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Politique étrangère (IFRI)

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La revue de référence sur les questions internationales
Updated: 1 month 6 days ago

Mindfuck

Thu, 04/03/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Jean-Baptiste Florant, chercheur au Centre des études de sécurité à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Christopher Wylie, Mindfuck. Le complot Cambridge Analytica pour s’emparer de nos cerveaux (Grasset, 2020, 512 pages).

Mindfuck de Christopher Wylie a fait l’effet d’une bombe médiatique lors de sa parution en anglais en 2019 ; il fait aujourd’hui l’objet d’une traduction en français. Lanceur d’alerte de nationalité canadienne, l’auteur décrit de l’intérieur la machine Cambridge Analytica qui a plongé le géant du numérique Facebook dans un scandale retentissant. Informaticien de génie, personnalité riche et volontiers anticonformiste, Christopher Wylie explique dans un ouvrage documenté, au style spontané, comment les techniques de marketing digital les plus agressives et intrusives ont envahi l’espace politique contemporain, et biaisé le processus démocratique en vue de conquérir sans vergogne le pouvoir.

Cambridge Analytica est une société londonienne cofondée en 2013 par Alastair MacWillson, probable officier de renseignement du Secret Intelligence Service ayant servi en qualité de diplomate au Foreign Office. Spécialisée dans l’exploration et l’analyse des données numériques, cette société était une filiale de l’entreprise de marketing politique Strategic Communications Laboratories Group (SCL), engagée notamment au profit des forces britanniques et américaines en Afghanistan et en Irak. Soutenue par les courants conservateurs britanniques et américains, Cambridge Analytica avait pour raison d’être d’analyser les audiences sur Facebook et d’influencer les comportements des électeurs. Cette société a notamment eu pour mission de peser sur les élections américaines au Congrès en 2014, sur le référendum britannique relatif à la sortie de l’Union européenne, et sur l’élection présidentielle américaine en 2016.

Pour ce faire, elle a perverti les systèmes de traitement de données des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), créés à l’origine pour vendre des espaces publicitaires et faire fonctionner leur modèle économique : pour Cambridge Analytica le vote démocratique s’apparente à un achat d’impulsion.

Par son témoignage, Christopher Wylie éveille les consciences sur la face cachée des réseaux sociaux qui, derrière des interfaces toujours plus conviviales et des fonctionnalités attractives, agrègent, traitent et stockent en temps réel des quantités considérables de données personnelles provenant de leurs utilisateurs. Or ces données, qui valent de l’or, permettent de connaître, à un niveau vertigineux de détails, les comportements, goûts, humeurs et opinions des internautes. Ce qui fait dire à Christopher Wylie, à la suite du chercheur Michal Kosinski, que les réseaux sociaux connaissent souvent bien mieux leurs utilisateurs que leur entourage le plus proche.

Ce livre permet de mieux comprendre, par l’exemple, le rôle central de la donnée personnelle dans l’économie numérique, et la façon dont elle peut être détournée à des fins politiques. Mindfuck illustre à merveille ce que l’Américaine Shoshana Zuboff, professeur émérite à la Harvard Business School, théorise dans L’Âge du capitalisme de surveillance[1] paru aux États-Unis en 2019 et publié en français au mois d’octobre 2020 : une économie intrusive qui va à l’encontre des libertés individuelles fondamentales.

Jean-Baptiste Florant

[1]Retrouvez la recension de cet ouvrage dans le n° 3/2019 de Politique étrangère, p. 168-170.

PE n° 1/2021 : J-5 !

Wed, 03/03/2021 - 09:30

Le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 1/2021) va paraître (J-5) ! Il consacre un dossier spécial à la pauvreté et à son retour suite au choc du COVID-19, et un Contrechamps à l’ONU.  Et comme à chaque nouveau numéro, de nombreux autres articles viennent éclairer l’actualité : la diplomatie chinoise, les États-Unis et la guerre du Haut-Karabagh, la gouvernance mondiale, le Liban, l’armée nigériane et Boko Haram…

Envie d’en savoir plus ? Cliquez sans plus attendre sur cette vidéo !

[CITATION] Les enjeux de la Conférence d’examen du TNP

Tue, 02/03/2021 - 09:30

Accédez à l’article de Tiphaine de Champchesnel ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

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Mon, 01/03/2021 - 10:08
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Europe after COVID

Fri, 26/02/2021 - 09:30

This article is the English version of : Clément Beaune, « L’Europe, par delà le COVID-19 », published in Politique étrangère, Vol. 85, Issue 3, 2020.

A few weeks after the groundbreaking budget agreement adopted by the European Council on July 21, 2020, it would be tempting to say that COVID-19 changed everything in the European Union (EU), in line with the oft-repeated principle: “It takes a crisis for Europe to act.” Like all clichés, there is some truth in this statement. The EU’s shared debt plan is the most important boost to European integration since the euro, and a step that would have been impossible without this crisis. This major progress owes, in large part, to a less obvious dynamic—the return of a golden triangle, which had not made such an impact since the early 1990s—the French-German partnership and an ambitious European Commission.

