Le secrétaire d’Etat US Ash Carter quitte le Charles de gaulle en compagnie (si j’ai bien noté) du capitaine de vaisseau Eric Malbrunot, du secrétaire d’Etat français Jean-Marc Todeschini de l’amiral René-Jean Crignola (crédit : DoD photo – Army Sgt. 1st Class Clydell Kinchen )
(B2) En posant le pied sur le Charles de Gaulle, le secrétaire d’Etat US à la Défense a voulu rendre hommage au « plus ancien ami et allié » qu’aient eu les Etats-Unis. « La France est – peut-être certains d’entre vous ne savent pas – le plus ancien allié de l’Amérique. Le plus ancien ami et allié » a déclaré Ash Carter.
Le Charles de la Gaulle à la tête de la TF 50
Le contre-amiral René-Jean Crignola, commandant du Groupe aéronaval, a en effet pris les fonctions de commandant de la Task Force 50, la composante navale de la coalition contre Daech (1). C’est la première fois que la fonction de commandant de la TF50, est exercée par un non Américain. D’ordinaire, elle est assurée par un amiral américain. Ce dont on n’est pas peu fier au niveau français qui ravit ainsi la place de premier allié aux Britanniques à qui ce rôle est d’ordinaire dévolu. Le commandant de la TF50 travaille d’ailleurs en étroite collaboration avec USNAVCENT, l’état-major naval régional américain de la coalition contre Daech.
Fiers du travail des frenchies !
« Nous sommes fiers que vous commandiez la Task Force 50 » a salué comme en écho Ash Carter. Le Groupe aéronaval (GAN), formé autour du Charles de Gaulle, assure en effet la permanence de la présence des alliés dans le Golfe, relayant ainsi les navires américains qui ont un « trou d’air ». Côté français, le GAN rassemble — coté français — le Groupe aérien embarqué (GAé), la frégate de défense aérienne Chevalier Paul la frégate anti sous-marine La Motte-Picquet, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Marne — et au moins trois navires européens : la frégate belge Léopold Ier, de la frégate allemande Augsburg et de la frégate de défense aérienne britannique HMS Defender. Le Charles de Gaulle abrite un état-major multinational, dont quelques américains que Ash Carter a tenu à saluer personnellement.
Vaincre une force maléfique
Daech est Isil « est une force maléfique (2) qui sera vaincue, doit être vaincue … vite — a déclaré le secrétaire d’Etat US. Ce sont les instructions du président Obama. Et je sais que ce sont aussi les instructions du président Hollande : accélérer la défaite de Daech. » Et d’ajouter : la « France n’est pas seule à contribuer aux efforts pour vaincre ISIL. (Mais) la présence du De Gaulle, ici, dans le Golfe Persique signifie que la nation est dans une mission plus large pour la sécurité de la région. Cela nous rappelle que la France (a) une réputation mondiale d’une force pour la civilisation. C’est (au) monde civilisé de se défendre et défendre ce que nous représentons. »
(NGV)
(1) Un commandement pris quand le navire est passé en mer rouge, le 7 décembre dernier, après avoir franchi le canal de Suez pour rejoindre le golfe arabo-persique, le GAP, comme disent les marins, pas avares d’initiales, après MEDOR (la Méditerranée orientale), çà sonne…
(2) Un langage très messianique en quelque sorte, qui est une permanence du discours américain, depuis longtemps, et qui tient toujours à rappeler le combat pour la civilisation et contre le diable.
(Mis à jour) détails sur la composition du GAN et le rôle de la TF50
(crédit : MOD Uk / Crown ©)
(B2) La frégate anti-aérienne britannique , le HMS Defender (D-36), a rejoint le Charles-de-Gaulle dans le Golfe, après avoir passé le Canal de Suez, a annoncé mer (16 décembre) la marine britannique.
Le HMS Defender, une frégate de type 45, commandée par Stephen Higham
va rester neuf mois en déploiement de neuf mois au Moyen-Orient. Il dispose de radars de longue portée en mesure de fournir « une image claire sur une zone étendue jusqu’à plus de 300 miles », précise la marine.
« Cela montre encore une fois que la Grande-Bretagne et la France se tiennent au coude à coude contre cette organisation terroriste brutale » a déclaré le ministre britannique de la Défense Michael Fallon. « Des touristes britanniques sur une plage en Tunisie ou des citoyens français à Paris, nos deux pays ont eu l’expérience en première ligne du mal dont est capable de Dacsh. Et nous sommes unis dans notre détermination à les détruire » a-t-il ajouté
(NGV)
(B2) Les derniers évènements au Burundi semblent l’avoir emporté sur les dernières réticences. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) a décidé jeudi (17 décembre), d’autoriser le déploiement d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU).
