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Politique étrangère (IFRI)

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La revue de référence sur les questions internationales
Updated: 1 month 3 days ago

[CITATION] Le Brexit est-il vraiment anglais ?

Tue, 19/01/2021 - 09:30

Accédez à l’article de Robert Tombs ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

Sabotage: The Business of Finance

Mon, 18/01/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Christian Chavagneux propose une analyse de l’ouvrage d’Anastasia Nesvetailova et Ronen Palan, Sabotage: The Business of Finance  (Allen Lane, 2020, 240 pages).

Selon la théorie économique dominante, une entreprise ne peut faire des profits que de manière temporaire : la concurrence et l’innovation viendront réduire son avance. Sauf que, hors période de grande crise, la finance affiche des profits élevés, décennies après décennies. Comment est-ce possible ? La réponse, nous dit ce livre, tient à un concept inventé au début du XXe siècle par un économiste institutionnaliste américain, Thorstein Veblen : le sabotage des marchés.

Le début de l’ouvrage nous familiarise avec les thèses développées par l’auteur notamment dans l’un de ses livres importants : Absentee Ownership (1923) – des idées qu’il a bâties à partir d’une analyse fine du comportement des entreprises. Parmi les grands patrons d’entreprise, on trouve des entrepreneurs innovants, mais c’est la minorité. La majorité sont des hommes d’affaires, pour qui tous les moyens sont permis pour faire du profit : innover, se réorganiser, mais aussi faire obstruction à la concurrence, mentir, et jusqu’aux comportements illégaux. Et ce qui était vrai dans les années 1920 l’est encore dans la finance d’aujourd’hui.

Le livre est ainsi construit en trois parties qui vont démontrer, par une succession de cas concrets, comment les grands acteurs de la finance (banques, fonds d’investissement) organisent leurs pratiques de sabotage à trois niveaux : des clients, des concurrents, des États.

La bulle et la crise des subprimes représentent l’exemple parfait du sabotage des clients, à l’image d’un Goldman Sachs vendant des produits financiers toxiques tout en pariant sur l’effondrement de leurs prix. Le sabotage des concurrents est notamment illustré par le rôle de la Deutsche Bank dans l’effondrement de la banque islandaise Kaupthing, et le sabotage des États par les pratiques d’évitement fiscal des multinationales de la finance et par leurs ventes de services d’évitement fiscal à leurs clients. Ou bien encore, dans un autre registre, par le fait de devenir un établissement too big to fail, trop important, en cas de prises de risques excessives, pour que les États puissent les laisser faire faillite.

Les trois parties racontent, dans les termes de la technique du sabotage, des faits globalement déjà connus. Elles permettent néanmoins de comprendre que ces comportements ne sont pas le fait de quelques moutons noirs, mais bien le résultat de pratiques systémiques – et c’est tout l’intérêt du livre.

Étonnamment, les deux auteurs finissent par une attaque en règle des régulateurs bancaires lorsqu’ils visent la stabilité financière, une position sur laquelle on ne les suivra pas. L’instabilité ne représente à leurs yeux que le symptôme des sabotages auxquels les régulateurs ne s’attaquent pas. Pourtant, on comprend à travers les nombreux cas analysés combien le sabotage nourrit toujours l’instabilité financière. Lutter contre celle-ci mobilise des outils qui mettent des bâtons dans les roues du sabotage. Savoir si ces outils sont les plus adaptés est une autre question.

Ce livre, écrit par deux spécialistes des dérives de la finance, n’en demeure pas moins passionnant : il propose un cadre analytique permettant de les comprendre à partir d’une approche institutionnaliste échappant à la naïveté politique de l’approche économique dominante. Du beau travail.

Christian Chavagneux

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The Geopolitics of Artificial Intelligence: The Return of Empires?

Fri, 15/01/2021 - 09:30

This article is the English version of : Nicolas Miailhe, « Géopolitique de l’Intelligence artificielle : le retour des empires ? », published in Politique étrangère, Vol. 83, Issue 3 , 2018.

“Artificial intelligence is the future… Whoever becomes the leader in this sphere will become the ruler of the world,” declared Vladimir Putin, speaking before a group of Russian students and journalists in September 2017. Three days later, Elon Musk, founder of SpaceX and Tesla, went even further in a tweet: “Competition for AI superiority at national level most likely cause of WW3 imo [in my opinion].”

The rapid progress of AI makes it a powerful tool from the economic, political, and military standpoints. Embedded in the digital revolution, AI will help determine the international order for decades to come, accentuating and accelerating the dynamics of an old cycle in which technology and power reinforce one another. It will transform certain axioms of geopolitics through new relations between territories, space-time dimensions, and immateriality.

The American and Chinese digital empires will probably dominate international geopolitics in the years to come. If Europe wants to rebuild its digital sovereignty, it will have to redouble its efforts and investments. Otherwise, Europe will have to be satisfied with strategic alliances that entail its “cyber-vassalization.” As for Africa, it already presents a vast battleground, clearly threatened with “cyber-colonization.”

What is Artificiel Intelligence?

AI does not have a universally accepted definition. Although it is firmly rooted in the field of computing and was consubstantial with its emergence in the 1940s, today it refers to a broad range of disciplines, technologies, and methods. The co-author of the textbook Artificial Intelligence: A Modern Approach, Stuart Russell, a professor at the University of California, Berkeley, defines AI as “the study of methods for making computers behave intelligently.” For him, AI includes tasks such as learning, reasoning, planning, perception, language understanding, and robotics.

AI is thus a more generic term than it seems: in fact, it is a collective imaginary onto which we project our hopes and our fears. The technologies of AI include, among others, machine learning, computer vision, intelligent robotics, biometrics, swarm intelligence, virtual agents, natural language processing, and semantic technology. These technologies are of course not mutually exclusive.

