You are here

Maliactu

Subscribe to Maliactu feed Maliactu
maliactu.net - Mali Actualités, Les Actus et Informations sur le Mali
Updated: 1 month 4 weeks ago

Mali : DISCOURS D’INVESTITURE DU PRESIDENT DE LA TRANSITION BAH N’DAW

Fri, 25/09/2020 - 18:54
• Son Excellence Umaro Sissoco Embalo, Président de la République de Guinée-Bissau, • Son Excellence Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et médiateur de la CEDEAO, • Son Excellence le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la Transition malienne de 2012-2013 • Madame la Ministre des Affaires étrangères du Ghana, pays qui assure la Présidence de la CEDEAO, • Monsieur le Représentant de la MINUSMA, • Monsieur le Représentant de MISAHEL, Son Excellence Pierre Buyoya, ancien Président de la République du Burundi, • Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO, • Anciens Premiers ministres et anciens ministres, • Chefs d’institutions en fonction et anciens, • Gouverneurs, maires et Conseillers municipaux, • Autorités Politiques, morales, religieuses et coutumières, • Ambassadeurs et représentants des organismes de coopération, • Compatriotes de l’Intérieur et de l’Extérieur, • Représentants de la Société civile et de syndicats, • En vos rangs, grades et qualités, • Tout protocole observé, Qu’il vous plaise qu’avant toute chose, je rende grâce à Allah de nous avoir permis de voir ce jour, de faire en sorte que nous nous rencontrions pour le Mali, pour la grandeur du Mali, pour le confort du Mali ! Puissent ceux d’entre nous qui jouissent d’une bonne santé, continuer à bien se porter ! Puissent celles et ceux d’entre nous qui souffrent de maladie recouvrer la santé ! Puisse l’âme des êtres chers qui nous ont quittés, reposer en paix ! Ayons une pensée pieuse pour les soldats du Mali et des forces amies, tombés sur le champ d’honneur, FAMAs, Barkhane, Minusma qui ne sont là que pour assister le Mali dans sa guerre de libération. Ayons également une pensée pieuse pour tous les morts civils tombés lors de cette guerre et lors des récentes manifestations politiques ! Pour tous ces morts, je vous prie d’observer, avec moi, une minute de silence. Je voudrais ensuite saluer le Conseil National de Salut Public pour son esprit patriotique, son sens du discernement et sa capacité d’écoute. L’investiture de son Président le Colonel Assimi Goita en tant que vice- président de la Transition en porte témoignage. L’action du CNSP du 18 août, tout le monde en convient, est la conséquence de la très grave crise sociopolitique qui a paralysé la vie de la nation des mois durant. Au collège qui a porté son choix sur ma modeste personne pour présider cette transition, j’exprime toute ma gratitude. Je suis honoré par son geste et je voudrais lui dire ici que je me battrai de toutes mes forces pour mériter sa confiance. Que l’on me permette également de souhaiter la bienvenue au Président de la Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalo, en terre africaine du Mali ! Président Embalo, vous êtes chez vous, chez vos frères et chez vos sœurs. Acceptez l’assurance de notre profonde sympathie et de toute notre gratitude pour votre présence ô combien significative parmi nous, en ce moment et en ce lieu ! Ma gratitude va également et bien entendu à la CEDEAO pour sa constante sollicitude envers notre pays et pour les sages conseils que le médiateur Son Excellence Goodlcuk Jonathan n’a cessé de prodiguer à ses frères maliens depuis juin. Il est des nôtres désormais. Je salue sa présence et je voudrais l’assurer de la détermination des Maliens à conduire une transition stable, apaisée et réussie, dans les conditions et l es délais convenus. Plaise à Dieu ! Professeur Dioncounda Traoré, cher aîné, merci de venir rehausser de votre présence l’éclat de cette cérémonie. Que vous soyez à nos côtés ne nous surprend guère car tout ce qui concerne le Mali vous mobilise ! Votre expérience, votre endurance, votre foi en le Mali nous guideront. Mes chers compatriotes, Il me plait, solennellement, de dire à haute et intelligible voix, que je serai toujours disponible pour servir le Mali. Servir le Mali est un privilège et cela doit être un honneur pour chacune de nous, pour chacun de nous. Malgré les poids des ans, malgré le confort de la retraite, je ne pouvais me soustraire à l’appel du devoir. Je ne pouvais hésiter un seul instant à sortir de mon champ pour venir, moi aussi comme beaucoup d’autres avant moi, à la rescousse de ce pays. Le Mali m’a tout donné. Je suis heureux d’être son esclave soumis, prêt à tout pour qu’il renoue avec la pleine légalité constitutionnelle, avec des autorités élues, des représentants légitimes. Je n’ai pas d’autre mission. Je n’ai pas d’autre prétention. Il s’agit pour moi et il doit s’agir pour chacune et chacun, d’apporter sa petite contribution, sa petite pierre à la consolidation de l’édifice national. Car la maison commune est ébranlée, affaiblie, humiliée. Elle tremble dans ses fondements depuis au moins une décennie. Oui, il ne faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné, humilié. Ebranlé, Affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes. Et nous ne pouvons continuer, de manière incantatoire, à garder la tête dans le sable et à répéter sans chercher à empêcher le naufrage, à nous convaincre que le navire pourrait tanguer mais qu’il ne chavirerait jamais. Il peut chavirer et il chavirera si nous continuons à le faire tanguer. Alors, si nous voulons survivre en tant qu’Etat, en tant que nation, nous devrons, sans perdre plus de temps, nous remobiliser. Il faut qu’au cours de cette transition, nous nous donnions la main, que nous réfléchissions profondément ensemble pour reconstruire notre démocratie, laquelle avait été jadis, une vitrine admirée. Nous devons tirer toutes les leçons de notre vécu immédiat, de notre histoire récente. Nous devons pouvoir identifier quelles ont été et quelles sont encore les forces et les faiblesses de notre parcours, quelles sont les opportunités que nous devons tirer de la transition en cours et quelles sont les menaces qu’il nous incombe d’enrayer. Chers compatriotes, Chers partenaires du Mali, Une transition ne saurait tout faire. Elle doit se donner des priorités. Les nôtres ont été débattues, validées et consignées dans la Charte nationale de la Transition issue des journées de concertation des 10, 11 et 12 septembre dernier. C’est cette charte qui constituera mon bréviaire et si je dois donner ma vie pour que la transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves et de nos potentialités. Ma plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République élu, élu proprement et élu indiscutablement. Pour cela, il nous faudra sans délai mener une réflexion profonde sur les tares de nos processus électoraux et ce, à l’effet de nous doter de bons textes, de bonnes pratiques, de solides contre-pouvoirs, car ce sont ceux-là, la force de toute démocratie. Au nom du peuple malien qui ne saurait être privé de ses choix, au nom de la vérité des urnes qui doit être la seule norme en démocratie, je combattrai sans concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat de voix, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la perversion des résultats pour les Cours d’arbitrage. Chers compatriotes, Une telle mission, je le sais, se mènera sur le socle de la guerre sans merci qu’il faudra continuer à livrer aux forces terroristes et au crime organisé. Ces fléaux accablent certaines parties du pays depuis plus d’une décennie. Leur sanctuaire s’élargit au détriment de la sécurité nationale. Les demi victoires ne suffisent plus pour les vaincre Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête. L’armée, il est vrai, ne doit combattre que l’ennemi. Elle ne saurait être coupable d’exactions contre les populations civiles. Cela ne peut pas être accepté et ne sera pas accepté. Cependant, les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et seulement à l’armée. Chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays surveillé et évalué, tant que je présiderai aux destinées de la Transition. J’en prends ici le serment. La bonne gestion de nos ressources, de nos maigres ressources est, en effet, une obligation. Ce sera là un chantier de la Transition. Il sera quotidien. Il sera renforcé et ne sera pas négligé un seul instant. Générer des ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence et celle-ci passe par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers. Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques. Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement. Le Dialogue National Inclusif a balisé la voie. Dans les semaines à venir, je ferai tout pour que mettre en place le Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes recommandations. Chers compatriotes, La transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. L’Accord pour la Paix et la Réconciliation sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie. Il en va de l’honneur de la République. Et il est important de redire aujourd’hui en ce lieu et en ce moment, que le Mali c’est le Nord, c’est le Centre, c’est le Sud, c’est l’Ouest, c’est l’Est, c’est l’ensemble de ses régions, l’ensemble de ses terroirs, l’ensemble de ses cultures, sa diversité, toute sa diversité, son admirable diversité. Nous devons préserver notre pays à tous. Et c’est à chacun de nous de jouer sa partition. Il nous faudra également gérer, avec l’efficacité maximale la pandémie COVID 19. Il importe pour ce faire, de capitaliser les réussites, renforcer la prévention par le respect des mesures barrières. A aucun moment, nous ne devons baisser la garde. Le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de la lutte contre cette redoutable pandémie une de ses plus grandes priorités. Le Mali vaincra ! Vive la démocratie ! Que Dieu nous bénisse !
Categories: Afrique

Mali : Sécurité d’Etat : Lassine Doumbia quitte ses fonctions pour d’autre poste de responsabilité

Fri, 25/09/2020 - 18:41
Lassine Doumbia directeur de la sécurité d’Etat quitte ses fonctions pour un autre poste de responsabilité. Des sources concordantes nous indiquent, qu’il serait probablement le futur ministre de la défense ou de la sécurité. Source : Dily Kane de Mali24
Categories: Afrique

Mali : CNPM: les chantiers de la liste Mamadou Sinsy Coulibaly

Fri, 25/09/2020 - 18:37
Pour la mandature 2020-2025, quelque 39 groupements professionnels (CPR) ont décidé de porter la candidature du président sortant du président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsy Coulibaly. Les responsables de ces groupements étaient hier face à la presse, dans la salle Moussa Balla Coulibaly du CNPM, pour expliquer les raisons de ce choix.

 

La conférence a regroupé autour du président Coulibaly, plusieurs membres du bureau sortant, dont Bréhima Amadou Haidara de l’Association professionnelle des Banques et établissements financiers (APBEF) ; Boubacar H. Diallo de l’organisation patronale des entreprises de construction du Mali (OPECOM) ; M. Cyril Achcar de l’organisation patronale des industriels (OPI) et Sidi Dagnoko du groupement patronal des agences de communication (GPAC).

C’est le 26 septembre prochain que deux listes (Diadié dit Amadou Sankaré et Mamadou Sinsy Coulibaly) seront départagées par les 155 délégués votants du CNPM. Le président sortant, Mamadou Sinsy Coulibaly, est candidat à sa propre succession. Selon Sidi Dagnoko, cette candidature se fonde sur la volonté de consolider les multiples acquis du mandat finissant. C’est d’ailleurs fort de ces acquis que les présidents des 39 groupements professionnels ont décidé de la reconduction de la liste du bureau sortant.

« Nous, présidents et mandataires des groupements professionnels ci-dessous cités, avons tenu une rencontre le mardi 15 septembre 2020, au siège du CNPM, pour échanger sur : les préparatifs de l’Assemblée générale élective, prévue le 26 septembre 2020 : l’avenir et le devenir de notre organisation. Après analyse, nous avons pris, en ce qui concerne ces deux sujets, les décisions suivants :

Tenant compte du bilan positif du bureau sortant, dans un contexte national de crise aux dimensions multiples ;
Vu la nécessité de préserver l’unité du secteur, afin d’utiliser la transition politique qui dessine dans notre pays, comme une opportunité pour faire adopter les réformes économiques tant attendues par les entreprises ;
Nous proposons la reconduction du président Mamadou Sinsy Coulibaly pour un second mandat, ainsi que celle des anciens membres de son bureau ayant fait preuve de disponibilité et d’engagement dans les combats menés par le secteur privé », peut-on lire dans le document de déclaration des groupements.

Cependant, ils proposent que le nouveau bureau soit renforcé par l’intégration de certains présidents de groupements professionnels, récemment élus.

En vue d’améliorer le fonctionnement du CNPM et renforcer son positionnement stratégique, les groupements envisagent : la création d’un cadre de concertation permanent des groupements professionnels et des CPR (CC-GP), pour échanger sur toute question jugée utile à la bonne marche de l’organisation ; l’appui technique de personnes-ressources compétentes mettra en place un groupe de travail pour réfléchir sur les réformes économiques à proposer aux organes de la transition politique, examiner les réformes portant sur les statuts et règlement intérieur du CNPM pour plus d’efficacité et de gestion participative. Enfin, le CC-GP, en concertation avec le président, donnera un contenu plus clair et plus lisible au plaidoyer du CNPM en faveur de la gouvernance.
La liste s’engage à l’amélioration du climat des affaires ; la stabilisation du climat social ; la consolidation du positionnement stratégique du CNPM et le renforcement organisationnel du CNPM.

Par Sidi DAO

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : Président Bah N’DAW, un choix rationnel et productif

Fri, 25/09/2020 - 18:36
A la suite de la courageuse nomination du Colonel-Major à la retraite Bah N’Daw en qualité de Président de la transition politique au Mali, l’on peut dire qu’enfin  » le Nil arrive au Caire « . Avec zéro place aux égos, Bah N’Daw, qui  » est redevenu civil comme il est né civil « , pourrait cheminer en bonne intelligence et en symphonie achevée avec Assimi Goïta qui, depuis le 18 Août 2020 dernier, tient une patate chaude dans la main.

 

Lors de l’élection d’Amadou Toumani Touré à son premier quinquennat après avoir démissionné en tant que Général de Brigade, il n’arborait plus le faciès d’un militaire quid des 14 mois de transition 1991-92.

Mêmement, Moussa Sinko Coulibaly en briguant le suffrage universel des Maliens a dû redevenir civil en se séparant de son grade de Général : condition sine qua non d’éligibilité après formatage. Qu’à cela ne tienne, dans aucun cas nous n’atteindrons l’idéal que prônent certains. Donc, il faut faire avec. Si c’est bien là un  » vin tiré  » il faut le boire sans trop prêter l’oreille aux marchands d’illusions appréhendant mal les urgences du moment. La priorité, me semble-t-il, est de piloter le bateau Mali à bon port. Il, j’allais dire Bah N’Daw, sera intronisé avec des objectifs SMART vendredi 25 ; à lui de les atteindre en mettant en musique le travail d’équipe qu’il lui faut manager avec doigté et circonspection. Pour le binôme N’Daw-Goïta, il faut beaucoup de synergie et zéro bicéphalisme ou conflit de compétences. Le Président reste Président et le Vice-président reste tel.

Le second doit garder le profil bas pour nous épargner les écueils de la tentation du pouvoir : véritable drogue. Le premier se doit d’être réceptif et pédagogue afin d’obtenir les premières bonnes dès les 100 premiers jours de sa gestion. En attendant, et en rang plus resserré, avec le Premier Ministre non encore nommé, nous sollicitons du Président N’Daw une alchimie de gouvernance afin que par osmose et par symbiose le Mali ait, au sortir de la transition qui passera vite et vite, comme une commette (18 mois), une véritable panacée.

Nous, tous, savons que les militaires et les civils ont toujours fait bon ménage au Mali depuis plus de 50 ans. Sauf que tout est question de dosage, de collégialité et de franche collaboration : gage de réussite. Le Professeur Mamadou Dembélé souvenons-nous, le tout-premier Premier Ministre du Mali et du Général Moussa Traoré a assumé ses fonctions avec efficacité et modestie par le passé. Cette même sagesse empreinte de pondération devra prévaloir pour le nouvel équipage où rien n’est à réinventer. Il s’agit seulement de remettre à l’endroit ce qui ne l’est pas et à sa place ce qui ne l’est. Il nous faut sortir de l’ornière, avec ou sans les nombrilistes à propos desquels il y a eu trop d’euphémismes au point de les rendre narcissiques. Pis, l’on ne saurait vouloir une chose et son contraire à moins d’être partisan d’amalgame et de faux fuyant.

Par contre, le capital de confiance du Président N’Daw est qu’aucun supérieur n’a pu le manipuler dans sa riche carrière alors qu’il en était exposé, et donc, aucun collaborateur ou subordonné ne devrait pouvoir le faire lorsqu’il tient, au premier chef, les rênes de l’Etat malien en pleine reconstruction. Puisqu’il n’y a pas deux sans trois, j’ose espérer que des clans ou protagonistes mal intentionnés ne tenteront point de jouer sur cette corde ou jugement de valeur pour lui mettre le bâton dans les roues en vue de parvenir à leur dessein sordide.

Sauf qu’au-delà des autres citoyens et de la communauté internationale impliquée nous pouvons compter sur un autre garde-fou ou sentinelle de la bonne gouvernance qu’est la presse malienne dans son entièreté. Ceci dit, puisque tout bon pilote d’hélicoptère sait où mettre le pied, et que Bah N’Daw est un bon pilote d’hélicoptère, donc Bah N’Daw saura où mettre le pied de l’hélico de la énième transition d’une démocratie rabougrie pour sa récurrente maladie infantile. Inchallah !

Dioncounda Niakaté 66741743 – Bamako Email : babanyniakate@yahoo.fr

Source: l’Indépendant

Categories: Afrique

Mali : Le PDG de Laïco Hôtel écroué : Ses conseillers dénoncent une justice à double vitesse

Fri, 25/09/2020 - 18:34
Le PDG de l’Hôtel Laïco se séjourne en prison depuis le mercredi dernier.  Il est écroué par la juge du tribunal de grande instance de la Commune II du District de Bamako. Ses conseillers dénoncent une violation des procédures pénales et rappellent que les principaux poursuivis dans cette affaire sont toujours en liberté.

 

« J’ai vu dans aucun pays du monde, un juge, par téléphone, appeler quelqu’un pour lui demander de venir et le mettre sous mandat de dépôt immédiatement », larmoie Amadou Sissoko, conseiller du PDG de l’Hôtel Laïco, qui selon lui, la procédure normale voudrait qu’on passe, d’abord, par convocation écrite.  En conférence de presse, hier jeudi, les proches du PDG de Laïco Hôtel ont exprimé leur indignation par rapport à la démarche de la juge  en charge de l’affaire au niveau de la Commune II.

Dans cette affaire, à en croire les conférenciers, il est reproché à leur patron d’avoir fait de faux documents. A cela s’ajoute, une autre plainte de l’ex-PDG, détenu aussi en prison pour des raisons de malversation financière décelée par le Végal, contre lui.

Prisonnier depuis le mercredi dernier, le cas du PDG parait complexe. Sinon, suivant l’explication de ses conseillers, le mis en cause était cité dans l’affaire comme témoigne. « Il est passé de statut de témoin à un prisonnier », regrette M. Sissoko, puis, il ajoute : «  Même, l’un des maires de la Commune II est poursuivi dans cette affaire sans être en détention. Egalement, il y a un autre cité dans l’affaire qui est toujours en liberté. Nous avons l’impression que le plan était déjà tracé simplement pour nuire à notre PDG ».

Face à cette situation, les conseillers du prisonnier de marque dénoncent la démarche procédurale de la juge du tribunal de la Commune II. « Il y a toujours une procédure à suivre avant la prison », soutiennent-ils.

Ousmane Morba

Source: L’Express du Mali

Categories: Afrique

Mali : Toute la vérité sur 22 Septembre: comment le Mali a adhéré à l’ONU

Fri, 25/09/2020 - 18:33
60 ans après son éclatement, la Fédération du Mali continue à faire jaser et à alimenter les fantasmes. Toute la vérité a-t-elle été dite à propos? Un fragment de vérité veut qu’après un refus absolu d’accepter la sécession du Sénégal comme un fait accompli, le Président Modibo KEITA expliquera par la suite que la scission du Mali était une conséquence du divorce profond qui existe entre le Sénégal et le Soudan sur les plans économique, politique et social. Le Jeudi 22 septembre 1960, le congrès extraordinaire de l’Union soudanaise a proclamé jeudi que la République soudanaise s’appelait désormais « République du Mali «. Le 26 septembre 1960, pprenant acte que la République soudanaise avait pris le nom de République du Mali, le gouvernement français a décidé de reconnaître cette République comme État indépendant et souverain. Le 28 septembre 1960, le Conseil de sécurité se réunit dans l’après-midi à 15 h. 30 (heure française) pour examiner les demandes d’admission à l’O.N.U. de la République du Mali et de la République du Sénégal. Le 28 septembre 1960, c’est par acclamation que l’Assemblée générale a adopté mercredi après-midi 28 septembre 1960 les résolutions franco-tunisienne et franco-tuniso-sénégalaise en faveur de l’admission du Sénégal et du Mali. Telle est la vérité sur le 22 Septembre telle qu’elle nous a été rapportée. Retour sur l’histoire.

 

26 septembre 1960
Prenant acte que la République soudanaise avait pris le nom de République du Mali, le gouvernement français a décidé de reconnaître cette République comme État indépendant et souverain.

