On Thursday, October 13th at 1:15pm EST, IPI together with the US Holocaust Memorial Museum are cohosting a panel discussion on the continuing challenge of preventing mass atrocities in an era of global transition.
IPI Live Event FeedThe next secretary-general of the United Nations will take office at a time when mass killings of civilians are increasing. Global patterns of mass atrocities are also changing, as non-state actors like the self-proclaimed Islamic State and Boko Haram perpetrate large-scale violence against civilians. It is essential that the new secretary-general create a clear agenda for preventing and responding to such atrocities that can gain the support of both the UN system and its member states.
The event will provide a forum to discuss these new trends and the evolving challenge of preventive action.
Speakers will focus on new trends in mass atrocities worldwide, recent developments in global policy efforts to prevent them, and the challenge ahead for new leaders in the United States, at the United Nations, and elsewhere. The following key questions will be addressed:
Speakers:
Jeanne d’Arc Byaje, Deputy Permanent Representative, Permanent Mission of the Republic of Rwanda to the United Nations
Naomi Kikoler, Deputy Director, Simon-Skjodt Center for the Prevention of Genocide, US Holocaust Memorial Museum
Scott Straus, Professor of Political Science and International Studies, University of Wisconsin, Madison
Moderator:
Adam Lupel, Vice President, International Peace Institute
Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, présente dans cette vidéo son ouvrage « Atlas des crises et des conflits » (Armand Colin/Fayard, 2016) co-écrit avec Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.
Dans quel contexte du marché des hydrocarbures survient cette annonce des pays de l’OPEP ?
La déclaration d’Alger a surpris de nombreux analystes qui estimaient que les conditions politiques n’étaient pas réunies pour trouver un accord entre les deux principales puissances régionales et pays producteurs de l’Organisation (Arabie Saoudite et Iran). Cette annonce est donc historique à plus d’un titre puisqu’elle intervient après les réunions de novembre 2014, décembre 2015 et avril 2016, qui ont vu successivement l’OPEP ne pas intervenir dans un contexte d’effondrement des cours, inonder les marchés pétroliers pour finalement échouer à trouver un compromis sur les marchés. Ainsi, après une « politique de la vanne ouverte » initiée en 2015, l’OPEP cherche désormais à reprendre le marché en main avec une décision de diminution de production, une première depuis près de 8 ans !
Les facteurs qui ont poussé les producteurs à retrouver les bases d’un accord jugé impossible en avril dernier sont nombreux et ne relèvent pas des derniers développements enregistrés sur les prix qui se révèlent par ailleurs très volatils. En effet, la séquence d’effondrement des cours du brut (une baisse de près de 70 % entre juin 2014 et décembre 2015) s’est interrompue début 2016 à moins de 30 dollars le baril et les prix oscillent désormais dans une fourchette comprise entre 40 et 50 dollars le baril. Le pré-accord trouvé à Alger peut en partie s’expliquer par les incertitudes de la production des pays non-OPEP pour les mois à venir. Ainsi, lors de son allocution du 28 septembre dernier, le ministre de l’Energie et de l’Industrie du Qatar et président de la conférence de l’OPEP à Alger -HE Dr. Mohammed Bin Saleh Al-Sada- a insisté sur le fait que l’Organisation avait révisé à la baisse la réduction anticipée de la production non-OPEP en 2016 (de 760 000 barils prévue initialement, la baisse pourrait n’atteindre que 600 000 barils), mais également pour 2017. Pour l’année prochaine, l’Organisation anticipait une réduction de 100 000 barils de la production non-OPEP alors qu’elle prévoit désormais une hausse de 200 000 barils. Dans un contexte où la demande mondiale de pétrole devrait progresser d’environ 1,3 % l’année prochaine, l’OPEP se devait dès lors d’envoyer un signal au marché.
