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Présidentielle : 20% des Français « prêts » à voter pour le général de Villiers

Blog Secret Défense - Fri, 20/11/2020 - 11:44

Plus d’un tiers de l’électorat de droite pourrait se retrouver sur une candidature de l’ancien chef d’état-major, qui n’a pas - publiquement - exclu cette éventualité.

Le port de Marseille, port de déroutement pour Irini. Un nouveau navire prochainement

Bruxelles2 Blog - Thu, 19/11/2020 - 18:49

(B2) C’est confirmé. Le Haut représentant de l’UE vient de l’annoncer. L’opération Irini pourra faire escale à Marseille en cas de saisie de matériel suspect

Un port de déroutement… enfin

La France a « confirmé, aujourd’hui (jeudi 19.11), la disponibilité du port civil de Marseille » pour le débarquement des équipements et matériels qui pourraient être saisis par les militaires européens dans le cadre de la vérification de l’embargo international sur les armes et le pétrole (vers ou en provenance) de la Libye. Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE, vient de l’annoncer, tout juste sorti de la réunion des ministres des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse finale (par vidéoconférence), à laquelle B2 a assisté.

Déroutement des navires suspects et réception des matériaux

Les navires interceptés par l’opération maritime de l’UE (EUNAVFOR Med Irini) pourront donc être déroutés vers le port du sud de la France. Ce qui n’est pas une nouveauté. Cette solution avait déjà été mise en place dans le cadre de l’opération Sophia. Mais elle n’avait été utilisée qu’à une seule occasion (lire : Des armes à bord d’un navire libyen. Une première saisie pour Sophia). La contrebande d’armes n’était alors pas la priorité de cette opération.

Une difficulté lancinante depuis plusieurs mois

Pour l’opération Irini qui lui a succédé depuis avril, aucune solution de repli n’avait en revanche pu être trouvée. Cette absence avait provoqué un couac en septembre, quand un navire émirati soupçonné de faire du trafic de carburant militaire (pour avions) avait été intercepté par les navires européens. Il avait fallu quelques temps, plusieurs coups de fil entre les capitales, et une discussion entre ambassadeurs pour trouver une solution. Le navire faisait, lui, des ronds dans l’eau en attendant. C’est finalement la Grèce qui avait fini par accepter de recevoir le navire suspect (lire : Un navire soupçonné de violer l’embargo vers la Libye intercepté par l’opération Irini).

Un problème résolu

Le « problème est donc résolu », comme s’en réjouit Josep Borrell. « Nous avons maintenant un port clair pour le faire »… Quoique, peut-être pas tout à fait. La logique voudrait en effet que l’on ait « plusieurs ports, certains proches de la zone, d’autres plus éloignés », indique un expert consulté par B2. Ce « pour conserver l’efficacité opérationnelle » (1).

… mais d’autres ports nécessaires

De fait, Marseille n’est pas vraiment le port le plus proche de la zone opérationnelle (en Méditerranée centrale). La logique opérationnelle voudrait que l’on dispose d’un port en Grèce, côté oriental, d’un autre en Italie, au plus proche de la Libye, avec, en arrière-plan, un troisième port, celui de Marseille. Quoi qu’il en soit, côté français, on estime avoir « fait le job ». La disponibilité de ce port emporte aussi derrière tout un cadre juridique. Concrètement, c’est la France (et le procureur de Marseille) qui pourrait se retrouver en première ligne en cas de mise sous séquestre, voire de poursuite ou d’incarcération.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le commandement de l’opération a aussi demandé divers moyens techniques ou humains. Il faut en effet apporter une expertise pour le transport, le stockage voire la destruction des cargaisons arraisonnées, souvent très sensibles.

Les moyens français engagés

La conférence de génération de forces a aussi été l’occasion pour la France de préciser son offre.