The EU must also address that citizens’ expectations regarding Europe have increased, which has long been underestimated. They criticize it less for interfering with national competences than for its failure to act on shared challenges. In the past, it was migration; now it is health, from the lack of harmonized quarantine measures to shared research on a vaccine. Nowadays, citizens expect Europe to take action, and criticize it when it does not act sufficiently, acts too late, or fails to act.
The COVID-19 crisis has also shown that the EU’s effectiveness seems linked to its competences: it is responsive in the economic sphere (suspension of budgetary rules or state aid, large-scale monetary support), largely powerless in coordinating border restrictions, and practically nonexistent in terms of the core health aspect of the crisis…

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Frankreich und Deutschland: Yin und Yang der EU-Reform

Wed, 24/02/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Hans Stark, ancien secrétaire général du Cerfa à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Joachim Lange et Henrik Uterwedde, Frankreich und Deustchland: Yin und Yang der EU-Reform  (Nomos Verlag, 2019, 200 pages).

Le 18 mai 2020, le gouvernement allemand provoquait une surprise générale en annonçant avec son partenaire français un plan de relance de 500 milliards d’euros, empruntés par l’Union européenne (UE). Avec cette initiative, partiellement diluée au Conseil européen du mois de juillet, l’Allemagne acceptait le principe d’une mutualisation des dettes européennes – même si elle soulignait par la suite qu’il s’agissait d’une mesure exceptionnelle rendue nécessaire par le contexte de la crise sanitaire et la crise économique qu’elle a déclenchée. Pourtant, s’il s’agit bien d’un véritable tournant dans la politique allemande en matière de gouvernance de la zone euro, il ne s’explique évidemment pas par la seule crise sanitaire.

Pour comprendre le cheminement du gouvernement fédéral, mais aussi le rapprochement, lent mais constant des positions françaises et allemandes depuis le sommet de Meseberg de juin 2018, l’ouvrage de Joachim Lange et de Henrik Uterwedde tombe à point nommé. Réunissant les analyses croisées de neuf économistes allemands et français, il analyse la politique économique des deux pays sous l’angle de l’évolution de la zone euro depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, en trois parties : les propositions de réformes économiques de Macron et les réponses allemandes ; Paris et Berlin face à la zone euro dix ans après la crise de la dette souveraine ; au-delà d’Emmanuel Macron : les réformes dont la zone euro a besoin.

Il ressort de ce plan que les différences structurelles entre les politiques et les performances économiques des deux pays forment certes le cadre général dans lequel évolue l’économie de l’UE dans son ensemble, mais que ces différences, qui s’accentuent, menacent dans le même temps les fondements du marché unique, et donc de la zone euro. Cet avertissement ressort clairement des contributions de Henrik Uterwedde, Rémy Lallement et Martin Hallet, qui passent chacun à la loupe, et donc avec une précision chirurgicale fort peu complaisante, l’évolution économique de nos deux pays.

S’ils critiquent les aléas des politiques de réforme économique en France, et notamment les concessions faites à ceux qui y résistent, les auteurs se montrent tout aussi sévères à l’égard des postulats ordo-libéraux allemands. Michael Thöne revendique ainsi une programmation financière plus audacieuse dans le cadre l’UE, tandis que Christian Kastrop, Frédéric Petit et Birgit Honé réclament des réformes plus ambitieuses, qu’ils détaillent dans leurs analyses.

L’ouvrage mérite clairement une traduction en français, qui pourrait aller de pair avec une actualisation tenant compte des événements de 2020. Il en ressort que les économistes allemands sont conscients des risques que le décrochage économique et les divergences idéologiques entre les 19 (et surtout entre Paris et Berlin) font peser sur le projet européen. En témoignent le retournement allemand face au financement de l’UE, mais aussi les prises d’initiative d’Ursula Von der Leyen. Cet ouvrage, en conclusion, permet de comprendre un changement de paradigme.

Hans Stark

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[CITATION] L’Amérique latine à l’épreuve du COVID-19

Tue, 23/02/2021 - 09:30

Accédez à l’article de Florian Vidal ici.

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Le triomphe de l’injustice

Wed, 17/02/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, Le triomphe de l’injustice. Richesse, évasion fiscale et démocratie (Le Seuil, 2020, 304 pages).

Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, professeurs d’économie à l’Université de Californie à Berkeley, donnent un aperçu de l’histoire fiscale des États-Unis et analysent le creusement des inégalités depuis l’ère Reagan, signalant ses effets dévastateurs sur la démocratie américaine.

Les deux premiers chapitres battent en brèche l’idée selon laquelle les États-Unis ont toujours été un pays à faible pression fiscale. L’un des éléments constitutifs du New Deal fut en effet la mise en place d’un système fiscal très progressif, destiné à réduire les inégalités et à instaurer de facto un revenu maximum. C’est ce système qui a été démantelé par les Républicains dans les années 1980, aboutissant à des écarts de revenus vertigineux.

