Vagues de chaleur à répétition, inondations ou encore incendies : l’ampleur et la fréquence des phénomènes climatiques violents augmente sur l’ensemble de la planète. Et notamment en Europe, comme en témoignent les récents feux de forêts observés en Grèce et à Chypre.
Des événements qui concordent avec la publication par le Giec de la première partie de son sixième rapport sur le climat lundi 9 août. 234 chercheurs de 66 nationalités différentes ont collaboré pour produire ce texte aux constats implacables : le réchauffement climatique est désormais un phénomène irréversible, en lien avec l’activité humaine, dont il est encore possible de le limiter l’aggravation si les Etats prennent des mesures radicales et immédiates.
Autre nouveauté de ce rapport, celui-ci offre désormais une vision plus fine des projections de changement climatique. En témoigne la réalisation d’un atlas interactif permettant d’anticiper ces évolutions à l’échelle régionale. L’occasion de se pencher sur le cas du continent européen, aux côtés de Robert Vautard, spécialiste des événements climatiques extrêmes, directeur de recherche au CNRS et de l’Institut Pierre-Simon Laplace.
À LIRE AUSSI“Les risques d’incendies vont être de plus en plus importants, en Europe comme ailleurs” Pour bâtir son rapport, le GIEC s’est basé sur 5 scénarios climatiques possibles à l’avenir. Comment les avez-vous définis ?Nous avons d’abord identifié une trentaine de conditions climatiques génératrices d’impact (température moyenne, niveau des océans…). Puis nous avons regardé dans chaque région du monde si ces conditions changeaient dans un sens ou dans un autre. Nous avons réalisé ce travail à partir des données collectées pour réaliser des projections, et défini le degré de confiance que nous pouvions donner à chacune d’entre elles.
A partir de ces informations, le rapport analyse cinq scénarios potentiels, cinq mondes possibles dans le futur en quelque sorte. Un premier dans lequel on “laisse aller” sans politique climatique additionnelle, un deuxième avec un peu plus de politiques climatiques, jusqu’à un dernier avec des actions ambitieuses, immédiates et urgentes en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
On traduit ensuite l’ensemble de ces scénarios en termes de niveau de réchauffement. Le plus optimiste correspond à un réchauffement de 1,5 degré en 2 100 par rapport aux niveaux préindustriels, soit l’objectif fixé dans les Accords de Paris. Celui correspondant plus ou moins au “laisser-faire” monte jusqu’à +4 degrés.
Quel rôle avez-vous joué dans la production de ce rapport ?En tant que spécialiste du lien entre les événements extrêmes et le changement climatique, j’ai été l’un des trois coordinateurs du chapitre 12 consacré à l’information climatique régionale pour l’évaluation des risques et des impacts. Il s’agit d’une synthèse des chapitres précédents qui met en perspective ce qu’il se passe au niveau régional, avec des informations les plus précises possibles. C’est l’une des nouveautés de ce sixième rapport.
Justement, quelles sont les grandes tendances que le Giec dessine pour l’Europe dans les décennies à venir ?Les tendances observées en Europe sont les mêmes que dans le reste du monde. Les vagues de chaleur sont déjà plus fréquentes et plus fortes et le phénomène va s’aggraver. A l’inverse, les vagues de froid, elles, sont en régression aussi bien en nombre qu’en intensité, tout comme les épisodes de gel.
À LIRE AUSSIA quoi ressemblera l’Europe en 2030 ?Des questions sont également liées au permafrost, qui ne concerne pas du tout la seule Sibérie. Dans les montagnes européennes, sur les hautes cimes, la glace permanente opère comme une sorte de colle sur les rochers. Mais avec le dégel, les chutes de pierre sont en forte augmentation.
Sur la cryosphère -neige et glace-, la faune et la flore se sont habituées à certaines conditions. Certaines espèces auront du mal à s’adapter à la diminution du manteau neigeux, qui protège du froid extrême car la neige conserve une température constante.
Enfin, toutes les régions côtières d’Europe sont et seront concernées par l’élévation du niveau des mers et par les inondations des littoraux, l’érosion ou encore les vagues de chaleur marine qui génèrent des impacts sur les écosystèmes océaniques.
