Tel l’équipage de l’Astrolabe en parrance pour la Terre Adélie, l’équipe « France » a aujourd’hui tous les atouts pour faire décoller l’Europe de la défense (crédit : DICOD novembre 2017/ Archives B2)
(B2) L’atténuation de la crise de la zone euro et la montée en puissance des questions de sécurité et de défense aboutissent à renverser le couple franco-allemand. L’Allemagne qui a, durant dix bonnes années, donné le « la » à la politique européenne a passé le relais à la France…
L’Allemagne en poupe… grâce à la crise de l’Euro
La crise de la Zone Euro avait donné mécaniquement à donner le premier rôle à l’Allemagne. Sa très bonne santé économique, quelque peu insolente même, sa stabilité économique, une doctrine de la rigueur et partagée au plan national, son tissu socio-économique sains, sa puissance à l’exportation avaient donné à Berlin un rôle de premier plan dans la gestion de la crise euro. Rôle conforté par une tradition historique et un large consensus dans la société allemande que la rigueur était une condition nécessaire à la bonne santé économique.
Un rôle correspondant à une tradition historique et économique
Une puissance qui correspondait d’une part à la tradition historique — c’est en quelque sorte le don du « Deustchmark » qui ont facilité la création de la zone euro – et à la faiblesse des autres partenaires de l’Allemagne, la France notamment en mauvaise santé économique, plus ou moins critique des critères de Maastricht, avec un gouvernement pusillanime en matière européenne (avec les deux principaux partis UMP et PS traversés par des courants pro-européens et euro-sceptiques) empêchaient à la France de pouvoir équilibrer l’Allemagne.
La crise sécuritaire donne à la France son bâton de maréchal
La sortie progressive de la zone euro, le rétablissement économique à la fois de l’Europe, comme de la France, et l’émergence (ou la résurgence) de questions de sécurités cruciales, au plan intérieur (terrorisme), comme extérieur (Russie, Afrique, Moyen-Orient) renversent le paradigme. C’est désormais la France qui caracole en tête.
Des capacités réelles et un consensus politique
Ses capacités militaires, qui n’ont pas été trop entamées par l’intervention en Irak et en Afghanistan (comme les Britanniques), sa doctrine structurée de défense, embrassant toute la palette (de l’intervention des forces spéciales au bouclier nucléaire en passant par la marine, l’aviation, le terrestre), ses bases militaires réparties dans les zones actuelles de crise (d’Abu Dhabi à Abidjan, en passant par Djibouti et N’Djamena) confèrent à la France des atouts indéniables. Il faut ajouter à cela le consensus largement partagé dans la population française autour de son armée et de sa capacité d’intervention (qui s’est largement renforcé avec les attentats terroristes de 2015). Cela donne à la France la primeur et le « droit » à la parole sur cette thématique.
Un gouvernement tranquille et stable…
Là encore, les antécédents historiques comme la nouvelle donne politique accentuent cet avantage naturel. La victoire d’un président français qui n’a pas hésité à briser ce qui était devenu un tabou de la politique française, l’Europe, et a doublé les partis traditionnels en quelques mois reste dans toutes les mémoires. Cette victoire éclatante lui donne une aisance. Il multiplie les interventions magistrales, les « cours » à l’Europe, les sommets à 2, 4, 5… entendant replacer l’hexagone au premier plan de la diplomatie de crise (avec les USA, la Russie, la Chine ou la Turquie). Son assise large au plan politique interne (gouvernement homogène, large majorité, opposition atomisée) lui donnent une force, tranquille, une « fenêtre de tir » large.
