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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 1 month 3 weeks ago

Cap au sud pour Frontex cet été. Renforts attendus en Méditerranée et Sicile

Wed, 27/05/2015 - 13:11

Récupération de migrants/réfugiés naufragés à bord du Tyr, le navire des gardes-côtes islandais mis à disposition de Frontex (crédit : Gardes-Côtes islandais)

(B2) L’opération de sécurisation des côtes menée par l’opération Frontex en Italie et en Grèce va être renforcée dans les semaines qui viennent, indique aujourd’hui la Commission européenne.

Renfort sur mer et dans les airs 

Durant l’été, qui est la « période de pointe » pour les flux migratoires, Frontex devrait ainsi déployer, dans le cadre de son opération Triton : 3 avions de surveillance, 18 navires (6 navires de patrouille au large et 12 bateaux de patrouille côtiers) ainsi que 2 hélicoptères. « Un trop grand nombre de vies ont déjà été tragiquement perdues cette année — a souligné, dans un communiqué, le Français Fabrice Leggeri qui dirige Frontex (*) —. « Nous avons considérablement augmenté les niveaux de déploiement en Méditerranée centrale pour soutenir les autorités italiennes dans le contrôle de leurs frontières maritimes et sauver des vies ».

Zone opérationnelle élargie

La zone opérationnelle sera étendue à 138 milles nautiques au sud de la Sicile, ce qui recouvrira entièrement la zone de recherche et sauvetage maltaise « de manière à englober la zone de l’ancienne opération Mare Nostrum », indique la Commission européenne.

Budget augmenté

La Commission européenne a débloqué un budget supplémentaire de 26,25 millions d’euros pour renforcer l’opération Triton en Italie et Poseïdon en Grèce pour le reste de l’année (juin – décembre 2015). Soit un budget total de 38 millions d’euros pour Triton et 18 millions d’euros pour Poseïdon. Cet effort sera poursuivi l’année prochaine. La Commission européenne devrait augmenter le budget de Frontex en 2016 de 45 millions d’euros supplémentaires pour les deux opérations.

Des équipes de débriefing

Plusieurs équipes vont être mis en place : 9 équipes de débriefing et 6 équipes de dépistage. « Le rôle des officiers de débriefing est particulièrement important car ils recueillent des renseignements sur les criminels opérant en Libye et d’autres pays de transit » précise Fabrice Leggeri. « Frontex peut ainsi aider les autorités italiennes et Europol dans leurs enquêtes et leurs efforts pour démanteler les réseaux de contrebande. » Une base régionale de Frontex va d’ailleurs être établie en Sicile. Ce qui permettra à l’agence européenne de coordonner au plus près l’opération et de travailler en étroite collaboration avec les officiers de liaison d’Europol, Eurojust et le bureau européen de l’Asile.

(NGV)

(*) traduction non officielle effectuée par nos soins

Categories: Défense

Le plan d’opération d’EUNAVFOR Med révélé par Wikileaks. Vraiment ?

Tue, 26/05/2015 - 20:12

(BRUXELLES2) Wikileaks vient de révéler un document « secret », qu’il présente comme le « plan » de la future opération militaire en Méditerranée (EUNAVFOR Med) « contre les bateaux de réfugiés ». Un document qu’a ensuite commenté Steve Peers de l’université d’Essex, avec plus ou moins de bonheur. Un fatras d’idées préconçues, à la limite du mensonge éhonté…

Confondre un plan d’opération et un avis sur un concept

On a connu l’organisation de Julian Assange un peu plus perspicace, plus judicieuse… Les auteurs du leak semblent un peu incultes en matière de planification militaire, voire même incapables de lire ce document, ou alors ils ont voulu faire un « coup » là où il n’y avait pas vraiment lieu d’être.

Premièrement, l’opération montée par les Européens n’est pas destinée à « combattre les bateaux de réfugiés » mais vise à contrer les trafiquants. Dire le contraire, c’est confondre le mouton et le loup. Ou alors ce serait prétendre que tous les réfugiés sont des trafiquants ! Ce n’est pas très sérieux… (piège dans lequel sont tombés mes deux confrères du Parisien).

Deuxièmement, les deux documents « leakés » ne sont pas du tout le « plan d’opération » de l’UE, comme présenté. Mais les « avis » de deux groupes de « travail » des Etats membres — d’une part les experts du groupe politico-militaire (GPM), d’autre part les représentants militaires présents au Comité militaire — sur le projet de concept de gestion de crises qui a été soumis aux ministres des Affaires étrangères et approuvé le 18 mai. Ce ne sera pas faire injure aux auteurs de ces documents de dire qu’ils ne sont « qu’un maillon » dans un dispositif décisionnel, assez long et complexe, qui va d’un premier document plus politique, tissant différentes options, et d’un mandat donné par le Conseil européen, au Plan d’opération proprement dit, et à la décision lancement de l’opération, en passant par une résolution des Nations-Unies qui donne la base juridique internationale à l’intervention. Y voir un plan, c’est être tout simplement ignorant du contenu de ce qu’est un « Plan ».

Troisièmement, ces documents sont destinés à donner au futur commandant d’opération des orientations dans la planification future de l’opération en mettant l’accent sur quelques points importants ou méritent encore des éclaircissements : le renseignement (lire : EUNAVFOR Med : Pourquoi le renseignement est important ? Pourquoi peu de problème de moyens?). La parole y est assez libre, et heureusement, car elle permet justement de poser toutes les questions, y compris celles qui pourraient être taboues, dans une opération qui a une réelle complexité.

Les recommandations faites sont assez logiques et sensées. Il s’agit d’avoir une solide base juridique pour pouvoir appréhender et traduire en justice les trafiquants, de bien définir ce qu’est un migrant, un réfugié et un trafiquant. Il cerne les risques possibles dans certaines zones (proches de la Libye)… et recommande d’avoir une solide force de protection et de robustes règles d’engagement. Ce qui est assez logique également. Enfin, il recommande d’avoir une communication touffue, ce qu’on appelle aussi la diplomatie publique dans un autre jargon. Ce qui relève plutôt du classique dans toute opération militaire. (Lire aussi sur le Club : EUNAVFOR Med, une opération complexe, juridique également)

L’analyse (bancale) d’un professeur de droit …

Y voir derrière tout cela un plan secret de l’UE pour poser le pied en Libye comme le détaille ensuite le professeur de l’université du Sussex, Steve Peers, spécialiste du droit constitutionnel européen, le prélude à une opération terrestre en Libye est donc plutôt osé et est aussi éloigné de l’analyse que le pis d’une vache est éloigné d’un verre de champagne (et encore

« A EU military planning document reiterates that the EU’s new anti-smuggling operation could result in a ground conflict in Libya that leads to the loss of life of soldiers, refugees and smugglers, and destabilise Libya in the process » écrit Steve Peers dans son texte de 3 pages à télécharger sur Statewatch.

Heu… Jusqu’à nouvel ordre, la Libye n’est pas vraiment une terre tranquille, un lieu de rêve pour des vacances en famille sur lequel l’Union européenne viendrait semer le trouble et la tempête… Le Professeur Steve Peers semble avoir se tromper d’objectif sur cette opération qui, même si elle emploie des moyens militaires —, reste une opération de « police en mer » et non pas une « intervention militaire en Libye ».