Une frégate dans la prochaine période

Côté opérationnel, la frégate Latouche Tréville a achevé le 7 novembre dernier sa rotation. Elle n’a « pas été relevée pour l’instant » nous a confirmé un officier. Mais la France a promis de fournir un nouveau navire à l’opération. Sans doute pour l’année prochaine. La conférence de génération de forces de l’opération vient de se tenir aujourd’hui.

Des moyens aériens (Marine, Air) en appui

En attendant, Paris fournit des moyens en appui. C’est-à-dire non intégrés de façon permanente à l’opération, mais pouvant intervenir au besoin. Ainsi un « avion de surveillance maritime Atlantique 2 (ATL2) a été déployé et a effectué deux vols au profit d’Irini » la semaine précédente, selon l’état-major français des armées, interrogé par B2. La frégate Aconit était, jusqu’à il y a quelques jours, en soutien associé à l’opération. De façon ponctuelle un avion de surveillance de la marine nationale Falcon 50 ou un Awacs E3-F de l’armée de l’air viennent prêter main forte à l’opération pour effectuer quelques vols de reconnaissance (Falcon 50) ou un appui plus large (Awacs).

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Entretiens de la défense européenne – 3e édition : entre utopie et défis

Bruxelles2 Blog - Thu, 19/11/2020 - 16:05

(B2) Ces troisièmes ‘Entretiens’ témoignent d’une Europe à la croisée des chemins. Prête à tout, à condition de le vouloir et d’être en capacité de passer de la rhétorique à la pratique… 

Covid-19 oblige, les troisièmes Entretiens de la défense se sont tenus cette année à distance, concentrés sur une demi journée, mercredi (4.11), et assurés de main de maître par les différentes animateurs (Stéphane Rodriguez, Federico Santopinto, Frédéric Mauro), en direct de la salle ‘Walster Hallstein’ du Berlaymont, qui sert aux réunions de la Commission européenne. Une journée découpée en quatre temps forts.

 Les ambitions du commissaire Breton

Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur (et ayant en charge l’Espace et la Défense), a ouvert les débats en présentant son plan pour doter l’Europe d’un ‘hard power’. Un plan en douze étapes, bâti autour de la Défense, d’investissements, où l’on parle aussi cyber et espace.

Un contexte favorable, à condition d’oser

Le premier panel d’experts en géopolitique, réunis autour d’une question – « Quelle géopolitique pour l’Union européenne » – est catégorique : l’Europe doit hausser le ton. C’est le seul moyen pour que l’Union européenne et ses États membres se fassent entendre dans le remous mondial.

Des défis immédiats à relever

Les experts ‘défense’ du second panel sont affirmatifs : si l’Union représente l’ultime espoir pour la défense européenne, les avancées sont beaucoup trop timides.

Il manque, notamment, une bonne planification de défense, comme le détaille Jean-Paul Palomeros (ancien chef d’état-major de l’armée de l’air française et chef de l’ACT, le commandement pour la transformation de l’OTAN).

L’Europe de la défense se cherche encore. La conclusion coule de source. Elle est signée de la présidente de la sous-commission défense du Parlement européen, et ancienne ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau (LREM/Renew).

L’envolée utopique de Jolyon Howorth

Comment ne pas oublier, dans le rôle du grand témoin, le Britannique Jolyon Howorth, de la Harvard Kennedy School, qui a agité la marmite comme on l’espérait. S’il croit en l’autonomie stratégique, cela oblige au préalable les Européens à reconnaitre l’impasse actuelle de la PSDC comme du fonctionnement de l’OTAN. Il ne restera alors plus qu’à refonder une ‘Nouvelle Alliance !

(ES et la rédaction de B2)

(crédits photos : Thierry Breton / Commission européenne ; Jolyon Howorth / Sorbonne / IREDIES ; Jean-Paul Palomeros /  Def12 )

Les textes ont été publiés soit sur le blog soit sur notre édition B2 Pro réservée aux adhérents/abonnés. Mais de façon à les rendre accessibles, ils sont en format ‘ouverts’ à tous.

