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L'Afrique réelle (Blog de Bernard Lugan)

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Site officiel de l'historien africaniste Bernard Lugan, professeur à l'Université Lyon III et expert au tribunal international d'Arusha
Updated: 1 month 1 week ago

L'Afrique Réelle N°99 - Mars 2018

Thu, 01/03/2018 - 16:37
Sommaire

Actualité :
Algérie : où sont passés les militaires ?

Dossier : Menaces sur le Tchad
- Les trois Tchad
- Le centre et le nord contre le sud (1965-1979)
- De la guerre inter-Toubou au conflit Zaghawa contre Goranes Anakaza (1980-1990)
- Idriss Déby consolide son pouvoir (2004-2010)

Débat :
La traite esclavagiste a-t-elle permis la révolution industrielle européenne ?


Editorial de Bernard Lugan :
Mali : quelle stratégie de sortie de crise ?

En date du 21 février 2018, dans les colonnes du quotidien Le Monde, un « collectif de chercheurs » a publié une tribune intitulée « La France doit rompre avec la rhétorique martiale qui prévaut au Sahel », proposant une sortie de crise associée à un début de retrait français et à l’ouverture de discussions des autorités maliennes avec les jihadistes.

Si un consensus semble s’établir sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne les erreurs de la communauté internationale dans la recherche d’accords hors sol, dans l’embouteillage sécuritaire interdisant toute action cohérente, et dans la référence à la nécessité de l’implication algérienne, je ne partage cependant pas le point de vue des auteurs de la tribune quant à leur proposition de sortie de crise.
Mes arguments sont les suivants :

- Comme je ne cesse de le dire depuis des années, le jihadisme n’est pas ici l’essentiel puisqu’il est d’abord la surinfection d’une plaie ethno-« raciale » que les autorités de Bamako n’ont pas l’intention de cautériser.
- Les auteurs font largement l’impasse sur la question touareg qui est pourtant à l’origine du conflit.
- Selon les signataires de cette tribune, ce serait paradoxalement la présence militaire française qui radicaliserait la situation et empêcherait les acteurs locaux de discuter entre eux[1]...

Ce dernier point appelle quatre grandes remarques :

1) Au Mali, les protagonistes n’ont pas attendu la présence militaire française pour livrer les guerres de 1963, de 1984, de 1990, de 1992, de 2006 et de 2008…
2) Dans le Macina, la guerre ethno-sociale se fait hors présence militaire française.
3) Qui peut penser que le départ des forces françaises permettrait, comme par un coup de baguette magique, de réunir autour de l’arbre à palabres, les acteurs d’un conflit millénaire dont, avec opportunisme, les jihadistes ont profité ?
4) Enfin, si l’armée française se retirait, les forces de Bamako seraient tôt ou tard « reconduites » vers le fleuve par les Touareg qui reprendraient un combat mis entre parenthèses pour ne pas déplaire à Paris.

La vérité, et il est impératif de cesser de la cacher, est que les ennemis de Bamako n’étant pas ceux de Paris, la France et le Mali mènent donc deux guerres différentes.
Les soldats français traquent ainsi au prix de leur vie[2] des jihadistes que les autorités maliennes voient quasiment comme des « alliés » contre les séparatistes touareg. Dans ces conditions, les dernières opérations militaires françaises « gênent » effectivement nos « partenaires » maliens…

Cependant, quoiqu’il en soit de la négociation que ces derniers conduisent actuellement dans le dos de nos militaires, rien ne sera pacifié à long terme puisque, à la source du conflit se trouve la question touareg que ces pourparlers ne régleront pas.
De plus comme en fin de processus, l’ethno-mathématique électorale donnera automatiquement le pouvoir aux sudistes, légitimé par la démocratie, le régime malien ne fera aucune concession fondamentale aux Touareg, lesquels continueront donc à se révolter.

[1] Ils critiquent ainsi les dernières opérations militaires ayant abouti à l’élimination de jihadistes.
[2] Qui osera dire aux Maliens qu’il est de plus en plus inacceptable que des soldats français se fassent tuer pour les défendre, quand des dizaines de milliers de jeunes déserteurs maliens viennent trouver un havre économique en France au lieu de combattre pour leur patrie ?
Categories: Afrique

Bernard Lugan lauréat du prix « La Plume et l’Epée »

Fri, 23/02/2018 - 19:31

Mardi 20 février 2018, dans les salons de l’Hôtel du Grand Commandement à Tours, le jury  remet le prix « La Plume et l’Epée »  à Bernard Lugan pour son livre « Osons dire la vérité à l’Afrique ».Ce prix littéraire remis chaque année depuis 2009, est destiné à « contribuer à stimuler la pensée et la culture militaires en honorant les auteurs qui font l’effort de publier un ouvrage amenant à réfléchir sur le métier des armes sous tous ses aspects. Les engagements opérationnels de nos armées, multiples et exigeants, démontrent cette nécessité pérenne pour le chef militaire « d’agir  en homme de pensée et de penser en homme d’action » (Henri Bergson). La fréquentation d’auteurs de qualité est une source de repères et une aide à la maturation des concepts. Elle est donc indispensable à tout cadre militaire, quel que soit son niveau, du moment où, isolé, il doit dans l’urgence mettre en œuvre ses capacités à apprécier la situation. Elle est enfin indispensable pour tous les officiers appelés à tenir des postes de responsabilité dans la sphère politico-militaire ou des postes de conception en état-major ».
L’organisateur de ce prix est la DRHAT-Tours (Direction des ressources Humaines de l’Armée de Terre ). Les résultats sont proclamés à l’Hôtel de ville de Tours dans le cadre du salon du livre militaire organisé par la ville au mois de décembre de chaque année.



Pour commander Osons dire la vérité à l'Afrique :
Categories: Afrique

Jacob Zuma ou le nouvel échec de l’Afrique du Sud « post-apartheid »

Wed, 14/02/2018 - 22:36
En Afrique du Sud, les fins de mandat des présidents se ressemblent : par un coup d’Etat interne à l’ANC, le vice-président Cyril Ramaphosa a évincé le président Jacob Zuma, lequel avait fait de même avec Thabo Mbeki en 2008. En dehors du fait qu’un Venda va remplacer un Zulu, cette révolution de palais ne changera pas grand-chose dans le pays. A un Jacob Zuma lié au gang indien Gupta[1], va en effet succéder l’ex avocat-syndicaliste Cyril Ramaphosa. Ce dernier a bâti sa colossale fortune dans les conseils d’administration des sociétés minières blanches au sein desquels il fut coopté en échange de son « expertise » syndicale. En réalité, il fut adoubé par le patronat pour contrer les revendications des mineurs noirs dont il fut le représentant avant 1994 !!!
Le leader révolutionnaire Julius Malema a donc raison de dire qu': « En Afrique du Sud, la situation est pire que sous l’apartheid (et que) la seule chose qui a changé, c’est qu’un gouvernement blanc a été remplacé par un gouvernement de Noirs ». Avec une différence cependant : avant 1994 les Noirs ne mouraient pas de faim, ils étaient gratuitement soignés et éduqués, l’électricité fonctionnait, les pénuries d’eau étaient inconnues et la police faisait son travail…
La présidence de Jacob Zuma s’est donc achevée dans le désastre. Englué dans plusieurs affaires de corruption, le président sud-africain a été pris la main dans le sac d’une gigantesque entreprise de favoritisme d’Etat au profit de la famille Gupta. Une commission judiciaire fut même désignée pour enquêter sur la gravissime accusation de « State Capture » car ces gangsters affairistes avaient réussi à imposer leur droit de regard sur les nominations officielles, ce qui leur avait permis de placer leurs agents à tous les rouages de décision de l’Etat et des entreprises publiques.
Ne nous trompons pas d’analyse, car le départ de Jacob Zuma ne va pas permettre d’ouvrir des fontaines laissant couler le lait et le miel. Contrairement à ce qu’écrivent les journalistes, l’affaire Zuma est en effet, et d’abord, la conséquence de l’incurie du parti gouvernemental ANC, l’arbre qui cache la forêt d’un gangstérisme d’Etat. C’est la faillite de l’ANC qui est mise en évidence à travers elle car, entre 1994 et 2018, le mouvement de Nelson Mandela a conduit le pays vers un naufrage qui se mesure en quelques chiffres :- Bien que réalisant ¼ du PIB de tout le continent, l’Afrique du Sud est aujourd’hui devenue un des 5 pays « les moins performants » d’Afrique, juste devant les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland. - Au mois de mai 2017, l’Afrique du Sud est entrée en récession. Or, en 2000, il fut acté par l’ONU que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le principal était le recul de la pauvreté, ne pourraient être atteints sans un minimum de croissance annuelle de 7% durant plusieurs années.- Le chômage touche plus de 40% des actifs quand les chiffres officiels sont de 25%- Le revenu de la tranche la plus démunie de la population noire est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994. - Un habitant sur trois survit grâce aux aides sociales, le Social Grant. - A l’exception de l’agriculture, branche encore contrôlée par les Blancs - mais pour combien de temps? -, tous les secteurs économiques sud-africains sont en recul, à commencer par les industries de main d’œuvre (textile, vêtement, chaussures), qui n’ont pu résister aux importations chinoises. Quant aux secteurs de la mécanique dans lesquels, avant 1994, l’Afrique du Sud produisait la majeure partie des pièces dont ses industries avaient besoin, ils sont moribonds.- Même les mines ont sombré. Pertes de production et de revenus, plus coûts d’exploitation en hausse constants, ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs. Pour maintenir la production, il aurait fallu investir des sommes colossales, mais le climat social, la corruption et l’insécurité ont découragé les investisseurs qui ont préféré faire glisser leurs activités vers des pays moins incertains. L’industrie minière est également pénalisée par les coupures de courant à répétition car la compagnie publique Eskom, littéralement pillée par ses nouveaux dirigeants nommés par l’ANC a, de plus, vécu sur l’héritage laissé par le régime blanc et sans procéder aux investissements indispensables. Résultat : les mines qui représentent aujourd’hui 10% du PIB sud-africain, qui emploient 8% de la population active et qui sont le premier employeur du pays avec 500.000 emplois directs, ont perdu plus de 300.000 emplois depuis 1994.
Le soit disant héritage négatif de «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse aux dirigeants sud-africains. Or, personne ne peut plus nier qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela bien incapable de le conquérir par les armes, il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Force est également de constater que, libérée de l’ « oppression raciste », la « nouvelle Afrique du Sud » fut immédiatement la proie du parti prédateur ANC dont les cadres, aussi incapables que corrompus, eurent comme objectif principal leur propre enrichissement. La leçon sud-africaine est donc limpide : en 24 ans de pouvoir sans partage, l’ANC a ruiné un pays prospère, le transformant en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences. Les gogos occidentaux continueront pourtant à se pâmer devant la figure tutélaire de Nelson Mandela, le chef de l’ANC, tout en continuant à avoir « les yeux de Chimène » pour le fantasme de la « nation arc-en-ciel ». Dans les jours qui viennent, tétanisés par leurs certitudes, les « spécialistes » auto-proclamés vont donc disserter à l’infini sur le remplacement du « maffieux » Zuma par le « vertueux » Ramaphosa. « Vertueux » par définition puisqu’il était prétendument l’héritier préféré de « l’icône » Mandela…
La seule question qui mériterait d’être posée, mais ils ne la poseront pas, ou alors très partiellement, est de savoir comment le nouveau président va pouvoir gérer le naufrage de l’économie sud-africaine, comment il va pouvoir gouverner en étant pris entre des pressions internes et externes contradictoires. Vont en effet se confronter deux plaques tectoniques, celle des milieux d’affaires pro-occidentaux qui ont fait sa fortune et celle des tendances radicales-racialistes lourdes qui constituent le fonds de commerce de l’ANC et des partisans de Julius Malema.
Bernard Lugan14/02/2017
[1] Voir à ce sujet le dossier consacré à cette question publié dans le numéro du mois de juillet 2017 de l’Afrique Réelle (n°91) sous le titre « Jacob Zuma peut-il survivre au Gupta Gate ? ».
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L'Afrique Réelle N°98 - Février 2018

