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Diplomacy & Crisis News

Les patrons ont-ils lu Marx ?

Le Monde Diplomatique - Mon, 22/05/2017 - 17:41

Consciente de ses intérêts, la haute bourgeoisie se distingue par la sophistication de ses modes d'organisation... Ce groupe social pratique l'entre-soi et les échanges de bons procédés. Mais ce collectivisme pratique se dissimule derrière un discours faisant passer pour du talent individuel des positions transmises de génération en génération.

Messe de la Saint-Hubert à l'abbatiale de Saint-Jean-aux-Bois (Oise), où l'on fait bénir la meute de chiens avant une chasse à courre, 2014. Photographie de Gwen Dubourthoumieu. Le reportage « La crise ?Quelle crise ? », inspiré du travail des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, s'intéresse au monde de la haute bourgeoisie et montre ce qui constitue en classe sociale un groupe apparemment composite. Plus spécifiquement, il illustre en images les stratégies mises en place au sein du groupe pour préserver l'entre-soi.
© Gwenn Dubourthoumieu.

Les Portes-en-Ré, une île dans l'île. À la pointe extrême de l'île de Ré, cette commune est devenue un des lieux de ralliement des familles de la bourgeoisie. Chacun se salue, tout le monde bavarde longuement sur le parvis à la sortie de la messe, des groupes se forment à la terrasse du café Bazenne pour l'apéritif dominical. Une société enjouée, ravie d'être rassemblée et de pouvoir être elle-même à l'abri du regard des importuns.

Dans un entre-soi toujours soigneusement contrôlé, les membres de la haute bourgeoisie fréquentent les mêmes lieux. Les salons parisiens, les villas des bords de mer, les chalets de montagne constituent un vaste espace quasi public pour la bonne société, qui y goûte le même plaisir qu'elle a à se retrouver dans des cercles comme, à Paris, l'Automobile Club de France, place de la Concorde, ou le Cercle de l'Union interalliée, rue du Faubourg-Saint-Honoré.

On transforme les « exploiteurs » d'hier en « créateurs de richesses »

À observer la bourgeoisie, on pourrait la croire collectiviste tant elle est, en apparence au moins, solidaire. Mais ce collectivisme n'est que pratique. Il prend la forme d'échanges, de dons et de contre-dons, avec non seulement les autres patrons mais également tous ceux qui occupent des positions de pouvoir dans les domaines financier, politique ou médiatique.

Les détenteurs des moyens de production vivent et agissent au cœur des rapports sociaux sans avoir à recourir à l'analyse marxiste : les patrons n'ont pas à théoriser leur position dominante, dont d'ailleurs, le plus souvent, ils ont hérité. Pierre Gattaz en est un exemple révélateur. Président du Mouvement des entreprises de France (Medef), premier syndicat patronal, dénommé autrefois Conseil national du patronat français (CNPF), il dirige Radiall, une société leader mondial des connecteurs électriques et électroniques. Il a pris la succession de son père, Yvon Gattaz, qui fut président du CNPF. Il est des héritages prometteurs qui assurent l'avenir...

L'un des salons du cercle de l'Union interalliée, 2014. Photographie de Gwen Dubourthoumieu. © Gwenn Dubourthoumieu.

Le rapport social qui fonde sa classe, l'exploitation du travail d'autrui, en fait d'abord une « classe en soi » : ses conditions objectives de vie contrastent par leurs richesses avec celles des classes moyennes et des classes populaires. De surcroît, c'est une classe consciente de ses intérêts et mobilisée pour les défendre, notamment par l'intermédiaire de syndicats patronaux. On parle alors de « classe pour soi ».

Image de couverture de « L'Internationale des riches », « Manière de voir », n° 99, 2008. Photographie de Gérard Paris-Clavel.
© Gérard Paris-Clavel.

Les associations d'employeurs apparaissent sous le premier Empire. Des regroupements se forment tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle pour aboutir à la formation de la Confédération générale du patronat français en 1936, ancêtre du CNPF. À la fin des années 1990, le patronat cherche à devenir un acteur politique : le sigle de son organisation abandonne la référence au « patronat » au profit du terme plus flatteur d'« entrepreneur ». À sa tête, le baron Ernest-Antoine Seillière de Laborde, descendant de la famille Wendel, dont la fortune fut construite par les travailleurs de la sidérurgie, lance la « refondation sociale », un programme de « modernisation » du droit du travail et de la protection sociale. Au programme, le contrat (contre la loi) et l'individualisation des droits sociaux (contre les accords collectifs).