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Autonomie stratégique. Refondre l’Alliance autour d’un pilier européen (J. Howorth)

Bruxelles2 Blog - Wed, 18/11/2020 - 14:20

(B2) Pour Jolyon Howorth, l’Union européenne atteindra l’autonomie stratégique. C’est inévitable…à terme. Mais les Européens doivent sortir des sentiers battus, reconnaitre l’impasse actuelle de la PSDC comme du fonctionnement de l’OTAN, et refonder une ‘Nouvelle Alliance’

(crédit : US defence.gov)

Le chercheur britannique d’origine, francophile au point d’avoir acquis la nationalité tricolore, a jeté un pavé dans la mare lors des troisièmes entretiens de la défense européenne, le 4 novembre dernier, dont il était le ‘grand témoin’.

Une autonomie stratégique structurelle

« Une autonomie stratégique est à terme inévitable. Ce n’est pas une prédiction de Nostradamus. Ce constat est déterminé par l’histoire et par la géographie. L’histoire nous enseigne qu’entre les États-Unis et l’Europe, depuis bientôt 250 ans, les rapports stratégiques ont évolué constamment. Et la géographie nous dit, suivant Vidal de la Blache, que les intérêts de deux blocs continentaux qui ne partagent nullement le même espace territorial, ne peuvent être communs, encore moins identiques. L’autonomie ? Quoi de plus naturel alors.

Une communauté transatlantique fondée sur une différence d’intérêts

« Le discours atlantiste selon lequel Américains et Européens seraient liés dans ‘une communauté de destin’ est trompeur. Au 19ème siècle, les intérêts ‘étrangers’ américains furent essentiellement asiatiques et latino-américains. Ce ne fut qu’en 1941 que les États-Unis se sont impliqués de façon sérieuse dans les affaires européennes. Sans la menace soviétique, ils s’en seraient retirés en moins d’une décennie. L’Alliance Atlantique fut, à l’origine, conçue essentiellement comme une béquille temporaire, le temps que le Vieux Continent se ressaisisse après la saignée de 1939-45. Nous savons ce qu’il en est advenu.

La PSDC marque le pas

« La PSDC reste toujours bien en-deça des promesses de Saint-Malo (NB : le sommet franco-britannique de décembre 1998 qui lance le projet d’une politique européenne de sécurité et de défense).

Loin de l’autonomie stratégique

« Déjà, vers 2010, celles-ci se caractérisaient bien davantage par des objectifs purement ‘civils’ que par des ambitions un brin musclées. Je n’ai rien contre des missions civiles. Mais ne nous berçons pas d’illusions. Elles n’ont rien à voir avec l’autonomie stratégique. L’UE assure actuellement six missions classées ‘militaires’, dont trois ne sont que des missions d’entraînement de forces africaines. Encore, je n’ai rien contre. C’est très important. Mais ce n’est pas par ce biais que l’UE atteindra l’autonomie stratégique. 

Une faiblesse face aux défis environnants

« Certes, les deux missions militaires significatives (les opérations navales en Méditerranée et dans le Golfe) pourraient être considérées comme ‘stratégiques’. Mais, compte tenu des défis véritablement géostratégiques qui entourent l’Europe, de l’Arctique à la Mer Noire et du Bosphore à l’Atlantique, c’est peu, c’est vraiment très peu. Depuis 2014, seuls cinq nouvelles missions ont été entreprises, dont trois en Afrique. Si la PSDC est ce qu’elle fait, je suis désolé, mais ce n’est guère impressionnant. 

Et le Covid-19 ne va pas arranger les choses

« La plupart des études qui commencent à traiter de l’impact du Covid sur la défense européenne font état des nombreux défis supplémentaires que fait surgir le virus. Défis supplémentaires mais moyens plus limités. La crise du Covid aggrave l’affaiblissement, déjà perceptible, des institutions multilatérales de la gouvernance globale. Elle exacerbe un environnement déstabilisé dans lequel des puissances comme la Chine et la Russie tiennent de meilleures cartes.