AI and the return of empires

Can we, at present, analyze the rise to power of what could be called “digital empires?” These are the result of an association between multinationals, supported or controlled to varying degrees by the states that financed the development of the technoscientific bases on which these companies could innovate and thrive.

Historically, empires have been characterized by three principal features: 1) the exercise of power over a wide territory; 2) a relative inequality between the central power and the administered “regions,” often associated with a will to expand; 3) the implementation of a political project through various forms of influence (economic, institutional, and ideological). 

Contrary to the common notion according to which the digital revolution necessarily involves economic decentralization, it is actually possible that AI may cause, or reinforce, an overall trend toward the centralization of power in the hands of a few actors. These digital empires would benefit from economies of scale and the acceleration of their concentration of power in the economic, military, and political fields thanks to AI. They would become the major poles governing the totality of international affairs, returning to a “logic of blocs.” These new public-private digital empires would extend to the continental scale, especially in the case of the American and Chinese empires, while other actors, such as Europe, would adopt strategies of non-alignment. […]

Read the rest of the article here.

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« Il y a des différences d’approche quasi systématiques entre la France et l’Allemagne »

Thu, 14/01/2021 - 10:00

Dans un article signé Louise Rozès Moscovenko publié sur Euractiv France le 21 décembre 2020, l’article du secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune « L’Europe, par-delà le COVID-19 », publié dans le n° 3/2020 de Politique étrangère, a été cité.

« Alors que la présidence allemande du Conseil de l’UE prendra fin le 31 décembre, l’ambassadrice de la France en Allemagne, Anne-Marie Descôtes, est revenue sur ces six derniers mois lors d’une audition au Sénat jeudi (17 décembre).

« C’est une année exceptionnelle que nous vivons. D’abord du fait du contexte de la crise, mais elle est exceptionnelle aussi sur le plan des relations franco-allemandes, avec une intensité de travail et de coordination vraiment particulière », a expliqué l’ambassadrice de la France en Allemagne, Anne-Marie Descôtes, devant la commission des affaires européennes du Sénat jeudi (17 décembre).

Mi-mai, à l’orée de la présidence allemande du Conseil de l’Union européenne, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron avait proposé conjointement un plan de relance de 500 milliards d’euros basé sur l’idée d’une dette mutualisée, une approche inédite outre-Rhin.

Berlin a toujours été frileuse à cette idée : on se souvient de la crise grecque et de l’ancien ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, intraitable quant à un quelconque assouplissement de la politique d’austérité face à un pays au bord du gouffre. […]

Des présupposés différents 

Le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune avait appelé de ses vœux la souveraineté, la puissance et l’autonomie d’une Europe forte, dans un texte publié en septembre dans une revue de l’Institut français des relations internationales (IFRI). Des notions qui résonnent différemment Outre-Rhin.

« Il faut toujours se parler beaucoup dans le cadre des relations franco-allemandes, et constamment. Ne jamais oublier que certains mots comme « autonomie stratégique » peuvent avoir une connotation qui donne lieu à des malentendus », explique Mme. Descôtes.

« Le terme d’autonomie stratégique est dans l’esprit de la France perçu comme une autonomie globale, n’incluant pas seulement la Défense mais aussi l’intelligence artificielle, la santé, etc. une perception qui n’est pas présente en Allemagne. Pour beaucoup d’Allemands, cela renvoie tout de suite aux missiles intercontinentaux, donc ça fait très peur ». 

Le sujet restera d’actualité d’ici à la présidence française du Conseil début 2022, et la prise de conscience accrue de Berlin de l’importance de l’autonomie européenne, à la suite de la crise sanitaire et des problématiques d’accès aux médicaments ou aux masques notamment, semble être partie pour durer.

Les questions de souveraineté industrielle défendus par le tandem des ministres de l’Économie Peter Altmaier et Bruno Le Maire révèlent aussi ce changement de paradigme au niveau européen. […] »

Retrouvez l’intégralité de l’article d’Euractiv ici.

Accédez à l’article de Clément Beaune, « L’Europe, par-delà le COVID-19 » ici.

Inter-socialités. Le monde n’est plus géopolitique

Wed, 13/01/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Denis Bauchard propose une analyse de l’ouvrage de Bertrand Badie, Inter-socialités. Le monde n’est plus géopolitique  (CNRS Éditions, 2020, 232 pages).

Le dernier ouvrage de Bertrand Badie propose une nouvelle lecture des relations internationales à la lumière des récents événements qui ont secoué le monde. Il part du constat que les manifestations de l’année 2019 contre les pouvoirs, du Chili à l’Iran en passant par la France, « replacent le social, exprimé ou subi, au centre du jeu international, de manière non pas conjoncturelle mais essentielle et durable ». Il en est de même de la pandémie, qui a fait dire à Henry Kissinger qu’elle a « modifié à jamais l’ordre mondial ».

En fait, l’analyse proposée s’inscrit dans la lignée des précédents ouvrages de l’auteur qui annoncent la fin de l’ordre westphalien et l’importance des sociétés dans la vie internationale, et pour qui le social « s’installe au centre même du jeu international ». Quant aux piliers de l’ordre international, ils se sont effondrés : il n’y a plus de polarisation capable de l’organiser, de structurer les politiques étrangères et d’ordonner les enjeux ; la puissance militaire n’est plus décisive, comme l’ont montré notamment les interventions américaines en Afghanistan ou en Irak ; les alliances perdent de leur stabilité et se noient dans la fluidité des rapports entre États.