Rallye dansant, Paris, 2015. Photographie de Gwen Dubourthoumieu. © Gwenn Dubourthoumieu.

L'entre-soi grand-bour­geois permet cette offensive idéologique. Comme par magie rhétorique, la lutte des classes marche sur la tête : on transforme les « exploiteurs » d'hier en « créateurs de richesses » et les « exploités » en « coûts ». De leur côté, les patrons s'abritent derrière le paravent idéologique de la concurrence libre et non faussée – que les meilleurs gagnent ! –, une vulgate de l'économie libérale qui permet de légitimer une position sociale souvent héritée et collectivement protégée.

Les armes utilisées sont des mots comme « compétitivité », « déficit public », « trou de la Sécurité sociale », « chômage ». Assénées sur tous les canaux d'information, ces notions, devenues naturelles, s'inscrivent dans une guerre des classes que les plus riches mènent à l'échelle de la planète. « Il y a bien une guerre des classes reconnaissait le milliardaire américain Warren Buffett en 2005, mais c'est ma classe qui est en train de la gagner. »

Le PIB, une mesure qui ne dit pas tout

Le Monde Diplomatique - Mon, 22/05/2017 - 09:30

Pendant des décennies, la mesure du produit intérieur brut a « défini » le développement. Pourtant, que vaut cette hiérarchie fondée sur la seule croissance quantitative, ignorant sa dimension qualitative ? Vit-on mieux dans le centre-ville dévasté de Detroit que dans une famille de pêcheurs au Cap-Vert ? Que traduisent réellement les indicateurs de richesse traditionnels ?

A l'aune du développement humain

En février 2008, la mise en place, à la demande du gouvernement français, de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social (CMPEPS), dite commission Stiglitz, a donné lieu à de nombreuses réactions. Au coeur du projet, une préoccupation partagée par tous les tenants d'un abandon de la religion de la croissance : comment déterminer les limites du produit intérieur brut (PIB) comme indicateur des performances économiques et du progrès social ? Parallèlement, des réseaux de la société civile créent, avec le même objectif, le Forum pour d'autres indicateurs de richesse (FAIR).

« Le produit intérieur brut ne mesure pas la beauté de notre poésie, la qualité de nos débats, notre courage, notre sagesse ou notre culture… Il mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. »

Il y a longtemps que la pertinence du PIB en tant qu'indicateur hégémonique est remise en question par les économistes. Est particulièrement visée, dans ce « supplément de richesse » annuel produit et évalué de façon marchande et monétaire – qui fait donc le bilan de la valeur ajoutée produite par une économie –, son incapacité à prendre en compte l'inestimable des vies humaines. En mars 1968, Robert Kennedy, candidat à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle américaine, le martelait déjà : « Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l'intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (…) En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. » Moins lyriques, les économistes ont souligné les limites du PIB en ceci qu'il mesure la croissance sur une année sans pouvoir servir d'indicateur de richesse et encore moins de bien-être. On l'observe depuis 1972, avec la publication d'« Halte à la croissance ? », le rapport Meadows du Club de Rome, et les travaux de James Tobin et William Nordhaus visant à crédibiliser un nouvel indicateur de qualité de vie. « L'inventeur » du PIB lui-même, Simon Kuznets, en convenait : « La mesure du revenu national, prévenait-il déjà en 1934, peut difficilement servir à évaluer le bien-être d'une nation. » Reste qu'en quarante ans de domination sans partage de la vulgate libérale rien n'a vraiment changé : la mesure de la richesse nationale est toujours majoritairement centrée sur les différents niveaux de l'activité marchande, dans une optique de « création de valeur ajoutée » que les années de reconstruction d'après guerre ont fortement contribué à figer. Les conditions sociales de production restent un sujet virtuel.

