You are here

Diplomacy & Defense Think Tank News

L’Amérique latine et la guerre en Ukraine

IRIS - Fri, 25/02/2022 - 16:19

Situés à des milliers de kilomètres de l’attaque guerrière lancée en violation du droit international et de la Charte des Nations unies par Vladimir Poutine contre l’Ukraine, les pays latino-américains n’en sont pas moins directement concernés par les événements qui affectent le Vieux-Continent.

Ces dernières semaines, les chefs d’État des deux principales puissances sud-américaines – le Brésil (Jair Bolsonaro) et l’Argentine (Alberto Fernandez) – avaient tour à tour fait le voyage à Moscou pour rencontrer le président de la Fédération de Russie, le remercier pour l’aide vaccinale déterminante apportée par cette dernière à l’Amérique latine (la Russie a en effet été le premier pays à fournir des vaccins Spoutnik V contre le Covid-19 à plusieurs pays latino-américains dépourvus en 2021) et réaffirmer leurs bonnes relations avec elle. Jair Bolsonaro (16/02/2022) avait ainsi exprimé, quelques jours avant la reconnaissance, le 21 février 2022, de l’indépendance des territoires séparatistes du Donbass par la Russie – les Républiques populaires de Donetsk et Louhansk, sa « solidarité » avec elle ; Alberto Fernandez (03/02/2022) avait confié, lui, vouloir faire de Buenos Aires « la porte d’entrée de la Russie en Amérique latine ». Parallèlement, de nombreux médias latino-américains et étatsuniens relataient les échanges téléphoniques entre Vladimir Poutine et Daniel Ortega au Nicaragua et les déclarations d’autres officiels russes évoquant la possibilité d’un renforcement de la présence militaire du pays dans la Caraïbe (Cuba) et en Amérique centrale et du sud (Nicaragua, Venezuela)… à quelques centaines de kilomètres des frontières avec les États-Unis… Comme un miroir inversé de la situation en Ukraine et en Europe orientale… (voir la Chronique de l’Amérique latine « L’Amérique latine, nouvel objectif stratégique de la Russie ? »).

Entre temps, sidéré, le monde a basculé dans l’hiver de la guerre et dans une nouvelle ère géopolitique particulièrement dangereuse. Comment se positionnent aujourd’hui les pays latino-américains face à l’agression russe ? Qu’ont-ils à craindre des conséquences du conflit ?

La situation en Ukraine met sous tension les coalitions d’alliances stratégiques en Amérique latine. La plupart des pays du sous-continent relèvent dans leurs positions – pour la regretter – la non-prise en compte suffisante par les Occidentaux, depuis de nombreuses années, des exigences russes en matière de sécurité. Mais, à partir de là, plusieurs positions se dessinent.

Principal allié des États-Unis dans la région – et seul « partenaire global » de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Amérique latine – la Colombie condamne fermement et nommément la Russie, ainsi que le Chili, l’Équateur, le Paraguay, l’Uruguay et dans une moindre mesure le Pérou.

D’autres pays condamnent l’usage de la force dans la résolution des conflits et appellent à un cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’à une solution politique entre les parties dans le cadre des Nations unies. Dans cette catégorie se trouvent l’Argentine (qui demande à la Russie de cesser ses « actions engagées »), la Bolivie, le Mexique ou le Brésil. Dans ce dernier pays – membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour l’année 2022-2023 et également des BRICS -, on note une polyphonie de la parole officielle. C’est surtout au sein du ministère des Relations extérieures et de la diplomatie brésilienne multilatérale que la position du pays s’exprime. Jair Bolsonaro se bornant lui à s’exprimer sur la protection des ressortissants brésiliens sur la zone de guerre. Quant à lui, le général Hamilton Mourao, vice-président du pays, a affirmé que « Le Brésil n’est pas d’accord avec une invasion du territoire ukrainien » et s’est exprimé en faveur d’un « soutien à l’Ukraine »… avant d’être désavoué par le président : « Celui qui parle sur ces questions s’appelle Jair Mesías Bolsonaro » a ainsi cinglé ce dernier.

Enfin, du côté des alliés traditionnels de la Russie en conflit avec les États-Unis, le Nicaragua prend position pour Vladimir Poutine, Cuba et le Venezuela considèrent quant à eux que l’expansion permanente de l’OTAN aux frontières de la Russie et l’échec des accords de Minsk – pour eux imputable aux États-Unis et aux pays de l’OTAN – sont les causes d’une crise qui a fini par produire de « fortes menaces contre la Fédération de Russie, son intégrité territoriale et sa souveraineté » (communiqué officiel du Venezuela). Caracas appelle à « reprendre le chemin (…) du dialogue (…) pour éviter l’escalade (…) et [aboutir à] une résolution pacifique de ce conflit » tout en condamnant les « sanctions illégales et les attaques économiques contre le peuple russe ».

