L'Institut Culturel Roumain accueille la nouvelle séance de Palabres animée par Christine Lecerf, spécialiste de littérature autrichienne, journaliste et productrice à France Culture. Le domaine roumain sera représenté par Paul Celan et Razvan Radulescu. Les domaines autrichien et ukrainien seront aussi représentés à l'occasion de cette rencontre.
Sur l'initiative du CIRCE (Centre Interdisciplinaire de Recherches Centre-Européennes) de l'Université Paris-Sorbonne.
Entrée libre
29 novembre à 19h30 (...)
The European Union is the result of an economic integration process geared to reach a neoliberal utopia. It was designed to eliminate, neutralise or severely limit all national policy instruments capable of standing in the way of trade and capital flows, and to narrow down member states’ policy choices to deflation strategies, mainly focusing on wages and taxes. Some have referred to this as “negative integration”, with the EU more about repressing national sovereignty than creating European instruments, capacities and accountability.
Member states lost their monetary and exchange policies, and saw their budgetary policies limited, first through the Growth and Stability Pact and then, even more so, through the Fiscal Compact. The result is a new process of economic divergence and social disaster. Peripheral economies have accumulated systematic external deficits, financed through growing external debt. After the financial crisis, private debt was made public and several countries became insolvent. To make matters even worse, the European institutions pushed an insane austerity strategy that continues to prolong the economic crisis. The self-evident failure of this strategy is deeply rooted in the countless flaws in the EU’s institutional design. For those who share this point of view, the question is what changes are needed for the Union to work, as well as whether a transformation of today’s failed design can really be enacted.Without any presumption of being comprehensive, I would highlight five necessary reforms:
These changes amount to the EU abandoning a model by which countries are forced to compete through internal devaluation, and instead building a solidarity economy. This will only be possible
once all members accept that the integrity of the Union depends on significant and systematic financial transfers from the core to peripheral economies to compensate for today’s devastating imbalances. All EU policies should be reducing those imbalances through the development of peripheral economies, not through imposing a race to the bottom on wages, which will only contribute to economic stagnation, as we can already see.
So are these reforms possible? I have grown more and more sceptical for several reasons. First, the economic and social crisis has fuelled discontent with the EU’s institutions and the European
project itself. The Union was built on a promise of development and prosperity that has failed to deliver, which is obviously true for the peripheral economies, but also for the working classes of
surplus economies. Second,the EU leadership’s total disregard for the democratic will of peoples in several member states destroyed one of the most important elements needed for a successful process of integration: democratic legitimacy. The EU was already found wanting before the economic crisis, but this degree of disrespect for national democracies will make people increasingly wary of further integration under Europe’s leaders.
Third, there was an enormous amount of irresponsibility exhibited by the EU’s leadership, and some national leaders, when it came to pushing an explanation for the crisis. Their analysis was based on moralistic tales, or borderline racist theories, about “competent” and “hard-working” people on the one hand, and “sloppy” and “lazy” people on the other. These narratives have helped waken political monsters that Europe had hoped to bury. Finally, and crucially, there is an institutional obstacle. The European treaties are among the most armoured pieces of legislation in the world. Many of the required changes will need unanimous support, but that only comes after overcoming the European institutions’ lack of democratic accountability and the dearth of political power for the Parliament. In the EU, institutions with power are undemocratic and institutions that are democratic are given no power.
I had hoped that after crushing the Greek government and seeing the United Kingdom vote to leave, the EU’s leadership would pause and reflect on the road the European project is taking. But their
bitter response to Brexit couldn’t have been more disappointing. The sad truth is that today, in Brussels and Berlin, I can’t see any sign of change – only stubbornness and vindictiveness.
I believe that it’s our responsibility not to give up on the European project. But far greater is the responsibility not to give up on the social rights for which Europeans have fought so hard. If conflict
between the current EU and the rights that have given shape to our democracies becomes unavoidable, it will be wise to choose the way of a peaceful separation. Even if the Union fails, we’ll always have Europe.