Une solution : la fusion entre PSDC et OTAN

« Je persiste à penser que ce sera plutôt par la coopération, voire par la fusion entre la PSDC et l’OTAN — plutôt que par la différentiation entre ces deux entités— que l’Union Européenne atteindra l’autonomie. Je suis convaincu que la PSDC, à elle seule, n’est pas l’instrument adéquat pour forger l’autonomie. Deux avenirs sont possibles pour l’Alliance, dans le contexte d’une victoire du [démocrate] Joe Biden.

Première option, l’OTAN continue à fonctionner comme elle a toujours fonctionné

« Les Européens seraient moins nerveux quant à la crédibilité de l’article 5 [du traité de l’Alliance atlantique].  L’inertie redeviendrait la règle. Les Américains ne voudront pas céder le leadership, et les Européens n’oseront pas risquer de pousser trop loin leurs ambitions autonomistes. Dans le contexte de Covid, compte tenu d’une crise budgétaire gravissime pour les pays de l’Union, la PSDC repassera à l’arrière-plan (plan qu’elle n’a d’ailleurs jamais vraiment quitté).

Deuxième option, l’européanisation de l’OTAN

« Cela suppose un sursaut considérable de l’imaginaire géostratégique — tant chez les Européens que chez les Américains. [Et trois conditions.] Premièrement, les Américains ne souhaitent plus assumer des responsabilités majeures en Europe puisque la rivalité avec la Chine devient leur priorité absolue. Deuxièmement, les Européens se rendent compte que la PSDC seule ne leur fournira jamais la garantie de leur sécurité régionale (surtout tant que l’OTAN existe) et qu’il ne sert à rien de multiplier les acteurs militaires européens. Troisièmement, il y a une ‘convergence analytique’. Les Américains n’arrêtent pas de demander aux Européens des efforts accrus, de les encourager à assumer le leadership stratégique dans leur voisinage, de prendre leur propre défense au sérieux. Les Européens cessent d’envisager ce rôle par le truchement de la PSDC et acceptent de jouer à fond la refonte de l’OTAN.

Une nouvelle Alliance qui va dans le sens de l’histoire

« L’objectif, à terme, devrait être le retour au scénario initial conçu par Acheson et Eisenhower : une Alliance en rééquilibrage, dans laquelle les Européens prendraient progressivement la part du lion et les Américains joueraient, pendant encore deux décennies, plutôt un rôle de facilitateurs. Il est dans l’intérêt des deux parties de forger une nouvelle Alliance, nullement structurée par la dépendance, encore moins par la servitude, mais par un vrai partenariat équilibré dans lequel les Européens atteindraient, avec l’appui et l’encouragement des Américains, l’autonomie stratégique.

Sortir des sentiers battus

« Le premier scénario respecte le statu quo, ne demande pas de grands efforts et est infiniment plus confortable pour les acteurs actuels. Mais il continuerait à renvoyer aux calendes grecques toute avancée de la part des Européens vers l’autonomie…. [jusqu’à l’arrivée d’un nouveau Donald Trump] qui forcerait à passer au second scénario. Ce second scénario va dans le sens de l’histoire et de la géographie, mais il est extrêmement exigeant et suppose de sortir totalement des sentiers battus. »

(Jolyon Howorth)

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Un entretien avec Euradio

Bruxelles2 Blog - Tue, 17/11/2020 - 12:46

(B2) Comment l’Europe s’approprie le hard power ? Comment travaille un correspondant de presse à Bruxelles ? Pourquoi faut-il continuer à s’exprimer en français ? Et pourquoi le basculement dans le monolinguisme tout anglais des institutions européennes est une faute géopolitique de premier ordre ? Toutes ces questions, je les évoque avec Ulrich Huygevelde de Euradio. La radio européenne qui vient d’établir son studio à Bruxelles, dans le quartier des Marolles en bas du palais de Justice.

euradio · Rencontre Avec Un Correspondant – Nicolas Gros Verheyde

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Nord Mali. Un responsable du GSIM / JNIM neutralisé par les forces françaises