26 août 1960
A propos de la déclaration du président Modibo KEITA, selon laquelle la sortie d’un territoire de la Fédération du Mali est constitutionnellement impossible, Abdoulaye MAIGA, haut représentant du Mali à Paris, a tenu à faire la mise au point suivante : «Les journaux, a-t-il dit en substance, ont pris comme référence dans leurs commentaires un texte de Constitution qui n’est plus en vigueur. Ce texte, adopté au début de l’année 1959 et qui créait la Fédération du Mali au sein de la Communauté, contenait bien des dispositions prévoyant la sortie d’un État membre, à condition qu’elle soit décidée par un vote de l’Assemblée législative confirmé par un référendum’’.
«Or il existe un second texte de Constitution du Mali en tant qu’État indépendant, voté en juin dernier par l’Assemblée fédérale, et qui est seul valable. Les dispositions de l’ancien texte relatives à la sortie d’un territoire de la Fédération en ont disparu sur la proposition même de Léopold Sédar Senghor «, a précisé M. MAIGA.
Selon le haut représentant du Mali à Paris, toute modification de la forme de la Fédération est de la compétence de l’Assemblée fédérale.

25 août 1960
Le chef du gouvernement soudanais, qui s’est confirmé comme un excellent débateur dans ses réponses aux journalistes qui le harcelaient, a montré, malgré une ironie souriante, qu’il restait irréductible sur les positions arrêtées avec ses amis du bureau politique de l’Union soudanaise, qui étaient à ses côtés lorsqu’il prit la parole dans la grande salle du conseil des ministres de Bamako : refus absolu d’accepter la sécession du Sénégal comme un fait accompli, volonté de recourir à tous les moyens quels qu’ils soient pour préserver l’unité du Mali, détermination de régler au Soudan même les problèmes intérieurs urgents avant de répondre positivement à l’offre du général de Gaulle de venir à Paris.
Les dirigeants soudanais ne paraissent même pas exclure le recours à la force pour empêcher la sécession du Sénégal. Interrogé sur la conséquence d’une reconnaissance éventuelle de l’indépendance du Sénégal, le Président Modibo KEITA a répondu: «nous adopterions une attitude analogue à celle des puissances occidentales à l’égard de la Chine communiste. «

25 août 1960
Pas de crise du ravitaillement à Bamako.
Les autorités sont particulièrement irritées par les rumeurs qui courent sur un manque de vivres. En fait, seules les denrées d’importation ont été stockées par une fraction de la population européenne redoutant que la fermeture éventuelle de la frontière entre le Sénégal et le Soudan n’entraîne une raréfaction du sucre et de la farine, des conserves ou des pommes de terre. Mais, contrairement au Sénégal qu’il alimente traditionnellement en produits agricoles, le Soudan peut vivre en autarcie alimentaire. Le tonnage de denrées vivrières qu’il produit annuellement est en effet vingt fois plus élevé que celui du Sénégal pour une population deux fois plus nombreuse. Le déséquilibre entre les cultures d’exportation et les cultures vivrières n’existe pas au Soudan, ce qui constituait d’ailleurs un des éléments de la «complémentarité « économique entre les deux États fédérés.

25 août 1960
Le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement soudanais, a tenu jeudi, à Bamako, une conférence de presse, dont on attendait qu’elle clarifie l’attitude du principal protagoniste de la crise du Mali.
Le président Modibo Keita a confirmé sa demande d’intervention des Nations unies – démarche entourée de quelque mystère et dont on déclare n’avoir pas connaissance à l’O.N.U., – renouvelé ses attaques contre certains militaires et gendarmes français et rejeté sur les dirigeants sénégalais toutes les responsabilités de la crise. Il n’a par contre apporté que deux éléments neufs à une attitude déjà fermement prise. C’est d’abord l’indication qu’il ira à Paris «quand l’émotion se sera apaisée au Soudan «. C’est ensuite l’affirmation selon laquelle son pays ne veut plus être un simple «marché» du Sénégal et qu’il cherchera d’autres débouchés. Le président Modibo acte-t-il lui aussi la rupture ?
En tout réalisme, le président Modibo Keita semble sinon prendre son parti de la rupture du moins tirer les premières conséquences et amorcer une «reconversion» du Mali, dont «Bamako est maintenant la capitale», a-t-il souligné.

25 août 1960
Le président Modibo KEITA a tenu jeudi 25 août 1960, en tant que chef du gouvernement fédéral du Mali et président du conseil soudanais, une conférence de presse au cours de laquelle il a notamment souligné que la scission du Mali était une conséquence du divorce profond qui existe entre le Sénégal et le Soudan sur les plans économique, politique et social. Il a notamment reproché à Senghor et à ses amis de ne pas vouloir réformer les structures dans le sens d’un véritable socialisme africain, d’» africaniser « les Blancs alors que le Sénégal a des cadres nantis de toutes les références, cadres qui demeurent inemployés ou sous-employés, et de ne pas chercher de débouchés aux produits maliens en dehors de la zone franc afin de rechercher des devises.
Abordant les problèmes économiques, il a affirmé que dans les semaines à venir la preuve serait faite que la pauvreté du Soudan n’est qu’un mythe. « Jusqu’à ce jour, le Soudan était un marché et le Sénégal un relais. Maintenant nous nous refusons à être seulement un marché et nous chercherons ailleurs un autre relais.»

24 août 1960
Le Sénégal avait proposé dans les dernières heures de la crise la reprise des échanges commerciaux avec le Soudan. Lors de sa conférence de presse du jeudi 25 août 1960, le président Modibo Keïta révèlera que le directeur adjoint du chemin de fer Dakar-Niger était arrivé mercredi 24 août 1960 à Bamako pour étudier le rétablissement de la liaison ferroviaire entre le Sénégal et le Soudan. Le président Modibo Keita a également indiqué qu’il n’envisageait pas la création d’une zone monétaire, «sauf, dit-il, si les événements m’y contraignent «.

25 août 1960
Message aux Nations unies
A propos de l’envol de « Casques bleus « au Mali, le Président Modibo KEITA a souligné lors de sa conférence de presse que : « Il n’y a rien que nous ne puissions envisager pour maintenir l’intégrité territoriale du Mali. « Le leader soudanais a révélé que le message qu’il avait adressé à Dag Hammarskjœld, secrétaire général de l’ONU, avait été transmis par son émetteur personnel, installé chez lui à Dakar, alors qu’il était en résidence surveillée. Ce message avait été répercuté à New-York par Bamako. Il a ajouté qu’il n’avait pas reçu de réponse de l’O.N.U. au sujet de sa demande d’assistance.
Concernant son départ éventuel pour Paris, le président Modibo Keita a affirmé qu’en arrivant à Bamako dans la nuit de lundi 22 août à mardi 23 août 1960 son vœu était de répondre dans les meilleurs délais à l’invitation que lui avait adressée, à Dakar, le général de Gaulle. «Mais, a-t-il dit, la situation intérieure au Soudan exige encore ma présence, d’où le retard apporté à ce projet ».

25 août 1960
A propos de la situation intérieure soudanaise, le président Modibo Keita déclaré : «elle est provoquée par scission du Mali et par l’action d’activistes de l’armée française. J’ai été désagréablement surpris d’apprendre, à mon arrivée, que les gendarmes maliens avaient été désarmés, que le stock de munitions mis à leur disposition avait été déménagé, et que tous les soldats maliens avaient été relevés et remplacés par des militaires français. D’autre part des avions ont survolé en rase-mottes certains villages de la brousse, provoquant une vive émotion dans la population. «

25 août 1960
Le Président Modibo KEITA a déclaré lors de sa conférence de presse que son gouvernement romprait les relations diplomatiques avec tout gouvernement qui reconnaîtrait l’État du Sénégal.
A la question de savoir s’il avait – le 19 août au soir – souligné au haut représentant de la France à Dakar que, aux termes des accords franco-maliens, il avait le droit de réclamer l’intervention des forces de la Communauté, et quelle avait été la réponse du haut représentant, la président du conseil soudanais a déclaré : «Il est resté muet. «
Le président Modibo Keita a conclu : « Le Mali est juridiquement indissoluble. Nous considérons comme éphémère une initiative de quelques dirigeants sénégalais qui ont trahi le serment du 17 janvier 1959. Ce serment, qui est celui des Maliens du Soudan et du Sénégal, le voici : «Pour la Fédération du Mali, pour» l’unité africaine, si je dois accepter l’ultime sacrifice je n’hésiterai pas, je ne reculerai pas, je le « jure. «

25 août 1960
Ahmadou Ahidjo, président de la République du Cameroun, est arrivé jeudi 25 août 1960 à Abidjan, venant de Bamako, afin de s’entretenir avec Houphouët-Boigny de la crise du Mali. Le chef de l’État camerounais devait repartir vendredi pour Yaoundé.

26 août 1960
Selon le secrétariat de Dag Hammarskjœld une communication du président Modibo Keita, président de la Fédération du Mali, a été reçue vendredi matin. On indique toutefois qu’un pays qui n’est pas membre de l’O.N.U. ne peut demander la convocation du Conseil de sécurité que s’il s’agit d’une affaire internationale et s’il accepte par avance les obligations de règlement pacifique prévues par la charte de l’O.N.U. Le secrétaire général n’a donc pas demandé la réunion du Conseil, mais s’est contenté de communiquer « pour information « aux membres du Conseil de sécurité la note du président Modibo Keita.
Voici le texte des télégrammes échangés, ainsi que ceux envoyés par Mamadou Dia.
• MAMADOU DIA (le 20 août) : le Sénégal demande son admission à l’O.N.U.
«Honneur vous informer qu’à l’instigation du président du gouvernement fédéral du Mali et de certains ministres fédéraux véritable complot a été ourdi contre ! Sécurité intérieure de l’État du Sénégal. En conséquence l’Assemblée législative du Sénégal sur initiative gouvernement a voté ce i jour 20 août 1960 loi abrogeant transfert de compétences à Fédération du Mali, déclarant République du Sénégal se retirer de la Fédération du Mali et proclamant indépendance de la République du Sénégal. République du Sénégal demande son admission à l’O.N.U. Vous prie agréer assurance de ma ! Très haute considération.»
• HAMACIRE DOUR (le 20 août) : transmet le premier message de Keita.
Le président du conseil par intérim du Soudan transmettait, le 20 août également, l’appel du président Keita, dont Radio-Moscou avait seul fait état ;
« Honneur vous transmettre citation messages reçus Président Modibo KEITA Dakar. Gouvernement Fédération Mali a décidé état urgence pour faire face à coup de force du gouvernement sénégalais compromettant gravement ordre public et paix du monde. Gouvernement Mali en application accord défense entre République! Française et Fédération du Mali a demandé représentant gouvernement français mettre sa disposition troupes françaises stationnées Dakar pour assurer maintien ordre public et permettre fonctionnement régulier institutions. Mais pas reçu gouvernement français suite favorable. Demande réunion immédiate Conseil de sécurité et assistance immédiate Organisation Nations unies. Colonel SOUMARE, chef état-major général armée Mali, arrêté et séquestré par gouvernement Sénégal. Haute considération. Le Président Modibo KEITA, président gouvernement fédéral Mali, Dakar.
«Ce télégramme arrive Soudan parce que n’a pu vous être transmis de Dakar par suite investissement tous bureaux transmission. «

• MAMADOU DIA (le 23 août) : réitère demande admission du Sénégal à l’O.N.U.
«J’ai l’honneur de vous confirmer par le présent mon télégramme du 20 août et de préciser que, la République du Sénégal ayant accédé le 20 août 1960 à la pleine indépendance et désireuse d’assumer intégralement les nouvelles responsabilités qui lui incombent sur le plan international et d’apporter sa coopération aux activités de la communauté des Nations unies, le gouvernement du Sénégal a donc décidé de solliciter sans tarder l’admission de la République comme membre des Nations unies. Aussi ai-je l’honneur de vous réitérer ici la prière faite au nom de mon gouvernement de bien vouloir, conformément à l’article 4 de la charte, soumettre la candidature de la République du Sénégal aux délibérations du Conseil de sécurité en vue d’obtenir la recommandation nécessaire à son inscription à l’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale. Le gouvernement de la République du Sénégal déclare par la présente lettre accepter les obligations que comporte la charte des Nations unies et être en mesure de les remplir. Il s’engage solennellement a s’y conformer en toute loyauté et conscience. «

• «H» A MODIBO KEITA (le 25 août) : nous savons que vous examinez la proposition de pourparlers du président de la République française.
«J’ai l’honneur d’accuser réception du message signé par Harnache Dour en date 20 août que Dour indique comme étant envoyé par vous de Dakar. A titre officieux j’ai informé membres du Conseil de sécurité du fait que ce message a été reçu : avant de les informer de la réception du message, nous avons reçu des renseignements sur l’initiative de pourparlers proposés par le président de la République française, ainsi que votre réponse à cette initiative, indiquant que vous êtes en train de l’examiner. Très haute considération. «

• MODIBO KEITA : renouvelle demande de convocation du Conseil de sécurité (message parvenu le 26 août à l’O.N.U.)
« Honneur vous donner relation des événements survenus Dakar nuit 19 au 20 août. Pour permettre fonctionnement des institutions fédérales menacées investissement par gouvernement sénégalais, gouvernement Mali a décrété état urgence et ordonné colonel SOUMARE protéger chef état-major général armée malienne, immeubles, installations et ministres fédéraux, à exclusion ceux du Sénégal. Colonel SOUMARE mettait en place dispositifs arrêtés, lorsque fut invité avec instance par colonel français Pierre à venir extrême urgence siège gendarmerie. Colonel SOUMARE répondant appel, son collaborateur fut mis en état d’arrestation. Colonels Pierre et FALL tous deux de l’armée malienne, relevèrent soldats maliens et les remplacèrent par gendarmes du gouvernement du Mali et gardes républicains du gouvernement du Sénégal, consignant ainsi chez eux ministres fédéraux soudanais, Boubacar GEYE, ministre fédéral sénégalais, et tous dirigeants soudanais présents Dakar.
«Demande assistance militaire française formulée en application accords militaires franco-maliens reçut aucune suite. Renouvelle ma demande réunion immédiate du Conseil de sécurité et d’assistance militaire Organisation Nations unies. Vous informe que gendarmerie fait partie intégrante armée du Mali et ne dépend nullement des Etats fédéraux. D’autre part capitale Fédération Mali provisoirement fixée Bamako. Haute considération. Le président Modibo Keita, président gouvernement fédéral Mali et gouvernement République soudanaise. «

• MAMADOU DIA le 26 août) : voici la description réelle des événements.
«Faisant référence à mes télégrammes des 20 et 23 août, j’estime utile, en face des relations inexactes des événements que présentent certaines personnes et le président Modibo Keita lui-même, de vous donner ici des précisions sur le déroulement des faits du 18 au 20 août :
« 1°) 18 août : appel aux troupes stationnées en points éloignés de l’intérieur fut fait par le colonel SOUMARE irrégulièrement, à l’insu du ministre de la défense responsable ;
« 2°) 19 août : à 21 h. 30, destitution du ministre fédéral de la défense et de la sécurité par le président Modibo Keita en conseil des ministres restreint, contrairement aux dispositions de la Constitution fédérale, art. 12, quatrième alinéa ;
« 3°) 19 août, même heure, ordre de réquisition générale émis par le président Modibo Keita. Cet acte était illégal parce que contraire à la Constitution fédérale, qui prévoyait que seule la sécurité extérieure était de la compétence de la Fédération ;
« 4°) Déclaration d’état d’urgence et investissement d’immeubles en territoire sénégalais effectué par l’armée malienne sur ordre du président Modibo Keita, avec déploiement d’armes automatiques.
« Cet acte, décidé sans que l’ordre ait été troublé, créa situation de violence qui justifia les plus graves inquiétudes et la réaction du gouvernement du Sénégal A la suite de ces irrégularités et mesures de force, le gouvernement sénégalais a très régulièrement requis la gendarmerie qui était à sa disposition de maintenir l’ordre. Il a arrêté le colonel SOUMARE pour faire échec au coup d’État préparé par le Président Modibo KEITA. Il a réuni l’Assemblée législative de la République qui, à l’unanimité, a décidé le retrait de la Fédération et proclamé l’indépendance du Sénégal, Ces actes, qui étaient de sa compétence, furent librement et, je le répète, unanimement décidés par l’Assemblée et approuvés par le peuple. Depuis ces événements Tordre règne parfaitement sur toute l’étendue du territoire de la République. Les populations sont calmes i et rassurées. Le gouvernement du Sénégal a assuré dans les conditions de sécurité les plus parfaites le retour de Modibo KEITA et des ex-ministres soudanais à Bamako. Cette situation est aisément vérifiable, et mon gouvernement accueillerait volontiers des envoyés de l’O.N.U. qui voudraient s’en assurer de visu. Elle rend ridicules les bruits d’une demande quelconque d’intervention. Au reste, Fédération ayant cessé d’exister du fait du retrait du Sénégal, elle ne saurait accomplir un acte international valable. Je réitère les assurances données par mon gouvernement quant à sa volonté et sa capacité d’assumer toutes les obligations intérieures et internationales d’un État policé prêt à entrer dans le concert des nations. Haute considération. «

29 août 1960
Une nouvelle phase de la crise du Mali s’est ouverte lundi 29 août 1960 avec l’arrivée simultanée à Bamako et à Dakar de deux délégations guinéennes : au Soudan ce sont Keita Fodeba, considéré comme le chef de l’aile gauche du bureau politique du parti démocratique guinéen, et Conte Seydou, ambassadeur de ce pays à Moscou, qui viennent s’entretenir avec le président Modibo Keita ; au Sénégal c’est Camara Damantang, personnalité de tendance plus modérée, qui est l’hôte de Mamadou DIA.
On a relevé que dans sa déclaration de lundi devant l’Assemblée de Bamako, le Président Modibo KEITA – qui semble prendre progressivement son parti d’une rupture durable avec Dakar – a déclaré que dorénavant deux débouchés s’offraient au Soudan, «les ports de Conakry et d’Abidjan «.
Comme Sékou TOURE, entre Dakar et Bamako on voit le président Modibo Keita vouloir tenir la balance égale entre ses deux possibles associés : Côte-d’Ivoire et Guinée. Une mission de la chambre de commerce de Bamako part en tout cas pour Abidjan.

29 août 1960
L’assemblée malienne réunie lundi à Bamako a adopté une résolution spécifiant notamment que les représentants de la Fédération « regrettent vivement :
1°) que le haut représentant de la France au Mali n’ait pu respecter les clauses des accords de coopération en ce qui concerne la défense intérieure du Mali ;
2°) les termes du télégramme du président de Gaulle au président du gouvernement du Mali, laissant croire à l’éclatement du Mali alors que la sécession n’est constitutionnellement pas possible ;
3°) certaines manifestations inamicales des troupes françaises stationnées sur le territoire de la République soudanaise, au lendemain des événements des 19 et 20 août «.
Le Président Modibo KEITA a lu pour sa part une communication dans laquelle il a demandé aux Maliens du Soudan « de se considérer comme mobilisables à tout moment « et a réaffirmé que la République soudanaise ne serait pas le prolongement du marché du Sénégal et qu’elle cherche ailleurs des voies d’accès à la mer. « Les ports de Conakry et d’Abidjan sont tout indiquées «, a-t-il dit. vivement applaudi par l’assemblée.

Soudan-Sénégal : le désavantage des chiffres
Le Soudan, situé à l’intérieur des terres, est moins accessible. Bamako, sa capitale, située à plus de 1 000 kilomètres de la mer, n’est reliée directement par voie ferrée qu’aux seuls ports sénégalais. Les expéditions vers la Guinée se font par le Niger jusqu’à la gare de Kankan, terminus d’un chemin de fer allant vers Conakry. Les exportations sur la Côte-d’Ivoire sont dirigées par la route jusqu’à la gare de Bobo-Dioulasso, en Haute-Volta.
Le Soudan, six fois plus étendu que le Sénégal, a une population plus nombreuse – la différence est de 40 % – mais ne compte que trois habitants au kilomètre carré au lieu de 12.
Le total des comptes courants existant dans les banques à la fin de 1959 s’élevait à 6 milliards 325 millions de francs C.F.A. au Sénégal et à 765 millions au Soudan ; celui des comptes de dépôts à 2 982 millions au Sénégal et à 451 millions au Soudan. L’écart était moins considérable pour les comptes de chèques postaux, dont le total s’élevait à 4 milliards 633 millions au Sénégal et à 3 281 millions de francs C.F.A. au Soudan.
Le Soudan a pourtant, avec l’élevage, une ressource importante. Le cheptel est évalué à 2 900 000 bovins, à 6 900 000 ovins ou caprins, et le chiffre des abattages contrôlés, qui peuvent n’être pas les seuls, paraissent montrer que ces évaluations ne sont pas exagérées. Il existe aussi des cultures vivrières, riz, mil et sorgho. Mais la culture des arachides, qui fournit la principale monnaie d’échange des deux pays, est moins développée au Soudan qu’au Sénégal. La différence est grande : la récolte commercialisée d’arachides pendant la campagne 1958-1959 a été évaluée par l’Institut national de la statistique à 675 123 tonnes pour le Sénégal et à 85 897 tonnes pour le Soudan, soit une proportion de 8 à 1.