Ce que disent les experts européens, en effet, c’est qu’il faut calibrer de façon précise l’activité militaire, notamment dans les eaux intérieures libyens pour éviter de déstabiliser un processus politique en cours en causant un dommage collatéral, ne pas remettre en cause les activités économiques légitimes (NB : on pense notamment aux activités de pêche) ou créer la perception d’avoir choisi un parti. (NB Ce qui est un réel risque. S’attaquer à certains trafiquants, détruire leurs moyens (navires), peut être pris par certaines milices qui protègent ces moyens, en bénéficient, voire organise le trafic d’une manière ou d’une autre est un risque effectivement). Cette remarque est plutôt sensée…

« The IMD should also emphasise the need to calibrate military activity with great care, particularly within Libyan internal waters or ashore, in order to avoid destabilising the political process by causing collateral damage, disrupting legitimate economic activity or creating a perception of having chosen sides

Non content de son fait, Steve Peers continue son « analyse » (! si on peut appeler cela une analyse). il s’interroge sur le fait que tout n’est pas encore précis dans ce « plan », que des « orientations militaires et politiques doivent être encore données », « les règles d’engagement n’existent pas encore »…

The document explicitly acknowledges that the operation has no clear end point: « the political End State is not clearly defined » This should disturb anyone who has studied previous military operations that have gone wrong or spun out of control due to lack of clarity on what the final objectives are. Indeed, the document makes clear that most of the details of the ongoing operation have yet to be worked out

Là on n’est plus dans l’erreur d’analyse, on est dans l’ignorance crasse. Le processus de décision européen est, en effet, assez rôdé et même assez procédurier. Pour aller vite, le Concept de gestion de crises (CMC) – qui a fait l’objet des deux avis (révélés par Wikileaks) est destiné à fixer les divers enjeux d’une crise, les principaux moyens d’y répondre, et les principales questions qu’il importe de résoudre. Il précède une décision des ministres d’établir une mission. Tous deux ont été approuvés par les ministres le 18 mai. Viendront ensuite des instructions militaires, des orientations, un concept d’opération, un plan d’opération, des règles d’engagement…Il est évident qu’à ce stade un certain nombre de questions restent encore à régler. Les autorités européennes ne s’en cachent. Le général de Rousiers, président du comité militaire de l’UE, disait très officiellement, le 19 mai (à l’issue de la réunion avec les Chefs d’Etat-major militaires de l’UE, que « c’est une opération complexe dans un environnement complexe »

Regretter que ces règles n’aient pas été définies, c’est comme s’inquiéter de ne pas voir la circulaire d’application publiée alors que le premier paragraphe de la loi n’est pas encore voté. Se proclamer « professeur de droit » pour sortir une telle conclusion est digne du concours Lépine de la plus mauvaise copie. Je ne sais pas où enseigne Steve Peers, mais dans n’importe quelle université européenne, digne de ce nom, une telle ânerie vaudrait à son auteur un beau zéro pointé et un retour aux fondamentaux…

Commentaire : tirer une ou deux phrases pour gloser sans tenir compte du contexte dans lequel ces phrases sont posées et surinterpréter certains mots pour en tirer non ce qui est mais ce qu’on pense, n’est pas vraiment digne ni d’une analyse académique, ni d’un commentaire journalistique. On peut se demander franchement quel est le but recherché par ces auteurs, en mal de sensationnalisme. Veulent-ils que le trafic d’êtres humains continue, que les naufrages perdurent, que l’Europe reste inactive face d’une part à ces drames, d’autre part à cette menace ?

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi sur le B2/Club :

Categories: Défense

Serval 2013. Maudite découverte. Kérosène algérien et hélicos belges

Mon, 25/05/2015 - 14:40

(B2) Le général Barrera est un peu une des figures de l’armée française. Après avoir servi dans les Balkans (Bosnie, Kosovo) et en Afrique (Tchad, Côte d’Ivoire), il est envoyé au Mali en 2013 pour prendre la tête de l’opération Serval au Mali alors qu’il vient de prendre la tête de la 3e Brigade mécanisée (3BM). Pour l’avoir rencontré, dans le cadre de l’IHEDN, on peut dire que l’homme dégage une certaine intensité et ses « Notes de guerre » sur l’opération, menée à partir de janvier 2013 au Mali par l’armée française, en prennent de la graine. Pour ceux qui s’intéressent aux opérations modernes, de celles qui se mènent en quelque sorte « sabre au clair », ce livre mérite le détour. J’en ai retenu quelques passages. L’un est particulièrement poignant, sur les enfants soldats. Les deux autres sont plus géopolitiques sur la coopération avec l’Algérie et l’assistance belge et danoise.

Une découverte maudite : l’enfant soldat utilisé par les djihadistes

« Les légionnaires trouvent un enfant soldat blessé par éclats. Réfugié près d’un muret de pierre, sous une couverture, il grelotte de fièvre, impuissant devant l’infection de ses plaies. Cela fait deux à trois jours qu’il attend la mort … Un enfant qui n’a sans doute pas 15 ans. Cette découverte et celle qui va suivre ont incontestablement marqué un tournant pour les combattants de la brigade. (…) Nous avons compris, ce jour-là, pour ceux qui en doutaient, que notre adversaire n’était pas valeureux.  » L’enfant sera pris en charge par l’équipe médicale du régiment et « sauvé ».

Un peu plus tard, les « légionnaires découvrent dans (une) cache deux enfants armés et un adulte noir, anglophone, qui avouera plus tard être nigérian et affilié à Boko Haram. Après avoir enlevé une dizaine d’enfants, principalement peuls, dans la région de Gao, il les emmenés dans ce sanctuaire pour les éduquer et en faire de bons djihadistes. (…) Dans les heures qui suivirent, sapeurs et fantassins découvrirent des cadavres d’enfants dans la vallée, certains chargés de gourdes vides et envoyés à  la mort par les djihadistes assoiffés. »

Quelques jours plus tard, deux autres enfants soldats seront capturés. « Comme un esclave, le premier portait des bouteilles vides et un sac pour un groupe de djihadistes armés, abattus à très courte portée. » Il fut sauvé et « surpris de s’en sortir ». Grâce au sang-froid et « à l’entraînement des légionnaires ». « Le second fut blessé par une sentinelle à quelques dizaines de mètres de son bivouac. (Il) cherchait à s’infiltrer dans le dispositif en profitant de la végétation. » Blessure superficielle, il fut soigné et évacué à Tessalit.

« Ces visions provoqueront des blessures invisibles chez mes soldats (…). Ils devaient de passer dix jours à se battre sous un soleil sahélien mais ces images les hantaient, certains se demandant même s’ils n’avaient pas tiré sans le savoir sur un gamin qui avait l’âge de leur fils. L’enfant soldat, la pire découverte de cette vallée maudite ! « Les yeux vitrés, comme drogués, ces gosses étaient utilisés comme porteurs, messagers ou éclaireurs. Kidnappés dans la boucle du Niger, enlevés pour certains à leurs familles de bergers plus au nord, il seront ensuite envoyés à Bamako pour suivre un programme de réinsertion conduit par l’ONU. »

Le kérosène algérien…

A plusieurs reprises, dans son ouvrage, le général évoque les besoins en matériel, le ravitaillement en eau qui s’effectue à flux tendus, les pièces détachées qui manquent, le carburant nécessaire. C’est l’Algérie voisine qui fournira à plusieurs reprises le carburant nécessaire, les hommes allant se ravitailler dans des missions baptisées « Septenkéro »  (kérosène septentrional). « Cette livraison, plusieurs fois répétée dans les semaines suivantes, est la conséquence d’un accord entre les deux pays, touchés par le même terrorisme ». Les moyens de transport (avions ou hélicoptères) sont comptés également.

