenir économique du continent qui sont importants certes, mais ne peuvent suffire, et prennent en considération à chaque réunion au moins un des « gros conflits » qui menacent l’Europe …

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le Lé Eithne sauve 647 migrants lors de 2 opérations au large de Tripoli

Mon, 29/06/2015 - 21:00

(B2) Le LÉ EITHNE a sauvé 647 migrants dans deux opérations de sauvetage menées à 50 milles nautiques au nord-ouest de Tripoli, la capitale libyenne lundi (29 juin).  Dans les premières heures de ce matin, tout d’abord 593 migrants – récupérés le 28 juin – ont été transférés vers le navire britannique HMS Bulwark, a indiqué la marine irlandaise dans un communiqué. A 8 heures (heure irlandaise), les opérations de sauvetage ont recommencé, d’abord en permettant de récupérer 330 migrants sur une barge en bois, ) 50 milles nautiques au nord-ouest de Tripoli. Opération terminée à 10h30. Les conditions météorologiques à ce moment étaient excellentes. Immédiatement après, le LÉ EITHNE a été à la rescousse d’une autre barge en bois, en difficulté, où elle a récupéré 317 migrants. Opération terminée vers 13 heures. En tout, le patrouilleur irlandais a ainsi à son bord 544 hommes, 95 femmes et 8 enfants.

(NGV)

Un vent d’optimisme venu de Vienne

Mon, 29/06/2015 - 00:47

Le repas au Palais Coburg de Vienne entre les négociateurs (crédit : US)

(BRUXELLES2) Dans cette ambiance délétère au plan européen, où Grèce et Européens se renvoient la balle de l’échec, un vent frais est venu de Vienne. Inutile de le nier. On pouvait se dire en voyant le message de Federica Mogherini, annonçant son départ de Vienne : encore une mauvaise nouvelle. Eh non… La négociation sur le nucléaire iranien entre le P5+1 et les Iraniens n’est pas encore terminée. Mais elle est en voie intéressante, comme l’a raconté la chef de la diplomatie européenne qui présidait la réunion.

« La volonté politique est là »

« J’ai eu une réunion bilatérale avec le ministre Zarif, suite à notre réunion lundi à Luxembourg, puis avec John Kerry et tous les autres. Nous avons également eu une réunion ministérielle, à E3 + 3. Je dirais que la volonté politique est là. Je l’ai vu de tous les côtés. Nous avons donc chargé nos équipes de négociation de commencer à travailler immédiatement ce soir sur un texte et d’essayer de fermer toutes les questions afin de traduire l’accord politique que nous avons trouvé à Lausanne dans les textes qui soient assez solides pour les prochains jours. Les ministres vont revenir ici dans les prochains jours dès que le travail sur le texte a progressé pour finaliser l’accord.

Une certaine flexibilité au-delà du 30 juin

« Nous en tenons à la date limite du 30 juin. Mais nous sommes prêts à interpréter de manière souple comme nous l’avons déjà fait à Lausanne. » a-t-elle ajouté. « Si nous avons besoin d’avoir un couple de jours supplémentaires de plus, il est pas la fin du monde. ">Mais il est très clair que le délai va rester entre fin juin / début juillet. (…) Donc, il n’y aura pas d’extension. Nous sommes tous d’accord sur cela. »

Quelques jours pour terminer la négociation

« Nous allons, nous l’espérons, finaliser dans les prochains jours. Tout le monde est très conscient du fait que nous avons maintenant les conditions pour conclure l’affaire. Et nous devons utiliser ces heures et ces jours pour le faire. "> »

NB : Toute ressemblance avec une situation existant ou ayant existé est bien sûr totalement fortuite, comme on le dit.

(NGV)

En toute transparence… Un budget de la défense, un peu, préservé

Sun, 28/06/2015 - 19:01

(BRUXELLES2) Dimanche après-midi, la Commission européenne a diffusé – ce qu’elle n’avait jamais fait jusqu’ici – le document distribué aux négociateurs sur la dette grecque. Ce texte est intéressant car il contient les dernières propositions convenues entre les trois institutions (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Propositions qui « prennent en compte les propositions des autorités grecques ">de 8, 14, 22 et 25 juin 2015 ainsi que les négociations au niveau politique et technique tout au long de la semaine » indique la Commission.

