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Updated: 2 hours 29 min ago

(Mica Center 4) Exercice Grand African Nemo et opération Corymbe, une démonstration d’un savoir faire possible

Sun, 29/03/2020 - 19:50

(B2) L’exercice Grand African NEMO est devenu désormais un rendez-vous annuel majeur (classique) de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. L’édition 2019 qui s’est déroulé entre fin octobre et le 5 novembre n’a pas échappé au rituel

Concertation lors du Grand African Nemo 2019 (crédit : Mica Center / Marine nationale)

29 exercices sur tous les thèmes possibles

19 marines des pays riverains et 6 marines investies dans la sécurisation du Golfe de Guinée (Belgique, Brésil, Espagne, États-Unis, France et Portugal) ont mené au total 29 exercices sur tous les sujets possibles : de la pêche illicite, au sauvetage, à l’assistance en mer en passant par la lutte anti-piraterie, contre les trafics illicites, le narco-trafic et les pollutions en mer.

Des scénarios d’entrainements proches de la réalité, dans lesquels les navires des marines amies du golfe de Guinée jouent le rôle de navires en situation de pêche illicite, en détresse ou attaqués par des pirates. En réaction, les marines riveraines du golfe de Guinée doivent intervenir de manière coordonnée pour éradiquer la menace simulée.

Une vingtaine de pistages de navires ont ainsi été effectués par les centres opérationnels des marines riveraines et les centres multinationaux de coordination (CMC) dans toute la zone : l’espace couvre plus de 3.530.000 km² de zones économiques exclusives (ZEE) et 6000 km de côtes.

19 marines de la région et du monde

35 bâtiments, du patrouilleur à la frégate, en passant par le bâtiment de commandement et de ravitaillement, étaient sur l’eau. Tandis que sept aéronefs, dont deux avions de patrouille maritime, décollaient. Par ailleurs 20 observateurs et officiers de liaison ont été mobilisés. Un observateur italien était ainsi au centre multinational de coordination (CMC) d’Accra tout comme le Danemark avait également envoyé des moyens.

Ont participé à l’exercice le patrouilleur de haute mer espagnol Atalaya (P-74), le NRP Zaire (Portugal), le navire de commandement et de soutien logistique belge Godetia (A-960), un avion P8A Poseïdon américain basé à Abidjan, et un patrouilleur de haute mer brésilien Apa (P-121). Coté français deux bâtiments — une frégate de surveillance avec un hélicoptère Alouette III et le BCR Somme — et un avion de surveillance maritime Falcon 50 ont été mis à disposition.

Les exercices menés au Grand African Nemo 2019 (crédit : Mica Center)

Trois objectifs

Cet exercice avait tout d’abord comme objectif d’aider à consolider l’architecture de sécurité maritime dans le Golfe de Guinée, comme le voulait le processus de Yaoundé. Principal défi : développer « la capacité des navires des marines engagées à communiquer entre eux, ainsi qu’avec les différents centres de commandements à terre ».

Second objectif : tester l’ensemble de la chaîne régionale de sécurité maritime : les centres de commandement maritime (COM), les centres multinationaux de coordination maritimes (CMC) des cinq zones A, D, E, F, G. Sans oublier le centre interrégional de coordination (CIC), structure d’échange d’information et de coordination, implantée à Yaoundé, qui fait la jonction entre le centre régional de sécurité maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) et son équivalent pour l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO).

Troisième objectif : accompagner les pays africains dans leur volonté d’autonomie opérationnelle à la mer (missions de sécurité maritime). C’est une grosse différence avec Somalie. Il n’y a pas là d’État failli, ce sont des pays souverains, ils peuvent avoir des difficultés à maintenir la sécurité. On les accompagne mais on ne peut pas les remplacer, certains mettent des moyens ont davantage de volonté. D’autres ont plus de mal. Chaque pays est très différent.

L’opération Corymbe

Depuis 1991, la marine nationale française déploie de façon quasi régulière un bâtiment dans la zone. C’était auparavant une nécessité vu les tensions dans la région du Golfe de Guinée. Il fallait être prêt à toute éventualité, notamment l’évacuation de ressortissants.

Une opération réorientée de la crise vers le soutien aux capacités

Aujourd’hui « il y a peu de crises et de besoins d’évacuation de ressortissants, l’opération s’est davantage réorientée vers la coopération, des patrouilles communes avec les Africains, la formation des marins africains », explique le capitaine de frégate Olivier Bertrand.

Fournir déjà du carburant c’est pas mal

« Il faut être pragmatique », confie un officier. « Beaucoup de marines africaines n’arrivent tout simplement pas à naviguer faute de carburant. » En soi, il n’y a pas d’entraînement au sens d’une formation soutenue. « Très franchement, ils sont au dessous du niveau opérationnel. C’est plutôt du mentoring, pour leur faire prendre conscience de la nécessité de certaines actions » et apprendre certaines notions. Les marins français fournissent essence et gasoil à leurs collègues africains.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le processus de Yaoundé

Le sommet de Yaoundé, en juin 2013 au Cameroun, pose les bases d’une coopération régionale. Un mémorandum fixe les premiers objectifs du dispositif de la « sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest », et les domaines de coopération. Il établit une division claire du travail entre les organisations régionales (chargées de concevoir la stratégie) et les États (chargés des opérations), entre le niveau stratégique et le niveau national.

Un centre interrégional de coordination (CIC) est créé par la suite, en septembre 2014 à Yaoundé, afin de mettre en œuvre cette stratégie régionale. Puis, un centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) est installé à Pointe-Noire au Congo.

Autre mesure concrète de ce sommet, l’adoption d’un code de conduite relatif à « la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre » (lire : Une force anti-piraterie dans le Golfe de Guinée ?).

L’architecture issue du processus de Yaoundé expliquée (crédit : Mica Center)

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(Mica center 3) Les différentes tendances de la piraterie vues par les opérationnels

Sun, 29/03/2020 - 11:50

(B2) La situation de la piraterie dans le monde est variable selon les zones. Témoignages des officiers du MICA Center

Au Mica Center de Brest © NGV / B2

Corne de l’Afrique

La piraterie est contenue par un effort des opérations successives, que ce soit l’opération européenne EUNAVFOR Atalanta ou les autres acteurs. Mais le phénomène n’a pas disparu. Il reste à faire un effort à terre pour reconvertir les pirates en pêcheurs. La situation politique en Somalie n’est pas réglée. Si le dispositif est allégé ou disparait, la piraterie reprendra comme en 2011-2012, avec des attaques journalières.

Dans l’Océan indien, « ce n’est pas le moment de baisser la garde ». Il ne faut pas économiser sur la sécurité. Même si on prend toutes les mesures de précaution en fonction des préconisations données (les fameuses BMP best management practices qui en sont à la version 5), « il faut donc garder les équipes de sécurité. Nous sommes dans un monde interconnecté » rappelle ce marin. « À la seconde où on apprendrait qu’un armateur ne prend plus d’équipes, il deviendrait une cible. »

Golfe de Guinée

La situation est assez stable. La zone est plus petite, mais la lutte contre les pirates s’avère aussi plus difficile. Les actions ne se déroulent pas toujours en haute mer, mais dans les eaux territoriales, « où on ne peut pas agir sans leur autorisation ». Il y a bien sûr le (bon) exemple du Togo. Ce qui montre qu’ils sont capables d’agir, il y a dix ans cela n’aurait pas été le cas. Mais pour d’autres pays, en particulier le Nigéria, c’est plus problématique.

Détroit de Malaka

Les attaques sont moins violentes. Il n’y a pas de kidnapping. C’est davantage de la ‘rapine’ ou du brigandage de grand chemin. Les ‘pirates’ montent à bord, volent tout ce qu’ils peuvent et repartent. Parfois l’équipage ne se « rend même pas compte » qu’il a été attaqué. On sent une « forte progression ». Les patrouilles communes de l’Indonésie et de la Malaisie ont bien fonctionné, dans le temps au moment de l’irruption de la piraterie. Mais la piraterie revient, ou plutôt le brigandage.

(Nicolas Gros-Verheyde))

Des navires qui trichent

Certains navires font ce qu’on appelle du spoofing avec leur AIS. Ils se greffent sur un autre navire, se déclarent au Golfe de Mexique alors qu’ils sont dans le Golfe de Guinée en train de faire de la pêche illicite. Le  changement d’AIS ou le camouflage d’identité est courant en Asie. Il se produit à plusieurs niveaux : un navire de guerre prend l’identité d’un navire de pêcheur, un navire de pêcheur l’autre. Cette tricherie oblige les marines à être présent physiquement « pour voir qui fait quoi ». Les dispositifs de repérage satellites ne sont pas suffisants. Il y a toujours un décalage entre la réalité et l’analyse satellite : commander une image, la faire venir, l’analyser, permet d’appréhender la compréhension du problème, pas d’intervenir ou de le solutionner

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Face au Coronavirus, agir et être solidaire n’est pas une faculté, c’est une obligation. Dixit le traité

Sat, 28/03/2020 - 17:05

(B2) En ces temps de confinement, il peut être intéressant de relire certains textes de base. Certains ont la bible, d’autres Zarathoustra… moi j’ai les textes européens. Chacun son luxe… ou ses tares. Lisez… puis agissez

En rangeant ma documentation (passe-temps favori du confiné), j’ai retrouvé ce document destiné à expliquer la future Constitution européenne aux citoyens… intitulé « Une Constitution pour l’Europe » diffusé (si mes souvenirs sont bons) l’un à l’été 2004, et un autre, plus court, après la signature par les leaders à Rome en octobre. Très pédagogiques, ils ont l’avantage d’être très clairs, très compréhensibles pour tous.