Si la logique sociale a pris le dessus, c’est que trois ruptures sont intervenues. La décolonisation, qui s’est traduite par la création d’États faibles voire faillis ; la dépolarisation avec la chute de l’URSS, qui s’est accompagnée de la dévaluation de la puissance militaire ; enfin la mondialisation, jointe à une « fulgurante ascension des capacités de communication reliant directement entre eux les acteurs sociaux ». De même, des thèmes nouveaux se sont imposés dans la vie internationale, comme le constatait dès 1994 le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans son premier Rapport sur le développement humain, qui mettait en valeur le concept de sécurité humaine. Ainsi, les questions alimentaires, environnementales et sanitaires ont pris une importance majeure dans la vie internationale.

Si « naguère, le diplomate et le soldat contrôlaient la quasi-totalité du jeu international au nom du prince », il n’en est plus de même aujourd’hui. Les États sont concurrencés par de nouveaux acteurs, qu’il s’agisse d’acteurs transnationaux comme les grandes organisations non gouvernementales – Amnesty International, Greenpeace, WWF –, mais également des « entrepreneurs identitaires », qui peuvent avoir un caractère tribal, ethnique ou religieux. De même, des « tyrans privés » comme les grandes agences de notation financière ou le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) fixent des normes, règlent des conflits ou émettent des régulations.

Ces idées ne manqueront pas de faire débat. Mais les situations qui se développent dans de nombreuses parties du monde, notamment au Moyen-Orient, illustrent bien les changements profonds intervenus dans les relations internationales. Tout ceci implique la définition d’un nouveau type de politique étrangère, dont l’auteur esquisse les principaux axes. Ce livre stimulant devrait contribuer à faire évoluer les pratiques diplomatiques, qui devront désormais tenir compte davantage du rôle croissant des sociétés civiles.

Denis Bauchard

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[CITATION] La coopération franco-britannique après le Brexit

Tue, 12/01/2021 - 09:30

Accédez à l’article d’Adrien Abécassis et Jolyon Howorth ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

L’État d’Israël contre les juifs

Mon, 11/01/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Élisabeth Marteu propose une analyse de l’ouvrage de Sylvain Cypel, L’État d’Israël contre les juifs (La Découverte, 2020, 336 pages).

L’essai de Sylvain Cypel, ancien directeur de la rédaction de Courrier international et rédacteur en chef au Monde, dresse l’amer et implacable constat d’une dérive ethniciste et antidémocratique de l’État d’Israël, dont le fonctionnement et la nature politiques seraient devenus « contraires aux intérêts des citoyens juifs israéliens, et aussi à ceux des Juifs en général ».

Dans les Emmurés, l’auteur décrivait en 2006 comment la société israélienne en crise était dans une impasse, le « mur de protection » en étant la manifestation la plus visible. Sylvain Cypel va ici plus loin dans sa critique de la dérive « xénophobe », « tribaliste raciste », « ségrégationniste », « brutale » et « immorale » d’Israël, qui n’affecte plus seulement les Palestiniens – qui sont de toute façon méprisés et traités comme un « peuple terroriste » – mais également les Israéliens juifs eux-mêmes, notamment les militants des droits de l’homme, les journalistes, les intellectuels et opposants de gauche dont la parole est délégitimée au motif qu’ils seraient traîtres à la nation.

Ces voix discordantes sont devenues minoritaires et harcelées par une classe politique et une opinion majoritaire qui ne tolèrent aucune critique et simplifient à l’extrême la réalité sociale. La nation se serait repliée sur l’ethnicité juive et ferait la part belle au fanatisme nationaliste-religieux et au séparatisme juif. À la radicalité idéologique s’ajoutent, selon l’auteur, une ignorance généralisée et une instrumentalisation sans précédent de l’histoire comme de la science, qui feraient le lit de la « banalisation » et de l’« acceptation du pire ». Ce qui pouvait être nié, ou encore jugé tabou par le passé (comme l’expulsion ou l’extermination des Palestiniens) est aujourd’hui clairement énoncé et assumé. Cette dérive identitaire et autoritaire de l’État et de la société israélienne aurait une « odeur de fascisme » qui se traduirait par une chose impensable voici encore cinquante ans : la collusion entre la droite israélienne et l’extrême droite antisémite nord-américaine et européenne autour d’une islamophobie radicale. Or, comme le souligne l’auteur, cette dangereuse évolution ne peut que porter préjudice à Israël, aux Israéliens et aux Juifs. Elle suscite d’ailleurs des critiques et des oppositions. Le président du Congrès juif mondial s’est ainsi opposé à la loi controversée sur l’État-nation du peuple juif. Une partie des Juifs américains manifeste également publiquement sa désapprobation. Ce « renouveau diasporique » se fonde sur une revendication de l’appartenance au judaïsme mais un éloignement vis-à-vis d’Israël, voire une hostilité. Cette dynamique de distanciation, facilitée par l’existence d’un judaïsme réformé propre aux États-Unis (et d’ailleurs non reconnu par les autorités rabbiniques israéliennes) expliquerait en partie le succès du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) dans les grandes universités américaines ; alors que la communauté juive française au contraire semble soutenir de façon inconditionnelle les dérives de la gouvernance Netanyahou. Pour la sociologue Eva Ilouz, le « renouveau diasporique américain devrait essaimer, mais “la question de l’islam” pose en France un obstacle ». Au final, l’essai documenté de Sylvain Cypel réclame qu’Israël soit considéré comme un pays, un État comme les autres, et soit donc jugé comme les autres à l’aune de ses propres dérives politiques.

