Laurent Davezies est professeur au CNAM. Il a travaillé, comme chercheur et expert, sur les mécanismes du développement territorial en France et dans les pays industriels ou en développement. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage « Le nouvel égoïsme territorial : le grand malaise des nations », Coéditions Seuil- La République des idées.
La prolifération étatique vous parait-elle inéluctable ?
Inéluctable, non. Nous ne sommes pas dans la tragédie antique dans laquelle des dieux capricieux nous dictent les évènements. On est dans le registre des idées et de l’action des hommes. Pour autant, beaucoup d’éléments, à certains égards rationnels, se combinent aujourd’hui pour pousser à la fragmentation des nations. Elle est du reste en cours actuellement (Belgique, Yougoslavie, Royaume Uni, Espagne, Tchécoslovaquie, sans parler des événements du Moyen Orient à l’Afrique Sub-Sahélienne…).
Face à une mondialisation qui, quand même, a réussi à sortir des centaines de millions d’individus de la pauvreté, mais qui a ébranlé le cadre des relations interterritoriales, entre les nations et en leur sein, on assiste à un mécanisme généralisé de repli sur soi. Compétition économique sauvage et généralisée -adossée à des conventions internationales qui ont, pour le moment, plus libérés qu’encadrés les échanges commerciaux- qui promeut le « chacun pour soi » ; changement technologique vers une économie de l’information qui ne peut se développer que dans les régions les plus développées ; fin du keynésianisme territorial, avec l’ouverture des frontières, qui faisait que les régions pauvres qui étaient hier aidées par les régions riches de leur pays, contribuaient par leur consommation à la croissance de ces dernières ; crise généralisée des finances publiques qui remet en cause les puissants mécanismes de solidarité redistributive inter-territoriale entre les régions au sein des nations, montée d’idées de démocratie de proximité, de gestion collective de « biens communs » locaux, de circuits courts, de monnaies locales, etc.
Bizarrement, ce sont aujourd’hui les territoires riches qui gagnent à ces bouleversements et qui sont aussi aujourd’hui les principaux moteurs de la fragmentation des nations, alors que ce sont les plus pauvres et vulnérables qui en souffrent le plus ! Les riches Flandre belge, pays basque espagnol, Catalogne, « Padanie », comme hier Slovénie et Croatie, rejetant la charge de la solidarité inter-régionale, sont – ou ont été- les moteurs de la fragmentation nationale. Plus généralement, dans le monde, la lutte pour les ressources devient le principal facteur de recomposition des nations.
Quels en seraient les dangers ?
Les dangers de cette dynamique sont nombreux. D’abord, parce qu’elle a un effet de boule de neige. N’oublions pas que les pays occidentaux restent des prescripteurs idéologiques majeurs pour le reste du monde. Donner droit de cité ici à des idées et des mouvements indépendantistes, par exemple avec le referendum écossais et peut être demain catalan, légitime partout ailleurs dans le monde de tels mouvements. On peut penser ou espérer raisonnablement qu’ici, de tels changements se feraient sans violence et dans le contrat. Rien n’est moins sûr ailleurs dans le monde (on le voit déjà avec les affaires kurdes, ouïghours ou ukrainiennes…Plus généralement, 90% des conflits actuels dans le monde sont intra-nationaux).
La fragmentation des nations pilotée par des intérêts économiques (souvent habillés de considérations identitaires) conduit à un monde plus inégal –et donc dangereux- et moins développé – par une répartition plus restreinte des fruits de la croissance et par de nouveaux obstacles aux mobilités-. Elle rend les accords internationaux plus difficiles, avec une multiplication d’acteurs égoïstes et non coopératifs, alors que les urgences, en termes de sécurité collective, d’environnement ou de lutte contre les mafias, appellent aujourd’hui à une gouvernance mondiale plus efficace. L’achat du vote de micro-États à l’ONU est à la portée de toutes les bourses, ou la corruption générale au sein de narco-États par les mafias, ne sont pas des risques, mais des réalités d’aujourd’hui qui ne demandent qu’à se répandre dans de nouveaux pays. L’Europe, par exemple, qui est la partie la plus riche et développée du monde –et la plus expérimentée sur le plan militaire !-, n’a toujours pas de politique et d’instruments de défense commune et les nouveaux petits pays qui en font partie n’ont pratiquement pas de budget de défense…
Dernier point, tous ces nouveaux petits pays, plus homogènes socialement, affranchis de la charge de la solidarité interterritoriale, constituent, par une sorte de dumping financier public, une concurrence considérée comme non déloyale vis-à-vis de grands pays à fortes disparités et solidarités internes.