L’Amérique latine aborde donc l’invasion russe en Ukraine en ordre dispersé, selon des lignes correspondant aux doctrines nationales de politique étrangère et aux logiques affinitaires avec/ou contre les États-Unis et la Russie. Mais, comme toutes les autres, cette région sera collectivement concernée et affectée par les conséquences de ce conflit. Et ce, notamment sur le plan économique dans un premier temps. L’augmentation des prix du pétrole ou du gaz sur les marchés mondiaux viendra nourrir les dynamiques inflationnistes déjà partout avancées en Amérique latine, région confrontée à la pire crise économique de son histoire avec la pandémie de Covid-19.

Et quelle que soit l’issue de la guerre en Ukraine – rapide ou longue -, les pays latino-américains – désunis – sont désormais projetés dans un monde où les poussées néoconservatrices et militaristes vont se renforcer chez tous les acteurs des relations internationales, raidissant chaque système d’alliance, confortant le règne de l’unilatéralisme contingent dans les relations internationales et révélant plus que jamais la faiblesse des Nations unies et de toute instance internationale à régler les menaces et les conflits.

Venezuela : entre évolutions politiques et reprise économique

IRIS - Fri, 25/02/2022 - 14:56

Temir Porras, professeur invité à Sciences Po Paris et ancien vice-ministre des Affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, répond à nos questions sur la situation politique et économique du Venezuela :

– Après les élections régionales et locales du 21 novembre 2021, quelle est la situation politique interne et quels sont les rapports de force entre le chavisme et ses oppositions au Venezuela ?

– Pour la première fois après sept années de récession consécutives, une croissance positive est annoncée en 2022 dans le pays. Comment s’explique cette nouvelle situation ? Quelles en sont les perspectives ?

– Le 15 février dernier, le Département d’état des États-Unis s’est réjouit du résultat d’une réunion internationale sur le Venezuela. Celle-ci a réaffirmé l’objectif d’aboutir à une “solution négociée” aboutissant à l’organisation “d’élections présidentielles et législatives transparentes” au plus tard en 2024. Cette position indique-t-elle une évolution de ces acteurs qui ne reconnaissent pas la légitimité de Nicolas Maduro ?

Ukraine / Russie : jusqu’où ira la guerre ?

IRIS - Thu, 24/02/2022 - 15:39

 

Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS et ancien ambassadeur de France en Russie répond à nos questions sur la guerre Ukraine/Russie :

– Comment analyser le ton belliqueux de Vladimir Poutine lors de ses différents discours ? Pouvait-on s’attendre à ces actions russes ?

– A quelles réactions peut-on s’attendre de la part de la communauté internationale ? Quels moyens ont-ils pour agir ?

– Quelles sont les perspectives d’avenir pour l’Ukraine et les Ukrainiens ?

Les enjeux géostratégiques de l’hydrogène

IRIS - Thu, 24/02/2022 - 15:27

Une nouvelle géopolitique est en train d’émerger : celle de l’hydrogène. Pour s’imposer et maîtriser cette nouvelle industrie, la France y investira 7 milliards d’euros à l’horizon 2030 tandis que l’Allemagne est prête à aller jusqu’à 9 milliards d’euros. Mais l’UE et les pays européens ne sont pas les seuls en lice. Le Japon, la Corée du Sud, l’Australie ou encore la Russie ont également engagé d’ambitieuses stratégies de développement de leur filière hydrogène. Le point avec Pierre Laboué, chercheur à l’IRIS, pilote de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques.

Pourquoi est-ce si stratégique de maîtriser la production de l’hydrogène ?

L’hydrogène pourrait prendre une place importante dans notre bouquet énergétique mondial et représenter près de 15% de la consommation finale d’énergie à l’horizon 2050 selon l’AIE, voire même 22% dans le scénario vert de BloombergNEF.

L’hydrogène a un atout majeur, il pourrait être la clé pour atteindre la neutralité carbone en trois décennies et réussir à décarboner des secteurs très émetteurs de gaz à effet de serre et pour lesquels il n’existe pratiquement pas de solution de substitution : l’industrie lourde et les transports lourds. De plus, l’hydrogène présente un intérêt en termes de sécurité énergétique pour l’UE. Il peut être produit, par exemple en été, pour stocker de l’énergie et consommer cette énergie en hiver, afin d’avoir des réserves stratégiques et se libérer de la dépendance envers certains fournisseurs d’énergie, comme la Russie. Dernier argument et non des moindres : tous les pays membres de l’UE seront, en théorie, en mesure de produire de l’hydrogène. L’hydrogène n’est pas une ressource fossile comme le pétrole et le gaz. Il pourrait donc être produit n’importe où dans le monde à partir de molécules d’eau par exemple.

