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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 1 month 3 weeks ago

Un nouvel hôpital frappé au Yemen. Plusieurs membres de MSF touchés

Mon, 11/01/2016 - 18:59

(B2) C’est le troisième lieu de santé au Yemen frappé en quelques mois. Cela commence à faire beaucoup ! Et cela interroge sur le sens du respect des lois humanitaires des différents belligérants, en particulier de la coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite, qui devrait se montrer un peu plus exigeante sur ses règles d’engagements. MSF a d’ailleurs demandé à la coalition que dirige l’Arabie saoudite « d’enquêter sur cet incident » et qu’il soit fin immédiatement à ces attaques contre les structures médicales. L’Union européenne a condamné vivement ce bombardement, une claire infraction au droit international humanitaire —  sans toutefois se hasarder à demander que toute la lumière soit fait sur ces incidents. Ce serait délicat…

Deux membres de MSF gravement touchés

Dimanche (10 janvier), en effet,vers 9h20 (locales), le centre de santé Shiara qui se trouvait à Razeh, au nord du Yemen, une zone contrôlée par les rebelles chiites Houthis en guerre contre les forces gouvernementales soutenues par une coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, a été atteint par un projectile, dont l’origine n’était pas encore parfaitement cernée. Est-ce une frappe aérienne : certains indices le laissent à penser, notamment le fait que des avions survolaient la région. Cette attaque a fait quatre morts et 10 blessés. Et ce bilan pourrait augmenter avertit l’organisation humanitaire. « Trois des patients blessés sont des membres du personnel de MSF et deux d’entre eux sont dans un état critique »

Un hôpital de la ligne de front

Le district de Razeh se trouve sur une « ligne de front très active » souligne MSF. La population de la zone a été « durement touchée par des bombardements constants et  l’impact cumulé de dix mois de guerre ». L’hôpital Shiara avait déjà été bombardé avant que MSF ne commence à lui apporter un soutien et ses services avaient été limités à la stabilisation des patients, aux urgences, à la maternité et aux activités vitales.

Deux autres incidents

Le 27 octobre, l’hôpital d’Haydan avait été détruit par une frappe aérienne de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et le 3 décembre, un centre de santé à Taïz avait également été touché par une attaque de la coalition, faisant neuf blessés.

(NGV avec JB)

Ainsi que notre interview du responsable du CICR (juin 2015) : Yémen, un conflit qui dure, un pays au bord du gouffre. L’Europe a un énorme rôle à jouer (C. Schweizer)

Categories: Défense

Cologne. Un simple dérapage ou une nouvelle méthode d’intimidation ? (maj)

Sun, 10/01/2016 - 13:20

(crédit: NRW / baukunst-nrw.de)

(B2) Les évènements survenus à la gare principale (HauptBahnhof) de Cologne dans la soirée du Nouvel an interpellent. S’agit-il juste d’un dérapage collectif de quelques individus, un peu éméchés, ou excités. Ou de quelque chose d’un peu plus organisé, orchestré, par des mouvements qui ont intérêt à la déstabilisation ? Certains indices incitent à pencher en ce sens ou du moins à se méfier de toute leçon trop rapidement tirée et à s’interroger…

Une violence sexuelle de masse

Les évènements à Cologne ne semblent pas avoir été totalement spontanés mais plutôt planifiés, ou au moins provoqués. Le nombre de personnes impliquées — de femmes victimes comme d’auteurs présumés — le lieu de rassemblement des auteurs, le mode opératoire en razzia (loin du mode habituel du prédateur sexuel), la présence de mots traduits vers l’allemand (plus ou moins intimidants ‘je veux t’embrasser’, ‘je veux te baiser’ ou ayant rapport à l’anatomie féminine)… sont autant de faits sur lequel il faudra se pencher avec attention. Car il pourrait s’agir d’une sorte de ‘sex-mob’ d’un nouveau genre (voir encadré).

Un usage à des fins d’intimidation

La méthode utilisée comme l’objectif visé correspondent en tout cas, assez exactement, aux méthodes et buts de certaines organisations, comme celle de l’Etat islamique. Ce mouvement ne vise pas, en effet, comme ses prédécesseurs dans l’utilisation de l’action terroriste (des Brigades rouges ou action directe à l’OLP ou GIA, Hamas) à conquérir une liberté, un territoire ou transformer le pouvoir. Il vise davantage à déstabiliser les sociétés ciblées — musulmanes et arabes, dans les pays du Moyen-Orient, et occidentales — en agissant sur des ressorts davantage psychologiques que politiques : la peur, la division, le racisme…

L’usage de la violence sexuelle pour asservir

Cette terreur, Daech, l’exerce également, sur les territoires qu’il contrôle, par l’usage des violences sexuelles, de masse de préférence, à l’égard notamment des minorités mais aussi à l’égard de ses propres populations (1). L’objectif est, à la fois, d’assouvir leur pouvoir mais aussi semer la terreur dans les territoires qu’elles contrôlent. L’exemple des Yezidis, désormais assez bien documenté le montre. Pour assurer la traite des femmes et des jeunes filles Yazidi, l’organisation a créé « une infrastructure systématique, avec un réseau d’entrepôts où les victimes sont retenues, des salles d’observation où elles sont inspectées et mises sur le marché et une flotte dédiée d’autobus pour les transporter » comme le montre l’enquête du New York Times, traduite dans cet article de la RTBF. Daech a, non seulement, « développé une bureaucratie détaillée d’esclavage sexuel » avec « contrats de vente notariés » par les cours de justice mais il a aussi développé une doctrine propre.

Une doctrine du viol et de la violence sexuelle

« De manière répétée, les dirigeants de l’EI mettent l’accent sur une interprétation restrictive et très sélective du Coran et d’autres règlementations religieuses afin de, non seulement justifier la violence, mais également d’élever et de célébrer chaque crime sexuel comme spirituellement bénéfique, même vertueux. » « A chaque fois qu’il me violait, il priait » raconte une jeune fille de 15 ans. (…) « Il ne cessait de me dire que c’était ibadah », dit-elle, utilisant un terme des écritures islamiques qui signifient le culte. »

L’objectif : provoquer une onde de choc

Une action terroriste (un attentat) à la différence d’un acte de guerre n’a, en effet, pas automatiquement pour but de détruire l’adversaire mais de provoquer une onde de choc qui sera, elle, largement supérieure à l’effet lui-même de l’attentat et, en retour, atteindre l’objectif recherché : miner et détruire de l’intérieur. Or, si les attentats de novembre et décembre (Bamako, Paris, Beyrouth, Egypte…) ont atteint la première cible (des morts), ils n’ont qu’imparfaitement encore provoqué des effets secondaires. On pourrait même dire : au contraire.

L’échec politique des attentats de novembre

À Paris, l’attentat du 13 novembre a provoqué une union nationale plus certaine que ne l’avaient été les attentats de janvier. En voulant frapper le football (le stade de France) en particulier, les concerts de rock ou les restaurants également (un peu comme le font les Shebab en Somalie), il place tout le monde dans une même cible. C’est un mode de vie qui est atteint et pas seulement des opinions ou des religions. De la même façon, les attentats provoqués au plan international — visant Russie, Liban, Mali, etc. — ont plutôt provoqué une prise de conscience partagée et une certaine unité d’action de la communauté internationale plus importante qu’elle ne l’était il y a quelques mois encore.

Cologne, une terreur discrète ?

Les évènements de Cologne pourraient ainsi être un nouveau type de terreur, exercée de façon beaucoup plus sournoise mais aussi plus ‘efficace’ pour l’objectif visé, donc d’autant plus dangereuse. L’organisation pourrait fort bien utiliser plusieurs cordes à son arc : des attentats séquencés type Paris 13 novembre, ou ciblés, type Charlie Hebdo, de la propagande via internet ou d’autres moyens (prédicateurs auto-proclamés) à destination de populations arabes (ou musulmanes) fragilisées (dont la culture religieuse est souvent faible), et des actions de déstabilisation.

