Quatre jeunes Burkinabè formés par l'association Gobelab (le laboratoire du futur) ont décroché la médaille d'or au FIRST Global Challenge 2025, la plus grande compétition mondiale de robotique, tenue cette année au Panama. Dans cet entretien accordé à Lefaso.net, Odilon Simporé, cofondateur et président de Gobelab Burkina, revient sur cette victoire historique, les défis rencontrés, et l'ambition de son organisation : former mille jeunes innovateurs d'ici à 2030.
Lefaso.net : Pouvez-vous présenter brièvement l'association Gobelab et ce qui a motivé sa création ?
Odilon Simporé : Gobelab est une structure qui a pour vocation de promouvoir les nouvelles technologies auprès de la jeunesse et de sensibiliser à leur bon usage. L'association a vu le jour en 2019, à la suite de la fusion de deux importantes communautés technologiques burkinabè : le Google Developer Group (GDG Burkina) et le Geek Developer Network (GDN), qui rassemblait plus de deux mille cinq cents passionnés d'informatique. Depuis sa création, Gobelab s'emploie à former les jeunes dans des domaines variés tels que la robotique, l'informatique, la création de jeux vidéo, le développement d'applications et de solutions numériques. Elle met également un accent particulier sur la promotion de la culture STEAM, c'est-à-dire Science, Technology, Engineering, Art and Mathematics, afin de susciter dès le plus jeune âge l'intérêt pour les disciplines scientifiques et techniques.
Quelles sont les principales activités ou programmes menés par Gobelab ?
Gobelab mène plusieurs activités axées sur la formation et l'innovation technologique. Nous organisons des sessions de formation en programmation et en robotique, et chaque année, nous participons au concours international de robotique FIRST Global Challenge, où nous envoyons cinq élèves pour représenter le Burkina Faso. Nous proposons également des formations en intelligence artificielle, en développement de jeux vidéo et en conception de solutions éducatives innovantes destinées à rendre l'apprentissage plus interactif et attractif.
Vous avez un objectif de former 1 000 futurs innovateurs d'ici 2030. Où en êtes-vous ?
Cet objectif avance bien. Depuis 2019, nous avons déjà formé de nombreux jeunes et certains d'entre eux sont aujourd'hui devenus formateurs à leur tour. Nous avons aussi noué des partenariats, notamment avec Simplon Burkina, dans le cadre du programme Tech for Kids. Ce programme vise à initier les plus jeunes à la robotique, à la programmation et à l'intelligence artificielle. Toutes ces initiatives nous rapprochent progressivement de notre ambition de former mille innovateurs d'ici à 2030.
À combien de concours avez-vous déjà participé jusque-là ?
Nous avons déjà participé à six compétitions internationales. En 2019, nous avons remporté la médaille du robot le plus sécurisé. En 2020 et 2021, nous avons obtenu respectivement une médaille d'argent et une médaille de bronze. Enfin, en 2025, nous avons décroché la médaille d'or au Panama. Cette évolution montre la progression constante de notre équipe et la qualité du travail fourni au fil des années.
Odilon Simporé, cofondateur et président de Gobelab Burkina, plaide pour une meilleure reconnaissance des talents technologiques locauxQue représente la médaille d'or remportée par quatre de vos élèves au FIRST Global Challenge 2025 à Panama ?
Cette médaille d'or est une immense fierté pour nous et pour le Burkina Faso. Le FIRST Global Challenge rassemble chaque année plus de 190 pays autour de la robotique. Voir nos élèves décrocher la médaille d'or est une grande récompense pour leur travail, leur rigueur et leur détermination. C'est aussi une reconnaissance du potentiel et du talent des jeunes Burkinabè. Nous espérons que cette victoire inspirera d'autres enfants à suivre la même voie.
Sur quelle base avez-vous été déclarés vainqueurs et comment s'est déroulée la compétition ?
Le thème du FIRST Global Challenge 2025 était « Restaurer la biodiversité ». Les équipes devaient collecter des éléments symbolisant la biodiversité, appelés biodiversity units, et les remettre à des joueurs chargés de les placer dans des zones spécifiques. Le robot devait également franchir des obstacles représentant les menaces pesant sur la biodiversité, comme les feux de brousse, et grimper sur une corde dans les trente dernières secondes, pour illustrer les objectifs mondiaux de développement. Nous avons opté pour une stratégie hybride en construisant un robot polyvalent, capable d'être performant dans toutes les épreuves. Cette approche équilibrée s'est révélée payante et nous a permis de remporter la médaille d'or.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées avant ou pendant la compétition ?
