(B2) Un avion Mig 29 polonais s’est écrasé cette nuit (6 juillet) à 1h57 près de Pasłęk (entre Malbork et la frontière russe de Kaliningrad). Le pilote est décédé
Mig 29 au sol (archives B2 / Crédit : MOD Pologne)
Un vol de nuit
L’avion MiG-29 qui appartient à la 22e base aérienne tactique de Malbork assurait un vol de nuit. Le pilote, expérimenté, a réussi à se catapulter. Mais il n’a pas survécu à l’accident. L’épave de l’avion a été trouvée à environ un demi-kilomètre de bâtiments. A 2h30, environ, un médecin ambulancier a confirmé la mort du pilote.
Un pilote expérimenté
Le pilote était « expérimenté » a indiqué le ministère. Il avait volé plus de 800 heures, dont plus de 600 heures sur MiG-29. Il a aussi participé plusieurs fois à des exercices nationaux et internationaux.
Enquête en cours
La Commission d’enquête aéronautique a déjà commencé ses travaux. La police militaire a rapidement sécurisé le lieu de l’événement. Elle mène des investigations sous la supervision du procureur du bureau du procureur du district d’Olsztyn Sud pour les affaires militaires.
Tous les vols suspendus jusqu’à nouvel ordre
« Jusqu’à ce que les raisons du crash du MiG-29 soient clarifiées, les vols utilisant cet avion ont été arrêtés » a indiqué le ministre de la Défense nationale, Mariusz Błaszczak, lors d’une conférence de presse tenue vendredi (6 juillet) au siège du ministère de la Défense à Varsovie.
Commentaire : l’avion Mig 29 est un avion relativement sûr. Mais il reste d’un maniement très délicat, demandant une haute précision des pilotes, une faute d’inattention et c’est un risque certain. Mais les mécanos et pilotes polonais basés à Malbork (j’avais rencontrés très sympathiques et passionés par leur métier et leur avion) sont des habitués de ces vols en condition difficile (nuit, froid, etc.) (1).
Ils sont d’ailleurs régulièrement mis à contribution, par les pays de l’OTAN, lors d’exercices servant alors de ‘sparring-partner‘ pour les pilotes occidentaux (français, belges, britanniques etc.) qui peuvent ainsi s’entraîner contre des ‘Mig’. Et ce n’est pas parfois l’avion le plus moderne qui gagnait… C’est dire la dextérité des pilotes polonais, de redoutables professionnels, comme me l’avait confié un officier.
Mais ces avions, qui ne sont plus tout jeunes, demandent aussi un entretien régulier. Plusieurs appareils sont d’ailleurs dépouillés, servant de réserve de pièces de rechange. Et la flotte aérienne polonaise vieillissante a connu plusieurs accidents mortels ces dernières années (2).
(NGV)
(1) Lire aussi :
(2) Un avion de combat MiG-29 s’était écrasé le 18 décembre 2017 près de Minsk Mazowiecki non loin de Varsovie. Un avion avion Casa C-295M s’était écrasé le 23 janvier 2008 près de la base aérienne de Miroslawiec, avec plusieurs hauts gradés à bord. Sans compter le crash de l’avion présidentiel à Smolensk, un cas autrement plus polémique et complexe (lire : L’avion présidentiel polonais crashe: président tué, Etat-Major décapité)
Cet article Après le crash d’un Mig 29 de Malbork, tous les vols suspendus en Pologne est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article Carnet (06.07.2018). Nomination (EUMCWG). Eucap Sahel Niger (prolongation). UE-Ukraine (sommet). garde-côtes libyens (démenti). Libye (pétrole). Iran (Vienne). Moldavie (élections). Venezuela (aide humanitaire). Pakistan (femmes). Mariage forcés/Irak/Arménie/Azerbaidjan (résolutions). Turquie (aide aux réfugiés).Etias (adoption). Aide aux migrants (criminalisation). Terrorisme (rapport). Elections (loi électorale). Budget 2019 (trilogue). Défense et Préférence (Proust). A lire est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Barkhane a terminé cette semaine une grande relève. Une opération d’ampleur qui « a mis à contribution de nombreux moyens nationaux, ainsi que des moyens étrangers » selon l’état-major des armées.