L’industrie de l’hydrogène représente un énorme marché potentiel et les entreprises de l’UE sont très bien positionnées dans cette nouvelle compétition. Selon les experts d’Enerdata, Fabrice Poulin et Alice Jacquet-Ferrand, l’UE abrite environ 50% des fournisseurs mondiaux d’électrolyseurs, les solutions qui servent à produire de l’hydrogène décarboné. L’UE abrite également 40% des fournisseurs mondiaux de piles à combustible, qui utilisent de l’hydrogène pour produire de l’électricité. Ces deux segments sont les deux maillons clés de la chaîne de valeur de l’hydrogène.

Si l’hydrogène présente autant d’atouts, pourquoi n’avons-nous pas déjà une industrie mondiale de l’hydrogène ?

Le premier problème,  c’est qu’il faut décarboner la production de l’hydrogène. Aujourd’hui, la production mondiale d’hydrogène se fait à partir du vaporeformage du méthane. Cela génère 900 Mt de CO2 par an. C’est trois fois plus que les émissions de CO2 de la France. C’est énorme. L’objectif de l’UE est de produire de l’hydrogène vert, c’est-à-dire d’utiliser une électricité renouvelable pour casser une molécule d’eau en deux (H2O), récupérer l’hydrogène d’un côté et rejeter de l’oxygène de l’autre.

Le problème numéro deux, c’est le coût de production de l’hydrogène décarboné. L’hydrogène restera potentiellement plus cher que les énergies fossiles qu’il va remplacer. Tout l’enjeu sera de réussir à produire de l’hydrogène décarboné avec un prix compétitif.

C’est là que le problème numéro trois apparaît. L’UE va devoir importer d’énormes quantités d’hydrogène. Cette affirmation peut paraître paradoxale, car, techniquement, l’UE pourrait produire l’hydrogène dont elle a besoin. Mais comme le rappelle notre expert Manfred Hafner, ce n’est pas parce qu’une solution est techniquement faisable qu’elle est économiquement rentable. Et il sera potentiellement plus rentable pour certains pays de l’UE d’importer de grands volumes d’hydrogène que de le produire entièrement sur leur sol. Il faudra donc sécuriser les approvisionnements d’hydrogène.

Qui sont les pays les mieux positionnés pour fournir de l’hydrogène décarboné et s’imposer sur le nouvel échiquier mondial de la géopolitique de l’hydrogène ?

L’Australie, le Maroc ou encore le Chili pourraient devenir des fournisseurs majeurs du futur marché de l’hydrogène, selon notre expert Philippe Copinschi. Ces pays possèdent un grand potentiel de production d’énergie solaire et/ou éolienne, ou d’importantes réserves de gaz naturel, disposent d’abondantes ressources en eau, et peuvent attirer des capitaux importants pour financer des infrastructures nécessaires tant pour la production que pour l’exportation d’hydrogène.

Alors quid des pays du Moyen-Orient, qui sont aujourd’hui le centre de gravité de la géopolitique du pétrole ? Peuvent-ils devenir de grands exportateurs d’hydrogène décarboné ? Potentiellement non, car il leur manque une ressource critique pour produire de l’hydrogène à un prix compétitif : l’eau. Le poids des pays du Moyen-Orient dans la géopolitique de l’énergie de demain pourrait donc se réduire par rapport à la situation actuelle. La géopolitique de l’hydrogène pourrait donc renouveler en profondeur les facteurs de puissance et de dépendance de la géopolitique de l’énergie.

 

Pour aller plus loin et appréhender ces rapports de forces, vous pouvez retrouver le rapport exécutif de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques sur « Les enjeux géostratégiques de l’hydrogène, une filière au cœur de la transition énergétique », sur le site de l’IRIS.

The Bilateralisation of British Foreign Policy

SWP - Thu, 24/02/2022 - 12:00

Since Brexit, the United Kingdom (UK) has been increasing its focus on bilateral rela­tions with EU member states, in particular in the field of foreign and security policy. One year after the end of the transition period, London has achieved its first successes: The UK has won over Germany and a number of European Union (EU) member states in its efforts to deepen bilateral relations and has agreed on new coordination structures. In order to demonstrate their importance to European security, the Brit­ish have engaged intensively in crisis situations, such as the one on the Polish/Lithua­nian EU external border with Belarus as well as the Russian military build-up around Ukraine. The EU, on the other hand, has no interest in this bilateralisation. Instead of insisting on a standard third-country model that does not suit London and faced with the possible return of a large-scale war in Europe, the EU and the UK should urgently work towards a joint security partnership.