Davantage de solidarité

Sous cette très belle citation de Jean Monnet — « Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes » — on retrouve ainsi, dans le second document, un paragraphe « Davantage de solidarité ». « Si un État membre est l’objet d’une attaque terroriste ou victime d’une catastrophe naturelle ou d’origine humaine, l’Union européenne et ses États membres agissent de manière solidaire – le cas échéant par des moyens militaires – pour venir en aide à cet État. » (NB : c’est l’actuel article 222 du traité de fonctionnement de l’Union européenne). Et plus loin en page 18, pour détailler des exemples de ‘nouvelles’ politiques, on lit cette phrase, vitale aujourd’hui « Elle instaure une solidarité entre l’Union européenne, les États membres et l’État membre qui est frappé par une catastrophe naturelle ou humaine. »

Nouvelles possibilité d’agir dans certains domaines

Dans le premier document, plus épais (30 pages), destiné à illustrer les nouvelles bases juridiques du Traité, on retrouve cette phrase sublime : « La Constitution introduit de nouvelles bases juridiques qui permettront à l’Union d’intervenir en cas de besoin dans les domaines de la santé publique, pour faire face aux enjeux communs touchant à la sécurité des citoyens (par exemple: SARS, bio terrorisme) […] de la protection civile, pour assister les États membres à faire face aux catastrophes d’origine naturelle ou humaine … »

Et une précision supplémentaire : « En rentrant dans l’Union, les États membres ont accepté de se montrer solidaires les uns vis-à-vis des autres. Cette solidarité n’est pas qu’économique: en cas d’attaque terroriste ou de catastrophe naturelle, la Constitution prévoit dorénavant une intervention de l’Union. De plus, dans le cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance. »

Un texte identique

Précisons que les Traités actuels, issus du Traité de Lisbonne, sont identiques à (quelques mots et protocoles près) à  la « Constitution européenne ». Ces changements ne concernent pas ces paragraphes. Les exemples cités sont issus de l’actualité du moment. L’épidémie de SARS, fait référence à l’épidémie de coronavirus (déjà!) de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), apparue en novembre 2002 dans la province du Guangdong (Chine) et qui a fait près de 800 morts en Asie. Le focus important mis sur le terrorisme est lié aux attentats qui viennent d’avoir lieu à Madrid le 11 mars 2004 et ont secoué non seulement l’Espagne, provoquant la chute du gouvernement Aznar, mais aussi l’Union européenne.

Commentaire : un seul remède, l’action

À tous ceux qui disent, on ne peut pas agir, on n’a pas les compétences… je leur conseillerai de d’abord relire leurs classiques. Cette ‘promesse’ faite devant le peuple européen doit être tenue aujourd’hui. Mesdames, messieurs les responsables européens, notamment monsieur le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et madame la Chancelière Angela Merkel, cessez ces querelles enfantines. Donnez à l’Italie et à l’Espagne de quoi respirer économique. Madame Ursula von der Leyen, et Monsieur Janez Lenarčič,  réagissez, plus vite, plus fort. Ce n’est pas une question de marché unique, c’est la vie de milliers d’Européens qui est en jeu. Comme le dit ci-bien Jacques Delors, « l’Europe est en danger mortel ». Il a raison. Il vous reste quelques heures, quelques jours pour vous montrer à la hauteur de vos glorieux ainés.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Crise du coronavirus. La Commission von der Leyen manque d’audace. Faiblesse congénitale ?

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Faites votre sport en mode confiné, avec la Légion étrangère

Fri, 27/03/2020 - 19:05

(B2) La Légion étrangère (française) adapte sa communication aux canons de Youtube, en proposant des vidéos à la mode « Tuto ». Le major Gérald, officier des sports du 1er régiment étranger d’Aubagne, propose ainsi des conseils pour faire des abdos, se déplacer en maintenant sa garde… et cette semaine, pour faire du sport dans un espace confiné. Crise de coronavirus (Covid-19) oblige.

Il vous suffira donc d’un mur, d’un tabouret, d’une balle de tennis et d’une paire de bouteilles d’eau pour vous maintenir en forme pendant cette période difficile. Et n’oubliez pas le conseil du major : « si vos murs sont en placo, pas la peine d’aller chez le voisin. »

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Crise du coronavirus. La Commission von der Leyen manque d’audace. Faiblesse congénitale ?

Thu, 26/03/2020 - 14:30

(B2) Face à l’ampleur de la crise actuelle du Coronavirus, la réponse européenne parait encore bien timide. Audacieuse sur l’économie, faible sur la gestion de crise. Étonnant pour une Commission qui se prétend géopolitique

(crédit : Parlement européen)

Cela fait plus de trente ans que l’aide humanitaire fonctionne au niveau européen. Et autant de temps que je l’observe, je n’ai rarement vu une telle réaction aussi sous-proportionnée.

Une Europe ni inactive ni impuissante

Dans la crise actuelle, épidémique, les institutions européennes ne sont pas restées sans rien faire. Au contraire. Les mesures prises, notamment, pour soutenir l’activité ou préserver le marché unique sont plutôt audacieuses et rapides.

Des tabous qui volent en éclat au plan économique

On déroge au pacte de stabilité (une petite révolution). On ferme les frontières extérieures. On tolère la fermeture des frontières intérieures, avec juste la préconisation de couloirs ‘verts’ pour l’acheminement de marchandises. Les aides d’États exceptionnelles sont approuvées à la file, de façon quasi-automatique. Sans oublier le mode de décision totalement revu. En quelques jours, ce qui était impossible hier (visio-conférence, vote par mail, délégation de décision aux ambassadeurs, etc.) devient possible aujourd’hui.

Une protection civile déclenchée…

Le mécanisme de protection civile a été déclenché. Dès le 28 janvier, à la demande la France, surtout pour organiser les rapatriements de citoyens coincés à l’étranger. Un marché public a été lancé en urgence, pour acheter des masques et des respirateurs (masques avec respiration). Mais le rythme reste lent, très lent, par rapport à l’ampleur de la crise (1). Les premières livraisons n’auront lieu que début avril. C’est tard… Et finalement c’est faible. Alors que les hôpitaux italiens crient famine, que l’Espagne pourrait à son tour être submergée, la réponse n’est pas à la hauteur.

… Mais en sous-régime par rapport à l’ampleur de la crise

Le corps médical européen n’a pas été déclenché, il a disparu corps et bien (lire : Le corps médical européen ne répond plus). La fameuse décision prise sous Jean-Claude Juncker de pouvoir utiliser l’instrument de l’aide humanitaire sur le territoire européen, laissé de côté (2). Quant au commandement médical européen (un projet de la PESCO) ou au hub logistique, il est encore dans les cartons. Les structures militaires de l’UE (état-major de l’UE … ), ou proches d’elle, continuent de fonctionner, mais sans aucune coordination. L’Allemagne et l’Autriche déclenchent au bout de trois semaines la clause de solidarité. Personne ne répond au bout du fil. Etc.

Étonnant !

Dans les années 1990 l’aide humanitaire pulsait le rythme européen

En 1989, quand il s’est agi d’envoyer des secours en Roumanie, lors de la révolution de palais qui a mis à bas Ceaucescu, en pleine vacances de Noël, il ne fallait que quelques heures pour débloquer les fonds, choisir des opérateurs et les camions de secours partaient (lire : La Commission européenne déclenche une aide d’urgence à la Roumanie). Idem durant la guerre de Yougoslavie qui a servi de test grandeur nature à l’office européen d’aide humanitaire (ECHO), créé en 1992, devenue une direction générale complète. Durant des années, les ‘humanitaires’ européens ont été sur tous les fronts : de la Tchétchénie à la Syrie aujourd’hui. Et certains ont perdu la vie. Pourquoi ne sont-ils pas sur le front aujourd’hui ?

L’Europe est aujourd’hui bien armée et bien dotée

L’Union dispose d’une compétence claire, rénovée par le Traité de Lisbonne (3). Elle a des moyens humains : une direction générale entière consacrée à l’aide humanitaire et la protection civile, une salle de crise fonctionnant 24h/24 bien équipée. Elle dispose d’un dispositif d’analyse des informations et de renseignement qui aurait dû la conduire à anticiper la crise (4). On est loin du petit bureau niché au fin fond de la DG Environnement. Le CERU — centre européen de réponse d’urgence — qui est doté de gens compétents. Elle a un budget (non négligeable). Et plusieurs dispositifs ont été mis en place — mécanisme de protection civile, réserve opérationnelle (RescEU), corps médical européen… À quoi cela sert d’avoir tout çà ?

Les Européens auraient-ils oublié l’audace ?

On a l’impression que toute la structure européenne reste, aujourd’hui, paralysée, le doigt sur la couture du pantalon, attendant l’ordre (de Ursula ou d’un autre). Aurait-elle perdu cette capacité d’innovation, d’anticipation, d’audace, qui a toujours caractérisé l’aide humanitaire à l’européenne. D’ordinaire, durant la crise, on improvise, puis on formalise. Aujourd’hui cela a tout l’air d’être le contraire. Toutes les belles déclarations — une ‘vision intégrée’, une ‘Europe globale’, ‘une Commission géopolitique’, etc. — seraient-elles juste du vent ? Et l’Europe continuerait alors de fonctionner en ‘silo’, institution par institution, au lieu de travailler en réseau. Les déclarations politiques de Ursula von der Leyen dans son discours d’intronisation seraient-elles du vent ?

Ursula est-elle à la hauteur ?

L’actuelle présidente de la Commission européenne serait-elle si obnubilée par l’économique qu’elle en oublierait le monde d’où elle vient : la défense ? Ou est-elle tout bonnement (osons le mot) ‘non compétente’ ? Quand Ursula von der Leyen, dans un message solennel sur twitter (prononcé en trois langues) explique que « la lutte contre le virus prendra beaucoup de temps. La force et les moyens de remporter cette lutte viendront de notre grand marché unique. C’est la raison pour laquelle nous devons le protéger », on peut être étonné d’une telle myopie. La première urgence aujourd’hui, n’est-ce pas de sauver des vies ? Le marché unique est un actif essentiel à préserver, certes. Mais un actif secondaire aux côtés de l’urgence médicale, sanitaire. Ou alors, en effet, l’Europe n’est qu’un marché. Et la Commission géopolitique peut fermer ses portes.