Bruxelles2 Blog - Fri, 13/11/2020 - 10:56

(B2) L’état-major français des armées a confirmé ce vendredi (13.11 matin) avoir ‘neutralisé’ (= tué) un des principaux responsables du GSIM, le colonel Bamoussa Diara

Ce fait d’armes était déjà apparu dans la presse malienne depuis au moins 24 heures. L‘indépendant de Bamako mentionnait notamment un raid opéré par les forces françaises mardi 10 novembre, vers 18 heures, contre un véhicule pick-up de type Hilux, à près de 7 kilomètres, à l’Est de Tadamakat, localité relevant du cercle de Tidarmene, région de Ménaka.

Une opération commando héliportée

Ayant « repéré un pickup suspect », l’action a été menée par « les commandos de l’opération Barkhane » en début de soirée vers 18h au crépuscule, a confirmé un officier de l’état-major des armées ce vendredi à quelques journalistes (dont B2). Quinze hommes des commandos de l’opération Barkhane y ont participé, amenés par hélicoptère. Quatre hélicoptères, en tout, ont été engagés : « deux hélicoptères de manœuvre, appuyés par deux hélicoptères de reconnaissance et d’attaque ». Des drones Reaper ont aussi été engagés, en reconnaissance.

Une action de 15 minutes

Le combat a été assez violent, avec utilisation de différentes armes « du canon de 30 [des hélicoptères] au petit calibre ». L’action a duré quinze minutes environ. Les cinq occupants du pickup « qui sont sortis du véhicule au moment des tirs de sommation et d’arrêt » sont tous morts, dont le colonel Bamoussa Diara, le lieutenant d’Iyad Ag Ghali. Aucun blessé n’est à déplorer du côté français, du moins « aucun n’ayant nécessité de prise en charge médicale » (cela signifie qu’il y a eu des blessés mais légers). Les commandos sont restés « plusieurs heures sur place », ensuite « Le temps d’exploitation sur place ». NB : en général, une prise de photographies, d’empreintes ou d’ADN est effectuée afin de confirmer l’identité des personnes visées.

Une volonté de reprendre la zone des trois frontières

Cette action s’inscrit dans une volonté des Français de Barkhane de reprendre le contrôle de la zone des trois frontières. Plusieurs opérations ont eu lieu — le 30 octobre et le 6 novembre notamment —, conduisant à la ‘neutralisation’ de plusieurs dizaines de ‘terroristes’. Cela s’ajoute à des combats fratricides entre les groupements terroristes de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et le GSIM, se disputant le contrôle de certaines zones, notamment à Boulikessi. Une lutte confirmée par l’armée française. Nous avons « documenté des affrontements des zones de prédation le 6 novembre par exemple » indique un officier.

Un rebelle historique

Ancien militaire des forces armées maliennes, le colonel Bamoussa Diara (alias Abou Charia), a déserté à deux reprises les FAMA. La seconde fois, en 2012, il rejoint le mouvement Ansar Dine dirigé par Iyad Ag Ghali, devenu ensuite le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe). Il est accusé d’avoir mené plusieurs attaques contre les FAMA,  en 2012 à Ménaka, à Aguelhok, à Tessalit  ainsi qu’à Kidal en 2012, ou plus récemment à Djoura en mars 2019 ou à Bouka Weré dans le cercle de Niono en 2020, selon Mahamane Touré de Nouvel Horizon.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Crash d’un hélicoptère de la mission d’observation au Sinai

Bruxelles2 Blog - Fri, 13/11/2020 - 05:01

(B2) La Force multinationale d’observateurs (MFO) chargée de veiller à la bonne application des accords de paix entre Égypte et Israël dans le Sinai, vient de subir un accident mortel. Un officier français est décédé

Huit militaires à bord

Un hélicoptère US Black Hawk qui effectuait un vol de routine et transportait huit militaires s’est crashé dans la péninsule du Sinai près de l’ile de Tiran en Mer rouge.