… et les hélicos belges et moyens danois

Le 6 mars, c’est un (nouvel) accrochage avec une « katiba du Muajao », provoquant plusieurs blessés, maliens et français…  Il y a deux blessés graves (alpha), un Malien, un Français, le brigadier-chef Wilfried Pingaud (lire aussi : Un 4e soldat français tué au Mali à l’est de Gao).  Les hélicoptères, « un Puma et un Agusta belge foncent vers l’ouest pour récupérer les cinq blessés. (…) Nos amis belges ont été engagés aux côtés de leurs alliés français pour sauver des vies. Il existe une vraie fraternité d’armes avec l’armée belge. Leurs pilotes d’hélicoptères et d’avions de transport ont été des nôtres. Tout au long de la campagne, ils nous ont acheminé l’approvisionnement nécessaire à Gao et Tessalit, prenant parfois le relais de nos avions à bout de potentiels. Sur les pistes les plus éloignées, les cocardes françaises ont souvent côtoyé celles des royaumes de Belgique et du Danemark. (*) »

Commentaire : ces besoins illustrent également, même si le général ne le mentionne pas précisément, la nécessité qu’il y aurait sans doute eu d’un soutien plus affirmé des Européens, ne serait-ce qu’en moyens de transport ou d’évacuation. Cette question n’est toujours pas réglée. Et d’un point de vue politique, on peut se demander si une opération identique devait être réitérée demain, est-ce que la situation serait considérablement changé. Le commentaire élogieux du général sur l’allié belge, à juste titre, ne serait peut-être plus de mise. Au vu du positionnement de l’actuel gouvernement belge dirigé par le libéral Charles Michel et de son ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), beaucoup plus réticent à s’engager dans les opérations en « Européen » (cf. RCA, EUNAVFOR Med), on peut se demander si un tel engagement aurait lieu aujourd’hui, pour des raisons budgétaires mais aussi politiques.

(NGV)

• « Opération Serval. Notes de guerre, Mali 2013 » Bernard Barrera. Editions Seuil, collection Sciences Humaines et Documents, mai 2015, 448 pages, 21,50 €

Lire aussi :

Categories: Défense

Il y a un an, à Djibouti

Sun, 24/05/2015 - 22:45

(B2) Il y a un an, le 24 mai 2014, trois membres de la mission européenne de renforcement des capacités en Afrique de l’est (EUCAP Nestor) étaient gravement blessés lors d’un lâche attentat terroriste qui frappait le Restaurant La Chaumière en plein centre de Djibouti. Tous les trois venaient de rejoindre la mission et célébraient ce soir-là leur installation (lire : Attentat à Djibouti. Plusieurs membres des missions européennes PSDC blessés).

Un an plus tard, indique la mission EUCAP Nestor « deux d’entre eux luttent encore avec les terribles conséquences de l’attentat. Leur vie ne sera plus jamais la même. » Et le chef de la mission Etienne de Poncins d’ « exprimer tout le soutien, réconfort et meilleurs voeux de rétablissement complet ».

(NGV)

Categories: Défense

L’UE condamne l’assassinat d’un chef d’opposition au Burundi et demande aux autorités d’agir

Sun, 24/05/2015 - 17:57

(BRUXELLES2) L’Union européenne a tenu à condamner, par la voix d’un porte-parole de la Haute représentante « avec force l’attentat meurtrier d’hier contre un membre de l’opposition ainsi que l’attentat au marché central de la veille. La prolifération de la violence des derniers jours risque de mener le pays à la violence généralisée. » Un message qui traduit, de façon diplomatique, une certaine défiance envers le gouvernement au pouvoir.

Traduction en justice des coupables

C’est « aux autorités burundaises de traduire en justice les acteurs de ces crimes et de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la violence politique de se propager. Cela doit se faire dans le respect des droits de l’homme de tous les Burundais, y compris la liberté de réunion, d’association et d’expression ».

Pas d’élections précipitées

Et l’Union européenne « appelle à la retenue et exhorte tous les acteurs à s’engager de bonne foi dans le dialogue politique engagé depuis quelques jours. Nous ne pouvons laisser le pays être pris en otage par ceux qui veulent aller précipitamment vers des élections sans mettre en place les conditions nécessaires pour des élections pacifiques, crédibles et inclusives au Burundi.

Tout faire pour désamorcer la crise

« Nous encourageons la région, l’Union africaine, la Communauté de l’Afrique de l’est, et la Conférence internationale de la région des Grands lacs à ne ménager aucun effort pour désamorcer la crise » conclut le message européen. L’UE soutient d’ailleurs « pleinement » les efforts de l’Envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, Said Djinnit.

Categories: Défense

En 1991, à 8h moins le quart, il n’y avait pas de presse en ligne. Il faut évoluer ! (Juncker)

Sat, 23/05/2015 - 13:43

(B2) Lors d’une session avec les éditeurs allemands, début mai, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a commenté un revirement de taille dans la politique de l’exécutif européen : sur la TVA des médias en ligne. L’exécutif européen « va en effet présenter une proposition de taux réduits de TVA dans tous les États membres en 2016. » Une disposition contenue, assez discrètement, dans la communication sur l’Europe numérique présentée début mai. L’ancien Premier ministre luxembourgeois, fidèle à sa tradition d’ironie, ne peut s’empêcher de piquer une ou deux bandelettes au passage sur ses prédécesseurs comme sur la position, qu’il juge un peu « retro », de son prédecesseur.

Un sujet sur lequel Juncker est à l’aise

« Je me sens vraiment à l’aise (sur ce sujet) parce que le Luxembourg a introduit le taux réduit de TVA pour les livres numériques. La Commission a (ensuite) engagé une action en justice contre le Luxembourg. (…) Et la Commission a obtenu gain de cause contre le Luxembourg. »

En 1991, à 8h moins le quart, il n’y avait pas de journal en ligne

« … Et Je suis un expert de la directive TVA » poursuit-il. « Elle a été adoptée, en 1991, le soir du 23 juin à 8 h moins le quart au conseil des ministres des finances européens. Pourquoi suis-je le seul qui sait cela ? Tout simplement car je présidais ce Conseil des ministres des finances. Et je sais très bien qu’il n’y avait pas de journal en ligne en 1991.» C’est tout simplement pour cette absence de technologie que la directive n’en fait pas mention.

Des règles fiscalement neutres

« Si la Commission – je dois dire la Commission précédente – n’a pas pris en compte ce qui peut être appelé une petite Révolution et s’en est tenue fermement à ses règles précédentes, cela va changer maintenant » annonce-t-il. « Je sais qu’il y a des journaux en ligne. Je ne les lis pas. (…) Mais je suis malgré tout convaincu que c’est la tâche de la Commission d’examiner cette question (avec un sens) politique et avec courage. Et cela va se faire. Nous avons besoin de règles fiscales technologiquement neutres. »

Un journal en ligne ou papier, c’est du contenu

« Un journal c’est du contenu. Que ce contenu soit sous la forme de papier ou sous la forme de services en ligne, cela n’a pas d’importance. » 

(NGV)

Categories: Défense

Combattant pas assassin : une appli sur le DiH

Fri, 22/05/2015 - 14:35

(B2) Peut-on viser un hôpital si l’ennemi s’y trouve et vous prend pour cible ? Peut-on accepter des jeunes en tant que combattants sans être sûr qu’ils aient 18 ans ? Peut-on feinter une reddition pour attaquer l’ennemi par surprise? Voici quelques unes des questions qui figurent dans le Quizz mobile — « Combattant pas Assassin » — mis au point par l’ONG « Appel de Genève », sous forme d’une appli « smartphone » (Android et iPhone), pour sensibiliser les groupes armés au droit de la guerre.

Cette initiative, signalée par mon (ancien) confrère Frédéric Joli, aujourd’hui porte-parole du CICR à Paris, sur son blog, est très intéressante et vaut 1000 discours.

Le quiz propose deux niveaux de difficulté et 28 scénarios dans lesquels l’utilisateur se retrouve face à des exemples de situations concrètes et à des questions concernant les tactiques de guerre, l’aide aux blessés, l’utilisation de certaines armes, la protection des enfants ou encore la conduite des hostilités

L’appel de Genève est une ONG, neutre et impartiale qui se consacre à la promotion du respect par les acteurs non étatiques du Droit international humanitaire dans les conflits armés et dans les autres situations de violence.

