Un rapport publié par l’agence européenne de prévention des maladies explique que le risque pour les Européens de contracter une maladie infectieuse transmise par les réfugiés est faible, mais recommande aux pays de se préparer à une telle menace sanitaire.
L’Allemagne a accueilli 1,1 million de demandeurs d’asile en 2015, a annoncé le 6 janvier l’Office fédéral des migrations et des réfugiés (BAMF) dans un communiqué. Le « wir schaffen das » , on va y arriver de la chancelière est sans doute la meilleure réplique à cette annonce. Très vite la fierté et l’euphorie ont cédé la place au doute et à l’inquiétude. L’Allemagne peut-elle réellement accueillir plus d’un million de réfugiés Très vite la chancelière s’est réjouit : « Il y a un rêve d’Allemagne il n’en a pas toujours été ainsi ». Tout est relatif « nous sommes quand même 80 millions »rappelle-t-elle . Comme le reconnait le leader bavarois de la CSU Horst Seehofer, « qui sous-estime Angela Merkel a déjà perdu ! »
« Pour l’année 2015, à l’échelle fédérale, environ 1,1 million demandes d’asile ont été enregistrées », indique l’office, à propos de cette année record au cours de laquelle environ cinq fois plus de demandes ont été enregistrées par rapport à 2014.De janvier à décembre 2015, les demandes émanant de personnes en provenance de Syrie s’élèvent à elles seules à 428.468. Les pays les plus représentés sont ensuite l’Afghanistan (154.046 demandes), l’Irak (121.662), l’Albanie (69.426) et le Kosovo (33.049).
Pour le seul mois de décembre, l’Allemagne a recensé 127.320 demandes, un chiffre en baisse par rapport à novembre (206.101) ou octobre (181.166).Ces chiffres correspondent aux données du système EASY qui comptabilise les migrants arrivant dans le pays et prévoyant d’y demander l’asile.
Le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière a souligné que pour faire face à « cet énorme afflux » de population, l’Etat fédéral allait fournir « dans le courant de l’année 4.000 collaborateurs et collaboratrices supplémentaires » au BAMF. Par ailleurs, il entend venir financièrement en aide aux communes et aux Etats régionaux, souvent dépassés par l’arrivée massive des migrants, en fournissant une aide correspondant à 670 euros par demandeur et par mois, destinée à améliorer leur prise en charge. Enfin, le ministre s’est dit prêt à politiquement tout mettre en oeuvre « pour que le nombre de demandeurs d’asile arrivant en Allemagne soit nettement réduit » dans les mois qui viennent.
L’énorme afflux de réfugiés en Allemagne et la politique d’accueil choisie par Angela Merkel ont suscité d’importantes tensions ces dernières semaines, la chancelière étant pour la première fois vivement critiquée, y compris au sein de sa propre coalition.
Plutôt que de spéculer sur l’échec ou la réussite ou sur les sondages concernant Angela Merkel, les allemands sont au travail et s’organisent conscients qu’ils sont qu’il n’y a pas d’autres solutions, leur chancelière le leur rappellent à eux et aux autres (les députés du Parlement européen) : «Nous européens de l’Est et je m’inclus dans les Européens de l’Est, avons pu constater que l’isolement ne nous aidait pas. On n’arrêtera pas le flux des réfugiés en construisant des barrières. J’ai vécu derrière une barrière pendant suffisamment longtemps»
On n’a pas prêté suffisamment d’attention aux trop rares informations concernant cet aspect : par exemple l’interview de la présidente du Land de Sarre expliquant au journal le Figaro les mesures prises ou à prendre pour faire face ou le Journal la Croix concernant les petits écoliers. Sur le plus d’un million de demandeurs d’asile arrivés en 2015, environ 325 000 sont des enfants en âge d’être scolarisés. Leur prise en charge met les autorités régionales allemandes au défi. Mais la démarche d’intégration est engagée, la maitrise de la langue est la clé de l’intégration. Le directeur d’une école (collège Barnim à Berlin) explique : une école inoccupée a été réquisitionnée, d’ici juin les 18 salles de