Sept militaires sont décédés, dont un Français (le lieutenant-colonel Sébastien Botta venant du CDAOA le commandement de défense aérienne et des opérations aériennes), un Tchèque (le sergent-major Michaela Tichá 27 ans) et cinq Américains.

Un Américain, a pu être récupéré après le crash, selon la MFO. Il est dans un état critique.

Enquête en cours

La cause de l’accident doit encore être déterminée. Une enquête est en cours. Selon l’armée tchèque, il pourrait s’agir d’un « défaut technique ».

Le chef d’état-major français François Lecointre a adressé ses condoléances.

[#CEMA] Toutes mes pensées accompagnent la famille, les proches et les frères d’armes du lieutenant-colonel Sébastien Botta mort en opération au service de la France ce jour, lors de l’accident d’un hélicoptère de la Force Multinationale d’Observateur au Sinaï. pic.twitter.com/V1TLEXGn5P

— État-Major Armées (@EtatMajorFR) November 12, 2020

Tout comme les principales autorités concernées comme le président français Emmanuel Macron ou le président américain élu Joe Biden.

I extend my deep condolences to the loved ones of the peacekeepers, including 6 American service members, who died on Tiran Island, and wish a speedy recovery to the surviving American. I join all Americans in honoring their sacrifice, as I keep their loved ones in my prayers.

— Joe Biden (@JoeBiden) November 12, 2020

Une force multinationale établie en 1982

La Force multinationale sur les observateurs (MFO) a été créée après l’accord de paix de Camp David entre l’Égypte et Israël de 1978, par un protocole d’accord entre les deux pays en août 1981, après la restitution du Sinai à l’Égypte, et est opérationnelle depuis avril 1982. Le blocage au sein du Conseil de sécurité de l’ONU de l’époque (par l’URSS notamment) de valider une mission de casques bleus avait nécessité d’avoir une solution « alternative », avec une force d’observation multinationale.

Veiller aux accords de paix

Elle utilise deux bases dans la région du Sinaï : la base sud de Charm el-Cheikh, où se trouve le quartier général de la mission, et la base avancée nord à El Gorah, non loin de Gaza. Elle a pour objectif à partir de points de contrôle, d’activités de patrouille et d’observation le long des frontières de l’Égypte et d’Israël et sur le territoire du Sinaï, de veiller au maintien de la paix dans les quatre zones de l’accord de paix comme d’assurer la libre navigation à travers le détroit de Tiran.

Un contingent venu de trois pays

Elle est composée (selon le dernier comptage de la MFO) d’un peu plus de 1100 militaires provenant de 13 pays, essentiellement américains : 452 USA, 275 Colombiens, 55 Canadiens, 41 Uruguayens. On trouve également 78 Italiens, 18 Tchèques, 3 Norvégiens, 2 Britanniques et 1 Français, ainsi que 170 militaires de Fidji, 30 Néo-Zélandais, 27 Australiens, 2 Japonais.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : les noms des militaires tués sont indiqués en fonction de l’information officielle.

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MEDOR. Trois navires et deux avions français pour surveiller du coin de l’œil la Turquie

Bruxelles2 Blog - Thu, 12/11/2020 - 14:15

(B2) La France vient de déployer en Méditerranée orientale (MEDOR) plusieurs moyens maritimes et aériens

les frégates La Fayette, Forbin et Latouche-Tréville dans le cadre de l’opération MEDOR (crédit : état-major des armées / DICOD)

Trois frégates

Le groupe d’action de surface (‘surface action group’ ou SAG) est composé de trois frégates qui ont convergé au retour d’opération : la frégate légère furtive FLF La Fayette (F-710) (qui revient de l’opération Chammal, déployée en Syrie-Iraq contre les groupes terroristes de l’État islamique), la frégate anti sous-marine FASM Latouche-Tréville (D-646), qui vient d’achever son mandat au sein de l’opération maritime de l’UE (EUNAVOR Med Irini), la frégate de défense aérienne FDA Forbin (D-620) qui assure le commandement du groupe.