Des indicateurs contestés

Les Nations unies ont, certes, popularisé d'autres indicateurs, comme l'indice de pauvreté humaine (IPH), ou l'indice de développement humain (IDH) mis au point, sous l'influence d'Amartya Sen, par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L'IDH, comparé à l'évolution du PIB, permet de mettre en évidence que tous les pays qui créent de la « valeur » (au sens d'une accumulation de devises) n'ont pas la même aptitude à la transformer en développements humains concrets – en termes d'éducation et de santé, par exemple. Le Genuine Progress Indicator (GPI), ou indice de progrès véritable, ajoute quant à lui aux critères de production et de consommation une estimation de la valeur des activités bénévoles, ainsi que les coûts sociaux ou environnementaux des activités économiques. Existent par ailleurs l'indice de santé sociale, du Fordham Institute for Innovation in Social Policy, et l'indice de bien-être économique, des Canadiens Lars Osberg et Andrew Sharpe. Tous ces nouveaux indices font l'objet de critiques parfois justifiées portant sur la rigueur de leur échelle de mesure, et n'apparaissent pour le moment que comme des « pondérateurs » du PIB, sans parvenir à remettre en question sa centralité intrinsèque. Les « théories du bonheur », comme le rappellent Florence Jany-Catrice et Dominique Méda dans leur critique du rapport Stiglitz, « se développent toujours dans le cadre de travaux utilitaristes, fondés sur l'individualisme des “agents” ». A quoi sert de modifier les indicateurs de mesure des moyens, quand les fins elles-mêmes ne sont aucunement repensées ?

L'Afrique et l'Asie encore à l'écart L'Afrique et l'Asie encore à l'écart

Indice de démocratie (Democracy Index). Créé en 2007 par The Economist, cet indice mesure le niveau de démocratie pour 167 pays, selon cinq critères (pluralisme politique et élections, libertés civiles, gouvernance, participation et culture politique). Il combine 60 indicateurs issus d'expertises, de sondages et d'analyses des législations : chacun d'eux est noté de 0 (exécrable) à 10 (excellent). L'indice pour chaque pays est calculé en faisant la moyenne des cinq critères, à laquelle on adjoint un attribut : démocratie irréprochable, démocratie imparfaite, régime hybride ou régime autoritaire.

Indice de vulnérabilité humaine (Human Vulnerability Index [HVI]). Composant de l'indice de viabilité environnementale (ESI), cet indice mesure la fragilité de chaque région face aux changements climatiques : chacun est noté de 1 (les plus vulnérables) à 100 (les moins vulnérables). Il comprend sept indicateurs répartis dans trois domaines : la santé et l'environnement (taux de décès causés par des maladies intestinales infectieuses, taux de mortalité infantile due à des maladies respiratoires, taux de mortalité juvénile), la satisfaction des besoins humains (proportion de la population qui est sous-alimentée, qui a accès à l'eau potable), et les risques naturels (indice d'exposition et mortalité due aux catastrophes naturelles).

Indice de viabilité environnementale (Environmental Sustainability Index [ESI]). Développé de 1999 à 2005 par le Center for Environmental Law and Policy de l'université Yale et le Center for International Science Information Network de l'université Columbia, cet indice note, de 0 à 100, 146 pays selon leur capacité à protéger l'environnement (gestion des ressources naturelles, niveaux de pollution, gestion des biens communs). Il est calculé à partir de cinq indices, agrégats de 76 indicateurs issus de données gouvernementales, d'expertises scientifiques et d'informations fournies par des responsables politiques.

La crise économique actuelle, en prenant les atours d'une crise de civilisation, pourrait justement marquer une étape fondamentale de ce point de vue. L'enjeu n'est plus (ou plus autant) celui de la statistique : il est politique et philosophique. Comme l'écrit la CMPEPS, « l'exigence de passer d'une évaluation de l'activité marchande à une évaluation du bien-être se fait plus pressante. (…) Les politiques devraient avoir pour but non d'augmenter le PIB, mais d'accroître le bien-être au sein de la société ». Objectif qui ne remet pas totalement en question le PIB comme indicateur, mais implique de le transcender. Ce qui pourrait avoir des conséquences radicales. L'une d'elles serait la contestation du « modèle » américain, qui corrèle croissance et progrès. S'imposerait aussi le réexamen des mesures macroéconomiques monolithiques du FMI, fondées sur l'unilatéralisme des indicateurs classiques.