">Le financement de la dette était bien dans la discussion

">« Les discussions sur ce texte étaient en cours avec les autorités grecques jusqu’à vendredi soir en vue de l’Eurogroupe du 27 juin » regrette la Commission. « La compréhension de chacun des parties concernées était que cette réunion de l’Eurogroupe devrait (justement) parvenir à un accord global pour la Grèce, qui aurait inclut non seulement les mesures à convenir conjointement, mais auraient également répondu à des besoins futurs de financement et la viabilité de la dette grecque. » Jean-Claude Juncker viendra d’ailleurs s’expliquer devant la presse lundi ( à 12h45 à Bruxelles°.

">Une coupe supplémentaire dans le budget de la défense

Dans ce document (Télécharger ici), on y trouve détaillées les différentes mesures proposées, sur lesquelles devaient s’engager le gouvernement grec, pour bénéficier d’une extension du programme de soutien, comme l’augmentation de la TVA sur la restauration de 6,5% à 23 % en un seul coup ! Parmi celles-ci, on trouve une réduction de l’enveloppe budgétaire de la défense de 400 millions d’euros, ">« avec un ensemble d’actions ciblées, y compris une réduction des effectifs et des marchés publics ». Soit une coupe d’environ 10% du budget, qui peut paraitre importante.

">Stabiliser le budget de défense ou reprendre la diminution, deux options

">Le budget de l’armée grecque avait été stabilisé en 2013 et 2014 autour d’un peu moins de 4 milliards €, après des années de baisse. Et, pour 2015, il était même prévu une légère augmentation à 4,26 milliards € en 2015 (selon les chiffres de l’OTAN, en prix courants). ">Soit 2,4% en pourcentage du PiB largement au-delà de l’objectif de 2% fixé par l’OTAN.

La demande européenne revenait en fait à reprendre la « pente » de diminution du budget. Le gouvernement grec acceptait simplement une diminution de 200 millions d’euros, permettant ainsi de revenir au chiffre des années antérieures (2,2% du PiB en 2013 ou 2014), et stabiliser le budget autour de 4 milliards €. Télécharger la Proposition grecque du 22 juin

Le budget de la défense grecque – même fortement diminué durant la crise – a pour le moins assez bien résisté. Il est passé ainsi de près de 6 milliards d’€ en 2010 à 4,5 milliards d’€ (en prix constants – 2010), soit un passage de 2,8% du PiB à 2,2% (en prix constants – 2010). Un chiffre à comparer au 3,9% du PiB en moyenne dans les années 1995-1999.

Commentaire : on peut se demander si un effort ne pourrait pas être réalisé au sein de l’OTAN et de ses Etats membres. Car si l’armée grecque est préservée, c’est aussi (et surtout) face à la menace… turque. Un allié également. Ne faudrait-il pas prévoir comme on le fait au-dessus des territoires baltes, une assistance commune à la surveillance des eaux et espaces aériens grecs ? Ce qui rendrait plus légitime ainsi une diminution du budget de la défense plus drastique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

La fin d’un rêve ! un Eurogroupe réduit à 18 membres

Sat, 27/06/2015 - 19:15

(BRUXELLES2) Yanis Varoufakis le ministre grec des Finances a quitté la réunion de l’Eurogroupe ce samedi (27 juin) avant la fin. C’est la rupture. Les mots échangés entre les parties ont été très durs comme le montre d’ailleurs la première déclaration signée par 18 des 19 ministres des Finances de la Zone Euro (tous sauf la Grèce). NB : Une déclaration rédigée en anglais (télécharger ici) et traduite par nos soins

Depuis l’accord de l’Eurogroupe du 20 février 2015 sur la prolongation de l’accord d’assistance financière actuelle, des négociations intensives ont eu lieu entre les institutions et les autorités grecques pour aboutir à un succès de la révision. <p>">Compte tenu de l’impasse prolongée dans les négociations et de l’urgence de la situation, les institutions ont mis en avant une proposition globale sur la conditionnalité politique, faisant usage de la flexibilité donnée au sein de l’accord actuel.