(NGV)

 

Categories: Défense

Dans l’affaire Luxleaks : un seul sanctionné, le journalisme

Thu, 21/05/2015 - 22:52

Edouard Perrin devant la commission du Parlement européen

(B2) Notre confrère Edouard Perrin était devant la commission spéciale du Parlement européen sur l’évasion fiscale, lundi (11 mai) avec son collègue Richard Brooks de l’ ">ICIJ. Tous les eurodéputés n’ont cependant pas été convaincus. Extraits…

« "> Il est symptomatique et dramatique à la fois de voir que, dans cette affaire, les seules poursuites existantes sont, à ce jour, sont dirigées contre ">ceux qui ont découvert le problème et non pas contre les sources (du problème) » a souligné notamment ">Edouard Perrin. « Je regrette vraiment profondément que le Parlement européen n’ait pas pu aller au bout avec une vraie commission d’enquête, et les moyens qui vont avec. (…) La première étape serait d’avoir vraiment un travail cohérent entre ce qui se passe ici et (…) la (future) directive sur les secrets d’affaires ».

« Le problème central avec le Luxembourg est qu’il se présente en tant qu’autorité responsable de l’économie, tout en agissant comme un paradis fiscal au coeur de l’Europe. C’ ">est plus dommageable que ce que vous pouvez reconnaître, ou que les paradis fiscaux bordées de palmiers sur une île ensoleillée » a expliqué le journaliste d’investigation Richard Brooks (ICIJ). Le Luxembourg « jouit des privilèges d’être un membre à part entière de l’ensemble des grands clubs économiques comme l’Union européenne et de l’OCDE ». (…) La myriade de méthodes utilisées — les prêts hybrides, des filiales suisses … et toutes sortes de structures étranges et merveilleuses — "> visent toutes un objectif unique : la réalisation effective de non-imposition au Luxembourg. (…) Il devrait y avoir une plus grande divulgation des conventions fiscales au sein de l’Europe. Ce devrait être complètement ouvert, de préférence, avec des entreprises nommées, mais, sinon, ">anonymisées, et surtout, en l’absence de l’OCDE à fournir une solution complète à cette question de l’évasion fiscale internationale, il doit y avoir des sanctions appliquées en Europe pour ceux qui exploitent les libertés offertes par le traité européen. »

Du côté des parlementaires, la tonalité n’était pas unanime

L’eurodéputé libéral allemand Michael Theurer (FDP), juge « incompréhensible qu’un citoyen qui informe les autorités d’un État membre de l’UE à propos de l’évasion fiscale puisse être poursuivie par une autre Eu ">pays, qui contredit aucun sens de la justice ». Une préoccupation que partage l’eurodéputé danois social démocrate, Jeppe Kofod (S & D, DK), « Un pays ne devrait pas être en mesure de sanctionner un journaliste qui a révélé cette information alors qu’il y a une affaire en cours, cela devrait être impossible à mon avis. Je pense qu’ ">il est vraiment un scandale que le Luxembourg fait ces accusations contre vous. » ">« Mon impression est que, la majorité ne sont pas préoccupés par la protection des journalistes ou des lanceurs d’alerte, mais de protéger Juncker » estime ">le député allemand de Die Linke, Fabio De Masi.

Mais pour l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel (PPE), il faut faire attention au risque de délocalisation. « Certains voudraient tout simplement fermer les centres financiers. Les entreprises resteront ailleurs (en dehors de l’UE). Que personne ne croit que ">Shanghai va arrêter une activité qui peut être fructueuse et très lucrative pour, si nous en Europe avons décidé de chasser les centres de décision des entreprises. »

">En conclusion, le président de la commission, le Français ">Alain Lamassoure (UMP/PPE), la difficulté est que « au sein de l’Union, chacun des 28 États membres est le paradis fiscal de quelqu’un. »

(NGV)

Categories: Défense

Formation pour les « lourds » à Orléans

Thu, 21/05/2015 - 06:00

Lecture d’itinéraire dans le cockpitt (crédit : EATC)

(B2) Une demi douzaine d’avions européens sont réunis sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy jusqu’au 29 mai pour participer à un exercice de formation et d’interopérabilité : 3 Transall C-160 (2 Français et 1 Allemand) et 3 C-130 (1 Belge, 1 Espagnol, 1 Italien en version C-130J). En tout, 140 personnels venus des cinq pays sont présents. C’est le second exercice cet année, après la Bulgarie (lire sur le club : Cours de formation tactique pour l’aviation de transport européenne en Bulgarie).

Ce rassemblement – dénommé EAATTC 15-2 European Advanced Airlift Tactics Training Course – est davantage qu’un exercice en effet. Il vise à fournir aux équipages de transport militaire « un cursus de formation tactique pour renforcer l’interopérabilité entre forces aériennes européennes » explique un expert aérien. Les équipages sont placés « dans des conditions proches de l’opérationnel » avec des scénarios tactiques avancés et des simulations de menaces air-air et sol-air. A l’issue de la session, les équipages se verront remettre un certificat.

La première semaine d’exercice est consacrée à des cours théoriques tactiques sur quatre demi-journées, ainsi que de premiers vols en formation. La complexité des missions augmente progressivement lors de la deuxième semaine avec vols en formation à basse altitude dans des environnements tactiques avec menaces. Au total, neuf vols sont prévus pour chaque équipage au titre d’EAATTC 15-2.

(NGV)

Categories: Défense

En Méditerranée, on détruit déjà les navires utilisés par les trafiquants

Wed, 20/05/2015 - 18:57

Réfugiés sur un bateau de bois en Méditerranée (crédit : gardes cotes islandais)

(BRUXELLES2) Depuis que Matteo Renzi a dit vouloir détruire les navires encore à quai en Libye, c’est un grand phantasme, avec les « boots on the ground » : la destruction des navires de migrants. Or, la destruction des navires utilisés par les migrants a déjà lieu en mer, de façon habituelle et pour des raisons très concrètes.

6 navires coulés par la marine allemande

La chancelière allemande Angela Merkel l’a confirmé officiellement mardi (19 mai), lors d’une conférence de presse commune avec François Hollande. Depuis le début des opérations de sauvetage en mer, où la marine allemande est impliquée, « cinq bateaux gonflables et un bateau en bois ont été coulés ». NB : on peut, sans trop de difficulté, indiquer que cette pratique n’est pas particulière à Berlin. Les marines italiennes, françaises ou britanniques ont adopté les mêmes pratiques.

Eviter des accidents

La raison est simple et, avant tout, c’est une raison de sécurité maritime. « Les bateaux abandonnés poserait un danger pour la navigation. En raison de leur taille et leur manque d’éclairage, ils ne peuvent pas être vus la nuit, même par beau temps. Heurter un bateau abandonné pourrait entraîner des dommages au système de gouvernail ou de propulsion. »

Eviter des fausses alertes aux secours

Cela répond aussi à une motivation de préserver la bonne qualité des secours en mer. Un navire perdu en mer « vu d’un avion, ou à grande distance, ce n’est pas toujours clair s’il y a des gens à bord d’un bateau ». Pour en être sûr, il faudra envoyer des moyens sur place. « Jusqu’à ce que cela soit clair, que le bateau est abandonné, s’écoule de précieuses heures qui peuvent être mieux utilisées pour sauver d’autres personnes qui en auraient besoin ».

NB : Cela évite, enfin, que ces navires puissent être réutilisés le cas échéant par les passeurs qui viendraient les récupérer. Ces bateaux, faut-il le préciser n’ont généralement pas de pavillon, ni de capitaine en soi. Ce qui ne pose donc pas trop de problème juridique. Bien entendu, la destruction de ces navires se fait une fois toutes les personnes évacuées. Une vérification visuelle se fait au dernier moment afin de vérifier qu’il n’y a plus personne, réalisée par les militaires de l’équipe de visite ou d’abordage.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Des « Boots on the ground » en Libye, le grand phantasme ?

