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Macron, rempart contre l’autoritarisme en Europe de l’Est ?

HU-LALA (Hongrie) - Fri, 30/06/2017 - 17:17
Dans un entretien à la veille d’un sommet européen, Emmanuel Macron a mis en garde contre les régimes « illibéraux » qui s’installent en Europe, notamment à l’Est du continent. Des mots qui ne cachent pas le tournant autoritaire de son gouvernement en France. Article publié originellement le 23 juin 2017 dans Révolution permanente.

Le nouveau président français a réalisé un entretien avec huit journaux européens pour parler de la place de la France sur l’arène internationale. Le premier entretien de Macron, depuis qu’il a été élu président de la France. Il n’a dit pratiquement rien sur la politique nationale, il a seulement évoqué son point de vue sur la politique internationale de la France. Et il s’est posé en « homme d’Etat » défendant les valeurs soi-disant démocratiques de l’Europe contre les menaces du terrorisme mais aussi des régimes autoritaires qui se développent notamment en Europe centrale et de l’Est.

En effet, sans vraiment nommer un gouvernement en particulier, les mots de Macron visaient clairement les gouvernements du fameux « groupe de Visegrád » (Pologne, Hongrie, Tchéquie et Slovaquie). « [L’Europe] va-t-elle réussir à défendre ses valeurs profondes, dont elle a irrigué le monde pendant des décennies ou va-t-elle s’effacer devant la montée des démocraties illibérales et des régimes autoritaires ? », se demande Macron. Et plus loin il ajoute : « Quand j’entends aujourd’hui certains dirigeants européens, ils trahissent deux fois. Ils décident d’abandonner les principes, de tourner le dos à l’Europe, d’avoir une approche cynique de l’Union qui servirait à dépenser les crédits sans respecter les valeurs. (…) Les pays d’Europe qui ne respectent pas les règles doivent en tirer toutes les conséquences politiques ».

Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, a été l’un des premiers à réagir à ces déclarations de Macron se sentant directement visé car il se revendique ouvertement « illibéral ». Ainsi, il a déclaré à la presse : « Le président français est un petit nouveau qui vient à un sommet pour la première fois. (…) Son entrée en matière n’est pas très prometteuse : hier il a trouvé que la meilleure marque d’amitié à notre égard était un coup de pied dans les pays d’Europe centrale ».

Quand Macron emprunte au FN le danger du « plombier polonais »

Mais l’attaque de Macron contre l’Europe de l’Est ne s’est pas limitée aux régimes et aux gouvernements de la région, il s’est attaqué à sa façon aux travailleurs est-européens. En effet, en se posant en défenseur d’une « Europe qui aille vers un mieux-être économique et social », il a ressorti le vieux discours de Le Pen père lors du référendum constitutionnel de 2005 quand il mettait en garde les travailleurs français contre le danger du « plombier polonais » qui viendrait leur voler le travail.

Ainsi, le président français s’est livré à un petit exercice xénophobe : « Sur quoi le Brexit s’est-il joué ? Sur les travailleurs d’Europe de l’Est qui venaient occuper les emplois britanniques. (…) Le travail détaché conduit à des situations ridicules. Vous pensez que je peux expliquer aux classes moyennes françaises que des entreprises ferment en France pour aller en Pologne car c’est moins cher et que chez nous les entreprises de BTP embauchent des Polonais car ils sont payés moins ? ».

Ces propos ont également entrainé la réaction de la première ministre polonaise, Beata Szydło : « La Pologne est ouverte à la coopération avec la France. Mais cela va dépendre du président Macron : s’il veut étaler dans les médias son hostilité à l’égard des pays d’Europe centrale ou bien s’il veut parler des faits, plutôt que de se servir de remarques basées sur des stéréotypes ».

Les « barbares de l’Est »

Lors du second tour de l’élection présidentielle française, beaucoup ont utilisé l’épouvantail « illibéral » et l’exemple de la Hongrie d’Orbán pour justifier leur soutien à Macron contre Marine Le Pen. Nous avions pointé les limites d’une telle comparaison. Mais aujourd’hui l’épouvantail semble continuer à être profitable aux intérêts de la « macronie » : présenter le nouveau président comme le principal rempart contre l’avancée des « populismes autoritaires » et asseoir sa légitimité.

Et Macron, tant que cela lui sert à améliorer sa posture d’homme d’Etat fort, semble prêt à incarner le rôle. Même si pour cela il faut ressortir les vieux stéréotypes racistes contre les peuples d’Europe centrale et de l’Est, en vogue dans les pays occidentaux notamment pendant la Guerre Froide.

A l’époque cela servait à créer une barrière entre les classes populaires occidentales et est-européennes, dont l’unité aurait été très dangereuse non seulement pour les capitalistes occidentaux mais aussi pour les gouvernements staliniens à l’Est. Mais aussi, cela servait à donner des arguments presque essentialistes sur les « valeurs démocratiques » intrinsèques aux peuples européens de l’Ouest contre les tendances « naturellement » autoritaires des peuples de l’Est du continent. Ainsi, on comprenait aisément le règne de « l’arbitraire communiste » (stalinisme) dans ces pays et la « mission libératrice du monde libre ». Macron ne fait que reproduire une caricature de ces vieux discours.

Libéralisme contre illibéralisme ?

Le caractère réactionnaire des gouvernements en Europe centrale et de l’Est ne fait aucun doute. Et cela ne se limite absolument pas au groupe de Visegrád. Leur politique réactionnaire vis-à-vis de la « crise migratoire » n’est qu’une des expressions les plus claires et plus en vue du grand public. Les politiques limitant les libertés démocratiques les plus élémentaires en Hongrie et dans d’autres pays de la région sont connues également. Et ces politiques répressives sont tout à fait complémentaires des plans d’austérité brutaux imposés dans la région depuis le début de la crise économique mondiale. Lesdits plans d’austérité ont été dictés évidemment par l’UE, la Banque Mondiale et le FMI.

Car en réalité, au-delà des discours réprobateurs, les politiques adoptées par ces gouvernements sont tout à fait fonctionnelles par rapport aux intérêts des capitaux transnationaux européens qui, au cours du processus de restauration du capitalisme dans les années 1990, ont transformé la région en véritable « arrière-cour » des puissances impérialistes de l’UE, à commencer par l’Allemagne. Un « vivier » de main d’œuvre bon marché, source d’immenses profits pour les multinationales.