Un coup porté au mode de vie européen

Les faits de Cologne sont donc tout, sauf anodins. Ils vont porter, au-delà de leur gravité même, un choc plus important au sein de la société, allemande tout d’abord mais aussi européenne. Une bonne partie de la société pourrait ne pas voir demain d’un très bon oeil les demandeurs d’asile. Ces évènements permettent également aux partis les plus racistes, les plus extrémistes de la société, voire néo-nazis comme en Allemagne, en Grèce ou dans le nord de l’Europe, une assise dont ils manquaient jusqu’ici.

(NGV)

(Mis à jour) il faut se méfier de toute leçon rapide et de désigner l’Etat islamique derrière ces évènements. D’autres groupes pourraient très bien avoir choisi ce modus operandi. Tout comme des organisations à visée plus criminelle. Il ne faut pas nier non plus que dans certains milieux islamistes, la place de la femme est totalement laissée de côté et méprisée (Lire notamment l’article de Laurence d’Hondt qui éclaire dans le Vif cet aspect, notamment en partant de l’exemple de la place Tahrir en Egypte). L’objet de cet article est d’alerter sur des tentatives de déstabilisation de nos sociétés, plus dangereuses à terme, que la dernière vague d’attentats.

(1) Un procédé utilisé en ex-Yougoslavie, mais aussi au Congo ou au Rwanda, et dans nombre de régions de conflit, par Boko Haram par exemple au Nigeria.

Une action massive, une vraie Sex-Mob

Le papier publié par le quotidien Bild

Selon un dernier bilan, 379 au moins 500 plaintes ont été déposées, certaines pour vols, d’autres (au moins 150) pour des violences à connotation sexuelle, légères ou plus lourdes mais sans aucun doute sur l’intention : attouchements, pénétrations, tentative voire viol. Les plaignantes résident en Allemagne, mais aussi en Finlande ou en Belgique, comme le précise un témoignage recueilli par nos confrères de la Libre Belgique. « Les agressions ont eu lieu toute la soirée et toute la nuit. Cela a commencé de manière ‘légère’ dès notre arrivée à la gare et ça s’est aggravé en fin de soirée quand nous nous sommes décidées à rentrer dans l’appartement que nous avions loué, après que nous nous soyons réfugiées plusieurs heures dans un café-snack de la gare centrale pour éviter ces individus qui étaient partout dans la gare et aux alentours. »

Une trentaine d’auteurs auraient été identifiés. Certains résideraient dans des centres pour demandeurs d’asile. Les nationalités sont très variées : d’Afrique du Nord, selon la police, mais aussi d’autres régions, Turquie, Moyen-Orient, etc.

 

Categories: Défense

Scène internationale, une nouvelle collection de livres stratégiques

Sun, 10/01/2016 - 12:12

(B2) Les presses des l’université catholique de Louvain (UCL) et le Centre d’étude des crises et des conflits internationaux (CECRI) viennent de lancer une nouvelle collection de livres, intitulée « scène internationale ».

Explorer les coulisses internationales pour un lecteur exigeant

Une collection qui s’adresse au « lecteur exigeant » – étudiant, chercheur, journaliste, diplomate – soulignent ses promoteurs, les professeurs Michel Liégeois et Tanguy Struye, « lui proposant une pluralité de regards universitaires sur la scène internationale, ses acteurs, leurs rôles et les textes qu’ils produisent ou interprètent ».

Cette collection entend ainsi aborder la géopolitique, la diplomatie, la politique étrangère, la géoéconomie, les organisations internationales, la sécurité ou encore la résolution et la transformation des conflits, « en  « explor(ant) les coulisses, les décors et les réactions du public ».

L’énigme nord-coréenne

Parmi les premiers ouvrages, notons « l’énigme nord-coréenne » de Barthélémy Courmont. Un livre fort avec la dernière provocation en date de Kim Jong-Un et l’essai (annoncé) d’une nouvelle bombe H. Un ‘exploit’ sur lequel on peut avoir des doutes comme sur toutes les annonces du passé du régime. « Ses activités nucléaires, maintenues opaques, (ont été) systématiquement annoncées par le biais d’informations que le régime a volontairement laissé filer, afin de faire savoir à ses adversaires l’étendue de ses capacités — racontait ainsi en juillet dernier Barthélémy Courmont interrogé par Atlantico.fr (1) —. C’est un moyen assez habile pour se rappeler au bon souvenir de ses ennemis, et c’est sur cette stratégie du pire, qui s’accompagne de pressions, voire de marchandage, que Pyongyang a basé sa survie dans un contexte post-Guerre froide ».

Autres ouvrages parus :

– Powers in the 21st Century. Determinants and contours. Sous la direction de Tanguy Struye de Swielande et Dorothée Vandamme

– Middle powers. What role in a world in transition. Sous la direction de Tanguy Struye de Swielande

(NGV)

(1) A lire également du même auteur, « calculs stratégiques », sur le Diploweb,

Categories: Défense

Relais allemand en Méditerranée

Sun, 10/01/2016 - 11:46

(B2) Le navire de soutien ‘Frankfurt am Main‘ (A1412) et la corvette ‘Ludwigshafen am Rhein‘ (F-264) quittent leur port d’attache, respectivement Wilhemhaven et Warnemünde (près de Rostock), lundi (11 janvier), pour rejoindre la Méditerranée et l’opération européenne contre les trafiquants EUNAVFOR Med (opération Sophia).

Ces navires, placés respectivement sous le commandement du capitaine de frégate Andreas Schmekel et du capitaine de corvette Marco Köster, resteront en mission jusqu’à la mi-avril. Le retour au port est prévu fin avril. Ils viennent relayer le navire de soutien Berlin (A1411) et le Weilheim (M 1059).

Du coté allemand, c’est la première fois qu’une corvette est engagée dans l’opération européenne. Le Ludwigshafen est la plus récente des corvettes de haute mer de la série Classe 130 enrôlées dans la flotte allemande entre 2008 et 2013. Un navire de la même classe, le Erfurt, a été engagé, tout au long de l’année dernière, dans le versant maritime de l’opération de l’ONU au Liban (FINUL). Le commandant du Ludwigshafen Marco Köster et son équipage de 65 hommes et femmes ont d’ailleurs pris un tour d’astreinte. La marine allemande avait, en effet, choisi de maintenir sur place le même navire mais de faire tourner les équipages tous les 4 mois.

le Ludwigshafen am Rhein est conçu aux normes modernes avec un degré important d’automatisation permettant de n’avoir qu’un équipage plus limité (58 personnes au minimum, en général un peu plus, environ 65 personnes). Long de 90 mètres, la corvette a une autonomie notable en mer, pouvant tenir 21 jours en mer sans refaire le plein. Elle peut ainsi parcourir 4000 miles à une vitesse de 14 noeuds. Elle peut atteindre une vitesse de pointe de 26 noeuds (environ 48 km / heure). Disposant d’une faible signature radar, elle est équipée de trois lance-missiles anti-navires et terrestres RBS15 Mk3 de fabrication suédoise.