Nous avons rencontré plusieurs difficultés. L'une des plus importantes concernait la conciliation entre les cours et la préparation du concours, car les élèves devaient à la fois se concentrer sur leurs études et sur la construction du robot. Le financement et la logistique ont également constitué un défi majeur, notamment pour le transport, le matériel et l'hébergement, qui ont souvent été assurés grâce à de petites contributions internes. À cela se sont ajoutées des contraintes douanières, car il a fallu démonter le robot pour le transport puis le remonter entièrement sur place, sans pause, juste avant la compétition. Enfin, la participation de nouveaux élèves, qui découvraient cet univers pour la première fois, a nécessité un important travail d'adaptation. Malgré toutes ces difficultés, l'équipe a fait preuve de courage et de solidarité, ce qui lui a permis de surmonter chaque obstacle.
Le robot conçu par les élèves de Gobelab pour le FIRST Global Challenge 2025, sur le thème « Restaurer la biodiversité »Selon vous, qu'est-ce qui a fait la différence et permis à vos élèves de décrocher cette médaille d'or ?
Ce qui a véritablement fait la différence, c'est l'état d'esprit des enfants. Ils n'ont jamais abandonné malgré les épreuves. Ils ont toujours cherché des solutions, fait des recherches et proposé des améliorations pour perfectionner leur robot. Leur persévérance, leur créativité et leur mentalité de battants ont été déterminantes. Le mérite revient entièrement à ces jeunes, qui ont fait preuve d'un engagement exemplaire et d'une passion sincère pour ce qu'ils faisaient.
Quelle a été la réaction du public, des familles ou des autorités à leur retour ?
Les enfants ont été chaleureusement accueillis par leurs parents, très fiers de leur réussite. Cependant, il n'y a pas encore eu de reconnaissance officielle ni de communication institutionnelle autour de leur exploit. Nous espérons que cette victoire sera mieux valorisée et qu'elle suscitera une plus grande attention de la part des autorités et du grand public.
Avez-vous reçu un soutien des autorités burkinabè ?
Non, malheureusement. Depuis 2019, nous avons entrepris plusieurs démarches auprès des autorités, mais elles n'ont pas encore abouti. Malgré l'absence de soutien officiel, nous restons déterminés à poursuivre nos activités et à accompagner les jeunes dans leur passion pour la technologie et la robotique. Notre motivation ne dépend pas du soutien extérieur, mais de la conviction que chaque enfant peut devenir un acteur du changement à travers la science.
Quel impact cette victoire aura-t-elle sur la visibilité de Gobelab et sur la promotion des STEAM au Burkina Faso ?
Nous pensons que cette victoire renforcera la visibilité de Gobelab et encouragera davantage de jeunes à s'intéresser aux sciences et aux technologies. Elle contribuera aussi à promouvoir l'estime de soi chez les jeunes Burkinabè en leur montrant qu'ils sont capables de rivaliser avec les meilleurs au monde. Nous espérons que cette réussite incitera les autorités à reconnaître la robotique comme un sport technologique à part entière et à soutenir la création de compétitions nationales pour encourager la relève.
L'équipe burkinabè de robotique, lauréate du FIRST Global Challenge 2025Quels sont vos prochains grands projets ?
Nous avons plusieurs projets en perspective. Nous prévoyons de présenter les robots et les médailles dans différentes écoles afin d'inspirer d'autres enfants et de leur faire découvrir la robotique. Nous souhaitons également sensibiliser les autorités à l'importance de ces initiatives pour le développement de la jeunesse et du pays. Par ailleurs, nous envisageons la création de robots utiles, notamment pour le ramassage de déchets dans les établissements scolaires, afin de démontrer que la robotique peut être un outil concret au service de la société.
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes intéressés par la science et la technologie ?
Je leur dirais de ne jamais abandonner. Même sans soutien, il faut persévérer et continuer à croire en ses idées. Chaque réalisation, aussi modeste soit-elle, attire toujours l'attention et peut inspirer d'autres personnes. L'important est de rester passionné, constant et confiant, car le travail finit toujours par porter ses fruits.