En août 2016, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’OPEP a ainsi produit 33,47 mbj, soit un niveau record notamment pour de nombreux pays producteurs au Moyen-Orient. Le Koweït et les Emirats Arabes Unis ont pompé à des niveaux sans précédent ; l’Arabie Saoudite s’est rapprochée de son record de production et l’Iran a produit près de 3,64 mbj, contre 2,8 mbj en décembre 2015.
Au final, en août 2016, la production totale de l’Organisation était supérieure de près de 930 000 barils à celle de 2015. La réduction annoncée de 2 % devrait retirer plus de 700 000 barils du marché, un chiffre inférieur à l’augmentation de production observée depuis près d’un an au sein du cartel. Si la déclaration d’intention se transforme en accord en novembre prochain, il pourrait ainsi contribuer à un rééquilibrage du marché en 2017.
Pourquoi cette décision aujourd’hui et quel sera son impact ?
Les pays producteurs souffrent dans leur grande majorité et à des degrés divers de l’effondrement des prix du pétrole. Le département américain à l’énergie (DOE) a ainsi estimé que les revenus d’exportations de pétrole des principaux membres avaient atteint 404 milliards de dollars en 2015, contre plus de 750 milliards en 2014, soit une chute d’environ
46 %. La chute des prix du pétrole a ainsi conduit au niveau de revenu le plus faible depuis 2004 pour les pays de l’OPEP. Les premières estimations pour l’année 2016 laissent envisager une nouvelle baisse des recettes d’environ 15 %. Ces chiffres expliquent les difficultés économiques de certains pays membres, qui ont enregistré un ralentissement marqué de leur croissance (voire une entrée en récession) dès 2015. La situation du Venezuela, qui combine une crise politique et une crise économique (PIB en chute de 6 %, inflation à plus de 150 % en 2015), parait difficilement soutenable tout comme les situations observées au Nigeria, en Libye ou en Angola, particulièrement difficiles. Dans ce contexte, il ne faut pas s’attendre à un changement radical de la conjoncture économique des 14 pays membres de l’OPEP. Pour nombre d’entre eux, les difficultés rencontrées sont d’ordre structurel (diversification limitée, concentration de la rente, crise sociale…).
Toutefois, la promesse d’un accord pourrait donner un peu d’air à certaines économies de l’Organisation qui conjuguent une crise économique et politique. Les marchés pétroliers ont ainsi accueilli favorablement cet accord avec une hausse du prix du pétrole brut Brent de plus de 3,5 % à Londres, à environ 48 dollars le baril et de plus de 5 % à New-York pour le WTI. Toutefois, les effets à moyen terme sur les prix restent suspendus à de nombreux facteurs. Le premier, capital, reste la capacité de l’OPEP à transformer l’essai d’une déclaration de principes à un véritable accord de production, assorti d’une réduction des quotas des différents pays membres. Sur ce premier point, il faudra notamment observer le combat à distance que risquent de se livrer l’Arabie Saoudite et l’Iran. Historiquement, l’hétérogénéité économique, politique et sociale des membres du cartel rend difficiles les accords à long terme sur le marché. Et le contexte actuel est inédit puisque l’OPEP doit gérer le retour marqué de l’Iran sur la scène internationale, le potentiel de développement considérable de l’Irak sur les marchés pétroliers et la quasi-faillite de l’un de ses membres fondateurs (le Venezuela). Les contours de l’accord restent flous et le cartel devra dépasser la seule stratégie de l’effet d’annonce s’il veut entretenir un effet durable sur les prix.
Le second facteur interroge les transformations structurelles du marché pétrolier. En effet, la simple déclaration d’intention n’aura de conséquences, sur le marché, à moyen terme, que si d’autres pays producteurs de pétrole non-membres du cartel s’associent à cette nouvelle politique. On pense bien évidemment à la Russie, qui par le passé, a souvent joué le rôle de passager clandestin des politiques de l’OPEP. D’autres éléments pourraient également rendre cet accord caduc. Ainsi, de manière globale, l’environnement économique mondial reste soumis à une myriade de risques. La croissance mondiale, tout comme celle du commerce international, décélère et les perspectives actuelles interrogent : le risque bancaire en Europe, les incertitudes sur le rééquilibrage économique en Chine et la situation financière de l’Empire du milieu sont autant de facteurs induisant une forte volatilité sur les marchés. En outre, le contexte électoral aux Etats-Unis et les incertitudes sur la politique monétaire américaine renforcent le sentiment de flou sur les perspectives économiques mondiales et, en tout premier lieu, sur le marché pétrolier.