Le Frankfurt am Main est d’un autre gabarit. Long de 174 m, large de 24 m, c’est avec les navires de sa classe (Berlin), le plus gros navire de la marine allemande. Il déplace 20.000 tonnes, à une vitesse de 20 noeuds, il dispose de deux hélicoptères Sea King et d’un équipage d’environ 160 personnes. Il a été engagé dans l’opération Enduring Freedom au large de Djibouti (mai à octobre 2003), dans la FINUL au Liban (octobre 2006-mars 2007) et dans l’opération active Active Endeavour (mai-juin 2010)

(NGV)

Categories: Défense

La Pologne réfute toute violation de la liberté de l’audiovisuel

Sat, 09/01/2016 - 19:00

(source : « Rodzina ma głos! » –

(B2) Le gouvernement a pris sa plume et décidé de répliquer aux demandes de la Commission. Le secrétaire d’Etat polonais aux Affaires étrangères, Aleksander Stępkowski, chargé des affaires juridiques et des droits de l’homme, réfute ainsi, point par point, dans une lettre adressée le 7 janvier au vice-président de la Commission, Frans Timmermans, les accusations de violation des règles européennes. La Pologne « reconnait pleinement la liberté et le pluralisme des médias, les considérant comme un élément majeur d’une société pluraliste » indique-t-il dans le communiqué publié vendredi (8 janvier) par les Affaires étrangères.

Un pouvoir de nomination non contestable

Les arguments utilisés par la Commission, ne sont pas vraiment pertinents, considère-t-il. « La loi modificative du 30 décembre 2015 traite des pouvoirs exclusifs de l’Etat exercés dans des sociétés qui sont la propriété de l’Etat polonais. Et cela n’a rien à voir avec une mesure de mise en oeuvre de la directive 2010/13 » sur les médias audiovisuels. Les « compétences du Conseil national de la radiodiffusion, notamment ses compétences dans l’objectif d’assurer le pluralisme des médias, restent intactes. Il n’y a pas de loi européenne qui obligerait un organisme de réglementation des médias d’avoir le pouvoir de déterminer la composition des conseils d’administration des entreprises de médias publics ».

Le point de vue de la Commission : biaisé selon Varsovie

Le ministre s’élève ensuite contre le caractère « biaisé » du point de vue de la Commission. Le vice-président de la Commission européenne aurait pu être être induit en erreur par « des informations trompeuses (qui sont) un parti pris contre le gouvernement polonais ». La Pologne est « prête à coopérer de façon loyale » avec la Commission européenne. Mais « exposer le gouvernement polonais à des interventions inspirées par des énonciations aussi injustes, partiales et politiquement engagées pourrait avoir un effet indésirable, qui doit être soigneusement évité » argue-t-il.

Un point de vue soutenu par l’association des journalistes polonais

Le ministre accompagne cette argumentation d’une lettre de l’association des journalistes polonais (1) dénonçant « la partisanerie politique et le manque de pluralisme » dans les médias publics qui ont atteint « un état pathologique (ces) dernières années ». Ce qui « a conduit à la manipulation et à la présentation d’une image déformée de la Pologne. Les médias publics ne remplissent pas leur mission ou leurs fonctions — affirment-ils —. Ce qu’avait souligné l‘Association des journalistes polonais, lors de son Assemblée extraordinaire, appelant à un changement radical à cet égard ».

(NGV)

(1) Ces deux lettres ont été publiées, en version originale, par le Financial Times, A télécharger ici

Categories: Défense

2016…

Thu, 07/01/2016 - 06:53

Pour 2016, inutile de faire de grandes analyses stratégiques ou de relire Sun Tzu, il faut consulter l’horoscope chinois de Marie-Claire En 2016, année du singe, « tout peut arriver ». « On ne sait jamais s’il s’agit d’un ouistiti ou de king kong ». Ce n’est pas l’année idéale pour planifier. « L’influence du singe bouleverse tout. (…) C’est l’année de l’imprévisible et de l’irrationnel, de la surprise et du bouleversement, de la prise de risque et de l’effet boomerang, la spéculation et l’escroquerie. »

photo : NGV / B2 à bord du Leopold Ier en Méditerranée

Categories: Défense

Réfugiés, Frontières, Combattants étrangers, Terrorisme. 4 dossiers pour faire le point

Wed, 06/01/2016 - 22:32

(B2) Après La crise des migrants devenue crise des réfugiés, puis crise tout court

et Garder les frontières de l’Europe. Vers un corps européen de garde-côtes et garde-frontières

B2 vient de publier ses deux derniers dossiers « net » recensant dans un fil chronologique les derniers évènements que nous avons commenté dans nos deux éditions Blog et Pro :

Le phénomène des combattants étrangers en Europe

et 2015 L’Europe face à une nouvelle vague de terrorisme

A lire… pour retrouver le fil de l’histoire

Categories: Défense

Des forces spéciales italiennes près de Mossoul

Tue, 22/12/2015 - 11:22

Formateur italien au nord Irak (crédit: MOD Italie / Archives B2)

(B2) L’Italie va envoyer 450 soldats italiens en Irak pour protéger les travaux de remise en état digue de Mossoul.

Cette digue, située à 70 km au nord de Mossoul, est très abîmée et nécessite des réparations. L’entreprise italienne Cesena ne peut cependant commencer les travaux sans une protection. Le Premier ministre Matteo Renzi a donc annoncé, mardi (15 décembre) ce déploiement de forces, lors de l’émission Porta a Porta de la RAI. Il reste cependant soumis à l’autorisation du gouvernement et du parlement irakiens.

Ces hommes se joignent à l’opération Prima Parthica / Inherent Resolve à laquelle participent déjà 750 militaires au sein de la coalition internationale pour former les forces kurdes et irakiennes.

(NGV)

Categories: Défense

EUTM a commencé à former les Gendarmes maliens à Koulikoro

Mon, 21/12/2015 - 17:29

Lors d’un exercice d’assaut sur une maison défendue par des hommes armés, les Gendarmes maliens ont mis en pratique les enseignements des Européens.  (Crédit: EUTM Mali)

(B2) La formation du 7ème GTIA (groupement tactique interarmes) s’est achevée au camp d’entrainement de Koulikoro. Une formation un peu particulière puisque, pour la première fois, une unité de la Gendarmerie malienne y participait. L’objectif était de faire des gendarmes « des combattants captent à maitriser les actes élémentaires (se déplacer, se poster…) en étant intégré au départ dans un groupe puis dans un peloton/ section », explique-t-on à EUTM Mali, la mission européenne de formation des forces armées maliennes.

A l’image de ses homologues espagnole (Guardia Civil) ou française, la Gendarmerie malienne a davantage des fonctions de maintien de l’ordre que d’ordre militaire. Rattachés au ministère de la sécurité nationale, les gendarmes (1) ont cependant des responsabilités dans la défense du territoire malien. Ils sont, par exemple, responsables du contrôle des points de passages aux frontières du pays. Pour ses missions principales de police, la Gendarmerie malienne est habituellement soutenue par la mission EUCAP Sahel au Mali, qui lui fournit une structure de conseil et de formation (lire : L’Europe va former policiers et gendarmes maliens).

(LH)

(1) Les gendarmes ont d’ordinaire une meilleure réputation au Mali que leurs collègues de la police, dont la population soupçonne à chaque contrôle de vouloir prélever une dîme (NGV)

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La visite au plus ancien ami et allié

Sun, 20/12/2015 - 09:51

Le secrétaire d’Etat US Ash Carter quitte le Charles de gaulle en compagnie (si j’ai bien noté) du capitaine de vaisseau Eric Malbrunot, du secrétaire d’Etat français Jean-Marc Todeschini de l’amiral René-Jean Crignola (crédit : DoD photo – Army Sgt. 1st Class Clydell Kinchen )

(B2) En posant le pied sur le Charles de Gaulle, le secrétaire d’Etat US à la Défense a voulu rendre hommage au « plus ancien ami et allié » qu’aient eu les Etats-Unis. « La France est – peut-être certains d’entre vous ne savent pas – le plus ancien allié de l’Amérique. Le plus ancien ami et allié » a déclaré Ash Carter.