Malheureusement, malgré les efforts déployés à tous les niveaux et le complet soutien de l’Eurogroupe, cette proposition a été rejetée par les autorités grecques, qui a finalement rompu les négociations du programme le 26 juin, de façon unilatérale. L’Eurogroupe rappelle les importants transferts financiers et le soutien qui ont été fournis à la Grèce tout au long des dernières années. <p>">L’Eurogroupe a été ouvert jusqu’à la dernière minute à soutenir davantage le peuple grec grâce à un programme orienté vers la croissance.

L’Eurogroupe prend note de la décision du gouvernement grec de mettre en avant une proposition pour appeler à un référendum, qui devrait avoir lieu dimanche 5 juillet, soit après l’expiration de la période de programmation. <p>">Le dispositif d’aide financière à la Grèce actuelle expirera le 30 juin 2015, ainsi que tous les accords relatifs au programme grec actuel, y compris le transfert par les États membres de la Zone Euro des profits équivalents du SMP (Securities Market Program) et de l’ANFA (Autonomous Factors).

<p>">Les autorités de la Zone euro sont prêtes à faire tout ce qui est nécessaire pour assurer la stabilité financière de la zone euro.

La réunion s’est ensuite poursuivie sans la présence du ministre grec. Un signe on ne peut plus négatif et tragique…

(NGV)

Explosion de Lyon. Un conflit de travail autant qu’un attentat ?

Fri, 26/06/2015 - 21:59

(B2) Les circonstances de « l’attentat » de Lyon ont été rapidement précisées par les autorités judiciaires et le ministre de l’Intérieur.

1° La personne décédée est le patron de l’assaillant. Ce n’est donc pas un inconnu, un passant, le représentant d’une autorité ou d’un symbole ou une personnalité.

2° L’assaillant a ensuite transporté le corps dans une autre entreprise où il était connu car faisant des livraisons.

3° Il a cherché à faire sauter des bonbonnes de gaz entreposées, déclenchant une première explosion. Il n’avait donc pas de bombe avec lui. C’est au moment où il s’apprêtait à réitérer son geste qu’il a été maitrisé par les pompiers intervenus sur le site.

On serait donc davantage dans un ‘mix’ de règlement de compte que d’attentat terroriste au sens classique du terme, même si la mise en scène macabre le laisse penser.

Solidarnosc ? Nie !

Fri, 26/06/2015 - 20:54

(BRUXELLES2) Entre les 28 Etats membres européens, la question de l’accueil des demandeurs d’asile n’a pas fini de faire des vagues. La discussion au sommet de Bruxelles jeudi soir (25 juin) — une discussion qui s’est prolongée tard dans la nuit — l’a montré.

Deux propositions sur la table

La Commission européenne avait mis sur la table deux propositions. L’une visant à prendre en charge 20.000 réfugiés, essentiellement syriens, qui se trouvent dans les camps du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Cette proposition ne suscitait pas grande polémique, se basant essentiellement sur le volontariat. L’autre avait pour objectif de soulager un peu la Grèce et l’Italie, en permettant la « relocalisation » de 40.000 personnes dans les autres pays européens sur deux ans. C’est cette dernière proposition, somme toute assez modeste, qui a provoqué le trouble car elle mettait en place une clé de répartition, fixant un chiffre « obligatoire » de personnes. Des quotas en quelque sorte.