… et deux avions

Deux moyens aériens viennent en appui de ce groupe : un avion de patrouille maritime Atlantique 2, actuellement déployé à La Sude (Grèce) et un avion de surveillance aérienne E3-F Awacs de l’armée de l’air.

La combinaison des capteurs

Aux navires d’établir tout d’abord « la situation tactique aéromaritime ». Aux moyens aériens « d’étendre la zone couverte » et, avec la diversité des capteurs, de « consolider la caractérisation des activités dans la zone ». Plusieurs vols des hélicoptères de bord — le NH90 du Forbin (qui appartient à la patrouille 31F) et Panther du La Fayette (qui appartient à la patrouille 36F) ont eu lieu.

Objectif : surveiller et dissuader…

L’objectif est triple selon l’état-major des armées : 1. « Améliorer l’appréciation autonome » de situation dans ce « théâtre vaste » qui revêt « une importance stratégique certaine », 2. Manifester « de façon ostensible la présence de la France » dans la zone et son « attachement au respect de la liberté de navigation », 3. Être prêt à intervenir « de manière effective en cas de violation du droit international ».

La Turquie dans le viseur

La cible n’est pas indiquée. Mais elle est très claire : c’est la Turquie et ses forages dans les zones maritimes grecque ou chypriote. Ankara a ainsi émis, fin octobre, un nouveau message de navigation (Navtex), prolongeant l’action de ses trois navires de forage et de recherche sismographique : Oruc Reis, Ataman et Cengizhan. Ce sous protection militaire. La marine et l’aviation turque ont aussi entamé un exercice début novembre dans la zone (avec la marine américaine), dénommé ‘Blue Whale 2020’.

Un effet d’entraînement

Il ne faut nier non plus que cette présence aéronavale a aussi valeur d’entraînement pour les équipages dans des opérations de surveillance aéromaritimes (1). Cela permet de tester la « réactivité » des forces et la bonne coordination entre les moyens aériens et maritimes, mais aussi de vérifier la bonne « agrégation des différents moyens et leur connectivité immédiates ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Un vecteur de présence internationale qui est appelé à se développer. La plupart des opérations multinationales aujourd’hui sont de ce type que ce soit au sein d’EUNAVFOR Med Irini ou de EMASOH (lire : Relève dans le détroit d’Ormuz).

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Relève dans le détroit d’Ormuz

Bruxelles2 Blog - Wed, 11/11/2020 - 20:18

(B2) Au large de l’Iran, les frégates danoise et française continuent d’exercer leur vigilance dans le détroit d’Ormuz et le Golfe persique. Relèves de navires à l’appui

la frégate Jean Bart (crédit : MOD France / Premar Méditerranée)

Cette opération de surveillance maritime aéronavale, montée par les Européens, regroupe aujourd’hui des moyens danois (relayant les Pays-Bas, lire : Le Danemark à la tête de la mission dans le détroit d’Ormuz en 2021) et français (qui a initié cette opération). Elle est dénommée ‘Emasoh’ (code européen) ou ‘Agenor’ (code français) ou encore TF474 (code international de la task torce).

La frégate anti-aérienne de type F70 Jean Bart (D-615) a pris le relais dans le golfe d’Oman et le golfe Arabo-persique de la frégate FREMM Languedoc (D-653). Une frégate multimissions, qui aura été intégrée durant presque six mois (170 jours) à la TF474.

Durée rendue possible « grâce à une relève d’équipage inédite en opération », note l’état-major français (1). Le Languedoc a effectué une dernière relâche opérationnelle à Abu Dhabi, début novembre, après dix jours de patrouille et quatre franchissements du détroit d’Ormuz, avant de reprendre le chemin de Toulon.