Il en va de même en ce qui concerne la politique migratoire. Qui d’autre a le plus profité de la politique réactionnaire et xénophobe de Viktor Orbán contre les réfugiés que l’Allemagne et les autres pays riches du continent ? Tout le monde sait qu’aucun migrant ne voulait rester en Hongrie mais se diriger vers le Nord du continent. La politique de « contention » du gouvernement hongrois a permis à Merkel de ralentir le flux des migrants, le temps de passer un accord réactionnaire, à coup de millions, avec le gouvernement turc pour les empêcher d’arriver en Europe.

En ce sens, en temps de crise économique et de risque d’explosions sociales, les mesures limitant les droits démocratiques élémentaires servent justement à rendre plus difficile la contestation populaire et spécifiquement des travailleurs et de la jeunesse précarisée.

Pour les classes populaires Macron est un danger majeur

Dans le cas de Macron le cynisme dépasse des sommets. Car en même temps qu’il prétend défendre des valeurs soi-disant démocratiques de l’Europe face aux « dérives » de certains gouvernements de la périphérie de l’Europe capitaliste, les quelques semaines qui se sont déroulées depuis sa victoire aux élections présidentielles ont été marquées par une volonté de renforcer le caractère autoritaire du régime français.

Et dans l’interview il le répète au cas où on aurait des doutes : « L’état d’urgence était destiné à répondre à un péril imminent résultant d’atteintes grave à l’ordre public. Or la menace est durable. Il faut donc s’organiser sur la durée. Je prolongerai l’état d’urgence jusqu’au 1er novembre, le strict temps nécessaire pour permettre au parlement d’adopter toutes les mesures indispensables à la protection des Français ». Autrement dit, le temps de faire passer les mesures « exceptionnelles » de l’état d’urgence dans le droit commun. Hollande l’a rêvé, Macron essaye de le faire.

A cela il faut ajouter la création d’une cellule anti-terroriste au sein de l’Elysée, dont Macron serait à la tête : « Il faut ensuite renforcer la coordination de l’ensemble de nos services face à la menace terroriste. C’est dans ce cadre que j’ai souhaité la création de la coordination nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, avec la création en son sein d’un centre national de contre-terrorisme ».

Le gouvernement Macron-Philippe, en quelques semaines seulement, a également montré à quel point il était attaché au contrôle de la presse et à la surveillance généralisée de la population sur les réseaux sociaux. Et cette tendance n’est que renforcée par l’énorme majorité parlementaire obtenue grâce au régime anti-démocratique de la Ve République.

Ce renforcement de l’autoritarisme, dans le pays inventeur du bonapartisme, est nécessaire pour un gouvernement qui sait que, malgré les apparences, sa légitimité est faible et les contre-réformes néolibérales qu’il entend appliquer, et qui vont dégrader les conditions de vie de millions de personnes, sont immenses.

Car en effet, au contraire de ce que la presse dominante dit, le libéralisme ne s’oppose aucunement à l’autoritarisme, à l’illibéralisme. Au contraire, l’autoritarisme est intrinsèque au libéralisme. Les régimes est-européens dits illibéraux sont un fardeau pour les travailleurs et les classes populaires de la région sans aucun doute. Mais les gouvernements occidentaux ultra pro-patronaux et néolibéraux comme celui de Macron représentent un danger bien plus grand.

A la différence d’Orbán, Macron est à la tête d’une des puissances impérialistes les plus importantes au monde. Le pouvoir de nuisance géopolitique, économique et militaire de la France est incomparablement plus dangereux pour les masses, comme sa position sur la Syrie le démontre.

Empêcher que les plans réactionnaires de Macron soient un succès c’est une question vitale pour la classe ouvrière et les classes populaires en France, mais qui aura des répercussions pour l’ensemble des exploités et opprimés du continent et d’ailleurs.

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Auróra : « un espace ouvert dans tous les sens du terme »

HU-LALA (Hongrie) - Fri, 30/06/2017 - 17:02
Dans le huitième arrondissement de Budapest, associations, concerts ou expositions s’entremêlent dans un même endroit. Son nom : Auróra. Ce lieu unique et original s’est fait un nom dans la capitale hongroise. la page Facebook du Budapest Kultur Lab, sur laquelle vous pouvez retrouver toutes les productions des étudiants du master 1 de l’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine (IJBA), en immersion à Budapest du 8 au 16 mai 2017. L’Auróra est depuis mercredi sous le coup d’une procédure de fermeture administrative, décidée par la municipalité du huitième arrondissement de Budapest. C’est pourquoi nous avons décidé d’accélérer la publication de cet article rédigé le 13 mai dernier. Au coeur de la capitale hongroise, Auróra ressemble à une véritable auberge espagnole. Du mouvement, un brouhaha constant, le lieu se nourrit des personnes qui s’y rendent, leurs discussions, leurs rires. Crédit : AM

« La vie peut être difficile en Hongrie. Il y a de la pauvreté, de l’exclusion sociale. A Auróra, il y a une atmosphère positive qu’on ne trouve pas ailleurs ». De sa douce voix, Johanna ne le cache pas. Les temps sont durs à Budapest. Pour se sortir de cette morosité quotidienne, voire pesante, la jeune femme de 33 ans se rend souvent à Auróra après une journée de travail. Une échappatoire.

Unir et réunir

Arrivé dans les locaux d’Auróra, une charmante petite cour à ciel ouvert nous accueille. Un détail qui n’échappe pas à Ferenc. Ce quarantenaire vit à Budapest, mais se rend pour la première fois à Auróra. « Ce qui me frappe, c’est que tout est ouvert. Dans tous les sens du terme ».

Auróra est un propice aux retrouvailles. Ici, Ferrenc, 43 ans et Lilla, 41 ans, deux amis budapestois. Lui vient pour la première fois, elle s’y rend souvent. Autour d’une bière, ils ont parlé politique, ou encore famille. Crédit : AM

Il y a bientôt trois ans, entre trente et cinquante bénévoles de différents groupes alternatifs décident de se réunir dans le huitième arrondissement. Avec la même envie : créer un espace politique et culturel. Après quatre mois de travaux, Auróra ouvre ses portes le 23 octobre 2014.

Aujourd’hui, neuf associations sont installées. Toutes protègent les minorités comme les Roms, les homosexuels, ou encore les travailleurs du sexe. Ensemble, elles forment la « Auróra Community » comme le dit Dániel Mayer, membre de l’association Marom Budapest qui défend la communauté juive de Budapest. Une communauté, c’est exactement ce qu’il ressort d’Auróra. Les associations sont connectées entre-elles. Avec la volonté de s’entraider. Viktor a 39 ans. Il travaille depuis deux ans à Auróra pour l’association Pneuma Szöv . Il insiste sur l’entraide présente au sein de l’établissement. « Quand nous avons besoin de matériel, de contacts, nous frappons à la porte du voisin ».