Lenarčič est-il toujours vivant ?

Quant au commissaire européen Janez Lenarčič, chargé de la gestion de crises (5), c’est pour moi un mystère. Il devrait être aujourd’hui, en première ligne, présent tous les jours, devant nous. Il est inexistant. Nous avons eu un entretien (par voie de mail) avec lui. On ne peut pas dire que ce soit transcendant (lire : Nous devons constituer un stock stratégique de matériel médical (Janez Lenarčič)). La hauteur de vues et l’audace ne semblent pas être son fort. Sans vouloir jouer l’ancien combattant, avec Emma Bonino, Louis Michel ou Kristalina Georgieva — chacun(e) dans son style — ça déménageait autrement !

Déployer en interne…

L’Europe peut-elle agir ? Oui. Il n’est pas trop tard encore. Mais il faut prendre le taureau par les cornes dès aujourd’hui. L’Union pourrait jouer un rôle en mobilisant très vite ses fonctionnaires. Tout ce que la Commission européenne compte de compétences médicales, ou logistiques, en interne, doit être mis à disposition des États qui le demandent. Elle doit également mobiliser et financer ONG et organisations de volontaires, pour déployer rapidement des hôpitaux de campagne dans toutes les zones rouges (de crise) et orange (potentiellement de crises). Elle ne doit pas hésiter à affréter elle-même des avions pour ramener les équipements médicaux manquants dans les pays en grave besoin, au besoin en passant un contrat avec les transporteurs privés, ou en passant par les États membres. Le financement devra intégralement être pris en charge par le budget de l’UE, quitte à faire une modification d’urgence au système RescEU. Il faut être aussi révolutionnaire en matière de protection civile qu’on l’est en matière économique.

Anticiper à l’externe…

Et surtout il faut préparer le coup d’après. L’UE doit mobiliser dès maintenant tous ses moyens, civils et militaires, sur cette crise, notamment l’entrepôt de gestion de crises de l’UE qui est à Stockholm (financé par le budget européen). Elle doit préparer le déploiement d’un battlegroup médical soit en Europe, soit dans le monde, quand la crise atteindra le Sahel par exemple ou d’autres pays du voisinage. Une opération de secours type PSDC pourrait très bien être préparée également pour rapatrier les citoyens européens (6). L’état-major de l’UE peut prêter main forte en cas de demande ou, à l’extérieur, le commandement européen de l’aviation de transport (EATC), pour planifier des transports. Et si nécessaire, l’Union pourrait recourir à l’OTAN, au nom de cette coopération UE-Otan tant vantée par ailleurs, dont on n’a jamais la réalité autrement que dans de beaux discours.

Il y a urgence !

Mesdames et messieurs du Berlaymont. Il ne vous reste que quelques jours pour sauver votre honneur et la crédibilité européenne. Bougez-vous !

(Nicolas Gros-Verheyde)

Santé publique, non. De la gestion de crises

Certains ‘experts’ européens, en mal d’inspiration serinent à longueur de journée : l’Europe n’a pas de compétence en matière de santé publique. C’est pour cela qu’elle ne peut agir dans cette crise. C’est vrai en santé publique, l’Union européenne a des compétences limitées. Mais la santé publique, c’est la gestion des hôpitaux, la politique de vaccination, la prévention de telle ou telle maladie. On n’est (malheureusement) plus aujourd’hui dans cette problématique (même si le corps médical est mis à grande contribution). Ici, on est dans la gestion de crises, l’urgence, la protection civile. Dans ce domaine, l’Union européenne a des compétences claires et précises (cf. note 3).

  1. Les spécialistes européens jureront que ce délai est ultra-court, au regard des procédures habituelles de marché public européen (terriblement lentes). C’est la réalité. Mais un mois dans l’urgence actuelle, au regard de la flambée de l’épidémie et du taux de mortalité, c’est toujours trop lent.
  2. Décision prise sous couvert de l’article 122.2 du Traité sur le fonctionnement de l’UE : « Lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l’Union à l’État membre concerné. Le président du Conseil informe le Parlement européen de la décision prise. »
  3. « L’action de l’Union vise : a) à soutenir et à compléter l’action des États membres aux niveaux national, régional et local portant sur la prévention des risques, sur la préparation des acteurs de la protection civile dans les États membres et sur l’intervention en cas de catastrophes naturelles ou d’origine humaine à l’intérieur de l’Union ; b) à promouvoir une coopération opérationnelle rapide et efficace à l’intérieur de l’Union entre les services de protection civile nationaux ; c) à favoriser la cohérence des actions entreprises au niveau international en matière de protection civile. » (Article 196 du Traité FUE)
  4. L’IntCen qui fait de l’analyse du renseignement envoie ses synthèses (quotidienne, hebdo ou spécifiques) aux différents responsables européens Le Haut représentant de l’UE mais aussi la présidente de la Commission européenne et tous les commissaires à des postes ‘sensibles’ sont receveurs de cette prose. Ils ne peuvent nier avoir reçu l’alerte à temps.
  5. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a préféré ce titre à celui habituel de la ‘réponse de crises (terme politique de l’aide humanitaire et la protection civile). ‘Gestion de crises’ (crisis management) a une signification très précise en termes politique et juridique, correspondant (selon le Traité) aux missions de sécurité et de défense commune. Dans le champ politique, on n’est plus dans la réponse habituelle (protection civile), mais dans la réponse intégrée (englobant le sécuritaire et le militaire en théorie).
  6. Parmi les missions extérieures possibles figure « les missions humanitaires et d’évacuation » (article 43.1 Traité UE)

Lire aussi : L’Office européen d’aide humanitaire, ECHO, un système rodé aux crises

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La France suspend, à son tour, ses opérations en Iraq

Wed, 25/03/2020 - 22:46

(B2) Une semaine après les Britanniques, l’état-major français a annoncé mercredi (25 mars) suspendre ses opérations de formation en Iraq

Formation en Iraq des militaires français de Chammal (crédit : EMA / DICOD 2018 – archives B2)

Une demande du gouvernement irakien

Une décision prise à la suite dans la foulée de la décision de la coalition « d’ajuster son dispositif en Irak » et qui répond à une « demande du gouvernement irakien » et à la crise du coronavirus. Les activités de formation des forces de sécurité irakiennes étant suspendues. Les Britanniques avaient déjà plié bagages la semaine dernière (lire : Les missions de formation en Iraq font pause ! Les Britanniques, Espagnols… rentrent à la maison).

Plus d’une centaine de militaires rentrent

Le personnel de l’opération Chammal déployé en Irak dans ce cadre va ainsi être rapatrié. Une centaine de soldats engagée dans le pilier « formation », ainsi que les éléments de soutien national stationnés au sein de l’état-major de l’opération Inherent Resolve (OIR) à Bagdad, auprès de l’armée irakienne rentrent en France à compter du 26 mars.

Toujours engagée par d’autres moyens

La France reste « toutefois engagée au Levant, car la lutte contre Daech continue » précise l’état-major. La présence des militaires insérés dans les structures d’Inherent Resolve au Koweït et au Qatar ainsi que les déploiements maritimes dans le canal de Syrie restent d’actualité. Mais surtout, les militaires français continuent de participer à la composante aérienne qui effectue des vols quotidiens depuis la base aérienne projetée de Jordanie et la base aérienne de la coalition au Qatar. Les activités de formation reprendront « dès que la situation le permettra ».

Commentaire : ce retrait ne semble pas justifié uniquement par l’épidémie actuelle

Ce sont tout autant les conditions sécuritaires et la tentation croissante au sein du gouvernement irakien de ne plus avoir des troupes occidentales à demeure dans le pays. Ces motifs sont d’ailleurs clairement exposés par d’autres pays.

Prague avait pris la même décision hier (mardi 24 mars) le justifiant par quatre raisons : la réduction des opérations, les menaces sécuritaires, l’épidémie de coronavirus et le projet de restructuration de la mission. 30 soldats sont ainsi rentrés, selon CTK et Radio Prague, la plupart étaient chargés de l’entraînement des pilotes irakiens des avions d’attaque au sol L-159 de fabrication tchèque. D’autres s’occupaient des armes chimiques ou étaient des policiers militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Crise du coronavirus. Les armées appelées à la rescousse

Wed, 25/03/2020 - 21:00

(B2) Il n’y a pas qu’en France où les militaires ont été appelés à la rescousse. D’autres pays ont décidé, très vite (même plus vite), de faire appel à ces ressources. La logistique, les services de santé, les patrouilles aux frontières sont parmi les principales tâches qui leur ont été confiées. Petit tour

NB : ce tour n’est pas complet, il sera mis à jour ou complété d’autres articles

France : un hôpital de campagne déployé

Dans la foulée de la décision présidentielle du président français Emmanuel Macron, lundi (16 mars) soir, le ministère des Armées envoie un élément militaire de réanimation (EMR) à Mulhouse, à proximité de l’hôpital. Une infrastructure sous tente avec une trentaine de lits équipés pour la réanimation, déployée par le régiment médical (RMED) de l’armée de terre (de La Valbonne) et ‘armée’ par le service de santé des armées (SSA). Structure opérationnelle une semaine plus tard. Le premier malade est pris en charge mardi (24 mars).

Un Airbus A330, équipé en version d’évacuation médicale (kit Morphée), a commencé mercredi (18 mars) des navettes entre l’hôpital de Mulhouse, débordé par la crise, et plusieurs autres hôpitaux français (Bordeaux, Brest, Lorient…), comme le précise la défense française dans un communiqué. Tandis que le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre (L-9014) a rapatrié 12 malades d’Ajaccio sur le continent. L’objectif est de « désengorger certains hôpitaux débordés, en territoire métropolitain, Corse et outre-mer » a précisé à B2 un des officiers de communication. L’Élysée décide mercredi (25 mars) de lancer une opération de soutien aux services publics et hôpitaux français dénommée ‘opération résilience‘.