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Coup double pour les forces spéciales françaises au Mali

Wed, 20/05/2015 - 17:28

(B2) Les militaires français déployés au nord du Mali dans le cadre de l’opération Barkhane ont réussi à « neutraliser » deux des principaux chefs d’AQMI et d’Ansar Eddine. « Dans la nuit du 17 au 18 mai, les forces spéciales françaises ont conduit une opération dans le Nord du Mali. Quatre terroristes ont été tués au cours des combats. Parmi eux figurent Amada Ag Hama alias « Abdelkrim le Touareg » et Ibrahim Ag Inawalen alias « Bana », deux des principaux chefs d’AQMI et d’Ansar Eddine. ». Après avoir « mis hors de combat Ahmed El Tilemsi, haut responsable du MUJAO » cette opération, « porte un nouveau coup dur aux groupes armés terroristes sahéliens » indique un communiqué du ministère français de la Défense.

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Le prix de thèse AED-Egmont 2015 décerné

Wed, 20/05/2015 - 17:24

Crédit : DR / EDA

<p>">(B2) Le prix de thèse EDA-Egmont a été décerné cette année à <p>">Andrea Gilli, chercheur du <p>">Center for Security Studies, de l’Université de Prague, pour sa thèse intitulée « Unipolarité, changement technologique et fabrication d’armes, alliances industrielles dans l’industrie européenne de défense ».

« La lutte contre le problème de la coopération en matière d’armement est non seulement hautement politique, mais aussi très technique » a souligné le professeur Sven Biscop d’Egmont, président du jury. « <p>">Gilli a très bien réussi, avec audace. Sa thèse est la plus instructive, et reste très lisible pour les universitaires et les praticiens. Contrairement à de nombreuses thèses sur des sujets européens, Gilli ne cherche pas à apporter un festival de bonnes nouvelles. Au contraire, il démontre pourquoi la coopération en matière d’armement est le plus difficile là où intuitivement on pouvait s’y attendre que ce soit plus évident. De cette leçon austère, on peut tirer des implications politiques et dessiner une façon d’agir pour l’avenir <p>"> ».

<p>">Le lauréat recevra une bourse de 2000 €. Mais aura surtout « l’occasion de partager ses vues avec les dirigeants de haut niveau lors de la prochaine Conférence annuelle de l’AED le 16 novembre prochain » a complété le directeur de l’AED, Jorge Domecq.

Huit thèses avaient été soumises au jury du prix, présidé par le Professeur Sven Biscop, et composé de Jorge Domecq, directeur de l’Agence européenne de défense, du Général Patrick de Rousiers, président du Comité militaire de l’UE, de Antonio Missiroli, directeur de l’Institut d’études de la Sécurité de l’UE, de Hilmar Linnenkamp, ​​conseiller au SWP et des professeurs Jolyon Howorth (Université de Bath / Université de Yale) et <p>"> Richard Whitman (Université de Kent).

Créé en 2013, le prix EDA-Egmont vise à stimuler la recherche dans le domaine de la défense européenne, de la sécurité et de la stratégie. ll récompense <p>"> les travaux de recherche entrepris dans le cadre d’une thèse de doctorat effectuée dans une institution académique reconnue. L’année dernière, il avait été décerné à Benjamin Pohl pour un travail sur les opérations de la PSDC (lire : Et le prix est décerné à …)

(NGV)

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L’Irlande envoie un navire en Méditerranée

Wed, 20/05/2015 - 08:25

(crédit : marine irlandaise)

(B2) Le navire amiral de la marine irlandaise est en direction de la Méditerranée.

Le L.E. EITHNE (P-31) a, en effet, quitté sa base de Haulbowline samedi (16 mai), pour venir en renfort de la marine italienne dans les opérations de recherche et sauvetage (SAR) dans le cadre de l’opération Triton (Frontex). Des navires islandais, britannique, français et allemands sont déjà déployés dans la zone.

Ce départ, prévu, a été anticipé après une décision du gouvernement irlandais prise la semaine dernière (13 mai) et les engagements pris au plan européen, les 20 et 23 avril, d’engager davantage de moyens dans les opérations de secours en mer. Pour Simon Coveney, le ministre irlandais de la défense, cette « <p>">réponse rapide du gouvernement irlandais prouve notre engagement de contribuer aux efforts visant à prévenir une nouvelle tragédie et la perte de la vie en mer ». C’est <p>">« une contribution tangible et précieuse à aider les autorités italiennes dans l’opération de recherche et de sauvetage humanitaire ».

Placé sous le commandement de Pearse O’Donnell, le L.E. EITHNE restera <p>">déployé en Méditerranée pour une période jusqu’à six mois couvrant la période estivale (NB : qui est la plus risquée en termes de passage). « L’assistance aux personnes en détresse sera fait conformément aux dispositions applicables des conventions internationales sur les situations de recherche et de sauvetage » précise la marine irlandaise. C’est-à-dire la mise en sûreté dans le port le plus proche.

<p>">Ce navire est le dernier construit dans les chantiers navals irlandais ">et est le « summum de la taille des navires de patrouille moyennes avec un degré élevé de capacité et de confort » se vante-t-on à Dublin. Destiné à patrouiller dans la zone économique exclusive irlandaise en surveillance de pêche ou sauvetage en mer, il est entré en service en décembre 1984. D’une longueur de 80 mètres, il est servi par un équipage de 55 marins et techniciens et est armé d’un canon Bofors de 57mm et de 2 canons <p>">Rheinmetall de 20mm, ainsi que d’un hélicoptère.

Diplômé du Royal Naval College Dartmouth et de l’Irish Defence Forces Command & Staff College, le commandant Pearse O’Donnell commande le navire depuis août 2014. Il a été auparavant commandant des opérations de la Marine et a servi aussi dans l’opération européenne de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea)

(NGV)

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Combien rapporte le business du trafic de migrants ?

Tue, 19/05/2015 - 12:17

(BRUXELLES2) Réponse : beaucoup d’argent. Selon un rapport publié à New-York, début mai (*) le commerce migrant illicite à travers la Méditerranée pourrait rapporter jusqu’à 323 millions $ par an pour la seule Libye où certaines de ses ressources sont canalisées dans des groupes terroristes, notamment le groupe « Etat islamique ». Un certain nombre de trafiquants de contrebande de migrants et des réfugiés syriens opèrent par le Liban et l’Egypte.

(source : Global initiative)

Syriens et Erythréens… mais pas seulement

Les Syriens représentent également une part la plus importante des migrants clandestins par la Libye. Mais un nombre croissant d’Africains sub-sahariens migrent également le long de ces routes, indique le rapport. Selon Frontex, actuellement, 6 migrants clandestins sur 10 arrivant en Europe en traversant la Méditerranée passent par la Libye (la fameuse « Route Centrale Méditerranée »).

La Libye – point de regroupement de nombre de migrants (source : Global initiative)

Sur les 170.000 migrants qui ont emprunté cette route en 2014, une bonne partie provient de Syrie (39.651 migrants) et d’Erythrée (33.559), suivie par le reste de l’Afrique subsaharienne (26 340 migrants).  C’est devenu une des plus grandes sources de revenus en Libye. Et un large éventail de groupes en profitent. Le business est ancien. « Depuis l’ère Kadhafi, des groupes de miliciens en Libye ont eu pour fonction de faire marcher des centres de détention pour migrants, et continuent de le faire. »

(source : Global initiative)

Le coût d’un trajet

Les contrebandiers « facturent généralement 800-1000 $ par personne pour le passage en Libye + 1.500-1.900 $ pour le trajet en bateau à travers la Méditerranée, l’argent étant souvent extorqué par la force ». « Une fois en mer, (les contrebandiers) font peu de cas des migrants ou de leur destination finale. Car ils supposent qu’ils seront sauvés à un moment donné lors de leur traversée ». Mais, en revanche, « il y a peu de preuves que les contrebandiers opérant en Libye ont établi des réseaux pour fournir des services sur les rives européennes ».

