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Diplomacy & Crisis News

Des Bohémiens aux Roms

Le Monde Diplomatique - Thu, 18/05/2017 - 12:37
1912

16 juillet. La loi sur la circulation des nomades institue un carnet anthropométrique d'identité pour les « Bohémiens » français.

1940

Octobre. Sur ordre de l'Allemagne, le régime de Vichy interne près de sept mille Tziganes, répartis dans une trentaine de camps. Ils seront libérés en... 1946.

1969

3 janvier. Le carnet anthropométrique est remplacé par un livret de circulation que doivent détenir les gens du voyage sous peine d'amende. Ils doivent également être rattachés à une commune.

1990

31 mai. La loi Besson impose aux communes de plus de cinq mille habitants de se doter d'une aire d'accueil pour les Roms. Elle sera renforcée par la loi du 5 juillet 2000, qui simplifie les mesures d'évacuation en cas de stationnement illégal.

2003

18 mars. La loi Sarkozy punit de six mois d'emprisonnement et d'une amende de 3750 euros l'installation collective sur des terrains publics et privés sans autorisation.

2010

5 août. Une circulaire du ministère de l'intérieur enjoint aux préfets de démanteler par la force trois cents « campements illicites (...), en priorité ceux des Roms ».

2015

10 juin. Les députés suppriment le livret de circulation et accroissent les pouvoirs des préfets en matière de construction d'aires d'accueil.

17 août. Dans son rapport sur la France, le Comité des droits de l'homme des Nations unies appelle les autorités à « mettre un terme aux évacuations forcées des lieux de vie des migrants roms ».

Très beau, pas cher

Le Monde Diplomatique - Thu, 18/05/2017 - 11:05

Directeur associé de la société française Logistic Solutions, M. Antoine Houdebine vend des conteneurs aménagés pour abriter les migrants. Dans la perspective de l'évacuation de la « jungle » de Calais, l'entreprise a remporté l'appel d'offres de l'État pour installer un centre d'accueil provisoire (CAP). Il explique sa vision de ce « marché » (entretien, 15 février 2016).

Pour ma société, ce camp-là est devenu une référence. J'ai des demandes d'autres pays, des Belges m'ont appelé, des Turcs ; je participe à un salon à Dubaï [en mars 2016] sur l'aide humanitaire. Le camp de Calais va être ma référence. C'est un peu comme dans les années 1970, quand la France est devenue championne du monde du nucléaire — ou comme avec le TGV : on exporte, on crée de l'emploi, on crée de l'activité. On tire le marché vers le haut. Il y a des tas de camps qui sont faits de bungalows, ça n'est pas le même confort. Nous, on a fait un camp à la française, c'est un beau camp, il est réalisé en conteneurs. Il y a un marché pour ça. Tout le monde ne roule pas en super-voiture, mais il y a un marché pour les super-voitures. Eh bien, il y a un marché aussi pour les beaux camps en conteneurs.

Donc, mine de rien — et je pense que ce n'était pas la volonté de départ, mais c'est une conséquence heureuse —, la France est une référence (...) : les Anglais, les Belges, ils connaissent tous Calais. Au salon sur l'aide humanitaire, je vais montrer le film de Calais, ils verront et ils connaissent déjà Calais. C'est un chantier qui a été bien mené, intelligemment pensé, rapidement construit, bien géré au quotidien. Finalement, c'est une expérience, une histoire française, du 100 % français, à part les migrants, qui va complètement dans le bon sens.

Je trouve que le résultat est tout à fait conforme. De l'extérieur, on a quelque chose qui claque ; la signalétique, elle donne du peps. Je trouve que ça fait très propre. Et puis, à l'intérieur, vous avez quelque chose de solide, des lits en acier — ce n'est pas fait pour vivre dedans, c'est fait pour dormir au chaud. Donc le but est atteint, dans un design, dans un confort qui est tout à fait correct. Je suis sûr que les migrants dans les autres pays voudraient avoir ça.

Propos recueillis par Nicolas Autheman

Les panthères du Québec libre

Le Monde Diplomatique - Thu, 18/05/2017 - 10:25

À l'automne 1966, Pierre Vallières et Charles Gagnon, deux militants du Front de libération du Québec, se rendent à New York afin de développer leurs liens avec le réseau des Black Panthers. Pour avoir entamé une grève de la faim au siège des Nations unies, ils sont arrêtés et incarcérés, dans une prison essentiellement peuplée de Noirs. Depuis sa cellule, Pierre Vallières écrit « Nègres blancs d'Amérique », dans lequel il compare Canadiens français en lutte pour leur indépendance et Afro-Américains en quête de droits civiques.

Être un nègre, ce n'est pas être un homme en Amérique, mais être l'esclave de quelqu'un. Pour le riche Blanc de l'Amérique yankee, le nègre est un sous-homme. Même les pauvres Blancs considèrent le nègre comme inférieur à eux. Ils disent : « travailler dur comme un nègre », « sentir mauvais comme un nègre », « être dangereux comme un nègre », « être ignorant comme un nègre »… Très souvent, ils ne se doutent même pas qu'ils sont, eux aussi, des nègres, des esclaves, des nègres blancs. Le racisme blanc leur cache la réalité, en leur donnant l'occasion de mépriser un inférieur, de l'écraser mentalement, ou de le prendre en pitié. Mais les pauvres Blancs qui méprisent ainsi le Noir sont doublement nègres, car ils sont victimes d'une aliénation de plus, le racisme, qui, loin de les libérer, les emprisonne dans un filet de haines ou les paralyse dans la peur d'avoir un jour à affronter le Noir dans une guerre civile.

Au Québec, les Canadiens français ne connaissent pas ce racisme irrationnel, qui a causé tant de tort aux travailleurs blancs et aux travailleurs noirs des États-Unis. Ils n'ont aucun mérite à cela, puisqu'il n'y a pas, au Québec, de problème noir. La lutte de libération entreprise par les Noirs américains n'en suscite pas moins un intérêt croissant parmi la population canadienne française, car les travailleurs du Québec ont conscience de leur condition de nègres, d'exploités, de citoyens de seconde classe. Ne sont-ils pas, depuis l'établissement de la Nouvelle France, au XVIe siècle, les valets des impérialistes, les « nègres blancs d'Amérique » ? N'ont-ils pas, tout comme les Noirs américains, été importés pour servir de main-d'œuvre bon marché dans le Nouveau Monde ?

