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Plan Mugabe : Budget de l`Union africaine

L’Union africaine, successeur légitime de l’OUA a lancé des projets très ambitieux pour le continent africain surtout en 2003, depuis la présidence nigériane d'Olusegun Obasanjo et son secrétaire général malien, Alpha Konaré. Konaré a envisagé un plan stratégique de l’Union africaine de 1,7 milliard de dollars, pour créer un Parlement panafricain (en Afrique du Sud), un tribunal international permanent, un fonds permanent pour la paix et une armée de métier.

Le plan a été élaboré, mais ce fut le désenchantement. En 2006 le budget endossé de l`UA était 158 millions de dollars, bien que le premier budget de l’UA en 2003, fût de 43 millions de dollars dont 26 millions ne furent pas payés par les États membres. (Désormais la situation est pire, en 2014, 97% du budget de l`UA, 222,9 millions a été financé par des partenaires étrangères et seulement 3% par les États africains.)

Lors du sommet de l’organisation le 1er févier 2015, le controversé Robert Mugabe a été désigné à la tête de l’UA. Le président du Zimbabwe, 91 ans, l’anticolonialiste historique, plus ancien chef d’Etat africain en exercice dirige toujours son pays «d’une main de fer». Malgré le fait que cette désignation à la tête de l’instance relève d’un tournus, «elle n’en suscite pas moins des inquiétudes, y compris au sein des délégations qui ont voté Rober Mugabe. L’Union africaine va-t-elle être pénalisée? Etant sous sanctions de l’Union européenne, il semble d’ores et déjà difficile que le président zimbabwéen puisse représenter l’Afrique lors du prochain G7 en Allemagne.» De fait, mardi, l’UE a précisé qu’en tant que président de l’Union africaine, le dirigeant pourra venir en Europe.

Outre de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme et la question des interventions régionales, l’UA est confrontée à un sérieux problème de financement. Elle dépend à hauteur de 72% des dons des nations non africaines. Sur les 522 millions de dollars de son budget de fonctionnement, l’UA ne finance elle-même que 28%. Le reste est payé par les donateurs, parmi lesquels l’UE, les Etats-Unis, la Banque mondiale, la Chine et la Turquie. Cette année, l’organisation panafricaine, consacrera 750 millions de dollars au financement des opérations de maintien de la paix.

Pour accroître ses recettes propres, l’UA propose des taxes. Une dépêche de l’agence Ecofin relayée par Senenews résume: l’organisation veut «mettre en œuvre une taxe de 2 dollars sur les nuits d’hôtels et de 10 dollars sur les billets d’avion pour les vols en partance ou à destination de l’Afrique. Ces mesures permettraient de lever 730 millions de dollars par an. Une taxe additionnelle de 0,005 dollar par SMS échangé sur le continent rapporterait 1,6 milliard de dollars par an. C’est le «plan Mugabé» pour « réduire la dépendance financière de l’Union africaine . Il y aurait là, selon l’algérien L’Expression, «de quoi largement mettre à l’abri l’UA des aléas budgétaires des donateurs et des turbulences économiques que traversent la Libye et l’Egypte, deux des plus gros contributeurs au budget de l’organisation parmi ses membres.»

Antécédents et controverse

Toutefois, précise notamment le Journal du Mali, les ponctions prévues demeurent peu définies, car elles dépendront de la volonté des Etats: «L’UA laisse [...] aux pays le choix d’appliquer ou non tout ou partie de ces taxes, à condition de respecter un nouveau barème de contributions revu à la hausse en fonction du PIB de chaque pays.» Evoquant en détail les coulisses du sommet de l’UA, Jeune Afrique a également relevé que cette idée n’est pas nouvelle: «En mai 2013, désireuse de diversifier ses financements, l’UA avait approuvé les propositions en ce sens de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’avait chargé de les mener à bien. Depuis, rien n’a bougé: ni la taxe de séjour ni celle sur les billets d’avion n’ont été mises en œuvre.»

Il y aura encore débat. Entre autres, Financial Afrik souligne que «cette décision ne fait pas encore l’unanimité, car certains Etats africains considèrent que ces taxes pèsent injustement sur le secteur du tourisme, alors que les industries pétrolière et minière sont épargnées.»

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