Poutine / Ukraine : de la crise à la guerre

IRIS - Thu, 24/02/2022 - 11:15

La nuit dernière la Russie a lancé une offensive en territoire ukrainien. La situation de crise extrêmement tendue depuis l’annonce de la reconnaissance par la Russie des républiques autoproclamées du Donbass s’est transformée en situation de guerre. Il s’agit désormais d’une violation du droit international qui doit mobiliser non seulement les pays occidentaux mais également le reste du monde. Poutine a fait une erreur d’appréciation majeure en se lançant dans cette guerre, qui, si elle aura un coût indéniable pour l’Ukraine et pour l’Europe, pourrait également coûter cher à la Russie et à Poutine.

L’analyse de Pascal Boniface.

“Le pétrole pourrait dépasser aisément les 100 dollars”

IRIS - Wed, 23/02/2022 - 16:39

Les prix du pétrole ont frôlé hier la barre des 100 dollars. S’agit-il d’une flambée conjoncturelle ou d’une tendance appelée à s’inscrire dans la durée ?

Le 22 février, vers 15h30 heure de Paris, le prix du pétrole Brent de la mer du Nord était proche de 98 dollars par baril. Ce niveau très élevé résulte de la conjonction entre un marché pétrolier mondial assez tendu (une demande en forte hausse, une offre qui a un peu de mal à suivre et des stocks pétroliers assez bas) et des tensions géopolitiques élevées, notamment la crise russo-ukrainienne. Si la demande pétrolière mondiale était moins forte et l’offre plus abondante, nous ne serions pas à un tel niveau de prix même avec la crise russo-ukrainienne. À l’inverse, sans de telles tensions géopolitiques, les prix du brut seraient un peu plus bas que leur niveau actuel. Ce sont principalement des facteurs économiques et pétroliers qui ont entraîné une hausse spectaculaire des cours de l’or noir, celle-ci ayant commencé en avril 2020. En revanche, l’augmentation récente des prix, au cours des derniers jours et des dernières semaines, découle principalement des tensions géopolitiques.

La crise ukrainienne risque-t-elle de tirer les prix du brut vers des records encore supérieurs à ceux actuels ?

Il y a clairement un potentiel supplémentaire de hausse en lien avec la crise russo-ukrainienne. En cas de nouvelle guerre, les prix du pétrole pourraient dépasser aisément le seuil hautement symbolique des 100 dollars le baril. La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et un grand exportateur de brut. Et elle approvisionne l’Europe en pétrole et en gaz naturel. Une guerre pourrait entraîner des perturbations dans les exportations pétrolières de la Russie ou, autre scénario, les sanctions décidées par les pays occidentaux pourraient avoir un impact négatif sur la production et les exportations pétrolières de la Russie, ce qui, dans les deux cas, pousserait les prix à la hausse.

Quels impacts pourrait induire cette crise sur le marché du gaz ?
D’ores et déjà, les prix du gaz naturel sont orientés à la hausse et ils le seraient davantage en cas d’attaque de la Russie contre l’Ukraine. En termes de volumes exportés vers l’Europe, il est peu vraisemblable que la Russie restreigne délibérément ses exportations car c’est une source importante de recettes d’exportation pour ce pays. En revanche, il est possible que les opérations militaires qui seraient conduites en Ukraine aient un impact négatif sur le transit du gaz russe via l’Ukraine et vers l’Europe.
De plus, en cas de sanctions occidentales contre la Russie en représailles contre l’invasion de l’Ukraine, une partie de ces sanctions devrait logiquement frapper le secteur de l’énergie en Russie, dont le gaz. Le 22 février, les dirigeants allemands ont ainsi annoncé que le processus de certification du gazoduc Nord Stream 2 était interrompu. Ce gazoduc qui relie la Russie à l’Allemagne, en passant par la mer Baltique, a été achevé en septembre 2021, mais il n’a pas encore commencé à acheminer du gaz vers l’Allemagne. Les pays européens, la Commission européenne et les États-Unis sont donc en train, depuis quelque temps, de démarcher plusieurs pays exportateurs de gaz pour savoir si ceux-ci ne pourraient pas temporairement exporter plus de gaz vers l’Europe si besoin était.