Le GT Logistique Dragon célèbre ses 209 jours d’engagement (crédit : DICOD / EMA)
Combien de matériels et hommes ont été acheminés ?
En tout, 422 tonnes de matériels ont été transportées entre la France et le théâtre. Près de 8000 militaires ont été transportés de la France vers le théâtre et vice-versa grâce à 22 vols aller-retour des avions de transport stratégiques des Armées (A310 et A340). Tous ces matériels et ces hommes sont arrivés dans les aéroports de N’Djaména et de Niamey, principaux points d’entrée.
Qu’est-ce qui était le plus difficile ?
Principale difficulté : acheminer matériels et hommes sur les différentes emprises de Barkhane. Des transports assurés par de nombreux convois terrestres et des rotations aériennes : avions de transport tactique et hélicoptères. Coté hélicoptères, ce sont des appareils de la MINUSMA qui prennent, pour une grande partie, le relais.
Qui compose l’opération Barkhane ?
Désormais, le 2e régiment étranger de parachutistes (2e REP) de la légion étrangère, basé à Calvi) arme le groupement tactique désert infanterie (GTD-I), le 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP) basé à Tarbes, arme le GTD-Blindé, le 1er régiment d’hélicoptères de combat (1er RHC) basé à Phalsbourg arme le GTD aérocombat, le 3e régiment du matériel basé notamment à Muret (3e RMAT) arme le groupe tactique logistique tandis que le 40e régiment de transmissions basé à Thionville (40e RT) arme le groupement transmission.
(NGV)
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(B2) Au dernier sommet de Bruxelles les 28 et 29 juin, les dirigeants européens sont sortis avec une promesse : le chiffre de garde-frontières et garde-côtes au sein de l’agence frontex va être augmenté à 10.000 non plus en 2027, mais pour 2020. Le chiffre est rond. Il est beau. Mais comment y arrive-t-on ?
Réponse : tout simplement par un tour de passe-passe, dont seuls les Européens ont le secret. Démonstration…
Quel est l’effectif actuel ?
En fait, aujourd’hui Frontex c’est environ 600 personnes (589 très exactement selon un dernier comptage effectué à Varsovie le siège de l’agence), dont 138 experts nationaux détachés (pour une période variable de deux ou trois ans en général). NB : précisons que la plupart de ces personnels servent à gérer toutes les tâches confiées à l’agence (en augmentation), seuls quelques dizaines sont déployés ou déployables sur le terrain (généralement pour une période assez courte.
Environ 1300 personnels déployés sur le terrain (Grèce, Italie, Bulgarie, etc.). Le chiffre varie de semaine en semaine, entre 1200 et 1400 officiers (1500 au plus fort de la crise). Ces personnels sont détachés par les États membres, pour une durée variable (une à quelques semaines).
A cela, on rajoute un pool de réserve de 1500 personnes qui a été créé en 2015 avec la mise en place du corps européen de garde-frontières.
On arrive ainsi déjà aujourd’hui à 3400 personnes (600 + 1300 + 1500).
Quel est l’objectif ?
En mai dernier, la Commission européenne envisageait de monter le chiffre des garde-frontières à 10.000 personnels d’ici 2027. Une proposition faite dans le contexte du prochain cadre financier pluriannuel (CFP ou MFF) pour la période 2021-2027. Devant la pression des évènements, la demande franco-allemande (lors de la déclaration de Meseberg), le débat politique au Conseil européen, la Commission a proposé d’avancer cet objectif à 2020.
Comment y arrive-t-on en 2020 ?