Fri, 02/02/2018 - 16:46
Sommaire :
Actualité :- Centrafrique : Vladimir Poutine va-t-il rebattre les cartes ?- L’Afrique d’Obama : un égoïsme moralisateur. L’Afrique de Trump : une indifférence décomplexée.
Dossier :- Touaregs : Une propension à la division qui interdit tout projet politique cohérent- L'Afrique ou les Afriques ?
A travers la presse algérienne :- L’Arabie Saoudite et les représentants salafistes algériens

Editorial de Bernard Lugan :

Osons dire la vérité à l’Afrique

Sept décennies après les indépendances, il est aujourd’hui devenu urgent et même vital de dire enfin à l’Afrique qu’elle est dans une impasse et qu’aucun « développement » n’y sera possible tant qu’y dominera ce discours de victimisation dont ses dirigeants ont tiré une rente qui ne sera pas éternelle.

Loin de « démarrer », l'Afrique sud saharienne revient peu à peu à l'économie de comptoir. Comme au XVIIIe siècle quand les dirigeants africains esclavagistes tiraient leur richesse du partenariat établi avec les négriers européens qui venaient leur acheter les captifs. Les comptoirs d’aujourd’hui sont pétroliers ou miniers et ils enrichissent une poignée d'Africains, cependant que l'immense majorité de la population tente de simplement survivre. Ce grand bond en arrière est illustré par un retour à la traite humaine à travers l'émigration vers l'Europe.

Comme je l’explique dans un livre (réédité en janvier 2018) qui vient de recevoir le prix « La Plume et l’Epée », l’Afrique ne sortira jamais de sa situation catastrophique tant que quatre principaux problèmes n’y auront pas été pris en compte :

1) Le premier est celui du suicide démographique car les naissances allant plus vite que le développement, chaque jour qui passe, l’Afrique s’appauvrit davantage.

2) Le second est celui des fondamentaux ethniques car, qu’on le veuille ou non, l'ethnie est le passage obligé de toute reconstruction africaine. Au milieu de la désagrégation généralisée, elle seule permettra de trouver le plus petit commun dénominateur sur lequel rassembler les hommes.
 L'élargissement viendra ensuite à travers des contrats territoriaux de libre association, qu'il s'agisse de fédérations, de confédérations ou de tous autres modèles. La condition sine qua non de leur réussite sera cependant qu'ils ne reposent pas sur la représentation individualiste, sur la religion du « one man, one vote », laquelle débouche inéluctablement sur l’ethno-mathématique électorale.

3) Le troisième est la nécessité de l’abandon du paradigme économique. Je démontre ainsi dans mon livre  que les principales crises africaines sont structurelles et qu’elles ont une origine historique, politique et culturelle. Or, tant que leur analyse continuera d'être d'abord économique, elles n'auront aucune chance d'être traitées.

4) Il est enfin temps d’admettre qu'avant d'être « francophones » ou « anglophones », « chrétiens » ou « musulmans », les habitants de l'Afrique sont d'abord des Africains qui parlent des langues africaines et qui ont leurs croyances. Comme l'a dit Ahmadou Kourouma : « [L'Afrique] est habitée par des animistes, les uns teintés de christianisme, les autres d'islam. »

En définitive, les sociétés africaines n'étant nées ni avec la colonisation, ni avec la décolonisation, elles doivent rétablir les vrais liens qui les relient à leur longue histoire ; or, ces liens furent coupés par les idéologies universalistes plaquées sur elles depuis l'époque coloniale.
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Mali : rester ou partir ?

Sat, 13/01/2018 - 20:11
Analyse de Bernard Lugan

Le 11 janvier 2018, au Mali, trois militaires français ont été blessés dans un attentat-suicide. Dans le pays, nos forces sont dans une situation complexe  car elles sont dans l’incapacité d’agir sur les causes d’un conflit ethno-régional, le jihadisme n’étant que la surinfection d’une plaie ethnique.Jour après jour il apparaît également qu’en réalité  la France et le Mali n’ont pas le même  ennemi. Pour Paris ce sont les jihadistes, alors que pour Bamako ce sont d’abord les Touareg… Pour le gouvernement malien, les jihadistes ne constituent en effet pas un ennemi existentiel, à la différence des Touareg qui veulent la partition du pays.
Dans ces conditions, pouvons-nous encore faire semblant de croire que le Mali et la France sont des alliés? Pouvons-nous, dans l’état, continuer à engager nos soldats dans un combat qui pourrait être sans issue puisque les deux armées ne poursuivent pas les mêmes buts? N’y a-t-il pas en plus un risque de voir Barkhane placée entre le marteau touareg et l’enclume sudiste tout en étant prise de flanc par les jihadistes ?
En résumé, l’évolution de la situation fait qu’il n’est plus possible d’analyser la question du Mali comme au moment du déclenchement de l’Opération Serval, ni même lors de la bascule avec Barkhane. C’est donc toute la question de la forme de notre engagement qui doit être analysée et peut-être revue.
La suite de cette longue analyse détaillée est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. Pour la recevoir par courriel, vous devez être abonné. Pour vous abonner, cliquer ici
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L'Afrique Réelle N°97 - Janvier 2018

Wed, 03/01/2018 - 22:32
Sommaire :  Dossier : Afrique, les points chauds de 2018- L’Afrique du Nord entre jihadisme et crises structurelles- Le Sahel face à l’ethnisation du jihadisme- De la Corne au Limpopo
Actualité :La traite des esclaves en Libye : une vieille pratique
Histoire :Heia Safari : Du Kilimanjaro aux combats de Berlin, l’épopée du général von Lettow-Vorbeck

Editorial de Bernard Lugan :
2018 : La vraie décolonisation de l’Afrique commence

Dans les pays du nord où priment l’économique et l’idéologie, l’analyse de la situation africaine est désespérément simple, pour ne pas dire simpliste : si le continent est sinistré, c’est par manque de développement. Voilà pourquoi, durant plus d’un demi-siècle, des sommes considérables y furent déversées. En vain.
L’échec des politiques de développement étant évident, le marasme africain fut ensuite attribué à l’absence de démocratie. Le continent se vit alors imposer la suppression du parti unique qui maintenait un semblant de cohésion des mosaïques ethniques locales. La conséquence d’une telle politique hors sol se lit aujourd’hui à travers l’émiettement politico-ethnique, l’ethno-mathématique et l’anarchie.

Toujours imbus de leurs principes démocratiques et porteurs de l’arrogant néo-colonialisme des « droits de l’homme » archétypiquement incarné par la CPI, les idéologues des pays du nord, ne voient pas qu’une révolution a commencé au sud du Sahara. Et qu’elle se fait précisément au nom de la contestation de leurs dogmes. Nous sommes en effet en présence de la première véritable tentative de décolonisation en profondeur du continent à travers le rejet global de l’universalisme des Lumières et du contrat social. Contrairement à ce que veulent nous faire croire la plupart des intellectuels africains installés en Europe ou aux Amériques et qui sont tout à la fois des déserteurs du développement et de modernes « Oncles Tom » n’ayant que les mots de démocratie et de développement à la bouche, leur continent d’origine n’accepte en effet plus la doxa occidentale.

Mais une fois la greffe politico-morale européo-américaine rejetée, les Afriques n’entreront pas pour autant dans le cycle des félicités. Les futures élites africaines devront en effet trouver des solutions urgentes au suicide démographique continental tout en définissant de nouveaux rapports politiques entre les diverses composantes ethniques de leurs pays respectifs.