Allemagne : une mobilisation plutôt rapide

Le service de santé des armées allemand s’est mobilisé depuis… fin janvier. Le premier cas suspect en Allemagne impliquant un homme de Bavière a ainsi été confirmé par l’Institut de microbiologie de la Bundeswehr à Munich fin janvier. Tandis que la Luftwaffe a commencé des vols pour rapatrier les ressortissants allemands bloqués à l’étranger et amener de l’aide en Italie. Berlin a aussi décidé de commencer à lister ses réservistes en demandant aux volontaires de se signaler dès le 19 mars. Des appels répétés visent en particulier ceux ayant des compétences médicales, notamment pour renforcer les hôpitaux militaires, intégrés dans le système hospitalier civil un peu partout dans le pays.

Autriche

Dès le début de l’épidémie en Autriche, le 9 mars, l’armée a été mise en alerte, d’abord pour prêter main forte à la police aux frontières. Une tradition en Autriche où à chaque crise la Bundesheer est appelée en renfort. Pas question de « répéter les erreurs de 2015 » a indiqué la ministre de la défense Klaudia Tanner dans un communiqué commune avec son collègue de l’Intérieur, Karl Nehammer (tous deux membres du parti chrétien-démocrate ÖVP). « Nous n’allons pas faire passer de réfugiés par l’Autriche. » Très vite également des militaires ont été déployés à d’autres tâches. Dans plusieurs Länder (Vienne, Vorarlberg, Carinthie, etc.), les sportifs de l’armée et du personnel des centres logistiques de l’armée ont été déployés, à partir de lundi 16 mars. Ceux-ci sont confrontés « au défi de remplacer leur propre main-d’œuvre, afin d’assurer la rotation des marchandises et les livraisons aux épiceries » explique-t-on au ministère de la défense. Des soldats ont aussi pris le relais de policiers pour la protection des ambassades et des institutions internationales à Vienne, à la demande de la police du Land.

Belgique

Les services de l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek ont été placés en alerte et renforcés. Ses ambulances peuvent à la demande du numéro 112 transporter davantage de patients atteints du coronavirus entre les hôpitaux de Bruxelles et du Brabant flamand. La protection civile et les militaires ont, de concert, pour le stockage, le reconditionnement et la distribution de millions de masques de protection. Une première cargaison arrivée dans la nuit du 19 au 20 mars à Liège a été transportée jusqu’au quartier militaire de Peutie, et redistribuée ensuite dans le reste du pays. Une deuxième cargaison est arrivée le 23 mars.

Espagne : opération Balmis

Madrid a lancé une opération militaire baptisée ‘Balmis’, en hommage au médecin militaire espagnol qui a mené d’importantes campagnes de vaccination dans les colonies au début du XIXème siècle. 2600 soldats ont été déployés dans 48 localités différentes pour aider les autres services et forces de l’ordre pour l’aide à la population et la sécurité : renvoi à domicile des habitants ne respectant pas le confinement, aide à la construction d’un hôpital de campagne civil, livraisons de matériel médical, logistique et même aide aux sans-abris. Les militaires ont également désinfecté divers sites où vivent des populations fragiles (personnes âgées, handicapées…). Selon le ministère de la défense, une trentaine d’établissements de ce type ont ainsi été nettoyés la semaine passée rien qu’à Madrid.

Hongrie

Plus d’une centaine de soldats devaient être envoyés samedi (21 mars) aux frontières slovaque et autrichienne pour « renforcer le verrou frontalier », a indiqué le ministre hongrois de la défense Tibor Benkő sur Hir TV. Elles sont fournies par la 5e brigade d’infanterie István Bocskai et le 24e régiment de reconnaissance Gergely Bornemissza, tous basés à Debrecen.

Pologne : renforts aux frontières

La Pologne mobilisait au 23 mars 4968 militaires et civils de la défense face au coronavirus. Le gros du contingent (1800 hommes) opère directement en appui des forces de police et de garde-frontières, pour protéger les accès au pays, surtout côté ouest (frontière sur l’Oder avec l’Allemagne). Un peu plus de 500 militaires remplissent des missions logistiques diverses pour aider les autres services, notamment de santé, en transportant des médicaments. Plusieurs laboratoires biologiques contribuent à réaliser quelques centaines de tests de coronavirus par jour. Sur le plan purement médical, les 14 hôpitaux militaires polonais étaient annoncés en alerte dès le début de la crise.

République Tchèque

Depuis le 10 mars, des professionnels du service de santé ont été déployés aux frontières pour examiner l’état de santé des personnes présentant des symptômes de maladie virale aux postes frontaliers. D’autres soldats tchèques ont été déployés, lundi (16 mars), en renfort d’unités de police pour sécuriser la frontière nationale. Le gouvernement ayant décidé de clôturer le pays. Les militaires ont aussi été mobilisés pour aider à acheminer des équipements médicaux minimaux (masques simples ou à respiration), dans tous les hôpitaux du pays (lire : Prague organise un pont aérien pour rapatrier masques et respirateurs de Chine).

(NGV, avec RM à Paris)

A suivre : l’Italie en première ligne

Lire aussi : Deux navires hôpitaux et des hopitaux de campagne en renfort outre-atlantique

 

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Un cas de coronavirus à bord. Le Leopold I rentre

Wed, 25/03/2020 - 19:52

(B2) Un cas de contamination au coronavirus a été détecté au sein de l’équipage de la frégate Leopold I qui accompagne actuellement le porte-avions français Charles-de-Gaulle vers la mer du nord. Le malade a été débarqué « il y a quelques jours » sur la base néerlandaise de Den Helder, indique la marine belge aujourd’hui. Par mesure de précaution, le navire a quitté la mission Foch et fait maintenant route vers son port d’attache de Zeebruges. Il doit y arriver vendredi dans la matinée. Un screening et des mesures de contrôle sont prévues à bord par l’équipe médicale. « Toutes les mesures et précautions sanitaires nécessaires seront prises pour son arrivée au port et ce, tant pour le personnel que pour le navire » précise la défense belge.

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Des masques à bord d’un A400M direction Madrid

Wed, 25/03/2020 - 18:25

(B2) Airbus indique avoir mobilisé lundi (24 mars) un avion de transport A400M pour réaliser un pont aérien entre Toulouse et la base aérienne de Getafe (près de Madrid). Objectif : livrer en Espagne des masques, remis au ministère de la défense

chargement de l’A400M (crédit : Airbus)

Cette cargaison fait partie de quelque « deux millions de masques transportés ce week-end par un Airbus A330-800 d’essai de Tianjin, en Chine, vers l’Europe ». L’industriel indique vouloir « continuer d’apporter son soutien avec des vols supplémentaires prévus dans les prochains jours » en coordination avec les autorités nationales.

(RM)

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Deux navires hôpitaux et des hopitaux de campagne en renfort outre-atlantique

Wed, 25/03/2020 - 17:43

(B2) Après avoir un peu nié la crise, les USA ont réagi vite, et de façon plutôt intelligente. Ils ont décidé le 18 mars de placer deux navires hôpitaux, l’un sur la côte Ouest (Pacifique), l’autre sur la côte Est (Atlantique)

L’USNS Mercy est parti de sa base de San Diego vers Los Angeles (crédit : U S Navy – Mass Communication Specialist 2nd Class Zach Kreitzer juillet 2018 – Archives B2)

Deux navires hôpitaux déployés

Sur la côte Ouest, l’USNS Mercy (T-AH 19) vient d’être déployé à Los Angeles la nuit dernière (23 mars) annonce le Pentagone. Sur la côte Est, c’est l’USSN Comfort (T-AH 20) qui est annoncé. Mais pas tout de suite. Il sera « déployé à New York en moins de 14 jours » a annoncé Mark T. Esper, le ministre US de la Défense, hier (24 mars). Au moment de l’alerte, il était en effet à Norfolk, en Virginie, pour maintenance. La marine a été priée de faire au plus vite. Par ailleurs des hôpitaux de campagne de l’armée (terre) sont déployés à Seattle et à New York. Chacun de ces deux navires offre une capacité intéressante de traitement : 1000 lits de patients et 80 lits de soins intensifs, un scanner et 4 salles de radiologies, 12 salles d’opérations,  etc. (voir la fiche de synthèse).

En délestage plutôt qu’en première ligne

L’objectif affiché est de pouvoir venir au secours des hôpitaux des comtés « potentiellement submergés avec des soins aigus aux patients » explique-t-on au Pentagone. Il ne s’agit pas ainsi d’accueillir des malades du coronavirus, mais davantage « de soulager le personnel des hôpitaux civils de patients non atteints de coronavirus, afin que ce personnel puisse s’occuper des patients atteints de coronavirus » a précisé Mark T. Esper. « Le personnel médical militaire et les installations médicales militaires est davantage orienté vers les soins de traumatologie que vers le traitement des patients contagieux ».

Le personnel militaire davantage orienté + trauma qu’épidémie

La raison de ce choix repose sur la logique militaire. Nous sommes « confrontés à des problèmes d’équipage » explique le médecin-général Paul Friedrichs, chirurgien de l’état-major interarmées. Ces navires sont, en effet, plutôt dotés d’un personnel typique pour des opérations, pour soigner des traumatismes ou blessés au combat, que pour traiter une maladie contagieuse comme le coronavirus. « Les utiliser pour prendre des patients non atteints de coronavirus […] est la meilleure façon d’affecter et d’organiser notre personnel ».