Le Charles de la Gaulle à la tête de la TF 50

Le contre-amiral René-Jean Crignola, commandant du Groupe aéronaval, a en effet pris les fonctions de commandant de la Task Force 50, la composante navale de la coalition contre Daech (1). C’est la première fois que la fonction de commandant de la TF50, est exercée par un non Américain. D’ordinaire, elle est assurée par un amiral américain. Ce dont on n’est pas peu fier au niveau français qui ravit ainsi la place de premier allié aux Britanniques à qui ce rôle est d’ordinaire dévolu. Le commandant de la TF50 travaille d’ailleurs en étroite collaboration avec USNAVCENT, l’état-major naval régional américain de la coalition contre Daech.

Fiers du travail des frenchies !

« Nous sommes fiers que vous commandiez la Task Force 50 » a salué comme en écho Ash Carter. Le Groupe aéronaval (GAN), formé autour du Charles de Gaulle, assure en effet la permanence de la présence des alliés dans le Golfe, relayant ainsi les navires américains qui ont un « trou d’air ». Côté français, le GAN rassemble — coté français — le Groupe aérien embarqué (GAé), la frégate de défense aérienne Chevalier Paul la frégate anti sous-marine La Motte-Picquet, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Marne — et au moins trois navires européens : la frégate belge Léopold Ier, de la frégate allemande Augsburg et de la frégate de défense aérienne britannique HMS Defender. Le Charles de Gaulle abrite un état-major multinational, dont quelques américains que Ash Carter a tenu à saluer personnellement.

Vaincre une force maléfique

Daech est Isil  « est une force maléfique (2) qui sera vaincue, doit être vaincue … vite — a déclaré le secrétaire d’Etat US. Ce sont les instructions du président Obama. Et je sais que ce sont aussi les instructions du président Hollande : accélérer la défaite de Daech. » Et d’ajouter : la « France n’est pas seule à contribuer aux efforts pour vaincre ISIL. (Mais) la présence du De Gaulle, ici, dans le Golfe Persique signifie que la nation est dans une mission plus large pour la sécurité de la région. Cela nous rappelle que la France (a) une réputation mondiale d’une force pour la civilisation. C’est (au) monde civilisé de se défendre et défendre ce que nous représentons. »

(NGV)

(1) Un commandement pris quand le navire est passé en mer rouge, le 7 décembre dernier, après avoir franchi le canal de Suez pour rejoindre le golfe arabo-persique, le GAP, comme disent les marins, pas avares d’initiales, après MEDOR (la Méditerranée orientale), çà sonne…

(2) Un langage très messianique en quelque sorte, qui est une permanence du discours  américain, depuis longtemps, et qui tient toujours à rappeler le combat pour la civilisation et contre le diable.

(Mis à jour) détails sur la composition du GAN et le rôle de la TF50

Categories: Défense

Le HMS Defender se joint au Charles de Gaulle

Sat, 19/12/2015 - 12:55

(crédit : MOD Uk / Crown ©)

(B2) La frégate anti-aérienne britannique , le HMS Defender (D-36), a rejoint le Charles-de-Gaulle dans le Golfe, a annoncé mer (16 décembre) la marine britannique.

Le HMS Defender, une frégate de type 45, commandée par Stephen Higham
était partie de Plymouth le 19 octobre dernier pour un déploiement de neuf mois au Moyen-Orient. Elle avait participé le 18 novembre dans le Golfe, à un entraînement, particulièrement complexe avec 5 Mirage 2000. Elle dispose d’un hélicoptère de bord Lynx Mark 8 et de radars de longue portée en mesure de fournir « une image claire sur une zone étendue jusqu’à plus de 300 miles », précise la Royal Navy.

« Cela montre encore une fois que la Grande-Bretagne et la France se tiennent au coude à coude contre cette organisation terroriste brutale » souligne le ministre britannique de la Défense Michael Fallon. « Des touristes britanniques sur une plage en Tunisie ou des citoyens français à Paris, nos deux pays ont eu l’expérience en première ligne du mal dont est capable de Dacsh. Et nous sommes unis dans notre détermination à les détruire » ajoute-t-il.

(NGV)

Categories: Défense

L’Afrique déclenche sa force de maintien de la paix au Burundi

Fri, 18/12/2015 - 22:28

(B2) Les derniers évènements au Burundi semblent l’avoir emporté sur les dernières réticences. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) a décidé jeudi (17 décembre), d’autoriser le déploiement d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU).

Un déploiement conditionné

5000 hommes devraient constituer cette force qui aura une durée initiale de six mois renouvelable. Mais ce déploiement est soumis à une condition : l’accord de Bujumbura. Si le gouvernement burundais ne donne pas son accord, dans les 4 jours, l’Union africaine devra alors décider un déploiement de la force africaine en attente, d’Afrique de l’est.

Mandat de prévention des violences et protection de la population

Le mandat de la Maprobu s’étend sur plusieurs actions, notamment « prévenir toute détérioration de la situation sécuritaire » et « contribuer, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à la protection des populations civiles sous menace imminente ». Elle devra « faciliter (un accord sur) le désarmement des milices et groupes illégaux, la protection de personnalités politiques et d’autres acteurs dont la sécurité serait menacée, et la protection du personnel de l’Union africaine, de ses biens et de ses installations ».

(NGV)

Categories: Défense

Quels pays ont répondu à l’appel de la France ? François confirme les infos B2 !

Fri, 18/12/2015 - 20:52

(B2) François Hollande a, tout à l’heure, lors de la conférence de presse finale dressé à son tour un petit bilan de la mise en application de l’article 42.7. Cela s’est fait en deux temps : d’abord une intervention liminaire, préparée d’avance, plutôt optimiste. Puis un recalage, un peu plus précis quand nous l’avons interrogé en soulignant que nous n’avions pas tout à fait, les mêmes noms que lui dans notre besace…

L’Europe a été au rendez-vous

« Un mois après que le ministre de la Défense ait saisi ses homologues, les pays européens ont répondu. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, la Suède, le Danemark, les Pays Bas, l’Italie. Il y a une très grande solidarité, très grande mobilisation pour nous permettre d’avoir sur le plan militaire la réponse et la riposte qui est nécessaire . Nous unissons nos forces contre Daech. Et nous veillons aussi à ce que les trafics que Daech peut organiser, trafic de pétrole, trafic d’œuvres d’art puissent être annihilés. La France peut faire le constat que la solidarité a été au rendez-vous. »

Merci de faire enquête

L’occasion était trop belle pour ne pas demander quelques précisions au président, car il nous semblait un brin lyrique. Dans notre enquête, en effet, nous n’avons pas noté un tel enthousiasme néerlandais ou italien par exemple. François Hollande, dans une taquine réponse,  a d’abord « remercier « de faire enquête et me fournir (ainsi) des informations qui peuvent être utiles »… Puis il a apporté quelques précisions, utiles, car elles qualifient l’engagement de chaque pays, et rétropédalent un peu dans son exposé de départ.

Décision importante au Royaume-Uni

Le président français a notamment voulu expliquer pourquoi la réponse du Royaume-Uni et de l’Allemagne en particulier étaient fondamentales, au plan politique comme militaire.