Ce qui les différencie : uniquement la couleur de la peau et le continent d'origine. Après trois siècles, leur condition est demeurée la même. Ils constituent toujours un réservoir de main-d'œuvre à bon marché que les détenteurs de capitaux ont toute liberté de faire travailler ou de réduire au chômage, au gré de leurs intérêts financiers, qu'ils ont toute liberté de mal payer, de maltraiter et de fouler aux pieds, qu'ils ont toute liberté, selon la loi, de faire matraquer par la police et emprisonner par les juges « dans l'intérêt public », quand leurs profits semblent en danger.

Pierre Vallières, Nègres blancs d'Amérique, Parti pris, Montréal, 1968.

Protection internationale

Le Monde Diplomatique - Thu, 18/05/2017 - 10:24

Adoptée en 1992 par l'Assemblée générale des Nations unies, la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et ses neuf articles fixent le cadre international de la protection des minorités.

Article premier

Les États protègent l'existence et l'identité nationale ou ethnique, culturelle, religieuse ou linguistique des minorités, sur leurs territoires respectifs, et favorisent l'instauration des conditions propres à promouvoir cette identité.

(...)

Article 2

Les personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques ont le droit de jouir de leur propre culture, de professer et de pratiquer leur propre religion et d'utiliser leur propre langue, en privé en public, librement et sans ingérence ni discrimination quelconque. Les personnes appartenant à des minorités ont le droit de participer pleinement à la vie culturelle, religieuse, sociale, économique et publique.

(…)

Les personnes appartenant à des minorités ont le droit d'établir et de maintenir, sans aucune discrimination, des contacts libres et pacifiques avec d'autres membres de leur groupe et avec des personnes appartenant à d'autres minorités, ainsi que des contacts au-delà des frontières avec des citoyens d'autres États auxquels elles sont liées par leur origine nationale ou ethnique ou par leur appartenance religieuse ou linguistique.

Article 4

(…)

Les États prennent des mesures pour créer des conditions propres à permettre aux personnes appartenant à des minorités d'exprimer leurs propres particularités et de développer leur culture, leur langue, leurs traditions et leurs coutumes, sauf dans le cas de pratiques spécifiques qui constituent une infraction à la législation nationale et sont contraires aux normes internationales.

Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution 47/135 du 8 décembre 1992.

Pour une hybridation des armées

Politique étrangère (IFRI) - Thu, 18/05/2017 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Rémy Hémez propose une analyse de l’ouvrage de Christophe Niquille, Pour une hybridation des armées (Nuvis, 2016, 144 pages).

L’hybridité est un concept à la mode dans les études de sécurité pour qualifier certains des adversaires auxquels font face les armées occidentales, et qui utilisent une combinaison de capacités conventionnelles avancées et de tactiques non linéaires. Ces adversaires peuvent être non étatiques (Daech, Hezbollah) ou étatiques (Russie). Dans Pour une hybridation des armées, Christophe Niquille, auteur suisse qui mène en parallèle à sa vie civile une carrière dans la milice comme officier d’état-major, adopte un point de vue original, en se plaçant non pas du côté de nos adversaires mais de nos propres armées, et en se faisant l’avocat d’armées occidentales hybrides.

Dans son introduction, il commence par renverser la problématique des contraintes financières, en estimant que ce ne sont pas elles mais bien « la conservation de stratégies opérationnelles qui ne sont plus en adéquation avec les réalités budgétaires » qui place notre modèle d’armées actuel dans une impasse. Ce modèle, qualifié de « capacitaire et technologique », a en effet montré ses limites. La Révolution dans les affaires militaires (RMA) qui s’inscrit dans « une vision scientifico-rationnelle de la stratégie » provoque des dépenses sans fin pour une efficacité marginale de plus en plus réduite.

L’auteur revient ensuite sur la guerre d’Israël contre le Hezbollah de 2006 pour illustrer ces limites. Les erreurs israéliennes lors de ce conflit sont désormais bien connues : accent mis sur la puissance de feu au détriment de la manœuvre, mise en avant de l’aviation et désintérêt pour l’action terrestre, chefs militaires restés à l’arrière derrière leurs écrans, etc. Après l’échec de 2006, Tsahal a pourtant cherché à redynamiser son modèle capacitaire et technologique, plutôt que de le remettre en cause.

Christophe Niquille défend un « modèle d’organisation et de combat des forces armées qui prône l’emploi simultanément et de façon adaptative d’un mixte de technologies plus ou moins avancées et de modes de guerre irréguliers, tout en n’excluant pas totalement des modes de guerre réguliers, dans l’espace de la bataille afin d’atteindre des objectifs politiques ». L’auteur rappelle justement que des modèles de ce type ont été théorisés au cours des années 1970-1980, comme dans l’Essai sur la non-bataille de Guy Brossollet.

Ce modèle hybride présenterait des avantages, entre autres : ne plus être dépendant de la haute technologie et de son coût disproportionné, redonner la priorité à l’intelligence humaine, ou encore éviter de mettre l’accent sur une vaine accélération de la manœuvre puisque les capacités cognitives du chef militaire ne sont pas infinies. Dans un dernier chapitre, l’auteur énumère les obstacles qui ne manqueraient pas de se dresser face à un projet d’adoption d’une armée hybride, comme le conservatisme culturel ou les freins économiques.

Christophe Niquille développe dans cet ouvrage une intéressante réflexion sur le concept d’hybridation des armées occidentales, ainsi que sur les avantages et les difficultés à mettre en œuvre ce type de réforme. Le lecteur reste cependant largement sur sa faim, puisque, au-delà de quelques vagues pistes, ce modèle n’est pas présenté dans les détails. Quelles structures de forces pour une armée hybride ? Quels équipements ? Quel budget ? Quelles conséquences pour la politique de défense ? Autant de questions qui restent en suspens.

Rémy Hémez

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Emmanuel Macron and the Refugee Question

Foreign Policy Blogs - Wed, 17/05/2017 - 21:11

Emmanuel Macron – via Flickr (World Economic Forum)

The day after his inauguration as president of France on May 14th, Emmanuel Macron signaled his dedication to European unity by jetting off to Berlin to meet with Angela Merkel. The two leaders used the occasion to underline their commitment to the European Union and to discuss potential bilateral cooperation on areas such foreign policy, defense, and common asylum proposals.

There is no issue where Macron will need Merkel’s support more than the common asylum. At the moment, the European response to the ongoing migrant crisis consists mainly of talking big and pledging funds. Yet neither Macron nor any of his peers have offered a comprehensive answer for difficult, long-term questions such as resettlement.

It remains to be seen whether the optimistic, yet thin-on-details Macron will be able to change the response to the crisis. If he does not, this will amount to a massive missed opportunity.

After all, the migrant crisis was one of the most divisive issues of the French elections. Far-right politician Marine Le Pen skillfully exploited both the crisis and the Islamist-inspired terror attacks that have hit the country. She told voters she planned to close the country’s borders to refugees and cut immigration to no more than 10,000 people per year.