(NGV)

(*)  Global Initiative Against Transnational Organized Crime + Rhipto analysis center

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Un convoi intercepté au Niger près de la frontière avec la Libye

Tue, 19/05/2015 - 00:13

La passe de salvador entre Niger et Libye

(B2) Un violent accrochage a eu lieu au sud de la passe de Salvador, jeudi (14 mai), près de la frontière libyenne, entre les forces françaises et nigériennes d’un côté et six individus lourdement armés à bord de deux pick-up, vient d’annoncer le ministère français de la défense.

Drogue et armes de guerre

Ce convoi de deux pick-up avait été observé « progressant à vive allure en direction d’un point de contrôle tenu par les éléments de la force Barkhane ». A l’approche du check-point, les occupants des deux pick-up ont « tenté de forcer le passage, répondant aux sommations par une ouverture brutale du feu ». Trois occupants du convoi ont été tués et 3 autres faits prisonniers, « remis aux forces armées nigériennes ». La fouille des véhicules a permis la saisie de « 1,5 tonnes de drogue, d’armes de guerre (fusils mitrailleurs de type PKM et Kalachnikov), ainsi que de moyens de communication ».

L’opération Kounama 3

La force Barkhane a déclenché le 9 mai dernier, aux côtés des forces nigériennes, une opération de contrôle de zone dans la région de la passe de Salvador située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Manama, visant à déceler les éventuelles infiltrations dans cette importante zone de transit entre la Libye et le nord du Sahel. Cette opération, dénommée « Kounama 3″, a début dans la nuit du 9 au 10 mai par le parachutage d’une centaine d’hommes du 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP). Opération qui privilégiait la surprise.

Les forces déployées au sol ont été ensuite rejointes par une colonne de véhicules français et nigériens partis de Madama. Au total, 200 militaires ont été engagés dans cette opération de contrôle de zone : 150 soldats de la forces Barkhane (parachutistes du 2e REP et du 1er régiment de hussards parachutistes) et 50 soldats des forces armées nigériennes (FAN).

(NGV)

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EUNAVFOR Med : Pourquoi le renseignement est important ? Pourquoi peu de problème de moyens?

Mon, 18/05/2015 - 14:45

A l’intérieur d’un avion de surveillance Atlantique 2 (crédit : DICOD France)

(BRUXELLES2) Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des 27 * donnent aujourd’hui leur « feu vert » à EUNAVFOR Med, la nouvelle opération maritime de l’UE destinée à « déjouer le trafic d’êtres humains en Méditerranée« , notamment en provenance de Libye. Faute de résolution des Nations-Unies dans l’immédiat, cette opération devrait démarrer par une première phase : l’échange d’informations et du renseignement (lire : Une tactique politique remarquable. Le voile se lève sur EUNAVFOR Med). Ce n’est pas du tout négligeable, contrairement aux apparences. C’est même un point essentiel pour cette opération, qui ne rencontre que peu de problèmes de génération de forces. Un point assez étonnant qu’il mérite aussi d’expliquer.

L’échange de renseignements, est-ce si important ?

Cela peut paraître un détail… mais c’est un point fondamental. C’est même LE nerf de la guerre contre les trafiquants d’êtres humains. Sans un exact traçage des différents trajectoires des trafiquants, des différents moyens employés, une identification précise (photos à l’appui) des personnes, etc. la réduction de ce trafic sera une pure illusion d’optique.

Si l’objectif est bien de neutraliser ces réseaux, donc de traduire leurs auteurs devant la justice, il faut, en effet, avoir des preuves précises à l’encontre de leurs auteurs et pas seulement de quelques passeurs qui sont, généralement, des seconds couteaux… Sinon les suspects arrêtés auront alors beau jeu de dire qu’ils ne sont que « d’innocents organisateurs de croisières en Méditerranée » Un peu comme les pirates dans l’Océan indien indiquaient régulièrement être « d’inoffensifs pêcheurs »… juste après avoir jeté les armes dans l’eau. Il faut donc des moyens d’observation aériens (avions de surveillance maritime, drones, hélicoptères…) et d’imagerie (radars, satellites, etc.).

Si l’objectif est de traduire les trafiquants en justice, alors qu’ils sont en haute mer, il faudra aussi que le droit soit adapté au besoin. Poursuivre des étrangers, pris hors territoire national, à faire du convoyage d’êtres humains, n’est pas automatiquement tout à fait simple. Et les droits des différents Etats membres devront, au besoin, être ajustés.

Une question de moyens ?

La génération de force pour cette opération apparait moins difficile que pour d’autres opérations pour différentes raisons.

1° La mer n’est pas la terre. Une opération maritime est toujours plus facile à « mettre en place » qu’une opération terrestre. Il n’y a pas de zone de contact, autrement que dans les eaux territoriales (si on décide de mettre ces eaux dans les opérations), pas d’emprise terrestre dans un pays tiers (donc pas de nécessité de négocier un accord de protection des troupes), et les effectifs sont déjà formés en unités constituées (des navires).

2° Les eaux internationales face à la Libye sont toutes proches. Et on bénéficie déjà de points d’appui déjà éprouvés et connus – pour les marines ou les avions – sur le territoire italien (en Sicile) ou à Malte. Il n’y a pas donc de difficulté d’établir un QG en zone hostile ou des bases loin des territoires nationaux. Une bonne part des marines concernées (Grèce, Italie, France, Espagne…) sont déjà quasiment sur place.

3° La Méditerranée est vraiment une « mare nostrum ». Toutes les marines européennes s’y croisent un jour ou l’autre ne serait-ce que pour participer à des manoeuvres interalliées (au sein de l’OTAN en général) ou pour se rendre dans l’Océan indien  — pour participer à l’opération de lutte anti-piraterie, à l’opération des alliés en Irak, etc. — ou pour aller plus loin. De fait, il sera tout à fait loisible durant le trajet de faire une « halte » dans l’opération EUNAVFOR Med. Le coût pour les marines est alors réduit.

4° Le Quartier général d’opérations (OHQ) choisi par les Européens, à Rome, est déjà opérationnel. Ce QG de Rome a servi de coordination pour l’opération Mare Nostrum et est actuellement utilisé pour l’opération Triton menée sous l’égide de Frontex (l’agence européenne de contrôle aux frontières).

Précisons enfin que les marines sont d’autant plus « allantes » qu’elles sont actuellement en « manque d’opérations ». Cette opération est pour elles à la fois, un très bon exercice en terme d’opération interalliée mais aussi de démonstration de leur savoir-faire, au plan national. Démonstration nécessaire quand il s’agit de discuter la répartition des budgets. C’est particulièrement le cas au Royaume-Uni, où le gouvernement a été accusé de négliger sa marine, mais c’est le cas dans tous les pays européens où le partage de ressources budgétaires rares révèle souvent des arbitrages délicats.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi sur une possible présence à terre en Libye, l’utilisation des forces spéciales : Des « Boots on the ground » en Libye, le grand phantasme ?

(*) Le Danemark ne participe pas aux opérations militaires de l’UE ni au processus de décision, en vertu de l’opt-out négocié à la ratification du traité de Maastricht.

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L’eurodrone, c’est parti

Mon, 18/05/2015 - 13:45

Le Drian, Von der Leyen, Pinotti : « on signe au-dessous ou au-dessus ? », grande interrogation des 3 signataires (© NGV / B2)

(BRUXELLES2) Les ministres de la Défense — français, allemand et italien — ont signé ce lundi (18 mai) à midi à Bruxelles la lettre d’intention pour le développement d’un drone européen MALE (moyenne altitude longue endurance).