Un dispositif intelligent

Commentaire : ce dispositif est plutôt très intelligent. Laisser les hôpitaux civils en première ligne, sur le coronavirus et permettre au dispositif de santé de continuer à fonctionner, en seconde ligne, est assez rationnel et typique de l’organisation d’un service de santé (militaire ou non) de première urgence et deuxième urgence. On peut remarquer aussi une certaine anticipation dont fait preuve l’armée US. On pourra dire ce qu’on veut de Donald Trump et de ses foucades. Mais quand c’est parti outre-Atlantique ca fonce… ce n’est pas le cas partout. Si les Européens avaient fait preuve de la même anticipation, on n’en serait pas là aujourd’hui…

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : La défense américaine n’est pas épargnée par le coronavirus. Selon un décompte officiel, fait le 18 mars, 49 militaires, 14 civils de la défense et 7 contractants avaient été testées positives, selon Hoffman. Et un premier homme, un contractant, est décédé samedi (21 mars) a annoncé le Pentagone le lendemain (22 mars).

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Ecoutez Manu Dibango. Fermez les infos (recommandation OMS) !

Wed, 25/03/2020 - 07:25

(B2) Il y a un moment où on doit tous partir. Manu Dibango, l’homme sage, chantant, nous a légué une formidable joie de vivre. Écoutez, réécoutez…

Je n’irai pas plus loin dans la biographie de ce jazmann, éclectique, séduisant, passant du saxo au piano avec dextérité et plaisir. Tous ceux qui l’ont vu un jour sur scène peuvent en témoigner. Lire aussi sur la radio télévision suisse ou sur RFi Musique ou réécoutez-le à Jazz in Marciac.

L’abus d’infos est nuisible à la santé

Le matin, ou le soir, cela vaut mieux que tous les flashs de radio et télévisions, qui sont parfois plus déprimants qu’autre chose (1). C’est d’ailleurs une recommandation expresse de l’organisation mondiale de la santé (OMS) qui est souvent passée.

« Apaisez vos inquiétudes et calmez votre agitation en passant moins de temps, vous et vos proches, à regarder ou à écouter les reportages qui vous perturbent dans les médias. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Si vous avez le choix, écoutez plutôt les chaines radio et TV belges (RTBF, RTL, Bx1) moins ‘stressantes’ et plus ‘positives’ que les chaines radios et TV françaises (France-Inter et France24 y compris). Certains collègues, mal inspirés, semblent prendre un certain morbide plaisir à décompter (en accentuant y compris dans le phrasé) le nombre de morts et de malades de la veille, plutôt qu’à parler aux vivants. Faut-il rappeler qu’en ces temps de confinement, radios et télévisions ont un rôle primordial non seulement pour l’information primaire, mais aussi de pédagogie, et de rendre la vie confinée supportable. Ce pour de longues semaines encore (mi-mai si on est optimiste, fin juin si on l’est moins)

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Prague organise un pont aérien pour rapatrier masques et respirateurs de Chine

Mon, 23/03/2020 - 23:45

(B2) Un Antonov An-124-100 ukrainien avec plus de 100 tonnes de fournitures médicales venant de Chine s’est posé dans la nuit de samedi à dimanche (22 mars) sur l’aéroport de Pardubice, en république tchèque. Le premier d’une longue série

Les militaires gantés et munis de combinaison s’attaquent au déchargement des masques et autres respirateurs sortis de l’avion géant (crédit : armée tchèque Jana Deckerová)

Une cargaison géante

A l’intérieur de l’avion Ruslan cinq millions de masques, deux millions de respirateurs, 200.000 tests rapides, 120.000 combinaisons de protection et 80.000 lunettes réparties sur 134 palettes. Soit 106 tonnes de matériel. L’avion a commencé son voyage jeudi matin à Kiev. Après une escale à Bakou (Azerbaïdjan), il a atterri à Shenzhen vendredi après-midi. Quelques minutes plus tard, un autre avion, civil cette fois de la compagnie China Eastern, se posait à l’aéroport international de Prague (Vaclav Havel) avec sept millions de masques à l’intérieur, selon l’agence CTK relayé dans la presse tchèque.

Une distribution un peu mieux organisée

Pour éviter la pagaille naissante, une répartition a été fixée. 2,3 millions de masques iront aux hôpitaux universitaires, via le ministère de la Santé. « Et 2,9 autres millions iront aux pompiers, chargés de les répartir via les régions aux hôpitaux régionaux et autres installations », a précisé le ministre de l’Intérieur, Jan Hamáček. « Nous voulons que les matériels de santé soient distribués le plus efficacement possible » a souligné le Premier ministre Andrej Babiš présent sur place pour accueillir la cargaison.

Un véritable pont aérien

Aussitôt le déchargement effectué, l’avion a repris l’air. Direction : sa base de Leipzig (en Allemagne), pour effectuer un changement d’équipage change. Et hop directement redécollage en direction de Shenzhen (Chine) pour ramener à la maison, en Tchéquie, une seconde cargaison de matériel. Arrivée prévue : mardi (24 mars). Un troisième vol devrait avoir lieu « à la fin du mois », selon le ministre de la défense Lubomir Metnar. Vendredi, selon des sources militaires. Un véritable pont aérien s’esquisse durant les six prochaines semaines, car aux avions affrétés par le ministère de la défense, s’ajoutent les avions civils.

Un vol effectué grâce au programme Salis

Ironie de l’histoire, alors que l’OTAN n’a eu de cesse ces derniers temps d’avertir contre l’entrisme chinois (notamment dans la 5G), c’est grâce au  programme de l’OTAN, dit SALIS, que ce vol a pu avoir lieu (1). Programme permettant aux  pays participants de bénéficier d’un droit de tirage d’un certain nombre d’heures sur ces machines gros-porteurs, russo-ukrainiennes.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un détournement d’une cargaison frauduleuse

La découverte d’une cargaison de masques destinée à l’Italie a fait les choux gras de la presse européenne, reprenant l’information révélée par le quotidien Repubblica. L’histoire est en fait une banale histoire criminelle. Les douanes tchèques ont mis la main sur un lot de 680.000 masques dans un entrepôt à Lovosice, petite ville au nord-ouest de Prague nichée non loin de la frontière allemande. Un lot que les ‘vendeurs’ tentaient de revendre aux hôpitaux de la région en spéculant. Malgré le fait que les cartons portent l’inscription ‘Dons de la Croix-rouge’ et ‘Forza Italia, nous sommes à vos côtés’ (destinée à la communauté chinoise présente dans la péninsule), une bonne partie est redistribuée aux hôpitaux.

Pour éteindre la polémique qui enfle, Prague a promis d’envoyer, sans attendre la fin de l’enquête, 110.000 des masques saisis à l’Italie. « La partie tchèque n’a pas délibérément retenu les choses », a justifié dans une lettre le ministre des Affaires étrangères, Tomas Petricek, selon Ceske Noviny, à son homologue italien Luigi di Maio. Cette saisie visait  « un groupe organisé qui avait probablement commis une fraude ». Pour les Tchèques, l’information a été montée en épingle. Le lanceur d’alerte — un employé de l’institut de recherche AMO, Lukáš Leo Červinka, membre du parti pirate —, n’a ainsi jamais déclaré, selon l’agence CTK, que toute la cargaison saisie était destinée à l’Italie.

Reste à savoir comment des masques chinois sont arrivés dans une petite bourgade perdue, non loin de la frontière allemande et de Dresde. Personne ne semble s’en être étonné. En tout cas, la quantité des masques saisis est relativement faible au regard des quantités commandées par Prague de façon légale. Accuser donc les Tchèques d’avoir organisé une rapine sur le dos de l’Italie est peut-être un peu rapide… L’enquête suit son cours.

  1. Le transport stratégique des Européens passe par Leipzig. Le contrat Salis renouvelé (fiche)

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2. Le contrôle naval volontaire : prévenir, informer, alerter

Sun, 22/03/2020 - 14:25

(B2) Établi entre la Marine et des armateurs français, le contrôle naval volontaire (CNV) repose sur un principe assez simple : l’échange

Le contrôle naval volontaire est divisé en quatre zones. Ici la zone Atlantique-Méditerranée (© NGV / B2)

Une fois inscrit au MICA Center, le capitaine du navire (ou son équipage) peut recevoir des informations sécuritaires sur les zones où le protocole s’applique et des recommandations sur la conduite à adopter.

Une seule inscription, trois raisons

En pratique, le contrôle naval volontaire comprend :

• le report des intentions et mouvements des navires par leur capitaine auprès du centre de suivi national et des commandants de zone maritime (CZM) lorsqu’ils transitent dans des zones à risques de piraterie ou de terrorisme ;

• la diffusion aux officiers de sécurité des compagnies et aux capitaines des navires d’informations relatives à la situation nautique et militaire dans leur zone, et des recommandations de routes à suivre et de comportement à adopter ;

• les navires marchands sont invités à reporter tout évènement ou activité en mer ou en escale, qui paraît suspect et pourrait être lié au crime transnational et aux activités illicites. Cela permet à la Marine d’avoir une connaissance plus fine des différentes zones à risques et des activités qui s’y déroulent.

Actuellement, quatre zones de contrôle naval ont été définies : le Golfe de Guinée, la Méditerranée et l’Atlantique, l’Océan Indien et l’Asie du Sud-Est.

L’objectif : la protection du trafic maritime

Le contrôle naval volontaire « contribue ainsi à la protection du trafic maritime, en permettant de suivre des navires et au besoin de les orienter » souligne-t-on à la préfecture maritime de Brest. En cas de difficulté, ce suivi « permet d’être en mesure de leur porter assistance dans les meilleurs délais ».

Une fiche sur chaque navire

« On a une fiche sur chaque navire. Dès qu’ils rentrent dans la zone. Ils donnent les informations de base, le téléphone du navire, du mess, le contact du CSO (company security officer). » Ce qui permet ensuite aux officiers de quart de pouvoir réagir plus vite en cas d’incident.