Au Royaume-Uni, « c’est important car Cameron avait été empêché d’intervenir quand la France y était prête, par rapport au régime de Bachar qui avait utilisé des armes chimiques. Cette fois-ci, il a pu obtenir le concours de son parlement, de la Chambre des communes pour agir en Syrie contre Daech. » (1)

Et décision majeure en Allemagne

Pour l’Allemagne, aussi, « c’est une décision tout à fait majeure prise par la Chancelière et le Bundestag. C’est la première fois que les Allemands vont pouvoir participer à une opération extérieure, pas seulement en fournissant du matériel mais aussi du personnel (2). Donc c’est un moment très fort de solidarité. »

La Suède : pas si simple vu la tradition

« D’autres pays, comme la Suède (3), ont annoncé le 16 décembre des moyens en matière de transport aérien. Là aussi, vous connaissez la tradition de la Suède, ce n’était pas si simple. »

D’autres contributions en attente

« En Belgique (4) et au Danemark (5), des débats sont en cours aussi pour cette contribution. Et je sais que l’Italie (6), les Pays-Bas (7) ont aussi cette volonté. En Espagne (8), il y a des élections dimanche. Et ce sera après le scrutin que nous pourrons avoir la confirmation. »

Des contributions modestes mais symboliques de la solidarité

« Nous allons continuer avec tous les pays. Quelquefois ce sont des pays qui donnent des contributions modestes (9) mais qui sont symboliques aussi de leur volonté de participer à la lutte contre le terrorisme, contre Daech et de montrer aussi une solidarité à l’égard de la France. »

Commentaire : Nous n’aurions pas dit mieux. Et comme c’est le Président qui le dit…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Notre fact-checking

(1) Exact

(2) Le président s’enthousiasme quelque peu. L’Allemagne s’est fortement engagée dans les Balkans, d’abord, dans les années 1990, qui est la première intervention de ce type à l’extérieur, puis en Afghanistan, sous bannière de l’OTAN dans les deux cas. Ce qui est sûr, c’est que c’est la première fois qu’il y a un tel engagement au Moyen-Orient, et surtout aussi rapide…

(3) Exact. Le président oublie la Finlande qui a fait un engagement identique voire supérieur à celui de la Suède

(4) Exact. De fait la Belgique attend aussi de voir préciser la demande français et le cadre d’action en commun (remplacement de Barkhane, pilier européen dans la Minusma…) pour aller plus loin. Elle a proposé d’engager un contingent de 300 personnels au Sahel.

(5) Le Danemark va, pour l’instant, vers un engagement dans la MINUSMA, déjà engagé et décidé au moment de l’invocation de la clause de solidarité (le vote au Parlement a eu lieu le 17 novembre). Il concourt certes au même objectif : la stabilisation du Mali. Mais on ne peut pas parler d’effectif ou moyens supplémentaires.

(6) Ce n’est pas ce nous avons perçu dans l’attitude italienne qui a été plutôt un ‘non’ poli. ‘Nous sommes engagés ailleurs’. Une sorte de réponse du berger à la bergère. Rome n’a pas apparemment apprécié une légère obstruction française dans les discussions européennes pour la Somalie.

(7) Oui exact, il y a un débat à La Haye, également car il y a demande américaine pour s’engager davantage dans les frappes en Syrie

(8) Exact

(9) Très exact. Beaucoup de pays ont tenu très modestement à s’engager un peu plus notamment au Sahel.

Categories: Défense

Bientôt des garde-frontières européens en Grèce ou ailleurs ?

Thu, 17/12/2015 - 23:14

(B2) « Sans contrôle effectif sur nos frontières, Schengen ne survivra pas ». C’est le leitmotiv de Donald Tusk, le président du Conseil européen, comme de la plupart des leaders européens qui se retrouvent aujourd’hui (19 novembre) à Bruxelles pour un nouveau sommet européen consacré à la crise des réfugiés. Ils auront du grain à moudre…

Un paquet de décisions

La Commission européenne, présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a travaillé d’arrache-pied ces dernières semaines pour mettre au point un « paquet » de mesures permettant de « boucher » tous les trous existants, à la fois législatifs et opérationnels. Une révision du Code Schengen a ainsi été présentée, mardi. Elle rendra possibles des contrôles systématiques aux frontières pour les Européens également. Une évolution demandée par Paris et Berlin.

Une proposition audacieuse

La Commission met aussi sur la table une proposition très audacieuse : la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens. Une idée souvent évoquée, jamais concrétisée. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu à Bruxelles un tel projet, concret et ambitieux. Terminée l’habituelle prudence, finis les atermoiements. La proposition de la Commission prévoit de doter l’agence actuelle, Frontex, de pouvoirs plus étendus.

Une vraie capacité d’intervention

Frontex II (*) disposera ainsi d’une vraie capacité d’intervention, à la demande des Etats membres mais aussi de sa propre initiative en cas d’urgence. « Les temps, les esprits ont changé » explique Natasha Bertaud, la porte-parole du commissaire européen aux Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos. « Si on ne prend pas de mesure forte, c’est tout l’espace Schengen qui est menacé ». Aujourd’hui, à chaque crise, « on doit aller faire la quête » complète un expert européen. Ca ne marche pas toujours bien. En octobre, l’agence Frontex avait ainsi lancé un appel pour avoir près de 800 policiers et gardes-frontières déployés en Grèce. Un mois après, elle n’en avait toujours qu’à peine la moitié !

Des moyens doublés

Les gardes-frontières et de gardes-côtes européens new look auront de plus larges compétences : du sauvetage en mer à l’accompagnement des retours d’immigrants expulsés en passant par l’analyse de risques. Ils disposeront d’un budget en hausse, de 340 millions d’euros d’ici 2020. Ils pourront acheter certains équipements (scanners, etc.) ou les louer (avions, bateaux, radars). Le personnel va doubler. Environ 600 embauches sont prévues ! Et une réserve opérationnelle va être créée, d’au moins 1500 experts. Des policiers, des gardes-côtes déjà en poste dans les Etats membres mais prêts à partir dans les 72 heures en cas d’alerte. Un peu comme l’alerte Guépard pour l’armée de terre en France.

Un couac…

Seul petit couac de ce projet, la Commission a prévu de confier à un comité le soin de décider, tout seul, du déploiement des garde-frontières, même si un pays ne l’a pas expressément demandé. De quoi faire ruer dans les brancards quelques Etats chatouilleux sur leur souveraineté, Polonais ou Hongrois notamment. Les Nordiques — Suède et Finlande — n’apprécient pas non plus le procédé qu’ils jugent peu démocratique. A la Commission, on relative cette difficulté. Ce n’est « qu’une proposition, libre aux Etats membres (ou au Parlement européen) de l’amender » rappelle un diplomate européen.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier publié dans Sud-Ouest ce jeudi matin

Lire aussi : Des gardes-frontières européens, une excellente idée. Mais…

(1) Une terminologie qu’on n’aime pas trop du côté de la Commission où on préfère parler de novation complète

Categories: Défense

La clause d’assistance mutuelle déclenchée par la France : bilan un mois après (enquête)

Thu, 17/12/2015 - 17:43

Formateurs de peshmergas néerlandais (Crédit : MOD Pays-Bas)

(B2 – exclusif) Il y a un mois, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, arrivait au Conseil des ministres de l’Union européenne avec un message très simple, se résumant à quelques mots : je demande l’invocation de la clause de l’article 42.7. Une clause, parfois dénommée clause de solidarité, plus souvent clause de d’assistance ou de défense mutuelle, dont même les spécialistes européens avaient un peu oublié l’existence (lire : La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?).

B2 a enquêté sur la mise en oeuvre de cette clause. Tous les détails ont été publiés il y a quelques jours dans notre édition professionnelle, article plusieurs fois remis à jour, en dernier lieu aujourd’hui (Lire aussi : La clause d’assistance mutuelle activée. Qui se mobilise ? Comment ? Enquête (maj3)). Au bout d’un mois, on peut tracer un premier bilan et donner quelques explications supplémentaires.