Une capacité critique

« Le fait de s’engager ensemble sur ce projet d’Eurodrone (*) est considérable » a souligné le Français Jean-Yves Le Drian. « C’est une capacité critique dont nous devons disposer, dont nous devons avoir la maitrise » a-t-il souligné, reconnaissant avoir emprunté le terme d’Eurodrone à sa collègue allemande von der Leyen. « C’est Ursula qui en a les droits d’auteur » a-t-il plaisanté. Ce topo a été repris et agrémenté dans les autres langues par ses collègues européens. C’est « une technologie pointue », une réelle « capacité manquante » a souligné la ministre allemande Ursula von der Leyen (Allemagne). « Une capacité critique aujourd’hui mais aussi une capacité pour le futur » a renchéri Roberta Pinotti (Italie).

Un trio ouvert à d’autres Pologne ou Espagne ?

Cette démarche est « ouverte » a tenu à souligner le ministre français. « Ce trio, après la période de définition, est sans doute destiné à s’élargir (…) D’autres pourront nous rejoindre demain. » Deux pays sont particulièrement « dans la boucle ». « L’Espagne et la Pologne ont déjà manifesté leur intérêt » a-t-il ajouté

(NGV)

Autres détails à suivre sur le Club

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Sauvetage de nouveaux migrants en mer Méditerranée

Sun, 17/05/2015 - 18:16

(B2) La frégate allemande Hessen est venue au secours de trois canots pneumatiques en détresse, jeudi (14 mai), en Méditerranée, annonce la Bundeswehr. L’équipage a réussi à prendre un total de 294 personnes à bord.

De son côté, le navire amiral de la marine britannique, le HMS Bulwark était venu au secours de quatre navire en détresse à environ 40 miles au large des côtes de la Libye, mercredi (13 mai). Chaque bateau gonflable « transportait environ 100 migrants, dont un certain nombre de femmes enceintes et les enfants » précise un communiqué de la Royal Navy. Environ 225 personnes ont été récupérés dans un premier temps et 220 un peu plus tard dans la matinée du 13. Le même jour, le HMS Bulwark a recueilli 150 autres migrants récupérés par le MV Phoenix, navire affrété par les ONG (Médecins Sans Frontières et MOAS Migrant Offshore Aid Station). 

(NGV)

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Attentat à Kaboul. Un membre de la mission EUPOL Afghanistan tué (maj2)

Sun, 17/05/2015 - 11:56

Deux des véhicules atteints dans l’attaque (Crédit : BBC)

(BRUXELLES2) Un attentat suicide, à la voiture piégée près de l’aéroport international de Kaboul, a tué, ce dimanche (17 mai) matin, un membre de la mission européenne de soutien à la police afghane (EUPOL Afghanistan). Bilan confirmé par EUPOL Afghanistan. « Trois autres membres de la mission qui se trouvaient à bord du véhicule visé ont été conduits en lieu sûr. Mais leurs blessures ne sont pas mortelles. » indique un communiqué de la mission. La personne tuée serait, selon nos informations, un membre de l’équipe de sécurité rapprochée. Un Britannique a confirmé le ministère britannique des Affaires étrangères (Foreign Office).

Attentat à la voiture bélier

Les premiers éléments de l’enquête montrent que les assaillants ont utilisé une voiture bélier bourré d’explosifs pour commettre leur forfait. Selon un porte-parole de la police, Ebadullah Karimi, cité par les agences, un « kamikaze » dans une Toyota Corolla a percuté le véhicule d’EUPOL sur la route de l’aéroport principal de Kaboul, à environ 200 mètres de l’entrée de l’aéroport principal, le long de la route menant à la base militaire toute proche de l’OTAN. Deux civils, deux jeunes filles afghanes, selon l’AFP, ont également été tuées dans cette attaque revendiquée par les talibans. Et 18 autres personnes blessées, dont plusieurs enfants. Plusieurs autres véhicules (civils) présents sur place ont été détruits.

Un engagement nécessaire des autorités afghanes

La Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères a rapidement réagi ce matin, apportant sa « plus profonde sympathie aux familles, amis et proches de notre collègue et de toutes les autres victimes innocentes ». Mais Federica Mogherini a tenu aussi à tenir un langage plus politique en guise d’avertissement aux autorités afghanes. « Le gouvernement afghan doit veiller à ce que les responsables de cette attaque soient traduits en justice » a-t-elle déclaré. « Le chemin de la paix et de la stabilité en Afghanistan est long. Il nécessite un engagement fort du gouvernement afghan, l’unité du peuple afghan et tout le soutien international dont les Afghans ont besoin. En tant qu’Union européenne (…), (nous allons) continuer notre engagement pour la sécurité, le développement et le respect et l’amélioration des droits de tous, à commencer par celui des enfants et des femmes ».

Une mission déjà touchée dans le passé

Il semble bien cette fois que ce soit la mission EUPOL qui ait été visée en tant que telle. Un véhicule de la mission EUPOL Afghanistan avait été « impliqué » dans un attentat suicide, début janvier 2015 à Kaboul, a confirmé la mission européenne de soutien à la police afghane (Lire : Un véhicule européen (EUPOL Afghanistan) visé par un attentat suicide à Kaboul). Deux autres membres de la mission étaient décédés en janvier 2014 dans un attentat qui visait un restaurant fréquenté par les étrangers de la capitale afghane (Lire : 2 morts à EUPOL Afghanistan dans un attentat d’un restaurant à Kaboul).

NB : C’est la 54e personne à décéder dans le cadre d’une mission ou délégation européenne, depuis la mise en place de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l’Union euroépenne. Lire mémoriam

(NGV)

(Maj) dim. 12h45. Mis à jour avec précisions sur le mode opératoire, nationalité et fonction de la victime, le bilan plus complet de l’attentat + déclaration de Federica Mogherini

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Une certaine remise en ordre des missions et opérations de la PSDC … comme de l’OTAN ?

Sat, 16/05/2015 - 14:37

(BRUXELLES2) Les missions et opérations de maintien de la paix soutenues par l’Union européenne sont le coeur et la raison d’être de la politique de sécurité et de défense commune. Les ministres de la Défense des « 28 » devraient le rappeler lundi (18 mai) lors de leur réunion semestrielle à Bruxelles. Mais l’heure n’est-il pas venu de faire des choix, de trancher des noeuds gordiens jamais tranchés ? D’aboutir aussi à une certaine répartition des tâches avec l’OTAN, plus nettes qu’aujourd’hui ?

Retrouver la raison d’être

On peut, en effet, se poser la question : l’objectif réel des missions de la PSDC est-il atteint aujourd’hui ? Pour Arnaud Danjean, c’est clair : « beaucoup trop de missions sont devenues aujourd’hui des missions alibis. Cela permet de planter un drapeau européen sur un point de la carte. Et on dit c’est couvert ». Le propos est dur et pourrait être discuté. Mais il est un fait, peu de missions/opérations remplissent aujourd’hui l’objectif fixé à la PSDC : être une garantie d’interposition, de maintien de la paix, manifester la présence européenne de « force », être présent au début de la crise (et non après)… L’assistance ou l’expertise fournie à des Etats pour retrouver la maitrise de certaines de leurs politiques ressort d’une autre logique.

Des missions aux ambitions faibles

Les deux dernières missions qui viennent d’être lancées illustrent ce propos, avec un mandat assez limité et un nombre de personnels faible. La mission civile de conseil dépêchée en Ukraine (EUAM Ukraine) pour conseiller le gouvernement ukrainien sur la réforme de ses forces de sécurité intérieure (police, gardes-frontières, renseignement…) compte une centaine de personnes et n’a qu’un mandat de conseil (non de formation). Idem pour la mission militaire lancée en République centrafricaine pour conseiller la restructuration de l’armée (EUMAM Rca) qui ne compte qu’une soixantaine de personnes. Mission limitée car plusieurs Etats membres ne souhaitaient pas mettre en place (immédiatement) une mission de formation de l’armée (type EUTM). Il est sans doute trop tôt pour évaluer leurs résultats. Mais on ne peut que constater que ces missions ont, à la fois, une ambition et des moyens réduits par rapport au champ des menaces et des ambitions exprimées par les uns et les autres. On est très loin ainsi de l’objectif exprimé notamment au sommet de Petersberg, en 1992, lors de la création de la PSDC, d’intervention de faire cesser des combats ou de maintien de la paix.