« Nous avons tous les mêmes valeurs, les mêmes idées. Et les mêmes votes ». Car Auróra dérange. La semaine dernière, l’endroit a été placardé d’affiches pro-Orbán par le Mouvement de Jeunesse des 64 Comitats (HVIM). Les graffitis au sol en témoignent. Pas de quoi refroidir les visiteurs, à l’image de Lilla : « la situation politique est difficile. Mais il ne faut pas céder à la peur ou la pression. Auróra a de bonnes vibrations ».

Les bureaux des associations installées à Auróra se situent au deuxième étage du bâtiment. Une proximité qui a son importance. Les associations élaborent souvent des projets ensemble mêlant militantisme et création. Crédit : AM « Artivisime »

Auróra est un lieu qui ne dort jamais. Il y a toujours de la vie, du passage. Certains viennent y boire un verre, discuter, ou assister à des événements culturels. « En plus de l’activisime, il y a de l’artivisme », résume joliment Johanna en souriant. La culture, un domaine plus qu’important à Auróra. Une évidence même. « La culture rassemble les gens. Si tu as un projet qui correspond à la philosophie d’Auróra, alors tu peux venir ! Il faut qu’il y ait un message », s’exclame Dániel.

Le groupe hongrois Ethnofil sur scène le vendredi 12 mai. Un concert de plus à Auróra qui est devenue une scène musicale alternative intéressante à Budapest. « Ce lieu met en avant les artistes, leur projet » selon Fanni (à gauche) Crédit : AM

Vendredi 12 mai, aux alentours de 21h15. Le sous-sol d’Auróra se remplit. Le groupe hongrois Ethnofil se produit dans la petite salle de concert. Sous les voûtes en pierres apparentes, des rythmes électro et celtique s’unissent. Pour le plus grand plaisir des spectateurs, ravis. « La musique est géniale ici. On nous propose des artistes avec une vraie identité », explique László. Fanni est l’un des sept membres d’Ethnofil. C’est la seconde fois qu’elle joue à Auróra. « Ce lieu est comme notre groupe : ouvert aux autres et engagé socialement et artistiquement. Quand on y joue, on s’y sent bien ». Alors que Budapest et la Hongrie s’enfoncent dans l’autoritarisme, Auróra exprime sa liberté. L’aube d’un nouvel élan ?

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Émois autour de la fermeture d’un haut lieu alternatif de Budapest

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 29/06/2017 - 20:04

Situé dans le huitième arrondissement de Budapest, le bar alternatif Auróra est depuis hier sous le coup d'une procédure de fermeture administrative. De nombreux observateurs suspectent la municipalité conservatrice d'avoir agi selon des considérations purement politiques.

Le notaire du huitième arrondissement de Budapest[1]Le terme de "notaire" (jegyző) désigne un officier municipal représentant l'État auprès de la collectivité locale et fait fonction de de juge de paix pour les petits délits. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); a publié hier soir un avis de fermeture administrative de l'Auróra, un bar alternatif bien connu des Budapestois . . .

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Notes   [ + ]

1. ↑ Le terme de "notaire" (jegyző) désigne un officier municipal représentant l'État auprès de la collectivité locale et fait fonction de de juge de paix pour les petits délits. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
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La destruction de la vieille Prague est en marche

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 29/06/2017 - 19:05
« Nous ne céderons Prague à personne / Nous préférons la démolir », disent les paroles d’une chanson tchèque traditionnelle.

Ce refrain chanté autrefois dans les cabarets pragois n’est pas innocent ; dans un élan masochiste, une ville qui est trop belle et que la guerre a épargnée ne désire-t-elle pas en secret qu’elle soit enlaidie par quelques entailles profondes dans sa propre chair ? Après une longue bataille administrative, la société britannique Flow East a entamé la démolition de la maison U Turků (« Chez les Turques » ; dans la vieille Prague, chaque maison a son nom) située dans la partie supérieure de la place Venceslas.

Un haut lieu du journalisme pragois

La place Venceslas est l’espace central du quartier de la Nouvelle Ville qui a été construit au XIVe siècle d’après les plans urbanistiques élaborés par l’empereur Charles IV en personne. La maison U Turků, érigée en 1880, a été reconstruite en 1920 dans un style Art déco.

Une maison Art nouveau voisine située dans la rue Opletalova et dont les fondements remontaient jusqu’au Moyen Âge avait beau être classée monument historique, depuis 2002, elle a disparu il y a quatre ans déjà. Son nouvel acquéreur avait plus d’un tour dans son sac : il l’avait creusée de l’intérieur, ne laissant qu’une coquille vide des façades et, aussitôt, il avait demandé son déclassement au Ministère de la Culture tchèque. Constatant qu’il n’y avait plus rien à protéger, le ministère a obtempéré. La mairie du quartier a fini par ordonner la démolition des façades qui se penchaient vers le trottoir, menaçant des passants…

Les deux maisons en question ont été des hauts lieux du journalisme pragois. Dans la maison située dans la rue Opletalova, le quotidien Národní listy (« feuilles de la Nation ») a installé ses locaux à la fin du XIXe siècle ; après 1918, l’écrivain Karel Čapek a fait partie de l’équipe rédactionnelle. Plus tard, la maison a été transformée en imprimerie et les journalistes ont déménagé juste à côté. Le premier siège du quotidien Lidové noviny (« Journal Populaire ») après la révolution de velours de 1989 a été dans la maison U Turků ; c’est vers cette époque-là qu’y a travaillé… votre serviteur.

Václav Havel s’est joint aux protestataires, en vain

La procédure liée à l’autorisation de démolition de la maison U Turků s’est étalée sur une bonne dizaine d’années. L’avis négatif de l’Office nationale de protection du patrimoine historique avait été remplacé par l’avis favorable du département du même nom de la mairie de Prague. Plusieurs établissements culturels avaient fait recours. On avait interpellé le ministre de la culture pour qu’il intervienne en faveur de cette maison qui, sans être un chef-d’œuvre, était partie intégrante de l’héritage architectural pragois ; en 2011, quelques mois avant son décès, Václav Havel avait adressé une lettre ouverte au ministre critiquant sévèrement le fait que ce dernier se fût rangé du côté du propriétaire-destructeur.

À présent, la bataille se termine donc par la victoire d’un portefeuille bien garni. À la place des deux maisons, on érigera un immense palais en verre portant le nom poétique Květinový dům (« Maison de fleurs »). Et les destructions de vieux édifices se poursuivent dans le centre historique de Prague, pourtant inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO ; pour combien de temps encore ?