Les pays OPEP ont-ils, aujourd’hui, les moyens de faire durablement augmenter le prix du baril, alors que certains pays, en particulier les Etats-Unis, ont commencé à exploiter leurs propres réserves pétrolières et que de nombreux pays diversifient leurs ressources en énergie, notamment dans le cadre de la transition énergétique et de la COP 21 ?
Il est intéressant d’observer que l’OPEP utilise toujours les mêmes recettes (annonce de réduction de production…), alors que le marché pétrolier a connu de profondes transformations structurelles. Ainsi, la révolution du pétrole de schiste aux Etats-Unis a considérablement flexibilisé le marché pétrolier. Désormais, toute diminution de production du cartel peut être compensée à courte échéance par une hausse de la production aux Etats-Unis. La chute des prix de près de 65 %, entre juin 2014 et décembre 2015, avait permis de réduire la production américaine de pétrole de schiste. En juillet 2016, cette dernière a ainsi atteint environ 4 mbj, soit une diminution de 15 % par rapport à son pic de mars 2015. Si l’accord est confirmé en novembre prochain, l’OPEP devra rester attentive à une possible reprise de la production américaine. En effet, des prix compris entre 45 et 55 $ le baril constituent une zone grise de reprise possible de l’activité aux Etats-Unis.
A plus long terme, les politiques de transition énergétique au niveau mondial risquent d’accélérer la substitution des énergies carbonées et, en premier lieu du pétrole, par d’autres sources énergétiques. Toutefois, ces processus restent ancrés dans le très long terme et le secteur des transports, grand consommateur de produits pétroliers, restera encore longtemps dépendant de l’or noir. Cependant, l’OPEP et les pays producteurs commencent à préparer leur après pétrole. Les Emirats Arabes Unis constituent l’exemple le plus avancé en matière de diversification. Pour l’OPEP, ces évolutions induisent également des changements structurels. Ainsi, le retour de l’Indonésie – un pays importateur net – et du Gabon au sein de l’OPEP sont sûrement le symbole d’un nouvel état d’esprit au sein du cartel. L’Organisation a conscience que son pouvoir d’influence est désormais limité dans un contexte d’abondance pétrolière et elle tend à opérer sa mue sur les marchés. Marqueur politique, géopolitique et économique des années 1970, l’OPEP pourrait chercher à moyen terme à devenir plus globale et, pourquoi pas, élargir son leadership en se positionnant comme une Agence de l’énergie des pays du sud…
Ne nous trompons pas, l’OPEP n’est pas morte, et tout comme les marchés pétroliers, elle se transforme !
You can read here the article on whether a new policy is required in Greek-Turkish relations, which was written by Director General of ELIAMEP Dr Thanos Dokos. This commentary was published in the Greek daily Kathimerini on 5 October 2016 [in Greek].
Le 11 septembre 2016, en raison de son calendrier julien, l’Éthiopie a fêté son entrée en 2009. Depuis quelques semaines, l’ambiance n’est pas aux explosions de joies. Addis Abäba et les grandes métropoles régionales semblent comme assommées par une fin d’année où les signes négatifs s’accumulent. L’économie se ralentit et les objectifs fixés dans le Growth and Transformation Plan[i] deviennent, dès la deuxième année, très illusoires d’autant que l’inflation reprend. Les mouvements sociaux réprimés dans la violence ne paraissent pas s’arrêter. Le pouvoir politique n’a pas de solutions à court terme. Faudra-t-il attendre les congrès en 2017 des différents partis composant la coalition au pouvoir pour entrevoir une amorce de décisions ? Ou faudra-t-il attendre les élections de 2020 ?