Pour y arriver on ne va pas recruter des centaines de personnes tous les ans.
Tout simplement, on reprend l’objectif fixé dans la décision de 2015 de renforcer le corps européen de garde-frontières et garde-côtes (Frontex) pour le porter progressivement jusqu’à 2020 de environ 300 à 1000 personnes (fonctionnaires, contractuels et experts nationaux détachés). NB : On est à peu près à la moitié de l’objectif (environ 600), ce qui est déjà un beau résultat.
Rajoutez à ceci, l’augmentation du personnel déployé pour le passer de 1500 à 2000 personnes en moyenne.
Et augmenter le pool de réserve de 1500 à 7000 personnes. Ni vu ni connu.
Vous arrivez à 10.000 = 1000 + 2000 + 7000. C’est merveilleux non ?
Est-ce du personnel permanent ?
Non. Dans les faits, les principaux effectifs (plus de 9000) sont fournis par les États membres (s’ils ont ces effectifs et s’ils le veulent), avec le soutien financier de l’Union européenne (qui assure les per diems). Simplement ce qui est prévu de progressivement avoir une moitié du personnel de réserve (soit 3500) par du personnel permanent d’ici 2027.
Pourquoi est-ce difficile de recruter ?
Cela coûte cher et ce n’est pas automatiquement soutenable financièrement. Mais la difficulté est surtout pratique. Tout d’abord, avec la mise en place de Schengen, la plupart des forces nationales (police des frontières et douanes) ont été diminuées au plus strict minimum. Il n’y a donc « plus vraiment de gras », comme le confie un haut gradé policier, ou de personnel largement disponible. Ensuite, avec l’alerte terroriste, les États ont certes repris le recrutement mais pour l’affecter au territoire national. Enfin, former et recruter du personnel demande du temps.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Cette disposition est consacrée par une phrase dans les conclusions : « le rôle d’appui joué par Frontex, notamment dans le cadre de la coopération avec les pays tiers, devrait être encore renforcé par une augmentation des ressources… »
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(B2) Les chiffres d’arrivées par la mer Méditerranée ont largement baissé en 2018. Mais elles restent dans un rythme assez soutenu cependant, et avec un taux de mortalité non négligeable
Le nombre de personnes arrivées sur les côtes italiennes a-t-il diminué ?
Oui sans conteste. Selon l’Organisation internationale des migrations, la baisse est significative. Sur une même période de l’année (1er janvier – 17 juin), on observe 16.394 arrivées en 2018 contre 72.954 arrivées en 2017. Soit un ratio de 22% en 2018 par rapport à 2017.
Le flux est-il stoppé ?
Non. Au mois de juin (jusqu’au 24 juin), près de 3000 personnes sont arrivées (2964 exactement). Si on regarde sur une simple semaine d’arrivée, entre le 18 et le 24 juin, on observe un flux continu : un peu moins de 800 personnes sont arrivées.
La mortalité a-t-elle diminué ?
Non. Le nombre de morts en revanche (contrairement à ce qui est dit parfois) ne diminue pas. Au contraire. Il s’élève certes (seulement) à 635 contre 2052 pour la même période de 2017. Pour la seule semaine du 18 au 24 juin, on déplore 115 morts. Mais en chiffres relatifs, le pourcentage augmente légèrement : on est passé de 2,8% à 3,9%. Soit un point de plus.
Combien de personnes ont été stoppées et ramenées en Libye ?
Aux personnes accueillies en Italie, il faut ajouter celles ramenées à terre par la garde côtière libyenne : 9459 migrants sur la période de l’année. A comparer aux 9337 de la même période en 2017, on est sur des chiffres assez semblables (+122 seulement).
Combien de personnes l’Italie a-t-elle accueilli depuis le début de la crise ?
Selon l’OIM, l’Italie a accueilli depuis 2012 près de 680.000 personnes (38.000 en 2013, 170.100 en 2014, 153.800 en 2015, 181.400 en 2016, 119.300 en 2017 et 15.400 pour les premiers mois de 2018).