Sylvain Cypel

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Le tic-tac de l’horloge climatique

Mon, 04/01/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Aurore Colin propose une analyse croisée des ouvrages de Christian de Perthuis, Le tic-tac de l’horloge climatique. Une course contre la montre pour le climat  (De Boeck Supérieur, 2019, 336 pages) et de Marie-Antoine Mélières et Chloé Maréchal, Climats : passé, présent, futur (Belin, 2020, 432 pages).

Ces deux ouvrages ont pour point commun d’apporter un éclairage rigoureux, dense et documenté sur le lien entre changement climatique et activités humaines. Bien qu’ils se rejoignent sur la nécessité d’accélérer la lutte contre le changement climatique, leurs démarches sont différentes. L’économiste Christian de Perthuis nous livre une analyse économique, sociale, historique et géopolitique de la question climatique. Marie-Antoinette Mélières et Chloé Maréchal, respectivement docteurs en physique et géochimie, nous proposent les bases scientifiques nécessaires pour comprendre le fonctionnement du climat et appréhender son changement en cours.

Les premiers chapitres de leur ouvrage décrivent le fonctionnement du climat à l’aide de nombreux schémas, équations et variables représentant des phénomènes souvent très complexes. Le cœur de l’ouvrage se situe dans les chapitres suivants. Plus accessibles, ils démontrent de manière scientifique que le climat moyen se réchauffe depuis les années 1970-1980, et que ce réchauffement est causé exclusivement par l’activité humaine. Cette évolution récente du climat est analysée à la lumière de ses évolutions passées. La conclusion est glaçante : le bouleversement actuel du climat « n’a pas son équivalent sur les dernières centaines de milliers d’années et selon toute vraisemblance sur les trois derniers millions d’années ». Les auteurs nous alertent ainsi sur les conséquences actuelles et futures du changement climatique, abordées en fin d’ouvrage. Face au constat scientifique alarmant, quelles mutations nos sociétés doivent-elles accomplir pour réduire leur impact sur le climat ? Comment opérer ces mutations ? Et à quel rythme ? C’est à ces questions que Christian de Perthuis propose de répondre.

Si Marie-Antoinette Mélières et Chloé Maréchal mettent en lumière le caractère inédit du bouleversement actuel du climat, Christian de Perthuis insiste quant à lui sur le caractère inédit, par leur rapidité et leur rupture avec les tendances passées, des mutations à opérer dans nos modèles énergétiques et économiques pour éviter la catastrophe climatique. S’appuyant sur des analyses historiques, des constats documentés et des exemples efficaces, l’auteur décrit les deux principaux défis auxquels doivent répondre nos sociétés : réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone dès 2070, et s’adapter aux impacts climatiques qui vont s’accentuer dans les prochaines décennies. L’atteinte de la neutralité carbone repose sur deux jambes : une transition vers un système énergétique majoritairement renouvelable nécessitant une sortie rapide des fossiles, et une transition agro-écologique impliquant une réorganisation des ressources forestières et agricoles.

La dernière partie de l’ouvrage contraste avec la neutralité scientifique et idéologique de l’ouvrage Climats : passé, présent et futur, mais n’en est pas moins pertinente. Dans cette partie intitulée « Justice climatique », Christian de Perthuis identifie les leviers, notamment économiques, qui permettraient d’accélérer la transition bas-carbone en France et dans le monde. Tirant les leçons des Gilets jaunes, il définit les principes de justice que ces leviers doivent prendre en compte pour susciter l’adhésion du plus grand nombre, et identifie cette adhésion comme étant un prérequis incontournable à la réussite d’une transition juste et bas-carbone.

Aurore Colin

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Bonne année !

Fri, 01/01/2021 - 10:00

Le Top 10 des articles de Politique étrangère 2020

Thu, 31/12/2020 - 09:30

La revue Politique étrangère est présente sur Cairn, le portail de revues francophones, depuis plusieurs années maintenant. Merci à vous chers Lecteurs de nous lire tout au long de l’année !

Découvrez en exclusivité la liste des 10 articles les plus lus sur Cairn en 2020,
et profitez-en pour (re)lire ceux qui vous auraient échappé !

1ère place : Josep Borrell, « COVID-19 : le monde d’après est déjà là… »
(PE n° 2/2020)

2e place : Thomas Gomart, « Le COVID-19 et la fin de la fin de l’innocence technologique » (PE n° 2/2020)

3e place : Marilia Maciel-Hibbard, « Protection des données personnelles et cyber(in)sécurité » (PE n° 2/2018)

4e place : Julien Nocetti, « Géopolitique de la cyber-conflictualité »
(PE n° 2/2018)

5e place : Pauline Schnapper, « Le Royaume-Uni et le monde après le Brexit » (PE n° 4/2018)

6e place : Pierre de Senarclens, « Théories et pratiques des relations internationales depuis la fin de la guerre froide » (PE n° 4/2006)

7e place : Clément Therme, « La stratégie régionale de l’Iran : entre Realpolitik et révolution » (PE n° 1/2020)

8e place : Séverine Wernert, « L’Union européenne et la lutte contre le terrorisme » (PE n° 2/2018)

9e place : Laurence Nardon, « Quelle politique étrangère américaine après 2020 ? » (PE n° 2/2020)

10e place : Louis Gautier, « Cyber : les enjeux pour la défense et la sécurité des Français » (PE n° 2/2018)

* * *

Merci à tous nos abonnés et lecteurs pour leur fidélité à Politique étrangère ! Nous vous souhaitons de belles fêtes de fin d’année !

(Ré)abonnez-vous sans plus attendre
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With Trump, Time to Reinvent European Trade Policy

Wed, 30/12/2020 - 09:30

This article is the English version of : John Solal-Arouet and Denis Tersen, « Trump et l’avenir de la politique commerciale européenne », published in Politique étrangère, Vol. 82, Issue 1 , 2017.