… face à d’autres pays anxieux et affaiblis
Emmanuel Macron a, sans nul doute, la baraka. Il bénéficie d’une faiblesse conjoncturelle des principaux partenaires européens pour l’année à venir. Le Royaume-Uni est ‘out‘ pour cause de Breixt. L’Espagne est ankylosée par la question catalane. L’Italie est gelée par son processus électoral et un large marais anti-européen. La Pologne s’est peu à peu marginalisée par un comportement infantile de son gouvernement et son éloignement du « coeur » de l’Europe. Même la forte Allemagne se trouve « fendillée ». Les dernières élections et la laborieuse élaboration d’une coalition, acquise au forceps, ont d’une certaine manière affaibli la Chancelière Angela Merkel qui n’aura plus autant qu’avant le champ libre, notamment sur la politique étrangère ou européenne. Le gouvernement aura une nature beaucoup plus bicéphale qu’homogène…
La french touch attendue
Tout explique pourquoi la « french touch » a aujourd’hui le vent en poupe en Europe et que son message en matière de défense est attendu et expliqué. La France ne doit pas « rater » cette opportunité, inestimable. La France doit s’exprimer désormais sur l’Europe de la défense, sur la sécurité européenne, proposer une doctrine, dérouler un programme, en évitant quelques écueils qui ont, trop souvent, marqué dans le passé la position française :
Si la France a un atout, reconnu par tous, c’est de bouleverser certains codes, certains principes, en proposant des idées, construites, architecturées, une doctrine apte à être interprétée, comprise par les autres, traduite en actes. Il est permis, aujourd’hui, d’espérer. En tout cas, les Français doivent savoir aujourd’hui qu’ils sont attendus, espérés. La France a aujourd’hui une impérative obligation : ne pas décevoir les Européens (5).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire aussi : LPM. La France met le booster sur sa défense et veut rester l’armée de référence en Europe et La Grosse Koalition pour que la Bundeswehr devienne une « armée des Européens » (à venir)
(1) Cette dérive bonapartiste, un défaut récurrent de la pensée politique française n’est pas automatiquement le mieux vécu en Europe même si chacun peut reconnaitre, par ailleurs, l’excellence du modèle français. Elle traduit également une sorte de paresse intellectuelle consistant à ne pas tenir compte des « autres » modèles et des contraintes des autres européens.
(2) même au Royaume-Uni. Le seul modèle comparable se situe hors UE : la Russie.
(3) Les exemples récents sont nombreux : la relance du triangle de Weimar, peu suivie ; l’annonce projets européens tempérés par une adhésion intégrale à l’OTAN et la signature d’un accord bilatéral avec les Britanniques (qui coupe l’herbe sous le pied à tous les autres projets ; l’intervention au Mali menée d’abord en solo
(4) L’un n’exclut pas l’autre. Mais il parait nécessaire d’avoir une doctrine lisible, et des priorités clairement annoncées. Personne ne niera aux Français la logique d’avoir un accord avec les Britanniques sur le nucléaire. Proposer à ceux-ci, et en parallèle, aux Allemands de bâtir un avion du futur, parait contradictoire, à moins de proposer une fabrication en trio (une question délicate quand on connait l’attachement britannique au lien avec les USA).
(5) De leur côté, les autres pays européens doivent aussi balayer devant leurs portes : on ne peut pas promouvoir la solidarité européenne et ne pas contribuer de façon importante aux opérations, vouloir l’Europe de la défense et ne jurer que par l’OTAN, en achetant que des matériels américains.
Les études pour le remplacement du porte-avions Charles de Gaulle envisagé dans la prochaine LPM (crédit : DICOD / Ministère des armées – Archives B2)
(B2 avec AFP) La France d’Emmanuel Macron prévoit de donner une sacrée pichenette à ses armées sur les sept ans à venir, entre 2019 et 2025, avec l’objectif de porter ses dépenses de défense à 2% du PIB en 2025, selon le projet de loi de programmation militaire (LPM), présenté jeudi (8 février) en conseil des ministres à Paris.
1,7 milliard d’euros de hausse par an
Le budget de défense français, de 34,2 milliards d’euros en 2018, devrait ainsi bénéficier d’une hausse de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022 (atteignant ainsi un budget de 41 milliards d’euros). Hausse accélérée à partir de 2023 avec 3 milliards de plus par an, jusqu’à 2025 (soit 50 milliards d’euros), selon le projet obtenu par l’AFP. Cette trajectoire budgétaire ascendante, qui prévoit un effort de 198 milliards d’euros de 2019 à 2023, contraste avec les réductions d’effectifs et les tensions financières endurées pendant plus d’une décennie par l’institution militaire, avant un redressement amorcé dans la foulée des attentats de 2015.