Subventions indirectes de la France
On a une idée de l’importance pratique de cette inégalité si l’on sait le rôle joué par les arachides dans les exportations des trois pays contigus : Sénégal, Soudan et Mauritanie. Dans le total de ces exportations, qui en 1958 ont atteint 28 778 millions de francs C.F.A., les produits de l’arachide – arachides décortiquées, huiles et tourteaux – ont été compris pour 25 682 millions de francs C.F.A.
Cette production est vendue, grâce aux avantages consentis par la France, à des prix qui dépassent le plus souvent les prix dits « mondiaux «, et en particulier ceux qui sont offerts aux territoires de l’ancienne Afrique britannique ; les mesures de soutien sont particulièrement nécessaires dans l’éventualité de récoltes pléthoriques. Actuellement, bien que l’écart entre les prix britanniques et les prix français ait été réduit à 15 % environ, on peut calculer que les mesures prises en faveur des producteurs d’arachides correspondent, pour le Sénégal, la Mauritanie et le Niger, à un supplément de recettes de 7 milliards et demi environ d’anciens francs,
D’autres subventions indirectes ont été consenties aux entreprises industrielles établies au Sénégal, et le jeu d’une caisse de péréquation est nécessaire pour permettre au Soudan de vendre sa production de riz aux consommateurs sénégalais à un prix égal au prix du riz d’Indochine.
Ces avantages sont, pour les territoires de la côte occidentale d’Afrique comme pour ceux de l’intérieur, une condition de progrès. Ils ont contribué à un retour de prospérité observé après la petite crise, provenant de l’accumulation de stocks excédentaires, qui a obligé un certain nombre de sociétés, en 1956 et en 1957, à réduire ou à suspendre leurs répartitions. En 1958 et en 1959 la situation s’est redressée, des incorporations de réserves ont été décidées, les dividendes se sont faits plus larges, et cette amélioration, en même temps qu’une optique boursière optimiste, a contribué à un certain redressement des cours. Puis l’évolution de la situation politique a entraîné, depuis le début de 1960, un nouveau fléchissement. Le tableau que l’on trouvera ci-dessous montre que la plupart des valeurs africaines – nous donnons sur chacune, dans une notice, les renseignements essentiels – ont un rendement net particulièrement élevé.

27 août 1960
Évoquant l’éclatement du Mali et les événements d’Afrique. Marius Moutet, sénateur S.F.I.O. de la Drôme, ancien ministre de la France d’outre-mer et ancien sénateur du Soudan, dans une interview au Dauphiné libéré, a notamment déclaré :
« Je vois mal comment, même avec sa haute autorité, le général de Gaulle pourra rétablir un accord solide et durable dans une situation que tant de raisons profondes ou personnelles entraînent vers une scission qui ajoutera aux troubles profonds de l’Afrique, et la fera participer au conflit général Est-Ouest. «

29 août 1960
L’Union soudanaise et le Parlement de Bamako se concertent sur l’éventualité du voyage à Paris du président Modibo Keita. Une véritable mobilisation des masses est en cours au Sénégal.
Tandis que les polémiques se poursuivent entre Dakar et Bamako sur les responsabilités de la rupture et sur le rôle qu’auraient joué les militaires et gendarmes français dans les événements, les deux groupes s’affairent à consolider leur situation. A Bamako deux réunions politiques se déroulent lundi 29 août 1960 : la conférence générale des cadres du parti unique, l’Union soudanaise, et une session de l’Assemblée législative du Soudan. Ce n’est qu’à la suite de ces deux réunions que le président Modibo Keita pourrait décider son départ pour Paris.

28 août 1960
Le président Modibo Keita, président du conseil soudanais, a lancé dimanche soir, 28 août 1960, aux Français et aux « non-Maliens « habitant le Soudan, un appel dans lequel il spécifie notamment :
« Les événements dramatiques de Dakar ont pu vous émouvoir au point de craindre, pour vos personnes et vos biens, des représailles de la population soudanaise. Mais cette émotion, si légitime soit-elle, ne saurait justifier les propos haineux et les actes provocateurs de certains Français de Bamako. En aucun moment, dans les heures les plus graves de la vie politique de notre territoire et de la tension avec les représentants du gouvernement français, le peuple soudanais n’a perdu son calme et sa sérénité, et les règles traditionnelles de l’hospitalité n’ont pas été violées.
Une telle attitude de la part d’un peuple qui a su refouler sa rancœur et son indignation pour montrer un visage digne et serein mérite le respect. C’est la règle d’or des peuples forts, des peuples éduqués, des peuples civilisés. «
Rappelant sa déclaration faite lors de la proclamation de l’indépendance du Mali le 20 juin dernier, le président Modibo Keita dira :» Eh bien !, a conclu le président soudanais, nous entendons rester fidèles à cette ligne de conduite Français et non-Maliens, montrez-vous dignes de cette fraternelle et généreuse hospitalité. Ce sera à l’actif du prestige de votre pays. Merci. «

30 août 1960
L’organe de – l’Union nationale des forces populaires Ar Rai Al Am commente « l’éclatement de l’Union du Mali « : « le président Modibo Keita, écrit-il, a proclamé son appui à la lutte du peuple algérien. On peut dire que le jour n’est pas loin où il reconnaîtra le gouvernement de Ferhat Abbas. « La chose pourrait même évoluer vers un accord entre l’Algérie et le Soudan pour exploiter en commun les richesses du Sahara. C’est ce qui entraînerait un changement radical dans la position de Bamako à l’égard de l’organisation mixte des régions sahariennes. «

1er septembre 1960
Deux membres du gouvernement Soudanais, Ahmadou Aw, ministre fédéral des travaux publics et télécommunications, et le docteur Seydou Badjan KOUYATE, ministre de l’économie rurale, sont arrivés mercredi matin à Paris, porteurs d’un message du président Modibo Keita au général de Gaulle, qui devait être remis à l’Élysée au cours de l’après-midi par MAIGA, haut représentant du Mali en France.
Les deux collaborateurs du leader soudanais ont fait savoir d’autre part que Keita se proposait de se rendre vendredi 2 septembre 1960 à l’invitation du président de la Communauté.
Le Président Modibo KEITA sera reçu vendredi après-midi par le général de Gaulle Les deux membres du gouvernement de Bamako arrivés mercredi à Paris, le docteur KOUYATE et Ahmariou AW, se rendront ensuite aux Nations unies pour y exposer le point de vue des milieux dirigeants soudanais sur la crise du Mali.

2 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement de Bamako, arrivé vendredi matin 2 septembre 1960 à Paris, est reçu à 17 heures à l’Élysée par le général de Gaulle et s’entretiendra également de la crise de la Fédération du Mali samedi matin 3 septembre avec Michel Debré.
Le président soudanais, interrogé à sa descente d’avion, a notamment réaffirmé la position de son gouvernement, à savoir que le Mali demeure et que le Soudan « ne s’inclinera pas devant la situation de fait créée par certains de nos amis du Sénégal «, et a ajouté : « … Seul l’avenir permettra de dégager les moyens par lesquels la réalité juridique du Mali deviendra une réalité de fait. «
Mais le président Modibo a laissé entendre qu’il n’était pas opposé à un regroupement des États de l’ex-A.O.F., auquel pourrait participer le Soudan, et a ajouté à propos d’une possible médiation de Houphouët-Boigny : « Le Mali ne rejettera aucune médiation. «

2 septembre 1960
Arrivé à Paris ce vendredi 2 septembre 1960 le Président Modibo KEITA a indiqué à propos des accords franco-maliens, signés le 22 juin 1960, que « s’il y a des difficultés elles ne viendront pas de la Fédération du Mali «. Et, comme on lui demandait si, au cas où l’indépendance du Sénégal serait reconnue par la France, le Soudan resterait dans la Communauté, le chef du gouvernement de Bamako a répondu : «C’est la France qui a présenté la candidature du Mali à l’O.N.U., c’est à la France d’en tirer les conséquences. «
Le Président Modibo KEITA n’a pas manqué d’estimer à sa juste valeur l’impartialité dont n’ont cessé de faire preuve le président de la Communauté et le gouvernement français depuis le début de la crise du Mali. Il n’est pas douteux que l’on avait appréhendé à Bamako la réception à Paris de Mamadou Dia et que l’on avait craint alors une véritable reconnaissance de l’indépendance du Sénégal par la France.

2 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA – qui arrive à Paris après avoir sur place assure ses arrières, obtenu les pleins pouvoirs et regroupé son équipe de l’Union soudanaise, où les activistes ne souhaitaient pas son voyage à Paris – va naturellement soutenir que le moindre doute émis sur le caractère permanent et indissoluble du Mali serait une trahison des engagements pris par la France, et il s’appuiera pour le dire sur la Constitution du Mali.

3 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, qui s’était entretenu vendredi après-midi avec le général de Gaulle, a été reçu samedi matin 3 septembre pendant une heure par Michel Debré. Le climat de ces conversations semble favorable et l’on note que les déclarations du chef du gouvernement de Bamako, qui doit prolonger son séjour à Paris jusqu’à lundi soir, pont empreintes de modération et même d’un certain optimisme.
En sortant de l’hôtel Matignon, le leader soudanais s’est déclaré favorablement impressionné par les contacts parisiens.
Interrogé sur la conclusion que l’on peut espérer des conversations qu’ont eues les dirigeants français avec Dia et lui-même. Le président Modibo Keita a répondu qu’il attendait des « suggestions « du président de la Communauté, celui-ci pouvant jouer un rôle efficace d’arbitre. C’est d’ailleurs en ces termes qu’il précisait samedi matin sa pensée à l’un de nos collaborateurs : «Paris peut apporter une large contribution au règlement en cours.»

5 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, arrivé dans la soirée de dimanche 4 septembre 1960 à Tanger, a été reçu en audience par Mohammed V en présence du prince héritier Moulay Hassan et de Driss M’Hammedi et M’Barek Bekkaï, ministres des affaires étrangères et de l’intérieur. Le chef du gouvernement soudanais a quitté Tanger lundi 5 septembre 1960 pour Bamako, d’où il se rendra à Accra, afin de s’y entretenir avec Nkrumah. Avant son départ. Le président Modibo Keita a eu un bref entretien avec le Dr Mostefaï, représentant du G.P.R.A. au Maroc.

5 septembre 1960
Léopold Sédar Senghor a été élu lundi matin président de la République du Sénégal à l’unanimité des 118 votants.
Aux termes de la Constitution, le président de la République du Sénégal, élu pour sept ans, préside le conseil des ministres, nomme les membres de la Cour suprême, les ambassadeurs, les envoyés extraordinaires, les procureurs généraux, les officiers supérieurs et les généraux, ainsi que les hauts fonctionnaires de la République.

5 septembre 1960
Léopold Sedar Senghor, élu le lundi 5 septembre 1960 président de la République sénégalaise par l’Assemblée de Dakar, a reçu jeudi du général de Gaulle, président de la Communauté, le télégramme suivant : « Je vous adresse, monsieur le président, mes bien vives et sincères félicitations à l’occasion de votre élection à la présidence de la République du Sénégal. Cet événement me parait être le meilleur gage des amicales et fécondes relations du Sénégal et de la France au sein de notre Communauté. «
Ce texte, et notamment la formule qui a trait aux « amicales et fécondes relations du Sénégal et de la France au sein de la Communauté «, semble impliquer une reconnaissance de fait de la République dont Senghor vient d’être élu président.
La question se pose d’autant plus que cette initiative avait été précédée de la déclaration faite au cours de la conférence de presse du 5 septembre par le général de Gaulle sur le droit du Sénégal à disposer de lui-même et sur l’évidence de la dislocation du Mali.
Rappelons aussi que dans un message remis à l’Élysée le 2 août le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement soudanais, mettait Paris en garde contre toute «mesure pouvant être interprétée comme une reconnaissance de la sécession du Sénégal « ; il assurait que cette reconnaissance aurait «les plus graves conséquences sur le plan international». Aussi bien le gouvernement français avait-il observé serve et circonspection lors de la visite à Paris de Mamadou DIA, se gardant de tout ce qui pouvait apparaître comme une reconnaissance du régime de Dakar, provoquant de ce fait quelque déception chez les amis de Senghor.
Dix jours plus tard les entretiens que le Président Modibo KEITA avait à Paris n’avaient rien apporté de positif, en dépit de déclarations optimistes ou apaisantes de part et d’autre. Si la conversation avec le président de la Communauté n’avait pas débordé le cadre des idées générales, l’entretien de Keita et de Michel Debré semble avoir cristallisé les divergences de vues et persuadé le visiteur que les dirigeants français se résignaient à l’éclatement de la Fédération.
Les propos tenus depuis par le Président Modibo KEITA, la visite qu’il effectue au Ghana, les démarches qu’il a entreprises auprès des Nation» unies semblent avoir fait perdre aux dirigeants français l’espoir d’un règlement proche et amiable entre Sénégalais et Soudanais.

6 septembre 1960
« Dans les jours à venir il faudra que le peuple du Soudan prenne une décision extrêmement importante «, a déclaré à la presse le président Modibo Keita à son arrivée à Bamako.
Mais le chef du gouvernement n’a pas précisé davantage sa pensée.
Interrogé sur les déclarations du général de Gaulle à propos du Mali dans sa conférence de presse de l’Élysée, le Président Modibo KEITA a répondu qu’il devait prendre d’abord contact avec ses amis, avec lesquels il examinera ces questions.

7 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA, chef du gouvernement de Bamako, se rend mercredi à Accra, où il s’entretient avec Kwamé Nkrumah, président de la République du Ghana des conséquences de la crise du Mali et des solutions qui peuvent lui être données.
Mais avant d’être reçu par le dirigeant ghanéen le président Keita avait fait escale à Abidjan, où Houphouët-Boigny a tenu à converser avec son compagnon du R.D.A. Aucune déclaration n’a été faite après cet entretien, qui sera suivi d’un second après le séjour du leader soudanais à Accra.

7 septembre 1960
Léopold Senghor, président de la République du Sénégal, a adressé mardi soir au peuple sénégalais un message dans lequel il se déclare favorable à un regroupement des anciens États de l’A.-O.F.
«On parle de médiation, a-t-il dit, de conciliation, d’association entre le Sénégal et le Soudan. J’en ai parlé deux jours seulement après le coup d’État manqué contre le Sénégal. Nul plus que moi n’a souligné les liens qui nous unissent au peuple frère de l’autre côté de la Falémé. Nous avons un port, un chemin de ter, une université qui devraient nous être communs. Avec le concours du président de la Communauté ou d’un frère aîné, un chef d’État africain par exemple, nous sommes prêts à causer pour élaborer une association souple, mais à une seule condition, c’est que l’indépendance du Sénégal soit d’abord constatée et garantie ».
Il faut, profiter de l’occasion, a poursuivi Senghor, pour préparer un plus vaste regroupement où entreront tous les États de l’ancienne A.-O.F., y compris la Guinée, mais toujours sur la base de l’indépendance de chaque État. L’idée de la fédération n’est pas encore mûre dans l’ancienne A.-O.F. Les micro-nationalismes ne sont pas encore transcendés. «
Le Président de la République du Sénégal estime que ce premier pas vers un regroupement pourrait aboutir un jour aux États-Unis d’Afrique, ce qui n’empêcherait pas l’appartenance de chacun de ces États à la Communauté ou au Commonwealth.

7 septembre 1960
À propos des événements qui amenèrent le Sénégal à se retirer de la Fédération du Mali, le chef du gouvernement sénégalais a déclaré mercredi 7 septembre 1960 :
«Nous sommes prêts à renouer le dialogue avec le Soudan sur des bases de coopération économiques et techniques très larges. Nous comprenons difficilement l’attitude soudanaise qui consista à rompre avec nous toutes relations économiques et financières. Cela va à rencontre précisément des impératifs communs de réalisation d’une économie de zone ouest-africaine. Nous espérons qu’il s’agit là d’un geste de mauvaise humeur et que le bon sens l’emportera. Mais si cette situation se prolongeait nous serions cependant amenés à prendre les mesures qu’elle commande’’.

9 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA a regagné vendredi Bamako après ses entretiens avec Nkrumah à Accra et une escale à Abidjan, où il a rencontré de nouveau Houphouët-Boigny. Le communiqué commun publié à l’issue des entretiens Keita-Nkrumah spécifie que l’intégrité du Mali est reconnue de part et d’autre, et que le gouvernement d’Accra soutiendra son admission à l’O.N.U. Ce communiqué annonce également l’ouverture de négociations pour l’octroi de prêts ghanéens au Soudan, réaffirme la position des deux leaders en faveur de l’intégrité territoriale du Congo, de l’aide aux nationalistes algériens, et contre les essais nucléaires français au Sahara.

10 septembre 1960
On indique enfin à Bamako que le bureau politique du parti de l’Union soudanaise (R.D.A.) a décidé la réunion d’un congrès extraordinaire qui se tiendra au collège technique de Bamako les 17 et 18 septembre.

11 septembre 1960
Le cabinet de Michel Debré a publié dimanche 11 septembre 1960 le communiqué suivant, motivant la reconnaissance de la République indépendante du Sénégal et la rupture du Mali: « Après le référendum de septembre 1958, la République française a reconnu la République du Sénégal et la République soudanaise.
En 1959 les gouvernements des deux républiques ont exprimé leur volonté de se réunir en une Fédération, et d’accéder sous cette forme à la souveraineté internationale.
La Fiance a acquiescé à ce désir.
En août 1960, pour des raisons que la France n’a pas à juger, la République du Sénégal a manifesté sa volonté de modifier la structure de la Fédération du Mali et s’est proclamée État indépendant.
Les efforts tentés depuis cette décision pour obtenir un rapprochement des deux États et leur association au sein du Mali, sur une base sans doute nouvelle, n’ont pas abouti. Une situation de fait existe donc, dont la France doit tenir compte.
« C’est pourquoi, tout en souhaitant le nécessaire rapprochement entre le Sénégal et le Soudan, et en réaffirmant sa volonté d’aider au libre regroupement des États africains, le gouvernement de la République a pris acte de l’indépendance de la République du Sénégal et a décidé de recommander son admission à l’Organisation des nations unies. «

11 septembre 1960
Un communiqué publié dimanche 11 septembre par le cabinet du premier ministre et la remise des lettres de créance de Hettier de Boislambert, précédemment accrédité auprès du Mali, à Senghor, président de la République du Sénégal, ont rendu officielles la reconnaissance de l’indépendance sénégalaise par la France et la prise de position du gouvernement en faveur de l’admission du nouvel État aux Nations unies dès la prochaine session.
La nouvelle, annoncée dimanche soir par Radio-Mali, a été accueillie avec calme à Bamako. La radio a diffusé ce bref appel du président Modibo Keita aux Maliens : « Depuis le 19 août vous avez su dominer votre indignation. Vous avez su conserver votre calme. Cette attitude, qui témoigne de votre force et de votre conviction, en a imposé au monde entier. «
Le Président Modibo KEITA ajoute que le peuple soudanais « jugerait les 17 et 18 septembre prochains». C’est au cours de ces deux journées que doit se tenir à Bamako le congrès extraordinaire du parti de l’Union soudanaise (apparenté au R.D.A.).

12 septembre 1960
Radio-Mali a annoncé que par un décret du 12 septembre l’état de siège est appliqué à tout le territoire du Soudan à partir de lundi. L’état d’urgence existe depuis le 30 août.
Au sujet de cette mesure on déclare dans les milieux autorisés qu’il s’agit d’une précaution «en vue d’une manifestation d’indignation éventuelle à la suite de la reconnaissance de la République du Sénégal par la France «.

12 septembre 1960
Il y a une équivoque dans la position de Hettier de Boislambert : celui-ci était accrédité auprès du gouvernement fédéral du Mali, il est aujourd’hui ambassadeur de la France auprès de la République du Sénégal. Le gouvernement fédéral du Mali a été informé dimanche à midi de la reconnaissance de la République du Sénégal par la France, mais pas de l’accréditation de Hettier de Boislambert comme ambassadeur à Dakar.