IMAGE CREDIT: palinchak/Bigstock.com
The post Europe’s stubborn Union appeared first on Europe’s World.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a affirmé mardi à Tunis que l’Algérie et la Tunisie avaient franchi de « grands pas » dans la préservation de leur stabilité sous la « direction éclairée » des présidents des deux pays.
« L’Algérie et la Tunisie ont franchi de grands pas dans la préservation de la stabilité sous la direction éclairée des présidents des deux pays, une fierté pour nous », a déclaré M. Sellal à l’issue de l’audience que lui a accordée le président tunisien Béji Caïd Essebsi.
Représentant le président de la République Abdelaziz Bouteflika aux travaux de la conférence internationale sur l’investissement en Tunisie, le premier ministre a indiqué qu’il était porteur d’un message « d’espoir et de paix » exprimant son souhait de voir cette rencontre sanctionnée par des résultats positifs.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal est arrivé mardi matin à Tunis accompagné du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, et du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a eu un entretien mardi à Tunis avec son homologue français Manuel Valls. Cette rencontre, tenue à la demande de M. Valls, a eu lieu en marge de la conférence internationale sur l’investissement en Tunisie « Tunisia 2020 » qui regroupe mardi et mercredi plus de 2.000 participants d’une quarantaine de pays. Les discussions entre MM. Sellal et Valls se sont déroulées en présence, notamment du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, et du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb. Cette rencontre a permis d’aborder les relations bilatérales et les questions d’intérêt commun.
Sellal reçu à Tunis par l’émir du Qatar
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a été reçu mardi à Tunis par l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani. L’audience s’est tenue en marge de la conférence internationale sur l’investissement en Tunisie « Tunisia 2020 » qui regroupe mardi et mercredi plus de 2.000 participants d’une quarantaine de pays. Les discussions entre M. Sellal et l’émir du Qatar se sont déroulées en présence du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, et du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb.
Poursuivant ses travaux, la cour de Bouira a eu à traiter, avant-hier dans sa session criminelle, de l’affaire d’un réseau de trafiquants de faux billets et de faux documents, ainsi que de vols de véhicules, dont le principal accusé a été arrêté en 2015 par la Gendarmerie nationale au niveau de l’autoroute près de Djebbahia, après le signalement d’un véhicule volé dont il était à bord.
L’affaire remonte à 2015, lorsque après plusieurs plaintes contre des vols de véhicules dans la région de Blida, la Gendarmerie nationale a arrêté un citoyen à bord d’un véhicule volé, qui venait de lui être signalé, dans la localité de Djebbahia sur l’autoroute Est-Ouest.
Le suspect qui s’avérera être un des trafiquants qui faisait partie d’un réseau qui s’étendait jusqu’à Blida, ne tardera pas à passer aux aveux et à dévoiler son identité et l’identité de ses deux complices, qui seront arrêtés à leur tour lors de la perquisition d’un logement loué dans la localité de Blida et dans lequel des micro-ordinateurs, plusieurs cartes grises contrefaites et des fausses pièces d’identité, ainsi qu’une somme importante de faux billets de banque, à savoir 91 millions centimes en faux billets de 2 000 dinars et 14 millions centimes en faux billets de 1 000 dinars, ont été saisis.
Lors de leur audition, le principal accusé, le dénommé K. B. M. a avoué avoir utilisé l’imprimerie de son père pour le tirage de ces faux billets, ainsi que les cartes grises et les pièces d’identité, alors que ses deux complices, les dénommés R. A. et A. M. s’occupaient, dans la maison louée, de la confection avec un logiciel de fausses identités et de fausses cartes grises pour les véhicules volés et dont les victimes sont souvent les agents de location de véhicules chez lesquels ils louent le véhicule pour prendre la copie de la carte grise ainsi que le double des clés, avant de les restituer et d’attendre qu’une autre personne loue ce véhicule pour le voler pendant la nuit, changer d’immatriculation et de carte grise préparée d’avance, et l’écouler tranquillement et rapidement sur la marché. Au total, onze véhicules ont été volés et écoulés de cette manière avec de faux documents.