Comme nous l’avions écrit en mai 2015[ii], il était à prévoir que les résultats des élections législatives et régionales avec des scores de 100 % laissaient entrevoir des lendemains douloureux. Nous y sommes.
Les cent millions d’Éthiopiens demandent maintenant que les fruits de la croissance soient visibles dans leur quotidien. Le parcours de l’Éthiopie de ces deux dernières décennies est remarquable mais il a impliqué beaucoup de sacrifices pour la population. Les modernes et les anciens s’affrontent. Le modèle éthiopien, celui d’un État « développementaliste » autoritaire, comme le décrit Jean Nicolas Bach[iii], est à bout de souffle. S’il fut porté à bout de bras par Mälläs Zénawi, il a atteint ses limites et un tournant majeur doit être effectué. Il va falloir s’appuyer sur une nouvelle classe politique, sur le dynamisme d’entrepreneurs, sur des orientations économiques modernes.
À défaut, l’Éthiopie risque de perdre le bénéfice de ces vingt dernières années en très peu de temps. La communauté internationale semble s’apercevoir que le modèle éthiopien est porteur de sévères contradictions. Alors qu’Addis Abäba refuse d’appliquer la décision internationale de démarcation de la frontière de 2002 entre l’Érythrée et l’Éthiopie, elle vient d’obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Et pourtant, le Conseil de sécurité est compétent au premier chef pour assurer la paix et la sécurité internationales[iv] ! Encore une occasion manquée de régler le problème entre les deux États. Car l’Éthiopie et l’Érythrée ont besoin l’un de l’autre. L’incident de Tsorona en juin n’est pas à négliger. Il pourrait donner à penser qu’une fuite en avant avec une reprise du conflit apparaîtrait aux yeux de quelques « anciens » comme une solution pour maintenir le régime. À ce titre, il sera intéressant de voir l’accueil réservé au prochain rapport sur l’embargo en Érythrée, en octobre 2016. Depuis trois ans, les analyses des rapporteurs sont peu crédibles et partiales. Il faut prendre garde à ne pas envoyer de tels signaux dans une région où la violence perdure et est devenue un recours facile (Soudan du Sud, Somalie).
L’Éthiopie vit des heures cruciales. Si les incidents continuent, les activités liées au tourisme, déjà en baisse[v], s’amenuiseront et ce secteur pourtant prometteur et nécessaire pour l’économie connaîtra une perte de vitesse rapide. C’est un indicateur important. Si les Éthiopiens ne voient pas émerger une nouvelle classe de dirigeants, ils pourraient débuter un printemps est-africain et la stabilité de la Corne de l’Afrique, déjà fragile, s’en ressentirait.
La fin de l’année 2016 et le début de 2017 vont être tendus pour l’Éthiopie. L’échéance de 2020 est trop loin pour attendre une sanction dans les urnes. L’ancien chef d’état-major des Forces de défense nationale éthiopiennes, le général Gäbrä Tsadqan a souligné en août que l’heure est grave. Les Éthiopiens attendent des changements politiques et économiques rapides, des sanctions contre l’emploi démesuré de la violence par les forces de l’ordre lors des derniers événements, de l’efficacité dans la lutte contre la corruption et la fin d’une « bureaucratie incompétente et médiocre[vi] ».
Sans réponses majeures, l’héritage de Mälläs Zénawi risque d’être dilapidé en quelques mois et l’Éthiopie pourrait effectuer un grand bond en arrière.
[i] Plan à cinq ans de prévision de l’économie éthiopienne (2015-2020).
[ii] « Des élections sans suspense en Éthiopie pour un pays à l’avenir incertain », Ferras Patrick, 26 mai 2015, www.iris-france.org.
[iii] « Privilégier la stabilité économique à l’ouverture politique a créé une situation explosive », Le Monde du 27 septembre 2016. Voir Jean-Nicolas Bach, « L’Ethiopie après Meles Zenawi : l’autoritarisme ethnique à bout de souffle ? », Politique africaine, n°142, juin 2016, p. 5-29.