On va recruter pour la cyberdéfense et le renseignement
« Les précédentes lois de programmation militaire demandaient des efforts aux armées. Cette fois, on demande un effort à la nation pour les armées », fait-on valoir dans l’entourage de la ministre des Armées Florence Parly. En matière d’effectifs, après quelque 60.000 suppressions de postes entre 2005 et 2015, le ministère ambitionne de créer quelque 6.000 postes civils et militaires d’ici 2025, dont 3.000 d’ici cinq ans. Il compte notamment renforcer les effectifs de la cyberdéfense (1.500 postes) et du renseignement (1.500 postes).
Renouveler les équipements
Cet « effort budgétaire inédit » pour « arrêter la lente érosion de nos capacités militaires », selon les propos du président Emmanuel Macron, va être consacré en priorité à l’amélioration du quotidien du soldat et à la modernisation d’équipements à bout de souffle, alors que la France est engagée tous azimuts depuis des années, au Sahel (opération Barkhane), en Iraq-Syrie alias Le Levant (Chammal) et sur le territoire national (Sentinelle).
Une meilleure protection du soldat
Pour améliorer la condition de quelque 200.000 militaires français et chercher à les fidéliser, la LPM augmente nettement les crédits consacrés aux petits équipements (gilets pare-balles de dernière génération, treillis ignifugés), à l’entretien du matériel et aux infrastructures. Autre grand axe de cette LPM : la modernisation accélérée des matériels, nombreux à aligner plusieurs décennies de service, a été privilégiée et l’accent mis sur les capacités de renseignement (avions, drones, satellites…) susceptibles d’accroître l’autonomie stratégique française. « Ces investissements vont permettre à la France de rester l’armée de référence en Europe », plaide-t-on au ministère des Armées.
De nouveaux blindés
Au menu figure le renouvellement accéléré des véhicules blindés médians de l’armée de Terre (programme Scorpion), dont 50% des nouveaux modèles seront livrés d’ici 2025. Les fameux VAB, 40 ans au compteur, seront notamment remplacés par les blindés Griffon, dont 150 exemplaires supplémentaires seront commandés. Seront également commandés 40 chars légers Jaguar de plus que prévu (150 au total).
Sur mer, les pétroliers ravitailleurs et le remplacement du « Charles »
La Marine obtient quatre pétroliers ravitailleurs de nouvelle génération, dont deux d’ici 2025 (NB : en coopération avec l’Italie), un bâtiment léger spécialisé dans le recueil de renseignement, et se voit accorder 19 patrouilleurs au lieu de 17, indispensables pour surveiller les zones économiques exclusives françaises outre-mer. La France va également lancer des études sur le remplacement de l’unique porte-avions français, le Charles de Gaulle, qui sera retiré du service à l’horizon 2040.
Avions ravitailleurs
L’armée de l’Air va bénéficier du renouvellement accéléré de sa flotte d’avions ravitailleurs pour remplacer ses vieux Boeing KC-135 (dont certains volent depuis plus de 50 ans), par 15 Airbus A330 MRTT modernes, dont 12 auront été livrés en 2023. Elle bénéficiera aussi de l’arrivée de six drones Reaper supplémentaires, 28 nouveaux Rafale ainsi qu’une cinquantaine d’avions de chasse Mirage 2000 modernisés. . Seront également lancées des études sur le système de combat aérien du futur et sur le char de combat du futur (NB : avec l’Allemagne notamment).
La dissuasion nucléaire renouvelée
Sur le plan de la dissuasion nucléaire, clé de voûte de la défense française, les coûteux travaux de renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) seront engagés au cours du quinquennat. Budget estimé: 37 milliards d’euros entre 2019 et 2025.
(AFP)
Jean-Yves le Drian sur BFM mercredi matin (crédit : BFM / prise d’écran : B2)
(B2) Sur BFM TV ce mercredi (matin), le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a aussi précisé le chiffre de Français aux mains des forces kurdes : une « petite centaine » de jihadistes français sont ainsi détenues par les forces kurdes en Syrie. Même si le « signalement de ces jihadistes dans une zone encore en conflit reste très compliqué » a-t-il souligné, leur jugement se fera sur place. « Ce sont des combattants. Ils sont français mais ce sont nos ennemis. La conclusion c’est qu’ils seront jugés par ceux qu’ils ont combattus ».