A cet égard, la situation du Sahel résume les problèmes du continent. Ici, à partir de la révolution néolithique, les sédentaires sudistes ont vécu dans la terreur des raids lancés contre leurs villages par les nomades nordistes, qu’il s’agisse, d’ouest en est, des Maures, des Touareg, des Toubou ou encore des Zaghawa. La colonisation libéra les premiers, puis elle inversa le rapport des forces en leur faveur.

Avec les indépendances, l’espace sahélo saharien fut ensuite cloisonné par des frontières artificielles. Pris au piège de l’Etat-nation, sudistes et nordistes furent alors forcés de vivre ensemble. Le traumatisme fut d’autant plus fort qu’après la fin du parti unique, la démocratie électorale ethno-mathématique donna le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux sudistes qui n’ont pas boudé leur revanche historique. Voilà qui explique d'abord les évènements actuels de cette région, et non le manque de développement ou le « déficit démocratique ».
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Nouveau livre de Bernard Lugan : Heia Safari

Sat, 09/12/2017 - 18:24

























Présentation :
De 1914 à 1918, loin des fronts d’Europe, dans l’est africain, coupés de toute possibilité de ravitaillement, et commandés par le colonel puis général Paul von Lettow-Vorbeck, quelques milliers d’Allemands et d’askaris résistèrent à 300 000 soldats britanniques, belges, sud-africains et portugais.
Au mois de mars 1916, après deux années de victoires remportées au cri de « Heia Safari », l’arrivée de plusieurs dizaines de milliers de soldats sud-africains contraignit von Lettow-Vorbeck à changer de tactique.
Il choisit alors celle du repli offensif, se dérobant devant des forces trop nombreuses pour les attaquer ensuite par surprise. De novembre 1917 à septembre 1918, sa retraite offensive le conduisit jusqu’au Mozambique où il enchaîna les victoires.
Au mois de septembre 1918, alors qu’il lui restait moins de 200 Allemands et environ 2 000 askaris, le général von Lettow-Vorbeck décida d’envahir la colonie britannique de Rhodésie. Le 13 novembre, il y apprit qu’un armistice avait été signé en Europe. Il refusa de se rendre, déclarant au commandement britannique qu’il pouvait encore combattre durant deux années.
Finalement, le 25 novembre 1918, en Rhodésie du Nord, l’actuelle Zambie, et alors que l'armistice était signé depuis 14 jours, 155 Allemands, officiers, sous-officiers, rappelés et volontaires, ainsi que 1156 askaris et 1598 porteurs se formèrent en carré face aux forces britanniques. Devant eux, le chef admiré auquel les askaris avaient donné le nom de « Bwana mukubwa ya akili mingi » (le grand homme qui peut tout).
Rentré en Allemagne, le 1er juillet 1919, sur ordre du gouvernement, le général von Lettow-Vorbeck écrasa le soulèvement communiste à la tête d’un corps de volontaires, le « Lettow-Korps ».
Du Kilimandjaro aux combats de Berlin, cette épopée méconnue qui mériterait d’être enseignée dans les académies militaires, est ici racontée dans un livre abondamment illustré.

Table des matières :

Chapitre I :
- De Pékin au Sud-Ouest africain (1900-1907)
Chapitre II :
- L’Est africain allemand avant l’arrivée du colonel von Lettow-Vorbeck
Chapitre III :
- 1914 - 1915 : von Lettow-Vorbeck prend l’avantage
Chapitre IV :
- Les opérations navales
Chapitre V :
- 1916 : L’offensive anglo-belge
Chapitre VI :
- 1917 : comment retarder l’inéluctable ?
Chapitre VII :
- Von Lettow-Vorbeck envahit le Mozambique
Chapitre VIII :
- La fin de la guerre
Chapitre IX :
- Retour en Allemagne : von Lettow-Vorbeck face aux bolcheviques
Conclusion 
Bibliographie
Index de noms utilisés

IMPORTANT : CE LIVRE EST UNIQUEMENT DISPONIBLE VIA L'AFRIQUE REELLE
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Sommaire du n°96 - Décembre 2017

Sat, 02/12/2017 - 13:06
Sommaire
Actualité :- La Libye face aux errements diplomatiques- Le Kenya : ce pays qui n’existe pas mais dont l’économie tourne...
Dossier : Zimbabwe- De la Rhodésie au Zimbabwe- Le Zimbabwe : un pays ruiné par Robert Mugabe- Comment le Zimbabwe a détruit sa prospère agriculture

Editorial de Bernard Lugan :Robert Mugabe, les Zezuru et les Karanga
La lecture européenne de la crise du Zimbabwe s’est faite au seul niveau des apparences : Grace Mugabe (41 ans), intriguait pour succéder à son époux (93 ans). Emmerson Mnangagwa, le vice-président pensait être l’héritier et il protesta. Démis, il s’enfuit. N’acceptant pas cette succession imposée, l’armée fit un coup d’Etat.
Les évènements prennent un autre éclairage si nous les relions à la rivalité entre deux tribus appartenant toutes deux à l’ethnie shona, à savoir d’une part les Zezuru, tribu de Robert Mugabe et de sa femme, et les Karanga, tribu d’Emmerson Mnangagwa d’autre part. Leur rivalité découle effectivement de la question de la succession de Robert Mugabe, car, jusque-là, Emmerson Mnangagwa avait été d’une totale loyauté envers le président.
L’ethnie Shona (70% de la population), est divisée en cinq principales tribus, les Korekore ou Shona du Nord, les Zezuru ou Shona du centre, les Karanga ou Shona du Sud, les Manyika et les Kalanga-Rowzi. Trois dominent, les Zezuru, les Karanga et les Manyika.
Avec Robert Mugabe les Zezuru étaient au pouvoir et, à la manière d’un gang, le clan présidentiel tenait le pays. Avec Emmerson Mnangagwa dit Ngwena (Crocodile) en shona, ce sont les Karanga qui prennent le contrôle du Zimbabwe.
Emmerson Mnangagwa est le chef des « anciens combattants » de la guerre d’indépendance. Entraîné par les communistes et notamment les Chinois, il est l’homme du renseignement et des coups tordus. C’est lui qui dirigea la sanglante répression des partisans de Morgan Tsvangirai entre les deux tours des élections présidentielles de 2008.
Désormais quatre grandes questions se posent : - Comment le nouvel homme fort va-t-il s’y prendre pour casser la mainmise des Zezuru sur l’Etat et sur l’économie ?- Que vont faire les Manyika qui sont très implantés dans l’armée, même si, dans un premier temps, Karanga et Manyika vont s’allier contre les Zezuru ?- Les Zezuru vont-ils se laisser dépouiller sans réagir ? - Massacrés dans les années 1980, les Matabelé (20% de la population) vont-ils tenter de profiter de la situation pour prendre leur revanche ?
La suite des évènements devra donc être suivie avec attention ; d’autant plus que le Zimbabwe est ruiné et au bord de la famine.
L’euphorie du peuple Zimbabwéen risque fort d’être de courte durée avec une situation économique catastrophique et une population réduite à une économie de subsistance. Un quart des adultes a fui le pays, la majorité vers l’Afrique du Sud où on évalue leur nombre à 3 millions. D'énormes queues se forment chaque jour aux portes des banques afin de retirer les $20 quotidiens, retrait maximum autorisé. Alors que l’ancienne Rhodésie était un exportateur majeur de produits agricoles, 80% des produits alimentaires nécessaires sont aujourd’hui importés. L’expulsion brutale des fermiers Blancs et de leur personnel par les gangs d’incendiaires activés par le régime Mugabe a conduit au déplacement et à la misère des dizaines de milliers de travailleurs agricoles.
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Zimbabwe : fin de route pour Robert Mugabe [1] ?

