Après quatre années de travail les diplomates russes, chinois, français, britanniques et américains ont écrit un glossaire des termes nucléaires. À ce rythme, nous sommes loin de parvenir à l’élimination des armes nucléaires…. (lire la suite…)
Il est 6 heures ce matin sur la base, le soleil est déjà haut ; le thermomètre affiche 45°C. Trois avions attendent sur le tarmac, deux Rafale de l’armée de l’Air et un Atlantique 2 (ATL2) de la Marine nationale. Ils sont parés pour effectuer une mission ISR (intelligence, surveillance, reconnaissance), qui permet de collecter des renseignements dans la profondeur grâce notamment à des photographies de précision.
L'équipage de l'ATL2 prépare l'ensemble des appareils qui seront utilisés au-dessus de l'Irak pour photographier, identifier, surveiller et reconnaître. Dans les Rafale, les équipages font les derniers contrôles du moteur et de l’électronique embarquée, notamment le PodReco NG (système numérique de reconnaissance aérienne) pour rapporter et exploiter des images.
Marins et aviateurs sont concentrés. Ils partent, les premiers pour 10 heures de vol, les seconds pour 6 heures ; tous en survol d’un territoire hostile. Le ciel est sûr, mais le risque existe. Les Rafale sont armés de missiles d'autodéfense MICA. L'ATL2, lui, vole à distance de sécurité mais emporte néanmoins une autoprotection par leurres infrarouges. Sans ces missions de renseignement, la coalition Inherent Resolve et son volet français, Chammal, seraient aveugles. Marins et aviateurs utilisent différents moyens ROIM1complémentaires, qui vont permettre au personnel en charge du renseignement d'offrir toutes les informations permettant aux forces de sécurité irakiennes et à la coalition de combattre le groupe terroriste Daesh.
Les pilotes ont fini leurs vérifications. Les hélices tournent, les réacteurs vrombissent, les pistards et les pilotes entament leur langage des signes. Les tests au sol sont positifs, les roulages commencent, le grondement des décollages se fait entendre, les avions disparaissent à l’horizon…
Comme prévu, les Rafale atterrissent 6 heures plus tard. Les mécaniciens, pistards, vecteurs, armements et avioniques sont tous présents pour la remise en condition des avions. Bien que fatigués, pilotes et navigateurs, en descendant de leurs machines, adressent un petit geste de remerciement en direction de leurs équipes de soutien.
De leur côté, les marins sont toujours sur zone, car leur autonomie leur permet une mission plus longue. Cependant, il ne leur est pas nécessaire d’attendre le retour à la base pour l’exploitation des images, les traitants commencent donc à bord.
Sur le tarmac de la base, l'avionique s'affaire sur le Pod Reco NG. Il en retire un gros boitier, un disque dur où sont stockées les images réalisées par les Rafale. Elles seront exploitées par les interprétateurs image. De leur travail découlera d'autres missions aériennes, d'autres objectifs à neutraliser.
Le travail du jour va consister à vérifier, sur demande des états-majors, des indices d'activités : par exemple comment sont configurés certains véhicules, notamment les engins de génie civil, les mouvements de circulation autour de bâtiments, et ce qui pourrait indiquer qu'il s'agit d'une fabrique d'IED (engins explosifs improvisés) ou de véhicules IED. "Les photos sont ensuite légendées" nous apprend le sergent Julien. L'exploitation se poursuit : recherche de ponts, d'infrastructures clés, de travaux de génie ou autres, tout indice qui indiquerait que Daesh réalise une opération à l'endroit de la photo.
Le travail terminé, les photos sont enregistrées dans la base de données puis transmises aux différents états-majors, en particulier le CAOC de Chammal-Inherent Resolve, le Combined Air OperationCentre, le centre interallié des opérations aériennes où des personnels français de Chammal planifient les futures opérations aériennes.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal mobilise 700 militaires. Elle vise, à la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, à assurer un soutien aérien aux forces irakiennes dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Daech. Le dispositif complet est actuellement structuré autour de douze avions de chasse de l’armée de l’Air (six Rafale et six Mirage2000D) et d’un avion de patrouille maritime Atlantique 2.