La route de Méditerranée centrale est-elle la principale concernée ?
Non. Depuis peu, les flux ont repris sur la route de la Méditerranée occidentale, vers l’Espagne. Ces derniers mois, ils sont même très supérieurs et représentent quasiment le double de ce qui est observé sur la route de Méditerranée centrale : 5300 vers l’Espagne contre près de 3000 vers l’Italie.
Quant à la route orientale, vers la Grèce, elle ‘fuit’ régulièrement avec 1862 personnes arrivées jusqu’au 24 juin. Dans les trois premières semaines de juin, au total, il y a déjà environ 10.000 personnes (10.126 exactement) qui sont arrivées par voie de mer.
Pourquoi la Commission européenne affiche-t-elle un score de 290.000 personnes sauvées grâce à l’Union européenne depuis février 2016 ?
Tout simplement car elle agglutine tous les chiffres (histoire de les gonfler un peu). Elle prend en compte ainsi les personnes recueillies par les opérations EUNAVFOR Med Sophia (PSDC) et Triton/Themis (Frontex) ainsi que l’action des garde-côtes italiens, des Guardia Di Finanza et de la marine, en distinguant pas entre les sauvetages ‘primaires’ (recueil en mer) et les ‘secondaires’ (transbordement d’un bateau à un autre).
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Les flux migratoires baissent-ils ? Combien de personnes sont arrivées en Italie ou en Espagne ? est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Entre sommets, mini-sommets et rencontres extraordinaires, c’est bien la dixième fois en trois ans que les leaders de l’Union européenne se retrouvent ce jeudi (28 mai) avec, sur leur table, un des dossiers les plus chauds : les migrations
Une crise qui n’est pas que politique, elle est réelle
Certes les chiffres ne sont plus aussi alarmants qu’en 2015 ou 2016, où l’Europe devait faire face à un pic d’environ 1,2 million de demandeurs d’asile. Mais la situation n’est pas réglée pour autant. La Grèce fait toujours face à des arrivées continuelles de migrants (environ 2000 par mois). En Italie, on n’est plus au chiffre de 15 ou 20.000 arrivées par mois comme en 2015. Le flux a diminué environ de 75% selon les dernières estimations. Il continue cependant à raison de quelques milliers par mois et il devrait s’accélérer durant ces semaines d’été où la mer est plus calme.
Une arrivée concentrée de navires toujours possible
Si la tendance actuelle se poursuit, on pourrait donc se retrouver certains jours avec une petite dizaine de bateaux lancés à partir des côtes libyennes, et plusieurs milliers de personnes à secourir dans le même temps. C’est le même principe : entre juin et août, le nombre d’arrivées double ou triple par rapport aux mois d’hiver. Une série de naufrages, avec plusieurs dizaines de morts n’est pas à exclure. A cela il faut ajouter que l’Italie est à bout de souffle. Avec près de 700.000 personnes recueillies en mer (678.298 très exactement selon le dernier chiffre OIM) depuis 2012, dont près des 2/3 par les navires des garde-côtes, de la Guardia di Finanza et de la marine italienne, l’effort n’est pas négligeable. Accueillir des dizaines de milliers de migrants ou de réfugiés n’est pas une aubaine.