“In general, if we want free trade, it is to alleviate the condition of the laboring class, but, surprisingly, the people, whose thus provided bread is cheap enough, is very ungrateful.”

Karl Marx, Speech on free trade, 1848.

The United States has chosen a protectionist and isolationist president. Of course, promises and programs do not automatically become policies once the election is past. But a candidate’s program that attacks China and Mexico, threatens to leave the World Trade Organization (WTO), denounces the North American Free Trade Agreement (NAFTA) and the Paris climate agreement, refuses to sign the Trans-Pacific Partnership Project (TPP) negotiated by his predecessor, becomes a commitment for the president.

And this all the more so since, while he cannot liberalize on his sole initiative without the consent of Congress, he can put in place border protection measures on his own, or block a treaty by refusing to submit it to the legislative power. On anti-globalization, the new US president shows some coherence: closing borders, for goods and services, as well as for people.

The first nominations do not negate his campaign rhetoric: Wilbur Ross, Secretary of Commerce; Peter Navarro, an “on the defensive but not protectionist” economist heading the newly created National Trade Council, and Robert Lighthizer, head of the US Trade Representative Office (USTR). They attracted attention through declarations critical of China, and by defending the interests of the “old” industries. Reagan administration veteran Robert Lighthizer, who will lead the trade negotiations, is a well-known anti-dumping lawyer.

In the Reagan period, the villain was Japan, the United States having obtained under pressure voluntary export restriction agreements from their “partner”. This was before the WTO, before the “global value chains” that allow US companies to split their production between countries, primarily China, and import or reassemble their products in the United States, and it was at the time of a Japanese market of which the level of closure to imports was far beyond that of China.

Trump’s tweets, these “chin butts” of the digital age, aimed at companies with investment intentions in Mexico, are also in line with the campaign. The president’s inaugural address on January 20 dispelled any doubts: “Protection will lead to great prosperity and strength.” The first announcements from the White House that evening called for the withdrawal of the TPP and the renegotiation of NAFTA. We have reached that point.

Donald Trump is not alone. Brexit came before, and populist movements are progressing all over Europe. CETA with “Ôsmall” Canada (0.6% of French foreign trade) nearly stopped at the signature stage, and its future is uncertain. One could meet these major developments with relative indifference, and consider that, by a trick of history, the populists will rid us of this dangerous free trade and bad agreements such as the TTIP. Moreover, as we have been taught, infrastructure – the material basis, the productive forces – precedes superstructure; world trade is progressing less rapidly than the world’s “wealth” and has even been declining over the past four years. Are we heading clearly and without regret toward the era of deglobalization? […]

Read the rest of the article here.

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[CITATION] Breaking up is hard to do – Part II

Tue, 29/12/2020 - 09:00

Accédez à l’article de Florence Faucher et Colin Hay, « Breaking up is hard to do : Royaume-Uni et Union européenne après le Brexit » ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

Mongolia’s Foreign Policy

Mon, 28/12/2020 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Antoine Maire propose une analyse de l’ouvrage d’Alicia Campi, Mongolia’s Foreign Policy (Lynne Rienner, 2019, 352 pages).

Cet ouvrage a l’intérêt d’offrir une vision exhaustive des actions de politique étrangère mises en œuvre par la Mongolie après la révolution démocratique de l’hiver 1989-1990. Cette révolution fait office de charnière. Elle a vu le pays passer du socialisme à la démocratie et à l’économie de marché. Elle a in fine permis aux autorités locales de rompre avec l’alignement sur les positions soviétiques qui a caractérisé la diplomatie mongole pendant l’essentiel du xxe siècle. Cette révolution a ouvert la voie à la mise en œuvre d’une politique étrangère autonome, affirmant l’indépendance et la souveraineté de la Mongolie dans un contexte marqué par son enclavement géographique entre la Chine et la Russie.

L’auteur présente la stratégie mongole d’intégration régionale ainsi que les relations nouées par le pays avec ses partenaires. À cet égard, la réflexion développée sur la politique mongole de soft power constitue une contribution originale, qui mérite d’être saluée. L’ouvrage éclaire également le glissement sémantique connu par le concept de « troisième voisin », pierre angulaire de la stratégie internationale de diversification des partenaires de la Mongolie, et qui a conduit les autorités à élargir son champ d’application. Il met ainsi en lumière une diplomatie mongole proactive, qui entend répondre à un monde en évolution rapide. Alicia Campi propose un concept pour résumer cette stratégie flexible et opportuniste : la « stratégie du loup ». Cette pratique résulterait selon elle d’une mentalité nationale profondément marquée par le pastoralisme nomade, mode de vie qui est encore celui de près d’un tiers de la population en Mongolie.

Si l’ouvrage offre une vision exhaustive des initiatives mises en œuvre par les autorités mongoles en matière de politique étrangère, celle-ci aurait mérité d’être complétée par une étude des conditions d’élaboration de cette dernière. Cette absence laisse à penser que la politique étrangère mongole résulte d’un acteur unitaire et rationnel, l’État, escamotant les débats et tensions que suscite la formulation de cette politique dans le champ politique local. Une analyse des controverses générées par le projet de statut de neutralité permanente, ou la position mongole dans l’Organisation de coopération de Shanghai aurait permis d’illustrer utilement ce point.

L’auteur choisit explicitement de ne pas aborder les évolutions politiques internes, mais ce parti pris limite la portée de l’analyse. L’étude de certains moments cathartiques, par exemple la négociation de grands contrats miniers, en offre un exemple puisqu’elle est uniquement menée à l’aune du concept de « stratégie du loup ». Ce choix occulte mécaniquement les dissensions qui apparaissent lors de ces moments entre les acteurs mongols et la diversité des alliances qu’ils sont amenés à nouer avec des partenaires étrangers.