Au niveau national, vous estimez que la décentralisation est devenue illisible. Pourquoi ? Comment y remédier ?
Face à ces tensions, la décentralisation, qui s’est généralisée dans le monde depuis trente ans constitue un médicament à la posologie mal maîtrisée : elle peut aussi bien contenir les mouvements autonomistes que les renforcer. Plus grave, nous n’avons aucune théorie ou doctrine politique articulée sur la question du partage du pouvoir démocratique entre plusieurs niveaux de gouvernement. Nous n’avons pas d’Aristote, de Platon, de Cicéron ou de Montesquieu de la décentralisation démocratique. Nos territoires ont été découpés par les guerres ou pour les prévenir (Clisthène avec les dèmes à Athènes ou Sieyès avec les départements en France, ont créé des entités sub-nationales sans autre principe que tactique).
La théorie économique dispose d’une doctrine, avec le « fédéralisme fiscal », qui ne prend en compte –et d’une façon abusivement abstraite- que le seul avantage du consommateur-contribuable et pas celui des nations ou des groupes sociaux (qui ne sont pas des agents économiques). Cette approche fait plus de mal que de bien dans le contexte actuel et n’est, du reste, appliquée intégralement dans aucun pays.
Les pays européens, qui constituent encore un modèle d’organisation de l’action publique, ont pourtant autant de dispositifs de décentralisation qu’il y a de pays membres, sans que ressorte le moindre principe de théorie politique explicite ou implicite. Par une sorte de vaste bricolage gaussien, les dispositifs y sont aussi différents que s’ils y avaient été établis au hasard !
Il ne s’agit donc pas de refonder les principes de l’organisation territoriale des nations, afin de contenir, tout en satisfaisant leurs aspects légitimes, les tensions régionalistes, mais de les fonder. Vaste programme…
Am 16. Juni 2015 legte das High-Level Independent Panel on United Nations Peace Operations seinen Bericht vor. Das Gremium war im Oktober 2014 eingesetzt worden, um die Friedensmissionen der Vereinten Nationen einer umfassenden Prüfung zu unterziehen. Der nun veröffentlichte Report lässt sich als Appell lesen, die Kluft zwischen den hohen Erwartungen an Friedensoperationen und ihrem tatsächlichen Leistungsvermögen zu verringern. Diese Kluft, so die Sorge der Autoren, drohe künftig noch zu wachsen – in einer Zeit, in der VN-Kräfte vielfach an noch unbefriedete Konfliktorte entsandt würden, fast 40 Missionen mit 128 000 Angehörigen die Handlungsfähigkeit der VN strapazierten und die politische Unterstützung oft gering sei. In dem Bericht geht es eher um institutionelle und operative Folgerungen, nicht jedoch um eine Bilanz bisheriger Friedensoperationen. Was aber können solche Missionen überhaupt leisten, was haben sie erbracht, und wo liegen ihre Grenzen? Ein Blick auf die Erträge der einschlägigen empirischen Forschung liefert hier Antworten. Verglichen mit dem oft negativen Medientenor zu einzelnen Operationen fallen die Ergebnisse insgesamt durchaus positiv aus, wenn man die Erwartungen nicht zu hoch hängt.
Unter Vermittlung der VN nähern sich Vertreter der libyschen Konfliktparteien einem Machtteilungsabkommen, das die Bildung einer Einheitsregierung vorsieht. Sollte es zu seiner Besiegelung kommen, so wird das Abkommen auf wackligen Füßen stehen. Denn es dürfte auf den Widerstand mächtiger Akteur/innen stoßen. Deutschland und die EU sollten sich mit verstärktem politischem Engagement um den Abschluss und die Umsetzung des Abkommens bemühen – sowohl gegenüber den Vertragsparteien als auch gegenüber jenen, die das Übereinkommen ablehnen oder nicht am Verhandlungstisch sitzen. Was gezielte Sanktionen betrifft, ist indes Vorsicht anzuraten. Internationale Akteurinnen und Akteure, die die Implementierung des Abkommens unterstützen wollen, sollten nicht nur die Forderungen einer Einheitsregierung berücksichtigen, sondern auch die in Libyen stark ausgeprägte Sensibilität gegenüber einer Einmischung von außen. Eine Präsenz ausländischer Truppen würde dem Abkommen schaden.