Une politique de tête dans le sable
Dire qu’il y a une crise politique est donc plutôt réducteur, et trop facile. C’est, une nouvelle fois, se mettre la tête sous le sable. Oui, il y a une crise politique qui est latente, celle d’un lent repli sur soi, de petits nationalismes, mais elle n’a pas commencé au printemps 2018 avec l’arrivée au pouvoir de la Ligue du nord en Italie (article à suivre). Mais il y a aussi un vrai problème non pas tant de flux, mais de déséquilibre migratoire en Europe, de désorganisation du secours en mer, de la gestion et de la répartition des personnes récupérées ensuite, et d’un manque de solidarité patent. Et ceci ne date pas d’une dizaine de jours et d’un ou deux bateaux (Aquarius et Lifeline) laissés à la dérive. La réalité, honteuse, c’est qu’on a laissé l’Italie (et la Grèce) se dépatouiller tous seuls avec le problème. On peut ne pas être d’accord avec l’idéologie de Matteo Salvini. Mais l’impétueux ministre italien de l’Intérieur a une qualité : il a réussi à mettre les pieds dans le plat et a obligé les Européens à se pencher sur le problème. Il serait temps !
L’alarme donnée depuis quatre ans
Depuis plusieurs années, les différents dirigeants qui se sont succédé à Rome (qu’ils s’appellent Enrico Letta, Matteo Renzi, Paolo Gentiloni) ont sonné l’alarme et appelé à l’aide les Européens (Lire : Ne laissez pas l’Italie seule en Méditerranée (Letta)). Les Européens ont bougé mais à leur manière, lentement, sans se presser.
Les Italiens ont fait le job
L’Italie a pris en charge les secours dans le no man’s land — normalement la zone libyenne. Jusqu’à aujourd’hui, le centre MRCC de Rome a géré les appels, réparti les navires et coordonné tous les secours bien au-delà de sa zone légale de secours. Personne ne s’est jamais plaint. L’Italie est même allé au-delà de ses responsabilités en autorisant tous les navires à débarquer les rescapés ainsi récupérés. Il existe d’autres ports sûrs à proximité des côtes libyennes (en Tunisie notamment). Mais tout le monde trouvait cela bien, sans chercher à combler ce vide ou pallier les carences.
Une impéritie de quelques États
C’est cette impéritie, non pas des institutions européennes, qui ont plutôt bien fait leur travail, présenté des idées, des plans, des propositions (1), mais de l’ensemble des États européens qui fait qu’il y a crise aujourd’hui. Outre la solidarité naturelle qui devrait jouer entre tous les pays, deux pays en particulier ont une responsabilité particulière dans cette crise. La France et le Royaume-Uni notamment — ainsi que l’OTAN — ont joué en 2011 un jeu dangereux non pas vraiment dans l’intervention militaire (à ses débuts) mais dans sa poursuite et sa transformation dans un objectif de faire tomber le régime Kadhafi (2).
Quelles solutions mettre en place à court terme ?
Ce ne sont pas les plate-formes de débarquement ou autres hotspots qui vont résoudre la question.
Réagir dans les 24h ou 48h
La crise d’aujourd’hui mérite une réponse rapide non pas d’ici quelques semaines ou quelques mois, mais dans les 24 ou 48 heures qui viennent. Les navires vont continuer de partir de Libye ou de Tunisie, de déjouer les (éventuels) blocages des garde-côtes, et arriver au large. Il faudra bien alors venir en aide aux naufragés. Si ce ne sont les navires des ONG, ce seront (comme avant que les ONG arrivent) les navires marchands ou les navires de guerre qui croisent nombreux au large qui devront s’y coller. Droit de la mer oblige. Une règle de fer obligeant à répondre à tout SOS.
Avoir une structure de gestion de crise des navires
Actuellement, la répartition des responsabilités en cas de prise en charge d’un navire par l’Italie ou Malte se fait un peu au petit bonheur, au niveau politique, ou par les diplomaties directement entre elles. Il n’existe pas de structure dédiée à cette coordination et répartition européenne. On pourrait penser à Frontex pour être dotée de ce rôle. Mais des solutions provisoires peuvent être trouvées.
Renforcer le MRCC italien
La solution la plus simple et la plus rapide, c’est de renforcer le MRCC italien avec des officiers venant de différents pays et des agents en charge de l’asile pour permettre la coordination de l’accueil des navires et la répartition de leur ‘cargaison’ humaine. L’idée des plate-formes de débarquement (hors UE) ou des centres contrôlés (semi-fermés) dans l’Union européenne est une solution à moyen terme, pas une solution d’urgence.