Classement sans valeurs

La logique générale des débats sur cette question semble mener à un nouvel équilibre centré sur l'humain, où seraient clarifiées les différences entre la notion de production et celle de richesse. Dans cette optique, la prise en considération de ce dont le PIB ne « parle » pas (comme les externalités négatives de la croissance en termes environnementaux et sociaux) devient l'un des critères structurants. Le PIB prend bien en compte la consommation des ressources naturelles (matières premières, énergie), mais sans faire la part des choses entre renouvelables et non renouvelables. La pollution a aussi des répercussions sociales : que vaut le classement prospectif très récent de la banque HSBC, qui prédit pour 2050 une Chine au sommet de la hiérarchie mondiale des PIB, quand l'accumulation des pollutions et des « dysfonctionnements » sociaux qui lui sont liés est ignorée ? Les réflexions à ce sujet ont mené le Comité d'experts des Nations unies sur la comptabilité environnementale et économique (UNCEEA) à proposer un Système de comptabilité environnementale et économique (SEEA). Cette logique de « PIB vert » peine cependant à s'imposer.

Myopie des banques et des agences de notation

Critère de mesure central, le PIB n'a, enfin, aucunement tenu lieu de radar d'alerte concernant la crise actuelle. Rien dans la structure du PIB ni dans le AAA des agences de notation, qui lui est fortement corrélé, n'a permis de comprendre, par exemple, que l'accumulation de « richesses » produites depuis trente ans au Royaume-Uni par des services financiers hypertrophiés engendrait un déséquilibre structurel, rendant toujours plus d'hommes dépendants d'une production virtuelle et parasitaire. La crise montre aujourd'hui les limites de ce pari britannique : l'économiste Patrick Artus estime que 20 % des emplois au Royaume-Uni sont liés à la finance ; si la City perd son rôle central, le pays se retrouve sans option de rechange, aucune industrie ne pouvant vraiment relancer l'économie. Le PIB, pas plus que la grille des AAA, n'était capable de refléter ce glissement.

L'aveuglement passé des agences de notation dans la crise des subprime est reconnu par tous. Pourtant, nul ne met en discussion leur capacité à dégrader du jour au lendemain la réputation d'un Etat.

Quant aux agences de notation, leur aveuglement passé dans le drame des subprime est unanimement reconnu ; pourtant, personne ne met en discussion leur capacité à dégrader du jour au lendemain la valeur d'une entreprise – et la vie de ses salariés – ou la réputation d'un Etat – et la vie de ses citoyens – sur la base de rumeurs et d'indicateurs arbitraires. En septembre 2011, remarque La Tribune, Air France « vaut » moins en Bourse que le prix catalogue de cinq A380 ; Accor, moins que la moitié de ses hôtels. Mais nulle multinationale n'envisage sérieusement de cesser de dépendre de cotations irrationnelles.

L'économie libérale demeure un artéfact religieux et, comme tel, hésite à se priver de ses faillibles augures. Tant pis si ces derniers, marché ou agences, ont régulièrement besoin de victimes pour pouvoir « lire » dans les entrailles de la croissance

Sur la Toile

Forum pour d'autres indicateurs de richesse (FAIR) :
www.forum-fair.org

Baromètre des inégalités et de la pauvreté :
www.bip40.org

Bibliographie : Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice, Les Nouveaux Indicateurs de richesse, La Découverte, Paris, 2007.

Les revenants

Politique étrangère (IFRI) - Mon, 22/05/2017 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Marc Hecker, chercheur au Centre des études de sécurité à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de David Thomson, Les Revenants (Seuil, 2016, 304 pages).

David Thomson, journaliste à Radio France internationale (RFI), a commencé à s’intéresser au djihadisme au moment des révolutions arabes de 2011. Correspondant en Tunisie, il a vu émerger le mouvement Ansar Al-Charia, et a réalisé dès 2012 un reportage sur les Tunisiens partis combattre en Syrie. De retour en France, il a poursuivi son travail sur les filières syriennes. En 2014, il a signé un premier livre remarqué, Les Français jihadistes[1] (Les Arènes, 2014). Depuis lors, il continue à suivre la mouvance djihadiste de près, en réalisant un travail de veille quotidien sur les réseaux sociaux et en entretenant des contacts réguliers avec des partisans de l’État islamique (EI) ou d’Al-Qaïda.