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Katarzyna Palczewska : « L’Église est un pilier de l’identité nationale polonaise »

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 28/06/2017 - 11:19

Il existe une relation particulière qui unit l'Eglise et l'Etat en Pologne, mais le poids de la religion dans la société polonaise semble de plus en plus remis en cause. Alors que le pouvoir du parti gouvernemental Droit et Justice s'appuie notamment sur le clergé catholique, l'instrumentalisation de la religion tend à accentuer les divisions entre Polonais. Entretien avec Katarzyna Palczewska, doctorante en histoire du droit (IHD/CNRS/Université Panthéon-Assas Paris 2).

Le concept de laïcité dont on parle tant en France est-il débattu en Pologne ?

Le concept de laïcité est évidemment débattu en Pologne, comme dans chaque État moderne à un moment donné. Il faut cependant préciser que la Pologne n’a pas la même notion de laïcité que la France. Ces deux pays n’ont pas vécu de la même façon leur histoire avec Église. Alors que l’histoire de la France est marquée par sa lutte contre l’Église - où le clergé était vu comme oppresseur au même titre que la noblesse -, l’Église a joué un rôle important dans l’histoire de la Pologne. Elle est . . .

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Hongrie : faut-il qualifier Viktor Orbán de dirigeant « illibéral » ?

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 28/06/2017 - 10:23
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán est régulièrement qualifié de « dirigeant illibéral » par les médias occidentaux, ce quelle que soit leur orientation éditoriale. Si l’emploi du terme semble pratique et aller de soi, il n’est pas sans poser quelques problèmes.

Depuis le retour au pouvoir de Viktor Orbán en 2010, on sent bien une réelle difficulté des rédactions de presse pour qualifier le changement progressif de nature du régime politique hongrois. Si les termes « nationaliste », « autoritaire », « autocratique » semblent avoir fait leur temps, le chef du gouvernement hongrois a lui-même soulagé les journalistes de cette vacuité lexicale en suggérant en juillet 2014 l’emploi du qualificatif « illibéral » pour désigner cette orientation politique soi-disant singulière.

Comme le « dégagisme » forgé par Jean-Luc Mélenchon, on ne sait pourtant pas toujours très bien ce qui se cache derrière cet « illibéralisme », et surtout en quoi il constitue un objet politique original. Si l’on peut trouver normal de réemployer sans précaution la façon dont les gens se désignent eux-mêmes (l’autoethnonymie), celle-ci mériterait quand même une déconstruction a minima, d’autant plus que l’on se situe ici dans un champ particulièrement labouré par les chercheurs en sciences sociales : celui de la sociologie des médias dans laquelle la question du « pouvoir de nommer » fait encore l’objet de nombreuses publications.

Dans la mesure où la rhétorique journalistique participe de la construction de l’actualité, le choix des mots pour désigner telle ou telle réalité, tel ou tel phénomène, installe un référentiel lexical qui modèle en partie notre vision du monde, ce d’autant plus lorsque les termes choisis circulent sans distance critique (c’est le cas de « l’illibéralisme ») et que les objets qu’ils désignent sont lointains voire exotiques (c’est largement le cas de la Hongrie et de l’Europe centrale dans le monde francophone).

Le flou sémantique autour de « l’illibéralisme » tend à la fois à nourrir les fantasmes ancrés dans nos représentations respectives de ces contrées lointaines sans pour autant fournir de clé de compréhension claire et convaincante de ce qui s’y passe réellement. On met derrière « illibéral » un peu ce que l’on veut, selon ce que l’on perçoit de la Hongrie ou de Viktor Orbán : « autoritaire », « antidémocratique », « d’extrême-droite », « fasciste », « national-conservateur », « mini Poutine », « mini Erdoğan », « mini Trump » pour les plus critiques ; « anti-impéraliste », « dissident », « anti-européiste », « anti-mondialiste », « antilibéral » pour les plus enthousiastes. Certains voient la Hongrie comme un camp fermé, proie d’un simili dictateur vorace, pendant que d’autres parmi les fachos les plus fanatiques croient y déceler un îlot de résistance de cette « Europe civilisationnelle » contre le « péril musulman ».

Dans son célèbre No Logo paru en janvier 2000, l’essayiste altermondialiste Naomi Klein raconte la façon dont la stratégie publicitaire agressive de plusieurs grandes marques de chaussure avait réussi à faire oublier de nombreux abus et scandales relatifs aux « ateliers d’esclave » et au travail des enfants. Elle y décrit notamment l’émergence d’un branding – stratégie de marque – complètement détaché du produit vendu, fondé sur la promotion d’un état d’esprit particulier (l’état d’esprit « cool » concernant Nike par exemple), ainsi que l’invasion de l’espace public par ces multinationales. Selon Naomi Klein, ces stratégies de marque sont certes liées à un développement commercial de long terme, mais elles relèvent également d’une stratégie de débordement visant à dissocier durablement le produit de la réalité de ses conditions de fabrication.

De manière analogue à ce qui est décrit par Naomi Klein, l’illibéralisme sonne davantage comme un concept publicitaire que politologique, dans la mesure où il a été inventé de toutes pièces par les communicants de Viktor Orbán à un moment où celui-ci commençait à s’enliser dans une impopularité due à l’échec de sa politique économique et sociale et à l’éclatement de nombreuses affaires de corruption. L’illibéralisme s’est déployé avec la même force dans l’espace public que les campagnes de pub de Nike et Adidas, à l’aide d’une puissance de feu propagandiste rarement vue – y compris durant la période communiste. Il a permis de transformer le chef d’un gouvernement banalement de droite, d’un petit pays sans véritable rôle géopolitique, en un gourou new age façon Don Quichotte, luttant avec grand bruit – mais sans réelle conséquence en vérité – contre des menaces imaginaires.

« Réactionnaire » et « conservateur » suffisent largement à qualifier la réalité de l’horizon politique et idéologique du Fidesz au pouvoir en Hongrie, dans la mesure où l’opposition viscérale aux valeurs dites « progressistes » en reste l’un des principaux marqueurs. Les principales dérives institutionnelles constatées depuis 2010 relèvent davantage de l’hégémonie électorale du parti gouvernemental que d’un corpus doctrinal spécifique. L’emploi du terme « illibéral » suggérerait même pour un francophone un positionnement critique vis-à-vis de la mondialisation, alors que Viktor Orbán reste quand même l’un des plus farouches défenseurs du dumping social et de la dérégulation du marché du travail en Europe. Présenté comme le grand copain du russe Poutine et du turc Erdoğan, le Premier ministre hongrois est en réalité bien plus proche des intérêts et des valeurs des conservateurs anglo-saxons et des chrétiens-démocrates de Bavière.