Macron, however, emphasized the need to address the humanitarian aspects of the crisis, praising Merkel’s open door refugee policy for rescuing “our collective dignity.” He called for a more unified European response to the crisis, demanding stronger European borders and a revisiting of the Dublin Regulation so that countries like Greece would not be forced to shelter the lion’s share of migrants.

Macron’ statements signal an important shift in French policy, but do not suggest any ground-breaking changes in how Europe will approach these issues.

So far, at least, fundraising efforts have gone reasonably well. In February 2016, international donors pledged a record $12 billion at the London Conference on Supporting Syria, co-hosted by the UN and the governments of the UK, Kuwait, Germany, and Norway. Then-Secretary General Ban Ki-moon said that it was the first time the international community had raised that amount of money on a single day.

The latest fundraising conference in April was overshadowed by a deadly chemical attack by the Syrian government, but with only $6 billion in pledges, it did not match the precedent set in 2016.

While some of these numbers might sound impressive, it is clear that European donors, in particular, could do more to address the humanitarian crisis. Kuwait, for instance, has not only hosted and co-hosted numerous conferences, but has pledged far more funds in proportion to its GDP than states like Germany.

At the latest conference, the Emir of Kuwait and the government committed $100 million for 2017 and another $100 million for 2018. This is roughly twice as much in relation to GDP as what Berlin pledged. Given the fact that the EU is the largest economy in the world, it is clear that both the European Commission and individual member states could do more on this front.

In addition to failing to commit enough funds to address the humanitarian crisis in Syria, Europe has dropped the ball on refugee management and resettlement.

While the tenuous EU-Turkey border agreement has had middling success, with the number of migrants traveling from Turkey to Greece per day dropping from 1,740 pre-deal to 48 in June, migrants continue to enter Europe through other access points.

Italy, for instance, experienced a surge in migration after the closing of the deal, with a new record of 171,000 migrants arriving from Africa as of November 2016.

Meanwhile, nearly every European state continues to refuse to take their fair share of refugees. Even the one exception, Germany, has experienced a severe public backlash from its initially welcoming refugee policy following terrorist attacks in July and December. The government has since made it significantly more difficult for refugees to gain asylum.

This situation could leave Macron as one of the sole voices in Europe still vehemently advocating for a humanitarian response to the crisis.

The main issue is that for such a response to succeed, the root causes of the refugee crisis—the conflict in Syria and economic deprivation in Africa—will eventually have to be addressed. Unfortunately, this is where no European leader, including Macron, has brought any comprehensive policy proposal to the table.

On Syria, Macron has gone from saying France should talk to “all parties” involved in the crisis to calling for a military intervention under the aegis of the UN—without explaining how he would go about squaring that circle.

Of course, Syria is far from Europe’s only concern. More than half of all conflicts that have contributed to the refugee crisis are located in African countries like Libya and Nigeria. Droughts in Ethiopia and Eritrea have worsened the problem. Yet Macron hardly said anything about his Africa policy during the campaign.

At this point Macron might succeed in shifting the rhetoric of the response to the refugee crisis but not much else. This would be a drastic disappointment for a head of state basking in the glory of having “saved France”. If Macron is serious about the European project, he’s going to have to do more than talk about policy priorities with Merkel and the rest of his peers, but sit down and answer some uncomfortable questions. Otherwise, the likes of Le Pen will have a real chance of taking the elections the next time around.

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Trump Courts Duterte, Duterte Courts Xi

Foreign Policy Blogs - Wed, 17/05/2017 - 20:51

President Duterte poses with Chinese sailors during yesterday’s tour of the Chinese warship Chang Chun docked at the Sasa Port in Davao City. (The Philippine Star)

A Labor Day weekend phone call by U.S. President Donald Trump to his counterpart in the Philippines, Rodrigo Duterte, sparked criticism from human rights groups—one of which accused Trump of “essentially endorsing Duterte’s murderous war on drugs” while adding, “Trump is now morally complicit in future killings.”  Critics have also questioned Trump’s comments on May 1st that he would be “honored” to meet with North Korea’s dictator, Kim Jong-un, under the “right circumstances.” While his choice of words were not the best, American presidents oftentimes feel compelled to chose dialogue over outright avoidance in the hope of improving relations.

During the call to Duterte, Trump invited him to visit the White House and apparently expressed Washington’s commitment to the U.S.-Philippines Mutual Defense Treaty of 1951. Trump’s call represents an effort to improve relations after Duterte called the previous U.S. president a ‘son of a whore’ and told him to ‘go to hell’ following criticism of his war on drugs.

Duterte may accept (he says he may be too busy) the offer from Trump—a leader whom he said he shares similarities with: “Things have changed, there is a new leadership. He wants to make friends, he says we are friends so why should we pick a fight?”

While Duterte seems to be warming toward Washington, he is also keen to show friendship toward Chinese President Xi Jinping.

Earlier this month he visited three Chinese warships in his home town of Davao City on Mindanao island—the first Chinese navy port call to the country since 2010. The three Chinese naval ships, the Changchun (DDG-150), a guided missile destroyer; the Jinzhou (FF-G532), a guided missile frigate; and the Chaohu (890), a replenishment ship, were in Davao City for a three-day visit from April 30 to May 2.

Interestingly, his visit to Chinese warships came a day after issuing his chairman’s statement in Manila on behalf of the latest round of talks among the 10-nation Association of Southeast Asian Nations (ASEAN) in Manila, involving Brunei Darussalam, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, the Philippines, Singapore, Thailand and Vietnam.

Perhaps mindful of the coming warships, his statement on April 29 failed to mention an international tribunal ruling last year against China’s maritime claims, and did not use previous ASEAN language calling for a “respect for legal and diplomatic processes” in resolving the dispute. Rather, in his watered-down statement, Duterte alluded to “concerns expressed by some leaders over recent developments in the area”.

Statements such as this (and others) by Duterte, which downplay his nation’s claims to disputed maritime territory in the South China Sea, are dangerous, and for some, constitute a cause for impeachment. On Monday, a Congressional panel of Philippine lawmakers found a request for impeachment (which also accused Duterte of concealing assets and supporting extrajudicial killings), to lack substance and recommended its dismissal by Congress.

Right now, the “strongman” Duterte seems hard-pressed between appeasing his nationalistic citizens and military by asserting claims to the disputed islands while holding off an increasingly aggressive China. After visiting the Chinese warships, Duterte repeated that joint military exercises between the Philippines and China were a possibility.