Ce dimanche, lors du procès qui a duré plus de 10 heures, les deux principaux accusés, K. B. M. et R. A., ont essayé de nier les faits retenus contre eux, mais les témoins qui étaient appelés à la barre, le matériel saisi dans la maison louée par le deuxième accusé, ainsi que les faux documents retrouvés sur place et les fausses identités retrouvées dans la mémoire, ont plaidé contre eux, alors que le troisième, A. M. qui a été interpellé dans la maison louée au moment de la perquisition, en compagnie d’une fille, a avoué n’être au courant de rien sur les manigances de ses deux compagnons.
Lors des délibérations, alors que le procureur avait requis la perpétuité pour les trois prévenus, les deux principaux accusés, poursuivis pour des délits d’association de malfaiteurs, trafic de fausse monnaie, faux et usage de faux, vol et abus de confiance, ont été jugés coupables et condamnés à des peines de 10 ans de réclusion criminelle et 100 millions d’amende pour le dénommé K. B. M., dont le père, propriétaire de l’imprimerie, appelé à la barre a avoué n’être pas au courant des agissements de son fils, 8 ans de prison et 100 millions d’amende pour son complice, le dénommé R. A., alors que le troisième, le dénommé A. M., a été finalement acquitté.
Les éléments de la police judiciaire ont réussi, avant-hier, un coup de filet magistral, en appréhendant une bande de criminels composée de 4 membres et spécialisée dans le casse de locaux commerciaux, à la faveur de la nuit, est-il indiqué dans un communiqué de presse émanant de la cellule de communication, relevant de la Sûreté de wilaya.
C’est suite à une plainte déposée par un commerçant sur le vol de son magasin de vente d’articles d’habillement dans le prêt-à-porter, sis au centre-ville d’El Tarf, que la brigade de la police judiciaire s’est déplacée sur les lieux. En utilisant le système de reconnaissance électronique des empreintes digitales (AFIS), elle a pu en un temps record déterminer avec exactitude les identités des auteurs de ce forfait.
Les 4 membres de la bande, âgés entre 20 et 30 ans et originaires d’El Tarf et d’Annaba, ont été arrêtés au cours de la même journée. En perquisitionnant leurs domiciles respectifs, les policiers ont pu récupérer les marchandises dérobées dont la valeur avoisine les 700 millions de centimes ainsi qu’un téléviseur et un terminal de jeux «XbOX».
Il est à signaler que de fil en aiguille, les policiers ont pu déterminer que 4 vols classés contre X qui se sont produits dans la ville d’El Tarf, il y a de cela plusieurs mois, sont aussi l’œuvre de la même bande.
Présentés devant le procureur près le tribunal d’El Tarf, pour les griefs de constitution d’une bande de malfaiteurs dans le dessein de commettre un délit, de vols durant la nuit et effraction en usant d’un véhicule, deux des membres de ladite bande ont été écroués alors que les deux autres ont été placés sous contrôle judiciaire.
Une importante cargaison de carburant a été saisie avant hier, par les éléments de la Sûreté de daïra d’El Kouif, une commune sise aux portes de la frontière nord et située à 30 km du chef-lieu de la wilaya.
En effet, 2 000 litres de gasoil contenus dans 10 fûts d’une capacité de 200 litres étaient parfaitement dissimulés à l’intérieur d’un entrepôt abandonné se trouvant à quelques encablures du poste frontalier de Rous El Ayoun. La marchandise était prête pour être acheminée clandestinement la nuit vers la ville de Hydra en Tunisie. Poursuivant leurs investigations sur la base des informations bien dirigées, les enquêteurs ont réussi à identifier deux individus suspects de ladite région qui étaient à bord d’un tacot aménagé pour le transport de carburant.