Les statistiques présentées pour illustrer ce phénomène sont édifiantes. Par exemple, en 1978, la moitié des Américains les plus pauvres captaient 20 % du revenu national contre seulement 12 % pour le centile supérieur. En 2018, ces proportions s’étaient inversées. La fiscalité a largement contribué à façonner cette tendance. Entre 1980 et 2018, le taux effectif d’imposition des 50 % les plus pauvres est resté stable, alors que celui des 400 Américains les plus riches a été divisé par deux, devenant même inférieur à celui des classes populaire et moyenne ! Cette évolution est le résultat de plusieurs facteurs : en premier lieu, les baisses successives des impôts sur le revenu et sur les sociétés. Mais le creusement des inégalités est aussi la conséquence de l’explosion de l’optimisation et de l’évasion fiscales à partir des années 1980, au moment où la pression fiscale ne cessait de diminuer. Cet argument fort d’Emmanuel Saez et Gabriel Zucman décrédibilise ainsi tous ceux qui proclament que s’il y a des paradis fiscaux, c’est simplement parce qu’il y a des « enfers fiscaux ».

Afin de combattre les inégalités et stopper la concurrence fiscale entre États développés, les auteurs avancent une longue liste de propositions. D’abord, chercher une coordination au niveau du G20 en vue d’harmoniser et d’appliquer un taux unique d’impôt sur les sociétés. Ensuite, instaurer un « impôt de rattrapage » pour récupérer le manque à gagner lié aux bénéfices d’entreprises et aux capitaux divers qui filent dans les paradis fiscaux. Il est suggéré que les pays à fiscalité élevée collectent les impôts dus aux États récalcitrants dans le but de les convaincre de se joindre au mouvement. Cette proposition, séduisante sur le papier, est cependant susceptible de fragiliser l’existence de nombreuses entreprises. Sont également préconisées la taxation des transactions financières avec les paradis fiscaux non coopératifs, la création d’une autorité anti-optimisation, l’instauration d’un impôt sur la fortune, et la fusion de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés – l’objectif étant qu’un dollar de salaire soit imposé au même taux qu’un dollar de bénéfice. Enfin, il est envisagé de créer un impôt sur le revenu national à taux unique pour remplacer les primes d’assurance que les classes populaire et moyenne versent pour leur couverture santé.

Cet ouvrage brille par sa rigueur, sa cohérence et sa clarté. Certaines de ses recommandations sont discutables, mais d’autres mériteraient d’être appliquées dès que possible.

Norbert Gaillard

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[CITATION] COVID-19 : l’Afrique face à une crise mondiale

Tue, 16/02/2021 - 09:30

Accédez à l’article de Fred Eboko et Sina Schlimmer ici.

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La RDA après la RDA

Mon, 15/02/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Paul Maurice, chercheur au Cerfa à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Agnès Arp et Élisa Goudin-Steinmann, La RDA après la RDA. Des Allemands de l’Est racontent (Nouveau Monde, 2020, 408 pages).

La question centrale posée par Agnès Arp et Élisa Goudin-Steinmann est contenue dans le titre de leur ouvrage : en quoi la République démocratique allemande (RDA) continue-t‑elle d’avoir une influence sur la société allemande, même après sa disparition, y compris sur les générations qui ne l’ont que très peu, voire pas, connue ?

Pour les auteurs, ce qui fait aujourd’hui l’expérience d’être « Allemand de l’Est » est peut-être davantage ce qui s’est passé après la chute du Mur que durant les quarante années d’existence de la RDA : la délégitimation d’une histoire écrite par l’Ouest et les « vainqueurs de l’histoire ». L’objectif de cette écriture biaisée de la RDA après 1989-1990, centrée sur l’omniprésence de la Stasi, sur la domination politique du Parti socialiste unifié d’Allemagne (SED), ou sur l’assujettissement à l’URSS, était de renforcer la démocratie dans les « nouveaux Länder ». Mais ceci a, au contraire, conduit à une exclusion des citoyens de l’ex-RDA, de leur vécu et de leurs parcours personnels.

Depuis une dizaine d’années, la recherche scientifique tend à évoluer – les deux chercheuses font d’ailleurs un bilan de ces évolutions historiographiques, dans lesquelles elles s’insèrent, dans la quatrième partie de l’ouvrage (« Dédiabolisation ? La RDA dans la recherche scientifique »). On cherche désormais à s’intéresser aux gens « ordinaires », et à une histoire orale de la RDA.

L’originalité de l’ouvrage tient aux entretiens biographiques avec 19 citoyens de l’ex-RDA. Il s’agit de citoyens qui n’étaient ni dans l’opposition militante, ni dans le soutien actif – à l’exception d’un seul fonctionnaire du régime. Ils se trouvaient dans l’entre-deux, où l’on donne le change tout en étant critique envers l’emprise du politique sur le quotidien, en conservant l’Eigensinn, le quant à soi, défini par l’historien Alf Lüdcke, la possibilité de s’arranger avec les opportunités qui s’ouvrent.