19 septembre 1960
Le congrès extraordinaire de l’Union soudanaise, qui devait tenir ses assises samedi dernier à Bamako, a été reporté au jeudi 22 septembre.
De même, la session extraordinaire de l’Assemblée soudanaise, qui devait s’ouvrir samedi soir, a été reportée à une date ultérieure.
D’autre part, Doudou GUEYE, représentant fédéral et secrétaire administratif du parti de la Fédération africaine, est arrivée à Bamako.
Enfin la présidence du conseil de la Fédération du Mali vient de publier une ordonnance aux termes de laquelle est créé un office soudanais des changes appelé notamment à contrôler tous les règlements financiers effectués entre le territoire de la République soudanaise et ceux de tous les autres États membres ou non de la zone franc.

20 septembre 1960
Un accord est intervenu entre la République française et la République soudanaise pour le regroupement des forces terrestres françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Sevare, Ségou, Nioro et Kayes sur la base de Kati, située à 15 kilomètres à l’est de Bamako.
Ce mouvement est conforme aux accords de coopération franco-maliens signés en juin dernier à Paris. Ces accords prévoyaient notamment le maintien de la base terrestre française de Kati et celui des trois bases aériennes de Bamako, Tessalit et Gao.
Aux termes de la décision franco-malienne, les diverses garnisons françaises terrestres devaient avoir réintégré la base de Kati au 1er octobre 1960. À cette même date, et selon la même décision, l’état-major de la brigade stationnée à Bamako et placée sous le commandement du général Claude Charles sera dissous. Les effectifs fiançais stationnés au Soudan n’étant pas officiellement connus, il n’est pas possible encore de connaître le chiffre total des troupes devant faire mouvement. On sait seulement, de source informée, qu’il est relativement peu important.
On apprend dans les milieux officiels que le gouvernement du Mali vient de demander le détachement, en qualité de conseillers techniques auprès des forces maliennes, de trente officiers et sous-officiers français, et qu’une demande similaire sera faite dans les prochains jours en ce qui concerne des cadres des armes spécialisées.
Concernant la gendarmerie, dont le commandant de groupement, le lieutenant-colonel Marcel Auriol, et ses officiers ont quitté Bamako, on croit savoir que, là aussi, le gouvernement fédéral envisage de faire appel à un certain nombre d’entre ses membres comme conseillers techniques.

20 septembre 1960
Réuni mardi à Dakar sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, le bureau de l’Union progressiste sénégalaise a prononcé l’exclusion de Doudou GUEYE, Boubacar GUEYE et Patrice DIOUF.
Doudou GUEYE, qui vient de rejoindre Bamako, était représentant à l’Assemblée générale du Mali au titre de la délégation sénégalaise. Il assumait en outre les fonctions de secrétaire administratif du parti de la Fédération africaine.
Boubacar Gueye était ministre de la justice dans le gouvernement fédéral du Mali. Il fut le seul des quatre ministres fédéraux sénégalais à avoir assisté au conseil des ministres du gouvernement fédéral présidé par le président Modibo KEITA à Dakar le 19 août dans la soirée, qui devait amener la réaction du Sénégal et son retrait de la Fédération du Mali.
Enfin Patrice Diouf était directeur du cabinet du président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Lamine GUEYE.

Jeudi 22 septembre 1960
Le congrès extraordinaire de l’Union soudanaise a proclamé jeudi que la République soudanaise s’appelait désormais « République du Mali «, et qu’elle se proclamait libre de tous engagements et liens politiques à l’égard de la France. Debout et par acclamation les congressistes ont constaté que la Fédération du Mali n’existait plus en tant qu’entité territoriale. Le président Modibo Keita a d’autre part annoncé l’instauration d’une économie socialiste planifiée, mais qui n’entraverait par les activités du secteur privé.
La proposition adoptée précise que la « République du Mali « est libre de tous engagements et de liens politiques vis-à-vis de la France, comme le sont la Haute-Volta, la Côte-d’Ivoire, le Niger et le Dahomey.
« C’est la conséquence logique, affirme ce texte, de la caducité des accords franco-maliens que la France a délibérément violés en reconnaissant la République du Sénégal comme État indépendant.»
Déçus sur le plan politique par l’attitude de Sékou TOURE, qui comme Houphouët-Boigny s’est refusé à prendre parti pour l’un ou l’autre des protagonistes de la crise malienne, les responsables Soudanais n’ont pas riposté immédiatement à la reconnaissance de la République du Sénégal par la France, geste déjà imité par une douzaine d’États.
Us ignoraient en effet le nombre et la force des appuis africains sur lesquels ils pouvaient compter. C’est dans ces perspectives que la visite de Houphouët-Boigny dans la capitale soudanaise, annoncée depuis plusieurs jours déjà, peut conduire à un compromis honorable dont la reconnaissance de la disparition de l’entité territoriale de la Fédération du Mali constitue l’amorce.

Le poids des difficultés économiques
Les difficultés rencontrées à Bamako pour assurer un approvisionnement normal du marché soudanais permettent d’envisager des perspectives d’accord économique entre les deux anciens partenaires. En effet, avant l’éclatement du Mali, le trafic mensuel entre le Sénégal et le Soudan portait sur 16 000 tonnes de marchandises de Dakar vers Bamako, et sur 8 000 tonnes de produits divers – essentiellement vivriers – de Bamako vers Dakar. L’essence, dont le prix de vente vient d’être substantiellement relevé, risque de manquer au Soudan. Le chemin de fer Dakar-Niger restant fermé au trafic, un transfert de wagons-citernes est envisagé sur l’Abidjan-Niger.
D’autre part, à partir de janvier prochain 50 000 tonnes d’arachides soudanaises devront être évacuées par l’Abidjan-Niger, qui ne dispose pas du matériel spécialisé nécessaire. Enfin, les commerçants dioulas sont de plus en plus nombreux à se plaindre de l’arrêt des échanges avec le Sénégal.
Ainsi, malgré l’incertitude qui pèse sur l’avenir des rapports franco-soudanais, il existe des éléments favorables à la reprise du dialogue entre Bamako et Dakar. Certains responsables politiques soudanais, dont HAIDARA Mahamane Alassane, Président de l’Assemblée, Jean-Marie KONE, vice-président du gouvernement, estiment indispensable d’éviter une rupture. Sans doute le Président Modibo KEITA lui-même s’apprête-t-il à défendre des thèses analogues, mais la tendance intransigeante, animée au sein du bureau politique par Madeira KEITA, reste aussi réservée à l’égard du gouvernement sénégalais qu’elle s’est montrée peu conciliante à l’égard du gouvernement français.

22 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA ouvre la voie à une reprise du dialogue avec ses anciens partenaires sénégalais. En effet, en reconnaissant le fait accompli que constitue l’éclatement de la Fédération du Mali, il se rallie à une thèse défendue à Dakar depuis plusieurs semaines. D’autre part, l’adoption du nom de « République du Mali «par la République soudanaise se fait en parfait accord avec les dirigeants sénégalais qui consentent à ce « sacrifice d’amour-propre «.

22 septembre 1960
L’Assemblée soudanaise, convoquée en session extraordinaire, a officiellement entériné les motions du Congrès de l’Union soudanaise, s’employant à renforcer l’indépendance. La totalité des compétences jusque-là détenues par la Communauté ont été transférées au gouvernement malien, et les prérogatives du chef de l’État malien ont été confiées au Président Modibo KEITA.
La situation étant ainsi clarifiée, rien ne s’oppose plus à l’admission de la République soudanaise à l’O.N.U. sous le nom de Mali. Le gouvernement français a d’ailleurs l’intention de parrainer cette candidature auprès de l’Assemblée générale, en même temps que celle de la République du Sénégal.

22 septembre 1960
La décision prise à Bamako de dégager la République du Mali de tout lien politique et de tout engagement envers la France n’implique pas de rupture totale. L’attitude adoptée est analogue à celle des dirigeants ivoiriens et de leurs amis du Conseil de l’Entente.
Le Président Modibo KEITA ne pouvait évidemment pas défendre des positions se situant en deçà de celles qui avaient été adoptées il y a trois mois par Houphouët-Boigny. D’autre part, dans l’atmosphère enfiévrée qui règne à Bamako depuis un mois le leader soudanais ne pouvait pas manquer, ne fût-ce que par concession vis-à-vis des éléments extrémistes de son parti, de se montrer très ferme dans ses propos.
Mais, pour continuer à bénéficier de l’assistance technique française, les pères fondateurs du Mali nouveau veilleront à ne pas rompre avec Paris. Ayant des problèmes pratiques à résoudre, ne souhaitant pas adopter une ligne de-conduite guinéenne, dont ils ont mesuré les conséquences, ils se rallieront à la formule du statu quo. Tout au plus invoqueront-ils la caducité des accords lorsque leur application leur sera défavorable…
Un fait est significatif : au moment même où s’opère le regroupement sur la base de Kati des forces françaises stationnées sur le territoire de la République du Mali ceux qui ont proclamé la République demandent des instructeurs militaires français.

23 septembre 1960
Le Président Modibo KEITA a adressé un télégramme au général de Gaulle pour l’informer des décisions prises par le gouvernement de la République du Mali.
Les observateurs présents à Bamako ont remarqué à l’issue du congrès de l’Union soudanaise que les motions qui demandaient la rupture des relations diplomatiques avec la France et l’évacuation des bases militaires cédées à la France n’ont pas été retenues, à l’initiative de Jean-Marie KONE, vice-président du gouvernement.
L’attention s’est également portée sur un passage du discours de Idrissa DIARRA, dans lequel le secrétaire politique de l’Union soudanaise se déclarait «douloureusement peiné en constatant que certains dirigeants africains acceptent délibérément de se faire les auxiliaires de la division en Afrique, et, nous prêtant des sympathies pour telle ou telle idéologie, faisaient exprès de confondre un certain dirigisme économique avec le communisme».

26 septembre 1960
Un communiqué commun publié à l’issue des entretiens entre Houphouët-Boigny et Modibo KEITA déclare que les responsables des Républiques de Côte-d’Ivoire et du Mali ont décidé de procéder à des rencontres le plus fréquentes possible en vue d’une coopération plus étroite, en particulier dans le domaine économique et social.
«Conscientes, ajoute le communiqué, de la nécessité absolue de mettre l’Afrique à l’abri des compétitions qui ne peuvent que contrarier son évolution et le mieux-être de ses populations, les deux Républiques sont convenues de tout mettre en œuvre pour que la paix soit l’impératif premier de leur action politique et qu’une solidarité effective sur la base de l’égalité s’établisse entre tous les États africains. «

26 septembre 1960
Léopold Senghor, président de la République du Sénégal, a écrit au président Houphouët – Boigny pour lui demander de proposer une conférence de la Table ronde en vue du regroupement de toutes les nations d’Afrique occidentale d’expression française, y compris la Mauritanie et la Guinée.
D’autre part le président du conseil du Sénégal, Mamadou Dia, a adressé une lettre au président du gouvernement de la République du Mali pour lui faire part du « très vif désir que le gouvernement du Sénégal témoigne de reprendre le dialogue avec le gouvernement du Mali en vue de normaliser les relations communes, notamment dans le domaine économique et financier».

26 septembre 1960
Prenant acte que la République soudanaise avait pris le nom de République du Mali, le gouvernement français a décidé de reconnaître cette République comme État indépendant et souverain, annonce-t-on au secrétariat d’État chargé des relations avec les États de la Communauté.
Cette reconnaissance a été notifiée au président Modibo Keita par Wybaux, consul général de France à Bamako, lequel, en attendant que soit nommé dans cette ville un agent accrédité de chef d’État à chef d’État, ce qui exige une délibération du conseil des ministres, a été désigné en qualité de chargé d’affaires.

26 septembre 1960
À la séance du Conseil de sécurité des Nations unies, convoqué pour aujourd’hui 26 septembre, la France a pris ses dispositions pour co-parrainer et pour appuyer la candidature de la République du Sénégal et de la République du Mali comme elle l’a fait pour les candidatures des États africains et malgache qui ont accédé à l’indépendance en accord avec elle.
D’autre part que les États-Unis et l’Allemagne fédérale ont reconnu de leur côté samedi les Républiques du Sénégal et du Mali.
Enfin, les États membres du Conseil de l’Entente – Dahomey, Haute-Volta, Niger et Côte-d’Ivoire – ont reconnu la République du Sénégal simultanément, tandis que la République du Congo (Brazzaville) reconnaissait dimanche 25 septembre les deux Républiques du Sénégal et du Mali, et la Suisse lundi cette dernière.

Mardi 27 septembre 1960
A son retour de Bamako, Houphouët-Boigny a évoqué à l’aérodrome d’Abidjan, en des termes extrêmement chaleureux, sa rencontre avec les responsables de la République du Mali. Le président du R.D.A. a notamment affirmé :
« …Nous revenons de Bamako réconfortés par tout ce que nous avons vu par tout ce que nous avons entendu. C’est vous dire que les entretiens que nous avons eus avec les dirigeants de la République du Mali se sont déroulés dans une ambiance de franche cordialité, de réelle amitié, et pour tout dire de fraternité.
Nous avons foi dans l’avenir radieux de la République du Mali ; nous avons confiance dans ses dirigeants, et notamment dans celui que nous ne considérons pas seulement comme un compagnon de lutte, un frère que nous avons retrouvé avec joie et fierté, mais qui est de plies, vous le savez tous, le disciple écouté de notre grand et sage Mamadou Konaté…»
Et de conclure :
« …Nous demandons au peuple de la Côte-d’Ivoire de tendre une main fraternelle au peuple de la République du Mali pour qu’ensemble, fraternellement unis, ils puissent parcourir ce long chemin semé d’obstacles qui doit nous mener à l’émancipation réelle de nos deux peuples dans l’amitié, la paix, la liberté et la fraternité. «

28 septembre 1960
La mission du Mali en France a publié un communiqué dans lequel elle déclare que « le gouvernement de la République du Mali a été amené à prendre des mesures conservatoires en matière de règlements financiers extérieurs à la suite d’opérations anormales de transfert de fends qui se sont produites ces jours derniers et de l’atmosphère injustifiée de spéculation que certains tentent de créer.
Les mesures prises par le gouvernement du Mali, précise le communiqué, n’ont aucun caractère discriminatoire et sont strictement techniques… «

28 septembre 1960
Le Conseil de sécurité se réunit cet après-midi à 15 h. 30 (heure française) pour examiner les demandes d’admission à l’O.N.U. de la République du Mali et de la République du Sénégal.
On se rappelle que la semaine dernière l’Assemblée générale avait décidé de surseoir à leur admission, malgré la recommandation favorable du Conseil de sécurité, en raison de la difficulté juridique créée par la rupture de la Fédération du Mali.
Il est probable que les candidatures du Mali et du Sénégal seront maintenant rapidement approuvées par l’Assemblée générale.

28 septembre 1960
C’est par acclamation que l’Assemblée générale a adopté mercredi après-midi 28 septembre 1960 les résolutions franco-tunisienne et franco-tuniso-cingalaise en faveur de l’admission du Sénégal et du Mali.
Armand Bérard (France) rappelle que le 20 septembre dernier Couve de Murville « avait exprimé le regret de ne pouvoir saluer les Républiques du Sénégal et du Soudan en même temps que les onze autres États qui, longtemps liés à la France, et devenus pleinement indépendants, venaient d’être admis à l’O.N.U. «, et émis le souhait que les circonstances permettraient bientôt leur admission. «Le vœu alors formulé s’est heureusement réalisé «, dit Bérard.
Apportant à l’Assemblée «le témoignage d’une longue et amicale coopération avec les populations de ces deux États «, le délégué français déclare que les Républiques du Sénégal et du Mali sont deux États profondément démocratiques, dont les populations ont été habituées à la vie politique, et dont les dirigeants ont manifesté leur expérience.
Bérard adresse aux représentants des deux Républiques les félicitations les plus chaleureuses de la délégation française, ainsi que les vœux de bonheur, de prospérité et de succès que le gouvernement et le peuple français forment pour leurs pays.

Mongi Slim (Tunisie), saluant l’entrée du Mali et du Sénégal à l’O.N.U., se déclare convaincu que les deux nouveaux membres africains auront à cœur de manifester leur solidarité envers les pays africains «qui s’efforcent encore avec de douloureux sacrifices d’arracher leur liberté et leur indépendance à une domination obstinée «. Mongi Slim a souligné d’autre part que les deux Républiques ne manqueront pas d’apporter leur contribution au prestige et à l’autorité des Nations unies à un moment où la tension internationale s’accroît au point de risquer de porter atteinte à l’Organisation internationale.

Les vœux du Conseil de l’Entente
Issofou Djermakoye, parlant au nom du Conseil de l’Entente (Dahomey, Haute-Volta, Niger et Côte-d’IvoIre), déclare notamment que la sagesse grâce à laquelle la rupture de la Fédération du Mali n’a pas donné naissance à un autre drame affectant toute l’Afrique devrait être un exemple : «Puisse cette sagesse inspirer le règlement des conflits d’abord par la recherche sur place d’une solution pacifique sans intervention extérieure, dont le caractère spectaculaire, à défaut d’une connaissance de la psychologie africaine, et malgré toutes les bonnes volontés, risque d’aggraver la situation. «

Quaison-Sackay (Ghana) fait remarquer que l’entrée du Mali et du Sénégal se produit à une date – le 28 septembre – qui est le deuxième anniversaire de la décision de la Guinée d’exiger son indépendance immédiate. C’est une ironie de l’histoire, estime le délégué ghanéen, en soulignant qu’à l’époque les dirigeants français avaient déclaré que la décision guinéenne était un «suicide «. Quaison-Sackay estime que l’admission du Mali et du Sénégal aidera à éliminer d’Afrique tous les vestiges du colonialisme et à préserver le continent africain des antagonismes Est-Ouest.

Doudou THIAM, ministre des affaires étrangères du Sénégal, déclare ensuite que son pays sera à la hauteur des responsabilités nouvelles qui lui incombent. Il rend un vibrant hommage à l’action de la France en Afrique noire, œuvre derrière laquelle se profilaient, dit-il, la lucidité et la hauteur de vues du général de Gaulle. Il ne faut pas entrer clans l’avenir à reculons, dit encore le ministre sénégalais, «il faut y entrer dans la conscience de l’indépendance et non pas avec l’obsession du fait colonialiste «.

MAMADOU AW (Mali) : la guerre d’Algérie est une raison suffisante pour la rupture entre la France et les États africains.
C’est alors que Mamadou AW, chef de la délégation du Mali, après avoir rendu hommage à deux de ses parrains. Ceylan et la Tunisie, récusa a posteriori avec une grande violence de termes le parrainage de la France. Ce parrainage, dit-il, est un « acte contre nature «. «Nous tenons à le dénoncer solennellement à cette tribune «.
Le délégué du Mali ajoute : «Nous tenons à dénoncer les manœuvres scandaleuses qui se sont déroulées dans les couloirs de l’Assemblée pour faire imposer la France comme parrain de notre pays. Et la France a voulu nous parrainer malgré une mise en garde formelle de notre pays. « Mamadou AW a stigmatisé à ce propos la campagne orchestrée contre le Mali par la presse parisienne.
«Notre position à l’égard de la question algérienne est une cause directe de l’éclatement de la Fédération du Mali «. déclare Aw, se prononçant pour l’indépendance de l’Algérie, et ajoutant que cette position est celle de tous les États africains dans leur conscience.
Il déclare encore que « les sacrifices des patriotes algériens, après les sacrifices des patriotes vietnamiens, sont à l’origine du processus de décolonisation auquel les États africains doivent leur indépendance. La guerre d’Algérie est à elle seule une raison suffisante pour la rupture entre la France et les États africains-», affirme le délégué du Mali, accusant la France de « génocide « et annonçant qu’il exposera toute sa position sur l’Algérie dans le débat qui s’engagera sur ce problème à l’O.N.U.
Le chef de la délégation du Mali déclare que du fait de la disparition de la Fédération du Mali les accords passés entre la France et cette Fédération ont disparu. Le Mali se sent aujourd’hui dégagé de tous liens avec la France. L’orateur met ensuite en garde contre le danger d’une « katangisation « de l’Afrique, télécommandée par le néo-colonialisme. Seul un regroupement de caractère politique, puis de caractère économique, peut sauver l’Afrique, dit-il.
Sur la question de savoir si le Mali va se ranger du côté de l’Est ou de l’Ouest. AW déclare : « Le respect de la souveraineté nationale du Mali conditionnera toutes nos alliances.» Il ajoute que les nouveaux pays sont conscients de la menace que constitue une aide extérieure assortie de conditions politiques. Il affirme cependant que les nouveaux pays ne se trouvent pas nécessairement devant un tel choix et qu’ils peuvent constituer une troisième force des jeunes nations sous-développées ayant besoin de paix.