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The international response to the world drug crisis has given disproportional attention to repression rather than prevention. This view was expressed by several participants at an IPI policy forum convened on July 22 to discuss the upcoming United Nations General Assembly special session on the world drug problem.
“Repression is a damaging policy, since it redirects resources to military and penal solutions, instead of health and education,” said one of the panel members, Fernando Carrera, the Permanent Representative of Guatemala to the UN. “Like other aspects of public policy, we should address drug policy by outcome – learning from experience, and not from dogmas.”
The IPI meeting, co-organized with the Conflict Prevention and Peace Forum (CPPF), was held to prepare for the UN General Assembly Special Session (UNGASS) on the World Drug Problem, which will take place April 19-21, 2016.
Simone Monasebian, Director of the New York Office of the UN Office on Drugs and Crime (UNODC), called for a more holistic approach to the crisis at the special session with emphasis on health and well-being in order to reduce the impact on vulnerable populations and to create more alternatives to incarceration.
“UNGASS 2016 must address all the issues with the world drug problem, including human rights and sustainable development,” she said, adding that this must be done “without dropping our guard on transnational organized crime.”
The statements came at a time when an increasingly changing policy landscape at the national level is posing challenges to the current international drug control strategies, which have produced a public health crisis and mass incarceration.
At the same time, while decriminalization is taking place in many countries, panelists argued that there is too little room for the evolution of today’s legal system. Martin Jelsma, Programme Director for the Transnational Institute in Amsterdam, noted that the treaties that regulate the world drug problem do not have built-in mechanisms for review. He called the existing system “Jurassic.”
The interim session of the General Assembly is being held three years ahead of its schedule on the special request of the governments of Mexico, Guatemala, and Colombia and will present an important opportunity to issue “fair and balanced analysis on whether the existing system operating on the existing conventions is still fit for purpose,” said Senator Mark Golding, the Minister of Justice of Jamaica.
The current international legal framework, upheld by the Single Convention on Narcotic Drugs of 1961, the Convention on Psychotropic Substances of 1971, and the United Nations Convention against Illicit Traffic in Narcotic Drugs and Psychotropic Substances of 1988, provides some degree of flexibility for national responses, but remains rigid, he said. Sen. Golding stressed the importance of having coherent and viable policies that provide proportional and rational responses to drug problems, while keeping with the aspirations of people. As new paths of treatment are emerging in national drug policies, he said the coherence of international law is increasingly challenged.
However, while a rebalancing should take place between prevention and repression, it would be impossible to get completely rid of the law-enforcement approach, Ambassador Carrera said. Focus on the supply-side should remain, but be made more effective through relying on an evidence-based approach, he added.
Transnational organized crime is an important driver of the problem, but several of the panelists said that current efforts have come up with few solutions to reduce the profitability of this thriving business.
Providing a historical background to the development of the international legal framework, Mr. Jelsma showed how issues that led to the first UNGASS on drugs have still not been addressed. Arms control, money laundering, lack of criminal prosecution, difficulties in finding agreement on regulating financial streams with linked challenges in addressing beneficial ownerships due to deregulated markets – are all problems that still persist.
As the levels of violence that created the urgency for the original call for the first Special Session on drugs in 1990 persist, “increased shared responsibility and a more balanced approach” is needed to improve the structural response, he said.
When one question from the floor raised concern that current drug policy lumps starkly different drugs into the same basket, Ambassador Carrera agreed, saying, “The UN’s one-size-fits-all approach to drugs is outdated.”
While this is the first UNGASS to focus on drug policy since 1998, it will be the third one in history, following previous attempts which have not resulted in radical changes but rather served to reassert the established system. However, Sen. Golding expressed hope that the current international momentum would still drive through the necessary changes and reframing within the post-2015 agenda.
He concluded: “If UNGASS 2016 does not signify a move forward, it is going to be very problematic for all of us.”
The conversation was moderated by Adam Lupel, Director of Research and Publications at IPI.
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