Lors de leur audition, les contrebandiers ont avoué être les propriétaires de la marchandise saisie. Présentés devant le juge pour stockage illicite de matière première destinée à la contrebande, les deux contrevenants ont été placés en détention provisoire.
Durant la période hivernale, le carburant, surtout le gasoil, est très sollicité par les agriculteurs tunisiens, a-t-on appris de sources concordantes.
Agissant sur la base d’informations parvenues à son niveau, la Sûreté de wilaya de Sidi-Bel-Abbès a finalement réussi à confondre le gérant d’une échoppe dans laquelle ont été interceptés du kif, des psychotropes, de la monnaie locale, des devises, des armes blanches et un taser.
Pour le début de l’enquête diligentée, les policiers ont appréhendé ce gérant en possession d’une quantité de kif traité mais la perquisition de son local a permis la découverte de 700 grammes de kif, 80 comprimés psychotropes, 10 millions de centimes, 260 euros, des armes blanches et un taser. Le quinquagénaire a été arrêté et écroué.
Les premières voitures de l’usine Volkswagen de Relizane sont prévues dès juin 2017, a annoncé hier lundi Mourad Eulmi, directeur général du groupe Sovac, partenaire du constructeur allemand. M. Eulmi a expliqué à la radio nationale que la future usine VW de Sidi El-Khettab, dans la wilaya de Relizane, va produire quatre types de véhicules (la Golf 7, la Seat Ibiza, la Skoda Octavia et le Caddy). L’usine va en fait rassembler autour de la maison mère les deux grandes filiales du groupe, Skoda et Seat. Les volumes de production prévus dans l’accord signé dimanche à Alger sont de 100.000 véhicules/an à partir de 2022 et de 12.000 véhicules/an à partir de juin 2017.
«Le projet de Volkswagen en Algérie, le premier dans la région MENA, est un choix réfléchi, car le potentiel qu’offre l’Algérie par rapport à d’autres pays est plus avantageux en termes de ressources», a indiqué M. Eulmi qui a précisé que «nous avons fait un travail de marketing pour faire venir le constructeur allemand en Algérie», et cela est «très important en termes d’image pour l’Algérie ». Il est clair que les retombées économiques de ce projet sont d’abord la création de «beaucoup d’emplois, ainsi qu’un tissu de sous-traitants important à Relizane».
Le prix des voitures sorties de l’usine de Relizane ne sera pas plus élevé que celui des voitures d’importation, explique le DG de Sovac. Quant au choix des modèles qui vont être montés à l’usine de Relizane, à savoir la Golf série 7, la Skoda Octavia, la Seat Ibiza et le Caddy VW, M. Eulmi souligne que «ce choix a été demandé par le ministère et, lors des négociations, les pouvoirs publics ont demandé à VW d’adapter les voitures fabriquées en Algérie au marché algérien et aux attentes de la clientèle algérienne». Il ajoute que «la Golf 7 est l’ADN de la marque, l’Ibiza est très prisée par les jeunes, l’Octavia est très demandée par les PME et le Caddy pour une catégorie de la clientèle algérienne». Sur la qualité de ces produits, il a relevé que «le constructeur doit s’impliquer dans ce projet et prendre une participation dans l’entreprise, c’est un gage de transfert de savoir-faire et de qualité des produits fabriqués en Algérie». Quant au taux d’intégration, il sera de 15% dans les trois premières années et de 40% après la cinquième année, a-t-il dit. Il précisera que VW va développer un tissu de sous-traitants en Algérie. «Ce projet installé sur 100 hectares prévoit un développement de la sous-traitance sur 40 ha réservés aux sous-traitants et 60 ha pour l’usine de fabrication de voitures». Le challenge, selon M. Eulmi, «est de développer un réseau de futurs sous-traitants, un process qui va durer entre 12 et 18 mois», alors que 1.800 emplois directs seront créés dans un premier temps et 3.500 emplois indirects. «L’Algérie a les potentialités de devenir exportateur de voitures dans la région Mena, et le groupe VW a l’ambition d’exporter», a annoncé par ailleurs M. Eulmi, «Seat veut faire de l’Algérie un relais d’exportation et une plate-forme de distribution, et Skoda veut également faire de l’Algérie une plate-forme de distribution».