En cas d’alerte

Quel que soit le centre, la procédure est sensiblement la même en cas d’alerte. L’opérateur décroche 24h/24 7 jours sur 7 365 jours par an. Il prend l’ensemble des informations. Une fiche type permet de noter toutes les informations : la position, la liste de l’équipage, le numéro de téléphone de la citadelle, etc. Il peut y avoir du stress. « Parfois, l’officier de permanence entendait les bruits de lutte en fond dans le téléphone. » Autant donc ne rien oublier. Pour pallier à ce stress, certains bâtiments ont des messages préenregistrés permettant de donner l’alerte.

Le relais passé à l’opérationnel

L’officier de permanence prévient ensuite l’ensemble des acteurs. Par exemple un des centres opérationnels basés dans un des pays riverains du Golfe de Guinée ou le quartier général de Rota (en Espagne) — si l’incident se passe dans le Golfe d’Aden ou dans l’Océan indien au large de la Somalie ou du Kenya. Brest passe alors la main pour tout l’aspect opérationnel : l’envoi et l’intervention des navires et des avions.

Des convois organisés dans la Golfe d’Aden  IRTC

Les navires s’inscrivent sur une liste et un créneau est organisé pour le passage. C’est devenu l’exception aujourd’hui, alors que durant la phase aigüe de piraterie, c’était devenu un mode régulier de traversée. Mais certains navires préfèrent encore ce mode opératoire, un peu complexe. En général, ce sont des navires qui pourraient constituer des proies trop sensibles (navires plus lents, avec faible tirant d’eau, etc.). « Nous essayons de les rassembler, et d’avoir une escorte plus serrée, pour les accompagner dans la progression vers l’Océan indien et la Mer rouge » explique un officier du MSCHOA.

(Nicolas Gros-Verheyde)

La citadelle, pièce maitresse anti-pirates

C’est devenu une pièce maitresse de la sécurité de l’équipage face à une attaque pirates. Souvent placées au cœur du bateau, elle n’apparait normalement pas dans le plan du navire et est prévue pour durer, avec de la nourriture et des communications. Dans les constructions modernes, le réseau de télécommunications est intégré. Tout l’équipage se met dedans. Et laisse le navire à l’arrêt.

« Au bout d’un moment, les pirates savent qu’ils ne peuvent plus rester longtemps. A partir du moment où ils voient des moyens arriver, qu’il y a une réponse, ils ne vont pas insister », précise un officier. L’objectif est davantage le vol que de prendre des otages pour les rançons. Contrairement à la piraterie somalienne, la piraterie dans le Golfe de Guinée n’a pas vraiment de lieu où se réfugier.

 

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Au cœur du MICA Center. 1. La surveillance de toutes les mers du globe

Sat, 21/03/2020 - 15:59

(B2 à Brest) Dans les tréfonds de la préfecture maritime Atlantique, ne se trouvent pas uniquement le commandement des forces nucléaires françaises, mais aussi hub de surveillance maritime

© NGV / B2

Trois salles d’opération, un même objectif : surveillance contre la piraterie 

Au sein du MICA Center (Maritime Information Cooperation and Awareness Center), trois structures fonctionnent côte-à-côte dans des formats légèrement différents : une partie est directement gérée par la marine nationale, puis deux unités spéciales internationales, l’une dédiée au Golfe de Guinée (MDAT-GOG), l’autre à l’Océan indien et le Golfe d’Aden (MSCHOA). Ensemble, ils forment un hub, un centre d’expertise maritime dédié aux navires, contre la piraterie. « Pour faire de la diffusion des informations, cela ne fera pas tout seul dans son coin » remarque un officier.

Le MICA Center proprement dit 

Six opérateurs en tout font du recueil de l’information. Ils suivent quotidiennement 200 navires, qui ont signé un protocole d’accord de suivi volontaire avec la marine nationale française. C’est cela qui leur permet d’avoir accès des infos sur la zone qui les intéresse, et d’avoir un point de situation hebdomadaire. Les officiers des navires reportent par mail, par téléphone, via un site dédié FMS. 3000 mails par mois sont ainsi traités.

Un vrai hub d’information

C’est un vrai hub, un réseau d’information. Le centre fournit aux navires et armateurs des informations dont ils ont besoin, un cliché quotidien, des alertes en cas d’attaques, des informations périodiques, des synthèses périodiques, et des publication à plus long terme (tel le bilan piraterie).

Du sous-sol à l’entresol, en attendant la grande salle

Au fil du temps, et au gré des besoins, le MICA a grossi. Il regroupe aujourd’hui en tout une trentaine de personnes. Cette montée en puissance se reconnait à un signe. À ses débuts, le Mica était au sous-sol de la préfecture. Aujourd’hui, il est remonté d’un étage vers l’entresol…

Financé par l’État

Il est financé pour l’essentiel par la marine nationale (française), sauf le MSCHOA qui bénéficie d’un financement européen solidaire (via le mécanisme Athéna). Pour les navires, le service ne coûte rien. C’est un service qui est fourni gratuitement de façon régalienne. Les armateurs ne mettent pas d’argent. Et ils n’ont aucunement l’intention d’en mettre (1).

Dans une petite salle à côté, se trouve le MSCHOA

C’est le dernier né de la panoplie du MICA Center. Élément essentiel du commandement européen anti-piraterie (basé à Rota, en Espagne), il assure le suivi de l’opération européenne anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta, et ainsi le lien nécessaire entre les militaires et la marine marchande.

La carte de la Somalie accrochée dans le MSCHOA avec ses différentes zones d’intervention (© NGV / B2)

Dans une petite pièce de 20 m2, cinq à six opérateurs travaillent en permanence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sur le même principe que ‘ceux d’en face’ (la nuit est coupée en deux quarts 20h à 2h et 2h à 8h). Ici, 120 navires sont suivis par jour. Le corpus est plus international avec un officier espagnol, un autre belge.

Le suivi se fait plus précis dans le ‘couloir de transit recommandé sur le plan international’ (IRTC dans le jargon maritime) qu’empruntent chaque jour des dizaines de navires de toute nationalité et de tous types, pour aller de la mer rouge après le canal de Suez au détroit d’Ormuz ou Golfe d’Oman (et retour).

Le dispositif Mercury permettant de relier tous les navires engagés dans la lutte anti-piraterie pour les informations courantes (non classifiées) © NGV / B2

La surveillance du Golfe de Guinée

Le MDAT GOG (Maritime Domain Awareness for Trade-Gulf of Guinea) surveille la situation dans le Golfe de Guinée en vertu d’un accord franco-britannique. Il fonctionne depuis 2016, c’est le plus ancien de ces trois dispositifs en fait.

L’accès à ce service est ouvert à tous les navires présents dans le Golfe de Guinée, peu importe leur pavillon ou leur nationalité. Il y a environ 950 navires inscrits. Et un peu plus de 400 navires suivis par jours.

Le matériel est fourni par les Britanniques. Les Français apportent le personnel et le bâtiment. Un centre miroir est installé à Portsmouth au Royaume-Uni. Le chat est ouvert en permanence. La boite mail est partagée. « On se répartit les tâches en même temps. » On sort de rivalités et concurrence ancestrales avec un partage d’informations.

Un principe : le partage de l’information

Objectif : assurer une surveillance de ce qui se passe en mer dans les différents points du globe. Ce qu’on appelle dans le jargon maritime, le contrôle naval volontaire (ou CNV).

« Une partie de la solution réside dans la circulation de l’information. Elle doit être la plus fluide possible afin de permettre aux acteurs de l’industrie maritime nationale de s’affranchir des dangers présents dans les zones » qu’ils traversent expliquait en 2016, le capitaine de frégate Franck Musique, le numéro 2 du commandement de Brest.

La meilleure des préventions, alerter

Ce principe reste le même aujourd’hui. « En donnant l’alerte, on prévient d’autres attaques. En effet, en général, une attaque qui échoue est suivie d’autres. L’information à temps permet à d’autres navires de réagir et d’éviter de se faire pirater », affirme le contre-amiral Nicolas Vaujour, en charge des opérations de la marine nationale.

En lien avec d’autres centres

Le Mica Center est relié à d’autres centres civils : le CRFIM de Madagascar, l’IRC de Singapour … cinq centres en tout. Dans chacun d’entre eux, il y a des officiers français insérés. Ce dispositif est en passe de se compléter. Un centre est ainsi en création en Inde, à New Delhi, un autre en passe de se créer dans le Pacifique. « Chacun ressent le besoin de faire la fusion de ses informations en matière maritime » poursuit le contre-amiral.

Du personnel expérimenté

Une trentaine de marins travaillent ici. Tous ont navigué. Ils ont au moins deux galons, avec des qualifications bien diverses. On trouve ainsi des navigateurs, des détecteurs guetteurs sémaphoriques, des navigateurs timoniers. « Nous avons besoin de gens qui ont vécu des opérations — précise le capitaine de corvette Gilles Chehab, commandant le MICA Center —, ont vécu en mer, savent de quoi il s’agit. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Pour les armateurs pas question de payer

Le président d’Armateurs de France, Jean-Marc Roué, l’a redit à Brest devant la presse : « payer le service, je ne sais pas si c’est vraiment nécessaire. […] Un état souverain comme la France, qui est leader en Europe, n’a pas le choix que d’être super équipé. » Et les compagnies maritimes investissent déjà beaucoup pour leur propre sécurité.  « Il n’y a pas une compagnie [sérieuse] qui va aller naviguer dans une zone à risque sans avoir prévu des mesures de sécurité, telle une citadelle. » « Lever un impôt supplémentaire n’est donc pas la question. »

A suivre :

Lire aussi :

Sur la partie du reportage à Rota (Espagne) :

Reportage réalisé en octobre à Rota (en solo) et fin novembre à Brest

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Coronavirus : le rapatriement des Européens s’organise

Fri, 20/03/2020 - 13:00

(B2) Face au blocage des Européens à l’étranger, pour cause de frontières fermées, les opérations de rapatriement se multiplient. De façon nationale ou via le mécanisme européen de protection civile

La ministre (française) de la santé, Agnès Buzyn, accueille des citoyens européens rapatriés via un avion français depuis Wuhan, le 31 janvier (crédit : Armée de l’air française)

Des opérations entamées avec le confinement décidé par la Chine

Les opérations de rapatriement ont, en fait, commencé depuis plus d’un mois et demi, avec les premiers rapatriés de Chine. Mais leur rythme s’accélère, surtout depuis que l’Union européenne a décidé de mettre en œuvre des restrictions aux frontières extérieures de l’espace Schengen. « Environ 80.000 personnes » résidant dans l’Union européenne se trouvent actuellement hors du territoire européen, estime Peter Stano, porte-parole du service diplomatique de l’UE, mercredi (18 mars).