Il s’agit ici non de généraliser à partir d’un panel réduit, mais de redonner la voix à ces citoyens de l’ex-RDA, issus de milieux intellectuels et sociaux très différents, mais aussi de trois générations différentes. Celle des « pères fondateurs », qui ont vécu le traumatisme du nazisme et fait le choix volontaire de s’installer en RDA, en se sentant une responsabilité face à l’histoire. Celle du baby-boom, les « nés-dedans » (Hineingeborenen), pour qui 1989 a signifié des temps difficiles : ils n’ont connu que la RDA et ont eu des difficultés à se réinventer. Enfin celle des Wendekinder, nés autour des années 1970, trop jeunes pour avoir eu des choix difficiles à faire, et qui n’ont connu la RDA que dans l’enfance.

Par leur démarche mêlant témoignage et analyse, Agnès Arp et Élisa Goudin-Steinmann cherchent à montrer en quoi les mémoires des citoyens divergent autant des discours médiatiques. Les principaux témoignages aboutissent à un constat similaire : celui d’une vie qualifiée de « normale », d’autant plus qu’elle est révélée en creux par les ruptures biographiques après 1989-1990. Si nul ne regrette la période du Mur, les témoins insistent sur des aspects essentiels de leur existence : l’absence de chômage, le système de santé, l’indépendance économique des femmes, les loyers dérisoires.

Pour améliorer la compréhension du moment 1989-1990 comme situation historique, il est intéressant de prendre en compte ces discours des citoyens eux-mêmes, révélateurs des impensés de la réunification et de leur prix politique.

Paul Maurice

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The Waning of Universalism

Fri, 12/02/2021 - 09:30

This article is the English version of : Chantal Delsol, « Le crépuscule de l’universel », published in Politique étrangère, Vol. 84, Issue 1, 2019.

During the two centuries following the French Revolution, Western culture has claimed its status as upholder of universal values to justify its spread around the world. Our conquests were disguised as missions, in keeping with a long tradition – from Pericles bringing democracy to subject cities, through to Christians leading crusades in the name of Truth. A faith in human rights was the new gospel preached by its disciples. And the message was getting through. After Peter the Great’s Westernization of Russia by force, Japan and Turkey followed suit. Over two centuries, foreign cultures all became Westernized, more or less of their own will, and often laying claim to our principles and using our terminology.

All regimes, even autocratic ones, were keen to call themselves “democratic.” Western leaders, who toured the world to lecture on human rights, were frequently received in host countries with protestations of the countries’ excellent democratic credentials. The general feeling that there was some virtue attached to Western culture came from the idea of progress. Everyone wanted to be “modern.” History was even reinterpreted. Perhaps more out of diplomacy than conviction, the Chinese went so far as to claim around the time of the 1948 Universal Declaration of Human Rights that they had played a role in starting the eighteenth-century Enlightenment. 

All this was true until the turn of the twenty-first century. For almost twenty years now, the Western message has been received differently. And on all continents: in China and many of its neighbors, in the majority of Islamic countries, and in Russia. What is new is that for the first time, we are confronted by foreign cultures that openly oppose our model, reject it with reasons, and justify a different type of society from ours. In other words, they dismiss the universality of the principles we sought to bring to the world and possibly see them as the results of an ideology. This rejection is new, not in its expression, but rather in its scale. It overturns the understanding of universalism we thought we upheld. It changes the geopolitical order. The ideological nature of the break is beyond all doubt: it is our individualism that is in question, and everything that comes with it.

Several points need to be made in order to gain a better understanding of this unprecedented situation. The cultural centers in question tend to put forward similar arguments to delegitimize the West. They question our role as a culture of emancipation and freedom; and their role, they say, is to defend communities, both small and large. One might say that in the face of the individualist West a huge holistic front has been opened up. Certainly, the bipolar world of the Cold War, which left a unipolar world after the fall of the Berlin Wall, has now become multipolar. But rather than seeing here a “clash of civilizations,” one should first attempt to ascertain the extent of the anti-Western movement that is being expressed everywhere and giving way to a new era. […]

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Comment Trump a-t-il changé le monde ?

Wed, 10/02/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Dominique David, rédacteur en chef de Politique étrangère, propose une analyse de l’ouvrage de Charles-Philippe David et Élisabeth Vallet, Comment Trump a-t-il changé le monde ? (CNRS Éditions, 2020, 144 pages).

Donald Trump a changé le regard des États-Unis sur eux-mêmes, et celui du monde sur les États-Unis : en ce sens, il y aura bien un avant et un après-Trump. Mais a-t‑il créé un monde neuf, radicalement réorienté la stratégie américaine et, compte tenu du poids des États-Unis, l’ensemble des relations internationales ?

La litanie des décisions de Trump prenant le contre-pied de ses prédécesseurs et contredisant la représentation occidentale du monde post-bipolaire – le fameux « ordre international libéral » dont les années 1990 auraient représenté l’acmé – est connue : contestation tous azimuts des procédures et institutions multilatérales, mise en cause des règles commerciales internationales, abandon du discours du leadership moral au profit de l’America First, réarmement, promotion de la fermeture des frontières, minage de l’alliance occidentale, bienveillance pour les populismes de toutes natures, mise en cause, en interne, des règles de la démocratie américaine… Le passage de la New Frontier kennedyenne au mur mexicain est rude : d’une vision de frontière ouverte à dépasser, à celle d’une clôture imposée à soi-même comme illusoire sauvegarde.