BÉRARD : la France ne regrettera pas d’avoir parrainé le Mali.
Usant du droit de réponse, Armand Bérard déclare que la France avait parrainé l’admission du Mali aux Nations unies sur la demande formelle du gouvernement de la République du Mali. «Pris d’un dernier scrupule, j’ai communiqué cette nuit même avec Bamako. Il m’a été confirmé que la position du président Modibo Keita restait la même «, révèle Bérard.
«Malgré tout ce que le délégué du Mali a pu dire de la France et tout ce qu’il pourra dire encore, la France ne regrettera jamais d’avoir parrainé son pays à l’Organisation des nations unies, car, ce faisant, elle est restée fidèle à son idéal et à ses principes «, conclut Bérard.
L’assemblée plénière lève ensuite sa séance.

29 septembre 1960
Alors qu’on avait pu penser un moment que la violente diatribe de Mamadou AW à la tribune de l’O.N.U. était une initiative personnelle, il apparaît que le délégué de la République du Mali à New-York n’a pas – quant au fond tout au moins – outrepassé les consignes qu’il avait reçues de Bamako. Une déclaration de Abdoulaye MAIGA, chargé d’affaires de la République du Mali à Paris dissipe toute équivoque à ce sujet. On constate cependant qu’au moment où les nouvelles autorités maliennes récusent violemment le parrainage de la République française à l’Assemblée générale des Nations unies, le président Modibo Keita adresse un message au Premier ministre Debré pour remercier le gouvernement français d’avoir reconnu son pays.
En effet, le président Modibo KEITA, président de la République du Mali, a fait remettre jeudi 29 septembre 1960 à Michel Debré un message le remerciant de la reconnaissance de la République du Mali par le gouvernement français.
D’autre part, au sujet du parrainage de la candidature de la République du Mali à l’O.N.U., la radio du Mali a diffusé jeudi la mise au point suivante faite par le gouvernement provisoire de la République du Mali :
• Le gouvernement de la République du Mali a effectivement demandé à la Tunisie et à Ceylan d’introduire sa candidature ;
• En dehors de ces deux États, le gouvernement du Mali n’avait sollicité aucun autre parrainage
• Le gouvernement du Mali n’avait jeté aucune exclusive sur un autre pays qui aurait voulu appuyer sa candidature.

30 septembre 1960
Interrogé sur les incidents qui ont marqué l’admission de la République du Mali à l’O.N.U., MAIGA, chef de la mission malienne à Paris, nous a répondu :
«La délégation française à New-York était avertie depuis une semaine, date à laquelle Ceylan et la Tunisie avaient été pressentis comme parrains de la République du Mali. C’est dire si la délégation malienne avait dissipé depuis longtemps toute illusion à ce sujet. «
Au sujet de la communauté, Abdoulaye MAIGA a affirmé : «Je ne cesse pour ma part de répéter que la République du Mali n’est plus dans la Communauté, et qu’il n’est pas question qu’elle y rentre. Nous signerons avec la France des accords de coopération, mais ces conventions seront conclues hors de la Communauté. Il ne faut pas persister à défendre des institutions périmées. «

4 octobre 1960
Modibo KEITA, chef du gouvernement provisoire de la République du Mali, quitte mardi octobre Bamako pour New-York, où 11 assistera aux travaux de l’Assemblée des Nations unies.

7 octobre 1960
Abdoulaye MAIGA, chef de la mission de la République du Mali en France, a été appelé en consultation par son gouvernement. Il a quitté Paris vendredi soir pour Bamako.
Par décision du conseil des ministres du Mali du 13 octobre 1960, Bocar N’DIAYE qui effectue actuellement un stage à l’ambassade de France à Bruxelles est nommé chargé d’affaires ayant rang d’ambassadeur auprès de la République française et de l’Allemagne fédérale. Quant à Abdoulaye MAIGA, précédemment chargé d’affaires du Mali à Paris, il est nommé délégué permanent à l’O.N.U. en même temps qu’ambassadeur du Mali auprès du gouvernement des États-Unis.

13 octobre 1960
Le délégué du Mali à l’ONU Mamadou AW fait une mise au point et dénonce le « machiavélisme « du parrainage de la France à la candidature du Mali à l’O. N.U. Il affirme que le Mali n’avait jamais sollicité le parrainage de la France, parrainage qui, dit-il, «aurait porté préjudice à notre indépendance «.
Il déclare que «l’on veut se servir des troupes des Nations unies « pour mettre à la tête du gouvernement central du Congo» une marionnette adaptée aux besoins impérialistes «. Il dénonce « l’ersatz de katangisation provoqué par la France, qui a abouti à l’éclatement de la Fédération du Mali. Aucune provocation de la France ne nous entraînera dans une lutte fratricide avec nos frères sénégalais «, affirme-t-il.
Le délégué du Mali qualifie ensuite la guerre d’Algérie de « cancer « de la France. Il dénonce « l’hypocrisie de la pacification « et « le verbiage gaulliste «. Il se prononce pour « toute proposition tendant à mettre fin à la guerre d’Algérie, à organiser un référendum sous le contrôle des Nations unies en Algérie et à fixer un calendrier de ces opérations «.

2 novembre 1960
La République française et la République du Mali ont décidé d’élever leurs représentations diplomatiques au rang d’ambassades. Le gouvernement malien a donné son agrément à la nomination de Fernand Wibaux, consul général de France à Bamako, comme chargé d’affaires.

5 novembre 1960
Le gouvernement américain a offert au gouvernement du Mali une aide économique et technique. Les autorités maliennes annoncent que leur gouvernement a accepté cette aide.
C’est dans un communiqué conjoint publié samedi matin 5 novembre à Bamako que cet accord a été annoncé, le premier conclu entre le gouvernement du Mali et une délégation étrangère.

9 novembre 1960
A la suite d’une récente déclaration de Messmer, ministre des armées, sur la défense de l’Afrique, le parti gouvernemental de l’Union soudanaise (R.D.A.) a publié un communiqué spécifiant notamment :
« A) Que la République du Mali n’est liée à la République française par aucun accord, à plus forte raison de défense ;
« B) Que la mise en place de l’armée malienne a été faite dans l’esprit des accords passés entre la France et l’ex-Fédération du Mali, rendus caducs par le seul fait de la République française et dénoncés ensuite par la République du Mali ;
« C) Que les solutions empiriques adoptées par la France et la République du Mali avant de nouvelles discussions pour de futurs accords de coopération, ne sauraient avoir valeur d’accords. «
Rappelons que Pierre Messmer, parlant au déjeuner de l’Association des journalistes d’outre-mer, avait évoqué en termes généraux le regroupement des forces françaises en Afrique noire en vertu des accords, sans faire état de la situation particulière de la République du Mali.

21 novembre 1960
Le Dr Kwame Nkrumah, président de la République du Ghana, accompagné d’une délégation comprenant 9 ministres a entrepris lundi 21 novembre 1960 une visite officielle de cinq jouis au Mali, où il aura des entretiens avec le président Modibo Keita, chef du gouvernement malien
Dr Kwame Nkrumah, président de la République du Ghana, est arrivé à Bamako, où il a été accueilli par Modibo Keita.
Après avoir reçu un accueil enthousiaste de la population, le chef d’État ghanéen s’est rendu au palais du gouvernement ou, dans une allocution, il a insisté sur les liens d’amitié qui unissent les deux pays, déclarant : «Notre union profitera à l’Afrique tout entière. «

25 novembre 1960
Au cours d’un discours prononcé à Ségou, le Dr Nkrumah président de la République du Ghana, a déclaré en présence du président Modibo Keita, chef de l’État malien « Je m’attends qu’un jour le Ghana et le Mali soient unis comme autrefois. «
Auparavant, l’homme d’État ghanéen avait affirmé : «Nous allons étudier avec Keita certaines choses qui seront la première pierre d’une union politique pour l’Afrique. «
Les deux chefs d’État se sont ensuite rendus à Sikasso avant de gagner Bamako, où une séance de travail a marqué la fin de la visite du président ghanéen.

25 novembre 1960
Au terme d’une visite de dix jours, la délégation gouvernementale du Mali a quitté ce matin vendredi Israël à destination de Bonn. Dans l’après-midi de jeudi 24 novembre 1960 trois accords ont été signés par Jean-Marie KONE, vice-président du conseil du gouvernement du Mali, et Mme Golda Meir, ministre des affaires étrangères, portant sur la coopération technique, les échanges culturels et les services aériens. Un accueil particulièrement chaleureux a été réservé à la délégation malienne dans tous les milieux qu’elle a approchés.
De leur côté, Jean-Marie KONE et les membres de sa suite ont tenu à manifester à l’égard d’Israël une amitié totalement dépourvue de cette réserve prudente dont croyaient devoir s’entourer les délégations africaines qui les ont précédés.
En débarquant en Israël Jean Marie KONE a proclamé avec force que son pays n’oubliera jamais qu’Israël a été le premier pays à lui proposer son assistance alors qu’il n’avait pas encore acquis son indépendance, « et les amis qui se sont manifestés dans les moments difficiles sont ceux que l’on n’oublie jamais «, a encore déclaré Jean Marie KONE. Le Mali est le premier pays africain à signer un accord à Jérusalem avec le gouvernement israélien.
Évoquant, au cours d’une réception les éléments d’affinité entre les deux pays, Ben Gourion, parlant en français, a rappelé qu’ils avaient les uns et les autres connus la discrimination raciale et s’en sont libéré. « En outre, a-t-il précisé, notre pays et le vôtre sont moitié couverts de déserts et n’oublions pas que peut-être les plus grands mouvements d’idées de l’Histoire, tels le judaïsme et l’Islam, ont eu leurs origines dans des régions désertiques’’.

26 novembre 1960
Dans un communiqué diffusé samedi 26 novembre 1960 par la radio de Bamako, le ministère de l’intérieur et de la défense fait état d’» incidents graves « qui depuis quatre mois, à la frontière mauritano-malienne, ont fait au total seize morts et plusieurs blessés graves.
Ce communiqué assure que trois de ces incidents ont eu lieu contre des Maliens sur leur territoire, et poursuit en affirmant que «ces agressions sont en général le fait de féodaux qui veulent continuer à exploiter leurs anciens esclaves fixés à demeure au Mali. Ces féodaux agissent souvent avec la complicité des autorités locales de Mauritanie «.

27 novembre 1960
Le Ghana et le Mali auront un Parlement commun, a déclaré le président Nkrumah à son arrivée à Accra, venant de Bamako, où il vient d’effectuer un séjour de près d’une semaine. Bien que cela ne soit pas dans le communiqué, c’est une chose que je tiens à divulguer «, a précisé le président du Ghana.
La déclaration commune signée par les présidents Nkrumah et Modibo KEITA, en conclusion des travaux entre la délégation ghanéenne et les responsables du Mali, spécifie d’autre part que « les deux chefs d’État sont arrivés à un accord complet sur les problèmes ayant fait l’objet de leurs entretiens. Ils ont arrêté certaines mesures tendant à renforcer leurs liens d’amitié «.
Enfin le communiqué déclare que «pour concrétiser l’expression de leur coopération la République du Ghana accorde à la République du Mali un prêt à long terme «. Aucun chiffre n’a été avancé, même officiellement, sur l’importance de ce prêt.

7 décembre 1960
Trois mois après l’éclatement de la Fédération du Mali, les dirigeants de Dakar ont, comme ceux de Bamako, renoncé à normaliser les relations entre les deux capitales.
A Dakar, on n’ignore pourtant pas les conséquences que la rupture des liens fédéraux a entraînées pour les industries du Cap-Vert. Les ‘’Soudanais’’ représentaient en effet un marché de consommation de quatre millions d’hommes. De nombreuses entreprises ont réduit la durée des heures de travail, d’autres ont dû procéder à des licenciements. La répercussion paraît plus importante dans les textiles, et l’industrie ivoirienne, en concurrence directe avec Dakar, en profite. Dans le domaine des transports, les conséquences sont également assez lourdes, surtout en ce qui concerne le chemin de fer : le déficit budgétaire Dakar-Niger est estimé à près de 1 500 millions CFA pour la fin de l’année, si les relations ne sont pas rétablies avec le Mali. Mais on n’a constaté au Mali aucun effondrement économique spectaculaire, seules les petites entreprises ayant réellement souffert.
L’importance de la récolte d’arachides, estimée à 900 000 tonnes, chiffre encore jamais atteint, dissipe d’ailleurs les inquiétudes que pourrait susciter la crise frappant les industries locales. D’autre part le gouvernement a décidé d’adopter un ensemble de mesures destinées à relancer le commerce sénégalais : certaines importations ont été provisoirement interdites, le soutien a été accordé à certaines exportations, des accords commerciaux sont en préparation avec des pays voisins.

LA REDACTION

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : Les forces patriotiques pour la refondation du Mali (FPR) sur la désignation du Colonel-Major Bah N’daou: » Nous allons soutenir la transition politique pour la refondation du Mali et faire la 4è République «

Fri, 25/09/2020 - 18:32
Plusieurs jeunes présidents de partis politiques se sont regroupés au sein d’un rassemblement dénommé  » Forces Patriotiques pour la Refondation du Mali (FPR-Mali)  » afin de soutenir la transition politique. Pour ces leaders politiques, cette période transitoire de 18 mois est une opportunité et ouvre une meilleure ère pour réaliser le changement tant attendu afin de refonder l’Etat et procéder à l’avènement de la 4è République. A cet égard, ils se sont félicités de la désignation du président et du Vice-président de la Transition, respectivement Colonel-major à la retraite Bah N’Daw et Colonel Assimi Goïta.

 

L’information a été donnée, hier, jeudi 24 septembre, lors d’une conférence de presse, animée à la Maison des Aînés de Bamako, par le porte-parole des Forces Patriotiques pour la Refondation du Mali (FPR-Mali) et président de l’ADEPM, Aboubacar Sidicki Fomba. Il était entouré par le président de l’UPM, Baïla Niang et celui de  »Ante son », Me Yamoussa Traoré.

Ainsi, dans un bref rappel, l’orateur a campé l’événement par un survol de l’actualité, c’est à dire la mise en place des organes et la désignation, lundi 21 septembre dernier, par un collège, des personnalités devant diriger la transition au Mali, notamment le président et le Vice-président de ladite Transition. Il s’agit respectivement de l’ancien Ministre de la Défense sous le président déchu, (en 2014), Colonel-major à la retraite Bah N’Daw et du Colonel Assimi Goïta, jusque-là, président du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP). Ils prêteront serment ce matin, vendredi 25 septembre, pour occuper leurs nouvelles fonctions.

A entendre leur porte-parole  » les FPR-Mali invitent dès lors tout le peuple du Mali à se joindre à cette initiative politique combien salutaire pour la mise en marche de la République du Mali vers un nouveau destin de développement économique, sociopolitique et sécuritaire « . En outre, les FPR-Mali ont demandé à la communauté internationale, singulièrement celle de la sous-région de soutenir la volonté du peuple malien à sortir des crises sociopolitiques et économiques dans lesquelles il est plongé depuis des années.  » Nous allons soutenir la transition politique pour la refondation du Mali et faire la 4è République « , ont-ils réaffirmé.

Ces jeunes leaders des partis politiques ont indiqué que les FPR s’inscrivent dans la dynamique de l’avènement de la quatrième République. Et de conclure que les FPR-Mali  » entendent prolonger leurs actions dans toutes les capitales régionales du Mali pour la réussite de la transition dans l’intérêt du Mali et des citoyens maliens.  »

Daouda SANGARE

Source : l’Indépendant

Categories: Afrique

Mali : Polémique autour de la construction d’une voie en CI: Clément porte plainte contre un conseiller du chef de quartier

Fri, 25/09/2020 - 18:29
Pour diffamation et atteinte à l’intégrité morale, le porte-parole de la plateforme de lutte contre la corruption et le chômage (PCC-Mali), le Pr Clément Dembélé, a porté plainte contre Salia Mariko, conseiller du chef de quartier de Dianguinébougou et également porte-parole du collectif des associations pour le développement dudit quartier (CADD).

 

La plainte a été introduite au niveau du tribunal de Grande Instance de la commune I, la semaine dernière. Par la suite, l’affaire a été renvoyée au Camp I de la gendarmerie pour les auditions des parties, le mercredi 16 septembre 2020.
Selon les témoignages, tout a commencé lorsque le jeune Salia Mariko fait un vocal sur le réseau social (WhatsApp) pour s’adresser aux habitants du quartier de Banconi Dianguinébougou. Dans cet enregistrement sonore, il accuse le Pr Clément Mamadou Dembélé, dans le quartier, d’avoir détourné les travaux de réalisation d’une route du quartier à son seul profit. Dans son vocal, M. Salia Mariko précise que le collectif, dont il est le porte-parole, avait demandé à la direction régionale des routes d’entretenir la route qui passe devant le domicile du Chérif Haidara. Pour Salia Mariko, le Pr Dembélé a usurpé le projet de son collectif pour le transformer en travaux de réalisation de caniveaux pour faciliter l’accès à son domicile à Dianguinébougou.
Approché par nos soins, le plaignant, le Pr Clément Mamadou Dembélé, non moins membre du M5-RFP, nous a expliqué que M. Mariko raconte des balivernes. En effet, poursuit-il, depuis un an et demi, il avait commencé les démarches de son projet pour refaire la route qui passe entre les quartiers Nimoribougou et Dianguinébougou. En août dernier, le Pr Clément Dembélé soutient que le directeur national des routes lui a envoyé un message pour rassurer que sa demande a été acceptée pour refaire la voie qui passe par Nimoribougou.
Dans les propos du porte-parole du PCC-Mali, les autorités communales ont été alertées par lui-même par rapport aux travaux, dont le commissariat du 6e Arrondissement et le maire Oumar Togo avant de préciser que les travaux ont démarré le 06 septembre 2020. Bien avant ces travaux, Clément Dembélé nous a confié qu’il dépensait, depuis quelques années, entre 2 50 000 à 300 000 francs CFA après chaque saison hivernale pour réparer la route en question qui conduit à son domicile.
Pour ce qui concerne la confusion entretenue par M. Mariko sur le détournement de leur projet, Clément explique qu’il s’agit de deux projets distincts qui n’ont pas les mêmes objectifs.
« Dans la demande que le collectif des associations pour le développement de Dianguinébougou a adressée à la direction régionale des routes, l’objet est : Entretien de la route de Cheick Cherif Ousmane Madani Haidara. Cette route est différente de celle qui sépare les quartiers Nimoribougou et Dianguinébougou, alors qu’il s’agit de réalisation de caniveaux pour ce qui est de la voie qui mène à mon domicile », a dit le Pr Dembélé.
Il a expliqué qu’il dépense 150 millions pour la construction des caniveaux qui n’ont pas été pris en charge par l’entreprise ‘’AGEROUTE’’. Il a affirmé aussi que c’est lui qui a signé le contrat avec l’entreprise pour les travaux de la route.
Donc, les propos de M. Mariko contre lui relèvent du faux et de la diffamation. C’est pourquoi le Pr Dembélé a confirmé qu’il a porté plainte contre le seul et unique jeune du nom de Salia Mariko à Dianguinébougou, au tribunal de la Commune I, pour diffamation et atteinte à son intégrité morale.
Enfin, Clément Dembélé nous a confié qu’il ne retire pas sa plainte contre Salia Mariko tant que la justice avant que la justice ne fasse son travail.
De son côté, l’accusé Salia Mariko, conseiller du chef de quartier et porte-parole du CADD, a dit que son collectif avait adressé une demande à la direction régionale des routes pour la construction de la route qui passe devant le domicile de chérif Ousmane Madani Haidara. Selon Salia Mariko, l’accusé de réception de la correspondance lui est parvenu le 03 juillet 2020. Avant de préciser que l’objet de la demande portait sur : ‘’l’entretien de la route Cheick Cherif Madani Ousmane Haidara’’.
Dans les propos de Salia Mariko, il est ressorti que son collectif (CADD) avait effectué des visites de terrain en 2018 avec le directeur régional des routes du district de Bamako, au cours desquelles, la direction régionale a expliqué que pour protéger la route en question, il fallait que des caniveaux soient faits aux abords de la route qui fait frontière entre les quartiers Nimoribougou et Dianguinébougou. C’est après cela, selon Salia Mariko, que le directeur régional des routes a rassuré les membres du CADD, à travers un appel téléphonique, a promis que son service va intégrer leur demande dans son programme.
Le porte-parole du CADD a expliqué que ses membres ont été informés quelque temps après, par la direction régionale, que les travaux de la route ont commencé.
A la grande surprise des membres du CADD, le Pr Clément Mamadou Dembélé a rassemblé les habitants en leur disant qu’il a fait venir un projet pour la construction de la route qui fait frontière avec Nimoribougou et Dianguinébougou, d’une valeur de 300 millions de francs Cfa, financé par lui-même.
Doutant de la sincérité du Pr Dembélé, les membres du CADD ont convoqué d’urgence, une réunion pour activer leur cellule de communication afin de démentir les propos de Clément Dembélé concernant les travaux de la route.
« J’ai été autorisé par les responsables du collectif des associations pour le développement de Dianguinébougou de passer le message comme quoi, c’est le projet du CADD qui a été détourné sur la route qui sépare Dianguinébougou et Nimoribougou », a dit Salia Mariko.
Salia Mariko a insisté à dire que le projet en cours pour déblayer la route qui sépare les quartiers de Nimoribougou et Dianguinébougou est venu du collectif des associations pour le développement de Dianguinébougou. « Nous le disons à qui veut l’entendre », a conclu Salia Mariko.