classes seront occupées. Les 16 Etats Länder en charge ont accéléré l’ouverture de salles de classe spécialisées, Berlin en compte 639. Le mot d’ordre est : les enfants ne doivent pas rester plus de « 3 mois sans aller à l’école. On estime à 24 000 le nombre d’enseignants supplémentaires. Les Länder ont prévu de dépenser quelque 17 milliards d’euros en 2016 pour les demandeurs d’asile selon Die Welt qui a interrogé les ministres de finances de Länder, seule la ville de Brême n’a pas donné ses prévisions. Au niveau fédéral, le ministre des finances Wolfgang Schäuble, a budgété 8 milliards d’euros pour 2016 pour les migrants. Pour la France ce sont 4000 à 5000 élèves de prévus . Pour la suède (1,8 millions d’habitants) ce sont 163 000 demandes avec parfois 10 000 par semaines et 35 000 mineurs non accompagnés .Dans son allocution du nouvel an, la chancelière persiste contre ceux pleins de haine: «qui veulent exclure les autres (…) une chance (…) il est évident que l’afflux de tant de gens va encore nous solliciter beaucoup. Cela va nous coûter de l’argent, nous demander du temps et de la force, notamment en ce qui concerne l’intégration de ceux qui vont rester ici durablement ».
Bon courage Angela et bonne chance !
Pour en savoir plus :
-. L’école s’organise le figaro http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/09/10/01016-20150910ARTFIG00333-l-ecole-s-organise-pour-l-accueil-des-enfants-refugies.php
-. La Croix :l’Allemagne s’organise pour scolariser les enfants de refugies http://www.la-croix.com/Actualite/Europe/L-Allemagne-s-organise-pour-scolariser-les-enfants-refugies-2016-01-05-1399922
-. Les réfugiés en Allemagne, l’accueil institutionnalisé la solidarité en plus https://blogs.mediapart.fr/francois-g/blog/171215/les-refugies-en-allemagne-l-accueil-institutionnalise-la-solidarite-en-plus
-. Pour la ministre-présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer la crise migratoire exige une réponse coordonnée de l’Europe http://www.lefigaro.fr/international/2015/12/28/01003-20151228ARTFIG00169-annegret-kramp-karrenbauer-il-faut-reduire-l-afflux-des-refugies-en-allemagne.php
Un an après les attentats de Paris ne perdons pas de vue qu’ils ont également (et principalement) été perpétrés contre les valeurs de l’Europe et dans la lutte contre le terrorisme, ces valeurs ne peuvent être mises en péril. La présence de quasiment tous le Etats de la planète au défilé dans les jours suivants a été un extraordinaire moment d’humanité, une sorte d’européisation de l’humanité : chacun refusant de haïr les auteurs et les inspirateurs, refusant de leur abandonner cette victoire. Souvent les Etats ont été représentés au niveau le plus élevé : chefs d’Etat, ou de gouvernements Un an après revoir ces images semblent à peine croyable.
Pourquoi ? Les attentats terroristes de Paris ont été perçus, à juste titre, comme une attaque dirigée contre l’Europe et ses valeurs. Celles-ci sont désignées à l’article 2 du traité de Lisbonne: «L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.» . Même dans la lutte contre le terrorisme, ces valeurs ne peuvent être remises en question ou compromises. Faute de quoi, les instigateurs de la terreur remporteraient une victoire : elle leur est définitivement refusée, espérons le.
Ces réflexions sont le résultat d’une tension exigeante entre une éthique de conviction et une éthique de responsabilité, entre la morale individuelle et la morale sociale, entre une éthique religieuse ou agnostique.
Avons-nous assisté sans nous en rendre compte à une européisation de l’humanité ? Question qui s’adresse à tous, mais plus particulièrement aux eurosceptiques, europhobes et populistes qu’ Eulogos a décidé d’interpeller. Ces valeurs européennes seraient elles donc si méprisables ? L’instant d’un défilé les chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu sans ambiguïté, qu’ils ne l’oublient pas et nous aussi. Ce défilé est un camouflet porté à la rhétorique des populistes, eurosceptiques et europhobes.