Alors, faut-il continuer de qualifier Viktor Orbán de dirigeant « illibéral » ? Sans doute reste-il compliqué de complètement contourner un terme qui s’est imposé avec telle force dans la construction de l’actualité, surtout pour un site comme Hulala, dont le pouvoir de prescription reste encore limité. Mais notre responsabilité est d’appeler tout le monde à un peu plus de mesure et de distance critique face à un responsable politique particulièrement habile pour allumer des contre-feux et modeler l’espace politico-médiatique avec ses référentiels de carton.

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Victoire pour les travailleurs slovaques de Volkswagen

HU-LALA (Hongrie) - Tue, 27/06/2017 - 19:29

Après six jours de grève, les employés de l’usine Volkswagen de Bratislava ont pu crier victoire ce dimanche. En effet, le géant de l’automobile a dû plier l’échine devant les grévistes.

Dans un contexte de croissance économique et de faible chômage, cet événement pourrait être un signe avant-coureur que l’Europe Centrale sort peu à peu de son modèle économique basé sur une main-d’œuvre bon marché et docile . . .

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Le Grand Bleu diffusé sur un toit-terrasse de Budapest

HU-LALA (Hongrie) - Tue, 27/06/2017 - 12:02
Un peu de fraîcheur dans la torpeur de l’été avec French Rooftop Cinema, du cinéma en plein air sur un toit de la capitale hongroise. Source de la photo : page facebook de Corvin Club.

Quand Budapest se transforme en fournaise, il faut prendre de la hauteur pour trouver un peu de fraîcheur. Chaque jeudi soir au mois de juillet, un film français (sous-titré en anglais) sera diffusé sur l’emblématique toit-terrasse du Corvin Club, dans le centre de Budapest près de la place Blaha Lujza.

Cette opération de l’Institut français de Budapest intitulée French Rooftop Cinema débute dès ce jeudi soir (29 juin) avec le Grand Bleu de Luc Besson. Elle se poursuivra avec Les gazelles (le 6 juillet), La boum (le 13 juillet), Toute première fois (le 20 juillet) et Le Mépris (le 27 juillet).

Le billet d’entrée est de 900 HUF, les portes du rooftop ouvrent à 19h et les films commencent à 21h. Si un orage venait à perturber une séance, celle-ci serait reportée à une date ultérieure.

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Péter Esterházy : deux grand-mères, une famille, un petit zob et Dieu pour témoin

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 26/06/2017 - 11:50
Péter Esterházy était l’un des deux plus grands écrivains hongrois vivants (l’autre, c’est Péter Nádas). Il a disparu l’an dernier. On découvre en traduction l’un de ses derniers livres, La Version selon Marc. Erudit, drôle et caustique, comme toute son œuvre. Article publié initialement sur le blog de l’auteur, dans le club de Mediapart.   755368 C39IIJET items 1 le-tapuscrit-author-date default ASC http://hu-lala.org/wp-content/plugins/zotpress/

Dans le livre majeur de Péter Esterházy, Harmonia Caelestis (Gallimard, 2001), la figure récurrente du père, et partant de tous ses pères au fil des générations, est majeure. Ce livre forme un inattendu et sidérant diptyque avec le livre suivant, Revu et corrigé (Gallimard, 2005). Ayant mis un point final à Harmonia Caelestis, Esterházy obtient, après une longue attente, la possibilité de voir enfin le dossier de son père, conservé dans les archives des services de renseignements. Il y lit ce qu’il n’avait jamais soupçonné : son père, héritier de la « grande » famille des Esterházy (châteaux, ministres, gâteau – délicieux – portant le nom familial, etc.), était un informateur pour la police communiste. Par la suite Esterházy devait publier Pas question d’art (Gallimard, 2012) autour de la figure de sa mère, mais pas seulement.

Une famille d’ « ennemis du peuple »

Atteint d’un cancer du pancréas, Péter Esterházy est mort l’an dernier à 66 ans. La Version selon Marc qui paraît aujourd’hui en traduction devait faire partie d’une trilogie qui restera inachevée. C’est un livre qui fait retour sur l’enfance du narrateur (Péter lui-même) quand sa famille – son grand frère, sa mère, son père et lui – se retrouve relégués à la campagne par le régime communiste en tant qu’ « ennemis du peuple ». Dans la maison d’un koulak (mot russe sans frontière signifiant paysan aisé) chargé de les surveiller et d’écrire des rapports, ils vivent à quatre dans une pièce et travaillent dans les champs.

La figure centrale n’est plus celle du père et de la lignée (d’ailleurs, le père est souvent absent : il se saoule au bistrot du village), ni celle de la mère, mais celle de Dieu sur lequel veillent les deux grands-mères, l’une chrétienne, l’autre juive, et aussi le fils de Dieu accroché au mur de la pièce, crucifié. « Il me ressemble. Dodu, souriant, fort », note le narrateur, surnommé « petit Zob » par son frère aîné.

Tous les lecteurs d’Esterházy, auteur aussi érudit que joueur, ne seront pas étonnés de voir le récit, s’éloigner à grands pas de la description sociale d’une famille de relégués.

Marc, Pierre, Péter

Plusieurs registres se mêlent, unis souvent par la notion de découverte. Des sens avec la voisine Mari, de l’écriture avec le frère aîné (ce qui ne manque pas d’humour : dans Voyage au bout des seize mètres traduit chez Christian Bourgois, et aussi dans Pas question d’art, l’auteur raconte sa passion pour le foot, mais c’est son frère aîné qui mènera une carrière de joueur professionnel international, et c’est lui qui deviendra un écrivain traduit dans le monde entier). Découverte compliquée de Dieu chez cet enfant atteint de surdité à travers l’évangile selon saint Marc attribué souvent à Pierre donc à Péter. Esterházy en cite une version du XVIe siècle, corrigeant souvent le texte de l’époque en le mettant à la première personne (saluons au passage le phénoménal travail de la traductrice – de bien des livres d’Esterházy –, Agnès Járfás).

Péter Esterházy joue cartes sur table. Les torsions du récit, les piratages narratifs comme les emprunts faits à Simone Weil, (La Personne et le Sacré) ou à Imre Kertész via les deux grands-mères, tout comme encore les clins d’œil à l’un de ses anciens livres (Trois anges me surveillent, Gallimard 1989) sont clairement référencés en fin de l’ouvrage et non en marge comme il le faisait habituellement.