Deux camps

Deux camps se sont ainsi affrontés durant plus de six heures, jeudi soir, jusque tard dans la nuit. Les uns, une douzaine environ étaient opposés à tout système obligatoire. Ils regroupaient essentiellement les pays d’Europe de l’Est, notamment les Baltes et les 4 pays de Visegrad, mais aussi l’Espagne et le Royaume-Uni. « Nous sommes prêts à accueillir ces personnes » m’a confié, la Première ministre lettone, Laimdota Straujuma, « mais de façon volontaire ». Les autres, une douzaine également, était prêts à accepter un système obligatoire mais discutaient la façon de calculer la clé de répartition. C’était la position de la France notamment. Entre les deux, la Grèce et l’Italie, trouvaient que le chiffre de 40.000 était assez faible. Ils étaient soutenus par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Un des Conseils les plus durs

« Certains Etats membres avaient très peur d’être confrontés à quelque chose de nouveau. (Car la) relocalisation est entièrement nouveau. C’est révolutionnaire » a indiqué le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk. « La discussion a été dure, franche, honnête. C’est un des Conseils les plus durs auxquels j’ai assisté ». Un propos légèrement exagéré car des discussions difficiles, il y en a eu quelques unes au niveau européen. Mais celle-ci était marquée sans doute par beaucoup d’émotion. « A côté de cela, l’intervention du Premier ministre britannique » sur une possible sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, est apparue comme « un interlude » salutaire, a ironisé un diplomate. La ‘trêve britannique’ n’a d’ailleurs pas duré plus de 10 minutes, lors du dîner. Et les 28 sont ensuite revenus sur la question chaude du moment.

Avec l’Italie et la Grèce, la solidarité c’est pas çà

« Ce n’est pas l’Europe que nous avions imaginée en 1957 à Rome » a dénoncé le Premier ministre Italien Matteo Renzi. « Pour certains pays, il y a la volonté d’être solidaires quand ça les arrange et uniquement quand ça les arrange » a renchéri le Premier ministre belge, Charles Michel, qui ne passe pourtant pas spécialement pour un gauchiste. « La décision d’hier était affligeante était une réunion pour rien. Nous avons peu progressé. (…) La solidarité fonctionne dans un sens et jamais dans l’autre sens. C’est un problème car l’immigration est un problème important et va le rester. Il y a manque d’ambition et de volonté. » A l’inverse, le chef du gouvernement tchèque Bohuslav Sobotka s’est vanté d’avoir réussi à se mettre en travers du projet présenté par la Commission. « Nous avons emporté une grande bataille, avec succès, parce que nous avons réussi à maintenir une approche volontaire permettant à chaque Etat membre de venir avec ses suggestions », a-t-il déclaré, selon l’agence CTK.

Les détails pour juillet

Finalement, un compromis a été dégagé : un effort sera fait par « tous » les Etats membres de l’UE sans être obligé d’atteindre un chiffre précis mais sans mentionner tout de même le mot « volontaires » au système. Les 28 se reverront en juillet pour affiner les détails. Pour Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, « l’essentiel est d’avoir un accord. Peu importe le modèle, du moment qu’on arrive au résultat ». Le Luxembourgeois a tenu à dédramatiser les tensions. « C’est la première fois en Europe que nous décisions ensemble avec les Etats membres une opération de ce type. Les différents arguments se sont entrechoqués ».

Une discussion sur les compétences

Pour autant, il a indiqué que la Commission n’avait pas l’intention de retirer sa proposition législative de la table des ministres. Ce qui était un ‘autre’ sujet de dissension entre les Etats membres. Certains réfutent à l’exécutif européen le pouvoir de faire cette proposition, estimant la base juridique non fondée. Ils craignent surtout le ‘précédent’ qui pourrait amener, en cas d’évènement similaire dans le futur, une décision identique.

Pas de chiffre pour la France

Côté français, on se satisfait d’un système qui n’impose pas un chiffre précis mais « organise la solidarité » ainsi que l’a confié un diplomate. Du côté de l’Elysée, on se refuse ainsi à indiquer tout chiffre que la France pourrait accueillir en plus. Mais un homme bien introduit dans les cercles du pouvoir a reconnu que le chiffre proposé par la Commission (9000), pouvait « être un chiffre indicatif ». 9000 demandeurs d’asile en 2 ans… Ce n’est quand même pas énorme.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Version longue d’un papier paru dans Ouest-France samedi

De nombreux Européens tués lors de l’attentat de Sousse (Tunisie)

Fri, 26/06/2015 - 20:24

(BRUXELLES2) L’attentat survenu à Sousse dans un lieu touristique prisé par les étrangers (l’hotel Imperial) a fait 37 morts et 39 blessés selon le dernier bilan dressé par le ministère de la Santé. Parmi les victimes de nombreux Européens (Britanniques, Belges et Allemands).