However, his evolving friendships with Trump, and especially Chinese President Xi Jinping, are cause for worry among the other littoral states of the South China Sea, as they fear being left out of any grand compromise between the two major Pacific powers and the Philippines.

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Syndrome d'abandon à Riyad

Le Monde Diplomatique - Wed, 17/05/2017 - 18:08

Les dirigeants saoudiens ne pardonnent pas au président américain Barack Obama d'avoir négocié avec l'Iran. En arrière-plan, c'est la crainte d'une remise en cause du rôle dévolu par les Etats-Unis à l'Arabie saoudite qui fonde cette défiance.

Mercredi 20 avril 2016. Quand il atterrit à Riyad pour sa quatrième visite officielle en Arabie saoudite depuis son élection en 2008, le président Barack Obama prend, sans grande surprise, la mesure de la mauvaise humeur de ses hôtes. Le roi Salman ne s'est pas déplacé pour l'accueillir et c'est le gouverneur de la capitale saoudienne qui le remplace sur le tarmac de l'aéroport, ce qui, sur le plan du protocole, constitue tout de même un camouflet.

De son côté, la télévision locale ignore l'événement alors qu'elle a pour habitude de diffuser en direct ce type d'arrivée. Le message est clair. Les Saoudiens veulent montrer à M. Obama qu'ils sont fâchés et qu'ils considèrent qu'il appartient d'ores et déjà au passé, à moins de sept mois de l'élection présidentielle. Déjà, en mai 2015, lors d'un sommet organisé à Camp David entre les Etats-Unis et les six membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le souverain saoudien avait annulé son déplacement, se faisant représenter par le prince héritier Mohammed Ben Nayef et le ministre de la défense, le vice-prince héritier Mohammed Ben Salman — qui est aussi le fils du roi.

Les raisons de l'ire saoudienne sont connues depuis longtemps. Pour la monarchie wahhabite, l'administration Obama a joué avec le feu en se rapprochant de l'Iran. La signature d'un accord sur le nucléaire iranien à Vienne, le 14 juillet 2015, et la perspective de la levée des sanctions contre la République islamique ont provoqué une onde de choc dans le Golfe, où l'on vit dans la hantise d'être abandonnés par les Etats-Unis ou, du moins, de ne plus être considérés comme des partenaires privilégiés. Un tel scénario de recentrage qui ferait la part belle à l'Iran et dont M. Obama serait l'architecte « inconséquent », pour reprendre certains journaux du Golfe, est fréquemment évoqué à Riyad ou Abou Dhabi, les deux capitales les plus en pointe dans la dénonciation de la « menace perse ».

Pour le roi Salman, comme pour son prédécesseur Abdallah (2005-2015), le président américain porte la responsabilité du regain d'activisme iranien dans la région, faute d'une fermeté suffisante de la part de la Maison Blanche. Cette défiance à l'égard de M. Obama pousse donc les dirigeants du Golfe à signifier qu'ils n'ont plus d'autre option que d'attendre le départ de celui que certains d'entre eux appellent, selon le journaliste arabe Abdelbari Atwa, « al-'abid », autrement dit l'esclave…

Nul ne sait si les Etats-Unis ne seront pas un jour tentés d'abandonner les monarchies à leur sort

Le refus américain d'intervenir militairement contre M. Bachar Al-Assad à l'automne 2013 — et cela, entre autres, pour ne pas mettre en péril les négociations avec l'Iran — ainsi que le « lâchage » par Washington de M. Hosni Moubarak en 2011 font partie des griefs des dirigeants saoudiens. L'ancien président égyptien était vu comme un allié indéfectible des pays du Golfe. De plus, rois et émirs de la région ont interprété la décision de Washington de ne pas faire obstacle aux revendications de la place Tahrir comme une décision susceptible de se renouveler à leur détriment. Selon eux, après avoir abandonné à son sort le chah d'Iran en 1979 et M. Moubarak en 2011, on ne peut jurer que les Etats-Unis ne seront pas tentés un jour d'abandonner les monarchies à leur sort. Un scénario certes peu probable, quand on sait l'importance stratégique de la péninsule arabique, laquelle détient les deux tiers des réserves mondiales de pétrole, mais qui fait partie des pires cauchemars récurrents des dirigeants du CCG.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les Etats-Unis sont suspectés d'oublier le fameux pacte stratégique « pétrole contre sécurité » conclu en 1945 entre le roi Abdelaziz Ibn Saoud et le président Franklin D. Roosevelt. En mai 1975, quelques semaines après l'assassinat du roi Fayçal, Le Monde diplomatique se faisait l'écho d'une crainte comparable à celle qui existe aujourd'hui et relevait alors « l'inquiétude réelle de certains membres de la famille royale [saoudienne] au sujet des véritables intentions de Washington dans la région et du rôle dévolu à l'Arabie dans cette stratégie ». (1) Et de citer un responsable saoudien pour qui l'Arabie n'était plus alors reconnue par Washington « comme une puissance du Golfe » tandis que l'Iran du chah était « consacré comme puissance impérialiste avec la complicité des Arabes irakiens ».

A l'époque, un rapprochement diplomatique entre Bagdad et Téhéran et la volonté autoproclamée du chah d'Iran de faire jouer à son pays le rôle de « gendarme du Golfe et du Proche-Orient » avaient semé un vent de panique dans la péninsule. Quarante ans plus tard, les acteurs ne sont plus les mêmes, une république islamique a chassé un Etat impérial, le régime de Saddam Hussein est tombé, mais le discours est le même : les Saoudiens accusent Washington de leur préférer un Iran qui peut compter sur son allié irakien. En 1975, Riyad menaçait alors de… rejoindre le camp de l'Union soviétique ; mais, cette fois, le royaume wahhabite entend montrer qu'il est capable de prendre son destin en mains. C'est à l'aune de cet objectif qu'il faut lire l'intervention militaire saoudienne à Bahreïn au printemps 2011 et la guerre déclenchée en mars 2015 contre les houthistes au Yémen.

De son côté, le président Obama n'a pas cherché à ménager ses alliés. Certes, les Etats-Unis ont soutenu sur le plan logistique l'intervention militaire saoudienne au Yémen, en livrant notamment des photographies d'objectifs à bombarder. De même, le président américain n'a de cesse de rappeler que son pays sera « extrêmement vigilant à l'égard de l'Iran » et qu'il n'est pas question d'abandonner des alliés aussi anciens que précieux que sont l'Arabie saoudite ou ses voisins du CCG. Mais, dans le même temps, M. Obama a paru se contenter d'un service minimum en matière de déclarations de soutien aux monarchies. Surtout, comme le note Simon Hendersen, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, le locataire de la Maison Blanche n'a pas manqué de reprocher aux Saoudiens, lors d'entretiens bilatéraux parfois tendus, voire houleux, le fait qu'ils désignent l'Iran comme l'ennemi principal à circonscrire alors que les Etats-Unis ont pour principale priorité la lutte contre l'Organisation de l'Etat islamique (OEI).