La lecture de l’ouvrage d’Alicia Campi n’en demeure pas moins stimulante. Outre une synthèse inédite de la diplomatie de la Mongolie depuis 1990, il offre de nombreux exemples de la manière dont un « petit pays » est en mesure d’exister sur la scène internationale. Il permet ainsi de dépasser, s’il en était encore besoin, le postulat selon lequel la politique étrangère de ces États se résumerait à un simple alignement sur la puissance dominante. L’ouvrage illustre au contraire la spécificité et l’ingéniosité des stratégies qu’ils déploient sur la scène internationale.

Antoine Maire

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Joyeux Noël !

Fri, 25/12/2020 - 10:00

Human Compatible: AI and the Problem of Control

Wed, 23/12/2020 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Jean-Christophe Noël, chercheur associé au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Stuart Russell, Human Compatible: AI and the Problem of Control (Viking Press, 2019, 352 pages).

La principale question posée par Human Compatible est de savoir comment les hommes pourraient garder le contrôle sur une super Intelligence artificielle (IA), c’est-à-dire sur une machine possédant un niveau d’intelligence supérieur aux êtres humains les plus brillants, pour éviter qu’elle ne provoque les pires désastres. L’enquête menée sert également de prétexte pour présenter des réflexions plus générales sur l’Intelligence artificielle.

Stuart Russell est une personnalité reconnue dans le monde de l’IA. Professeur de sciences informatiques à l’université de Berkeley, il a déjà publié Artificial Intelligence: A Modern Approach, qui constitue un des principaux livres de référence sur l’IA, et qui en est à sa quatrième édition depuis sa sortie de 1995.

Dans son nouveau livre, Stuart Russell s’étonne du manque d’intérêt général sur l’émergence possible d’une super IA. Après tout, écrit-il, si nous détections un grand astéroïde dont la trajectoire croiserait celle de la Terre en 2069, nous ne nous demanderions pas s’il serait prématuré de s’en inquiéter. Or l’éclosion d’une super intelligence est envisageable, selon l’auteur, dans des délais qui pourraient être bien plus proches qu’on ne croit. Alors, que faire ?

Pour répondre à cette question, l’auteur décompose son livre en trois parties. Les premiers chapitres décrivent l’histoire de l’IA et proposent quelques réflexions sur son évolution future. Les capacités et les limites des systèmes actuels sont notamment décrites.

La deuxième partie traite des problèmes qui apparaissent dès lors qu’une machine dispose d’une part d’« intelligence ». Le quatrième chapitre est notamment consacré aux risques qui se dessinent avec l’importance toujours plus grande prise par les machines dans des domaines aussi variés que la surveillance, les armes automatisées ou le monde du travail.

La troisième et dernière partie propose des solutions originales pour imaginer un fonctionnement favorable et vertueux d’une super IA pour les hommes. Se fondant sur les principes de l’utilitarisme, Russell affirme que le seul but d’une IA doit être de maximiser la réalisation des préférences humaines. Elle doit cependant ignorer la nature de ces préférences et observer le comportement des hommes pour s’en inspirer et fixer son modèle. La machine dépendra ainsi étroitement des êtres humains pour son fonctionnement.

Ce livre suscite quelques interrogations. Les arguments justifiant l’émergence de la super IA manquent parfois de force. Le problème de la conscience des machines est par ailleurs mis de côté, l’auteur soulignant l’ignorance générale sur ce sujet, puis clôturant brutalement la discussion. Certains pourront enfin préférer privilégier la transparence ou la surveillance des programmes informatiques pour réduire l’autonomie des machines, plutôt qu’une pensée utilitariste, qui peut manquer de convaincre des experts peu sensibles à ses préceptes.

Il n’en reste pas moins que l’ouvrage de Stuart Russell est passionnant. Sa lecture stimulera sans nul doute ses lecteurs, qu’ils évoluent dans le secteur de l’IA ou qu’ils en découvrent seulement les fondements.

Jean-Christophe Noël

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«  La majorité des Écossais soutient l’indépendance  »

Tue, 22/12/2020 - 15:00

Dans une interview accordée le 17 décembre à La Croix, Kirsty Hughes, directrice du Scottish Center on European Relations, revient sur le Brexit et ses conséquences pour le Royaume-Uni, notamment les Écossais. Kirsty Hugues est l’auteure de l’article « Le Brexit et la fragmentation du Royaume », dans le dernier numéro de Politique étrangère (n° 4/2020) qui consacre son dossier principal au Brexit.

La Croix : Avec le Brexit, les tensions entre les différentes composantes du Royaume-Uni s’accentuent. Y a-t-il le risque d’un éclatement ?

Kirsty Hughes : Il y a des tensions constitutionnelles entre les quatre parties du royaume, l’Écosse, l’Irlande du Nord, le pays de Galles et l’Angleterre, ce qui peut paraître étonnant pour un pays qui n’a pas de Constitution écrite. Ces tensions existaient avant le Brexit, depuis le référendum écossais de 2014, même si le vote a donné une majorité de 55 % pour rester dans le Royaume-Uni.

Le camp indépendantiste s’est mis à espérer. Il a toujours eu le soutien des jeunes, et aujourd’hui les deux tiers des personnes de moins de 50 ans soutiennent l’indépendance. Et le fait que Londres et Édimbourg s’étaient mis d’accord, à l’époque, pour ce référendum qui aurait pu mettre fin à l’unité du Royaume-Uni, fut une grande avancée.

