Rencontre de F. Mogherini avec F. Sarraj au Caire, novembre 2015 (crédit : CE – archives B2 )
(B2) Plusieurs ministres européens ont déjà fait le déplacement de Tripoli : l’Italien Gentiloni, le Français Ayrault et son acolyte allemand Steinmeier et le Britannique Hammond, etc. Sans compter les ambassadeurs. Tripoli devient ainsi le lieu de crise à la mode, la place « to be ». Avec raison certainement. Car il s’agit de marquer tout le soutien au nouveau gouvernement libyen, le seul reconnu par la communauté internationale.
Et Mogherini ?
C’est la question que B2 a posée à la chef de la diplomatie européenne lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères (1). La Haute représentante de l’UE a annoncé « espérer se rendre à Tripoli bientôt… » refusant de donner une date plus précise. « Vous comprendrez pourquoi. »
Je veux une visite substantielle
Avec un sourire (légèrement ironique), elle a ajouté : « Il ne s’agira pas seulement une visite symbolique ou politique. Je veux aller visiter le gouvernement avec des projets assez concrets à discuter et annoncer. J’ai déjà rencontré Sarraj deux fois, hors d’Europe, à Tunis et en Egypte. Je pense avoir été la première à rencontrer le Conseil présidentiel. Les visites symboliques ont déjà eu lieu. (Maintenant) ma visite devra avoir un caractère substantiel. »
NB : ce qui peut apparaître aux yeux de certains comme un certain retard a, en fait, plusieurs explications. D’une part, la Haute représentante était il y a 10 jours sur le Cavour – pour commémorer le un an du naufrage tragique et la mise sur pied de l’opération EUNAVFOR MED / Sophia par les Européens — puis était en Iran, une visite prévue de longue date. D’autre part, à la différence des Etats membres ou de l’ONU ou de l’OTAN (2), la Haute représentante de l’UE, ne dispose pas de moyens propres (avion notamment), elle doit se reposer pour cela sur les moyens des autres.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Question à laquelle elle a répondu (faut-il préciser) dans un français quasi-parfait. En quelques mois, la Haute représentante de l’UE qui est plus à l’aise a fait des progrès notables (leçons à l’appui, selon nos informations). Ce qui est la preuve que le bilinguisme (+ l’italien sa langue natale et l’espagnol qu’elle pratique), est tout à fait possible au niveau européen avec un tout petit effort.
(2) L’ONU a un contrat d’affrêtement avec des avions privés, repeints à ses couleurs blanches. Tandis que le secrétaire général de l’OTAN dispose – autant que possible – d’un avion prêté par l’aviation belge, sur la base d’un accord de mise à disposition.
Under an U.S. Army airborne exercise in Germany (Hohenfels) a Humvee broke free of its rigging and plummeting to the ground, followed by another — and another. The scene starts serenely as equipment is dropped by parachute April 11 from planes with the 173rd Airborne Brigade flying across blue skies until the first Humvee breaks free and crashes to the ground.
It's followed by a second and then a third Humvee crashing to the ground and increasing laughter on the video. The Army says nobody was hurt, and it's investigating what went wrong — and who shot the video.
Les ministres britannique et français, M. Fallon et JY Le Drian, en visite sur le terrain de l’exercice (crédit : MOD Uk)
(B2) L’exercice qui se termine en ce moment au Royaume-Uni ne doit pas être négligé. Dénommé Griffin Strike, il constitue le point ultime de la Force expéditionnaire commune (CJEF).
La validation finale du concept
Après toute une série d’exercices des différentes composantes : Flandres en 2011, Corsican Lion en 2012, Joint Warrior / Capable Eagle en 2013, Rochambeau en 2014 et l’exercice d’état-major Griffin Rise en 2015, on est passé, en effet, à une étape ultime : l’exercice de synthèse qui permet d’assurer la « validation complète du concept » de la CJEF. On « passe du concept à la réalité » explique-t-on Outre-Manche. C’est « un aboutissement majeur du traité de Lancaster House », jure-t-on de part et d’autre du Channel.
Une force de 5000 hommes
Le Corps comprendra 5000 militaires, issus des deux armées française et britannique, capable de se projeter ensemble en opération extérieure, avec des éléments terrestres, navals, aériens et un quartier général interarmées, capable de planifier comme d’exécuter l’opération.
Des forces intégrées
L’ambition de cet exercice est de tester ainsi une intégration des forces. Côté air, les avions de chasse français Rafale de l’escadron de chasse 1/7 Provence et du régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen et les Typhoon anglais ont opéré à partir de la même base aérienne de la RAF, située à Leeming dans le North Yorkshire.
Tandis que les navires britanniques HMS Ocean, Bulwark et Duncan ont navigué côte à côte au large de la côte sud et ouest de l’Angleterre avec leurs homologues français du BPC Dixmude, des frégates anti-aérienne Cassard et anti-sous-marine La Motte Piquet.
Sur la plaine de Salisbury, ce sont des parachutistes, des unités blindées et d’infanterie de la 3e division (UK) et de la 7e Brigade mécanisée (BM) qui se sont ainsi retrouvés ensemble.
Une force à disposition de l’OTAN comme de l’UE
Maintenant, il reste à passer à la pratique, et voir comment et quand ce CJEF sera employé sur le terrain. Une force qui pourra être disponible « pour des opérations de l’OTAN (comme) de l’UE (*), de l’ONU ou en coalition » affirme-t-on à Londres.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) Si le Royaume-Uni choisit la voie du Brexit, cette possibilité de service auprès de l’UE parait compromise. Londres devra signer avec l’Union européenne un accord de participation sur la PSDC. Ce qui serait pour le moins anachronique…