Par SABA BALLO

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : Discours d’investiture du président de la transition, Son Excellence Bah N’Daou

Fri, 25/09/2020 - 18:24
Son Excellence Umaro Sissoco Embalo, Président de la République de Guinée-Bissau, Son Excellence Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria et médiateur de la CEDEAO,

Son Excellence le Professeur Dioncounda Traoré, Président de la Transition malienne de 2012-2013

Madame la Ministre des Affaires étrangères du Ghana, pays qui assure la Présidence de la CEDEAO,

Monsieur le Représentant de la MINUSMA,

Monsieur le Représentant de MISAHEL, Son Excellence Pierre Buyoya, ancien Président de la République du Burundi,

Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,

Anciens Premiers ministres et anciens ministres,

Chefs d’institutions en fonction et anciens,

Gouverneurs, maires et Conseillers municipaux,

Autorités Politiques, morales, religieuses et coutumières,

Ambassadeurs et représentants des organismes de coopération,

Compatriotes de l’Intérieur et de l’Extérieur,

Représentants de la Société civile et de syndicats,

En vos rangs, grades et qualités,

Tout protocole observé,

Qu’il vous plaise qu’avant toute chose, je rende grâce à Allah de nous avoir permis de voir ce jour, de faire en sorte que nous nous rencontrions pour le Mali, pour la grandeur du Mali, pour le confort du Mali !

Puissent ceux d’entre nous qui jouissent d’une bonne santé, continuer à bien se porter !

Puissent celles et ceux d’entre nous qui souffrent de maladie recouvrer la santé !

Puisse l’âme des êtres chers qui nous ont quittés, reposer en paix ! Ayons une pensée pieuse pour les soldats du Mali et des forces amies, tombés sur le champ d’honneur, FAMAs, Barkhane, Minusma qui ne sont là que pour assister le Mali dans sa guerre de libération. Ayons également une pensée pieuse pour tous les morts civils tombés lors de cette guerre et lors des récentes manifestations politiques !

Pour  tous ces morts, je vous prie d’observer, avec moi, une minute de silence.

Je voudrais ensuite saluer le Conseil National de Salut Public pour son esprit patriotique, son sens du discernement et sa capacité d’écoute. L’investiture de son Président le Colonel Assimi Goita en tant que vice- président de la Transition en porte témoignage.

L’action du CNSP du 18août, tout le monde en convient, est la conséquence de la très grave crise sociopolitique qui a paralysé la vie de la nation des mois durant.

Au collège qui a porté son choix sur ma modeste personne pour présider cette transition, j’exprime toute ma gratitude.  Je suis honoré par son geste et je voudrais lui dire ici que je me battrai de toutes mes forces pour mériter sa confiance.

Que l’on me permette également de souhaiter la bienvenue au Président de la Guinée-Bissau, Umaru Sissoco Embalo, en terre africaine du Mali ! Président Embalo, vous êtes chez vous, chez vos frères et chez vos sœurs.

Acceptez l’assurance de notre profonde sympathie et de toute notre gratitude pour votre présence ô combien significative parmi nous, en ce moment et en ce lieu !

Ma gratitude va également et bien entendu à la CEDEAO pour sa constante sollicitude envers notre pays et pour les sages conseils que le médiateur Son Excellence Goodlcuk Jonathan n’a cessé de prodiguer à ses frères maliens depuis juin.

Il est des nôtres désormais. Je salue sa présence et je voudrais l’assurer de la détermination des Maliens à conduire une transition stable, apaisée et réussie, dans les conditions et l es délais convenus. Plaise à Dieu !

Professeur Dioncounda Traoré, cher aîné, merci de venir rehausser de votre présence l’éclat de cette cérémonie. Que vous soyez à nos côtés ne nous surprend guère car tout ce qui concerne le Mali vous mobilise ! Votre expérience, votre endurance, votre foi en le Mali nous guideront.

Mes chers compatriotes,

Il me plait, solennellement, de dire à haute et intelligible voix, que je serai toujours disponible pour servir le Mali. Servir le Mali est un privilège et cela doit être un honneur pour chacune de nous, pour chacun de nous.

Malgré les poids des ans, malgré le confort de la retraite, je ne pouvais me soustraire à l’appel du devoir. Je ne pouvais hésiter un seul instant à sortir de mon champ pour venir, moi aussi comme beaucoup d’autres avant moi, à la rescousse de ce pays.

Le Mali m’a tout donné. Je suis heureux d’être son esclave soumis, prêt à tout pour qu’il renoue avec la pleine légalité constitutionnelle, avec des autorités élues, des représentants légitimes.

Je n’ai pas d’autre mission. Je n’ai pas d’autre prétention.

Il s’agit pour moi et il doit s’agir pour chacune et chacun, d’apporter sa petite contribution, sa petite pierre à la consolidation de l’édifice national.

Car la maison commune est ébranlée, affaiblie, humiliée. Elle tremble dans ses fondements depuis au moins une décennie.

Oui, il ne faut pas avoir peur des mots : le Mali est ébranlé, piétiné,  humilié. Ebranlé, Affaibli, humilié par ses propres enfants, par nous-mêmes, par personne d’autre que nous-mêmes.

Et nous ne pouvons continuer, de manière incantatoire, à garder la tête dans le sable et à répéter sans chercher à empêcher le naufrage, à nous convaincre que le navire pourrait tanguer mais qu’il ne chavirerait jamais. Il peut chavirer et il chavirera si nous continuons à le faire tanguer.

Alors, si nous voulons survivre en tant qu’Etat, en tant que nation, nous devrons, sans perdre plus de temps, nous remobiliser.

Il faut qu’au cours de cette transition, nous nous donnions la main, que nous réfléchissions profondément ensemble pour reconstruire notre démocratie, laquelle avait été jadis, une vitrine admirée.

Nous devons tirer toutes les leçons de notre vécu immédiat, de notre histoire récente. Nous devons pouvoir identifier quelles ont été et quelles sont encore les forces et les faiblesses de notre parcours, quelles sont les opportunités que nous devons tirer de la transition en cours et quelles sont les menaces qu’il nous incombe d’enrayer.

Chers compatriotes,

Chers partenaires du Mali,

Une transition ne saurait tout faire. Elle doit se donner des priorités. Les nôtres ont été débattues, validées et consignées dans la Charte nationale de la Transition issue des journées de concertation des 10, 11 et 12 septembre dernier.

C’est cette charte qui constituera mon bréviaire et si je dois donner ma vie pour que la transition soit menée à bon port, je n’hésiterai pas une seconde. Je suis prêt au sacrifice, prêt au sacrifice suprême pour que le Mali redevienne le Mali de nos rêves et de nos potentialités.

Ma plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République élu, élu proprement et élu indiscutablement.

Pour cela, il nous faudra sans délai mener une réflexion profonde sur les tares de nos processus électoraux et ce, à l’effet de nous doter de bons textes, de bonnes pratiques, de solides contre-pouvoirs, car ce sont ceux-là, la force de toute démocratie.

Au nom du peuple malien qui ne saurait être privé de ses choix, au nom de la vérité des urnes qui doit être la seule norme en démocratie, je combattrai sans concession les scrutins aux coûts astronomiques, la fraude électorale, l’achat de voix, l’incursion de l’administration dans le processus électoral, la perversion des résultats pour les Cours d’arbitrage.

Chers compatriotes,

Une telle mission, je le sais, se mènera sur le socle de la guerre sans merci qu’il faudra continuer à livrer aux forces terroristes et au crime organisé.

Ces fléaux accablent certaines parties du pays depuis plus d’une décennie. Leur sanctuaire s’élargit au détriment de la sécurité nationale.  Les demi victoires ne suffisent plus pour les vaincre

Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête.

L’armée, il est vrai, ne doit combattre que l’ennemi. Elle ne saurait être coupable d’exactions contre les populations civiles. Cela ne peut pas être accepté et ne sera pas accepté.

Cependant, les moyens de l’armée iront désormais totalement à l’armée et seulement à l’armée.

Chaque centime investi pour la défense et la sécurité de ce pays surveillé et évalué, tant que je présiderai aux destinées de la Transition. J’en prends ici le serment.

La bonne gestion de nos ressources, de nos maigres ressources est, en effet, une obligation.

Ce sera là un chantier de la Transition. Il sera quotidien. Il sera renforcé et ne sera pas négligé un seul instant.

Générer des ressources optimales au niveau national n’est pas un luxe. C’est une exigence et celle-ci passe par l’utilisation judicieuse de nos maigres deniers.

Je ne peux pas promettre zéro corruption mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé, de manière traçable et raisonnable. Avec tous les sacrifices que cela comporte, en termes de mesures systémiques et de répression des crimes et délits économiques.

Tous les dossiers d’enquêtes réalisées par nos structures de vérifications seront transférés au juge, au besoin. Il m’appartiendra de garantir à la justice les moyens de diligenter leur traitement.

Le Dialogue National Inclusif a balisé la voie. Dans les semaines à venir, je ferai tout pour que mettre en place le Comité chargé de la mise en œuvre de ses importantes recommandations.

Chers compatriotes,

La transition qui s’ouvre ne remettra en cause aucun engagement international du Mali ni les accords signés par le gouvernement. L’Accord pour la Paix et la Réconciliation sera appliqué et ne sera révisé que d’accord partie.

Il en va de l’honneur de la République. Et il est important de redire aujourd’hui en ce lieu et en ce moment, que le Mali c’est le Nord, c’est le Centre, c’est le Sud, c’est l’Ouest, c’est l’Est, c’est l’ensemble de ses régions, l’ensemble de ses terroirs, l’ensemble de ses cultures, sa diversité, toute sa diversité, son admirable diversité. Nous devons préserver notre pays à tous. Et c’est à chacun de nous de jouer sa partition.

Il nous faudra également gérer, avec l’efficacité maximale la pandémie COVID 19. Il importe pour ce faire, de capitaliser les réussites, renforcer la prévention par le respect des mesures barrières. A aucun moment, nous ne devons baisser la garde. Le gouvernement de transition qui sera incessamment formé fera de la lutte contre cette redoutable pandémie une de ses plus grandes priorités.

Le Mali vaincra !

Vive la démocratie !

Que Dieu nous bénisse !

Categories: Afrique

Le président malien prête serment, promet une transition civile sous 18 mois

Fri, 25/09/2020 - 18:16
Le président et le vice-président de transition au Mali, Bah Ndaw, retraité de l’armée, et le colonel Assimi Goïta, ont pris officiellement, vendredi, leurs fonctions pour une période de 18 mois. Une transition qui doit permettre le retour au pouvoir d’un gouvernement civil issu d’élections.

“Conduire une transition stable, apaisée et réussie dans les conditions et les délais convenus”. Dans son discours d’investiture, vendredi 25 septembre, à Bamako, le président de transition Bah Ndaw a détaillé sa feuille de route : “tout faire pour que le Mali renoue avec la pleine légalité constitutionnelle, avec des autorités élues et des représentants légitimes“.

L’officier à la retraite de 70 ans et le colonel Goïta, chef de la junte au pouvoir depuis le putsch du 18 août contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, ont prêté successivement serment devant le président de la Cour suprême, Wafi Ougadeye Cissé.

Cette investiture est censée marquer le début d’une période de transition d’une durée maximale de 18 mois préparant des élections générales et le retour des civils à la tête du pays, a rappelé le procureur général de la Cour suprême, Boya Dembélé.

“Elle ne doit pas s’éterniser, cela s’entend”, a insisté le procureur, citant à plusieurs reprises les articles de la “charte de transition” du 12 septembre, dont le contenu n’a pas été officialisé.

Vers une levée des sanctions ?

La cérémonie, à laquelle assistaient de nombreux militaires en uniforme, s’est tenue en présence de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, médiateur mandaté par la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui doit décider de lever ou non ses sanctions à la suite de cette double investiture.

“Nous sommes optimistes sur le fait que cet événement marquera le début du retour à la normalité au Mali”, a indiqué M. Jonathan, jeudi soir, sur son compte officiel Twitter.

Lors d’un sommet sur la crise malienne la semaine passée, la Cédéao avait réclamé la nomination immédiate de civils comme président et Premier ministre de transition.

Bah Ndaw, un colonel-major à la retraite, a été brièvement ministre de la Défense en 2014 du président Keïta. C’est lui qui nommera le Premier ministre, selon le plan de transition retenu par la junte.

Le choix du Premier ministre est considéré comme l’affaire de quelques jours au maximum.

AFP

Categories: Afrique

Mali : CULTURE : sans le savoir tous les peuples africains n’ont jamais fait que parler la même langue.

Fri, 25/09/2020 - 15:30
Que signifient les mots « bélé », « simbo », « penda » ?  

Il me vient  l’envie de vous causer d’un mot bambara rare : la racine « bélé » aujourd’hui en désuétude dans le bambara des milieux urbains. C’est cette racine qui construit par exemple le mot « bélé-bélé-ba » de « grand, gros, volumineux ».   

C’est une racine universelle à l’échelle du continent. On la retrouve dans le terme touareg « béléhè » qui désigne le fait de « gaver (les jeunes filles) » donc de les rendre « grosses » ; ou dans le terme dogon « bélu », toujours de « grand, gros, volumineux » tel dans la notion « na bélu » de « grand ancêtre » ; ou encore dans le mot swahili « béléya », dont nous traiterons à une autre occasion.

C’est une racine héritée d’une souche proto-historique commune à tous les peuples africains. Cette souche avait pour habitat le Sahara-central entre le néolithique et le mésolithique (6 000 à 12 000 ans avant J. C).

Le Sahara était alors une savane verdoyante, et c’est son assèchement entre 5 000 et 6 000 ans avant J.C, qui fit les actuels Africains migrer vers le sud (et vers l’Est, pour les futurs ancêtres des Égyptiens). Confère, les travaux du professeur Fabrizio de Mori sur « La Momie Noire » – Université la Sapienza de Rome.

En l’an 1 000 de notre ère, les descendants de cette souche matricielle avaient fini d’investir tout le continent, de Dakar à Djibouti et du Caire au Cap de bonne espérance. Un processus de peuplement qui n’inclut bien sûr pas les souches plus antérieures que sont les Bushmen et les Adzabé. Lesquels vivent sans interruption dans leurs habitats actuels depuis 100 000 ans avant J.-C.

Un autre héritage fascinant de cette souche centre saharienne est la racine « simba » qui désigne le « lion » dans le lingala, le swahili et presque toutes les langues bantu.

Dans le malinké, cette racine a évolué pour donner le mot « simbo » (simple apophonie du vocable « a » en « o »). Dans cette langue malinké, « simbo » désigne le « chasseur » – simple équivalence sémantique de l’idée « chasseur animal » à celui de  « chasseur humain ».

Un dernier exemple tout aussi fascinant est celui de la racine « pènda » qui dans le swahili et le lingala, signifie « aimer ». Dans le peul, « Pènda » est un prénom exclusivement réservé à la fille comme l’objet « d’amour » le plus précieux dans cette culture.

Une infinité d’autres racines héritées de cette souche néolithico-mésolithique foisonne un peu partout sur le continent. Tous les peuples africains n’ont jamais fait que parler la même langue… sans en avoir conscience… car ils sont tous nés de la même tribu.

Malick Naillé Coulibaly  

Source : LE COMBAT

Categories: Afrique

Mali: éducation : faire de la lecture un moyen d’auto formation

Fri, 25/09/2020 - 15:27
De nos jours, au Mali, beaucoup d’élèves et étudiants ne mesurent pas l’importance de la lecture pour la réussite de leur cursus scolaire. Cette méconnaissance est très souvent due à leur fréquentation ainsi qu’au manque de surveillance des parents.

Dans un monde où l’éducation prime sur presque tout, il est préférable de s’en donner tant qu’il est temps .Certes, les cours sont favorables à l’éducation scolaire, mais au-delà de cela, la lecture demeure un exercice efficace vers l’autoformation. La lecture est une parfaite découverte de soi ainsi que des autres, car tant notre société et ses règles sont décrites dans les ouvrages, tant d’autres mondes trouvent leur histoire et leurs réalités dans les livres. De ce fait, lire c’est comme voyager. Car les livres parlent de tout et sur tout.

Ainsi lire c’est non seulement se distraire, mais également comprendre les règles des langues et se former. Il est plus important et nécessaire d’encourager un groupe d’enfants à la lecture qu’à des  activités festives. La réjouissance en est que, la lecture devient pour eux comme un plat  auquel ils s’habitueront.

Comme le dit un proverbe, « Tel un homme qui ne mange pas s’affaiblit, l’esprit qui ne lit pas s’appauvrit. »

Adama Diarra

Maliactu.net

Categories: Afrique

Mali : Tribune/ l’ancien Premier Ministre, Moussa Mara s’interroge : qu’avons-nous fait de nos soixante ans ?

Fri, 25/09/2020 - 15:25
Que pouvons-nous rectifier pour nos cent ans ?

En ces temps troublés, il est souhaitable d’éviter les comparaisons ou d’évaluer les régimes et les Présidents qui se sont succédé à la tête du Mali pendant les soixante dernières années, si l’on veut faire une analyse productive de ce qui s’est passé depuis l’indépendance. La comparaison des régimes ouvrirait indubitablement de vieilles blessures et monopoliserait inutilement le débat. Tant est qu’au Mali, nous avons malheureusement pris l’habitude de remplacer les débats d’idées par des querelles de personnes !

Ce qui serait plus utile est de mettre l’accent sur les faiblesses structurelles que nous n’avons pu corriger en soixante ans. À celles-ci, il convient d’ajouter les défis actuels qui complexifient les équations nombreuses auxquelles notre pays fait face. Cela nous permettra ensuite de tracer les voies stratégiques que nous devons emprunter pour qu’en 2060, au moment où le pays fêtera ses cent ans, les Maliens vivent mieux qu’aujourd’hui, plus sûrs d’eux-mêmes et davantage confiants en l’avenir.

Ce que nous n’avons pu changer en soixante ans

Quatre faiblesses structurelles sont demeurées à travers les six décennies du Mali indépendant.

La première est l’incapacité de l’État à répondre aux diversités ethniques, religieuses, territoriales et philosophiques des Maliens. Il suffit de regarder la carte du pays pour se rendre compte que c’est un pays fortement hétérogène, de rencontre et de métissage. Il n’est pas possible de gérer un pays aussi divers de manière uniforme. Les réalités vécues par les Maliens sont fort différentes, leurs cultures et traditions également. La forme étatique choisie, son organisation et ses modalités de fonctionnement ne sont pas adéquates. Cela crée des chocs depuis 1960 et en créera encore à l’avenir.

La seconde faiblesse structurelle de notre pays est son administration dont l’ADN est son insensibilité à la satisfaction des usagers. Le rapport entre l’administration et le citoyen est un rapport de force, de violence, d’iniquité et d’injustices de toutes sortes. Il pénalise grandement l’État et la nation.

Notre incapacité à soustraire notre économie de la traite, de la faible diversification et de ses fondamentaux coloniaux créent le lit du chômage de masse et de la constitution de groupes oligarchiques autour des facteurs de ressources et donc de la grande paupérisation des populations. Cela constitue également une forte éraflure à notre tissu social.

Enfin,  la Gouvernance du pays, aux différents niveaux de responsabilité, ne s’est pas traduite par une forte exemplarité des élites et un souci constant du bien-être collectif. La corruption, l’enrichissement illicite, les détournements de biens publics ont le plus souvent caractérisé les élites maliennes qui ont ainsi globalement trahi la confiance placée en elles par les populations.

La résultante de six décennies où  les potentialités du pays n’ont pas été exploitées comme il faut, sur fond d’incapacités étatiques, ont ainsi grandement affaibli le pays et surtout réduit sa grande cohésion sociale qui reste encore aujourd’hui sa principale force.

Des défis nous sont posés par le Monde d’aujourd’hui et de demain

Certains défis posent des équations redoutables à solutionner qui si elles ne sont pas résolues auront des conséquences significatives. Cela rend d’autant plus incertaines les perspectives maliennes.

Le premier de ces défis est constitué par les changements climatiques et leurs conséquences de raréfaction des ressources naturelles, de pluviométries incontrôlées et d’absence de prévisibilité des éléments naturels. Pour un pays qui dépend en grande partie de la nature et de ses manifestations, cette évolution est lourde de menaces.

Le second défi est relatif à la démographie et à l’urbanisation. La croissance importante de la population, mais également son mouvement massif vers les villes sont synonymes de pressions importantes sur les ressources et de déséquilibres majeures sur les plans économiques, socio culturels et même politiques.