À LIRE AUSSILes émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne Au-delà de ces tendances communes, observe-t-on des disparités au sein même du continent ?De nombreux phénomènes sont en effet variables d’une région à l’autre. Les plus significatifs d’entre eux touchent au cycle de l’eau. Au nord, les précipitations mais aussi les épisodes de pluies intenses sont en augmentation, une tendance qui risque de s’aggraver.
Dans le sud de l’Europe à l’inverse, on assiste et on assistera à une baisse très marquée de ces précipitations, sans que ne diminuent les épisodes de fortes précipitations d’autant plus problématiques. Le gros problème sera la sécheresse d’origine hydrologique ou agroécologique, due à l’assèchement des cours d’eau mais aussi des sols. Les risques d’incendies vont également s’accroître.
Pour l’Europe centrale enfin, nous penchons aussi pour une augmentation des sécheresses, avec un moindre degré de certitude. Et la région sera particulièrement sujette aux inondations, dues au débordement des rivières et des fleuves.
Le rapport s’attarde plus particulièrement sur le bassin méditerranéen. Pour quelles raisons ?En Méditerranée, le changement climatique sera l’un des plus radicaux au monde. Ce fait est établi avec un haut niveau de certitude. Tous les types de phénomènes y sont en changement : vagues de chaleur, de froid, inondations, pluies extrêmes, sécheresses, risques de feu, baisse des vents moyens, augmentation des cyclones méditerranéens, phénomènes côtiers…
Le rapport du groupe 1 [soit le texte publié le 9 août, qui sera suivi d’autres textes publiés par les groupes 2 et 3, NDLR] est consacré à l’observation du changement climatique. L’analyse des conséquences de ces impacts viendra ensuite.
Outre les émissions de gaz à effet de serre, d’autres facteurs peuvent-ils modifier le climat européen ?Il existe effectivement d’autres phénomènes globaux générateurs d’impact, comme l’affaiblissement de la circulation profonde des eaux dans les océans, la rupture de la calotte antarctique ou la fonte accélérée du Groenland.
Le rapport du Giec précise bien qu’il est encore difficile de juger de leur évolution future. Mais on ne peut exclure aucun de ces phénomènes, qui sont d’ailleurs plus avancés que prévu. Ces fontes accélérées pourraient par exemple provoquer une hausse de deux mètres du niveau des mers. Un tel changement impacterait les populations du littoral de manière majeure. Mais la probabilité de voir ce scénario advenir reste faible.
Quel regard portez-vous sur les politiques environnementales européennes et sur le Pacte vert initié par l’actuelle Commission ?Même si l’analyse des politiques environnementales sera réalisée par mes collègues du groupe 3, je peux dire que les ambitions affichées par l’Europe sont conformes aux accords de Paris.
Dans les 5 scénarios imaginés, celui qui mène à 1,5 degré en fin de siècle -ce qui n’empêchera pas la Terre de dépasser cette température plus tard- est celui d’un changement franc, massif et immédiat. Dans cette optique, l’objectif de 0 émission nette en 2050 est le seul envisageable. Et la baisse de 55 % des émissions carbone par rapport aux niveaux de 1990 correspond effectivement à ce que l’on devrait faire au niveau mondial pour stabiliser la température autour de 1,5 degré.
Enfin, l’Europe peut être considérée comme une maquette de ce qui se passe à l’échelle mondiale : même si les pays du nord vont être touchés par certains phénomènes, ceux du sud de l’Europe vont être beaucoup plus exposés. Même si le Giec a vocation à rester neutre, le rapport met l’accent sur ces disparités, qui doivent être prises en compte pour les politiques européennes.
À LIRE AUSSIPacte vert européen : les dates clésL’article Rapport du Giec : “En Méditerranée, le changement climatique sera l’un des plus radicaux au monde” est apparu en premier sur Touteleurope.eu.
Sans combat, les talibans ont repris le contrôle de Kaboul ce week-end, marquant la fin d’une reconquête fulgurante de l’Afghanistan suite au retrait des forces américaines. “Tournant historique” pour Emmanuel Macron, “développement absolument amer” selon Angela Merkel : les mots des Européens marquent la gravité de la situation.
Réunis mardi 17 août en fin d’après-midi autour de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept ont évoqué la situation. Et ont souligné l’importance d’une transition en douceur : “Le processus de négociation entre le gouvernement afghan et les Talibans offrait la meilleure chance de parvenir à une solution qui garantisse la sécurité et la coexistence pacifique en Afghanistan et dans la région”, a fait savoir Josep Borrell dans un communiqué à l’issue de cette réunion.