[iv] www.un.org consulté le 28 septembre 2016.
[v] Entretiens à Addis Abäba en septembre 2016.
[vi] « Hailemariam Desalegn’s limited room to manœuvre », journal Fortune du 25 septembre 2016.
L’ouvrage Innovation politique 2016 est désormais disponible en librairie. Cette sixième édition d’Innovation politique regroupe les principaux travaux de la Fondation pour l’innovation politique publiés entre aout 2015 et août 2016. Les contributions ont été écrites par des auteurs de différents horizons, experts confirmés mais aussi issus de la nouvelle génération, qui espèrent éclairer le […]
Cet article Sortie en librairie d’Innovation politique 2016 est apparu en premier sur Fondapol.
Que pensez-vous de l’impatience des États-Unis vis-à-vis de la Russie ?
Elle n’est pas nouvelle. Dans le dossier syrien, Washington se heurte au rôle joué par la Russie depuis longtemps. Sans Moscou, Bachar Al Assad ne serait plus en place depuis un moment. À cela s’ajoute aujourd’hui le bombardement d’Alep. C’est une horreur qui indigne beaucoup de monde : pas seulement Washington, mais aussi le secrétaire des Nations Unis, Ban Ki-moon, et le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault qui l’a défini comme un nouveau Guernica.
Or, les Russes ne cachent plus leur participation directe à ce crime. Ils bombardent ouvertement Alep, au côté des forces de Assad. Il n’est pas possible de l’ignorer. J’ajoute que ce discours permet aussi à Obama de répondre à ceux qui, aux États-Unis, le jugent trop faible : surtout après sa reculade, sur les armes chimiques et la ligne rouge à ne pas dépasser en Syrie, en 2013.
À ce stade, que peuvent faire les États-Unis en Syrie ?
Pas grand-chose. Le cessez-le-feu avec Moscou a été un échec. L’armée américaine n’a pas voulu livrer des informations aux Russes comme le prévoyait l’accord. Il n’y a rien à attendre de ce côté-là. Par ailleurs, Washington ne va pas intervenir militairement pour défendre Alep contre les forces syriennes et russes. Donc, la marge de manœuvre des États-Unis est faible. La seule chose qui pourrait faire reculer les Russes serait une pression vraiment multilatérale.
Or, aujourd’hui, seuls les Occidentaux demandent aux Russes de ne plus bombarder Alep. La meilleure des choses serait de sortir de ce face-à-face. Cela peut se faire si les grandes puissances non occidentales, si les pays émergent comme le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud s’indignaient publiquement des bombardements. Si la condamnation devient vraiment universelle, Moscou sera moins enclin à l’intransigeance.
Sur ce dossier, qu’est-ce qui différencie Hillary Clinton de Donald Trump ?
Hillary Clinton a soutenu les dernières interventions militaires extérieures des États-Unis. Sur ce terrain-là, elle écoute les conseils des néoconservateurs. Présidente, on peut penser qu’elle sera sur une ligne intransigeante avec Damas et Moscou.
Cependant, elle n’enverra pas l’armée en Syrie. Donald Trump, lui, affiche son isolationnisme et son admiration pour Poutine. Élu, il ne sera plus en première ligne sur le dossier syrien. Tout montre qu’il se rapprochera de Moscou, que les relations entre les deux pays prendront une autre direction. Dans ce contexte, Assad pourrait être réintroduit dans le jeu diplomatique. C’est d’ailleurs ce que certains demandent déjà en France comme François Fillon.
Recueilli par Laurent Larcher
Alors que pour de nombreux observateurs, l’accord de paix en Colombie était acté, les Colombiens l’ont rejeté à l’occasion du référendum. Est-ce une surprise ? Quels sont les motifs de ce rejet ?