Un bilan pour l’instant mitigé

Tout d’abord, on perçoit une tendance de fond. Le soutien politique est entier parmi les 28. Et la prise de conscience réelle. Mais, au-delà des mots, l’engagement effectif est très diversifié. Ensuite, il est souvent difficile de dégager ce qui correspond réellement à un engagement nouveau — répondant à la clause d’assistance mutuelle —, et ce qui correspond juste à du recyclage d’une décision déjà prise ou la « réorientation » d’une mission déjà engagée ou déjà décidée. Il y a souvent un mélange des deux, dans une confusion savamment entretenue par nombre de gouvernements, pour des raisons à la fois internes et externes. Enfin, il s’agit bien souvent d’un premier jet. Plusieurs pays ont indiqué qu’ils entendaient approfondir le sujet et faire d’autres propositions l’année prochaine. Pour certains pays, redéployer des financements des hommes et des financements (déjà planifiés et entérinés dans les mandats votés par leurs assemblées) n’est pas toujours facile

Trois alliés rapidement engagés

L’engagement effectif a été fait de façon majeure par trois alliés : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni. Chacun pour différentes (bonnes) raisons internes.

A Londres, la demande française a constitué une excellente fenêtre d’opportunité pour David Cameron. Le Premier ministre qui avait essuyé un échec notable à la Chambre des communes en août 2013 revient ainsi dans la ‘course’ et retrouve, surtout, un rôle  dans la coalition internationale dirigée par les Américains. Le Royaume-Uni était, de fait, marginalisé ; la place d’allié « fidèle » étant conquise par la France. Au plan interne, il lui a permis également d’enfoncer un coin dans le camp travailliste.

A Berlin, l’engagement allemand, proposé par la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, a été arbitré au plus haut niveau par Angela Merkel, et rapide. Ce qui est à remarquer particulièrement et marque la détermination allemande de se trouver aux côtés de la France (tout comme de trouver une place d’allié sûr dans la coalition internationale, motivation semblable aux Britanniques sur ce point). Certes il reste en soutien logistique mais ce soutien est très utile et bien ciblé (surveillance aérienne, satellitaire, ravitailleurs en vols, maritime…) sans compter ce qui n’est pas dit (l’engagement des renseignements allemands, du BND, particulièrement actifs dans la zone). Son coût (134 millions d’euros pour un an) témoigne de la valeur de l’engagement. Une décision prise en quelques jours. Ce qui prouve qu’on peut allier réactivité et consultation démocratique quand il y a une volonté politique et un contexte favorable.

L’engagement belge doit aussi être noté. Certes il s’agit en partie d’une réorientation de la mission du Leopold Ier plus qu’un engagement nouveau mais il s’accompagne d’une mise en réserve dès 2016 de nouveaux moyens notables pour un pays de ‘petite’ taille (environ 300 hommes pour une opération au Sahel). Pour un pays de taille plus moyenne, c’est un engagement notable,

Des contributions modestes mais utiles

Une bonne douzaine d’autres pays ont procédé assez rapidement à des prises de décision, chacun selon ses contraintes internes et possibilités. Les uns ont proposé des heures de vol d’avions de transport stratégique type C17 ou gros porteurs Antonov An124 (Suède, Luxembourg, Finlande).

D’autres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et rép. Tchèque) ont annoncé un petit renfort de personnel supplémentaire dans les deux missions déployées au Mali — la mission européenne EUTM Mali pour la formation de l’armée malienne et les casques bleus de la MINUSMA. Pour la FINUL au Liban, la France pourra compter sur la Finlande qui devrait dégager un effectif important.

Peu de pays se sont engagés pour la mission en Centrafrique, EUMAM RCA, qui ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme (Roumanie, Suède). La Croatie a offert des munitions.

Ces engagements paraissent souvent assez limités. Mais additionnés les uns aux autres, ils forment un tout qui n’est pas négligeable. Mis bout à bout, on compte environ une trentaine de personnels de plus pour EUTM Mali et 4 personnels pour EUMAM RCA, ainsi que 120 heures de vols stratégiques.

NB : nous ne mentionnons pas le Danemark car l’engagement dans la MINUSMA était déjà engagé et décidé au moment de l’invocation de la clause de solidarité (le vote au Parlement a eu lieu le 17 novembre). Il concourt certes au même objectif : la stabilisation du Mali. Mais on ne peut pas parler d’effectif ou moyens supplémentaires comme le mentionnent certains…

Ceux qui n’ont rien proposé

Une dizaine de pays n’ont, pour l’instant, apporté aucune réponse officielle à la demande française. Parmi eux, on retrouve quatre puissances ‘moyennes’ disposant d’un corps d’armées important (Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne) qui pourraient donc mettre des moyens.

Certains ont de ‘bonnes’ raisons. L’Espagne est en période électorale. L’Italie veut garder un focus sur la Méditerranée, la Somalie et la Libye. Les Pays-Bas, déjà engagés au Mali (dans la MINUSMA) et au Moyen-Orient, examinent de près l’option de s’engager plus avant en étendant leur mission de F-16 au-dessus de l’Irak vers la Syrie (pour La Haye, c’est davantage une question de temps). Pour d’autres comme la Pologne, c’est plus confus, tout comme la Hongrie, qui n’a pas répondu précisément.

L’Irlande a manifesté sa bonne volonté mais n’a pas concrétisé, tout comme l’Autriche. D’autres pays (Grèce, Portugal) ont de sérieuses difficultés économiques et de vraies difficultés à s’engager ou n’ont pas vraiment de moyens (Chypre, Malte).

Commentaire : On retrouve là le gros problème de la défense européenne. D’une part, il n’y a pas de planification globale des engagements extérieurs. Chacun fait comme il veut, selon ses convictions, les opportunités qui se présentent, sans réellement de stratégie. En gros c’est un gigantesque foutoir … et souvent pas mal de gaspillage financier tout comme opérationnel. D’autre part, les pays ayant à la fois des capacités militaires réelles (celles disponibles et non celles figurant sur les livrets d’Etat-major), des possibilités financières et volontaires politiquement, se comptent sur les doigts d’une main (et demi). Les autres sont, un peu comme des passagers clandestins. Ils peuvent fournir quelques personnels (pas plus de 5 en général), pour des opérations supplémentaires, mais déjà engagés dans d’autres opérations de l’OTAN ou de l’ONU (voire pas du tout), ne peuvent pas dégager de moyens supplémentaires. Ils bénéficient de la sécurité globale, sans vraiment s’engager…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(maj) article mis à jour ven 18.12 et sam 19.12 (Finlande, Rép. Tchèque)

Categories: Défense

Au Burundi, ambiance de terreur. « On frappait à la porte des maisons, on ciblait », Maggy Barankitse

Wed, 16/12/2015 - 17:36

(crédit : RTBF)

(B2) « Le vendredi on frappait à la porte des maisons, on ciblait les maisons, on connaissait les maisons. Et on a ciblé même les maisons des Tutsis. (…) On ne peut pas tuer nos enfants. Ces images sont un scandale ! (…) C’est très grave. En les tuant ils disaient ‘appelez l’Union européenne’, ‘appelez les Etats-Unis’, ‘appelez Kagamé’. (…) Comment un chef d’Etat peut assassiner au vu et au su de tout le monde. Quelle arrogance ! »

Celle qui parle est Maggy Barankitse, interrogée par nos collègues de la RTBF. Une personnalité charismatique ! La « maman » du Burundi. Elle a notamment recueilli des orphelins hutus comme tutsis durant la guerre civile qui a frappé le Burundi en 1993. On la croyait presque intouchable tant elle est réputée au Rwanda. Elle a fui aujourd’hui, réfugiée en Belgique. Et la maison Shalom qu’elle a créée a vu ses activités stoppées.