Pour son deuxième opus, David Thomson s’intéresse plus spécifiquement aux Français qui sont revenus de Syrie. Il a échangé avec une vingtaine d’entre eux, et décrit plus précisément le profil d’une dizaine de « revenants ». Cet échantillon ne représente qu’une faible proportion des quelque 250 résidents français rentrés de la zone syro-irakienne, et ne permet pas de dégager des statistiques fiables. Il n’en demeure pas moins que la galerie de portraits peints par le journaliste est saisissante, et que le livre fourmille d’anecdotes éclairant le phénomène du djihadisme d’un jour nouveau. Trois points peuvent plus spécifiquement être mis en avant.

Tout d’abord, l’ouvrage confirme que les ressorts de la radicalisation sont complexes. Dans certains cas, l’idéologie paraît jouer un rôle important, dans d’autres les dynamiques de radicalisation semblent être davantage économiques, sociales ou psychologiques. En d’autres termes, l’enquête de Thomson montre que les thèses d’Olivier Roy (« islamisation de la radicalité ») et de Gilles Kepel (« radicalisation de l’islam ») sont davantage complémentaires que contradictoires.

Ensuite, l’auteur avance que les jeunes issus de l’immigration maghrébine représentent une majorité des djihadistes français. Ces derniers évoquent régulièrement leur sentiment de déclassement et de marginalisation. Ils ont beau être nés trois ou quatre décennies après la fin de la guerre d’Algérie, ils continuent à y faire référence, et à nourrir un fort ressentiment à l’égard de l’État français. Ils voient dans la restauration du califat une forme de revanche, et une possibilité de restaurer leur dignité. Des ingénieurs, des informaticiens, des médecins, de brillants étudiants ont certes quitté la France pour la Syrie, mais ils ne représentent qu’une minorité. Ainsi Thomson va-t-il jusqu’à décrire les Français comme des « cas soc’ du jihad », montrant la manière dont ils ont exporté leur culture de cité vers la Syrie.

Enfin, les témoignages recueillis par David Thomson ne suscitent guère l’optimisme. Si les « revenants » sont volontiers critiques à l’égard de l’EI, la majorité d’entre eux n’est pas pour autant « déradicalisée ». La plupart continuent à s’opposer à la France, à la démocratie et à la laïcité. Le rejet combiné de Daech et de la France peut d’ailleurs conduire certains à se réfugier dans le salafisme quiétiste. D’autres – dont des jeunes femmes – envisagent plutôt de se tourner vers des formes plus individuelles de djihadisme et rêvent d’attentats. En somme, les revenants n’ont pas fini de nous hanter.

Marc Hecker

[1]. Cet ouvrage a fait l’objet d’une recension dans le n° 2/2014 de Politique étrangère.

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Rightwing Military Officers

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Mon, 22/05/2017 - 00:00
(Own report) - Already 14 years ago, a high-ranking officer of the German Bundeswehr maintained ties with the most important rightwing extremist think tank in Germany. In early 2003, Erich Vad, colonel at the time, appeared as speaker at the "Institute for State Policy" (IfS) that is entertaining good relations with graduates of the Bundeswehr University in Munich, as well as to the trendy right-wing extremist "identitarian" movement. In 2003, Vad criticized in the institute's journal, the "paralysis of a post-bourgeois political class" in Germany, "whose world view primarily draws on re-education, on the sclerotic rituals of dealing with the [Nazi] past and the 1968 mythology." While Vad moved up to become Chancellor Angela Merkel's chief military policy advisor, the "IfS" has been seeking to intensify its relations with students at the Bundeswehr University in Munich. According to a study, 13 percent of the students at that university feel a political affinity with the "New Right." A First Lieutenant among the soldiers affiliated with the Institute, is today demonstrating in the "identitarian" movement, alongside neo-Nazis. The officer had last served in the mechanized infantry battalion in Oberviechtach. Today, that battalion comprises the largest segment of the German contingent in Lithuania's Rukla.