Quelles solutions mettre en place à moyen terme ?
Le moyen terme ce n’est pas trois quatre ans mais plutôt dans les six prochains mois.
Soutenir les garde-côtes libyens
On ne peut pas se cacher les yeux. Il est nécessaire de remettre sur pied une force de garde-côtes bien dotée, bien payée. Cela nécessite de fournir les vedettes et bateaux demandés (une bonne dizaine), et de mettre en place un plan de formation plus important. Seuls 213 marins ont été formés. Ce n’est pas suffisant. Cela nécessite de former plusieurs centaines de personnes.
Mettre en place un MRCC à Tripoli ou en Libye
Il importe, si on veut avoir une zone de secours libyenne conséquente, d’avoir un centre de coordination des secours en mer, reconnu comme tel et doté de moyens conséquents. Une expertise européenne pourrait être bienvenue. NB : Un tel soutien avait été procuré au centre de gestion de crise en Égypte et dans le Golfe.
Conclure un accord avec les Tunisiens
Une bonne partie des flux (qui s’est monté à un cinquième récemment) arrive désormais de Tunisie, avec des Tunisiens. En cause sûrement la situation économique. Car il est difficile de considérer qu’il y a une situation générale impliquant un droit d’asile quasi-automatique (comme pour les Syriens). Il importe de mettre en place un accord avec Tunis, avec financements et soutiens matériels à la clé.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article Migrations : une crise, des crises, quelle crise ? est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article Plateforme de débarquement, centre fermé, hotspot, comment s’y retrouver ? Les quatre concepts expliqués est apparu en premier sur Bruxelles2.
Cet article Un agenda bien chargé pour le sommet européen (28 et 29 juin 2018) est apparu en premier sur Bruxelles2.
(B2) Tous les trois mois, au moins, les 28 se retrouvent à Bruxelles au sommet. Comment se déroule la réunion ? Nous avons pu pénétrer dans les backstages. Récit.
Le tapis rouge que foulent les Chefs avant de faire une halte devant les photographes ou la presse pour une déclaration. Le ‘doorstep’ dans le jargon (© NGV / B2)
Il ne reste plus que quelques minutes avant l’arrivée des chefs. Dans les coulisses, hommes et femmes du protocole, de la sécurité, huissiers, cuisiniers, diplomates s’activent. Objectif : que tout soit fin prêt pour recevoir les 28 leaders, qu’ils soient premiers ministres ou présidents de la république. L’organisation d’un sommet européen obéit en effet à une mécanique préparée au millimètre. Mais il faut aussi pouvoir faire face aux imprévus ou aux impondérables : un invité surprise à convoyer en urgence, un Chef qui claque la porte, une réunion qui dure toute une nuit, des bilatérales à organiser, etc. Bref… tout doit se dérouler sans anicroche.
Ici, pas de luxe inutile. Dans ce bâtiment inauguré tout récemment, en décembre 2016, peu de dorures ou de grand luxe. Juste un assemblage recherché du verre et du bois, des couleurs chatoyantes. Tout est fait pour faciliter la circulation des responsables, de l’entrée à la sortie, en passant par les salles.
Un côté ‘coin de feu’ sans cheminée
Dans le dispositif européen, assez bien huilé, la réunion des leaders garde un petit côté anachronique. Malgré toutes les innovations technologiques, chacun cherche à tout prix à préserver l’esprit d’origine : la « conversation au coin du feu » chère à Valery Giscard d’Estaing. Dans la salle qui leur est réservée, au 7e étage du bâtiment Europa, fraîchement inauguré, les Chefs seront, ainsi seuls, ou presque. Il n’y a pas de chaise prévue à côté d’eux.