L’Opep pourrait-elle revoir sa stratégie de quotas de production pour aider à stabiliser le marché ?

L’Opep+ (23 pays producteurs et exportateurs de pétrole) se réunit le 2 mars pour décider de son niveau de production en avril 2022. À ce jour, la position majoritaire est d’annoncer à nouveau une hausse de la production de 400 000 barils par jour. C’est la suite de la feuille de route que déroule l’Opep+ depuis l’été 2021 (+400 000 b/j chaque mois).

Mais si la Russie attaque l’Ukraine et que la guerre et tout ce qui l’entoure (y compris des sanctions économiques) génèrent des perturbations dans les approvisionnements pétroliers, l’Opep ou l’Opep+ (la Russie fait partie de l’Opep+ mais pas de l’Opep) prendrait évidemment en compte de tels éléments géopolitiques.

Les États-Unis et l’Union européenne ne manqueraient pas, dans ce scénario, de lancer des appels à ces pays pour qu’ils mettent plus de pétrole sur le marché, en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui sont politiquement très proches de Washington.
———————-

Entretien réalisé par : AKLI REZOUALI

Die Bilateralisierung der britischen Außenpolitik

SWP - Wed, 23/02/2022 - 15:00

In der Außen- und Sicherheitspolitik setzt das Vereinigte Königreich (VK) nach dem Brexit auf eine Bilateralisierung seiner Beziehungen zu den Mitgliedstaaten der EU. Ein Jahr nach dem Brexit hat das VK erste Erfolge erzielt: Neben Deutschland hat es eine Reihe von EU-Staaten für eine Vertiefung der bilateralen Beziehungen gewonnen und mit diesen neue Koordinationsstrukturen verein­bart. Gleichzeitig haben sich die Briten in Krisensituationen wie an der polnisch / litaui­schen EU-Außengrenze zu Belarus und in der Ukraine intensiv engagiert, auch um ihre Bedeutung für die europäische Sicherheit zu demonstrieren. Die EU kann an einer solchen Bilateralisierung kein Interesse haben. Statt auf einem normalen Dritt­staaten-Modell zu beharren, das für London nicht passt, und angesichts der zurückkehrenden Kriegsgefahr in Europa sollten die EU und das VK auf eine neue Sicherheitspartnerschaft hinarbeiten.

Zentralasiens Muslime und die Taliban

SWP - Wed, 23/02/2022 - 14:00

Auf die Machtübernahme der Taliban haben die zentralasiatischen Nachbarn Afgha­nistans überwiegend pragmatisch reagiert. Für die autokratisch regierten, säkularen Staaten an der Peripherie des ehemaligen sowjetischen Imperiums stehen die wirt­schaftliche Zusammenarbeit mit dem südlichen Nachbarn und eine dafür notwendige rasche Stabilisierung der humanitären und politischen Verhältnisse im Vordergrund des Interesses. Folgt man offiziellen Darstellungen, so wird Zentralasiens gefestigte Säkularität durch den Islamismus der Taliban nicht herausgefordert. In den sozialen Medien zentralasiatischer Länder dagegen erscheint das islamische Emirat der Tali­ban als politisches Gegenmodell, dessen Bewertung umso positiver ausfällt, je größer die diskursiven Freiräume in den einzelnen Staaten sind und je offener die Regierungs­politik selbst den Taliban begegnet. Dies offen­bart einen Trend hin zu islamistisch inspirierten Identitätsbildungen, den Zensur und Repression kaum aufhalten werden.

Globale Fragen 2022

SWP - Wed, 23/02/2022 - 13:37
Prioritäten, Konfliktstrukturen und Ideen für die Zukunft des Multilateralismus

The Future of Global Mobility

SWP - Wed, 23/02/2022 - 12:00

The Covid-19 pandemic has greatly reduced international travel. The economic, social and human consequences of border closures and travel restrictions cannot be fully estimated yet, but they are dramatic. The gap is widening between countries of the Global North, which want to control travel and prevent unregulated mobility, and those of the Global South, which are demanding more legal mobility for their citizens. The freedom to travel is a desirable good that all should be able to access, and is also the object of political negotiations. Unilateral decisions should be complemented or superseded by international agreements between countries about common rules and procedures for a trust-based system. In the meantime, countries should modernise their visa processes and build digital identification systems that create trust. This applies to Germany as well, especially since the coalition government has decided to speed up the issuing of visas.