Thu, 16/11/2017 - 18:26
Robert Mugabe, dit « Comrade Bob », né en 1924 dans le dispensaire d’une mission protestante, eut, durant toute sa vie, des certitudes bornées par le christianisme révolutionnaire, par le marxisme et par la haine des Blancs. En 1963, il fut un des fondateurs du mouvement nationaliste ZANU (Zimbabwe African National Union), avant d’être arrêté en 1964. Le 11 novembre 1965, dirigés par Ian Smith, et en dépit des menaces de sanctions économiques et politiques, les Blancs de Rhodésie du Sud -228 000 pour 4.847.000 d’Africains-, rompirent avec la Grande-Bretagne et ils proclamèrent l’indépendance du pays sous le nom de Rhodésie. L'ONU vota des sanctions et un embargo total.Libéré en 1975, Robert Mugabe partit pour le Mozambique où il devint le chef de l’aile militaire de la ZANU, la ZANA (Zimbabwe African National Army).
Quasiment cernée par des pays ennemis, la petite armée rhodésienne, rustique et pugnace résista à toutes les attaques. Jusqu’au moment, où, croyant acheter sa survie en la poignardant dans le dos, l’Afrique du Sud blanche lui coupa les approvisionnements en carburant. Les dirigeants rhodésiens furent alors acculés à signer les accords de Lancaster House. Puis, du 27 au 29 février 1980, eurent lieu des élections.
Ce fut un vote ethnique dans la mesure où les suffrages des 70 % de Shona se portèrent sur les candidats de Robert Mugabe, tandis que les votes des 30% de Matabélé se retrouvèrent sur les candidats de leur leader, Josuah Nkomo. Une fois de plus, l’ethno-mathématique avait donc parlé et en avril 1980, la Rhodésie devint officiellement indépendante, sous le nom de Zimbabwe. Dans le sud du pays, en zone matabélé, une guerre tribale éclata aussitôt, les Matabélé n'acceptant pas de se voir dirigés par les Shona qu’ils avaient soumis avant la venue des Blancs. Cette révolte fut férocement écrasée par la 5° brigade de l’armée du Zimbabwe, exclusivement composée de Shona encadrés par des Nord-Coréens.
Depuis 1980, « Comrade Bob » régnait donc sur ce qui fut la prospère Rhodésie dont il fit un goulag ruiné. Et pourtant,  l’héritage laissé par le régime blanc était exceptionnel : le pays disposait d’excellentes infrastructures routières et ferroviaires, la population était largement alphabétisée et l’économie de type industriel avait un secteur agricole hautement compétitif. De plus, la politique des sanctions internationales avait contraint les Rhodésiens à créer une industrie de transformation. Quelques années plus tard, l’héritage laissé par les « colons » ayant été dilapidé, la faillite était totale. En 1995, l’augmentation de 67% du prix du litre d’essence et de 345% de celui du pétrole lampant utilisé pour la cuisine et l’éclairage domestique provoqua de graves émeutes dans les principales villes du pays. Leur répression fut sanglante.En 1999 la catastrophe connut une nouvelle accélération avec l’effondrement  du dollar zimbabwéen qui  perdit 80% de sa valeur face aux devises. L’inflation dépassa alors les 57%, tandis-que le prix du gallon d’essence passa de 5 à 12 dollars zimbabwéens. Quant au taux de chômage, il atteignit les 50% Or, avec une croissance démographique de 2,8% par an, le Zimbabwe voyait arriver chaque année des dizaines de milliers de jeunes adultes sur le marché du travail.
Tentant une manœuvre de pure démagogie, Robert Mugabe fit voter par l’Assemblée l’expropriation sans indemnité des fermiers blancs, puis il ordonna à ses militants d’occuper leurs fermes. Plusieurs fermiers furent alors massacrés et leurs femmes violées…Dans le plus total silence des bonnes âmes européennes.
Or, comme les trois quarts des productions agricoles industrielles et commerciales soutenant la balance des paiements du Zimbabwe, à savoir le tabac, le paprika, le coton et l’élevage, avaient pour origine les 4000 fermes encore possédées par les Blancs, le résultat de cette spoliation ne se fit pas attendre. Dès 2001, jadis exportateur de nourriture, le Zimbabwe  fut ainsi contraint de lancer un appel à l’aide internationale pour éviter la famine… Et comme 300 000 emplois avaient été perdus dans le secteur agricole et ses dérivés, le taux de chômage bondit à 65%...
A la fin de l’année 2007, l’inflation avoisinait en cumulé les 100 000 %. En 2008, les prix des produits alimentaires augmentèrent de 30 à 40% par jour et ceux des  transports publics de 15 à 20% par jour…Au mois  de février 2008, l’inflation était de 165 000 %, au mois de juillet de 2,2 millions de % et  le 19 août de 15 millions de % !!! Début août, la canette de bière coûtait 800 milliards de dollars zimbabwéens.
Pour le clan qui avait fait main-basse sur le pays, tout allait cependant bien puisque, le 31 juillet 2013, Robert Mugabe remporta les élections présidentielles en étant élu pour un 6° mandat…A partir de ce moment, Grace Mugabe, l’épouse du président, prit de plus en plus d’importance dans la vie politique du pays en devenant  secrétaire nationale de la ligue féminine du parti au pouvoir.
En 2016, le pays fut une nouvelle fois au bord de la famine et le gouvernement se vit obligé d’importer des cargaisons massives de nourriture. Au mois de février, la situation fut à ce point grave que les entreprises furent contraintes de participer à l’achat de vivres à l’étranger…Mais, le 27 février, alors que le pays était en état de quasi famine, les 92 ans du président Mugabe furent fastueusement célébrés devant 50 000 invités dans une débauche de dépenses.
Le mandat de Robert Mugabe s’achevant en 2018, et, compte tenu de l’âge du président, des remous commencèrent à parcourir le parti présidentiel ; d’autant plus qu’au mois de juillet 2016, tout le pays fut secoué par d’importants mouvements sociaux. C’est dans ce contexte lourd d’orages que le clan présidentiel tenta d’imposer Grace Mugabe (48 ans), pour succéder à son époux devenu cacochyme. La fracture au sein du parti de gouvernement apparut alors au grand jour car Grace Mugabe était plus que contestée en raison de ses frasques multiples et de son insolent train de vie.
Ses opposants se rangèrent alors derrière le vice-président Emmerson Mnangagwa mais, au mois d’octobre 2017, ce dernier fut démis et il s’enfuit au Mozambique.Tout  bascula alors, car l’armée, pourtant pilier du régime, prit son parti. Certes, afin d’empêcher l’installation au pouvoir de Grace Mugabe, mais d’abord pour précéder un mouvement de purge qui allait permettre la nomination aux postes de commandement de partisans de cette dernière.
Emmerson Mnangagwa succédera-t-il à Robert Mugabe dont il fut jusqu’à ces derniers mois, non seulement l’homme de main, mais celui qui, chef de ses services de renseignement, fut l’exécuteur de ses plus basses, de ses plus sanglantes et de ses plus sordides œuvres ? Si tel était le cas, nul doute que les démocrates et les défenseurs des droits de l’homme trouveraient en lui un interlocuteur « bienveillant »…

Bernard Lugan

[1]Le numéro de décembre 2017 de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront le 1er décembre contiendra un important dossier consacré au Zimbabwe.
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L'Afrique Réelle N°95 - Novembre 2017

Wed, 01/11/2017 - 10:24
Sommaire

Actualité
Somalie : un attentat révélateur de l’ampleur du chaos

Dossier
Sahel , des conflits ethniques sous paravent religieux
- L’islam, les Peul, les Haoussa et les Bambara
- L’islamisme radical est-il soluble dans l’océan ethnique ?

Histoire
Le 17 octobre 1961 à Paris : combien de morts ?
Entretien avec Bernard Lugan


Editorial de Bernard Lugan :
Quand une « chercheuse » de l’IRSEM s’aventure à parler des ethnies… 

Durant des années, des  membres du CNRS (Jean-Pierre Chrétien, Jean-Loup Amselle, Catherine Coquery-Vidrovitch ou Elikia M’Bokolo), nièrent l’existence des ethnies. Puis, rejoints et dépassés par les évidences, ils attribuèrent l’origine de ces dernières à la colonisation. Comme si les Africains n’avaient pas eu d’identité avant l’arrivée des colonisateurs... Aujourd’hui, comme il n’est plus question de nier l’évidence ethnique en raison de l’actualité, les « baise-cul » de l’idéologie officielle ont donc recours à la vieille méthode marxiste consistant à déconsidérer ad absurdum la thèse qu’ils attaquent en lui donnant un énoncé caricatural. Sonia Le Gouriellec, « chercheuse » à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire), publie ainsi dans Le Monde du 16 octobre 2017, un article archétypique en la matière intitulé « La lecture exclusivement ethnique des conflits en Afrique est fallacieuse ». Or, nul esprit sensé n’a jamais écrit que l’ethnie explique tout. En revanche, ceux qui connaissent l’Afrique autrement que depuis l’algeco de la place Joffre, savent que rien ne s’explique sans l’ethnie… 
Pour fonder sa dialectique, Sonia Le Gouriellec prend l’exemple du Rwanda, société qu’elle ne connaît pas plus que la question ethnique elle-même, en caricaturant outrancièrement ce qui y constitue le soubassement de toutes les relations sociales : « Selon cette lecture (sous-entendu, celle de ceux qui ne pensent pas comme elle), les Tutsi et les Hutu seraient destinés à s’affronter et les massacres seraient le résultat d’une opposition raciste héréditaire et pratiquement constitutive de l’ADN des Rwandais et, plus largement, des Africains, condamnés aux tueries et aux barbaries spontanées sans dimension politique ni instrumentalisation ».
Mais où donc ailleurs que dans ses fantasmes, Sonia Le Gouriellec est-elle allée chercher de telles inepties ? On le comprend quelques lignes plus loin quand elle écrit, paraphrasant Jean-Pierre Chrétien : « C’est à partir du XIXe siècle (sous-entendu avec la colonisation) que le critère racial est intégré… ». Et nous voilà revenus à la théorie de la fabrication de l’ethnie par la colonisation… Bel exemple de pensée à la fois biaisée et totalitaire.
Plus loin, vautrée sous le truisme, notre « chercheuse » à l’IRSEM écrit : « l’ethnie n’est pas une réalité figée ou immuable, mais au contraire se trouve en constante évolution ». Une fois encore, qui soutient le contraire ? Cependant, est-ce parce que leurs contours évoluent, ce qui est le propre de toutes les sociétés humaines, que les ethnies n’existent plus ou n’existent pas ? 
Que Sonia Le Gouriellec utilise les colonnes du Monde pour développer ses élucubrations est une chose. Qu’elle le fasse es-qualités de « chercheuse » à l’IRSEM, en est une autre. Nos soldats qui risquent quotidiennement leur peau en étant confrontés, eux, au réel ethnique, ont en effet besoin de véritables connaissances du milieu sur lequel ils sont projetés, et non de fantasmes idéologiques inspirés de l’air du temps. Mais allons plus loin: en ces temps de drastiques réductions budgétaires, est-il concevable que, depuis les bureaux feutrés de l’IRSEM, loin de l’ennemi, - et pour quelle utilité ? -, des manieurs de concepts hors sol, fendent les eaux de la sociologie et du contentement de soi en « consommant » des crédits qui font si cruellement défaut à ceux qui, sur le terrain, constatent chaque jour l’inanité de leurs postulats ?
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17 octobre 1961 : un « massacre » sans cadavres