Aujourd’hui Boris Johnson refuse un tel référendum. Or, depuis que le pays est sorti de l’UE, 51 à 58 % des Écossais soutiennent l’indépendance. Car beaucoup désapprouvent la gestion de la crise sanitaire par Boris Johnson et son gouvernement. Les Écossais non indépendantistes, comme les conservateurs et les travaillistes, font eux aussi confiance à la première ministre écossaise et cheffe du parti indépendantiste (SNP) Nicola Sturgeon, qui a obtenu 70 % d’approbation, pour sa gestion du Covid-19.

Une réunification de l’Irlande serait-elle aussi imaginable ?

K. H : Qu’une majorité d’Irlandais du Nord et du Sud souhaite la réunification, prévue dans l’accord du Vendredi saint (1998), est possible dans un proche avenir compte tenu du Brexit. Imaginons aussi que l’Écosse organise un référendum dans deux ans et que les indépendantistes l’emportent, cela aura un impact non négligeable sur la politique en Irlande du Nord. Les Irlandais voudront-ils rester dans le Royaume-Uni réduit à l’Angleterre et au pays de Galles ? La question est : quand veut-on organiser un référendum sur la réunification de l’Irlande ?

Le vote favorable au Brexit est-il l’expression d’un nationalisme anglais ?

K. H : Oui, je le crois vraiment. Et si le pays de Galles a lui aussi voté, à une très faible majorité, pour le Brexit, c’est parce que ce sont principalement des Anglais retraités qui y ont voté dans ce sens. En Écosse, 38 % ont voté pour le Brexit ce qui n’est pas massif, et il s’agissait surtout de gens pauvres qui voulaient que les choses changent.

Le Parti conservateur est de plus en plus un parti anglais et gallois. Il n’existe pas en Irlande du Nord, et en Écosse, il représente 20 à 25 % des voix seulement. Ce nationalisme anglais a été encouragé par les divisions internes au sein du parti et par le fait que les eurosceptiques, minoritaires il y a vingt ans, le dominent aujourd’hui. Je me souviens que Malcolm Rifkind, ancien ministre des affaires étrangères conservateur, aujourd’hui à la retraite, évoquait la nécessité d’un Royaume-Uni plus fédéral, mais les gens comme lui sont désormais minoritaires au sein du parti.

Aujourd’hui, les conservateurs écossais ne se sentent-ils pas plus écossais qu’anglais ?

K. H : Le Brexit a divisé les Tories écossais. La plupart de ses politiciens ont fait campagne pour le Remain, y compris Ruth Davidson, qui était alors la cheffe du parti. Une fois que le résultat en faveur du Brexit a été connu, ils auraient pu tenter d’influencer le gouvernement de Londres pour aller vers un soft Brexit ou même pour organiser un second référendum. Mais au lieu de cela, ils se sont alignés sur la première ministre britannique, Theresa May. Aujourd’hui, alors même que Londres a adopté une approche plus agressive envers l’Écosse, on peut voir au cœur d’Édimbourg, un immense drapeau de l’Union Jack planté sur un grand immeuble !

L’Écosse ne fait plus partie de l’Union européenne. Si elle votait pour son indépendance, sa réintégration serait-elle possible ?

K. H : Pour l’heure, l’Union européenne cherche plutôt à bâtir une meilleure relation avec Londres, elle n’est pas favorable à l’éclatement du Royaume-Uni. Sur l’indépendance de l’Écosse, les Européens ne prendront pas position, ils resteront neutres. Mais si la séparation est agréée avec Londres, je pense que l’UE accepterait d’intégrer l’Écosse en tant qu’État indépendant. Car c’est une économie de marché, une démocratie de longue date. Si l’Écosse vote pour son indépendance dans deux ou trois ans, elle pourrait rejoindre l’UE d’ici à 2030. Et si l’Irlande du Nord quitte aussi le Royaume-Uni, l’Angleterre et le pays de Galles vont peut-être enfin vivre dans le monde d’aujourd’hui, au lieu de vivre dans le mythe d’une grandeur passée.

Retrouvez l’interview de Kirsty Hughes ici.

Retrouvez l’article de Kirsty Hughes ici.

Retrouvez le sommaire du numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020) ici.

[CITATION] La politique étrangère britannique après le Brexit

Tue, 22/12/2020 - 09:00

Accéder à l’article de Stephen Wall, « La politique étrangère britannique après le Brexit : la géographie, c’est le destin » ici.

Retrouvez le sommaire complet du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

Assassinats ciblés

Mon, 21/12/2020 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Laure de Rochegonde, chercheuse au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Amélie Férey, Assassinats ciblés. Critique du libéralisme armé (CNRS Éditions, 2020, 368 pages).

Si le fait d’abattre un ennemi n’est pas nouveau, la conduite de la guerre au XXIe siècle a vu l’émergence de tactiques visant à l’éliminer avant même qu’il n’attaque. Ces opérations d’assassinats ciblés ne sont toutefois pas respectueuses du cadre légal international. Pourquoi une pratique considérée comme illégale a-t‑elle été adoptée par des États censés placer le respect du droit international au cœur de leur politique étrangère ? C’est cette énigme que s’attache à résoudre Amélie Férey, chercheuse en science politique au Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), dans cet ouvrage issu des recherches et des enquêtes de terrain menées pour sa thèse de doctorat.

Initialement très controversés, les assassinats ciblés sont devenus une pratique courante dans un paysage stratégique contemporain marqué par l’avènement de la « guerre contre le terrorisme ». Ainsi François Hollande a-t‑il reconnu que la France avait mené des opérations « homo » (pour homicide) au cours de son mandat contre des chefs djihadistes. En 2019, l’armée française s’est en outre dotée de drones armés, très prisés pour les opérations de targeted killing.