Au moins 5 Britanniques sont décédés, a confirmé le ministre des Affaires étrangères, Phil Hammond, qui a annoncé la convocation d’un COBRA (un conseil spécial des ministres en charge de la sécurité. Il y aurait également des Belges et des Allemands. Berlin a ouvert une ligne d’urgence pour renseigner les familles.

(NGV)

L’Europe et le monde arabe unis dans la réponse au terrorisme

Fri, 26/06/2015 - 19:19

(crédit : EBS / B2)

(BRUXELLES2) Après les attentats en France, en Tunisie, au Koweit, c’est finalement la Haute représentante, Federica Mogherini, qui a su trouver, au niveau européen, les mots les plus justes pour qualifier les évènements. « La succession d’attentats en France, en Tunisie et au Koweït aujourd’hui nous rappelle crûment qu’aucun pays, aucune région n’est à l’abri du terrorisme.  Ces attaques visent à déstabiliser nos sociétés en entretenant la peur, la suspicion, les préjugés. C’est à la fois l’Europe et le monde arabe qui en sont les cibles.  Ensemble, nous pleurons nos victimes et c’est ensemble que nous ferons face à la violence et au sectarisme. »

La réponse : l’unité

« C’est une démonstration du fait qu’on est unis, avec nos amis, nos frères, nos soeurs arabes. L’Europe et monde arabe sont unis comme victimes et on est aussi ensemble la réponse au terrorisme » a-t-elle déclaré à sa sortie du Conseil européen. « Cela va être  important de garder cette unité dans les prochains jours. Il n’y a pas de division entre l’Europe et le monde arabe. » « Les terroristes veulent nous diviser : notre réponse sera l’unité. » Un message qui tranche à la fois par son côté personnel et son analyse politique, avec le commentaire pour le moins lapidaire et limité de Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui s’est juste contenté d’un message de condoléances aux victimes. En guise de viatique politique, c’est un peu maigre…

L’explosion à Lyon : un attentat. François Hollande appelle à ne pas céder à la peur

Fri, 26/06/2015 - 13:10

© NGV / B2

(BRUXELLES2) Pour François Hollande, l’explosion survenue ce matin (10h), dans une usine de gaz industriels (Air Products) de la banlieue industrielle du sud de Lyon, à Saint-Quentin-Fallavier, est un attentat. Et cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Le président français a, aussitôt la nouvelle connue, choisi de quitter le sommet européen qui n’avait d’ailleurs plus grand sujet de débat sur la table. Mais avant de quitter Bruxelles de façon anticipée, il a tenu à faire une courte déclaration devant les journalistes pour donner des précisions sur les circonstances de l’attentat.

Un véhicule qui fonce vers une usine Seveso, 1 ou 2 auteurs.

« Cet attentat, c’est un véhicule conduit par une personne, peut-être accompagnée d’une autre, (qui) à vive allure se projette contre un établissement classé Seveso. L’intention ne fait pas de doute, c’est de provoquer une explosion. L’attaque est de nature terroriste, dès lors qu’il a été retrouvé un cadavre avec des inscriptions. » Au final, il y « aurait au moment où je vous parle », souligne le Président, « un mort et 2 blessés » (*). « L’individu suspecté d’avoir commis cet attentat a été arrêté et identifié ». Et le président d’annoncer des premières mesures. « Des moyens de gendarmerie considérables ont été déployés. Les sites Seveso ont été protégés davantage. Et toutes les dispositions sont prises pour éviter tout drame supplémentaire. » Un Conseil restreint se tiendra à l’Elysée à 15h30.

La solidarité européenne

« Dans ces moments, il faut avoir une expression de solidarité à l’égard de la victime » a ajouté le président français.  « La solidarité s’est aussi exprimée ce matin au Conseil européen ». Mais François Hollande a aussi abjuré chacun de ne pas céder à l’émotion et à la peur.