Si le bilan de la présidence Trump est hélas aisé à dresser, son sens et son poids historiques sont moins clairs. Trump représente-t‑il une rupture radicale, ou l’interprétation bruyante, hystérique, de tendances de fond ouvertes avec le siècle ? Trump est-il un révolutionnaire, ou l’interprète mal élevé d’une Amérique qui découvre qu’elle ne peut plus jouer à l’omnipuissance, que l’Occident n’a plus le monopole économique du monde, que ses armes ne dominent plus les rapports de force d’une scène internationale éclatée ?

L’essai de Charles-Philippe David et Élisabeth Vallet semble privilégier l’idée que l’accumulation des décisions et foucades de Trump constitue bien une rupture avec une évolution déjà entamée par George W. Bush, ou même Barack Obama. Il permet aussi de s’orienter dans les grands débats stratégiques d’outre-Atlantique – avec une remarquable batterie de références à la littérature nord-américaine – : entre les avocats de la stratégie concurrentielle, de l’équilibrage collectif, de la stratégie hégémonique libérale, du repli…

Les auteurs concluent à juste titre qu’une réorientation majeure des grands choix américains sera difficile, même après une présidentielle ayant fait justice de Trump. Ce qui est à l’œuvre, en effet, c’est un véritable changement de monde : sans doute la déconstruction d’un système que l’idéologie occidentale nommait « ordre international libéral », rêvant d’une universalité qui n’a jamais existé. Donald J. Trump est l’un des visages du nouveau monde…

Une Amérique plus prévisible, plus démocrate, plus aimable avec ses alliés, serait certes plus rassurante. Mais suffirait-elle à garantir l’ordre d’un monde qui, globalement, cherche à s’affranchir d’elle ? Faut-il regretter – et chercher à restaurer – un ordre occidental sous hégémonie américaine qui appartient sans doute à l’histoire, ou inventer de nouveaux modes de stabilisation pour une scène internationale qui demeurera longtemps écartelée entre puissances qui se cherchent ? Nous aimons l’Amérique « bienveillante », mais les puissances peuvent-elles être bienveillantes quand leur système de domination s’érode ?

Dominique David

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[CITATION] La France et l’UE en Méditerranée

Tue, 09/02/2021 - 09:30

Accédez à l’article de Jean-François Daguzan ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

Schism: China, America, and the Fracturing of the Global Trading System

Mon, 08/02/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Jean-Christophe Defraigne propose une analyse de l’ouvrage de Paul Blustein, Schism: China, America, and the Fracturing of the Global Trading System (The Centre for International Governance Innovation, 2019, 360 pages).

Paul Blustein, ancien journaliste au Washington Post et au Wall Street Journal, publie un livre qui constitue une synthèse assez complète des relations commerciales sino-américaines et de l’évolution des négociations commerciales multilatérales depuis l’ouverture de la Chine et son accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le lecteur trouvera dans cet ouvrage bon nombre de citations intéressantes et d’études de cas de litiges commerciaux. Il y suivra les péripéties de la politique commerciale américaine vis-à-vis de la Chine, mais aussi celles du système multilatéral.

Son analyse de la position des gouvernements successifs des États-Unis, de l’industrie et de l’opinion publique américaines face à la montée commerciale chinoise est assez convaincante et complète. Elle met en évidence la vision optimiste de nombreux officiels américains, quant aux effets de l’entrée de la Chine à l’OMC et de sa libéralisation commerciale sur le système sociopolitique chinois, et sur la pénétration du marché chinois par les firmes américaines, mue en position de plus en plus défensive à partir de la fin des années 2000. Paul Blustein montre comment les autorités américaines se rendent compte que le gouvernement chinois ne poursuit pas un programme de libéralisation visant à adopter le modèle de capitalisme prôné par Washington, mais développe des politiques industrielles et commerciales de type mercantiliste.

Schism est pourtant moins convaincant sur l’analyse de la stratégie chinoise et des causes structurelles de l’affrontement commercial sino-américain. L’opacité du système politique chinois ne permet pas à Blustein d’analyser les motivations de ses dirigeants avec autant de finesse que celles de leurs homologues américains, mais il accorde une importance arbitraire à la personnalité de ces dirigeants chinois dans l’évolution des orientations économiques et géopolitiques du pays, en exagérant parfois les différences entre Zhu Rongji, Hu Jintao et Xi Jinping.

Trop porté sur les péripéties des négociations commerciales, leurs acteurs et les litiges commerciaux au sein de l’OMC, l’ouvrage néglige les contraintes économiques d’une Chine encore en voie de rattrapage, et les effets globaux de l’industrialisation des grandes économies émergentes depuis les années 1990 sur les rapports de force au sein de la gouvernance globale, de l’OMC au Fonds monétaire international (FMI). Les inévitables conséquences géopolitiques de l’exceptionnelle croissance économique de la Chine ces quatre dernières décennies sont abordées de manière trop superficielle. L’ouvrage pêche aussi par une approche partisane en faveur du libéralisme économique multilatéral. Blustein refuse de considérer qu’un État développementaliste puisse efficacement adopter des politiques industrielles et commerciales permettant un rattrapage industriel, technologique et militaire. En écartant d’emblée les arguments interventionnistes d’un Friedrich List ou d’un Paul Krugman, et en ne présentant pas les modèles des politiques industrielles japonaises ou coréennes dont s’inspirent en partie les dirigeants du Parti communiste chinois, il s’interdit d’analyser les éléments de continuité de la politique commerciale chinoise depuis quatre décennies, et sa confrontation inévitable avec les économies les plus avancées – les États-Unis en tête, mais aussi l’Union européenne et le Japon.