On World Day, UN agencies urge countering threats to cultural diversity

UN News Centre - Sun, 21/05/2017 - 07:00
Cultural diversity &#8211 the driving force of change and development &#8211 is increasingly under threat, United Nations agencies today said, reaffirming support for the cultural diversity that stems from migration.

Libya: UN chief urges all sides to restore calm in aftermath of deadly attack on southern airbase

UN News Centre - Sat, 20/05/2017 - 07:00
United Nations Secretary-General António Guterres is deeply concerned about the military escalation at the Brak al-Shati air base in southern Libya and calls on all parties to exercise restraint and restore calm, the UN chief&#39s spokesman said today.

Peru: UN agency supports recovery of some 7,000 farmers from El Niño floods, landslides

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 23:44
In the wake of the heavy rains, floods and landslides that hit Peru earlier this year, the United Nations agriculture agency said today that it is working with the Government to assist some 7,000 mostly small-scale farmers to restore their capacity to produce crops and feed their families.

Intra-Syrian talks end with ‘incremental progress;’ possible resumption in June – UN negotiator

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 23:13
United Nations-facilitated talks to help resolve the Syrian conflict have ended on schedule in Geneva, where UN negotiator Staffan de Mistura said he was satisfied that some progress had been made, and that there had been “less rhetoric” on all sides.

Venezuela: UN human rights chief regrets opposition leader being blocked to travel

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 22:40
Amid rising violence in Venezuela, the United Nations human rights chief has expressed regret that the Latin American country’s opposition leader was allegedly blocked from leaving the country for New York, where they were planning to meet.

UN-backed treaty on mercury to enter into force; ‘pivotal moment’ in combat against harmful chemicals

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 22:36
The world took an historic step forward in the fight against mercury poisoning as the European Union and seven of its member States ratified the first new global convention related to the environment and health in close to a decade, according to the United Nations.

China’s New Megacity: The Anti-Beijing

Foreign Policy - Fri, 19/05/2017 - 21:39
The government will build another metropolis from scratch. But it's not planning on following the old playbook.

Israeli Intelligence Furious Over Trump’s Loose Lips

Foreign Policy - Fri, 19/05/2017 - 21:32
As the U.S. president heads to Israel for a show of unity, the country’s spies are alarmed at his disclosures to the Russians.

Can Trump Pardon Himself?

Foreign Policy - Fri, 19/05/2017 - 21:25
If the current president has proved anything, it’s that there’s a first time for everything.

Thousands of migrants rescued on Mediterranean in a single day – UN agency

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 21:17
Nearly 3,000 migrants were rescued trying to cross the Mediterranean Sea, according to the United Nations migration agency, which also reported that more than a dozen rescue operations were under way in the area yesterday.

Trump’s Middle East Trip Is Full of Traps

Foreign Policy - Fri, 19/05/2017 - 20:47
The stakes could not be higher for the president's first trip abroad. And he'll need to be careful and disciplined.

U.S. in ‘Cat and Mouse Game’ With Julian Assange

Foreign Policy - Fri, 19/05/2017 - 20:46
The Swedish arrest warrant is gone, but WikiLeaks founder is far from being free.

Cholera outbreak in war-torn Yemen spreading at ‘unprecedented’ speed, UN warns

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 20:46
As war-torn Yemen grapples with heavy rains, a collapsed healthcare system and crippled economy, a resurgent cholera outbreak has spread with “unprecedented” speed and taken medical professionals by surprise, the World Health Organization warned today.

In wake of ‘WannaCry’ attacks, UN cybersecurity expert discusses Internet safety

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 20:09
A United Nations cybersecurity expert says that cybercrime is ultimately preventable, and that the internet – even the hidden so-called ‘dark net’ – has very good elements to it.

Trump Comes To Riyadh Bearing Gifts – Weapons Approved By Obama

Foreign Policy - Fri, 19/05/2017 - 19:54
But some of the arms sales could face an uphill battle on Capitol Hill.

Southern Africa: UN, Mozambique host first-ever forum to fight trafficking of people with albinism

UN News Centre - Fri, 19/05/2017 - 19:40
United Nations agencies are joining forces with governments in Southern Africa in a push to strengthen protections for persons with albinism, who often fall victim to a raft of abuses, including maiming, trafficking and even murder, linked to the belief that their parts have magical powers in witchcraft potions.

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