Pour comprendre la manière dont les démocraties sont parvenues à faire accepter ce droit de tuer, l’auteur examine les arguments mobilisés par les gouvernements américains et israéliens – qui en sont les figures de proue – depuis le début des années 2000. La légitimation de ces frappes, explique-t‑elle, est symptomatique d’un changement dans l’art de la guerre et fait intervenir quatre aspects de la légitimité : les aspects traditionnel, formel, conséquentialiste et substantiel. Une violence politique serait légitime à condition qu’elle respecte la tradition guerrière, qu’elle n’aille pas à l’encontre des régulations légales, qu’elle permette d’obtenir des résultats satisfaisants, et qu’elle puisse faire l’objet de contrôles, en particulier démocratiques. Les régimes libéraux que sont Israël et les États-Unis s’autorisent donc à perpétrer des assassinats ciblés parce qu’ils estiment que ceux-ci sont conformes au droit (c’est-à-dire qu’ils sont légaux), qu’ils engendrent un bien-être général supérieur au coût humain qui les accompagne (qu’ils sont par conséquent utiles), et qu’ils peuvent se justifier moralement (ils sont dès lors considérés comme moraux).

Comme le souligne Frédéric Gros dans sa préface, l’intérêt de cet ouvrage tient aussi à ce que l’auteur, sans condamner les assassinats ciblés, fragilise les argumentations visant à les légitimer. Ce faisant, elle aide le lecteur à se repérer dans les grands débats qui entourent cette pratique. Tient-elle de la frappe punitive ou de la guerre préventive ? A-t‑elle un rôle dissuasif et lutte-t‑elle efficacement contre la menace terroriste ? Cette analyse, si elle se fonde sur les cas américain et israélien, est aussi intéressante pour saisir les ambivalences de la position française sur le sujet.

Alors que l’exécution par un drone américain du général iranien Qassam Soleimani en janvier 2020 a donné lieu à de vifs débats, cet ouvrage apparaîtra essentiel à tous ceux qui veulent comprendre les procédés par lesquels certains États s’autorisent à « éliminer l’ennemi avant qu’il ne nuise ». Il éclaire les évolutions et les reformulations de la violence légitime en démocratie libérale, à l’aune de la « guerre contre le terrorisme ».

Laure de Rochegonde

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Russia-NATO: Controlling Confrontation

Fri, 18/12/2020 - 09:30

This article is the English version of : Dmitri Trenin, « Russie/OTAN : maîtriser la confrontation », published in Politique étrangère, Vol. 81, Issue 4 , 2016.

NATO’s Warsaw Summit in July 2016 translated into hard military facts the consequences of the political decisions announced at the alliance’s Wales Summit in September 2014, in response to Russia’s actions in Ukraine. As a result, politico-military standoff has returned to Europe after a quarter-century-long “holiday period” of security cooperation ushered in by the end of the Cold War. This new-old standoff will probably last a long time, and heavily affect the security of all countries in Europe, whether members of NATO or not. The situation needs to be taken seriously, with a view to, in the first instance, managing the very real immediate risks that flow from it, and, in the second instance, looking for ways to provide stability to Europe’s downgraded security situation.

The current status of US-Russian and NATO-Russian relations is often compared to the Cold War. This is misleading. The confrontation today is not nearly as fundamental as was the conflict between the Soviet Union and the United States in the 1940s-1980s, with its clash of ideologies, the watertight nature of the Iron Curtain, economic quasi-isolation, and the ever-present fear of a nuclear Armageddon. Today’s situation is different in many ways, but it could be as dangerous. Those who use the Cold War analogy risk looking for the things that will never happen again – and missing new ones that might happen.

Europe: A new division?

In Moscow, NATO is again seen as the main platform for US military presence in Europe and the chief instrument of Washington’s political domination in that part of the world. The Kremlin roundly rejects Western references to Russia’s actions in Crimea and its policies in Ukraine as the main reason for NATO’s reawakening. Rather, it is the process of NATO’s enlargement to the east, which began over two decades ago, that is usually seen in Russia as the central cause of the breakdown of Russian-Western security cooperation in the 1990s and 2000s. President Vladimir Putin publicly described the use of Russian military force in Crimea in 2014 as preventive action against post-Maidan Ukraine’s potential accession to NATO.

The decisions formally taken in Warsaw in 2016 had been openly discussed for some time, and did not come as a surprise to Moscow, which was able to calmly analyze them. Thus, they did not produce a new crisis, in and of themselves. A total of four NATO battalions newly deployed in each of the three Baltic States, and Poland, plus a multinational brigade in Romania are a far cry from the one million-strong contingent of NATO forces long stationed in West Germany. NATO’s Rapid Deployment Force, with six new command posts in the eastern NATO member states, is not an immediate threat to Russia. More frequent NATO exercises close to Russia’s borders command attention, but again they do not look like a covert phase of an imminent invasion.

Yet, the division of Europe is a fact, and its consequences are real. The dividing line on the continent now passes much farther to the east than it used to. The distance from the Estonian border to St Petersburg is less than 200km. The nearest US military base, in Poland’s portion of the former East Prussia, will be just 60km from the Russian border, and 135km from Kaliningrad. Russian military planners highly respect the US military’s capability of transporting large forces across huge distances in short periods of time, and have to consider various contingencies. Russia’s security buffer in the western strategic direction has shrunk considerably. NATO’s current policy toward Russia is routinely described in Moscow as containment. […]

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[CITATION] Breaking up is hard to do. Royaume-Uni et Union européenne après le Brexit

Thu, 17/12/2020 - 09:30

Accédez à l’article de Florence Faucher et Colin Hay ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

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