Lire aussi : Syrie. Le régime a recommencé. Tout indique « l’usage du chlore par le régime » (Le Drian)
réfugiés syriens (crédit : CE – ECHO/Peter Biro / Archives)
(B2 avec AFP) Pour le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, tout indique que les autorités syriennes se livrent à des attaques au chlore « en ce moment » en Syrie. « Toutes les indications (…) nous montrent aujourd’hui qu’il y a l’usage du chlore par le régime en ce moment en Syrie », a-t-il indiqué mercredi (7 février) sur la chaîne BFMTV et sur la radio RMC. « Je parle avec précaution parce que tant que ce n’est pas complètement documenté, il faut être prudent », a-t-il ajouté.
Une réaction à l’étude
Interrogé sur la manière dont Paris comptait réagir, il a rappelé qu’une trentaine de pays venaient d’adopter, à l’initiative de la France, des mesures pour dénoncer et sanctionner des responsables d’attaques chimiques en Syrie. Il n’a fait en revanche aucune allusion à d’autres représailles, y compris militaires, de la France contre le régime syrien si ces attaques au chlore sont confirmées. « C’est une situation très grave (…) nous le condamnons (usage du chlore, ndlr) avec beaucoup de fermeté », a dit le chef de la diplomatie française en renvoyant à l’initiative prise par la trentaine de pays pour contourner le veto russe à toute condamnation du régime syrien pour l’emploi d’armes chimiques au Conseil de sécurité de l’ONU.
Une ligne rouge de Macron
Le président français Emmanuel Macron a tracé une « ligne rouge » sur cette question lors de son arrivée au pouvoir en mai 2017, promettant « des représailles et une riposte immédiate » de la France en cas d’utilisation d’armes chimiques.
L’OIAC à la rescousse
(Mis à jour) L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé mercredi étudier toutes les « allégations crédibles » récentes sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, alors que des rapports indiquent que des armes toxiques seraient déployées par le régime. « Les allégations récentes concernant l’utilisation d’armes chimiques en Syrie continuent d’être une source de grave préoccupation » et l’OIAC « étudie toutes les allégations crédibles », a indiqué dans un communiqué l’organisation internationale basée à La Haye.
En route vers le Santa Maria (crédit : EUNAVFOR Med)
(B2) Ces derniers jours, les opérations de sauvetage se multiplient en Méditerranée centrale, au large de la Libye, où la pression de migrants et réfugiés fuyant le continent africain ne semble pas se relâcher malgré l’hiver.
Trois navires et deux avions engagés
Trois navires placés sous le commandement européen – la frégate lance-missiles espagnole Santa María (F-81), la frégate légère furtive française Aconit (F-713) et le navire britannique hydrographique Echo (H-87) – ont ainsi été impliqués dans huit opérations de sauvetage, sous la direction du Centre italien de coordination du sauvetage maritime (MRCC), a appris B2 du QG de l’opération Sophia (alias EUNAVFOR Med) permettant de récupérer plus de 300 migrants. En l’air, deux avions de patrouille maritime espagnol et luxembourgeois ainsi qu’un hélicoptère espagnol assuraient la veille, permettant de détecter les bateaux en détresse et de guider précisément leurs collègues au raz de l’eau. Depuis le début de l’opération Sophia, en juin 2015, « les équipages de l’UE ont sauvé plus de 43.200 personnes en détresse en mer » précise-t-on à Rome.
1400 migrants sauvés en début de semaine
En début de semaine déjà, les gardes-côtes italiens, avaient annoncé avoir assuré la récupération d’environ 1400 migrants et réfugiés lors de 11 opérations de sauvetage en Méditerranée centrale. Deux bâtiments des gardes-côtes et des douanes italiennes, deux navires des ONG (ProArm et Aquarius) et un navire de l’opération navale européenne EUNAVFOR MED (Santa Maria) avaient été engagés.