La Version selon Marc est un récit fait d’une centaine de courts chapitres (une à trois pages) où chaque fin entraîne le début de la séquence suivante, un déroulement du récit par enveloppements comme Esterházy les aimait. Les phrases souvent courtes et la simplicité de leur enchaînement donnent à ce petit livre une étrange légèreté, d’autant plus étrange que l’on découvre La Version selon Marc après la disparition de l’auteur. Derrière le masque de Dieu, la mort joue les premiers rôles. Exemple, cette fin du court chapitre 40 :

« Les rides de ma mère ne lui appartiennent pas, c’est bien pourquoi elle tente de les cacher. Dans ses rides, le temps passe en direction de la mort. En direction de la peur. Moi, je n’ai pas peur. Ce n’est pas pour rendre la mort plus facile que Dieu existe, dit Grand-mère. Pas pour qu’elle soit plus facile. Mais pour qu’elle ait un sens. Et elle a un sens si sa mort à lui a un sens. »

Attendons maintenant de nouvelles traductions, entre autres celle de son ultime pièce et celle de son dernier ouvrage : Journal intime du pancréas.

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« C’est une faute de présenter Horthy comme un exemple devant la prochaine génération »

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 26/06/2017 - 09:25

Le régent Miklós Horthy fut "un homme d'Etat exceptionnel" a déclaré le Premier ministre Orbán mercredi dernier. Il était également « un grand patriote hongrois », a poursuivi le lendemain le chef du cabinet du Premier ministre, János Lázár. András Heisler, président du Mazsihisz, [1]Le Mazsihisz : « Magyarországi Zsidó Hitközségek Szövetsége », à savoir Association des Communautés de Confession Juive de Hongrie. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_1135_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_1135_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); l’équivalent du Crif en France, a réagi dans une lettre ouverte publiée dans le journal de gauche Népszava.


Tribune parue dans le journal Népszava le 22 juin 2017. Traduction réalisée par Paul Maddens.

D’après la lourde expérience historique de notre communauté, notre patrie a été ensevelie par l’histoire du vingtième siècle, et l’action du régent Horthy Miklós entre le 1er mars 1920 et le 16 octobre 1944 y a contribué pour une part significative. Sa qualité d’homme d’Etat de l’entre-deux guerres est . . .

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Notes   [ + ]

1. ↑ Le Mazsihisz : « Magyarországi Zsidó Hitközségek Szövetsége », à savoir Association des Communautés de Confession Juive de Hongrie. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
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Horthy a été « un homme d’État exceptionnel », selon Viktor Orbán

HU-LALA (Hongrie) - Sun, 25/06/2017 - 15:27

Viktor Orbán a fait sauter une nouvelle digue entre le Fidesz et l'extrême-droite en encensant le dirigeant de l'entre-deux guerres, Miklós Horthy, souvent qualifié de "Pétain hongrois".

Désormais, le culte de Horthy n'est plus seulement le fait de l'extrême-droite traditionnelle. La nation hongroise n'a pu survivre aux années 20 et 30 que grâce à "des hommes d'État exceptionnels tels que le régent Miklós Horthy, le Premier ministre István Bethlen et Kuno Klebelsberg", a ainsi déclaré le dirigeant hongrois mercredi lors de l'inauguration de la villa Klebelsberg . . .

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Le parlement hongrois adopte une version édulcorée de la « loi des affiches »

HU-LALA (Hongrie) - Sun, 25/06/2017 - 15:12

Une version modifiée du controversé projet de loi concernant les campagnes d’affichage des partis politiques a été adoptée ce vendredi par le parlement hongrois.

Comme le rappelle le site d’informations 24.hu, le MSZP avait envisagé de soumettre un texte de loi assez contraignant sur cette question et de s’associer avec le FIDESZ pour le vote, qui devait avoir lieu à la majorité des deux tiers. Dès mardi, László Botka, chef de file du MSZP pour les prochaines élections législatives, a cependant intimé l’ordre à son parti de ne pas soumettre ce projet de loi . . .

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L’Europe centrale coincée entre Orbán et Macron « le petit nouveau »

HU-LALA (Hongrie) - Fri, 23/06/2017 - 04:30

En marge du sommet européen qui se déroule jeudi et vendredi, le Premier ministre hongrois a affiché son mépris pour le nouveau président français, après que celui-ci ait critiqué l'illibéralisme qu'il promeut. Les dirigeants hongrois et français font figure de pôles opposés.

Le ton est donné. Viktor Orbán a tenu à répondre du tac-au-tac à Emmanuel Macron dès son arrivée à Bruxelles jeudi, devant des médias hongrois. "Le président français est un petit nouveau qui vient à un sommet pour la première fois . . .

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Nous étions cinq : l’ovni littéraire de Karel Poláček

HU-LALA (Hongrie) - Thu, 22/06/2017 - 09:43
Je vais faire une généralisation peut-être abusive, mais les auteurs tchèques nous laissent souvent un sentiment d’étrangeté. De quel droit puis-je émettre ce jugement alors que ma connaissance de la littérature tchèque reste assez superficielle ? 755368 3SVRUGNX items 1 le-tapuscrit-author-date default ASC http://hu-lala.org/wp-content/plugins/zotpress/

Avant d’ouvrir ce livre, bien sûr j’avais une série d’a priori en tête. De quoi s’agit-il ? D’un livre tchèque. Pourquoi cette étiquette ? C’est comme ça, on ne se refait pas. Je regarde la couverture. Le titre affiche en rouge : Nous étions cinq. Bon jusque là ce n’est qu’un titre sans grande signification. Ce qui attire plus mon regard, c’est le nom de l’auteur, Karel Poláček. Bon je me dis, cela ne va pas être facile d’écrire ce nom. Le č comment faire ? C’est le č mouillé comme dans tchèque. Je consulte mon clavier mais je ne trouve pas. Cela commence bien, d’autant que je suis très à cheval sur le respect de la typographie.

Au-delà de ces questions très formelles, me viennent à l’esprit quelques auteurs tchèques et pas des moindres. Le plus grand selon moi et sans doute l’un des plus grands de la littérature mondiale, se nomme Franz Kafka. Me vient ensuite à l’esprit le très grand Milan Kundera, puis Hašek, ah et j’allais oublier Bohumil Hrabal pour citer les auteurs tchèques dont j’ai lu quelques ouvrages. Ah mais tu oublies un autre Karel, me souffle-t-on dans l’oreille, avec un c mouillé, Karel Čapek, dont j’aperçois un roman dans ma bibliothèque et pour lequel, je le note au passage, l’éditeur ne s’est pas fatigué avec le c mouillé, il l’a carrément remplacé par un c sec. Autant dire que la littérature tchèque, ne serait-ce qu’avec ces quelques noms peut être classée, en tout cas dans mon esprit, dans le peloton de tête de la littérature mondiale.