Un déploiement conditionné
5000 hommes devraient constituer cette force qui aura une durée initiale de six mois renouvelable. Mais ce déploiement est soumis à une condition : l’accord de Bujumbura. Si le gouvernement burundais ne donne pas son accord, dans les 4 jours, l’Union africaine devra alors décider un déploiement de la force africaine en attente, d’Afrique de l’est.
Mandat de prévention des violences et protection de la population
Le mandat de la Maprobu s’étend sur plusieurs actions, notamment « prévenir toute détérioration de la situation sécuritaire » et « contribuer, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à la protection des populations civiles sous menace imminente ». Elle devra « faciliter (un accord sur) le désarmement des milices et groupes illégaux, la protection de personnalités politiques et d’autres acteurs dont la sécurité serait menacée, et la protection du personnel de l’Union africaine, de ses biens et de ses installations ».
(NGV)
(B2) François Hollande a, tout à l’heure, lors de la conférence de presse finale dressé à son tour un petit bilan de la mise en application de l’article 42.7. Cela s’est fait en deux temps : d’abord une intervention liminaire, préparée d’avance, plutôt optimiste. Puis un recalage, un peu plus précis quand nous l’avons interrogé en soulignant que nous n’avions pas tout à fait, les mêmes noms que lui dans notre besace…
L’Europe a été au rendez-vous
« Un mois après que le ministre de la Défense ait saisi ses homologues, les pays européens ont répondu. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, la Suède, le Danemark, les Pays Bas, l’Italie. Il y a une très grande solidarité, très grande mobilisation pour nous permettre d’avoir sur le plan militaire la réponse et la riposte qui est nécessaire . Nous unissons nos forces contre Daech. Et nous veillons aussi à ce que les trafics que Daech peut organiser, trafic de pétrole, trafic d’œuvres d’art puissent être annihilés. La France peut faire le constat que la solidarité a été au rendez-vous. »
Merci de faire enquête
L’occasion était trop belle pour ne pas demander quelques précisions au président, car il nous semblait un brin lyrique. Dans notre enquête, en effet, nous n’avons pas noté un tel enthousiasme néerlandais ou italien par exemple. François Hollande, dans une taquine réponse, a d’abord « remercier « de faire enquête et me fournir (ainsi) des informations qui peuvent être utiles »… Puis il a apporté quelques précisions, utiles, car elles qualifient l’engagement de chaque pays, et rétropédalent un peu dans son exposé de départ.
Décision importante au Royaume-Uni
Le président français a notamment voulu expliquer pourquoi la réponse du Royaume-Uni et de l’Allemagne en particulier étaient fondamentales, au plan politique comme militaire.
Au Royaume-Uni, « c’est important car Cameron avait été empêché d’intervenir quand la France y était prête, par rapport au régime de Bachar qui avait utilisé des armes chimiques. Cette fois-ci, il a pu obtenir le concours de son parlement, de la Chambres des communes pour agir en Syrie contre Daech. »
Et décision majeure en Allemagne
Pour l’Allemagne, aussi, « c’est une décision tout à fait majeure prise par la Chancelière et le Bundestag. C’est la première fois que les Allemands vont pouvoir participer à une opération extérieure, pas seulement en fournissant du matériel mais aussi du personnel (1). Donc c’est un moment très fort de solidarité. »
La Suède : pas si simple vu la tradition
« D’autres pays, comme la Suède, ont annoncé le 16 décembre des moyens en matière de transport aérien. Là aussi, vous connaissez la tradition de la Suède, ce n’était pas si simple. »
D’autres contributions en attente
« En Belgique et au Danemark, des débats sont en cours aussi pour cette contribution. Et je sais que l’Italie, les Pays-Bas ont aussi cette volonté. En Espagne, il y a des élections dimanche. Et ce sera après le scrutin que nous pourrons avoir la confirmation. »
Des contributions modestes mais symboliques de la solidarité
« Nous allons continuer avec tous les pays. Quelquefois ce sont des pays qui donnent des contributions modestes mais qui sont symboliques aussi de leur volonté de participer à la lutte contre le terrorisme, contre Daech et de montrer aussi une solidarité à l’égard de la France. »
Commentaire : Nous n’aurions pas dit mieux. Et comme c’est le Président qui le dit…
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Le président s’enthousiasme quelque peu. L’Allemagne s’est fortement engagée dans les Balkans, d’abord, dans les années 1990, qui est la première intervention de ce type à l’extérieur, puis en Afghanistan, sous bannière de l’OTAN dans les deux cas. Ce qui est sûr, c’est que c’est la première fois qu’il y a un tel engagement au Moyen-Orient, et surtout aussi rapide…