1 ROIM : renseignement d'origine image
Sources : Etat-major des armées
Droits : Ministère de la Défense
Lien : http://www.defense.gouv.fr/operations
Le numéro 19 de La Vigie est paru, avec notamment deux articles dont vous pouvez lire les entames ci-dessous.
La question russe, plus sérieuse qu’il n’y paraît
À Paris, les responsables regardent ce qui se passe à l’Est d’un œil distrait. L’attention se concentre sur les Sud ou sur le théâtre intérieur. Terrorisme, jihadisme, BSS (bande sahélo-saharienne, dans le jargon) et « revoyure » de la LPM sont à l’ordre du jour. Quand il reste un peu de temps, on s’attache aux contrats d’armement et si on se projette, ce n’est que pour envisager la COP 21 (Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique) qui se tiendra à Paris en décembre.
La Russie ? Certes, il y a l’Ukraine mais nous sommes partie au « groupe de Normandie » et nous soutenons donc les accords de Minsk 2 ; certes il y a la question des Mistral, épine dont on essaye de contenir les purulences ; pour le reste, si les Européens de l’Est s’affolent un peu, il n’y en fait pas péril en la demeure car si Vladimir Poutine est un interlocuteur qui peut être abrupt, il demeure accessible à la raison. Pas de quoi s’inquiéter, donc.
Afrique et conflictualité
Au moment où pour contrer un aventurisme russe postulé, l’Otan rétablit des lignes de front stratégique et reconstitue des bases militaires au cœur de l’Europe, où la progression militaire incontrôlée de Daech fait basculer le Levant dans un chaos armé qui a gagné aussi la Libye, où le Sahel se constitue en terrain de chasse libre, il est grand temps de penser à la propagation de ces désordres ailleurs. C’est donc le temps de se demander où en est l’Afrique au triple plan de sa sécurité, de sa stabilité et de sa viabilité stratégique. Pour la France qui y entretient un réseau de bases et y conduit des opérations militaires, souvent à son corps défendant, faire en permanence la pesée des risques africains et agir sans relâche pour le développement sécurisé et durable de l’Afrique sont deux obligations de sécurité nationale.
O. Kempf
Le 18 juin dernier des diplomates et des journalistes (Le Monde, Le Figaro) ont visité l’ancien site de missiles d’Albion. Retour sur cette visite
Le débat nucléaire existe en France, malgré les jérémiades des anti-nucléaires qui ne cessent ce crier à la censure. Or, de nombreux colloques leur donnent la parole, ainsi qu'aux partisans de la dissuasion A preuve, le colloque organisé par Participation et Progrès, le club de réflexion stratégique animé par Pierre Pascallon, qui s'est déroulé à l'Assemblée nationale le 8 décembre dernier.
Les actes de ce colloque viennent de paraître chez L'Harmattan. Les anti (M. Rocard, B. Norlain, G. Le Guelte, P. Bouveret, J-M Colin, B. Pelopidas, Cl. Le Borgne) y on droit à une partie sur quatre, les pros (Th. d'Arbonneau, F. Dupont, Y. Queau, Ph. Wodka-Gallien, A. Vaitravers, B. Sitt, Ph. Cottier) aussi.
A cet échange d'argument succèdent deux autres parties qui portent sur les adaptations à envisager, avec les signatures, entre autres, de M Forget, F Géré,B Tertrais, V Desportes, E Copel, E. Valensi, A. Dumoulin, C. Grand, etc.... C'est probablement la plus stimulante car elle questionne la dynamique. Là encore, il y a des contradictions, plus intéressantes que ce qu'on a l'habitude de lire sur le sujet.
Alors que le débat sur le nucléaire resurgira certainement à l'occasion de la prochaine présidentielle, alors qu'il y a eu un discours récent de l'actuel président sur la question, cet ouvrage permet de faire le point de la question.
O. Kempf