Jean-Christophe Defraigne

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Turquie, la grande fuite en avant

Thu, 04/02/2021 - 09:30

Le 19 janvier dernier, Jacques Munier dans sa chronique « Le Journal des idées » sur France Culture a consacré son émission à la Turquie. Il cite à cette occasion l’article de Jana Jabbour, « La Turquie, une puissance émergente qui n’a pas les moyens de ses ambitions », publié dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020).

Le communiqué, publié le 3 janvier par le corps enseignant, résume la situation : « Pour la première fois depuis le régime militaire de 1980, un administrateur non élu et n’appartenant pas au corps enseignant de l’université a été nommé recteur ». Et de dénoncer « des pratiques anti-démocratiques qui vont s’aggravant sans cesse depuis 2016 ». L’université du Bosphore à Istanbul, première université de Turquie, est classée parmi les 500 meilleurs établissements dans le monde. Dans Libération, le philosophe Étienne Balibar et Zeynep Gambetti – ancienne professeure dans cette université – soulignent sa tradition d’autonomie, de liberté scientifique et de respect des valeurs démocratiques. Ils rappellent par exemple la tenue en son sein d’un colloque international sur la situation des Arméniens dans l’Empire ottoman d’avant 1915, qui lui avait valu les foudres des nationalistes et des conservateurs. […]

Une posture proactive en Méditerranée

Au plan géopolitique, « la Turquie adopte une posture de plus en plus hostile aux pays occidentaux » dont son activisme en Méditerranée orientale et en Lybie est l’illustration, résume Jana Jabbour, enseignante à Sciences-Po, dans la revue Politique étrangère. Le titre de son article : « La Turquie, une puissance émergente qui n’a pas les moyens de ses ambitions ».

En adoptant une posture proactive et en s’affirmant comme puissance régionale dans cette région clé pour les équilibres géopolitiques mondiaux, Ankara entend accroître son poids sur la scène internationale pour devenir un État-pivot et un acteur-clé de la gouvernance mondiale. 

Jana Jabbour, Politique étrangère, n° 4/2020.

Accédez à l’émission dans son intégralité ici.

Retrouvez l’article de Jana Jabbour dans son intégralité ici.

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The Reality Game

Wed, 03/02/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Julien Nocetti propose une analyse de l’ouvrage de Samuel Woolley, The Reality Game: How the Next Wave of Technology Will Break the Truth (PublicAffairs, 2020, 272 pages).

Les études sur la propagande et la désinformation sont traversées de nombreux chausse-trappes et néologismes. Dans The Reality Game, il n’est pas question de fake news ; pour l’auteur, l’expression, ultra-malléable, serait devenue un outil de diffusion massive des fausses informations elles-mêmes. Dans la foulée de travaux récents, Samuel Woolley, à la fois universitaire et think tanker, privilégie le terme de computational propaganda, qu’il estime refléter plus fidèlement les mutations technologiques en cours. Celle-ci consiste en la combinaison des usages des réseaux sociaux, des métadonnées (big data) et d’algorithmes d’Intelligence artificielle (IA) dans l’objectif de manipuler l’opinion publique.

Les illustrations abondent : recourir aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) pour attaquer anonymement des journalistes et les dissuader dans leurs enquêtes ; utiliser des serveurs vocaux interactifs imitant la voix humaine pour appeler simultanément des milliers d’électeurs et les désinformer ; utiliser l’IA et les bots pour fausser la communication humaine dans le but de piéger les algorithmes qui gèrent les nouvelles sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux en priorisant certaines par rapport à d’autres. L’idée derrière la computational propaganda est bien de permettre une propagande et une désinformation très personnalisées, tous azimuts, et difficilement maîtrisables pour la victime.

La propagande computationnelle a de nombreux effets bien réels, parfois physiques. Si Samuel Woolley livre des exemples concrets – l’affaire Jamal Khashoggi, les attentats du marathon de Boston en 2013 –, il souligne surtout la dérive technologique de la propagande et de la désinformation à l’ère du tout-numérique. Les vidéos deepfake, qui manipulent la réalité, deviennent de plus en plus crédibles grâce aux outils d’IA, créant un espace d’expression pour de nouveaux types de désinformation – peu coûteux – et présentant un risque élevé d’escalade, notamment dans des contextes électoraux.

Ces outils contribuent à élargir le cercle des acteurs pouvant influencer directement les opinions publiques, voire la prise de décision politique. La désinformation et la subversion « augmentées » à l’IA, moins statiques car diluant plus habilement qu’auparavant l’authentique dans la confusion, renouvelleront, selon l’auteur, les pratiques de guerre informationnelle.