Avez-vous un dernier mot ou un appel à lancer ?
Je voudrais lancer un appel aux autorités pour qu'elles accordent plus d'attention aux initiatives comme la nôtre. Il est important de soutenir les jeunes qui s'investissent dans les domaines de la robotique, de l'intelligence artificielle et de la technologie en général. Nous sommes disposés à collaborer pour créer un cadre favorable à leur formation, à leur créativité et à leur épanouissement.
Entretien réalisé par Anita Mireille Zongo (stagiaire)
Lefaso.net
Les tensions entre Airbus et Dassault autour du programme d’avion de combat européen de nouvelle génération (SCAF) s’enveniment. En Allemagne, les représentants du personnel d’Airbus appellent désormais à tourner la page du partenariat avec le constructeur français, accusé de bloquer le projet.
The post SCAF : les employés d’Airbus demandent la fin du partenariat avec Dassault appeared first on Euractiv FR.
Written by Eric Pichon.
The Sudanese are caught in a devastating civil war, driven by deep political fragmentation, with far-reaching humanitarian and human rights consequences. While President Al-Bashir’s ousting in 2019 had raised hopes for a democratic transition, deep divisions between the regular Sudanese Armed Forces (SAF) and the paramilitary Rapid Support Forces (RSF) derailed power-sharing attempts. This has triggered violent conflict across the country since April 2023, exacerbating hostilities between communities and resulting in competing administrations, further weakening prospects for reconciliation.
Many thousands of civilians have been killed in the conflict, while abuses such as sexual violence and forced recruitment of children to armed groups are widespread. Natural disasters compound the impact of violence, leaving the majority of Sudan’s population in urgent need of assistance. International humanitarian law is routinely violated, by restrictions on humanitarian access, attacks on aid workers, destruction of health facilities, and the weaponisation of hunger. The conflict has unleashed massive displacement, with millions forced to flee their homes both within Sudan and across borders, overwhelming neighbouring states and threatening to further destabilise the Horn of Africa.
Regional and international players back rival factions according to complex geostrategic interests in this resource-rich country on the Red Sea. These external alliances fuel the conflict, notably contributing to the proliferation of arms, and make it particularly difficult to achieve consensus or pursue a sustainable solution at the United Nations level. Several competing peacemaking initiatives have been launched with little progress, although a roadmap agreed on 12 September 2025 has raised cautious optimism among international mediators.
The European Union (EU) has intensified its humanitarian response and plays a leading role in coordinating peace initiatives. The European Parliament has consistently urged the EU and other stakeholders to maintain pressure on all parties to cease hostilities and to ensure that Sudanese civil society is genuinely included in dialogue towards a sustainable solution.
Read the complete briefing on ‘Understanding the war in Sudan: The human cost of geopolitics‘ in the Think Tank pages of the European Parliament.
Sudan: areas controlled by the SAF, the RSF and other groups; regional countries’ supportLe vendredi 7 novembre 2025, la Bibliothèque centrale de l'université Norbert Zongo a accueilli une soutenance de thèse de doctorat qui résonne avec les défis actuels de l'éducation en Afrique : celle de Ali Toé. Avec pour thème « Enjeux cognitifs et éthiques à l'usage des smartphones par les apprenants du post-primaire au Burkina Faso », le candidat de la spécialité « Politiques éducatives » a été élevé au rang de docteur avec la mention très honorable.
Issus du Laboratoire de psychopédagogie andragogie, mesure et évaluation de politiques éducatives (LAPAME), les travaux d'Ali Toé, conseiller d'éducation et enseignant vacataire de philosophie, trouvent leur source dans une réalité de terrain. « J'ai constaté, pendant mes classes et en tant que conseiller d'éducation, que la question des smartphones est de plus en plus récurrente », explique le nouveau docteur. Il souligne la divergence des textes réglementant l'outil : dans certaines localités, les règlements intérieurs les interdisent, tandis que la loi 013 autorise leur usage et la promotion de l'éthique en milieu scolaire. Cette contradiction, ainsi que le débat entre les tendances technophiles et technophobes a fondé sa problématique. L'objectif de la recherche était d'approfondir la connaissance scientifique de l'influence des smartphones sur le sens éthique des apprenants et sur leur processus d'apprentissage.