Ne pas céder à l’émotion et à la peur

« Il y a une émotion. Mais l’émotion ne peut pas être la seule réponse. Il y a l’action, la dissuasion, la prévention, et donc la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur. Jamais ! ». Et d’ajouter « Il faut être à la hauteur de toutes les circonstances, ne pas créer de divisons inutiles, de suspicions qui seraient intolérables, faire le travail que les Français attendent de nous: les protéger, et en même temps établir la vérité, éradiquer les groupes ou individus responsables de tels actes. »

(NGV au Conseil européen)

(*) Le bilan a été revu ensuite. Il n’y a pas de blessés au sens strict du terme, estime-t-on du côté des autorités. Les circonstances ont été précisées. La personne décédée est le patron de l’assaillant chez qui celui-ci travaillait comme livreur. Il cherchait à faire sauter des bonbonnes de gaz entreposées quand il a été maitrisé par un pompier.

Un noyau dur pour la défense. Qui osera avancer ?

Thu, 25/06/2015 - 20:50

Créer un noyau dur de pays structurant leur défense autour de projets déjà opérationnels (crédit : EATC)

(BRUXELLES2) L’Europe n’avance qu’à coup de crises, dit-on en suivant un bon vieux principe de réalité. A ce carburant, on peut ajouter les structures et un cadre pour agir. Tous ingrédients qui existent aujourd’hui. Pourtant le sentiment de créer une Europe de la Défense n’existe pas.

Les crises et les structures : le plus sûr moyen d’avancer

Coté crises, on est servi. Elle ne manquent pas. Mais aucune crise ne sert aujourd’hui vraiment de moteur à une action plus décisive en matière de sécurité et de défense. Coté structures, on a tout ou presque : un Haut représentant, plutôt enthousiaste ; un service diplomatique européen, plutôt compétent, et une Commission européenne, plutôt volontaire. Enfin, il existe un cadre juridique : il a été créé par le Traité de Lisbonne, posant les bases d’une coopération structurée permanente (*) Mais il reste inemployé. cela ne suffit pas. Il faut un groupe d’Etats membres capables de relever les défis, de porter les projets. Contrairement à ce qui est parfois dit, ce n’est pas seulement une défaillance de volontés politiques qui est en cause mais la confiance, en soi et avec les autres.

Des avancées ne se feront pas à 28 !

En matière de défense, comme dans certaines matières européennes à fort degré de sensibilité, il ne peut, en effet, y avoir d’avancées qu’entre Etats qui se font confiance, qui acceptent que « l’autre » fasse une partie du boulot. Ce n’est pas un partage de souveraineté, c’est une réciprocité de souverainetés acceptées. Autrement dit, faire une « défense renforcée et efficace » à 28 Etats membres est impossible. Cela revient à reconstituer l’OTAN (sans les Etats-Unis) ou l’UE. Cela n’aurait aucun intérêt tant d’un point de vue militaire, politique ou économique et perpétuer les blocages. Ce serait une addition d’impuissances.

Définir un noyau dur

Ce qui reste à définir ce sont donc les Etats qui feront partie de ce noyau dur, s’y engageront, mettront en place une charte d’action et des orientations. Pour que ce dispositif fonctionne, il faut un minimum d’Etats au départ : suffisants pour démarrer, réduits pour être efficaces. Il faut que ces pays aient davantage qu’une fonction de niche mais une certaine panoplie de défense à la fois en termes opérationnels et industriels leur permettant sinon d’agir dans tous les secteurs, au moins d’agir dans plusieurs. Et en guise de noyau dur, il n’y a beaucoup d’alternatives. Certains pays ne peuvent pas, ne veulent pas ou ne doivent pas en faire partie.

Eliminons !