Le Cerveau : le président Nkurunziza

Maggy Barankitse n’hésite pas elle ne mâche pas ses mots. « Le Cerveau c’est Nkurunziza. Le président. C’est lui le commanditaire. La Cour pénale internationale devait réagir aujourd’hui avant qu’il ne soit trop tard. Il faut qu’on l’arrête. (…) On dit, nous ne savons pas où commencer. Car le pays est souverain. Donc vous acceptez qu’on tue nos enfants, qu’on nous tue qu’on nous exile. Nous venons ici mendier. Alors qu’on pouvait vivre dans la convivialité. »

Le Burundi est tout petit Un génocide politico-ethnique

« C’est un génocide politico-ethnique. Il va choisir tous ceux qui ont refusé un troisième mandat ». Et d’apostropher la communauté internationale en particulier l’Europe pour son inaction. « Est-ce que vous n’êtes pas allés en Syrie ? Est-ce que n’êtes pas allés en Libye ? Pourquoi n’iriez-vous pas au Burundi ? Il est tout petit le Burundi. Il n’y a pas de pétrole. Mais il y a vos frères et soeurs, vos enfants. Il y a la plus grande richesse que l’humanité a : c’est la personne humaine. Ce n’est pas le pétrole, ce ne sont pas les diamants. Il y a plus que le diamant, il y a plus que çà, il y a plus que çà… ».

L’Europe détourne les yeux

Ecoutez ici, réécoutez ! Car Maggy n’a pas tort. L’inaction semble la règle. L’Europe – qui a autre chose à faire – détourne les yeux et s’en remet à l’ONU qui s’en remet à l’Union africaine, qui attend qu’on lui donne des moyens ou un feu vert. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE étaient réunis lundi. Ils n’ont même pas réussi à évoquer officiellement cette question à l’agenda, à condamner de façon vive ce qui se passe au Burundi. Ils se sont contentés d’appeler au dialogue politique (lire sur B2 pro : L’Europe encourage le Burundi au dialogue politique. Un peu court ?). Une incroyable lâcheté.

Le Burundi est trop petit

Maggy Barankitse a raison. Le « Burundi est tout petit ». Il ne menace personne. Que ses habitants meurent, ce n’est pas très grave d’une certaine façon. En tout cas beaucoup moins qu’une barcasse qui se noie au large des côtes européennes… Si l’Union européenne, réunie au plus haut niveau, ces jours-ci, ne trouve pas le moyen d’une part d’adresser une condamnation ferme, sans équivoque, d’autre part de réagir autrement qu’avec trois mots, c’est qu’il ne sert à rien de parler de droits de l’Homme, de rôle dans le monde, de stratégie de sécurité, d’avoir des capacités de maintien de la paix pour réagir en cas de crise (voir encadré) … Cela ne sert à rien si on n’est pas un tant soit peu capable d’agir sur le Burundi.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le battlegroup européen : un joujou pour faire beau !

Ce sont actuellement les Français et les Belges qui assurent la permanence de la force européenne de réaction rapide jusqu’à fin décembre. On peut comprendre qu’il y ait des considérations technico-politiques qui empêchent le déploiement de ce battlegroup. Surdose d’engagement pour les Français, contraintes politico-historiques pour les Belges avec souvenir dramatique du Rwanda pour les deux. Mais le battlegroup suivant pourrait se déployer. Il est prêt, du moins théoriquement. C’est le battlegroup de Visegrad, les V4 (Pologne, Hongrie, Rép. Tchèque, Slovaquie). Vous savez ces pays qui parlent haut et fort dès qu’il s’agit de l’Ukraine, des réfugiés, de la Zone Euro, des autres qui ne respectent pas les règles. Puis qui viennent pleurnicher dans le giron de l’OTAN ou de celui de l’Europe pour avoir des chars, des hommes, des batteries anti-aériennes, des avions pour renforcer leurs défenses et jouer ainsi du muscle avec les Russes. Des pays qu’on ne voit plus en général dès qu’il s’agit d’agir ! Dès qu’il s’agit d’être solidaire ! Pour eux, le battlegroup est un joujou, destiné à faire beau !

NB : Certains lecteurs pourront être choqués. D’ordinaire, nous ne publions pas des images ‘violentes’. Là on ne peut pas faire autrement…

Categories: Défense

Le gouvernement polonais met au pas ses ‘Services’ (maj)

Wed, 16/12/2015 - 07:30

(B2) Une polémique a éclaté en Pologne autour du centre d’excellence de l’OTAN sur le contre-espionnage qui devait être inauguré prochainement. Piotr Bączek le nouveau chef du Service de contre-espionnage militaire, a « annulé la réunion inaugurale des représentants de 9 pays signataires (*) » écrit le quotidien Gazeta Wyborcza.

Le centre d’excellence de l’OTAN ralenti

« L’arrivée des responsables du renseignement polonais en Slovaquie et l’assistance technique du SKW (le service polonais de contre-espionnage) ont été stoppées ». Un ralentissement plutôt qu’un arrêt. Mais même cela est démenti au ministère de la Défense. « Le lancement du projet du Centre sera mis en œuvre conformément au calendrier convenu » a déclaré son porte-parole Bartłomiej Miśkiewicz.

Accusé de communication avec l’ennemi… américain !

Le gouvernement semble avoir lancé une opération de limogeage de certains responsables nommés sous l’ancien gouvernement de la Plate-forme civique. Et plus généralement une sorte de politique de lustration de plusieurs responsables militaires — Le chef de ce centre, Józef Dusza, a fait ainsi l’objet d’une procédure disciplinaire pour « entente avec des services étrangers »… Une disposition utilisée en général en cas de communication interdite. En fait de communication avec d’autres, il s’agit des services… américains selon Radio Zet !

Une remise au pas ?

Cet épisode ne semble pas être un épiphénomène. Le gouvernement et, en particulier, son ministre de la Défense, Antoni Macierewicz, entendent rouvrir le dossier du crash de Smolensk. Pour le PiS revenu au pouvoir le crash du Tupolev 154 le 10 avril 2010, alors qu’il transportait une délégation officielle conduite par le président Lech Kaczyński vers Katyń, ceci n’est pas due aux multiples causes avancées (brouillard, erreur de pilotage, mauvaise compréhension avec la tour de contrôle, etc.) (2). Mais il pointe la responsabilité russe dans le crash de l’avion présidentiel, dénonçant un complot et une enquête bâclée.

Un screening des militaires

Chacun des responsables du renseignement est aujourd’hui testé pour savoir quelle version il défend. Ce screening a pour but de purger certains éléments jugés trop indépendants vis-à-vis du nouveau pouvoir. Ce dispositif qui touche aussi certains gradés de l’armée ressemble assez à la lustration entreprise après la chute du pouvoir communiste. Et cette politique ne se limite pas au niveau militaire. Elle est à rapprocher de la nomination de plusieurs juges au Tribunal constitutionnel pour éviter de voir ce Tribunal être trop opposé à certains décisions gouvernementales. C’est une véritable reprise en main du pouvoir qu’opère ainsi la Première ministre Beata Szydło.

(maj) L’affaire s’est corsée dans la nuit de jeudi à vendredi (18 décembre). Potr Bączek chef du SKW et le chef de cabinet du ministère de la Défense Bartłomiej Misiewicz, sont arrivés dans le Centre de contre-espionnage de l’OTAN à 1h30, avec l’aide de la police militaire. Bączek a demandé à la police militaire d’ouvrir les locaux appartenant également au personnel international, notamment au personnel slovaque. La police militaire a refusé d’agir. Quand le chef du Centre, Józef Dusza, est arrivé sur les lieux une demi-heure plus tard, les politiciens lui ont refusé l’entrée…

(NGV)

(1) La Pologne et la Slovaquie sont les initiateurs de ce centre qui rassemble 7 autres pays (rép. Tchèque, Allemagne, Hongrie, Italie, Lituanie, Roumanie, Slovénie et Croatie).