« L'Arabie saoudite est convaincue que parlementer avec l'Iran représente une perte de temps »

Dans un entretien-fleuve publié par la revue The Atlantic, le président Obama a enfoncé le clou à ce sujet en relevant que, contrairement à ce que pensent les dirigeants du Golfe, l'Iran « n'est pas la source de tous les problèmes » dans la région. Une région que Riyad devait apprendre à « partager » avec Téhéran. Plus important encore, il a aussi dénoncé, sans les nommer directement, les pays qui « cherchent à exploiter la puissance américaine pour leurs propres visées étroites et sectaires ». Une accusation directe à l'encontre des Saoudiens, qui ne cessent de réclamer que l'Amérique « fracasse la tête du serpent » iranien comme l'avait dit en 2008 le roi Abdallah à un diplomate américain. Il va sans dire que cette « doctrine Obama » n'a guère plu dans le Golfe. Une partie de la presse saoudienne a fait l'impasse sur l'article de The Atlantic quand, dans d'autres publications, les relais du régime ont critiqué avec virulence « l'aventurisme et la naïveté » du président américain.

Il est encore trop tôt pour savoir si l'inclinaison voulue par ce dernier fera date ou si son successeur se dépêchera de revenir à la situation antérieure. Mais une chose est certaine : l'establishment américain commence à se lasser des sautes d'humeur saoudiennes. Certains diplomates du département d'Etat aimeraient que les dirigeants du royaume comprennent enfin qu'il est de leur intérêt que l'Iran ne soit plus acculé et que toute autre solution menacerait leur stabilité. « L'Arabie saoudite est convaincue que parlementer avec l'Iran représente une perte de temps et que seule la manière forte peut contenir les ambitions iraniennes, note pour sa part Olivier Da Lage, journaliste à RFI et spécialiste de la région. Il y a d'ailleurs là une contradiction qu'il est difficile d'expliquer car les Iraniens n'ont jamais fait mystère de leurs intentions en cas d'attaque américaine ou israélienne : leurs représailles frapperont les monarchies du Golfe, et les dirigeants saoudiens en sont parfaitement conscients (2).  »

Le président américain a aussi critiqué ouvertement certaines pratiques en cours dans le royaume saoudien, notamment l'usage des décapitations en place publique, ce qui a provoqué l'émoi de ses interlocuteurs, certains lui rappelant qu'en matière d'usage de la peine de mort les Etats-Unis n'avaient pas de leçon à donner. Quoi qu'il en soit, les dirigeants saoudiens sont persuadés que le président américain leur est hostile. Ils en veulent pour preuve ce projet rédigé par des élus démocrates et républicains du Congrès qui vise à faire toute la lumière sur les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington.

En incriminant l'Arabie saoudite, pays dont étaient originaires quinze des dix-neuf pirates responsables des attaques, ce texte de loi pourrait permettre aux familles de victimes de poursuivre directement le royaume. Officiellement, la Maison Blanche a déclaré qu'elle userait de son droit de veto contre ce décret s'il venait à être voté. Mais, pour l'Arabie saoudite, il n'y a pas de hasard, et les intentions du Congrès font écho à la prise de distance de M. Obama à son égard. Voilà pourquoi Riyad a déclaré que l'adoption d'un tel texte pousserait le royaume à céder une partie de ses 750 milliards de dollars en bons du Trésor américains. Une cession qui fragiliserait le dollar, mais qui pourrait pousser les Etats-Unis à se lasser d'un allié devenu trop exigeant.

(1) Pierre Péan, « Le régime évolue habilement entre des objectifs contradictoires », Le Monde diplomatique, mai 1975.

(2) « L'Arabie saoudite, un Etat à risque », Hérodote, Paris, 1er et 2e trimestres 2016.

Tentations séparatistes

Le Monde Diplomatique - Wed, 17/05/2017 - 17:13

Des partis régionalistes et autonomistes, qui contestent l'idée d'État-nation ou ne reconnaissent pas les découpages hérités de la guerre froide, ont émergé partout en Europe. Si nombre d'entre eux ne disposent que d'une audience limitée, recueillant quelques voix ou élus aux scrutins locaux, d'autres sont solidement installés dans le paysage politique (comme en Catalogne, en Flandre ou en Écosse), et leur projet de sécession n'a rien d'un rêve inaccessible.

La traversée des Pyrénées

Le Monde Diplomatique - Wed, 17/05/2017 - 15:44

Pénétrer dans l'Union européenne est aujourd'hui un parcours du combattant qui nécessite les services de passeurs. Il y a cinquante ans, les migrants portugais rencontraient moins de difficultés pour entrer en France que pour sortir de leur pays, qui interdisait l'émigration. Les « rabatteurs » de l'époque n'utilisaient pas des bateaux pneumatiques pour franchir la Méditerranée : ils embarquaient leurs clients dans des voitures surchargées à travers l'Espagne et les Pyrénées.

En 1964, dans la région d'Aveiro, mes « rabatteurs » cherchaient à attirer les jeunes gens. Comme on ne pouvait pas avoir de passeport, on est partis clandestinement. Le passage coûtait 12 000 escudos, auxquels on devait en ajouter 2 000. C'était une somme très importante pour l'époque et ce sont mes parents qui m'ont fait l'avance. J'étais dans un groupe d'une quarantaine de jeunes émigrants, dont trois jeunes femmes. Le voyage a duré cinq jours, et ce fut un véritable cauchemar. Sept taxis nous ont conduits à la frontière espagnole. La traversée de l'Espagne se fit dans des conditions totalement inhumaines, dans des voitures (des Citroën DS) dont on avait enlevé les sièges arrière et où ils nous ont entassés. C'est difficile à croire, mais nous étions quatorze dans une voiture, et seuls ceux qui étaient à côté du chauffeur pouvaient respirer librement. Puis on nous a entassés dans un camion à bestiaux dont nous devions sortir le moins possible. C'était horrible… On nous nourrissait seulement de pommes de terre cuites et de chocolat. Nous avons traversé les Pyrénées à pied, en file indienne, angoissés à l'idée de perdre la file. Arrivés en France, on nous a mis dans le train jusqu'à Paris, où un chauffeur de taxi nous a pris à trois et nous a amenés à Champigny.

Témoignage de José Pinho da Costa, dans Marie-Christine Volovitch-Tavares, Portugais à Champigny, le temps des baraques, Autrement, Paris, 1995.