Une barge remplie à ras bord, avec plus de 400 personnes à bord
La plus grosse opération consistait à venir au secours d’une barge à deux étages où plus de 400 personnes s’étaient entassées dans des conditions extrêmement précaires. « Le risque était élevé » relate La Republicca. « La barge peut s’effondrer à tout moment ». C’est là qu’ont été relevés les deux morts (dont un enfant). L’Aquarius de Sos Mediterranée a pris en charge 67 personnes, transbordés ensuite sur le navire militaire espagnol Santa Maria. Le patrouilleur Sabrata de la Garde-côte a récupéré, de son côté, mercredi (17 janvier) 234 migrants qui se trouvaient à bord de deux canots pneumatiques dans de très mauvaises conditions. Le premier bateau a été intercepté près de Mellitah (à une centaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli) et la deuxième au nord de Zuara (Zouara) (60 km de la frontière avec la Tunisie), raconte l’agence Ansa.
Sauvetages en série pour la garde-côte libyenne
Quant à la Garde côtière libyenne, elle a signalé avoir sauvé 352 migrants répartis dans trois canots pneumatiques. Le premier bateau a été intercepté 40 miles au nord de Gasr Garabulli (Castelverde) dans le district de Tripoli, tandis que les deux autres étaient 12 miles au large de Zuara. Les migrants ont été ramenés à Tripoli et emmenés dans un centre d’accueil.
Depuis le 7 janvier, la Garde côtière libyenne affirme avoir procédé à au moins cinq autres interventions : le 7 janvier au large de Garabulli, à l’est de Tripoli (290 migrants sauvés, 2 morts). Le 8 janvier, au large de Garabulli (135 migrants, dont 5 enfants et 49 femmes, dont 10 dans un état délicat). Le 9 janvier, la garde côtière libyenne est venu au secours de trois bateaux en difficulté, réussissant à sauver un total de 300 personnes, mais un navire a coulé, causant la disparition d’environ une centaine de personnes.
Un taux de 10% de décès en ce moment
En cette saison, la traversée est particulièrement risquée. Selon les estimations de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), pour la première quinzaine de 2018, 1916 migrants sont arrivés en Europe par mer, tandis que les décès en Méditerranée se sont élevés à 194 au cours de la même période. Soit un taux de 10% (largement supérieur à ce qui est observé d’habitude, 2-3%).
(NGV)
(B2) La parole de Joachim Bitterlich vaut souvent le détour. Cet ancien conseiller de Helmut Kohl revient, sur le site de Toute l’Europe, sur les avancées récentes en matière de défense (et d’autres sujets). Un propos qui mérite d’être écouté. Pour lui, la PESCO est un « projet qui constitue un premier pas, mais qui doit être suivi dans d’autres domaines ».
Des divergences culturelles certaines
Mais il ne faut pas se cacher certaines difficultés. Les progrès en matière de politique et de sécurité extérieure sont « difficiles au vu de nos cultures et nos traditions bien différentes, et même parfois opposées ». Entre un Allemand et un Français, les différences sont fondamentales, quand on parle défense, « un Allemand pense en premier lieu à la défense du territoire tandis qu’un Français inclut au même niveau la nécessité d’intervention militaire, pour surmonter les crises et conflits ».
La nécessité d’un agenda sur le renseignement, le transport, l’acquisition
Pour avancer, il « faut rapprocher progressivement nos conceptions sur la défense pour les rendre convergentes et compatibles ». Il va falloir aussi un « agenda clair et engageant sur des questions fondamentales telles que la coopération en matière de renseignement, de planification, de transport et de logistique, d’acquisition et de contrôle » comme sur « l’exportation d’armement ». Des points très délicats et qui ne sont pas encore abordés au niveau européen.
Une armée européenne, possible d’ici 2030 ?
Bitterlich se montre absolument confiant dans l’idée que « le projet de défense européenne cessera [bientôt] d’être une utopie ». « Si le démarrage fonctionne bien – et que nous arrivons à attaquer cet agenda ambitieux de manière parallèle et engagée – nous pourrons peut-être parler en 2025 ou en 2030 d’une armée européenne. »
Une coopération politique à revoir
Dans le même temps, il ne faut pas hésiter à « engager une réflexion profonde sur la politique étrangère commune. « Nous n’avons pas encore trouvé la » formule magique » de coopération entre d’une part Bruxelles, l’office dirigé par Madame Mogherini et le nouveau service d’action extérieure, et d’autre part les services diplomatiques et les ministres des Affaires étrangères des Etats membres. »
(NGV)
Lire sur le site de Toute l’Europe