(2) Lire :

 

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Des gardes-frontières européens, une excellente idée. Mais…

Tue, 15/12/2015 - 07:05

(B2) Un corps de garde-frontières européens et de garde-côtes, l’idée est ancienne. Mais elle n’a jamais pu être mise en oeuvre, comme nous l’avions écrit récemment. Tout simplement, car une majorité des Etats s’y étaient opposés assez vite. De cette idée est d’ailleurs née un succédané, « l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne », plus connue sous son acronyme Frontex (lire : En direct de la ‘situation room’ de Frontex).

Si le nom était long, il disait bien aussi ce que Frontex était : juste un organe de gestion opérationnelle. Ce qui, en soi, était ambitieux. Aujourd’hui cette agence ne dispose pas de tous les moyens nécessaires. Quand existe un besoin, constaté par tous, comme aux frontières de la Grèce, elle doit lancer un appel à du personnel et du financement. Et ces appels ne trouvent pas toujours vraiment réponse. Les Etats rechignent à envoyer du personnel et du matériel, parfois tout simplement car ils ont autre chose à faire (Lire : Au coeur de Frontex).

Parfois ce sont les mêmes d’ailleurs qui se plaignent de voir les frontières mal défendues ou de voir des migrants arriver par centaines. Témoin : le dernier appel à contribution pour quelque 700 personnels qui n’a été rempli que péniblement à moitié. Il était temps de passer à autre chose.

Une décision courageuse

La volonté de la Commission dirigée par Jean-Claude Juncker de proposer, d’emblée, la création d’un corps européen de garde-frontières, sans passer par une étape intermédiaire, est à saluer. C’est une nécessité aujourd’hui si on veut garder une certaine sérénité sur le continent  européen. Même si cette mesure peut paraître brutale, on a trop souvent parlé, dans le passé, de première étape sans passer à la seconde, pour ne pas avoir envie aujourd’hui d’être plus décisif. De fait, la plupart des Etats préfèrent un corps européen, même si ce n’est pas leur premier choix, à des frontières poreuses, mal gardées, où l’Etat concerné n’a que peu de moyens à opposer…

Les modalités de décision à revoir

On peut, en revanche, avoir un peu plus de doute sur les dispositions figurant dans le projet de règlement proposé aujourd’hui permettant de passer outre la volonté d’un Etat pour imposer la présence de gardes-frontières. Cette disposition peut paraître justifiée au regard de certaines périodes de latence, quand l’Etat où se déroule une crise met du temps à réagir. C’était le cas pour la Grèce récemment (lire : La Grèce appelle l’Europe au secours. Il était temps !). Mais il faut se méfier des mesures trop conjoncturelles. Cette mesure risque de heurter inutilement de nombreux pays à la souveraineté sensible, notamment à l’Est de l’Europe. Il ne faut pas les blâmer rapidement. Ils ont leurs raisons, voire raison tout court !

Discutable juridiquement…

D’un point de vue juridique, il parait difficile que la Commission impose une mesure de force, qui oblige un Etat à accepter des forces d’un autre pays, qui vont intervenir à sa place, assurant des fonctions régaliennes, comme intervenir en uniforme, armés, arrêter des personnes. En droit international, cela supposerait d’avoir une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies avec le recours au Chapitre VII.

… comme historiquement

En termes historiques, c’est oublier le rôle joué par les gardes-frontières dans le système communiste de l’URSS et encore aujourd’hui en Russie. Les « verts » étaient une composante intégrale du dispositif soviétique de renseignements (KGB puis FSB), destiné à assurer l’ordre, aux côtés des « bleus » — la police politique. De plus, la notion d’assistance forcée peut résonner de façon étrange en référence à l’histoire. L’URSS n’a pas hésité à utiliser cette notion pour imposer à ses voisins de venir lui prêter « main forte ».

ou politiquement

L’époque a certes totalement changé. Et l’esprit de la Commission est tout autre. Il s’agit en renforçant les frontières externes de préserver la libre circulation à l’intérieur des frontières européennes, de sauver Schengen. Mais l’histoire est encore vive. il faut faire attention aux symboles… Et imposer à un Etat contre son gré certaines mesures pourrait se révéler dangereux à terme.

Une disposition qui pourrait valser

Du côté de la Commission, on semble d’ailleurs conscient — pour ce que j’ai compris — d’être allé « un peu loin » et prêt à abandonner cette disposition. Il s’agit plutôt d’un élément comme de quelques autres, destinés à servir de contrepartie dans la négociation qui va s’engager maintenant au sein du corpus législatif européen (Conseil des Etats membres de l’UE et Parlement européen). Espérons que cette « provocation » ne servira de prétexte à quelques uns pour refuser tout le projet.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire notre dossier : N°30. Garder les frontières de l’Europe. Vers un corps européen de garde-côtes et garde-frontières

Categories: Défense

Daech pénètre en Libye vers les puits de pétrole (Le Drian)

Mon, 14/12/2015 - 23:55

(crédit : RTL – archives JYLD en janvier 2015)

(B2) L’organisation de l’Etat islamique (Daech) a pris pied sur la côte libyenne, autour de Syrte, l’ancien bastion de Kadhafi. Mais elle commence à progresser « vers l’intérieur » de la Libye avec pour objectif l’accès à des puits de pétrole, a mis en évidence lundi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian sur la chaîne française RTL : « La situation est préoccupante en Libye. Je l’ai dit depuis des mois. »

De Syrte vers l’intérieur du pays

Les miliciens de Daech « sont à Syrte. Ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côte. Mais ils commencent à pénétrer vers l’intérieur et à avoir une tentation d’accès à des puits de pétrole et à des réserves de pétrole. Il faut absolument que cesse des conflits intralibyens, sinon le vainqueur militaire sera Daech ».

Une lente prise de conscience chez les Libyens

« Heureusement, cette prise de conscience commence à se faire à la fois du côté de Tripoli et du côté de Tobrouk. Et on peut penser que les discussions qui sont en cours à la fois sous l’autorité de Martin Kobler, l’envoyé spécial des Nations unies, et dans les réunions de Rome, qui se sont déroulées ce week-end, vont aboutir à une solution politique » a-t-il ajouté.

Pas de frappes aériennes, une solution politique

Des frappes aériennes ne sont pas une option pour Jean-Yves Le Drian. « Il n’y a pas d’autres solutions (que) la solution politique. Il faut aboutir à une solution politique entre les différents clans, les différentes fractions qui aujourd’hui s’opposent en Libye » (…) Ils ont eux-mêmes les moyens militaires entre eux pour enrayer la progression de Daech donc il faut qu’ils s’unissent politiquement ».

Commentaire : Entamer des frappes parait plutôt délicat au plan politique comme militaire. La légitimité internationale de ces frappes serait étroite – sans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. La résolution votée le 20 novembre vise davantage Daech en Irak et en Syrie. Militairement, outre d’avoir les moyens nécessaires, l’effet pourrait être plus négatif que positif, en déplaçant des populations, donc les éléments de Daech, en suscitant d’autres vocations, et en provoquant chez les milices libyennes, au final, une réaction davantage de solidarité que de d’hostilité.

(NGV)

Ecoutez le fichier audio (source RTL) – Libye (à partir de la 7e minute, après la réaction aux élections régionales)

http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2015/12/LeDrianElectionsLibye-Rtl20151214-8h35.mp3
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La démocratie fonctionne encore (Asselborn)

Mon, 14/12/2015 - 23:55

(crédit : CUE)

(B2) En marge de la réunion des ministres de l’Union européenne, ce lundi, Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, a voulu tirer la leçon du second tour des élections régionales.

« On peut dire bravo à la France », a-t-il tenu à souligner. « On ne peut pas oublier le premier tour. Bien sûr. Mais cela aurait pu être pire. On a fait barrage à ceux qui sont vraiment des anti-européens, des gens qui n’ont pas compris le message que nous a donné le XXe siècle de mieux faire au XXIe siècle. Cela montre que la démocratie fonctionne encore ».

(NGV

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