Il ne s’agit pas seulement d’observateurs. Le sentiment était général. Il s’appuyait sur les évaluations convergentes de tous les organismes de sondage colombiens qui, tous à des degrés divers, donnaient la victoire au « oui ». Le résultat a donc effectivement été reçu avec surprise tant par les partisans du « oui » que par ceux du « non ».
Les raisons de ce vote, données bien sûr a posteriori, sont multiples. La Colombie est un pays urbain. Les urbains ont depuis longtemps été très loin des zones de conflit, toutes situées dans les périphéries du pays. La carte du vote est éclairante. Dans les départements affectés par le conflit et en ayant souffert, le « oui » a été largement majoritaire. Au cœur du pays, la Colombie urbaine d’aujourd’hui, c’est le « non » qui l’a emporté. Dans ces régions, les électeurs ont voté comme tous les électeurs du monde consultés par référendum (plébiscite en Colombie). Ils ont voté pour ou contre le gouvernement, ne tenant pas compte de la question posée. La mobilisation électorale a été très faible. L’abstention a été de 63%. Certains ont pu se prononcer pour des motivations corporatistes, comme les chauffeurs de taxis très remontés contre le gouvernement coupable selon eux d’avoir laissé le concurrent, Uber, s’implanter. Les églises locales, catholiques et protestantes, évangélistes, reprochent au gouvernement son laxisme moral et ses ouvertures en direction des couples lesbiens et homosexuels.
Le président a beaucoup parié sur le soutien des partis politiques, tous assez peu représentatifs et qui ne se sont pas vraiment impliqués dans la campagne. Il a privilégié les médias, les réseaux sociaux à une campagne s’appuyant sur la société civile. Si l’on ajoute la faible durée de la campagne, les pluies tropicales ayant affecté des régions favorables à l’adoption de l’accord,le « oui » partait avec un handicap qu’il n’a pu compenser.
L’ex-président Uribe, enfin, était très remonté contre l’actuel président, Juan Manuel Santos, qui a été son ministre de la Défense. Pour des motivations idéologiques et de concurrence partisane, il a mené bataille contre un accord entaché, selon lui et ses amis, de chavo-communisme. Ce discours a séduit les catégories sociales les plus aisées et a convaincu divers autres groupes d’électeurs dans la partie centrale du pays, non affectée par le conflit.
Le « non » entérine-t-il toute velléité de paix pour autant ? Quelles procédures vont suivre le référendum ? Les combats risquent-ils de reprendre ?
Les conséquences du vote sont paradoxales. Il s’agit en réalité d’un match nul. 49,2% d’un côté, 50,8% de l’autre. Les acteurs du plébiscite sont sortis sonnés par ce résultat, inattendu et serré. Tous, aujourd’hui, affirment, haut et fort, être partisans de la paix. Ils se disent prêts à se rencontrer pour trouver un compromis qui permettrait de sauver l’essentiel : éviter la reprise des combats. Conscients de l’enjeu, les FARC ont très vite signalé qu’elles maintenaient le cessez-le-feu. Le Président Santos leur a emboité le pas en ce qui concerne les forces de sécurité. Dans les zones de conflit la population a exprimé ses craintes. A Bogota, les étudiants ont manifesté devant le Parlement en faveur de la paix. En dépit des interrogations posées par ces réactions et des incertitudes sur la voie à suivre, un élément permet de penser qu’une option préservant la paix pourra être trouvée. L’ex-président Uribe poursuivait en effet un objectif qui primait celui de l’approbation ou du rejet des accords, se remettre en jeu dans la vie politique. Ce qui est aujourd’hui le cas. Le président, prisonnier d’un projet qui l’a mobilisé pendant six ans et qu’il veut préserver, est contraint de négocier un pacte avec son grand rival, Alvaro Uribe.
Quel sera l’impact du référendum au niveau régional et international ?
La communauté internationale a soutenu les accords. Elle avait pris des engagements politiques et financiers, conformés par une forte présence le 26 septembre aux cérémonies de signature des accords. Elle va donc soutenir les efforts en cours pour sauver ce qui peut l’être.