Une première activation par la France

Fin janvier, la France est la première à activer le mécanisme de protection civile en relation au Covid-19. Trois avions (deux français et un allemand), cofinancés par l’Union européenne, rapatrient ainsi 558 personnes depuis Wuhan, en Chine. Du côté français, le 31 janvier, c’est un A340 de l’escadron de transport 3/60 ‘Esterel‘ de l’armée de l’air, habituellement stationné à Creil (base aérienne BA 110), qui effectue la rotation. Il est suivi, 48 heures après, par un A380 affrété spécialement. Le 9 février, c’est au tour du Royaume-Uni de rapatrier 95 citoyens européens depuis Wuhan. La Commission européenne cofinance les frais de retour pour les citoyens depuis le Royaume-Uni jusqu’à leur pays d’origine.

Une multiplication d’opérations

Le 19 février, deux avions italiens, cofinancés par l’UE, partent en direction du Japon pour rapatrier les citoyens européens bloqués sur le navire de croisière Diamond Princess. Le 9 mars, Londres active, à son tour, le mécanisme de protection civile, pour rapatrier des citoyens britanniques et européens bloqués sur un autre navire de croisière, Grand Princess (1). Deux jours plus tard, un avion britannique quitte Oakland aux États-Unis avec 168 personnes à bord, direction Birmingham.

L’Autriche, dernière en date 

Suite à l’activation par l’Autriche du mécanisme de protection civile, un avion se pose, le 17 mars, à Vienne en provenance du Maroc avec « environ 290 citoyens européens à son bord », explique le jour-même le porte-parole en chef de la Commission européenne, Éric Mamer, en salle de presse. « Un second vol autrichien a permis à 315 autres citoyens de l’Union européenne de quitter le Maroc » informe la Commission européenne le lendemain.

Prochaines opérations en discussion

De prochaines opérations sont déjà en discussion. L’Allemagne, notamment, active le mécanisme jeudi (19 mars). Elle demande de l’aide pour coordonner treize vols de rapatriements de citoyens européens bloqués, entre autres, en Égypte, au Maroc, aux Philippines, en Tunisie et en Argentine. Le jour précédent, la République tchèque convient d’envoyer un avion pour rapatrier des citoyens européens coincés au Vietnam. Vendredi (20 mars), la Commission annonce l’activation du mécanisme par la Belgique afin de rapatrier des citoyens européens depuis la Tunisie.

Plus de 1400 citoyens rapatriés

Au 19 mars au soir, le mécanisme de protection civile a permis le rapatriement de plus de 1400 citoyens de l’Union européenne vers l’Europe depuis le début de l’épidémie du Coronavirus. Rien que cette semaine, 619 citoyens européens ont bénéficié de ce soutien.

(Clara Gantelet, st.)

  1. Hors de l’Union européenne (Brexit oblige), le Royaume-Uni reste néanmoins, durant la période de transition (jusqu’au 31 décembre 2020), bénéficiaire des dispositifs européens, comme tenu d’en respecter les règles.

Un mécanisme de soutien aux États

Si l’assistance consulaire est principalement la responsabilité des États membres, dans une crise, l’Union européenne aide à coordonner celle-ci. Le service diplomatique européen (SEAE) a ainsi une unité de coordination consulaire. Du côté des opérations conjointes, elles sont cofinancées (jusqu’à 75% par le budget de l’Union européenne) et coordonnées via le mécanisme européen de protection civile établi au sein de la Commission européenne. Les États membres mettent les moyens à disposition. Dans ce cas-ci, des avions. La DG ECHO (Protection civile et opération d’aide humanitaire) de la Commission se charge de compiler les informations, de les redistribuer et de coordonner les opérations, notamment via son centre de coordination de la réaction d’urgence (lire : Dans la salle de crise de la Commission européenne, à l’heure du Coronavirus).

Lire aussi : Les frontières extérieures de l’UE ferment pour bloquer le Coronavirus. Des opérations conjointes de rapatriement (Conseil européen)

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Les missions de formation en Iraq font pause ! Les Britanniques rentrent à la maison

Thu, 19/03/2020 - 14:45

(B2) Toutes les activités de formation en Iraq de la coalition comme de la mission de l’OTAN sont aujourd’hui suspendues. Épidémie de Coronavirus oblige

Formateur du 4 Riffles (flux images : MOD UK / sélections B2)

Une mesure de précaution

La cause n’est pas politique cette fois, même si les Britanniques ont eu un mort parmi les leurs il y a quelques jours (lire : Regain de tensions en Iraq entre Américains et milices chiites soutenues par l’Iran). C’est une « mesure de précaution du fait de la pandémie mondiale » explique le quartier général des opérations britanniques, qui est un des premiers à avoir communiqué sur le sujet. Londres a d’ailleurs décidé de réagir vite.

Plus de la moitié du contingent rentre au pays

Une partie du personnel déployé en Iraq va être « redéployée au Royaume-Uni ». Ces troupes resteront « prêtes pour toute une série de déploiements potentiels dans le monde entier, tout en ayant la possibilité de soutenir leurs proches confrontés aux défis du virus » précise le QG britannique. Selon nos confrères outre-manche, notamment Deborah Haynes, de Skynews, plus de la moitié des 400 militaires britanniques rentreraient ainsi au pays.

Une mission de formation ralentie depuis plusieurs mois

Les tensions début janvier en Iraq et avec l’Iran ont entraîné une suspension des activités qui n’a jamais vraiment repris (lire : L’OTAN et la Coalition contre Daech suspendent leurs activités en Irak. Trop dangereux). Ce, malgré les commentaires plus optimistes. « Au cours des derniers mois, le rythme de l’entraînement a considérablement diminué. Ce qui signifie que je suis en mesure de ramener les unités chargés de la formation » reconnait le ministre de la Défense, Ben Wallace.

Une empreinte minimale conservée

Le Royaume-Uni conservera « le personnel militaire clé dans tout le pays pour s’assurer que le gouvernement irakien, la Coalition mondiale et les intérêts nationaux du Royaume-Uni sont correctement soutenus » assure le ministre de la défense (1). Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui vient de tenir une conférence de presse ce jeudi (19 mars), en vidéo, n’a à aucun moment mentionné cette suspension des activités. Petit cachottier…

(Nicolas Gros-Verheyde, avec AP pour l’OTAN)

  1. Cette décision prise en urgence pourrait être liée à une possible (ou redoutée) propagation du virus parmi la troupe. Personne ne dit mot. Mais le Pentagone a déjà comptabilisé dans ses rangs (toutes forces confondues) 49 militaires et 7 contractants testés positifs, selon le bilan publié par le ministère US de la défense mercredi (18 mars).

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Regain de tensions en Iraq entre Américains et milices chiites soutenues par l’Iran

Thu, 19/03/2020 - 12:15

(B2) Depuis une semaine, l’Iraq est de nouveau le théâtre d’une remontée de tensions entre les Américains et les chiites irakiens soutenus par l’Iran. Une escalade qui a débuté avec la mort de trois militaires de la coalition en Irak la semaine dernière

(crédit : twitter Operation Inherent resolve)

Une attaque sur le camp Taji fait trois morts

Une « trentaine de roquettes ont été lancées depuis un camion contre la base d’entraînement irakienne » sur le camp Taji, près de Kirkouk, qui abrite des forces de la Coalition internationale contre Daech, mercredi (11 mars), a en effet indiqué le ministre de la Défense américain, Mark Esper. L’attaque a fait cinq morts.

Deux Américains …

Fidèles à leur tradition de transparence, les Américains ont assez vite confirmé l’identité des victimes. Le premier (Juan Miguel Mendez Covarrubias, âgé de 27 ans) appartient au 227e régiment d’aviation de la 1ère brigade aérienne de la cavalerie (1st Air Cavalry Brigade, 1st Cavalry Division), élevé à titre posthume au rang de Army Specialist (caporal). Le second (Sgt. Marshal D. Roberts, âgé de 28 ans) est un homme du génie, de la force aérienne de la garde nationale de l’Oklahoma (Engineering Installation Squadron.

… et une Britannique

La Britannique (Brodie Gillon, 26 ans) était Lance Corporal du Scottish and North Irish Yeomanry, un régiment de réserve de la cavalerie légère. Thérapeute du sport, elle a rejoint les forces armées en septembre 2015 comme réserviste dans sa spécialité, technicienne médicale de combat. Elle s’était portée volontaire pour faire partie du déploiement en Iraq du groupement tactique Irish Guards, le régiment d’élite nord-irlandais, comme l’a précisé le ministère britannique de la défense.

Plusieurs blessés

Quatorze militaires ont été blessés (Américains, Britanniques, Polonais et contractants). Du côté polonais, on est moins disert. Tout ce qu’on sait c’est que « la vie [du soldat blessé] n’est pas en danger » comme l’a confirmé le commandement opérationnel polonais. « Les soldats polonais sont en sécurité et la situation dans la base est sous contrôle constant » a ajouté le ministre de la défense Mariusz Błaszczak via twitter.