Fri, 13/10/2017 - 16:07
Comme chaque année à la date anniversaire de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, communistes et socialistes, amis du FLN et militants « anticolonialistes » (sic), vont commémorer un « massacre » qui aurait été perpétré par la police française. Ils se réuniront ensuite sur le Pont Saint-Michel d’où, toujours selon  eux, des dizaines, voire des centaines d’Algériens auraient été précipités dans la Seine.
Le seul problème, mais il est de taille, est que ce « massacre » n’a pas eu lieu… Quant aux noyades, à l’exception de celles pratiquées par le FLN sur les membres du MNA ou sur les Harkis, elles n’ont pas davantage existé…car nous sommes en réalité en présence d’un montage.
Démonstration [1] :
1) Le 18 octobre 1961 au matin, le bilan de la manifestation de la veille parvient à Maurice Legay, directeur général de la police parisienne. Il est de 3 morts. Nous voilà donc loin des dizaines, voire des centaines de morts et de noyés avancés par certains.
2) Or, deux de ces trois morts, à savoir Abdelkader Déroués et Lamara Achenoune n’ont aucun lien avec la « répression » du 17 octobre puisqu’ils ont été tués, non pas à coups de matraque, mais par balle, non pas dans le centre de Paris, mais à Puteaux, donc loin de la manifestation. De plus, le second a été préalablement étranglé….
3) Un mort, un seul, a tout de même été relevé dans le périmètre de la manifestation et il ne s’agit pas d’un Algérien, mais d’un Français « de souche » nommé Guy Chevallier, décédé vers 21h devant le cinéma REX de fractures du crâne. Etait-il un simple passant ou bien un porteur de valises manifestant avec le FLN ? Nous l’ignorons. Fut-il tué lors d’une charge de la police ou bien par les manifestants ou bien par une toute autre cause ? Nous ne le savons pas davantage.
La conclusion qui s’impose à tout esprit doté d’un minimum de réflexion est que la « répression » de la manifestation algérienne du 17 octobre semble n’avoir paradoxalement provoqué aucun mort algérien…
A ces faits, les tenants de la thèse du « massacre » répondent que le vrai bilan de la « répression » policière n’a pu être établi que plusieurs jours plus tard, une fois pris en compte les blessés qui décédèrent ultérieurement, et une fois les cadavres retirés de la Seine. Mais aussi, parce que, terrorisés, les manifestants cachèrent d’abord les corps de leurs camarades.
Trois grandes raisons font que cette argumentation n’est pas recevable :
- Les archives des hôpitaux parisiens ne mentionnent pas une surmortalité particulière de « Nord-Africains » (selon la terminologie de l’époque), durant la période concernée. Même si de nombreux manifestants blessés à coups de matraques y furent pris en charge.

- La police ayant totalement et hermétiquement bouclé le périmètre de la manifestation, l’on voit mal comment des porteurs de cadavres auraient pu passer à travers les barrages.

- Et, in fine, que seraient devenus les cadavres en question ? Ils n’apparaissent en effet pas dans les archives de l’IML, l’Institut médico-légal (la Morgue), où sont transportés les morts relevés sur la voie publique ou repêchés dans la Seine et dans la Marne.

Le « Graphique des entrées de corps « N.A » (Nord-africains) par jour. Octobre 1961 », à l’Institut médico-légal de Paris, pour la période allant du 17 octobre au 21 octobre, nous apprend ainsi que:

- Le 17 octobre, alors que se déroulait dans Paris un prétendu « massacre », l’Institut Médico-Légal n’a enregistré aucune entrée de corps de « NA ».

- Le 18 octobre, deux corps de « NA » furent admis à l’IML. Il s’agissait d’Achour Belkacem, qui avait été tué ce 18 octobre à Colombes, donc le lendemain de la manifestation, par un policier invoquant la légitime défense. Le second était Abdelkader Bennahar relevé lui aussi à Colombes et portant des blessures à la tête avec possibilité, dixit le rapport de police, d’écrasement par un véhicule.

- Les 19 et 20 octobre, l’IML n’a comptabilisé aucune entrée de corps de « NA ».

- Le 21 octobre, soit 5 jours après la manifestation, 1 corps fut déposé à l’IML, celui de Ramdane Mehani décédé vers 22h 30 durant son transfert du commissariat du 13° arrondissement au palais des Sports de la Porte de Versailles. Le registre de l’IML parle de mort naturelle, donc, là encore, sans aucun lien avec la manifestation du 17 octobre.

Conclusion : nous sommes donc en présence d’un « massacre » sans cadavres, ce qui s’explique parce qu’il n’y eut pas de « massacre » !!!
C’est donc un « massacre » imaginaire qui va être commémoré le 17 octobre prochain à l’occasion d’une grande cérémonie culpabilisatrice à laquelle des médias incultes ou partisans vont une fois de plus donner une grande publicité.
Un « massacre » imaginaire fruit d’un montage politique fait à l’époque par le FLN voulant peser psychologiquement sur les négociations en cours avec le gouvernement français. Montage qui fut ensuite orchestré par le parti communiste et  plus que complaisamment relayé par les médias…hier comme aujourd’hui.
Pour les historiens du futur ce prétendu « massacre » restera donc comme la fabrication d’un des grands mythes du XX° siècle. A l’image de la manipulation de Katyn, des cadavres de Timisoara en Roumanie, des « couveuses » du Koweit et des « armes de destruction massive » en Irak. Leur principal sujet d’étonnement sera cependant l’insolite caution donnée à un tel mensonge par les plus hautes autorités de l’Etat français sous la présidence de François Hollande…
Bernard Lugan13/10/2017

[1] La brièveté synthétique de cette mise au point interdisant de développer un argumentaire détaillé, la bibliographie et l’historiographie de ce « massacre » seront faits  dans le numéro de novembre 2017 de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront le 1er novembre. On pourra également voir à ce sujet le chapitre IX de mon livre : Algérie, l’histoire à l’endroit. Pour le commander, cliquer ici.
Categories: Afrique

Niger : derrière la mort des soldats américains, l’opposition Peul-Touareg et les conséquences de l’ « embouteillage » sécuritaire

Sat, 07/10/2017 - 10:57
(Cette analyse peut être reproduite à la condition d’en citer la source)

Le 4 octobre 2017 un élément américano-nigérien à ossature de forces spéciales est tombé dans une embuscade à quelques kilomètres de la frontière entre le Niger et le Mali, près de Tongo Tongo, un village situé à proximité de Tillabery. Cette embuscade a fait 4 morts parmi les soldats américains et au moins cinq parmi les Nigériens ainsi que plusieurs blessés. Les véhicules de la patrouille ont été détruits. Qui se cache derrière cette attaque marquant un palier supplémentaire dans le conflit sahélien ?
Pour la première fois, des assaillants viennent donc de s’en prendre ouvertement et dans un combat frontal à une force occidentale. Qui plus est, à des forces spéciales. Jusque-là, les pertes essuyées par les forces françaises étaient essentiellement provoquées par des IED, mines placées sur les axes empruntés par les convois ou les patrouilles. Nous sommes donc en présence d’une montée en puissance des jihadistes car l’embuscade était bien organisée, ses auteurs fortement armés et équipés de véhicules et de motos. Après l’attaque, les assaillants se sont volatilisés dans la savane.L’attaque s’est produite dans une zone particulièrement propice aux embuscades où les forces armées nigériennes ont déjà subi de lourdes pertes. La question qui se pose est double.

1) Qui sont les auteurs de cette attaque ?

Les autorités nigériennes accusent les groupes jihadistes maliens, notamment deux organisations, l’Etat islamique du Grand Sahara (EIGS) et le Jamat Nosrat al-Islam, nouveau mouvement apparu au mois de mars 2017 et dont le chef est Iyad ag Ghalid, un chef touareg malien de la grande tribu des Ifora passé au jihadisme et affilié à Al-Quaida.Or, nous devons bien voir que dans cette région, le paravent islamique cache le cœur de la question qui est une fois de plus l’ethnie. Comme je ne cesse de le dire depuis plusieurs années, le jihadisme sahélien est d’abord, la surinfection d’une plaie ethnique. Ici, tout se greffe en effet sur l’opposition entre Peul (Fulani), Touareg, Touareg Imghad et autres groupes, engagés dans une féroce compétition, d’abord pour le contrôle des trafics, mais aussi des points d’eau et des pâturages. Depuis plus d’une année, sous paravent islamique, se cache en réalité une terrible guerre ethnique qui oppose ces deux populations d’éleveurs nomades et qui a fait des dizaines de morts. Dans cet imbroglio, certains Fulani (Peul) se sont jihadisés afin de pouvoir lutter contre leurs rivaux et concurrents, notamment, mais pas exclusivement, les Imghad. Ces derniers qui ont été armés par le Mali pour lutter, certes contre les jihadistes, mais d’abord contre les Iforas, profitent de la situation pour s’en prendre à leurs rivaux ethniques. Les jihadistes ont beau jeu d’attiser ce conflit millénaire. Ils légitiment ainsi la réaction des Peul par les grands jihad des XVIIIe-XIXe siècles, quand le paysage politique de l’ouest africain sahélien fut remodelé par leurs ancêtres qui constituèrent alors de vastes Etats inspirés par le jihad. Alimentés à la fontaine du mythe, bien des jeunes peuls se sont mis à rêver à des destins comparables à ceux d’Ousmane Dan Fodio (1754-1817), fondateur de l’Empire de Sokoto, de Seku Ahmadu (1773-1844), qui créa l’empire peul du Macina ou encore à Omar Tall dit el-Hadj-Omar (1796-1864) fondateur de l’empire Toucouleur ou Torodbe qui s’était fixé pour but l’islamisation de l’Ouest africain.
Alors, certes, ce sont bien des jihadistes qui ont mené la sanglante embuscade du 4 octobre 2017. Mais en prenant appui sur la marqueterie ethnique régionale. Il est donc une fois de plus essentiel de voir ce qui alimente ce jihadisme. Pour cela, cessons d’analyser la situation en termes « globaux » ou en parlant de déficit de démocratie, de « développement » ou autres fadaises ânonnées ad nauseam par le politiquement correct ou le psittacisme journalistique. Autrement, le combat sera perdu par avance.
2) Du danger de l’ « embouteillage sécuritaire »