Europäisch-Türkische Migrationspolitik nachhaltig gestalten

SWP - Tue, 22/02/2022 - 14:00

Die Steuerung irregulärer Migration ist zu einem Schwerpunkt der Beziehungen zwischen der EU und der Türkei geworden. Zwei Sichtweisen dominieren in der euro­päischen Diskussion über dieses Thema: eine »fürsorgliche«, die sich auf das Wohl­ergehen der Flüchtlinge konzentriert, und eine »besorgte«, deren Fokus auf der Sicher­heit der EU-Außengrenzen und den Ängsten europäischer Bürger liegt. Ein Faktor wird in den europäischen Debatten über Migration weitgehend übersehen: die wachsende Unzufriedenheit der türkischen Bevölkerung mit den sozialen und politischen Verhältnissen im eigenen Land. Schließlich nimmt die Türkei weltweit am meisten Flüchtlinge auf und hat dabei gleichzeitig mit einer schweren Wirtschafts­krise und einer festgefahrenen Regierung zu kämpfen. Die migrationspolitische Zusam­men­arbeit von EU und Türkei wird nur dann langfristig Früchte bringen, wenn dieser wach­senden Unzufriedenheit Rechnung getragen wird. Denn weder die Förderung der Rechte von Flüchtlingen in der Türkei noch eine verlässliche Sicherheitskoopera­tion sind auf Dauer ohne die Akzeptanz der türkischen Aufnahmegesellschaft mög­lich. Im Hinblick darauf sollte die EU der Türkei ihre Absicht signalisieren, mehr Flücht­linge aufzunehmen, und die Integrationsbemühungen vor Ort proaktiver unterstützen.

Amnesty International und der Apartheid-Vorwurf gegen Israel

SWP - Tue, 22/02/2022 - 01:00

Am 1. Februar 2022 präsentierte Amnesty International einen umfassenden Bericht, in dem es Israel vorwirft, an den Palästinenserinnen und Palästinensern Apartheid zu verüben und damit ein Verbrechen gegen die Menschlichkeit zu begehen. Der Am­nesty-Bericht reiht sich ein in eine Serie von Publikationen palästinensischer, israe­lischer und internationaler Menschenrechtsorganisationen, die in Israel bzw. den palästinensischen Gebieten nunmehr die Schwelle zur Apartheid überschritten sehen. Dabei gehen die Meinungen in den einzelnen Berichten darüber auseinander, in wel­chem Gebiet solche Verbrechen gegen die Menschlichkeit begangen werden. Die Bundesregierung sollte sich den Apartheid-Vorwurf nicht ohne sorgfältige Prüfung zu eigen machen, die gravierenden Menschenrechtsverletzungen, die der Amnesty-Bericht dokumentiert, aber ernst nehmen. Daraus erwachsen Deutschland allein schon auf Basis der Genfer Konventionen direkte Rechtspflichten.

Machtpolitik is hitting back

SWP - Mon, 21/02/2022 - 12:52

Endlich! Nachdem die Münchener Sicherheitskonferenz (MSC) 2021 pandemiebedingt nur virtuell stattgefunden hatte und angesichts der international vielfach angespannten Lage schien die sicherheitspolitische Gemeinde umso begieriger, am vergangenen Wochenende wieder persönlich in München zusammenzutreffen. Von VN-Resolution 1325 bis nuklearer Abschreckung, Weltraum bis Klimawandel und Künstlicher Intelligenz – die Agenda des Hauptprogramms und der Nebenveranstaltungen deckte alles ab.

Doch wie kaum eine MSC in den Jahren zuvor, wurde die 2022er Ausgabe von einem Thema dominiert. Die von Russland angefachte Krise um die Ukraine warf die alte machtpolitische Frage auf: Gibt es Krieg oder Frieden in Europa? Zwar haben sich die Mittel verändert: Russland will die Ukraine auch im Cyberbereich mit Fake news und wirtschaftlichem Druck in die Knie zwingen. Umgekehrt drohen die USA, die anderen Nato-Staaten und die Europäische Kommission damit, Russlands Wirtschaft effektiv von Weltmärkten abzuschneiden, wenn es zu einer weiteren Eskalation kommt. Letztendlich ging es in München aber im Kern um traditionelle militärische Mittel: um jene bis zu 190.000 Truppen, die Russland in einem Halbkreis um die Ukraine zusammengezogen hat. Durch dieses klassische militärische Bedrohungsmanöver ist es Moskau gelungen, Europa eine Debatte über seine hinreichend definierte Sicherheitsordnung aufzuzwingen. Sollte Putins Hauptziel allerdings die Spaltung der transatlantischen Gemeinschaft gewesen sein, ist ihm dies misslungen. Während die MSC noch 2020 »Westlessness« heraufbeschwor, bemühten sich diesmal alle Redner des »verlorenen« Westens, die Einheit, Stärke und Entschlossenheit des Bündnisses zu betonen. Es gehe ums Grundsätzliche: ob eine liberale Ordnung, Demokratie, Freiheit und Selbstbestimmung als wichtigste Grundsätze auf dem europäischen Kontinent bewahrt werden und von dort aus weiter auf die Welt ausstrahlen könnten.