Soyons clairs tout d’abord. Même dotée d’une solide défense, le Royaume-Uni ne peut, ne doit pas, ne peut faire partie de ce noyau dur. C’est l’assurance toute simple de l’échec. Car Londres utilisera son veto pour tout bloquer, comme il l’a fait depuis le début de la PSDC sur le QG permanent par exemple. De la même façon, certains pays neutres – comme l’Irlande ou l’Autriche – d’autres pays qui n’ont pas ou peu de moyens – Chypre, Malte – la Roumanie, la Bulgarie, les pays Baltes – ne peuvent en faire partie. Cela réduit ainsi le champ des axes possibles.

Les axes opérationnels et industriels du noyau dur

En termes opérationnels, il y aurait une logique à bâtir cette coopération structurée permanente autour ce qui a déjà réussi au plan opérationnel — EATC (le commandement de transport aérien stratégique) — d’y agréger des capacités satellitaires, maritimes. En termes industriels, il y aurait une logique à partir sur les pays qui ont une solide industrie de défense, donc ceux de la LOI, la lettre d’intention réunissant les gros pays les plus importants en matière de défense (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Suède – sauf le Royaume-Uni). Cela permettrait d’avoir tout de suite une consistance à la fois industrielle et opérationnelle.

Les axes politiques du noyau dur

Plusieurs axes politiques sont possibles pour constituer le noyau dur. Le premier axe tourne logiquement autour du couple politique, moteur de l’Union européenne la France et de l’Allemagne. On est là dans la dialectique classique du franco-allemand assez classique, souvent difficile à manier en matière de défense, mais qui a l’avantage de la cohérence et de la force politique. A ce noyau, pourraient logiquement s’agréger un ou deux pays du Benelux, l’Espagne et l’Italie, voire la Pologne (soit le format Weimar +) ou la Finlande et la Slovénie. Cela permettrait de mener deux types d’opérations : des opérations plus offensives à pénétration rapide (France-Espagne-Belgique) et des opérations en second degré, peut-être moins offensives mais à durée plus longue (Allemagne-Pologne-Pays-Bas-Italie-Finlande), des opérations plus maritimes ou tournée sur le flanc Sud ou Africain (France-Italie-Espagne-Slovénie) et des opérations plus tournées sur le flanc Est ou balkanique (Allemagne-Pologne-Pays-Bas-Finlande). Bref, on aurait une certaine complémentarité et technicité.

Le deuxième axe tourne autour de l’Allemagne et de l’Italie avec des pays qui ont la même conception de l’armée parlementaire, assez douce, vers l’Ouest (Pays-Bas, Espagne, Portugal, …) ou le Nord (Suède, Finlande). Cela a l’avantage de la cohérence mais risque d’être un peu faible au point de vue offensif.

On peut concevoir un troisième axe autour de l’Allemagne et de la Pologne qui agrégerait un peu plus de pays de l’Est de l’Europe et de l’Ouest par rapport à la précédente.

Paris Berlin ou Varsovie pour franchir le Rubicon

Reste maintenant à ce qu’un ou deux pays se décident à franchir le pays et proposent la mise en place de cette structuration de la défense. Peu osent ou peuvent le faire ! Mais on peut parier qu’à partir du moment où un pays va sortir du bois, d’autres suivront. Pour avoir quelque chance de succès, cette initiative ne peut venir que d’un des axes décrits. Concrètement Paris ou Berlin, voire Varsovie (mais le gouvernement polonais semble avoir d’autres chats à fouetter, avec les élections), avec en appui Rome ou Bruxelles. L’Allemagne d’Angela Merkel version grande coalition me semble mûre pour accepter une proposition où elle trouverait ainsi un exécutoire à son ambition d’une nouvelle place dans la politique. Mais la France devra peut-être faire le premier pas. Le format Normandie où se déroule le discours avec la Russie offre un excellent cadre.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Une proposition qui n’est pas née de nulle part, elle reprend les propositions de la Constitution, du groupe Barnier de la Convention… et les conclusions du Sommet de 2003 (Pralines) prônant une « Union de défense et de sécurité européenne » !