Dans de précédents articles ou communiqués, j’avais fortement mis en garde contre la multiplication des structures de lutte anti-jihadiste au Sahel. Elles constituent en effet une juxtaposition de forces dont la coordination est moins rapide que la prise de décision unique par les responsables jihadistes.Le coup très dur qui vient d’être porté aux forces spéciales américaines illustre hélas mon propos. Ces dernières ont deux emprises régionales, à Aguellal et à Diffa, plus des éléments équipés de drones à Agadez ainsi qu’une emprise sur l’aéroport de Niamey. Leur connaissance du terrain est technique et disons-le « livresque ». Il leur manque la « profondeur historique » et pour tout dire cette connaissance de la géopolitique ethnique régionale que notre vieille Infanterie de marine, la « Coloniale », possédait sur le bout des doigts.Aux forces américaines, viennent s’ajouter régionalement diverses composantes onusiennes, d’autres issues de l’Eurocorps. Ce mille-feuilles sécuritaire est également composé d’armées nationales, de forces conjointes issues de ces mêmes armées nationales, de milices ethniques anti-jihadistes et maintenant du G5 Sahel…Un véritable volapük militaire qui prête le flanc à toutes les catastrophes. D’autant plus que ces forces enchevêtrées et qui, toutes, luttent en principe contre les jihadistes, doivent de plus être coordonnées avec la colonne vertébrale du dispositif qui est Barkhane...Depuis la nuit des temps, l’expérience a pourtant appris trois choses aux militaires :
1) La nécessité de l’unité du commandement2) La connaissance du terrain3) L’identification de l’ennemi que l’on combat
Bernard Lugan
07/10/2017
Categories: Afrique

L'Afrique Réelle N°94 - Octobre 2017

Tue, 03/10/2017 - 11:17
SOMMAIRE
Dossier : Angola- Une économie du tout pétrole sinistrée- Une guerre civile de 25 ans
Dossier : Algérie- Les dessous de l’éviction d'Abdelmadjid Tebboune- L’armée pourrait-elle jouer un rôle dans le dénouement de la crise politique et institutionnelle ?- Entre désindustrialisation et effondrement de la rente pétrolière- A travers la presse algérienne
Histoire :La question «berbériste »

Editorial de Bernard Lugan :Algérie et Angola : le double naufrage
En Algérie et en Angola, la chute des prix du pétrole a mis au grand jour les graves problèmes communs à ces deux pays, tous deux créations coloniales dont les mouvements de libération furent militairement vaincus par les forces de l’ancien colonisateur. Contrairement à ce que prétendent les histoires officielles de ces deux pays, ce n’est en effet pas par les armes que les indépendances ont été obtenues, mais parce que Paris et Lisbonne en décidèrent ainsi. En donnant le pouvoir aux deux fractions les plus extrémistes de leur prisme politique nationaliste, à savoir le FLN en Algérie et le MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) en Angola. Résultat, les deux pays ont immédiatement connu deux guerres civiles. En Algérie, l’insurrection kabyle fut vite réprimée, mais en Angola, l’UNITA poursuivit le combat jusqu’en 2002. 
L’Algérie et l’Angola ont pareillement vécu de la monoproduction des hydrocarbures et n’ont pas diversifié leurs économies : 90% de leurs exportations et 80% de leurs recettes fiscales ont ainsi pour origine le pétrole. A l’époque coloniale, Portugais et Français avaient au contraire créé des économies diversifiées et prospères, reposant sur un maillage de PME particulièrement performantes et sur une agriculture florissante et exportatrice. 
Depuis les indépendances, les deux pays sont dirigés par les mêmes partis, FLN et MPLA, dont les clans ont fait main-basse sur l’économie. Tous deux sont minés par la corruption et les dépenses publiques y servent à acheter la paix sociale. Le taux de chômage y est dramatiquement élevé (estimation 55%) et tous deux ont hérité des pesanteurs de la période socialiste avec notamment un nombre élevé de fonctionnaires venant plomber le déficit public[1]. 
La principale différence est politique. En Angola, le régime s’est maintenu aux affaires car le MPLA a fait élire Joao Lourenço, un apparatchik, pour succéder à José Eduardo Dos Santos resté 38 ans au pouvoir.En Algérie, le régime cherche à faire de même. Or, à la tête du pays depuis 1999, soit plus de 18 ans, le président Bouteflika connaît une dramatique fin de règne. Rendu impotent par la maladie, n’ayant plus prononcé de discours public depuis le 8 mai 2012, moribond et subissant en même temps l’agonie de l’économie algérienne, il n’exerce plus une fonction passée aux mains d’un clan familial et de quelques obligés. Risquant de devenir les victimes expiatoires du naufrage algérien après la mort de leur chef, ces derniers ont bien compris que leur survie passe par la conservation du pouvoir. Voilà pourquoi ils font tout pour tenter de le garder. Ce qui se passe actuellement en Algérie s’explique par cet impératif.
[1] L’Algérie compte 2.020.172 agents publics, soit 1.608.964 fonctionnaires et 411.208 contractuels (Direction générale de la fonction publique) pour une masse salariale de 2.600 milliards de dinars (1 dinar algérien = 0.00749 euros.)
Categories: Afrique

Pourquoi le CRAN ne demande-t-il pas de débaptiser les écoles, collèges, lycées et rues Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot ?

Sun, 17/09/2017 - 22:39
Le journal Le Mondenous apprend que le CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France) organisation ultra confidentielle mais percevant des subventions prélevées sur les impôts des Français, fait actuellement circuler une singulière pétition ayant pour cible le grand ministre que fut Colbert. Parmi les signataires de cette pétition, on relève les noms de Lilian Thuram (footballeur), Harry Roselmack (journaliste) et Rokhaya Diallo (journaliste-documentaliste). Egalement celui d’une certaine Mireille Fanon-Mendès-France qui se présente comme « ancienne présidente du groupe d’experts de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine » (???). Ce titre ronflant fait d’elle, et en toute modestie, la porte-parole auto-proclamée de plus d’un milliard d’hommes et de femmes, ce qui n’est pas rien… Il pousse également à poser la question de savoir qui est l’actuel(le) président(e) de cet organisme et quels émoluments il (elle) perçoit du « machin » auquel la France, 5° contributeur à son budget ordinaire, verse annuellement 122,6 millions de dollars US prélevés, là encore, sur les impôts des Français.La pétition du CRAN demande rien de moins que de débaptiser les collèges et les lycées portant le nom de Jean-Baptiste Colbert et de déboulonner ses statues au motif qu’il « fonda la Compagnie des Indes occidentales, compagnie négrière de sinistre mémoire ».Mais pourquoi donc le CRAN s’en tient-il à Colbert ? Au nom du « vivre ensemble » et de l’antiracisme, n’est-il en effet pas nécessaire et plus urgent, de débaptiser les édifices publics portant les noms de Victor Hugo, Jean Jaurès, Léon Blum et Edouard Herriot… pour commencer. La liste est en effet longue de ces personnalités constituant le panthéon de nos gloires républicaines et laïques, de ces figures montrées en exemple de la défense des droits de l’homme, de la tolérance, de la fraternité universelle et qui, en réalité, seraient d’horribles racistes-colonialistes dont les propos abjects font penser aux plus sombres heures de notre passé colonial-esclavagiste. Que l’on en juge :

Victor Hugo, qui a donné son nom à 2555 rues et avenues de France, juste derrière Louis Pasteur, ce chantre de la liberté, n’hésita pas à afficher un détestable mépris à l’égard des Africains auxquels il alla jusqu‘à contester l’appartenance au genre humain :
« L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie même a son histoire qui date de son commencement dans la mémoire humaine, l’Afrique n’a pas d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe.(…) Le Blanc a fait du Noir un homme (…) Emparez-vous de cette terre. Prenez-là. A qui ? à personne. »
Concernant la conquête coloniale, cette forme moderne de l’esclavage selon le CRAN, Jean Jaurès dont 2215 voies, rues, boulevards ou avenues portent le nom considérait que :
« La France a d’autant le droit de prolonger au Maroc son action économique et morale que (…) la civilisation qu’elle représente en Afrique auprès des indigènes est certainement supérieure à l’état présent du régime marocain »
Léon Blum et Edouard Herriot ne sont pas dans le « top 10 » des noms de rues et voies, ce qui est heureux, même si des centaines d’écoles, collèges, lycées, maisons de la culture, portent encore leurs noms. Leurs cas sont en effet encore plus graves que ceux de Victor Hugo et de Jean Jaurès. Celui de Léon Blum est même emblématique. Cet internationaliste aux mains pures, ce défenseur de Dreyfus, cet indéfectible soutien des « républicains » espagnols devenu éminente personnalité du Front populaire, compterait en effet, aux côtés d’Arthur de Gobineau, de Vachet de la Pouge et même du taxinomiste racial George Montandon, parmi les théoriciens (horresco referens !) de l’inégalité des races puisque, cause aggravante, ce fut devant les députés qu’il osa déclarer, l’hémicycle en frémit encore, que :
« Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture ».
Toujours devant les députés, Edouard Herriot, cette icône de la fraternité laïque, ce chantre de la tolérance républicaine si chère aux Lyonnais, ce frère de tous les humains, ce croisé du suffrage universel, n’a, quant à lui, pas craint d’oser dire que :