Pour autant, «on ne peut faire ces projets du jour au lendemain, il faut au moins dix ans pour cela». M. Eulmi affirmera que «les voitures qui sortent de l’usine de Relizane seront homologuées par VW, elles doivent répondre aux qualités et standards de VW, et les sous-traitants seront certifiés et homologués par le constructeur». L’investissement global est, à terme et sur dix ans, de 250 millions d’euros, et de 170 millions d’euros à court et moyen terme, a indiqué le DG de SOVAC. «Mis à part la production, il y aura des investissements pour accompagner les sous-traitants et équipementiers».
Par ailleurs, sur le marché local des véhicules neufs, M. Eulmi estime qu’il y a eu beaucoup d’ordre. «La loi de finances 2014 a permis d’éliminer des centaines d’importateurs multi-marques, et 75% du travail de nettoyage a été fait. Par contre, le marché de l’occasion, il faut l’organiser, car ce marché échappe aux pouvoirs publics». Selon M. Eulmi, il y aurait «400.000 véhicules qui circulent sur le marché de l’occasion et échappent à tout contrôle, avec une valeur globale équivalente à 5 milliards de dollars». Il annonce qu’il y aura «un texte pour organiser ce marché». Quant à la hausse des prix des véhicules neufs, il a pointé du doigt le nouveau système des quotas d’importation de voitures introduit par le ministère du Commerce en 2016. «C’est la conséquence des quotas.
Quand on supprime 80% de la demande, on crée une hausse des prix», a-t-il dit. Enfin, M. Eulmi plaide pour le développement d’un réseau de sous-traitants en Algérie. «La Tunisie exporte pour 5 milliards d’euros de pièces de rechange vers les constructeurs, on veut faire de la fabrication de pièces de rechange et exporter. L’Algérie est à 48 heures de bateau des usines européennes, donc on doit être gagnant-gagnant avec les constructeurs, et ils sont favorables à ce genre de deal».
Jean-Louis Bianco, Secrétaire général de l’Elysée de 1982 à 1991, puis ministre des Affaires sociales et ministre de l’Équipement, est président de l’Observatoire de la laïcité. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage La France est-elle laïque ? aux éditions de l’Atelier.
Vous écrivez que la laïcité s’est toujours voulue émancipatrice. On a pourtant l’impression d’être de plus en plus face à une laïcité d’interdiction…
Durant les trente dernières années, nous avons sans doute, collectivement, cru que la laïcité était une évidence pour tous, que sa définition ne faisait l’objet d’aucune confusion ou contestation. En réalité, en abandonnant ce travail de pédagogie et d’explicitation de la laïcité sur le terrain, nous avons effectivement laissé le champ libre dans le débat public à l’instrumentalisation de ce principe. D’outil de rassemblement, il est devenu pour certains un outil politique de stigmatisation ou d’exclusion. À l’étranger, la laïcité française est également souvent perçue comme un principe d’interdiction, alors qu’elle est d’abord un principe de liberté et doit le rester. C’est cela que j’ai voulu rappeler dans ce livre. La laïcité telle que définie juridiquement n’est pas un interdit mais un formidable outil d’émancipation nous permettant de créer du commun au-delà de nos appartenances propres.
Quelle analogie dressez-vous entre les débats de 1905, sur l’interdiction de la soutane dans l’espace public, et les débats contemporains ?