Es mutet einerseits als Anachronismus an, dass so alte Themen wie militärische Gewalt und Geschlossenheit des Westens (ob nun beschworen oder angezweifelt) wieder zum Leitmotiv der MSC wurden. Andererseits scheint diese Herausforderung aber auch geeignet, dem Gefühl der »Helplessness«, wie es die MSC dieses Jahr in den Mittelpunkt stellte, entgegenzuwirken. Seit dem erneuten Beginn der Eskalation um die Ukraine zeigten die Europäer und die westliche Allianz insgesamt, dass sie, wenn notwendig, einen Sprint hinlegen können. Entscheidungen treffen, Maßnahmen koordinieren und umsetzen – das alles gelang in kürzester Zeit. Aber wie sehen sie im Zweifel auf der Langstrecke aus, wenn Putin den Konflikt immer wieder rauf und runterfährt und den Westen zermürbt?

Alte Machtpolitik, neue Bedrohungen

Die akute Kriegsgefahr in Europa hat viele andere ebenso wichtige Themen verdrängt: von Klimawandel über neue Technologien bis zur feministischen Außenpolitik. Die aktuelle Russland-Krise prägte daher auch drei andere bleibende Eindrücke der Konferenz:

Von München ging erstens ein deutliches Zeichen der Blockbildung zwischen liberalen Demokratien und Autokratien aus. Die russische Delegation blieb erstmals seit 1991 demonstrativ fern. Auch hochrangige chinesische Offizielle nahmen nur virtuell teil. Dies war umso bemerkenswerter, nachdem Putin gerade erst bei der Eröffnung der Olympischen Spiele die Allianz mit China gefeiert hatte und Peking ihm demonstrativ den Rücken bei seinen Forderungen gegenüber Europa und den USA stärkte. Bei der MSC blieb der Westen also weitgehend unter sich, mit einer bemerkenswert hohen Zahl an hochrangigen politischen Vertretern: Kamala Harris, Boris Johnson, Olaf Scholz, Ursula von der Leyen, Jens Stoltenberg und viele andere mehr. Die Gefahr der Entfremdung zwischen dem westlichen Bündnis einerseits und China sowie Russland andererseits ist damit gewachsen. Allerdings ist auch zu vermerken, dass der chinesische Außenminister Wang Yi in seiner virtuellen Zuschaltung die Bedeutung des Völkerrechts und der nationalen Souveränität betonte – was durchaus als Warnung an Russland verstanden werden konnte.

Mit dieser unklaren Positionierung verstärkte China zweitens den Eindruck, nach wie vor der »Elefant im Raum« zu sein, der als zentrale außenpolitische Herausforderung für die USA und auch für Europa alle anderen Politikfelder mitbestimmt, aber dessen Bewegungen und Lautäußerungen viele Unklarheiten darüber lassen, was seine wirklichen Absichten sind. Ist China bereit, für ein Bündnis mit Russland die Wirtschaftsbeziehungen zum Westen zu gefährden? Fühlt es sich stark genug, die USA offen herauszufordern? Strebt es eine bipolare Weltordnung an, in der es eine der Blöcke dominiert, oder fühlt es sich nach wie vor dem Konzept der Multipolarität verpflichtet? Und was bedeutet dies für die China-Strategien der USA und Europas? Für die Diskussion derartiger Fragen blieb bei der MSC verhältnismäßig wenig Zeit. Die USA wissen allerdings, dass China ganz genau beobachtet, wie sehr der Westen mit Blick auf die Ukraine bereit ist, seine Prinzipien zu verteidigen. Daraus lassen sich Schlüsse ziehen, wie die USA auch in anderen internationalen Konfliktfragen, etwa Taiwan, agieren könnten. Die aktuelle Krise um die Ukraine verdrängt zwar momentan China vom ersten Platz der sicherheitspolitischen Prioritätenliste der Biden-Administration – aber das Thema wird mit voller Wucht zurückkehren.