Universités inclusives

Le Monde Diplomatique - Wed, 17/05/2017 - 15:42

Moins réputée que Princeton ou Harvard, l'université de l'Iowa sait néanmoins se distinguer. En 2013, elle fut la première à proposer une troisième case sur ses formulaires d'inscription : en plus des habituels « homme » et « femme », les étudiants pouvaient désormais s'identifier comme « trans ». L'établissement du Midwest a rapidement fait des émules, au point d'être supplanté par l'université de Californie. Depuis la rentrée 2015, celle-ci propose non plus trois, mais six cases à ses étudiants : homme, femme, mais aussi trans-femme, trans-homme, queer et « identité différente ».

Cette complexification du choix des identités sexuelles s'est accompagnée d'une réforme linguistique. Répondant à une demande des militants lesbiennes, gays, bisexuels et trans (LGBT), l'université de Californie s'est en effet convertie aux pronoms neutres ou « inclusifs » : afin de ne pas froisser ceux qui ne se reconnaissent pas dans les pronoms traditionnels, les professeurs sont sommés de demander à chaque étudiant par quel terme il souhaite être désigné. Outre he (« il ») et she (« elle »), les étudiants peuvent opter pour xe et ze. Quant à his (« son ») et her (« sa »), ils se déclinent désormais en hir et zir.

Depuis cette initiative pionnière, plusieurs facultés anglo-saxonnes se sont lancées dans le vocabulaire inclusif, qu'elles autorisent parfois dans les copies d'examen : l'université du Tennessee, celle de Toronto au Canada ou du Sussex au Royaume-Uni. Certaines, comme dans le Kansas ou l'Iowa, offrent même des badges aux étudiants sur lesquels ils peuvent inscrire leurs pronoms favoris, et éviter ainsi toute confusion dès le premier coup d'œil (1).

Pour une partie des militants LGBT, noirs ou féministes, les universités devraient être des « sanctuaires » où chacun peut arborer fièrement son identité minoritaire sans jamais être stigmatisé. Comme la chose n'est pas aisée dans des campus qui rassemblent plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d'étudiants, certains militants instituent des safe spaces, des espaces sécurisés où ils peuvent se retrouver entre eux, sans crainte d'être discriminés. Inventé par les militantes féministes dans les années 1960, le concept s'est progressivement élargi à tous les groupes minoritaires.

À l'université de New York, des safe spaces ont récemment été ouverts pour les étudiants potentiellement touchés par le décret anti-immigration de M. Donald Trump. Et à l'université du Michighan, où le vote conservateur a mauvaise presse, ce sont les partisans blancs du président qui réclament des espaces réservés (2)…

(1) Lucy Clarke-Billings, « US universities are offering “pronoun badges” to choose gender », Newsweek, New York, 30 décembre 2016.

(2) Anemona Hartocollis, « On campus, Trump fans says they need “safe spaces” », The New York Times, 6 décembre 2016.

Exploitation intra-africaine

Le Monde Diplomatique - Wed, 17/05/2017 - 14:37

Dans la nuit du 1er au 2 janvier 1970, cinq travailleurs étrangers meurent asphyxiés dans un foyer d'Aubervilliers. Fortement médiatisée, l'affaire jette une lumière crue sur les conditions de logement des immigrés, dont peu se souciaient jusqu'alors.

Quatre travailleurs sénégalais et un Mauritanien ont été découverts morts asphyxiés hier matin dans un foyer appelé Solidarité franco-africaine, 27, rue des Postes à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Deux autres occupants, un Sénégalais et un Mauritanien, ont pu être ranimés par les pompiers. Ils ont été hospitalisés dans un état sérieux.

Les locataires africains de ce foyer, qui payent un loyer de 70 francs par mois, sont logés dans des conditions misérables puisqu'ils sont une cinquantaine à vivre dans une baraque de cinq pièces, soit une dizaine de personnes par pièce. Au rez-de-chaussée, où s'est produite la tragédie, il y avait sept locataires qui, trop démunis, n'avaient pu payer le supplément demandé pour le chauffage. Celui-ci leur avait été coupé par les gérants. Pour se chauffer pendant la nuit, les « locataires » rassemblèrent quelques bûches et des branchages et les empilèrent dans une lessiveuse au centre de la pièce. Mais quand le bois eut fini de brûler, la braise dégagea de fortes émanations d'oxyde de carbone. Bilan : cinq morts. (…) La plupart des occupants du foyer travaillent dans des entreprises de la banlieue parisienne.

Cela pose évidemment le problème de la situation sociale des travailleurs immigrés en France. Il y a, rien qu'à Paris et dans la proche banlieue, cent mille personnes qui « vivent » dans des bidonvilles, cent mille personnes qui forment comme une société « à part ».

Première image de l'année : cinq morts, dans une baraque lépreuse, aux murs humides, au toit qui prend l'eau. Premier regard : vers ces travailleurs de la rue, balayeurs, piétineurs de poubelles.

Société à part : les gérants du foyer Solidarité franco-africaine, d'après ce qu'on en sait, sont aussi des étrangers, aussi des Africains, comme les victimes. Société à part qui a ses propres mécanismes d'exploitation (l'exploitation des Noirs par les Noirs), qui a ses propres filières (l'exploitation commence dès le pays d'origine : système de caution à verser avant de « partir », canalisation des immigrés vers des « foyers » précis, etc.). C'est l'exploitation à outrance, esclavagiste.

Société à part, mais qui est en fait la caricature odieuse de notre société. Notre société de « consommation » qui veut ça, avec ses besognes inéluctables, d'ordre inférieur, qu'il faut exécuter (mais que chacun refuse, sauf « les autres », ces gens « étrangers », sans argent).

Une politique d'ensemble de l'immigration qu'il reste à entreprendre.

Combat, Paris, 4 janvier 1970. Article reproduit dans Marie-Claude Blanc-Chaléard, En finir avec les bidonvilles. Immigration et politique du logement dans la France des Trente Glorieuses, Publications de la Sorbonne, Paris, 2016.

Baril de poudre

Le Monde Diplomatique - Wed, 17/05/2017 - 14:37

Comment naît le racisme ? Pour répondre à cette question, les sociologues des années 1970 ont inventé le concept de « seuil de tolérance »...