Ensuite, les évolutions technologiques et les confrontations continuelles entre modernité et traditions posent de nombreux problèmes dans les rapports sociaux, les équilibres de nos cellules familiales, notre système de gouvernance et de démocratie, les formes de citoyenneté pour les jeunes…

Il y a enfin un environnement international incertain et qui risque de l’être encore avec de nombreux facteurs géopolitiques, sanitaires, sécuritaires ou économiques de volatilité. Dans les années à venir, la seule certitude sera qu’il n’y aura rien de certain ! Pour un pays comme le Mali, si soutenu par la communauté internationale, ce défi doit être traité avec gravité et un sens aigu de responsabilité.

Les desseins à nourrir pour le Mali des 40 prochaines années

Quatre faiblesses structurelles conjuguées avec quatre défis majeurs jettent un voile d’incertitudes sur l’avenir de notre pays. Nous devons y faire face de manière résolue. Pour ce faire, nous devons avoir quatre desseins majeurs pour faire du Mali ce qu’en espéraient les pères de l’indépendance.

Le Premier dessein est de bâtir un État solide, visionnaire, efficace et ancré par des institutions légitimes. Cet État devrait travailler dans la prospective (vision de long terme) en mobilisant toutes les ressources nationales vers ces objectifs stratégiques, quelques soient les pulsations de la démocratie.

Le second dessein est la qualité des ressources humaines maliennes. Nous devons faire de l’éducation, le renforcement des compétences nationales et du patriotisme des jeunes nos priorités absolues.

Ensuite, il y a la nécessité d’orienter les fondamentaux économiques sur la domestication de la valeur ajoutée, une plus grande consommation des productions locales et une insertion forte de l’économie nationale dans les chaines de valeurs mondiales en privilégiant nos forces. Le patriotisme économique ne doit pas être seulement un slogan au Mali. L’efficacité économique et la compétitivité aussi !

Enfin, la construction d’une démocratie réelle soutenue par le dialogue permanent entre les différentes composantes de la société et une redevabilité forte des représentants à l’égard des populations. Nous devons nous inscrire dans cette direction avec la volonté d’une amélioration constante dans le souci de privilégier les intérêts des citoyens.

Nous avons à inscrire résolument notre pays dans la voie du progrès continu, avec des caps précis qui s’imposeront à tous, chacun étant appelé à faire sa part de travail. C’est à ce prix que nous donnerons une chance à notre pays face aux tumultes du monde.

Moussa MARA

www.moussamara.com

Source : Le Combat

 

Categories: Afrique

Mali : Le jeu de piste tronqué du CNSP

Fri, 25/09/2020 - 15:21
Le colonel Assimi Goïta, nouveau dirigeant du Mali, lors d’une rencontre avec les chefs d’État de la région au cours d’un sommet à Accra (Ghana) le 15 septembre. FRANCIS KOKOROKO/REUTERS Les Maliens, de plus en plus dubitatifs, observent les manœuvres des putchistes du 18 août dernier. Ils ne se privent même plus d’exprimer avec plus ou moins d’âpreté leur méfiance vis-àvis d’une junte dont l’intervention décisive avait sans doute évité au pays une effusion de sang qui aurait certainement été encore plus importante que celle qui avait assombri les manifestations des 10, 11 et 12 juillet.

Après avoir suscité, au lendemain de «la démission» d’Ibrahim Boubacar Keïta, un mouvement de sympathie quasi général au sein de l’opinion nationale et même dans les cercles dits  »révolutionnaires » de pays voisins du Mali, le Colonel Assimi Goïta et ses camarades ont entrainé la classe politique, la société civile et les simples citoyens dans un jeu de piste semé d’embûches dont ils détiennent seuls le code.

En brouillant volontairement les règles d’un jeu, qui était censé guider les Maliens vers des choix éclairés de politiques et, surtout, d’hommes pour baliser les chemins de l’avenir, les  »Officiers supérieurs de Kati » ont semé au sein de la classe politique et des populations le sentiment d’avoir été piégées et d’avoir été  »roulées dans la farine ». En effet, après avoir successivement rencontré les partenaires nationaux (groupements politiques, organisations de la Société civile, confessions religieuses, notamment), ignoré le M5-RFP (contraint de  »défoncer » les portes du bunker de Kati pour être reçu) et organisé les concertations nationales pour la mise en place des mécanismes de la Transition, le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) a dévoilé son jeu, qui consiste à garder la haute main sur la transition.

Proposition et nomination surprise du Président (surtout) et du Vice-président face à un collège de nomination interloqué et incapable d’esquisser le moindre avis. La consultation était-elle déjà tronquée ? L’avenir nous édifiera à ce propos. En attendant, désarçonnée par la nouvelle de la  »cooptation » du Colonel major à la retraite Bah N’Daw et redoutant la réaction de la CEDEAO face à la mascarade qui a contourné son exigence d’un président civil et dévolu la fonction à un militaire à la retraite (peu convaincant dans un rôle de civil), l’opinion nationale n’a pas tardé à crier à la supercherie. Le calme et un certain fatalisme, qui ont ensuite permis aux Maliens d’avaler cette couleuvre sont, selon de nombreux témoignages, liés à la personnalité même du président Bah N’Daw. Ce dernier est, dans l’imaginaire populaire, le prototype même du militaire (ce qui, déjà, le différencie du civil), droit, honnête, très responsable, donc Homme de Principe. Ses différentes démissions de postes qui en faisaient un collaborateur de premier plan, d’abord de Moussa Traoré (Aide de camp), puis d’IBK (ministre de la Défense et des Anciens combattants) ont suffi à convaincre les Maliens à l’inscrire dans leur liste, de plus en plus restreinte, de cadres dignes de confiance, peu portés sur les faux fuyants pour justifier leur veulerie.

Le Comité National pour le Salut du Peuple a donc eu le nez creux en portant son choix sur un tel homme, qui plus est, n’a jamais fait de vague après avoir renoncé à ses fonctions. Il protestait ainsi contre une gouvernance contraire à la vision de ses missions. Mais, pour avoir été régulièrement déçu par les hommes en qui il avait placé sa confiance, le peuple, désormais aguerri dans l’art de la contestation, ne signera pas un chèque en blanc à Bah N’Daw. Face aux importants enjeux de la Transition, dont les Maliens, autant que nos partenaires internationaux, attendent qu’elle impulse et façonne un avenir, sinon vertueux, du moins débarrassé des scories de trente ans d’un système politique davantage voué à des réussites personnelles qu’à contribuer à l’émergence d’une démocratie citoyenne, le nouveau président devra confirmer tout le bien qu’on dit de lui, en veillant au meilleur déroulement de la Transition.

A cet égard, on attend de lui un arbitrage, une direction et une supervision des décisions devant conférer la qualité nécessaire à la Refondation de l’Etat, synonyme de rédemption pour la majorité des populations, sorties meurtries de l’exécrable gouvernance du régime défunt. Que Dieu nous en garde, si le Colonel major à la retraite, président désigné de la Transition, devait échouer dans sa mission, en pratiquant notamment une présidence aux ordres du CNSP, deux conséquences majeures pourraient en découler.

La première serait la résurgence des préventions à l’égard d’une élite militaire largement imputable de la corruption et de la prévarication qui ont fondé le peuple à vouer aux gémonies le système IBK et tous ses soutiens, dont justement cette nomenklatura militaire. La seconde conséquence pourrait se manifester par la reprise des protestations et des dénonciations populaires d’une Transition dévoyée, récupérée par la junte. La tentation serait alors très forte pour le M5-RFP, déjà amer d’avoir été grugé de l’essentiel des bénéfices moraux, politiques et administratifs de son opiniâtre combat contre l’ancien régime, qu’il a d’ailleurs largement contribué à déstabiliser, d’engager un bras de fer avec la junte, en escomptant une récupération politique, cette fois plus accentuée. Une confrontation que les militaires, eux aussi, pourraient être tentés de retourner en leur faveur, de la seule manière qu’ils connaissent: l’usage des armes.

Un tel scénario, s’il se produisait, signerait à l’évidence la fin de la Transition et l’ouverture d’hostilités susceptibles de plonger notre pays dans des bouleversements dont il se relèverait péniblement. La CEDEAO, en participant aujourd’hui à la prestation de serment du nouveau président, ne manquera certainement pas de rappeler la junte et son dauphin à leurs responsabilités pour la réussite de la Transition, en conférant une posture civile à cet intermède républicain de dix-huit mois, chargé de défis. L’organisation sous régionale, amadouée par les souffrances du peuple malien, dont plusieurs voix internationales ont porté le message, annoncera, selon toutes les supputations, ce vendredi, la levée des sanctions qui ont enserré, depuis plus d’un mois, les Maliens dans un corset économique. Le Comité National pour le Salut du Peuple, qui devra logiquement annoncer sa dissolution à la suite de la mise en place de la nouvelle équipe chargée de la mise en œuvre du programme de la Transition, serait bien inspiré de s’abstenir de toute nouvelle manœuvre pour s’enraciner au pouvoir, en interférant de façon cavalière et intéressée dans la nomination des membres civils de la nouvelle équipe transitionnelle.. En cas de nouvelles brouilles avec la CEDEAO, le peuple (dont il prône le salut) ne serait plus enclin à endurer de nouvelles privations…

koumate3@gmail.com

Source : l’Indépendant

Categories: Afrique

Mali : Mali: attention à une transition bâclée!

Tue, 01/09/2020 - 17:03
Le « coup d’État » le plus courtois de l’histoire du Mali a couronné la lutte du M5-RFP le 18 août 2020. Le choc des premiers moments passé, IBK qui a retrouvé ses esprits a déclaré qu’il a démissionné librement et ne souhaite plus revenir aux affaires. Face au vide constitutionnel ainsi créé, place à une transition militaro-civile qui se présente comme une opportunité pour sauver le Mali. Comment la réussir ?

 

SORTIR DES ERREMENTS DE LA 3ÈME RÉPUBLIQUE
Une transition est le passage progressif d’un ordre à un autre. Dans le cas d’espèce, il s’agit de passer d’un régime politique de fait né de la démission du président de la République qui a dissous l’Assemblée Nationale, à un régime de droit instaurant une véritable démocratie. Le paradoxe, c’est que le Mali est une démocratie depuis 1992. Cependant, aucun des régimes qui se sont succédé depuis cette date n’a apporté la stabilité, la paix et le développement parce que chacun d’eux a confisqué le pouvoir et l’appareil d’État au profit d’un clan et/ou d’une famille, favorisant ainsi l’avènement de nouveaux riches grâce à une prédation mafieuse qui n’a cessé de prospérer. Pour revenir à la chute d’IBK, de tous les scenarii envisageables pour sortir du bras de fer qui l’a opposé au M5-RFP, l’intervention de l’armée a été le moins à risques pour le pays. En effet, IBK ne pouvait se maintenir qu’en neutralisant le mouvement, ce qui paraissait quasiment impossible à réaliser sans plonger le pays déjà exsangue dans le deuil et la désolation. Un renversement du président par le M5-RFP aurait conduit à des débordements dont nul ne pouvait prévoir ni l’ampleur ni le coût humain et matériel, sans compter le désordre politique et social qui aurait de toutes les façons obligé les forces de défense et de sécurité à intervenir dans des conditions encore plus pénibles. Le seul véritable coup d’État intervenu au Mali est celui du 19 Novembre 1968 parce que ce jour, l’institution militaire s’est attaquée aux autres institutions, notamment le président de la République pour le démettre, plaçant le pays sous un régime militaire dirigé par le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN). Malheureusement, ni la transition de 1991 instaurée 23 ans après, ni la Constitution de 1992, ni même le régime de Alpha Oumar Konaré n’ont permis de mettre en place un système de référence garantissant la stabilité politique. Réduire l’opposition à sa plus simple expression est devenu l’objectif central du combat politique. Cela a conduit à la transition de 2012, chaotique à tout point de vue. Les mêmes causes ont produit les mêmes effets au mois d’août 2020. Il s’agit à présent de tirer les leçons de cette saga démocratique commencée en 1992 dont l’effet pervers le plus visible est l’apparition d’un pouvoir quasi-monarchique avec toutes ses conséquences.

QUELLE TRANSITION POUR SAUVER LE MALI ?
Comment sortir le pays de la crise sécuritaire, relancer son économie dévastée par la corruption, réconcilier des populations divisées, élaborer un nouveau projet politique cohérent, en se battant pour le repositionnement au plan international ? C’est un vaste chantier pour lequel il faut du patriotisme, de l’abnégation, de l’expérience, mais aussi le temps nécessaire. Les défis sont nombreux et le contexte difficile. Dans l’intérêt du Mali, les éléments des forces de défense et de sécurité réunis au sein du CNSP doivent garder la main en restant vigilants pour qu’aucune faiblesse ne sorte de leur propre rang car, celui qui tient la tête du serpent et s’en dessaisit pour attraper la queue sera mordu. Les forces du changement regroupées au sein du M5-RFP dont le combat a été parachevé par le CNSP resteront en éveil à deux niveaux : contrer en cas de besoin les forces conservatrices et veiller à ce que le CNSP respecte la volonté du peuple malien. Quant aux hommes politiques, la mobilisation et la préparation des futures élections doivent les occuper. De son côté, l’Imam Dicko en tant qu’autorité morale doit conserver une position de repli attentif jusqu’à la fin du processus, car tous ceux qui aspirent au changement aujourd’hui le considèrent comme une valeur morale sûre et les militaires du CNSP en font certainement partie. Ce qui est constant et qu’il faut reconnaître humblement, c’est que IBK n’est pas le seul responsable de la déconfiture actuelle. Alors, que ceux qui ont été de toutes les aventures depuis trente à vingt ans, à moins qu’on ne les sollicite expressément, prennent du recul. Pour une bonne conduite de la transition, il est essentiel de sortir des arrangements de chapelle, des intrigues de salon qui font du mal aux populations et au pays, pour ne voir que le seul intérêt du Mali. Ceux qui organiseront et géreront la transition ne pouvant être candidats à l’élection présidentielle, la voie est libre pour les hommes politiques d’aller à la conquête du pouvoir sur une base garantissant l’équité, la transparence et une compétition loyale.

La transition qui va commencer est une véritable opportunité pour quitter la fange de la corruption et les égouts politiques qui ont mis le pays à genou, à condition de sortir du fétichisme des délais de sa durée, taire les divisions et les revendications sociales, la soutenir fermement afin de jeter les fondements d’une société digne du passé et de l’histoire du Mali. Seule l’armée soutenue par les forces du changement est aujourd’hui capable d’assurer une telle mission en tirant sans complaisance les leçons des errements passés.

Mahamadou Camara
Email : mahacam55mc@gmail.com

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : Gestion de la transition: les concertations nationales se tiendront les 6 et 7 septembre 2020

Tue, 01/09/2020 - 17:02
Les concertations nationales sur la gestion de la transition se tiendront les 5 et 6 septembre 2020 au Centre Internationale de conférences de Bamako.

 

Dans un communiqué publié ce mardi 1er septembre, le Comité National pour le Salut du Peuple CNSP explique que ses assises permettront aux maliens de convenir de la feuille de route de la transition, de définir l’architecture et les organes de la transition. Elles contribueront également à l’élaboration de la charte de la transition, précise le dit communiqué.

Source : STUDIO TAMANI

Categories: Afrique

Mali : Colonel Malick Diaw à la classe politique: ‘‘le Mali a besoin de tous les Maliens’’

Tue, 01/09/2020 - 17:00
Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est dans la logique de tenir une concertation nationale. L’objectif de forum qui se veut inclusif sera de déterminer l’architecture de la transition, la feuille de route, la durée de la transition, entre autre. C’est dans ce cadre que la junte a rencontré hier lundi 31 aout 2020, au ministère de la Défense et des anciens combattants, outre les autres forces vives de la Nation, les partis politiques et regroupements de partis politiques.

 

Voilà deux semaines, des militaires ont renversé le régime de Ibrahim Boubacar Keita. Mais depuis, c’est le statu quo. La transition politique et civile promise par la junte peine à prendre forme. Acculé, à la fois par le M5 et la CEDEAO, le CNSP envisage de tenir une concertation nationale avec toutes les forces vives de la Nation. Objectif : se tirer d’affaires par la mise en place d’une transition politique aussi inclusif que possible, notamment quant à sa gestion.
C’est dans ce cadre que le vice-président du CNSP, le Colonel Malick Diaw, 1er vice-président du CNSP, accompagné d’autres membres de la junte, a reçu la classe politique ce lundi au ministère de la Défense et des anciens combattants. Plusieurs leaders de partis politiques et chefs de regroupements politiques ont honoré de leur présence cette rencontre : Bokary Treta, Moussa Mara, Tiémoko Sangaré, Oumar Ibrahim Touré, Youba Ba, Yeah Samaké. Après les préliminaires la presse a été priée de sortir. Les deux parties pendant une heure ont discuté à huis clos.
Selon plusieurs participants, la rencontre qualifiée de « pré-concertation » a porté sur la proposition de Charte de la transition; le projet de Feuille de route de la transition; le projet d’architecture institutionnelle de la transition; et la durée de la transition. Au cours de la réunion, la délégation du CNSP a informé les participants qu’il sera soumis dans les plus brefs délais aux forces vives du pays des avant-projets de TDR de la « concertation nationale sur la transition » pour avis, ont rapporté plusieurs participants.
A leur sortie, le président de l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM), le Dr Bokary Tréta, s’est réjoui de la marche « d’équilibriste » de la junte face à tous les acteurs. « Nous marquons notre adhésion au processus de la transition politique et civile que les militaires ont annoncée. Nous avons espéré qu’ils tiennent à ce qu’ils se sont engagés à rendre le processus participatif, inclusif et d’être d’égal partage vis-à-vis des forces politiques et sociales », a indiqué le Dr Tréta par ailleurs président du RPM, tout en affirmant la disponibilité de l’EPM à apporter sa contribution à l’organisation et à la réussite de la transition.
En dépit du mécontentement de certains au sein l’ancienne majorité les alliés du président promettent d’être à ce rendez-vous. « Nous viendrons dire comme toutes les forces vices et politiques ce que l’EMP pense de la transition», a insisté Bokary Treta. Mais en attendant la finalisation de leurs propositions en cours de rédaction, l’EPM, selon son président, adhère aux propositions de la CEDEAO qui doivent être seulement adaptées à la situation du Mali. En effet, le vendredi dernier, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont tenu un autre sommet extraordinaire virtuel sur notre pays. Il a été sanctionné par des résolutions de sortie crise. Ils exigent notamment une transition d’une année avec à sa tête un civil ou un militaire à la retraite. La levée de l’embargo sur le Mali est liée à l’application de ces mesures.
Le vice-président du CNSP, Malick Diaw, de son côté, a souligné la nécessite pour les Maliens de discuter au tour de la même table « La concertation va être un cadre d’échange afin de convenir des initiatives pour la bonne marche de la transition. Aujourd’hui, le Mali a besoin de tous les Maliens », a-t-il indiqué tout en rassurant de la bonne marche du processus.
Cette approche d’inclusive de la junte est saluée et appréciée, pour sa part, par le président de l’Adema PASJ, Tiemoko Sangaré. « Nous avons senti la volonté du côté d’agir avec l’ensemble des Maliens et de faire face aux urgences du Mali. A ce titre, nous avons exprimé notre disponibilité à accompagner la démarche et à jouer notre rôle force politique. C’est un bon début, en attendant les autres rencontres », a déclaré le président Sangaré. Selon lui, la politique d’exclusion prônée par le Mouvement du 5 juin pourrait conduire à l’échec de la transition. Les problèmes du Mali n’auront de solution que lorsque les Maliens auront l’intelligence de se mettre ensemble et d’agir ensemble, a-t-il soutenu.
Selon lui, le pays a des défis importants à relever. Pour ce faire, des uns et autres doivent dépasser certaines considérations pour faire face à l’essentiel, conseille-t-il. « Ce qui importe aujourd’hui c’est que personne ne gagne en se mettant dans une posture d’exclusion. Il faut rappeler qu’au-delà de ce qui se passe, on se connaît tous dans ce pays. Donc de ce point, il est important que chacun sache raison gardée », a-t-il déclaré.
Pour le Pr Sangaré, il est facile d’invectiver, il est facile de critiquer, mais ce qui est difficile c’est de poser des actes positifs qui permettent d’avancer. C’est pourquoi, poursuit-il, il faut sortir de certaines postures et de comprendre que le Mali c’est pour nous tous. « Le Mali ce n’est pas Bamako, mais l’ensemble du peuple malien. C’est à preuve du contraire, personne ne peut parler au nom de l’ensemble du peuple du Mali », a déclaré le président Tiemoko Sangaré.
Quant au président du parti Yelema, Moussa Mara, il a affirmé qu’ils ont convenu que les termes de référence de cette rencontre, dont l’avant-projet est déjà prêt, seront envoyés aux participants pour que les uns et les autres puissent regarder afin que la rencontre soit vraiment profitable. « Donc, ça été vraiment positif. Et Inch Allah, on sortira de cette rencontre avec une architecture de la transition », a déclaré l’ancien Premier ministre.