Europa und der Westen haben drittens nicht den Luxus, sich die Herausforderungen auszusuchen: Sie finden nicht nur parallel statt, sondern erfordern teils unterschiedliche Analyseraster, um sie zu erkennen, und verschieden Ansätze, um sie zu meistern. Je nach Bedrohung ist eine andere »Grammatik der Macht« gefordert. Die aktuelle Russlandkrise und denkbare Konflikte im indopazifischen Raum erfordern schnelles Krisenmanagement und entschlossenes Handeln, einschließlich militärischer Optionen. Geht es darum, die Klimakrise zu bewältigen, im internationalen Innovationswettbewerb mitzuhalten oder ethische Standards für den Einsatz neuer Technologien und künstlicher Intelligenz zu vereinbaren, reichen die klassischen Ansätze nicht mehr aus. Hier müssen Europa und die USA ihre wieder gefundene Geschlossenheit und ihren Einfluss nutzen, um in multilateralen Formaten China und andere Länder zur Kooperation zu bewegen. Und sie müssen selbst innovativ bleiben: sowohl bei Spitzentechnologien, aber auch mit Blick auf Regulationsmechanismen im technischen, militärischen und politischen Bereich.

Ableitungen für die neue Nationale Sicherheitsstrategie

Deutschland sieht sich in dieser neuen Welt drei unterschiedlichen Anforderungen ausgesetzt:

Erstens die Fähigkeiten weiterzuentwickeln, auf die seine Anziehungskraft und sein internationaler Einfluss aufbauen: ein dichtes Netz an globalen Wirtschaftsbeziehungen, die Pflege von Interdependenzen, die stete Dialogbereitschaft, das Engagement in multilateralen Institutionen und die Bereitschaft, durch Finanzzuschüsse die EU zu stabilisieren sowie nachhaltige Entwicklung zu fördern.

Zweitens sich  umfassender für eine Welt zu rüsten, in der  klassische Machtpolitik dominiert, diese Macht aber mit neuen und diversen Mitteln angewandt wird: sie reichen von wirtschaftlichen Zwangsmaßnahmen über Cyberangriffe und Fake news bis zur Drohung mit beziehungsweise dem Einsatz von militärischer Gewalt.

Und drittens Analyseraster und Instrumente zu entwickeln, um den internationalen Kurs mit zu bestimmen, in dem die Grenzen zwischen Krieg und Frieden, innen und außen, zivil und militärisch, staatlich und privat immer mehr verwischen.

Diesen drei Anforderungen gerecht zu werden, sie auszubalancieren und zu priorisieren, wird die zentrale Aufgabe der noch zu schreibenden Nationalen Sicherheitsstrategie Deutschlands sein.

China’s Path to Geopolitics

SWP - Mon, 21/02/2022 - 09:00

Chinese foreign policy is at the crossroads of regional interests and global power rivalry in the Middle East, especially in Iran. China’s interests in the Middle East increasingly collide with those of the US, which has brought about a significant re-orientation of Chinese for­eign policy on this region. Beijing is increasingly concerned with balanc­ing US influence in the region. Relations with Iran offer China various possibilities for balancing US influence. A decisive factor for China’s Iran policy are its regulatory ideas aiming to establish equality of influence between the major global powers in a given region, in this case the Middle East. Chinese discourse underpins the shifts in Chinese foreign policy in which hard or soft balancing is increasingly becoming a feature of a “geo-politi­cised” regional policy. This geostrategic regional policy with regard to Iran shows that China is gaining influence there at the expense of the United States. German and European actors need a deeper understanding of China’s balancing policy. This would enable Germany and the EU to correctly assess and also question the rhetoric of the Chinese leadership. On this basis, Germany and the EU should adjust their engagement in Iran, especially with regard to the Iranian nuclear weapons issue. More­over, the new German government should ensure that foreign policy actions in third countries are comprehensive and coordinated with the EU so as to meet the challenges posed by China. Such coordination must also be pursued within the transatlantic framework.

Terror Against the Taliban

SWP - Mon, 21/02/2022 - 01:00

Since the United States withdrew from Afghanistan in August 2021 and the Taliban took power in the country, the local branch of Islamic State (IS) – the so-called Khorasan Province – has carried out dozens of attacks on Taliban “security forces” and civilians, resulting in hundreds of deaths. Many attacks have been in the old IS stronghold of Nangarhar in eastern Afghanistan and in the capital, Kabul, but the jihadists have also been active in Kandahar, Kunduz and Kunar. The latest terrorist acts demonstrate the enormous challenge that IS poses for the Taliban. Owing to a lack of funds, personnel and structures, the latter is unable to exercise effective con­trol over all Afghan territory and significantly weaken IS. In fact, there is a danger that these shortfalls will allow IS to expand its terrorist activities beyond Afghani­stan. While the neighbouring states of Pakistan, Iran, Uzbekistan and Tajikistan are particularly at risk, Europe, too, could become a target.

Pages