La défense réduite à la portion congrue. Un Sommet pour rien

Wed, 24/06/2015 - 19:26

Donald Tusk a gagné. Il a obtenu des conclusions courtes. Mais est-ce vraiment l’objectif d’un sommet ? (Crédit : Conseil de l’UE – Donald Tusk le 22 juin)

(BRUXELLES2) Les questions de défense devaient figurer comme un point-clé du sommet européen. Le résultat ne semble pas vraiment assuré aujourd’hui. Et la politique de sécurité et de défense (PSDC) apparait même comme un sujet secondaire. Le mot « défense » ainsi même PSDC » a même été gommé des « highlights » présentant le Sommet sur le site web du Conseil de l’UE (voir ci-dessous). Un signe !

Un agenda chargé et un débat rapide

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait, c’est vrai, hésité, dans les premiers mois de l’année, à maintenir ce point à l’ordre du jour du Conseil estimant que l’ordre du jour était bien chargé. Et c’est vrai. L’agenda du Conseil contient des sujets très délicats à discuter entre « Chefs » : les migrations, la dette et les réformes en Grèce tout comme les revendications de Cameron d’une « Europe Light ». Entre Grexit et Brexit, les esprits divaguent et les attentions sont ailleurs. Du coup, le débat prévu au Conseil risque de réduire à sa plus simple expression et de ne durer qu’une ou deux heures au matin (lire sur le Club : Au sommet, des conclusions réduites sur la Défense. Le temps d’un sucre dans un café ?). Et encore, puis qu’il pourrait se réduire à écouter le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, venu là pour expliquer « comment l’OTAN répond aux nouveaux défis de sécurité ». Autrement dit une vision on ne peut plus atlantiste de la politique de défense commune, aux antipodes de ce qui était prévu dans les Traités et l’esprit des traités.

Des conclusions limitées

La brièveté des conclusions est encore plus étonnante. Le texte, parvenu à B2 et que nous avons commenté hier dans le Club (Lire : Le projet (commenté) des conclusions sur le Sommet Défense (exclusif)), se résume aujourd’hui à assez peu de choses : quelques lignes lapidaires : 6 « bullet point » et 4 lignes d’introduction sur la PSDC +  » lignes pour la stratégie européenne de sécurité. Et c’est tout… Au surplus, ces lignes sont assez confuses dans le langage, peu compréhensibles même pour une personne avertie (sans une notice d’utilisation), voire carrément inconsistantes. Ce qui est tout le contraire des objectifs visés par un Conseil européen : des orientations claires et précises pour permettre à toute la sphère européenne (ministres, Commission, diplomates, gradés, industriels) de travailler. En résumé, par rapport à l’ampleur des défis auxquelles l’Europe fait face, c’est pour reprendre les termes des plusieurs ambassadeurs de l’UE : « inacceptable » ou « indécent » !

Une réflexion sur les menaces absente

Le plus étonnant est l’absence de débat sur les menaces qui se trouvent aujourd’hui sur la frontière sud. La Syrie et l’Irak sont en feu. En Libye, l’Egypte et l’Arabie saoudite d’un côté et le Qatar et la Turquie se font la guerre par proxies libyens interposés.  Et Daech commence à tirer son épingle du jeu à Syrte. Le Liban et la Turquie croulent sous les réfugiés. Et aucun débat à ce sujet au niveau des Chefs d’Etat et de gouvernement. Pour reprendre le mot de Nicole Gnesotto, professeur au CNAM, et ancienne directrice de l’institut d’études de sécurité de l’UE, on ne peut qu’être « étonné, atterré que les Chefs ne parlent pas de la situation la plus dramatique qui soit ».

Une atonie européenne ?

On pourra se satisfaire de ces conclusions. En se disant c’est mieux que rien. Au moins, les Chefs d’Etat en parlent un peu. On mentionne la recherche. Mais, au final, par rapport aux enjeux, c’est nul ! Autant le dire franchement. Et ce que je dis vertement, d’autres l’ont déjà dit dans les coulisses de manière à peine plus voilée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

L’annonce officielle du sommet sur le site du Conseil européen ne mentionne pas le mot défense, uniquement la terminologie « sécurité », plus britanno-compatible.

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