Voilà dans quel état d’esprit j’ai entrepris la lecture de Nous étions cinq en espérant que Karel Poláček saurait tenir son rang auprès de ses illustres prédécesseurs dans mon panthéon tchèque. Ah mais j’oubliais encore un point important avant de m’engager dans la lecture. Il y a un traducteur, Martin Daneš ! En fait je ne vais pas lire Karel Poláček, mais Karel Poláček traduit, transcrit, trahit (?), interprété (?) par Martin Daneš. Est-ce un bon traducteur ? Cela me rappelle que Milan Kundera, mécontent des traductions françaises de ses œuvres a tout retraduit après son exil en France. Cela ne se produira pas avec Karel Poláček, mort en 1945 dans un camp de concentration pour délit de judaïté.

Martin Daneš, sur les traces de Karel Poláček

D’emblée on est étonné par la jeunesse du narrateur, un enfant de 10 ans tout au plus. On pense alors à d’autres romans où les rôles principaux sont tenus par des enfants comme dans Les gars de la rue Paul de Ferenc Molnár. Mais dans le roman de Poláček la narration passe par le regard d’un enfant sur le monde adulte comme dans la trilogie d’Agota Kristof (Le Grand Cahier, La Preuve et Le Troisième mensonge) ou La Miséricorde des cœurs de Szilárd Borbély ou encore dans Etre sans destin d’Imre Kertész. Tiens, toutes mes références proviennent de la littérature hongroise. Je dois avouer que je me suis un peu spécialisé dans ce genre de lecture là. Mais contrairement à ces romans hongrois qui contiennent tous peu ou prou une dimension tragique affichée, le roman de Poláček, lui, se situe davantage dans la légèreté, la naïveté enfantine, l’humour, la dérision même si en filigrane on subodore une dimension tragique. Voilà toute l’élégance ou peut-être une particularité de la littérature tchèque ?

Poláček parvient à rendre toute la fraîcheur et l’innocence de l’enfance, en totale opposition à ce qui se passe autour de lui.

Est-ce un exutoire, une manière de s’échapper de la réalité terrible qui l’accable et qui aura raison de son existence ? C’est une question qu’on se pose tout au long de la lecture. A quel moment de ce conte un peu féerique va-t-on basculer vers le réel c’est-à-dire vers le tragique ? Est-ce sa façon de lutter contre la barbarie ambiante ? Est-ce une stratégie de survie ? Cette fiction semble, en première approche, à l’exact opposé de ce qui se passe dehors, dans le monde réel, hors la tête de Poláček. Ne l’oublions pas, nous sommes en 1943, en pleine guerre, les déportations de juifs ont pris un tour industriel, quand Poláček, lui-même juif, écrit Nous étions cinq.

Le journaliste, écrivain, Martin Daneš traducteur de cet ouvrage nous révèle que « …ce roman a été écrit dans des conditions particulièrement difficiles […]. C’est son dernier manuscrit qui a été publié à titre posthume en 1946. Lui, il l’a écrit en 1943 lorsqu’il attendait sa convocation pour un camp. Il était un homme intelligent et je pense qu’il était conscient de ce qui l’attendait. Ce n’est pas un hasard qu’il écrive une ode à la vie. Un livre joyeux qui décrit sa propre enfance dans la ville de Rychnov, même si la ville n’est jamais nommée dans le livre. En fait, il retourne dans son enfance qui était aussi une période joyeuse pour lui. »

En 1943, il est déporté dans le camp de Terezin (Theresienstadt) et il meurt quatre mois avant la fin de la guerre.

Ce titre, Nous étions cinq, reprend un leitmotiv repris par Pierre Bajza, le jeune narrateur, qui nous rappelle régulièrement que lui et ses amis forment un groupe de cinq enfants.

Mais à qui s’adresse véritablement ce roman ? A des enfants ou à des adultes.

On peut avoir différents niveaux de lecture pour cette œuvre que je qualifierais d’inclassable.

Une lecture de premier degré est parfaitement adaptée à un jeune lecteur : une histoire d’enfants racontée avec grâce par un enfant avec des mots d’enfant.

Une lecture plus poétique me paraît évidente, tant il est vrai que Poláček nous entraîne dans un monde d’abord enfantin puis onirique, et cette dimension de l’oeuvre s’adresse à la fois à un jeune public mais aussi à un lectorat adulte.

Enfin, un niveau de lecture plus accessible à un adulte fera deviner le drame qui se joue autour de l’auteur au moment où il écrit ces lignes bien que l’horreur l’entourant ne soit jamais évoquée. Seul un terme vient signaler au lecteur qu’il se passe quelque chose de grave hors le monde de la littérature. Le mot « nazi » émis comme une insulte, survient à la page 289, soit sept pages avant la fin du roman. La légèreté de l’enfance et de ses petits soucis en opposition avec la gravité de la guerre et les exterminations ambiantes, voilà ce que le lecteur, averti par sa culture historique et informé des conditions dans lesquelles Poláček écrit son roman, pourra y percevoir.

Je retrouve ici une constante dans cette littérature tchèque qu’il m’a été donné de parcourir, celle d’un esprit de liberté en dépit de toutes les folies meurtrières, de tous les absolutismes et totalitarismes. Que ce soit chez Hašek ou Kafka, l’humain parvient toujours à se frayer son petit chemin par les interstices de liberté qui lui restent ne serait-ce que dans l’imaginaire.

Étrangement, l’histoire bascule à un certain moment vers quelque chose s’apparentant au Conte des mille et une nuits avec une face de merveilleux et un aspect aussi qu’on pressent pouvoir virer vers le tragique sans que celui-ci n’advienne vraiment. Il y a comme une transposition dans la fiction, de la situation réelle de l’auteur qui se réfugie, comme le héros du livre, un moment frappé par la maladie, dans un merveilleux fantasmé pour s’évader, occulter son propre drame et celui du monde en 1943.

J’aurais envie d’écrire que sous son apparence lumineuse, il s’agit d’un roman crépusculaire sans pour autant que cet aspect soit directement perceptible à un lecteur non averti.

Au fil du récit qui ressemble toujours à un conte merveilleux commence à naître chez le lecteur un sentiment trouble d’oppression sourde. Il y a quelque chose de paradoxal entre la légèreté apparente et un sentiment diffus qui laisse présager que le pire pourrait arriver.

Deux thèmes récurrents relevant de la morale émaillent aussi le récit. Le vice et la vertu sont abordés sous deux angles très amusants.