Seuls à table
Pas question ainsi, comme pour une réunion ministérielle d’avoir des collaborateurs à leurs côtés, qui entrent ou qui sortent provoquant un vrai tourbillon. « Cela change totalement l’ambiance. C’est plus austère », précise un habitué de ces réunions. Pas question non plus de se faire remplacer par un ministre. De toute façon, « il n’y a qu’une seule chaise et qu’un seul pin (de sécurité) par délégation » rappelle notre interlocuteur. Si le Chef ne peut être là, la chaise reste donc vide à moins d’autoriser un autre leader à parler en son nom (1). « C’est comme dans un club. Seuls les membres du club peuvent parler. »
Quelques happy fews discrets
Sont autorisés uniquement à pénétrer dans le saint des saints quelques hauts fonctionnaires, tels le jurisconsulte du Conseil, appelé à la rescousse quand se pose un problème juridique, les secrétaires généraux ou chefs de cabinets (2), et les preneurs de notes (notetakers dans le jargon courant). Mais ils sont bien placés derrière les chefs, et n’ont accès à la table que si on leur demande expressément.
En anglais… ou dans toutes les langues
Derrière les vitres, prennent place des traducteurs qui vont officier, si nécessaire. La crème de la crème des traducteurs, sélectionnés et bien entraînés. « Ils ne font pas que cela. » Mais ce sont souvent les mêmes. Ils sont spécialement préparés à la réunion, bénéficiant des principaux de langage. Il n’est pas question, là, de faire des approximations. L’anglais est cependant couramment pratiqué par plusieurs Chefs qui préfèrent ainsi s’exprimer sans intermédiaire. Mais « souvent, surtout quand la question est sensible ou technique, un Chef va préférer s’exprimer dans sa langue d’origine », nous confie un diplomate européen. Si les coloris peuvent être chatoyants au sol, et la politesse de rigueur, les conversations n’en sont parfois pas moins rudes en effet. On se souvient de la soufflante qu’avait passé Nicolas Sarkozy sur José-Manuel Barroso à propos des Roms. Une soufflante qui avait résonné jusque dans les couloirs, même si les intéressés avaient démenti ensuite.
Un interlude photographique
Simple concession à cette collective solitude, le moment du tour de table. Quelques photographes et cameramans triés sur le volet sont autorisés au début de la réunion à filmer l’arrivée des chefs, leurs sourires ou leurs crispations. Pas trop longtemps et micros éteints. Au bout de quelques minutes, les portes se referment. Les échanges peuvent commencer. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, ancien Premier ministre polonais, ouvre le débat, donnant la parole en premier à celui qui a une proposition à faire : ce peut être le président de la Commission ou la Haute représentante de l’Union, Federica Mogherini ou un des 28 leaders.
Des débats assez libres
Puis intervient qui veut. Il n’y a pas de règle précise. « Certains préfèrent parler au début, d’autres préfèrent attendre la fin du débat. Tout est question de tactique et de sentiment personnel » explique un diplomate. Celui qui veut parler met son chevalet debout ou fait un signe. Le secrétaire général du conseil tient le registre (une petite feuille) de ceux qui veut parler et la tend au président du Conseil européen. Une discussion peut être courte, résumée à une ou deux personnes qui s’expriment. Et cela dure quelques minutes. Parfois, elle peut être plus longue. Sur les sujets politiques, tout le monde veut pouvoir s’exprimer, même s’il s’agit parfois de répéter la position d’un autre. Un simple tour de table à 28 peut prendre déjà deux heures. Et si la question est très politique, la discussion va se prolonger… Ces prises de parole — tout autant que les silences ou non prises de parole — sont importantes.