Les conclusions de la thèse proposent un rapport nuancé et constructif, s'opposant à l'interdiction pure et simple des smartphones.
Le nouveau Dr Ali Toé exposant les résultats de sa recherche sur les enjeux cognitifs et éthiques des smartphones dans l'enseignement.Sur le plan cognitif, l'étude révèle une plus-value significative pour les apprentissages. Cette plus-value est cependant conditionnée par un encadrement strict. Le Dr Toé préconise l'élaboration d'une charte éthique explicite et sous contrôle.
Sur le plan éthique, bien que des dérives compromettantes pour l'apprentissage aient été relevées, le Dr Ali Toé insiste sur le fait qu'elles peuvent être contournées par une bonne implication des acteurs de l'éducation et le bon paramétrage des smartphones pour en tirer les atouts didactiques.
Le Dr Étienne Kola, directeur de thèse, félicitant le Dr Toé pour son travail « pertinent » et son ambition.Le jury, qui a unanimement salué la pertinence des travaux, était présidé par la professeure Afsata Paré (professeure titulaire, université Norbert Zongo). Il était composé du directeur de thèse, le Dr. Étienne Kola (maître de conférences à l'UNZ), des rapporteurs le Dr Dougoudia Joseph Lompo (maître de conférences, École nationale supérieure) et du Pr Sylvain Connac (professeur des universités, France) ainsi que de l'examinateur le Pr François Sawadogo (professeur titulaire, université Norbert Zongo).
Le Dr Étienne Kola, s'est dit ravi du travail accompli, affirmant que le Dr Toé a questionné une problématique actuelle et pertinente concernant « l'usage des objets connectés, des smartphones, dans le cadre de l'enseignement-apprentissage, surtout quand il s'agit des adolescents. » Il a ajouté que les résultats sont pertinents et appréciés par tous les membres du jury et a qualifié le nouveau docteur de « jeune travailleur, ambitieux et très conquérant ». Le Pr Sylvain Connac a également salué la pertinence du thème et la qualité du travail, invitant le candidat à intégrer une brève présentation personnelle pour mettre en lumière le lien entre sa carrière et son choix de sujet.
Le prestigieux jury, présidé par la Pr. Afsata ParéLe Dr Dougoudia Joseph Lompo quant à lui a insisté sur le fait que c'est un sujet d'actualité très important qui « fait la rencontre du monde numérique et celui des écoles ».
Le Pr François Sawadogo, tout en appréciant la méthodologie et la mobilisation des outils, a toutefois relevé un manque d'ancrage théorique suffisant dans les travaux de chercheurs africains pour contextualiser pleinement le débat.
La Pr. Paré a souligné que l'impétrant a suivi une démarche exemplaire en mettant en place un protocole d'exploration et d'expérimentation. Le jury a unanimement invité le nouveau docteur à poursuivre la réflexion sur la législation et la question éthique afin de limiter les effets pervers des smartphones. Après évaluation, les membres du jury ont estimé, de façon unanime, que M. Toé méritait d'être accepté dans le cercle des docteurs en lui décernant la mention très honorable.
Les amis parents et collègues venus soutenir le nouveau docteurTrès satisfait, le Dr Toé s'est dit conscient de l'enjeu de ce nouveau grade : « Cette accession de grade permettra d'amplifier le domaine de la recherche, de développer des stratégies adaptées et de revoir les questions éthiques pour que le Burkina Faso puisse s'approprier ces outils tout en valorisant ses propres valeurs dans le domaine de l'éducation. » Il a insisté sur le besoin d'un « éthicien pour orienter l'usage des technologies selon des valeurs éthiques appropriées ».
L'une des conclusions majeures de cette thèse est son opposition à l'interdiction. Selon le Dr Toé : « Les technologies numériques sont déjà là, la question actuellement n'est pas le pourquoi mais le comment s'adapter pour tirer un meilleur profit sur le plan éducatif. » Il estime qu'interdire reviendrait à « couper les liens avec l'actualité et la promotion du numérique ».
Ainsi, à travers sa thèse, il invite les décideurs à se pencher sur les textes pour favoriser l'adoption d'une éthique adaptée. Cette thèse marque un tournant dans la manière dont le système éducatif burkinabè peut relever le défi de l'intégration des smartphones dans les établissements secondaires.
Prince Omar
Lefaso.net