« Si nous donnions le droit de vote aux peuples de l’Empire, la France deviendrait la colonie de ses colonies ».
Alors, oui, amplifions le grand mouvement de nettoyage de l’histoire de France lancé par le CRAN, qui n’en manque décidemment pas, et établissons au plus vite des listes de personnalités qui ne méritent plus d’être respectées. Au nom de l’antiracisme et de l’amour du genre humain, épurons ! Epurons ! Epurons ! Et que revienne le temps béni des Fouquier Tinville, Carrier ou Collot d’Herbois…

Bernard Lugan
17/09/2017
Categories: Afrique

L'Afrique Réelle N°93 - Septembre 2017

Sun, 03/09/2017 - 22:03
SOMMAIRE  ActualitéKenya : Entre les illusions de la croissance et les réalités ethniques- La crise de la terre- Luo contre Kikuyu ou les ravages de l’ethno-mathématique démocratique
DossierSahel : L’ethnicisation du jihadisme
DébatAfrique : Le déterminant ethnique

Editorial de Bernard Lugan
Du Sahel à la zone guinéenne ou à la région péri-tchadique, l’ouest africain est en crise :
- Au Mali où la question nord-sud n’a pas été réglée et où l’islamisme est d’abord la surinfection d’une plaie ethnique, les attentats se multiplient et le chaos menace, s’étendant au centre du pays et débordant sur le Burkina Faso. En plus de ses propres crises, le Niger subit les conséquences des conflits malien et libyen. Quant au Tchad, il est saigné par la perte de ses revenus pétroliers, ce qui y réveille les vieux démons…
- Plus au sud, la Guinée risque de voir renaître ses oppositions ethniques à la faveur du prochain scrutin présidentiel, cependant que la Côte d’Ivoire ne parvient toujours pas à surmonter ses divisions.
- Dans le golfe de Guinée, le Nigeria est en pleine incertitude avec un président malade qui ne dirige plus un pays devenant peu à peu une sorte de bateau-ivre. En dépit de ses problèmes linguistiques, le Cameroun connaît un calme relatif avant la tempête qui risque de s’abattre sur lui à l’occasion de la campagne présidentielle de 2018.
Dans tous ces pays la « communauté internationale » (lire les Occidentaux), a imposé des élections en postulant qu’elles allaient y régler les crises. Sans tenir compte des leçons du passé et sans remettre en cause leur credo philosophique, les dirigeants des pays du Nord continuent de parler de « bonne gouvernance » et de démocratisation. Tétanisés par les dogmes qui les corsètent, ils nient ou ils refusent de prendre en compte les grandes réalités qui sont pourtant au cœur des problèmes africains : nous sommes en effet face à des sociétés communautaires et enracinées alors que le démocratisme est une idéologie individualiste, universaliste et hors sol. 
Comment, dans ces conditions, prétendre que la démocratisation pourra ramener un semblant de stabilité dans des pays où le système du « One man, one vote » débouche sur l’ethno-mathématique, à savoir le triomphe automatique des représentants des ethnies les plus nombreuses, les plus prolifiques ? 
Dans les Afriques où la criante nécessité d’Etats forts est une évidence, l’impératif démocratique décrété à la Baule par le président François Mitterrand le 20 juin 1990 a eu des conséquences désastreuses dont nous n’avons fini de mesurer les dégâts. Le multipartisme y a en effet affaibli des Etats en gestation et réveillé les luttes de pouvoir à travers des partis qui ne sont, dans leur immense majorité, que des habillages ethniques. 
C’est pourquoi il importe de permettre à l’Afrique de reprendre au plus vite ce « raccourci autoritaire » qui traumatise tant les démocrates européens, mais qui, seul, est peut-être susceptible, un jour, de provoquer une coagulation nationale[1].

[1] Voir à ce sujet mon livre Osons dire la vérité à l’Afrique. Le Rocher, 2015.
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Franc CFA : l’arrestation de Kemi Séba relance le débat

Mon, 28/08/2017 - 20:07
L’arrestation à Dakar le 25 août 2017 du nationaliste panafricaniste Kemi Séba accusé d’avoir brûlé en public un billet de 5000 francs CFA (moins de 8 euros), pose d’une manière très médiatisée la question du maintien de cette monnaie créée en 1945 et accusée par l’immense majorité des jeunes intellectuels africains d’être à la fois une survivance de la période coloniale et un moyen pour la France de continuer à exercer une tutelle sur ses anciennes colonies.
Dans une longue analyse intitulée « Franc CFA : « boulet colonial » ou « danseuse » ? » et réservée aux abonnés à l’Afrique Réelle ( son résumé a été publié sur ce blog le  6 décembre 2016), j’ai montré que :
1) Cette monnaie n’est pas un obstacle au développement des 14 pays africains (plus les Comores), membres de la zone franc pour lesquels elle constitue la monnaie commune,
2) Qu’elle est au contraire un atout pour eux, la France jouant à leur profit le rôle d’une assurance monétaire.
Economiquement parlant, le positif l’emportant sur le négatif, les pays africains concernés auraient donc avantage au maintien du CFA. Mais, avec ce dernier, nous n’en sommes plus au débat économique, mais à la symbolique.
Par ailleurs, contrairement à ce qui est constamment affirmé, la France n’a, quant à elle, aucun intérêt réel au maintien du CFA et de sa zone. Les chiffres publiés par la Direction générale du Trésor (avril 2016 en ligne) tordent en effet le cou à bien des légendes en mettant en évidence trois points importants:

1) En 2015, alors que la totalité de ses exportations mondiales était de 455,1 milliards d’euros, la France a vendu à la seule Afrique sud saharienne pour 12,2 milliards d’euros de biens et marchandises, soit 2,68 % de toutes ses exportations. Sur ces 12,2 milliards d’euros, la zone CFA en a totalisé 46%, soit environ 6 milliards d’euros, soit à peine 1,32% de toutes les exportations françaises. Pour ce qui est des importations, les chiffres sont voisins.

2) La zone CFA n’est pas non plus cette « chasse commerciale gardée » permettant aux productions françaises de bénéficier d’une sorte de marché réservé comme certains l’affirment. En 2015, la part de la France dans le marché de cette zone ne fut  en effet que de 11,4%, loin derrière la Chine.

3) Les détracteurs du CFA disent que les comptes d’opérations étant ouverts auprès du Trésor français, ce dernier bloque des sommes d’environ 14 mds d’euros qui appartiennent aux Africains et dont les intérêts lui profitent. Là encore, sachons raison garder. Que pèsent en effet ces 14 mds d’euros qui servent de garantie aux Etats africains pour la couverture de leurs achats à l’étranger comparés aux +- 400 milliards d’euros du budget de la France ?

Conclusion
1) Le poids de la zone CFA étant pour elle anecdotique, l’économie française ne serait donc guère affectée par sa suppression.
2) Politiquement, avec le CFA, nous en sommes davantage aux réactions psychologiques qu’aux analyses argumentées. L’intérêt de la France est donc de le supprimer ainsi que sa zone afin d’en finir une fois pour toutes, sept décennies après les indépendances, avec les lassantes et répétitives accusations de néocolonialisme et de « françafrique »[1].
Bernard Lugan28/08/2017

[1] Voir mon livre « Osons dire la vérité à l’Afrique ». Le Rocher, 2015. A commander ici.
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L'Afrique Réelle N°92 - Août 2017

Thu, 03/08/2017 - 16:26
Sommaire
Actualité :Mali : la France entre Barkhane et le G5 Sahel
Dossier Rwanda : Allons-nous enfin savoir qui sont les assassins du président Habyarimana ?- Le curieux missile du Kivu- Que contient le dossier du juge Herbaut, successeur du juge Trévidic ?
Livres :Sétif, encore et encore...

Editorial de Bernard Lugan
Face au chaos libyen qu’ils ont provoqué, s’obstinant à nier le réel et encalminés dans le néocolonialisme démocratique, les « Occidentaux » ont prétendu reconstruire la Libye autour d’un fantomatique gouvernement d’ « Union nationale ». Présidé par M. Fayez Sarraj, ce GUN est en réalité l’otage des milices islamistes de Tripolitaine et des Frères musulmans de Misrata. Face à cette politique « hors sol », la Russie a déroulé un plan reposant sur les rapports de force militaires. Sa conclusion fut le voyage que le général Haftar - l’homme avec lequel la « diplomatie » européenne refusait de parler directement -, effectua à Moscou les 27 et 28 novembre 2016. Du jour au lendemain, les nains politiques de l’UE réalisèrent alors que le « rebelle obstacle à la démocratisation de la Libye » était en réalité le maître de la Cyrénaïque, qu’il disposait de la seule force militaire du pays, qu’il contrôlait 85% de ses réserves de pétrole, 70% de celles de gaz, 5 de ses 6 terminaux pétroliers, 4 de ses 5 raffineries, et qu’il avait l’appui de la confédération tribale de Cyrénaïque ainsi que celui des tribus kadhafistes de Tripolitaine[1].Le 25 juillet 2017, le président Macron a organisé une rencontre entre Fayez Sarraj et le général Haftar, ce dernier voyant ainsi sa stature internationale confortée. Les deux hommes ont conclu un accord non signé et non ratifié. Que peut-il en résulter alors que le général Haftar est le maître de la Cyrénaïque quand Fayez Sarraj ne contrôle même pas Tripoli et vit sous la menace permanente des milices ? Les deux hommes se sont engagés à organiser des élections. Certes, mais la Libye a déjà connu plusieurs scrutins qui n’ont à aucun moment permis d’avancer sur le chemin de la paix. De plus, comme le Conseil des tribus n’a pas été partie prenante à cet accord, si Seif al-Islam Kadhafi n’y est pas associé d’une manière ou d’une autre, il demeurera lettre morte.
*La situation s’aggrave au Mali où, en dépit de l’accord de paix, les groupes armés signataires s’entretuent. Le climat sécuritaire du pays est plus mauvais aujourd’hui qu’il y a quatre ans, quand le président IBK a été élu. A l’insécurité dans le nord, s’ajoute en effet le centre du pays où, pudiquement, les observateurs parlent de « violences communautaires » pour ne pas dire  guerre ethno-tribale, l’islamisme n’étant ici que la surinfection d’une plaie ethnique.
*Les Casques bleus de la mission de paix au Congo (Monusco) ont mis la main sur un missile sol-air récupéré sur une milice du Kivu armée par Kigali. Il porte les mêmes numéros de série et a été fabriqué à la même date (avril 1987), que les deux missiles qui ont abattu l’avion présidentiel rwandais le 6 avril 1994. Ces éléments sont contenus dans un rapport officiel de la Monusco dont le rédacteur demande qu’il soit transmis au P5 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité) ou au P3 (les trois membres occidentaux du conseil de sécurité), à défaut, aux autorités judiciaires françaises en charge de l’enquête concernant l’attentat du 6 avril 1994. Ce rapport a maintenant plus de 10 mois. Si l’ONU ne l’a pas encore transmis au juge Herbaut, cela démontrerait une fois de plus que certaines puissances ne veulent toujours pas, 22 ans après l’attentat qui fut le déclencheur du génocide du Rwanda, que la vérité soit faite sur son (ses) commanditaire(s).
[1] Pour tout ce qui concerne les tribus de Libye et leurs alliances, voir de Bernard Lugan Histoire de la Libye des origines à nos jours
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Pourquoi le général Lecointre est-il accusé par les amis du général Kagamé d’avoir « défendu les auteurs du génocide » du Rwanda ?