Les ingénieurs atomistes ont leur masse critique : c'est la quantité de matière fissile qui, une fois réunie, explose spontanément en champignon atomique. Pour ne pas manier une science exacte, les sociologues qui ont étudié les prémices du racisme et ses manifestations larvées ou explosives ont défini quelque chose de semblable et peut-être de tout aussi redoutable. Ils l'ont baptisé « seuil de tolérance » : lorsque, dans une cité ouvrière, un village paysan, un quartier urbain, plus de 10 à 12 % d'étrangers s'installent pour y vivre, la cité, le village ou le quartier deviennent un baril de poudre. Il suffit d'une étincelle. Lorsque le seuil est atteint, disent les sociologues, une invective jaillit, donnant le départ à une escalade de violence.

L'Aurore, Paris, 28 août 1973.

Qui est l’ennemi ?

Politique étrangère (IFRI) - Wed, 17/05/2017 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Corentin Brustlein, responsable du Centre des études de sécurité à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Yves Le Drian, Qui est l’ennemi ? (Éditions du Cerf, 2016, 96 pages).

L’expression publique d’un ministre de la Défense en activité comporte une part routinière incompressible, résultante d’échéances régulières, tels les vœux de début d’année, les commémorations, les discours d’ouverture ou de conclusion de colloques, ou les auditions au Parlement. Certes, Qui est l’ennemi ? est la version allongée de l’un de ces discours, prononcé aux Assises nationales de la recherche stratégique, en décembre 2015. Il serait toutefois erroné de n’y voir qu’une énième prise de parole officielle. L’ouvrage est en réalité le produit d’une réflexion approfondie conduite par le ministre, et au sein de son ministère, en écho à la dégradation brutale de l’environnement stratégique survenue depuis 2014.

Ce court essai a ainsi pour première ambition d’exposer la nature de la lutte engagée par la France contre Daech, entité ayant constitué, soutenu et projeté un « djihadisme militarisé » jusqu’à l’Hexagone. Il s’ouvre par un retour sur les figures historiques de l’ennemi, et sur les évolutions qu’elles connurent à mesure que la guerre changeait de forme. Le xxe siècle voit ainsi la France passer de la figure d’un ennemi total et direct, l’Allemagne, à celle d’un ennemi soviétique, plus indirecte et lointaine, ennemi avec qui les rapports politiques et stratégiques sont finalement canalisés, réglés. Avec l’irruption de Daech, un ennemi direct réapparaît dans l’horizon stratégique national, et Qui est l’ennemi ? analyse aussi bien le problème stratégique et opérationnel qu’il pose, que ses implications pour la posture française.

L’ouvrage décrit ainsi un ennemi aux traits totalitaires, combinant chef charismatique, idéologie génocidaire, monopole de la violence et de l’intimidation, stratégie de terreur, et intégration des leviers de puissance dans une entreprise de domination. L’essai illustre bien la variété et la complexité des formes du défi que représente Daech, qui joue sur un très large spectre de sophistication, allant des meurtres à l’arme blanche à l’usage des drones, le tout appuyé par une communication terriblement efficace. La flexibilité opérationnelle et technique de cet ennemi s’avère d’autant plus problématique qu’une efficacité même relative – une tentative d’attentat avortée, une attaque conduite par un terroriste isolé – permet toujours d’éprouver la cible, de la maintenir en état de tension permanent, de lui imposer de consacrer toujours plus de ressources pour tenter de protéger sa population et répondre aux attentes de cette dernière. Une stratégie qui, comme toute stratégie indirecte, vise moins la victoire par les faits d’armes que par l’effondrement d’une unité politique, les dilemmes et tiraillements moraux, juridiques, et politico-stratégiques ayant raison de sa cohésion nationale.

Si l’essentiel de l’ouvrage est centré sur la lutte contre Daech, il s’achève par des développements stimulants sur les formes renouvelées de la menace dépassant le seul terrorisme islamiste. Guerre cybernétique, diffusion des capacités de frappe de précision et des moyens de déni d’accès, intimidation nucléaire, mettent en tension une posture et un modèle d’armée qui ne peuvent se concentrer exclusivement sur le seul ennemi immédiat, aussi dangereux soit-il. Ainsi, l’effort analytique et communicationnel dont ce livre se fait l’écho en dit long sur le caractère exceptionnel de la situation dans laquelle se trouve la France, et sur l’importance de ces enjeux pour son avenir.

Corentin Brustlein

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Anaemic economic growth in some regions hampers progress on Global Goals, UN report finds

UN News Centre - Wed, 17/05/2017 - 00:13
Over the last six months, global economic progress has predictably picked up, but low-level growth in some regions has tempered efforts to meet globally agreed development goals, according to a new United Nations report launched today in New York.

In first official visit to Mali, new peacekeeping chief praises Government’s support for UN mission

UN News Centre - Tue, 16/05/2017 - 23:18
During his first working visit to Mali, United Nations peacekeeping chief Jean-Pierre Lacroix met today in the capital, Bamako, with President Ibrahim Boubacar Keita and other senior Malian officials, whom he thanked for their constructive and sustained cooperation with the UN integrated mission in the country, known by the French acronym, MINUSMA.

Iran’s Election Offers Voters Only a Rubber Stamp

Foreign Policy Blogs - Tue, 16/05/2017 - 23:15

By Alireza Jafarzadeh

Last Monday, Iranian president Hassan Rouhani rallied his supporters in the northwestern city of Hamedan, where he decried the “violence and extremism” of his hardline opponents ahead of the national elections that are scheduled for May 19th.

In its reporting on the event, the AFP explained that Rouhani has “pushed his liberal credentials” since coming under coordinated attack from hardliners, who emphasize his failure to turn the Iranian economy around after helping to secure relief from international sanctions under the 2015 agreement over the country’s nuclear program.

But this sort of appeal to the progressive attitudes of the young Iranian population is meaningless in light of the previous four years, during which Rouhani presided over a breathtaking orgy of government violence and persecution that earned the condemnation of human rights advocates worldwide, and the dubious distinction of being named the world’s number one state sponsor of terrorism.

It bears noting that the Iranian president holds little real authority, since the supreme leader remains the final authority on all matters of state while all legislation is vetted for conformity with the regime’s fundamentalist interpretation of Islamic law. But Rouhani has not even demonstrated the intention to counter existing hardline policies or to otherwise live up to his liberal-sounding campaign promises.

His administration’s Intelligence Ministry has contributed to the ongoing crackdown against activists, journalists, and supposedly pro-Western or secular social trends. And the administration’s Justice Ministry is headed by a man who is well known for serving as one of the judges that condemned 30,000 political prisoners to death in the summer of 1988.

Rouhani’s leading opponent in the current presidential campaign is the mid-level cleric Ibrahim Raisi and it is notable that he also played a leading role in the implementation of the fatwa that led to that massacre. It is little wonder, then, that the main target of that massacre, the People’s Mojahedin Organization of Iran, has been organizing a boycott of the election to call attention to the fact that there are no seriously different options to choose between in this or any other Iranian election.