Une autre difficulté majeure tient à l’alignement de facto des intérêts des principaux acteurs de l’« économie de l’attention » (les GAFAM), et de ceux produisant de la désinformation politique. Pour les États, l’un des défis consiste à agir sur le terrain politique en ne laissant pas aux grandes plates-formes le monopole de l’initiative technologique. Woolley n’élude pas la responsabilité des acteurs privés – dont YouTube, souvent « oublié » dans les débats –, qui préfèrent souvent se défausser derrière les promesses de l’IA pour éradiquer désinformation et propagande, au détriment de la prise en compte d’autres facteurs (conditions de travail et formation des modérateurs de ces plates-formes, interrogation sur le profil des consommateurs de la propagande computationnelle, etc.).

Enfin, un des messages de l’ouvrage – nous vivons à une époque où la quête pour contrôler la réalité devient ludique – aurait mérité d’être davantage approfondi, ce que l’auteur fera certainement dans de prochains travaux.

Julien Nocetti

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[CITATION] La Turquie : une puissance émergente qui n’a pas les moyens de ses ambitions

Tue, 02/02/2021 - 09:30

Accédez à l’article de Jana Jabbour ici.

Retrouvez le sommaire du numéro 4/2020 de Politique étrangère ici.

Is a European Democracy Possible?

Fri, 22/01/2021 - 09:30

This article is the English version of : Marie-Françoise Bechtel, « Peut-il y avoir une démocratie européenne ? », published in Politique étrangère, Vol. 83, Issue 4, 2018.

Asking whether a European democracy is in fact possible is clearly a sign of the times. Does this question, which points to a deficit by inviting us to revisit a much-criticized model, also point to a necessary objective? We might initially think not: things move fast in the early twenty-first century and, as Hubert Védrine highlights, the world does not wait for powers to constitute themselves as such if they have neither the desire nor the ability to do so.

In the multilateral world that is currently taking shape, is the key challenge for Europe not rather to present itself as a power that can defend its economic and strategic interests like the other great centers of power, providing itself with the means to speak in an independent voice to the best of its ability? In terms of this challenge—which plants the seeds of tomorrow in the present, and highlights that action cannot be taken too soon—it could be argued that the EU’s internal modes of existence and organization are ultimately of secondary importance. We might even go so far as to apply the reasoning of Thierry de Montbrial, who believes that in the current international order, what counts is the effectiveness of a regime, which results from its power and thus wins the support of its people.  It is, however, undeniable that the EU lacks effectiveness in its self-projection as a power, and above all lacks the support of the peoples within it. This is hardly surprising.

The democratic deficit

It is difficult for any honest observer, let alone a jurist, to deny that the EU has a democratic deficit. Indeed, the word “deficit” is actually something of an understatement here.

What is inevitable?

It is often pointed out how the EU’s expansion made effective governance based on representation worthy of this name impossible, but this overlooks the fact that the European Economic Community (EEC) turned its back on the essential principles of democracy at a very early stage. It was with the Van Gend en Loos ruling in 1963 that the Court of Justice of the European Communities (CJEC) established law decided by the Community authorities as a “sovereign legal order imposed on member states.” This power grab beyond the letter and spirit of the Treaty of Rome initially went unnoticed, as it seemed to represent a diversion from the hierarchy of norms, a kind of challenge destined to remain the only of its kind. However, and contrary to all expectations, this approach ultimately succeeded in the context of inattentiveness and carelessness on the part of the member states: nature abhors a vacuum, and the ambition of judges did the rest.

It was also with the support of judges that EU directives—which, according to the text of the treaty (still in force), “shall be binding, as to the result to be achieved, upon each Member State”—became texts that set out in detail how this “result” should be reached. As a result, the transposition of directives has now become a matter of simply copying and pasting into domestic law extremely dense texts that are usually dictated by non-representative bodies  —a point to which we will return—with ever-increasing reach. While citizens’ obligation to know the law remains theoretical when it comes to national law (which itself has the tendency to become tediously prolix), this deficit is amplified to the nth degree in European law, with these same citizens being aware of its vast extent and nothing else. For thirty years the EU’s powers were continually expanded, and their juxtaposition with out of reach institutions did the rest.

The institutions

The institutions of the modern EU do not fundamentally differ, in their actual definition, from those present at its beginnings. The fact that they exercise an increasing number of sometimes poorly defined powers does however give the devolved powers of the bodies that make up the EU much greater reach.

Technically speaking the EU is an international organization, but one that is sui generis, in which the member states “have freely chosen to exercise some of their powers in common,” as article 88-1 of the French Constitution has stated since Maastricht (1992). This makes it a unique organization. The question is whether the acceptance of supranationality may exempt the institutions of this unique body from respecting democratic standards founded on the separation of powers. These powers are almost entirely absent: first and foremost, there is no legislative power derived from a sovereign people that has exclusive power to define norms, a power that is shared with the Commission. The Commission is itself not only the executive body of the Council of the European Union, but a parallel source of uncontrolled legislative initiative. Meanwhile, judicial authority is beyond the reach of citizens, who can consult the Court only in cases where there is a direct interest, few of which it recognizes. […]

Read the rest of the article here.