“Le pays a besoin d’une solution politique durable et inclusive qui protège les droits des femmes et permette aux Afghans de vivre en sécurité et dans la dignité”, a de son côté déclaré le président du Parlement européen David Sassoli.
Asile et migrationsLes pays du sud de l’Europe comme Chypre, Malte, la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, anticipent quant à eux une nouvelle vague migratoire, causée par un afflux de réfugiés afghans. Ces Etats ont demandé que la situation des futurs réfugiés soit mise à l’ordre du jour de la réunion des ministres européens de l’Intérieur ce mercredi 18 août.
Certaines voix ont appelé de façon nette à accueillir les réfugiés afghans qui souhaitaient quitter le pays. “L’asile doit être accordé à ceux qui risquent d’être persécutés”, a ainsi twitté David Sassoli lundi 16 août.
Si elle s’est dit prête à un accueil “contrôlé” des réfugiés les plus vulnérables mardi, la chancelière Angela Merkel a de son côté directement fait référence à la crise migratoire de 2015 : “nous ne devons pas répéter l’erreur que nous avons faite dans le passé en ne donnant pas assez de moyens au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et en laissant les gens quitter la Jordanie et le Liban à destination de l’Europe”. Une analyse proche de celle d’Emmanuel Macron, pour qui “l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle”. “Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent”, a-t-il poursuivi lors de son allocution lundi 16 août, précisant que “la France fait et continuera de faire son devoir pour protéger ceux qui sont les plus menacés”.
Mais la question ne fait pas l’unanimité. Le gouvernement hongrois, connu pour son refus de l’accueil de migrants au cours de la crise migratoire de 2015, manque ainsi à l’appel des soixante gouvernements qui, dimanche dernier, appelaient dans une déclaration commune à autoriser les Afghans qui le souhaiteraient à quitter leur territoire.
Les pays occidentaux évacuent pour l’instant leurs ressortissants vivant en Afghanistan ainsi que les nombreux Afghans qui ont aidé les puissances occidentales pendant des années, comme les traducteurs. “La sécurité des citoyens européens, du personnel et de leurs familles est une priorité à court terme”, a exprimé le président du Conseil Charles Michel. Près de 400 personnes ont en effet travaillé pour la délégation et les missions de l’UE en Afghanistan. Les équipes de l’Union sont sous la protection des Etats-Unis ainsi que des Etats membres, qui peuvent notamment mettre en place des ponts aériens et délivrer des visas pour faciliter leur exfiltration. A ce sujet, Josep Borrell a particulièrement remercié l’Espagne, l’Italie et la France pour leur soutien sur place lors d’une conférence de presse mardi 17 août.
“Nous devrons discuter avec eux”Au-delà de l’urgence humanitaire, reste à savoir quelles relations les Etats européens entretiendront à long terme avec un Afghanistan dirigé par les talibans. “Nous devons entrer en contact avec les autorités de Kaboul, quelles qu’elles soient. Les talibans ont gagné la guerre”, a concédé Josep Borrell à l’issue de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères mardi. “Nous devrons discuter avec eux afin d’engager un dialogue, dès que nécessaire, pour éviter une catastrophe humanitaire et une potentielle catastrophe migratoire”, a ajouté le haut représentant. A la question de savoir si les talibans d’aujourd’hui, qui cherchent une reconnaissance internationale, avaient changé par rapport aux fondamentalistes de la fin des années 1990, Josep Borrell a été assez clair : “Ils se ressemblent, mais ils parlent mieux anglais”.
Le président français a pour sa part martelé lundi que le pays “ne doit pas redevenir le sanctuaire du terrorisme qu’il a été”. “C’est un enjeu pour la paix, la stabilité internationale contre un ennemi commun : le terrorisme et ceux qui le soutiennent”, a poursuivi Emmanuel Macron. Paris et Londres ont convenu d’une initiative commune au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, et le Premier ministre britannique Boris Johnson souhaite une réaction coordonnée du G7.
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Les ONG environnementales slovènes ont appelé le ministre de l’Infrastructure Jernej Vrtovec à faire usage du statut de la Slovénie, à la tête de la présidence de l’UE, pour amorcer les discussions sur la sortie du bloc du Traité sur la charte de l’énergie (TCE).