Le narrateur, régulièrement, se juge lui-même et ses camarades selon le critère de la vertu. « Il avait un regard vertueux » note-t-il à propos de tel ou tel de ses amis. Lui-même adopte un comportement vertueux quand il veut obtenir quelque chose de ses parents. « Nous avons vu Zilvar, assis à côté de la princesse, une expression d’adulte sur le visage, et d’après la manière dont il remuait les lèvres, faisait la bouche en cœur et haussait les sourcils, nous avons compris qu’il parlait selon les règles de l’orthographe pour paraître vertueux. »

La bigoterie de l’un de ses camarades revient aussi comme un leit-motiv. Ce personnage va régulièrement se confesser et cale ses actions en fonction de ce moment.

On peut enfin trouver dans ce roman quelque parenté avec La vie devant soi d’Emile Ajar, ce roman, écrit quelques dizaines d’années plus tard, dans lequel le narrateur, un enfant, use comme Pierre Bajza, le héros de Poláček d’une grande inventivité langagière.

Nous étions cinq, est un roman culte en Tchéquie et qu’on peut lire désormais avec grand plaisir en France, grâce à Martin Daneš.

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Kino Visegrad s’associe avec UniversCiné pour diffuser le cinéma centre-européen

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 21/06/2017 - 10:56
Partenaire de Hulala, l’association Kino Visegrad s’allie avec la plateforme de vidéo à la demande (VOD) UniversCiné pour promouvoir la diffusion des films centre-européens vers les publics francophones.

L’association Kino Visegrad a été créée à Paris en 2014 afin de promouvoir la cinématographie et la culture des pays d’Europe centrale, et plus précisément de la Hongrie, de la Pologne, de la République Tchèque et de la Slovaquie.

Soutenue par le Fonds Visegrád et coopérant avec les instituts culturels des pays concernés situés à Paris, l’association organise régulièrement des projections  au cinéma l’Entrepôt (14e), à l’Institut Hongrois, au Centre tchèque, mais aussi à l’INALCO et à la Sorbonne.

Kino Visegrad œuvre également auprès des distributeurs français pour promouvoir la sortie en salles de films en provenance de l’Europe Centrale et de l’Est, à l’appui d’un travail d’encadrement et de logistique.

Afin de toucher l’ensemble du public de la zone francophone, un partenariat est désormais établi avec UniversCiné, une plateforme V.O.D. reconnue et soutenue par le programme MEDIA auprès de la Commission Européenne.

Dès le mois de juin 2017, quatre titres tchèques et slovaques récents sont disponibles  au visionnage sur les territoires suivants : métropole française, Corse, Territoire d’Outre-Mer, Monaco, Andorre, Belgique et Suisse. Il s’agit de Gottland  (Viera ČákanyováPetr HátleRadovan SibrtKlára TasovskáLukáš KokešRozálie Kohoutová, 2014), Totally talking (Tomáš Pavlíček, 2014), Le Candidat (Jonáš Karásek, 2013) et Schmitke (Štěpán Altrichter, 2014). D’autres titres seront progressivement ajoutés au cours des mois prochains.

Pour plus d’informations :

universcine.com
kino-visegrad.fr
Contact: kinovisegrad@gmail.com

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« Si la Hongrie n’a rien à cacher, pourquoi ne veut-elle pas du parquet européen anti-fraude ? »

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 21/06/2017 - 10:09

Suppression des fonds européens pour la Hongrie et la Pologne, parquet européen anti-fraude, Europe à deux vitesses, intégration à la zone euro… L’eurodéputée allemande de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) Sylvia-Yvonne Kaufmann, membre du Parlement européen depuis 1999, aborde tous ces sujets dans une interview avec l’hebdomadaire Vasárnapi Hírek.

Article paru dans l’hebdomadaire Vasárnapi Hírek du 10 juin 2017 sous le titre « Ha nem akar, mit csináljunk ? ». Traduit du hongrois par Paul Maddens . . .

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ONG – La Commission de Venise n’en a pas terminé avec la Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 21/06/2017 - 09:32

Le gouvernement hongrois avait promis d'attendre l'avis de la Commission de Venise avant de passer la loi devant le parlement. Celle-ci a rendu un avis préliminaire le 2 juin dans lequel elle reconnaissait les objectifs légitimes poursuivis par le projet de loi, mais estimait que celui-ci prévoyait des contraintes excessives et des sanctions disproportionnées. En réponse, le gouvernement a retiré la disposition prévoyant à titre de sanction la « dissolution » de toute ONG, fondation, association, qui ne respecterait pas les obligations prévues par la loi . . .

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Emmanuel Macron rencontre le V4 jeudi

HU-LALA (Hongrie) - Wed, 21/06/2017 - 08:20

Radio Prague relaie une information de l’agence de presse tchèque ČTK selon laquelle le président français Emmanuel Macron participera à une réunion des Premiers ministres du groupe V4, jeudi à Bruxelles. Transport européen et dumping social sont notamment au programme.

Le président français Emmanuel Macron prendra part à une réunion des Premiers ministres du Groupe de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Pologne, Slovaquie), qui se tiendra ce jeudi avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’UE à Bruxelles. L’information a été annoncée par l’agence de presse ČTK . . .

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Autrichiens et Hongrois main dans la main pour bloquer les migrants

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 19/06/2017 - 08:22

Le ministre autrichien de la Défense Hans Peter Doskozil s'est rendu vendredi sur la frontière Schengen entre la Hongrie et la Serbie pour saluer les soldats autrichiens et soutenir les autorités hongroises. Dimanche, 1 200 policiers hongrois ont prêté serment à Budapest.

Hans Peter Doskozil, ministre issu Parti social-démocrate d'Autriche (SPÖ), a estimé que la construction de la clôture hongroise pour bloquer la progression des migrants vers l'Europe du Nord et de l'Ouest était une "bonne étape" dans la sécurisation des frontières de la zone Schengen. Il a également déclaré que le dispositif frontalier hongrois devait être maintenu, la route des Balkans n'étant pas complètement fermée . . .

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Réactions en Pologne et en Hongrie à la mort de Helmut Kohl

HU-LALA (Hongrie) - Mon, 19/06/2017 - 07:08

Helmut Kohl, chancelier allemand pendant seize ans de 1982 à 1998, est décédé vendredi à Ludwigshafen, dans l'ouest de l'Allemagne, à l'âge de 87 ans. Voici quelques-unes des réactions suscitées en Europe centrale à la mort de ce grand artisan de la réunification allemande et de l'un des grands artisans de l'intégration européenne.

La Première ministre polonaise Beata Szydlo a réagit à la mort du politicien allemand vendredi sur Twitter en le qualifiant de "personnage remarquable" et de "grand politicien dans des moments exceptionnels . . .

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