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Le coronavirus amplifie les dérèglements du monde

Thu, 21/01/2021 - 09:30

Dans le hors-série Édition 2021 du Monde, le journaliste Philippe Ricard consacre un article à la situation sanitaire mondiale intitulé « Le coronavirus amplifie les dérèglements du monde ». Il y cite notamment Josep Borrell, auteur de l’article « COVID-19 : le monde d’après est déjà là », publié dans le numéro 2/2020 de Politique étrangère.

[…] Au passage, les États occidentaux prennent conscience de leur grande dépendance envers leurs fournisseurs asiatiques. Pas un gramme de paracétamol n’est plus produit en Europe. Au Japon, comme aux États-Unis et en Europe, il est de nouveau question de relocaliser près des consommateurs certaines activités stratégiques, en particulier la fabrication de médicaments. « Notre intérêt politique est de ne pas trop dépendre des puissances qui peuvent, d’une façon ou d’une autre, nous faire payer un jour le prix de notre dépendance », juge Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, dans la revue Politique étrangère (IFRI, été 2020). Pour lui, ajuster la mondialisation pour mieux se protéger ne revient pas à céder au protectionnisme. Un des multiples défis du monde post-Covid, à condition que la planète parvienne à tourner la page aussitôt que possible. […]

Retrouvez l’article de Josep Borrell ici.

Retrouvez le numéro 2/2020 de Politique étrangère ici.

The Hidden History of Burma

Wed, 20/01/2021 - 09:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver 2020-2021 de Politique étrangère (n° 4/2020). Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse associée au Centre Asie de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Thant Myint-U, The Hidden History of Burma: Race, Capitalism, and the Crisis of Democracy in the 21st Century  (W.W.Norton, 2019, 272 pages).

Voilà un livre que tous les intervenants sur la Birmanie/Myanmar devraient lire avant de poser des jugements, souvent définitifs, sur un pays d’une complexité extrême. Thant Myint-U nous invite à mieux saisir cette complexité en replaçant les événements contemporains dans une perspective historique large, avec les clés de lecture indispensables. Historien pétri des réalités birmanes (son grand-père était un homme politique de premier plan avant de devenir secrétaire général des Nations unies), éduqué à Cambridge, Thant Myint-U est à même d’expliquer à des Occidentaux candides les détours du pays qui, accumulés, rendent la situation contemporaine excessivement sensible.

Le Myanmar (l’auteur explique pourquoi le pays change de nom en 1989) compte 55 millions d’habitants, situé entre la Chine et l’Inde, et bordant le Bangladesh et la Thaïlande. Sa population, à 85 % bouddhiste, est composée de plus de 135 ethnies, au faible niveau d’éducation. C’est l’un des pays les plus pauvres d’Asie, parmi les moins industrialisés, au cœur des trafics mondiaux de narcotiques.

Que s’est-il passé pour que ce pays disposant d’une localisation géostratégique de premier plan, de ressources naturelles abondantes et de talents accumule tant d’impasses et finisse en dictature militaire de 1962 à 2010, isolé du reste du monde ? L’auteur explique le poids de l’histoire, la longue marche vers l’unité nationale, une colonisation britannique violente et qui divise, l’intermède japonais puis les spasmes des années post-indépendance. Dans un contexte trouble, Ne Win prend le pouvoir et mène le pays au bord du gouffre avec la « voie birmane vers le socialisme ». Puis l’armée le remplace en 1988, poursuit de sa vindicte Aung San Suu Kyi et met en place un système prédateur dont elle a directement bénéficié. En réaction, les pays occidentaux appliquent de lourdes sanctions qui n’ont fait qu’accélérer les rapprochements avec une Chine gourmande.

L’ouverture et la transition vers la démocratie ont été applaudies par le monde entier et c’est surtout ces années que Thant analyse. L’auteur montre comment le cyclone Nargis a été un déclencheur et a accéléré la transition, en mettant en valeur l’incapacité et les déficiences de l’armée.

Une question court tout au long du livre : pourquoi ce pays n’a-t‑il pas réussi à se constituer en nation ? L’armée, omniprésente et omnipuissante, n’a pas apporté de solutions durables aux multiples fractures de la société. La démocratie n’y a pas mieux réussi : elle a même exacerbé des conflits latents. C’est à la question ethnique qu’Aung San Suu Kyi, en digne fille de son père, s’est d’abord attelée, avant d’être rattrapée par la question religieuse.

Thant Myint-U parle tout au long de son ouvrage de la question rohingya, et de la place très particulière occupée par les minorités musulmanes en Birmanie/Myanmar. Il raconte comment les terribles événements de 2017-2018 trouvent leur origine dans le Raj britannique et se sont compliqués au fil des ans. Finalement, à travers le drame des Rohingyas, l’auteur montre combien son pays était voué à l’échec pour une raison « cachée » – référence au titre de l’ouvrage : parce qu’il est un État sans être encore une nation. L’auteur appelle donc à « un nouveau projet de l’imagination » qui, au-delà des réformes politiques, permettrait une réconciliation profonde et salvatrice.

Sophie Boisseau du Rocher

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