Au début du XXème siècle, le pays connaît un conflit très fort entre une France « fille aînée de l’Eglise » et une France qui se réclame de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Les processions religieuses catholiques, par ailleurs très politisées, étaient extrêmement courantes. Lors des débats parlementaires de la loi de 1905, certaines proposent leur interdiction, comme celle du port de vêtements religieux dans la rue. Aristide Briand s’y oppose et déclare : « Le silence du projet de loi [à ce sujet] n’a pas été le résultat d’une omission mais bien au contraire d’une délibération mûrement réfléchie. Il a paru que ce serait encourir, pour un résultat plus que problématique, le reproche d’intolérance et même s’exposer à un danger plus grave encore, le ridicule, que de vouloir par une loi qui se donne pour but d’instaurer dans ce pays un régime de liberté (…) imposer (…) l’obligation de modifier la coupe de ses vêtements. » À propos de la soutane, obsession de l’époque, il répond : « La soutane une fois supprimée, [vous pouvez] être sûr que si l’Église devait y trouver son intérêt, l’ingéniosité combinée des prêtres et des tailleurs aurait tôt fait de créer un vêtement nouveau, qui ne serait plus une soutane. » Aujourd’hui, ce n’est plus le catholicisme mais l’islam qui est en cause. Mais on retrouve l’enjeu du signe religieux représenté par le vêtement. Depuis les années 1990, alors que la France continue de se séculariser, nous constatons en effet une augmentation du port de signes religieux, en particulier le voile. Les raisons de cette augmentation sont multiples. Mais nombreux sont les élus qui, aujourd’hui, proposent d’interdire le voile dans l’espace public. En réalité, en cédant aux surenchères et en transformant la laïcité en interdit subjectif, nous ne ferions que renforcer les raisons d’un repli communautaire, qu’alimenter un discours victimaire, et en conséquence les provocations et extrémismes religieux et politiques. C’est pourquoi le ministre de l’instruction publique, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, déclare en 1905 que l’interdiction du vêtement religieux constituerait « une rigueur inutile, susceptible d’être exploitée contre la séparation elle-même. »
Comment le discours décliniste met en cause les acquis de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ?
À travers la question de l’islam, la question sociale, la question de l’identité, se fait jour une vision de la laïcité qui est en rupture avec les trois piliers historiques – liberté, égalité, fraternité. Ce n’est plus le vieux débat entre Combes et Briand, entre une laïcité anticléricale, voire antireligieuse, et une laïcité d’apaisement. Consciemment ou inconsciemment, ce qui est en jeu, c’est une autre vision des libertés que celles qui sont garanties depuis la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Cela commence en effet par la pénétration du discours décliniste. Celui-ci offre une justification à la peur de l’islam, qui se traduit par des propositions de loi « d’interdiction » qui lui sont spécifiques et qui remettent en cause certains acquis de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Nous avons ainsi eu droit au roman-photo de l’été 2016, « l’affaire du burkini ». Les médias se sont enflammés, les maires ont multiplié les arrêtés anti-burkini, et chaque responsable politique y est allé de sa petite déclaration. Certains, y compris à gauche, n’ont pas manqué de jeter de l’huile sur le feu. Nous avons été la risée du monde entier. Comme s’il n’y avait aucun sujet plus important à débattre. Comme si les policiers n’avaient pas mieux à faire que d’épier les délinquantes, à l’instar de l’adjudant Cruchot dans le Gendarme de Saint-Tropez. Il n’y a pourtant pas de « tenue laïque ». Chacun s’habille comme il l’entend dès lors que cela ne trouble pas l’ordre public. C’est uniquement dans ce cas qu’un maire peut prendre, sous le contrôle du juge, des mesures de police. Ces dernières doivent être nécessaires, adaptées et proportionnées. Il convient de soigneusement distinguer le trouble objectif à l’ordre public qui constitue une limite légale à la liberté d’aller et venir, à la liberté de conscience et de manifester sa religion, d’une perception subjective qui ne saurait en tant que telle justifier une atteinte à cette liberté. Je le répète, ceux qui pratiquent une police du vêtement provoqueront des replis communautaires contraires à l’objectif de la laïcité. Ce type d’interdictions est contraire à l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui dispose que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », mais aussi à l’article 1er de la Constitution qui proclame que « la République respecte toutes les croyances », et à l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme qui n’autorise que des restrictions justifiées.