Ne pas hésiter à fermer ou remodeler

Certaines missions ne doivent-elles pas être fermées ? Il faut avoir le courage de poser ces questions. C’est le cas pour EUFOR Althea Bosnie-Herzégovine dont l’utilité militaire est très limitée et n’a plus vraiment de raison d’être avec la nouvelle stratégie introduire pour la Bosnie-Herzégovine. Ce peux être le cas également pour EUBAM Libya qui devrait être fermée sans tarder, quitte à rouvrir ensuite dans un autre format, voire conservée juste fictivement (juridiquement). La mission d’assistance aux frontières EUBAM Moldova/Ukraine (*) pourrait aussi décroitre de voilure ou changer de focus. Cependant, à l’inverse de certains observateurs, je ne pense pas qu’une telle attitude peut se justifier pour EUBAM Rafah – qui constitue la pièce d’un puzzle très difficile à reconstituer car inclus dans le processus, très délicat, de paix au Moyen-Orient. Les missions de formation ou de conseil qu’elles soient civiles (EUPOL Copps en Palestine) ou militaires (EUTM Mali, EUTM Somalie) ont prouvé leur efficacité. Elles doivent évoluer dans le temps. Mais, sur ce modèle, peuvent être bâties aussi d’autres vecteurs de performance pour l’Union européenne.

Introduire une troisième voie pour les opérations/missions de la PSDC !

La mise en place du Traité de Lisbonne devrait amener des initiatives nouvelles. En mettant sous la même autorité hiérarchique, celle de la Haute représentante / Vice présidente de la Commission, les instruments financiers et les délégations de l’UE comme les missions / opérations PSDC , elle autorise à réfléchir à d’autres voies d’intervention. La simple contractualisation à des partenaires (publics ou privés), méthode privilégiée de la Commission européenne, et la mise en place d’une mission / opération PSDC, ne permettent pas de faire face à toutes les situations. La première méthode (la contractualisation) est souple d’emploi mais a un gros défaut : l’éparpillement des contrats, l’absence de marque, de présence européenne, le manque de suivi d’un contrat à l’autre et des résultats parfois hasardeux. L’opération PSDC est souvent lourde à mettre en place. Entre le début de la crise, son paroxysme, la volonté vacillante des Etats membres, il peut s’écouler un long laps de temps qui fait que cette mission/opération n’est plus adaptée au moment. C’est dans ces sables mouvants que s’est fait prendre EUBAM Libya mais aussi d’autres missions qui ont mis un certain temps avant de s’adapter à une nouvelle donne. Cette méthode devrait être réservée soit aux opérations à mandat exécutif (EULEX Kosovo, EUNAVFOR Atalanta, EUFOR Rca), soit aux missions d’observation ou d’interposition (EUMM Georgia), voire de formation structurelle qui s’étalent sur une durée assez longue (EUTM Somalia et EUTM Mali).

Des équipes d’experts PSDC dans les délégations

Il y a sans doute place pour une troisième voie d’intervention. Des synergies pourraient être exploitées davantage avec les réseaux des délégations pour mettre en place des « pools d’experts », sur une durée variable, plus ou moins longue, pour conseiller et suivre un certain nombre de projets en matière de coopération sécuritaire. Cela pourrait très bien remplacer certaines missions « en fin de vie » (ou en survie palliative : Libye, Congo) ou, à l’inverse, permettre le démarrage rapide de projets dans des pays où la nécessité d’une mission / opération « en plein régime » n’est pas automatiquement nécessaire  (Nigeria, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Tunisie) ou la situation susceptible d’évoluer rapidement. Ce dispositif aurait l’avantage de la souplesse de mise en place – en se greffant sur une délégation existante – pour évoluer rapidement (crescendo ou descresndo) en s’adaptant à de nouveaux besoins ou menaces.

… pour servir de précurseur aux missions PeSDC

Ils permettraient de doter les délégations les plus exposées non pas d’un simple attaché mais d’un « pool » d’experts, provenant du personnel diplomatique ou communautaire (SEAE ou CE) comme des Etats membres. La mise en place d’une mission / opération PSDC pourrait venir dans un second temps, le « pool » d’experts assurant ainsi les premiers pas, comme un groupe d’avant-garde. Cette méthode aurait l’avantage d’éviter le long délai qui marque souvent le temps entre la décision politique et la réelle efficacité d’une mission (civile) sur place, pour un coût moindre, en permettant d’aiguiller plus sûrement les objectifs d’une telle mission. A l’inverse, rien n’empêcherait ce « pool » d’experts d’être renforcé par des contrats externes, qu’il pourrait gérer directement.

Un peu de remise en ordre entre UE et OTAN

Une certaine remise en ordre entre l’OTAN et l’UE pourrait aussi se justifier. Les menaces ne manquent pas aujourd’hui, les champs d’action non plus. Et certains doublo,nages paraissent aujourd’hui un peu superflus. Au niveau des opérations, les deux opérations anti-pirates menées dans l’Océan indien — l’une par l’OTAN (Ocean Shield), l’autre par l’Union européenne (EUNAVFOR Atalanta) — n’ont aucune justification sinon des contingences politiques : la Turquie et le Danemark ne participent pas à la PSDC de l’Union européenne. Ce d’autant que Ocean Shield est, pour l’instant, réduite au minimum (Américains et Britanniques notamment ayant d’autres priorités) et n’assure plus de permanence dans la zone. A l’inverse, en Afghanistan, l’Union européenne, qui a un rôle très limité et parcellaire, ne devrait-elle pas mettre fin à sa mission EUPOL, au champ d’action assez limité, pour laisser la place comme au Congo à une équipe plus réduite par exemple, et se recentrer sur son voisinage ?

Une opération « promenade du dimanche »

Cette remise en question doit concerner aussi certaines opérations de l’OTAN. Est-il justifié de maintenir des milliers de militaires de l’OTAN sur le sol kosovar. L’heure de la décrue de la KFOR devrait être engagée très rapidement. Cette force monopolise aujourd’hui plusieurs milliers de normes et sert bien souvent d’excuse à certains pays pour ne pas s’engager ailleurs. Cette opération « tout confort », « 3 ou 4 étoiles », à quelques centaines de km de son domicile, est effectivement tentante pour de nombreuses armées d’Etats membres. Mais elle a très peu à voir avec la stabilisation. On se situe davantage dans l’exercice de santé ou la promenade du dimanche à côté d’autres opérations beaucoup plus risquées et engageantes (comme au Mali ou en Centrafrique).

Certains « experts » pourraient observer que les évènements récents en Macédoine (avec l’introduction de « groupes armés venant du Kosovo ») justifient plus que jamais de conserver ces forces. C’est renverser le problème : la présence de ces forces en nombre au Kosovo a-t-elle réussi à empêcher ces incidents et dérapages graves ? Une présence, plus limitée mais plus pointue, n’est-elle pas plus adaptée ? Répondre à ces questions, c’est répondre de fait à la nécessité de revoir rapidement le format KFOR.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Cette mission n’est officiellement pas une mission PSDC mais un « contrat » Commission européenne délégué à des prestataires extérieurs bien qu’elle en présente toutes les caractéristiques : présence de policiers / douaniers en uniforme, fonction de mentoring, contribution des Etats membres, système hiérarchisé, rapport au COPS, etc. Ce qui représente aujourd’hui une anomalie qui devrait être résorbée.

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