Par Sikou BAH

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : CNSP: ça ne va pas…

Tue, 01/09/2020 - 16:59
Douze (12) jours après le renversement du régime du président IBK, beaucoup de choses ne semblent pas évoluer dans notre grand Mali. Au front, les hommes se battent toujours comme des ennemis invisibles avec tous les risques. Les succès sporadiques ne doivent pas cacher l’énormité de la tâche : la très grande partie de notre territoire échappe à notre contrôle. La présence de 15 000 soldats et policiers étrangers ne nous est pas d’un grand secours, les attaques commencent à s’enregistrer aux portes des villes (Ségou). Au bord du Djoloba, rien ne change : les belles affaires ou empoignades se poursuivent de plus belle. On chicane, on se crêpe le chignon pour des postes. Des deux côtés du Djoliba, il y a toujours ceux qui applaudissent le Prince du jour et ceux qui le maudissent à voix basse. Un Goïta a pris la place d’un Keïta, et tout va au mieux dans le meilleur des mondes. Le CNSP remplace le RPM. Les mêmes pratiques, les mêmes tares. Autant de fautes, de scandales, en tant de jours de pouvoir. Les militaires qui sont aux commandes gagneraient changer le tempo.

 

1. Faire le Coup d’État.
La première faute du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), est le péché mignon de tous les militaires qui entrent en effraction sur scène politique. Contrairement aux berceuses et aux sérénades d’intervention salutaire rechassées par Choguel K. Maïga, il n’y a pas de bon Coup d’État, encore moins de putsch légitime. En tant que rupture de l’ordre constitutionnel, le coup est toujours une agression contre l’ordre démocratique et républicain. Aussi, en intervenant ce mardi 18 août 2020, les militaires conjurés regroupés au sein du Comité national pour le salut du peuple se sont mis en marge avec l’article 121 de la Constitution du 25 février 1992 en commettant un crime imprescriptible : « le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution. La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État. Tout coup d’État ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien ».

2. Putsch non assumé.
On ne peut pas vouloir être en enfer et se plaindre de la chaleur. En intervenant ce mardi 18 aout 2020 à la résidence sis à Sébéninkoro du président élu du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, pour le mettre aux arrêts ainsi que son Premier ministre, les militaires du CNSP perpétraient, sans équivoque, un coup d’État. Il en est de même de l’arrestation des membres du gouvernement et de plusieurs autres personnalités civiles et militaires. Ne pas vouloir assumer ce coup d’État et vouloir la présenter comme une démission volontaire, c’est non seulement une fuite de responsabilité, mais aussi une insulte à l’intelligence des Maliens. En festoyant avec « le peuple du M5 » sur le boulevard de l’indépendance, le 21 aout dernier, les militaires putschistes ont eux-mêmes avoué qu’ils sont intervenus pour parachever le travail de leurs nouveaux amis. Dès, lors l’élégance martiale et la vérité commandent au CNSP, s’il veut être crédible, d’assumer le coup d’État et d’arrêter de nous parler de démission du président. Parce que personne ne croira à la « démission volontaire » d’un président enlevé manu militaire de chez lui, trainé de force par une junte et sous les huées de la population instrumentalisée, conduit dans une caserne, mis nuitamment devant une caméra… qui a dit : « Si aujourd’hui, il a plu à certains éléments de nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? »
Rien ne peut désormais couvrir ce vice de consentement qui, quoiqu’on veuille faire croire aux Maliens, entachera à jamais cette démission obtenue sous contrainte et la menace des armes et dans une caserne.

3. La démission non constatée.
Face à l’insoutenabilité du putsch au plan international surtout, la junte a trouvé la parade de faire démissionner le président en direct à la télé. Cédant aux chants des sirènes du landernau politique, les putschistes pensent bien faire de se cacher derrière une démission qui n’en est pas une. Car, le plus benêt des observateurs sait qu’un président ne choisit pas une caserne pour rendre sa démission. C’est bien beau de dire que personne n’a vu une armée à côté de lui pendant cet enregistrement diffusé sur la chaine nationale, mais l’évidence reste la chose la plus partagée. A ce jour, contrairement à ce que la junte avance, la démission n’a jamais été constatée par la Cour constitutionnelle par un arrêt. En tout cas, l’arrêt n’est pas rendu public, comme en 2012 (Arrêt N° 2012-001/CC/VACANCE du 10 Avril 2012 aux fins de constatation de la vacance de la Présidence de la République). Un défaut de constatation qui rend nulle et nulle d’effet la démission forcée du président IBK.

4. La visite à l’Imam.
Les tarikhs de cette ténébreuse page de notre démocratie retiendront que le matin du mercredi 19 aout 2020 vers midi, une forte délégation de la Junte, qui a renversé la veille le président de la République et qui le détient dans leur caserne à Kati, est allée présenter leur respect à l’Imam de Badalabougou. En réservant sa toute première visite à l’Imam Dicko, autorité morale du M5-RFP, en clair chef de file de la contestation, la junte donne l’impression qu’elle était aux ordres du très éclairé et respecté Imam et auquel elle était obligée de venir rendre compte. En tout cas, le déplacement en grande pompe et en priorité à l’Imam Mahmoud Dicko donne l’impression d’une accointance avec le religieux voire même une allégeance à l’Imam que le CNSP aura du mal à justifier par la suite.

5. Participation au meeting.
Tout le monde, y compris les partisans de la junte, que c’était une grosse bourde de prendre part au meeting du M5-RFP, de s’y faire ovation et prendre la parole pour dire que le coup d’État du 18 aout était le prolongement de la lutte du M5-RFP, que la junte n’a fait que parachever l’ouvre de la contestation.
Manifestant publiquement sa reconnaissance envers un groupe aussi hétéroclite qu’ambitieux, le CNSP s’est rendu redevable du combat de ceux qui tueraient leur Dieux pour une place au soleil. Croyant bien faire, les putschistes s’obligent et se ligotent ad vitam ad aeternam entre les crocs des requins de la contestation. Or, là ce n’est pas loin d’être la posture enviable pour une junte qui souhaite par-dessus tout être à équidistance des chapelles politiques, pour ne pas se compromettre en faisant comme les autres.

6. Détention extra-judiciaire des autorités.
Les nouvelles autorités militaires qui ont pris le pouvoir par la force, le 18 aout dernier, s’enferment dans leur propre piège en arrêtant et en séquestrant les personnalités civiles et militaires du régime renversé du président IBK. En effet, il est bizarre qu’on arrête quelqu’un pour avoir volontairement démissionné. Nier l’arrestation et la détention du président et des autres personnalités civiles et militaires par la phraséologie militaire aussi populiste qu’irritante de sécurisation ne peut prospérer longtemps. Les organisations de défense des droits de l’Homme auxquelles on ne peut longtemps refuser l’accès à ces personnalités établissent des constats peu reluisants de leur situation de détention.
Et les parents des célèbres détenus dénoncent l’entrave à la liberté de communiquer. Or, ça, ce n’est pas bon signe. Ces organisations vont s’en saisir pour nous emmerder.

7. Communication populiste.
Aux premières heures du coup d’État, on avait l’impression que la Junte maitrisait sa Com ; qu’elle s’était payé les expertises et compétences pour cette période de crise ! Mais à longueur d’épreuve, c’est le grand cafouillage et les travers qui ont fait la tombe du régime précédent : intox et infox ! Coup sur coup, on fait croire, à travers des tracts diffusés sur les réseaux que IBK a dit ceci, il a dit cela : min danyé min tigi la yé ! D’abord qu’il a démission de son plein gré (or, nulle part dans sa déclaration cela ne figure), qu’il a donné des conseils aux nouvelles autorités pour ce qui est de la gestion de la Transition.
En faisant passer le président IBK comme un conseiller intéressé de la junte, on tente de déconstruire une image et une légende, celle du Kankelen Tigi, qui n’est jamais entré dans une compromission malgré les tares de gouvernance et les scandales qui ont émaillé ses deux mandats. Dans cette immonde entreprise, on est allé jusqu’à présenter le président IBK comme complice du coup d’État à coup d’infox dans lesquelles, IBK apparaît comme une éminence grise au service de la junte, les conseillant de régler les comptes à ses adversaires et les conjurant de mettre en selle une nouvelle génération de dirigeants.

8. Rupture constitutionnelle.
Le jeudi 27 aout, le secrétariat général du gouvernement publie sur son site un texte intitulé Acte fondamental N° 1/CNSP du 24 aout 2020 dans lequel le Chef de la junte s’arroge le titre de Chef de l’État : « le Comité National pour le Salut du Peuple désigne à son sein un Président qui assure les fonctions de Chef de l’État. Lorsque le Président du Comité est empêché de remplir ses fonctions, de façon temporaire ou définitive, ses pouvoirs sont exercés par un vice-président suivant l’ordre de préséance déterminé par le Comité » (article 32).
Outre le caractère solitaire qui opère une véritable rupture constitutionnelle (« les dispositions du présent Acte qui s’appliquent comme dispositions constitutionnelles, complètent, modifient ou suppléent celles de la Constitution du 25 février 1992. Toutefois, les dispositions de la Constitution du 25 février 1992 s’appliquent tant qu’elles ne sont pas contraires ou incompatibles avec celles du présent Acte. » article 41), l’acte contient certaines inexactitudes qui le rendent caduc. En écrivant dans le préambule « considérant la démission du gouvernement », l’acte fondamental N° 1/CNSP du 24 aout 2020 jure avec la vérité des faits et se trouve dès lors en conflit avec l’ordonnancement juridique. Parce que ce qui s’est passé, le 18 aout, ce n’est pas une démission du gouvernement comme l’énonce l’Acte fondamental mais une dissolution du gouvernement (Décret N° 2020-0346/P-RM du 18 août 2020 mettant fin aux fins du Premier ministre et des membres du gouvernement). Entre les deux, il y a une sacrée différence. Et du reste, c’est la première fois sous la troisième République qu’un président soit obligé de dissoudre le gouvernement. Là aussi, on est à côté de la plaque de la constitutionnalité, car nulle part, la Constitution ne confère le pouvoir de congédier le Premier ministre. Ce dernier doit démissionner.

9. Des annonces bidon.
Le porte-parole qui s’était lancé dans les dénégations et démentis à propos de la durée de la Transition (3 ans) proposée par la junte avant de reconnaître sur TV5 que cela avait été effectivement proposé, surprend encore à propos de l’Acte fondamental N° 1/CNSP du 24 aout 2020. Appelé à défendre le bien-fondé de l’Acte et de la désignation du Coolonel Assimi GoÏta comme chef de l’État, le Colonel-Major Ismaël Wagué explique que : « actuellement la seule institution qui existe, c’est vraiment la Constitution. Il n’y a plus d’Assemblée, il n’y a plus de gouvernement, il n’y a rien d’autre. Maintenant, pour assurer la continuité de l’État, il faut qu’il y ait un chef de l’État. Donc, cet acte permet de prendre le président du CNSP comme chef de l’État qui lui permet d’assurer la continuité de l’État… ». Un second classe de 14-18 ferait mieux.
D’abord, la Constitution n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une Institution. Les Institutions de l’État ne s’arrêtent pas au président, au parlement et au gouvernement. Si le porte-parole de la junte dit qu’à part la constitution, il n’y a rien, faut-il croire que les autres institutions (Cour suprême, Cour Constitutionnelle, Haut conseil de Collectivité, Haute cour de justice) passent à trappe avec le putsch ? Parions que ce soit juste une contre-performance passagère du porte-parole.

10. Le repli stratégique des colonels.
S’estimant maitre de son affaire, la junte de Kati ne veut pas mener les choses à la baguette, mais selon leur bon tempérament. Officiers supérieurs formés dans les prestigieuses écoles de guerre ici et à travers le monde, les responsables de la junte ne comptent jouer les bidasses pour aucun bord politique. Comme cet autre général que l’histoire retiendra, ils veulent se mettre au-dessus des querelles politiques et être à bonne distance des chapelles politiques. A tous ceux qui pensent qu’ils sont les bras armés de l’Imam, les colonels entendent tenir l’équilibre. Pour le prouver : depuis le meeting (l’erreur) du 21 aout, ils ont pris leurs distances avec l’ancienne contestation. Mettant tout le monde dans le même sac, ils convoquent tout le monde au même titre à une rencontre vendredi pour samedi afin d’échanger sur l’organisation de la Transition. Sacrilège ! Le M5-RFP déterre la hache de guerre et crie à la trahison et à la confiscation de la victoire du peuple. L’Imam s’en mêle, son porte-parole enflamme les foules… Pour calmer le jeu, Kati tempère.
Il est vrai que la rencontre avait été décidée à la hussarde. Et beaucoup de ces messieurs qui ont une haute estime d’eux n’ont pas été personnellement conviés. Pour rattraper les ratés organisationnels, les colonels acceptent de reporter le grand bavardage. Un repli stratégique, mais non une capitulation.

11. Le jeu dangereux avec le M5-RFP.
C’est peu de dire que le torchon brûle entre CNSP et M5-RFP. La confiance s’effiloche entre les « deux acteurs majeurs » du 18 aout 2020, entendez par là le coup d’Etat contre IBK. Boudé en début de semaine dernière par le Chef de la junte qui s’est fait représenter par son porte-parole, le M5-RFP prend ombrage et avale les couleuvres. Le partenariat stratégique que souhaite le M5 semble être le cadet des préoccupations de la junte qui unilatéralement décrète Acte fondamental et nomination… au grand dam des « vrais vainqueurs ».
La négligence et l’indifférence affiche envers l’ex-contestation incommode jusqu’au très éclairé et très respecté Imam qui monte sur ses grands chevaux, tance les militaires et les mettent en garde : vous n’avez pas carte blanche. Et Issa Kaou Djim de préciser la pensée du Maître : si vous tenez de confisquer la victoire du peuple, vous nous trouver sur votre chemin.
Dans le contexte très instable du renversement du régime avec toutes les pressions internationales et exigences internes (ne serait-ce que sur le front social) le CNSP gagnerait à temporiser, à montrer patte blanche et à jouer le jeu en attendant l’embellie.

12. Tenir ses engagements envers la Cédéao.
Les cantiques de l’anti-malianisme primaire de la Cédéao ont vécu. Ce que la junte, à travers son porte-parole, dénonce comme ingérence n’est en réalité que la contrepartie de notre appartenance à cette organisation sous régionale. Avons-nous aujourd’hui le choix de ne pas appartenir à la Cédéao ? Comme IBK n’avait d’autres choix que de démissionner, le Mali n’a pas d’autre choix que de respecter ses engagements envers la Cédéao.
La crise pèse déjà durablement sur notre pays. Cela fait plus de deux pays que le Mali est à l’arrêt, agité par des troubles et livré à toutes sortes de bandes terroristes et criminelles. Le Covid-19 est aussi passé par là. Le CNSP n’a pas le devoir de tomber dans les travers d’un nationalisme qui étoufferait davantage l’économie d’un pays continental en proie à une future crise de sa production agricole. En dépit de la bonne pluviométrie, la CMDT se meurt à cause du boycott de la culture du coton, le front social n’est pas sur le point s’apaiser.

LA REDACTION

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : Crise scolaire: ce que les nouvelles autorités proposent aux enseignants

Tue, 01/09/2020 - 16:58
Après un premier rendez-vous le vendredi dernier, à Kati, les nouvelles autorités du pays et les syndicats enseignants ont eu une autre rencontre, hier lundi, dans la ville garnison. À l’ordre du jour, l’application de l’article 39 portant statut du personnel enseignant. Il nous revient que des propositions ont été faites aux enseignants par les autorités qui ont promis d’aller voir leur base avant de revenir autour de la table aujourd’hui mardi.

 

La gestion de la crise de l’école, dont la reprise est imminente, depuis quelques jours focalise toutes attentions. C’est dans ce cadre qu’une importante rencontre a eu lieu, ce 31 août à Kati entre les militaires et les syndicats enseignants.
La qualité des acteurs présents à ce rendez-vous témoignait, dit-on, de l’importance de son ordre du jour. Selon des sources proches de la rencontre, il y avait, en plus de l’ensemble des responsables syndicaux des ordres d’enseignement concernés, ceux des ministères de l’Éducation nationale, de l’Économie et des finances et des cadres du trésor. Il y avait également, la Commission de conciliation nationale qui a supervisé l’accord entre le gouvernement et les enseignants après que l’ex-président ait donné l’ordre pour l’application immédiate et intégrale et immédiate de l’article 39 sous la pression du M5-RFP ; les représentants de l’Association des parents d’élèves et la Commission ‘’Une école apaisée et performante’’.

Côté CNSP, on y notait la présence de hauts responsables, dont le deuxième Vice-président, Sadio Camara et Souleymane Sangaré en plus du patron de la junte militaire, le Col Assimy Goïta.
D’entrée de jeu, c’est le Col. Goïta lui-même qui a pris la parole pour remercier les enseignants et les responsables des ministères en charge de la question pour les efforts entrepris dans le cadre de la gestion de cette crise. Pour lui, il ne s’agit pas d’une nouvelle négociation qui commence, encore moins une quelconque volonté de remettre en cause un acquis syndical, mais la nécessité d’échanger pour être au même niveau par rapport à la situation d’un bien commun qui est le Mali. Point de doute, que les nouvelles autorités ont conscience de l’importance de l’école, de la place des enseignants dont elles ne sauraient piétiner les droits. Mais selon le premier responsable du CNSP, la situation du pays est préoccupante au point qu’il serait difficile de faire face immédiatement à l’ensemble des revendications. Après son retrait, selon nos sources, les échanges se sont poursuivis avec les techniciens de l’école et des finances sur les détails sous la houlette du premier vice-président du CNSP, le colonel Sadio Camara.
Il nous revient que les techniciens des finances ont expliqué aux enseignants, les difficultés particulières du moment à cause de l’annulation des emprunts du moment, le retrait des partenaires ayant conduit à la suspension de plusieurs engagements financiers en faveur du pays. Pire, au niveau national, les techniciens ont fait cas de difficultés de mobilisation financière qui est à son niveau le plus bas.
Après des échanges fructueux, les parties ont convenu, nous a-t-on rapporté, de l’alignement et le payement des arriérés de 2020 sur les salaires du mois de novembre 2020. En deuxième point, les autorités s’engagent à payer les arriérés de 2019 en deux tranches : une première tranche en décembre 2020 et une seconde tranche qui sera payée au mois d’avril 2021.
À l’issue de ces échanges, il nous revient que les syndicats enseignants ont aussi salué les autorités du moment de leur disponibilité avant de leur promettre d’aller restituer à leur base avec de revenir autour de la table ce mardi 1er septembre 2020.

Par Sidi DAO

Source : INFO-MATIN

Categories: Afrique

Mali : Ecole : La reprise conditionnée à l’application de l’article 39

Tue, 01/09/2020 - 16:57
Hier 1er septembre, le CNSP a rencontré une deuxième fois les syndicats signataires du 15 octobre à Kati. L’ordre du jour portait sur les échanges autour de l’application 39.

 

Le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), après la rencontre du 24 août 2020, a repris langue hier avec la Synergie des enseignants de l’éducation sur les modalités d’application de l’article 39. Les négociations ont été âpres entre les deux parties.

Les militaires, nouveaux dirigeants du pays recommandent de repousser le timing de l’application de l’article 39. L’argument mis en avant est la crise sociopolitique et économique du Pays. Selon leurs propos le Mali est en phase de reconstruction et de surcroit sous l’embargo de la Cédéao. L’heure est à la mise en place urgente d’une transition de gouvernance.

Cette proposition n’emballe pas les enseignants signataires du 15 octobre 2016. Il s’agit là pour eux, d’un manque de  respect du statut du personnel enseignant.

La Fédération des parents d’élève et étudiants du Mali souhaitent que le CNSP prenne en compte les conditions liées à la reprise des cours, car les élèves du Mali ont beaucoup peiné durant ces dernières années de grèves intempestives. Les parents d’élèves souhaitent considérablement l’application de la requête des enseignants et cela sans une remise en cause.

Fatoumata Kané

 

Réouverture des écoles privées

La confusion

L’information sur la rentrée scolaire des écoles privées semble confuse.

Plusieurs écoles ont prévu de rentrer en classe ce matin mardi 1er septembre 2020. Par contre hier certains directeurs attendaient encore le feu vert du cap et d’autres réclamaient le paiement immédiat de leurs subventions annuelles.

F. K.

Source : Mali Tribune

Categories: Afrique

Pages