Tue, 25/07/2017 - 12:39
A peine nommé Chef d’Etat-Major des Armées, voilà le général Lecointre devenu la nouvelle cible des amis du régime de Kigali. En 1994, le capitaine Lecointre, participa à l’opération humanitaire Turquoise, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui accusé par l’Humanité - journal en cessation de paiement depuis 2000 et qui reçoit annuellement en moyenne 600 000 euros de subventions de l’Etat français (Source Contribuables associés)-, de complicité de génocide. Cette accusation aussi violente qu’insensée a été portée dans un article au titre dénué de toute ambigüité : « Le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais ». Parmi d’autres journaux, le Nouvel Observateur a ensuite imprudemment repris cet article-tract.
Imprudence en effet, parce que, avant d’en venir aux véritables raisons de cette attaque contre le général Lecointre, donc contre nos Armées, il importe de donner aux lecteurs de ce blog trois informations qui leur ont été soigneusement cachées par la presse. En premier lieu par le Figaro qui, au début du mois de juin 2017, fut particulièrement en pointe dans l’affaire des accusations portées par M. de Saint-Exupéry contre la France et son armée :
1) M. de Saint-Exupéry aurait alors été avisé de modérer ses propos puisque la Cour d’Appel de Paris, dans un arrêt du 18 décembre 2014, avait retenu le caractère diffamatoire de ses précédentes accusations portées contre les officiers français de l’opération Turquoise, excluant sa « bonne foi ». Or, à aucun moment, les journalistes qui, au mois de juin 2017 lui ouvrirent complaisamment leurs antennes ou leurs colonnes ne firent allusion à cette condamnation…
2) Contestant cet arrêt, M. de Saint-Exupéry s’était pourvu en Cassation. Or, dans un arrêt en date du 11 juillet 2017, la Cour de Cassation vient de rejeter son recours, estimant que la Cour d’Appel avait régulièrement jugé et qu’il y avait bien eu diffamation, condamnant de surcroît son auteur à une amende. La condamnation est donc définitive. Là encore, le silence des médias fut assourdissant…
3) Pour mémoire, dans l’affaire du général Quesnot, chef d’état-major particulier du président Mitterrand, la Cour de Cassation dans un arrêt du 14 janvier 2014 avait déjà fait litière des accusations portées contre l’armée française.
Alors pourquoi de telles campagnes de presse ? Les journalistes sont-ils à ce point ignorants ou arrogants qu’ils ne tiennent aucun compte des jugements rendus, reprenant inlassablement le « marronnier » de la prétendue « complicité française » dans le drame rwandais et cela dans l’ignorance bétonnée du dossier ? Pourquoi aujourd’hui cette attaque contre le général Lecointre ?
La réponse est claire. En mettant la pression sur Paris à travers des articles écrits par quelques spadassins de plume qui sont ses obligés ou ses dhimmis, le régime Kagamé se livre en réalité à un chantage: l’abandon de l’instruction des juges Herbaut et Poux dans l’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994 qui coûta la vie au président Habyarimana contre la fin de la campagne médiatique anti-française.
Pour Kigali, il y a en effet péril en la demeure car l’étau se referme sur les auteurs de cet attentat qui déclencha le génocide du Rwanda. Voilà pourquoi une pression est exercée sur l’Etat français afin d’éviter la défaite judiciaire qui pourrait s’annoncer avec les conséquences cataclysmiques qui en découleraient car, comme l’a dit Madame Carla Del Ponte, Procureur du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) : « S’il était avéré que c’est le FPR qui a abattu l’avion du président Habyarimana, c’est toute l’histoire du génocide du Rwanda qu’il faudrait réécrire ».
Or, les éléments allant dans ce sens semblent s’accumuler comme je le montre dans le communiqué en date du 29 juin 2017 publié sur mon blog. D’autant plus qu’un rapport confidentiel de l’ONU dont l’Afrique Réelle publiera les principaux éléments dans le numéro que les abonnés recevront le 1er août prochain (pour vous abonner, cliquez ici), nous apprend que les Casques bleu de la mission de paix au Congo (Monusco) ont mis la main sur un missile sol-air de la même série et fabriqué à la même date (avril 1987), que ceux qui ont abattu l’avion présidentiel rwandais le 6 avril 1994, missile récupéré sur une milice du Kivu armée par Kigali…
Ce nouvel élément dans la question de savoir qui, le 6 avril 1994, a assassiné le président Habyarimana, déclenchant ainsi le génocide de 1994, vient donc encore alimenter le volumineux dossier des juges français en charge de l’enquête sur ce crime qui coûta la vie à deux présidents en exercice, celui du Rwanda et celui du Burundi, qui avaient pris place dans le même avion. Comme, par les énormes pressions qu’ils exercèrent sur le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, alliés du régime de Kigali, réussirent à interdire au TPIR d’enquêter sur cet attentat, seule l’enquête française pourrait donc permettre de connaître un jour la vérité.
Voilà pourquoi, pour Kigali, il est vital que cette enquête soit annulée ou suspendue. Et c’est encore pourquoi le général Lecointre est attaqué, le régime rwandais voulant à travers ce tir de semonce de très gros calibre, indiquer au gouvernement français qu’il ne relâchera jamais sa pression et qu’il ne reculera devant aucune attaque puisqu’il en va de sa survie…
Désormais, une seule question doit être posée : la France se laissera-t-elle une fois de plus intimider par le général Kagamé comme ce fut tant de fois le cas sous les présidences Sarkozy et Hollande ? Dans une enquête très documentée parue dans le « UN », n°140 du 1° février 2017 sous le titre « Récit d’une manipulation », Pierre Péan explique en effet comment, à partir de l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy et jusqu’au départ du juge Trévidic, un groupe comprenant diplomates, magistrats, politiques et hommes de l’ombre, groupe relayé par les réseaux pro-Kagamé français se serait ingénié à saboter l’enquête française sur l’attentat du 6 avril 1994. Cet article hautement explosif ne fut relayé par aucun média français bien qu’il détaille de nombreux et très graves faits d’entrave à la justice.La nouvelle administration française décidera-t-elle de mettre enfin un terme à ces obscures pratiques pour dire clairement au général Kagamé que le temps des compromissions et des marchandages avec son régime est terminé ?
Le président de la République française qui s’est récemment plu à rappeler qu’il est le Chef des Armées, peut-il tolérer qu’un régime rwandais aux abois traîne ainsi son CEMA, donc les Armées françaises, dans la boue ?
Pour en savoir plus, voir le livre de Bernard Lugan :
Rwanda : un génocide en questions




















Editions du Rocher, 2014, 286 pages, cahier de cartes en couleur.
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Saïd Bouteflika a besoin du soutien de Paris pour succéder à son frère. Que propose-t-il pour l’obtenir ?

Wed, 12/07/2017 - 11:51
Avec le régime algérien, rien n’est simple et rien ne doit être pris au premier degré. Y compris ses folles exigences de repentance. Ainsi, le 5 juillet 2017, quand, à l’occasion de la fête nationale, sourd, muet et quasi paralysé,  le président Abdelaziz Bouteflika publie un message diffusé par l’agence officielle APS dans lequel « il » écrit : « Notre peuple exige (je souligne) toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France ».Au-delà de cet exercice de style incantatoire, mécanique et convenu, passons à l’essentiel du message. Ceux qui tiennent la main du président Bouteflika s’y adressent plus aux Français qu’aux Algériens. Un paradoxe le jour de la fête nationale algérienne…. Après avoir insulté la France, voilà qu’ils y affichent une claire intention d’établir avec elle des rapports enfin apaisés à travers « un partenariat d’exception qui se doit d’être mutuellement bénéfique ». « Mutuellement bénéfique » signifiant donnant-donnant, que demande donc le clan Bouteflika aux abois ? Tout simplement qu’Emmanuel Macron entérine la succession « à la cubaine » qu’il prépare, Saïd Bouteflika prenant alors la place de son frère Abdelaziz. En échange de cet aval français qui ouvrirait la voie à une reconnaissance internationale, les services algériens « aideraient » Paris dans un dossier malien de plus en plus pesant, mais dont ils connaissent intimement certains des principaux acteurs…
Explications :
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