Unfortunately, a surprising number of Western policymakers were eager to embrace Rouhani as a potential source of moderation within the theocratic regime. It is time to change all of that.

The past four years have repeatedly proven the naivety of this position, which led to the nuclear agreement and a slate of associated concessions to the Islamic Republic. Global security and the stability of the Middle East have suffered as a result, as have the Iranian people, who are suffering under the present crackdown being carried out by regime institutions that have gained wealth and influence in the wake of sanctions relief.

Fortunately, the change of leadership in the United States has improved the prospects for a proper response to the forthcoming Iranian election. The administration of President Donald Trump was quick to put Tehran on notice over its illicit tests of ballistic missiles, its destabilizing interference in the affairs of its neighbors, and its provocative gestures toward US naval vessels passing through Middle Eastern waterways.

Since then, US officials have not shied away from calling out Iran’s bad behavior, such as last month when UN Ambassador Nikki Haley appealed to the Security Council to make Iran’s sponsorship of Hezbollah a leading priority in Middle East policy.

Neither Mr. Trump nor his foreign policy advisors have shown any impulse to distinguish President Rouhani from the regime that he serves. On this point the administration is in agreement with the Iranian opposition, which has insisted that there is no real alternative in the Iranian election, since all the candidates are vetted and approved by the mullahs: Iran’s Guardian Council blocks the candidacy of anyone who has not demonstrated strict fealty to the supreme leader and the theocratic system.

This is not to say that there is no difference between Rouhani and Raisi. But although the hardline challenger can be expected to play a more obvious role in the regime’s antagonism of the West, the underlying policy will remain unchanged after this month’s elections, just as it remained unchanged after the last election in 2013.

If any good has come from the past four years of US policy toward Iran, it is a renewed awareness of how little change can be expected in the country even when the most “liberal” faction of Iranian establishment politics has been empowered. Now that the US enjoys newly assertive foreign policy leadership, it is important to recognize that the same way of dealing with the Islamic Republic is called for regardless of the outcome of the May 19th election.

It will then be as important as ever to use sanctions and the support for home-grown democratic movements as a means to undermine the institutions of terrorist sponsorship and domestic repression, and to ultimately encourage the creation of a government wherein electoral choice is not just an illusion.

Alireza Jafarzadeh, deputy director of the Washington office of the National Council of Resistance of Iran, is credited with exposing Iranian nuclear sites in Natanz and Arak in 2002, triggering International Atomic Energy Agency inspections. He is the author of “The Iran Threat” (Palgrave MacMillan: 2008). You can reach him at: Jafarzadeh@ncrius.org.

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US Intel Officials: Comey Was ‘One Of The Most Loved Leaders’

Foreign Policy Blogs - Tue, 16/05/2017 - 22:54

Two senior US intelligence officials reacted with dismay after learning moments before taking the stage at a speaking event in New York that the director of the FBI, James Comey, had been fired.

“James Comey has been officially fired,” said Charles McGonigal, special agent in charge of the FBI’s counterintelligence division at its New York field office. He spoke alongside William Evanina, director of the Counterintelligence and Security Center at an event organized by the Foreign Policy Association.

“I think we both felt that Director Comey was probably one of the most loved leaders that we’ve had in a number of years commanding a leadership role in the FBI,” McGonigal said. “I think many of us who were nominated for leadership positions by him will forever hold him in esteem as we progress through our FBI careers.”

President Donald Trump made the decision Tuesday to terminate Comey, who assumed the role as the US’s top law enforcement official in 2013. The White House’s account of Trump’s reasoning for the move has varied, but it immediately caused alarm that the president was attempting to curb a FBI investigation into Russia’s meddling in last year’s election and whether his campaign colluded with that effort.

The event was billed to cover foreign influence operations and counterintelligence, and Comey’s dismissal added gravity to the topics the intelligence officials covered.

The two sought to set the record straight about the extent of Russia’s election operation.

“No voting machine was hacked during the election. That is a fact,” McGonigal said.

“The precincts were not connected,” Evanina added. “At the end of the day and looking toward the next presidential election, this will end up helping us because of a lack of connectivity.”

McGonigal, who leads 150 counterintelligence agents in New York, told anecdotes about his career investigating traditional and economic espionage and technology proliferation cases. He said that of the 14 million visitors that come through John F. Kennedy Airport every year, he is certain that “non-traditional collectors,” individuals obtaining information for a foreign government, are among them.

“The FBI is aware that there are non-traditional collectors coming into the country for the sole purpose of collecting information,” he said. “ We are very mindful of that. We do our best to screen that, keeping in mid the rights and privacy of individuals traveling in the United States.”

On the other hand, Evanina said at NCSC his “optic is to drive strategic policy guidance for counterintelligence security across the US government.” He said that every year his organization creates a strategy signed by the president that is sent to the wider intelligence community including the FBI, CIA and NSA.

When inspecting a suspicious email, he said, take extra time to determine a link is legitimate by hovering the mouse over it and analyze what it is linked to. Over half of American adults have been victimized by theft of personal identifiable information, according to Evanina. More than 90 percent of those thefts occurred from spear phishing, or sending emails linked to malware.

When traveling overseas and a link is clicked on a foreign government’s internet or cell network, malware can be installed that allows that government to “own your phone forever,” Evanina said.

“When you turn your phone on, your phone is now the property of wherever you landed,” he added. “Not just your phone. Your emails, your texts, your database, your contacts is owned by them.”

He ultimately suggested buying a simple, cheap phone when going abroad and saving key contact numbers for the trip.

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Are you interested in attending the Foreign Policy Association’s next lecture?

What: The sovereign citizen, a talk with HSH Prince Philipp of Liechtenstein

Who: HSH Prince Philipp of Liechtenstein
When: Thursday, May 25, 5:30pm to 8pm
Where: Harvard Hall, Harvard Club
35W 44th St, New York, NY 10036
New York, NY

Please click here for more information.

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One in four children in North Africa, Middle East live in poverty – UNICEF study

UN News Centre - Tue, 16/05/2017 - 22:17
Poverty continues to impact the lives of Middle Eastern and Northern African children, according to new analysis from the United Nations Children’s Fund (UNICEF), which highlights that millions of the region’s young people live without quality health care or decent housing.

UN envoy warns against Kosovo and Serbia trading ‘ethno-nationalist’ barbs

UN News Centre - Tue, 16/05/2017 - 21:36
A flurry of recent intolerant and provocative rhetoric has further damaged the trust between Kosovo and Serbia – a development that must be closely watched – though the situation remains generally stable, the head of the United Nations peacekeeping mission in Kosovo told the Security Council today.

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