Une décision au consensus
Toutes les décisions se prennent au consensus. Une procédure définie par un vieux routier des sommets comme ceci : « Si personne ne s’exprime, c’est que tout le monde est d’accord ». S’il n’y a pas d’accord… la conversation continue, ou on décide de remettre cela à plus tard. Parfois on procède plus subtilement, en confiant à la Commission européenne, à la Haute représentante ou à un autre sage européen le soin d’étudier ou d’approfondir des solutions. Ce qui permet de gagner du temps, et de parfaire le consensus. « L’objectif est d’avoir tout le monde à bord, pas de minoriser un tel ou un tel. »
Des preneurs de note très utiles
Le sommet ne serait pas un sommet sans un rouage très discret : les Antici, ainsi nommés par le diplomate italien qui avait inauguré la fonction (sous la présidence italienne de 1975!). Ces diplomates de haute volée, un par État membre, sont placés dans une petite salle très discrète, non loin des Chefs. Ils sont régulièrement informés par un des trois notetakers, qui se relaient dans la salle principale, et se rend dans la salle antici. Une information orale uniquement.
Une sorte de téléphone arabe à l’européenne
Les diplomates, munis de leur laptop (3), répercutent ensuite ces informations vers les délégations, où patientent pêle-mêle, dans une ambiance plus ou moins décontractée, le directeur de cabinet du président, ses conseillers et quelques diplomates. Une sorte de téléphone arabe à l’européenne qui a un gros intérêt : préserver au maximum la discussion « la plus ouverte et la plus franche possible ». Les réseaux sociaux ont, bien sûr, changé la donne. Munis de leur portable, les chefs s’autorisent de temps à un autre un tweet, qui font la joie des journalistes et des diplomates (ou leur ire parfois). Mais le secret des discussions reste, globalement, préservé…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Papier publié dans Sud Ouest ce jour, complété et détaillé
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(B2) Selon un dernier bilan (obtenu par B2), l’Union européenne a formé, par l’intermédiaire de son opération militaire déployée en Méditerranée (EUNAVFOR Med Sophia), en tout 213 membres du personnel des garde-côtes de la marine libyenne.
Cinq équipages formés
Cela a permis notamment de constituer cinq équipages de patrouilleurs complets. Ce n’est pas mal. Mais on est très loin des plus de 500 espérés, comme l’avait confié le commandant de l’opération, le contre-amiral Enrico Credendino.
Un première vague de formation début 2017
La formation a été à la fois pratique (en mer) et théorique. Le premier train de formation en mer a été achevé début 2017 en faveur de 93 stagiaires libyens issus des garde-côtes et de la marine libyens après 14 semaines de formation à bord du navire italien San Giorgio et deux premières semaines à bord du navire néerlandais Rotterdam (Lire : Les premiers garde-côtes libyens diplômés !). Plusieurs États membres et des organisations / agences comme que Frontex, le HCR et l’OIM ont également contribué avec des équipes de formation.
Quelques formations spécialisées depuis
Des formations ont également été effectuées à terre pour 20 personnes Crète (Grèce), pour 20 personnes à Malte, et 3 personnes à Rome (Italie). Récemment, deux modules ont ainsi été réalisés à Tarente en Italie pour 65 marins et en Crète (Grèce) pour 22 marins et 3 autres à Rome (*). Un module de formation supplémentaire est prévu en Espagne pour 34 candidats début juillet 2018.
Un suivi qui pêche encore
Selon le dernier rapport de suivi, datant de mars, les capacités et le professionnalisme « s’améliorent », mais le suivi des garde-côtes reste toujours aléatoire. Le personnel de EUNAVFOR MED n’est toujours ainsi pas présent en permanence dans les centres d’opération des garde-côtes de la marine libyenne, contrairement à ce qui était prévu (Lire : Les Européens veulent mieux assurer le suivi des garde-côtes libyens. Comment ?).
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) Le total aboutit à 226 personnes formées. C’est normal : certaines (13) ont suivi plusieurs formations. On arrive ainsi à 213 personnes.
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Sur la formation des garde-côtes :
Mis à jour 28.6 avec le détail des formations théoriques
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