L’Iran mis en accusation

C’est la milice à majorité chiite et pro-iranienne qui opère en Iraq, Kataeb Hezbollah, qui « a mené l’attaque », affirme le Pentagone. En plus, selon les Américains, la milice et par extension l’Iran, « a été impliquée dans 12 attaques à la roquette contre les forces de la coalition au cours des six derniers mois ».

Une réponse « défensive » des Américains

Les États-Unis ne tardent pas à répliquer. Dès le lendemain, jeudi (12 mars), ils annoncent « des frappes défensives, proportionnelles et en réponse directe à la menace posée par les milices chiites soutenues par l’Iran », justifie le ministère US de la défense. Leur objectif : « cinq installations de stockage d’armes [du Kataeb Hezbollah], afin de dégrader considérablement leur capacité à mener de futures attaques contre les forces de la Coalition ». L’affrontement aurait pu s’arrêter ici. Mais apparemment les milices continuent de frapper.

… mais condamnée par l’Iraq

L’Iraq « condamne l’action [des États-Unis] comme une violation de la souveraineté nationale », a déclaré la présidence via twitter. « Cette attaque a entraîné le martyre et les blessures d’un certain nombre de membres des forces de sécurité irakiennes ainsi que de civils irakiens innocents », dont trois soldats, deux policiers et un civil rapporte la BBC le lendemain.

Bientôt une nouvelle escalade ?

Samedi (14 mars), à 10h51 (heure d’Irak), « au moins 25 roquettes de 107 mm » touchent encore une fois le camp Taji, affirme le porte-parole de la Coalition contre Daech, le colonel Myles B. Caggins III via twitter. Trois militaires de la coalition sont blessés ainsi que deux irakiens. Lundi (16 mars), une nouvelle attaque frappe une base d’entraînement au Sud de Bagdad, où les troupes de la coalition et les formateurs de l’OTAN sont présents. Cette fois-ci, sans victimes. Les USA ne répliquent pas, du moins, de façon apparente. Dernière attaque en date : mardi (17 mars), des roquettes frappent la ‘zone verte’ de Bagdad, atterrissant à 2km de l’ambassade américaine.

Commentaire : regain de tension et stoïcisme

La zone avait été plutôt ‘calme’ depuis les escarmouches qui avait suivi la mort du contractant américain de la Coalition en décembre dernier. Il avait été tué dans l’attaque sur une base militaire irakienne près de Kirkouk. Déjà à cette époque, les US accusaient le Kataeb Hezbollah. Une action qui avait justifié, notamment, la frappe des Américains sur le général iranien Qassem Soleimani en janvier. S’en était suivie l’escalade des tensions entre l’Iran et les US pendant deux semaines, avant que la situation se calme enfin.

Un stoïcisme étonnant

Contrairement à cette période, cette fois, les Américains endurent sans vraiment (sur)réagir, du moins par la manière forte immédiate. Ce qui semble étonnant quand on connait l’hyper-sensibilité outre-Atlantique aux menaces iraniennes et du moins totalement différent de l’escalade qu’on avait connu en janvier (1). La raison de ce stoïcisme doit sans doute être recherchée ailleurs. Les forces de la coalition ne veulent pas tomber dans le jeu de la provocation et de l’escalade. Ce qui semble être le but recherché. Une réplique trop forte pourrai justifier une nouvelle action, plus politique celle-là, visant à ne pas renouveler ‘le bail’ des troupes occidentales en Iraq. Il faudra voir combien de temps…  ce stoïcisme demeurera.

(Aurélie Pugnet, avec NGV)

  1. Lire aussi notre dossier : N°79. L’Union européenne face à l’escalade du conflit entre l’Iran et les États-Unis en Irak

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Sommes-nous en guerre ?

Wed, 18/03/2020 - 18:40

(B2) La crise du Coronavirus est grave et impose des mesures d’exception. Mais nous ne sommes pas en guerre. Prétendre le contraire pourrait être une erreur, historique, politique et sémantique

(Crédit : DICOD / Ministère de la défense / FAZSOI)

La répétition à outrance, dans un discours public — comme l’a fait le président français Emmanuel Macron lundi (16 mars) de façon très appuyée — est pour le moins troublante.

La banalisation d’un mot

Il y a cinq ans, nous étions en guerre contre le terrorisme. Aujourd’hui c’est contre le coronavirus. Demain contre quoi ? Cette absence d’inventivité dans la terminologie de crise prête pour le moins à interrogation. Quel mot utiliserons-nous quand nous serons réellement en guerre, avec mobilisation générale de la population, engagement au front, bombardements et tueries, etc ? Si un journaliste, un écrivain peut employer cette terminologie dans un langage de tous les jours, ou que les hôpitaux sont sur le pied de guerre, on peut s’interroger si c’est bien le rôle d’un chef d’État, également chef des armées, de proclamer cet état de guerre, sans pour autant déclencher la guerre.

Une terminologie contradictoire avec l’objectif

Tout d’abord, cette évocation prête à confusion. Elle est contradictoire avec le mot d’ordre ‘ne vous affolez pas’, ‘réfléchissez’, penser autrement. Au lieu de rassurer, ce discours contribue à l’anxiété générale. Le rôle d’un président n’est-il pas plutôt d’être là, de prévoir, de décider, de donner des orientations, des consignes ou des ordres ? Il n’est pas de générer et entretenir les peurs. En revanche, il peut reconnaître des erreurs. Avoir convoqué la population à un premier tour des élections était ainsi d’une inconséquence notable (1).

Une erreur de définition

Ensuite, si on prend la définition de Carl (von Clausewitz), un des penseurs ‘de la guerre’, il y a une erreur lexicale. Certes le « but premier » de la guerre est de « terrasser l’adversaire afin de le mettre hors d’état de résister ». Mais il ne faut pas en rester à ce premier élément, c’est la suite qu’il faut lire. La guerre est « un acte de violence dont l’objet est de contraindre l’adversaire à se plier à notre volonté ». Or, jusqu’à nouvel ordre, le virus n’a pas vraiment de volonté à imposer ni de régime précis qu’il entend mettre en place. C’est comme un incendie contre lequel on doit résister en mettant en vigueur les meilleurs pare-feux. Nous ne sommes pas en guerre.

Un manque de respect par rapport aux victimes de guerre

Utiliser ce mot dans ce contexte parait ressembler comme un exécutoire d’une génération (la nôtre) qui n’a pas vraiment connu la guerre. C’est un certain manque de respect par rapport aux générations qui ont vraiment connu les affres de la guerre (celle de nos parents ou grands-parents) ou vis-à-vis des populations qui la subissent encore (Syrie, Somalie, Yémen) ou l’ont connu récemment (Balkans, RD Congo, Algérie, etc). On ne peut pas comparer nos souffrances, même graves, avec un état de guerre. On ne peut pas ainsi comparer les ravages de la grippe espagnole en 1918-1919, aux traumatismes de la guerre 1914-1918, même si le rythme de mortalité a pu être identique.

Un état d’esprit différent

Rester chez soi confiné est certes astreignant, oblige à des changements de mentalité, d’organisation et de fonctionnement. Mais l’alimentation, l’eau, l’électricité et le chauffage tout comme le téléphone, restent fournis. Nous continuons d’être libres de dire ce que nous pensons partout. Nos enfants, nos amis, nos jeunes ne sont pas mobilisés pour aller risquer leur vie sur le front. Personne n’est soumis à la torture, etc. Rester ainsi confiné même de longs mois est sûrement moins ennuyeux que d’être contraint de vivre dans un camp de personnes déplacés dans les environs d’Idlib sous les bombardements russo-syriens. Les personnes mobilisées, comme le personnel sanitaire, sont soumis à rude épreuve et exposés au risque de maladie. Mais ils n’opèrent tout de même pas dans des souterrains, sous la contrainte ou dans l’angle de viseurs de snippers, comme en ex-Yougoslavie il y a quelques dizaines d’années ou en Syrie encore aujourd’hui…

Non, résolument non, nous ne sommes pas en guerre. Et heureusement…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. On peut railler et moquer une population pour s’être promenée dans les parcs. Mais elle n’a fait qu’appliquer un mot d’ordre venu d’en haut : vous pouvez y aller.

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Le corps médical européen ne répond plus

Wed, 18/03/2020 - 11:51

(B2) Mis en place avec tambours et trompettes après la crise épidémique d’Ebola, le corps médical européen reste inemployé.

Lors de la crise d’Ebola, nettoyage des bottes au Sierra Leone (crédit : ONU – Archives B2)

Le corps médical européen peut « uniquement être activé sur demande d’un pays affecté » a précisé Stefan De Keersmaecker, porte-parole à la ‘Santé’ de la Commission européenne, répondant à une question de B2, lors du point de presse quotidien, mardi (17 mars). « À ce stade, il n’y aucune indication qu’une demande sera faite » .

« Actuellement, une équipe médicale d’urgence, trois postes médicaux avancés et deux laboratoires mobiles pourraient être considérés comme apte au déploiement en relation avec l’épidémie de Covid-19. »

Cependant, au vu de la situation « toute disponibilité de personnel à déployer par le biais de ce corps médical dépendra des capacités nationales ».

(Nicolas Gros-Verheyde avec CG, st.)

Lire : Épidémies, catastrophes… Le corps médical européen pourra désormais répondre

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On recrute dans les missions PSDC à Bamako et Bangui

Wed, 18/03/2020 - 10:06

(B2) La mission de l’UE auprès des forces de sécurité intérieure maliennes (EUCAP Sahel Mali) recrute 21 personnels en détachement et 7 contractuels (renseignements). Tandis que la nouvelle mission de conseil de l’UE aux forces centrafricaines (EUAM RCA) recrute 10 personnels en détachement et 13 en contrat (renseignements). Délai (dans les deux cas) : mardi 24 mars 2020 à 17h. À vos CV…

(CG, st.)

NB : Pour réviser, un seul conseil, le Manuel sur la PeSDC. La mise à jour est en cours d’écriture, sortie avril 2020 (inclus dans le prix de l’ouvrage).

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