De son côté, après une relève partielle d’équipage au cours de sa relâche opérationnelle à Dubaï, la frégate danoise HDMS Iver Huitfeldt (F-361) a repris ses patrouilles de sécurité de part et d’autre du détroit d’Ormuz. C’est le Danemark qui devrait assurer le commandement de la mission l’année prochaine (lire : Le Danemark à la tête de la mission dans le détroit d’Ormuz en 2021)

(Nicolas Gros-Verheyde)

Une évacuation

Au passage, la frégate ‘Jean Bart‘ a effectué samedi (7.11) une opération d’évacuation sanitaire d’un marin indien, inconscient du MV Lourdes, un navire de commerce battant pavillon indien. L’hélicoptère de bord de la frégate, avec un médecin et une infirmière, a transporté le patient à l’hôpital de Salalah (Oman). Évacuation effectuée « en coopération » avec une frégate japonaise et « coordination » avec les autorités omanaises, selon l’ambassade de France à Mascate (Oman).

  1. Un processus assez courant dans les marines étrangères, en particulier dans les marines du Nord de l’Europe (Suède, Pays-Bas ou Danemark par exemple). Sur la préparation de cette relève, lire les détails dans colsbleus.

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Haut-Karabakh : les leçons militaires de la guerre

Blog Secret Défense - Wed, 11/11/2020 - 10:05

L’usage massif des drones a été déterminant dans cette guerre de haute intensité, où la « masse » a compté également.

Adieu Donald. L’Europe de la défense te doit beaucoup. Tes tweets flingueurs vont nous manquer

Bruxelles2 Blog - Mon, 09/11/2020 - 16:35

(B2) Le départ de Donald Trump est sans doute une bonne nouvelle pour les USA. Pas automatiquement pour l’Europe ou du moins sa défense

Donald Trump par lui-même en campagne électorale, poing levé à mi-course (crédit : Maison Blanche)

Le président préféré des médias

Moi je l’aimais bien Donald ! Toute la profession d’ailleurs l’adorait. Tous les journalistes qui diraient le contraire sont en fait de sacrés hypocrites. Avec Trump, le spectacle était garanti chaque soir et chaque matin quand sortait son dernier tweet rageur de la nuit. Un jour c’était l’armée européenne de Macron (lire : Trump tâcle le projet Macron d’armée européenne. A-t-il raison ?). Un autre la politique de l’Union européenne (Lire : Je n’en ai rien à f… d’être populaire en Europe. Les Européens doivent payer et L’Europe ne nous traite pas bien, se lamente Trump). Et jamais très loin, il assénait un bon coup de taloche en direction de l’Allemagne, à ses voitures trop compétitives, ses dirigeants pas assez révérencieux, son budget de la défense faiblard, etc.

Une Alliance atlantique rock’n roll

Les sommets de l’OTAN, d’ordinaire si bien huilés, où l’ennui peut vous gagner rapidement, tant tout se déroule comme sur des roulettes, sont devenus avec Donald, un vrai feuilleton, digne d’un western, avec claquements de portes, embuscades dans les couloirs… et retournement de situation. (Lire : Sommet de l’OTAN : Trump, ses diatribes, ses tweets et Les quatre raisons du coup de sang de Donald Trump à l’OTAN). Sa déclaration sur l’alliance obsolète est restée dans toutes les têtes. Discrètement, il avait même été demandé au service juridique de l’Alliance de vérifier les conditions dans lesquelles pouvaient se retirer un pays membre (NB : les USA). Les humeurs ‘trumpiennes’ perturbaient l’alliance.

Des persiflages en coulisses

En coulisses cela jasait fort. À tous les étages de l’Alliance, des bureaux de la direction aux différentes délégations, cela jasait aussi beaucoup (lire : Les oreilles de Donald Trump ont sifflé à Buckingham Palace). Dans les couloirs de l’Alliance atlantique, chacun s’en donnait ainsi à cœur joie pour se moquer d’un président, pour s’échanger pastiches ou les derniers bons mots du principal actionnaire de l’Alliance. « Je n’en ai jamais vu autant et aussi féroces » me racontait un des diplomates de l’Alliance. Dans les cénacles spécialisés sur la sécurité, comme à Münich, non plus ce n’était pas le fol amour (lire : A Münich le nom de Donald Trump suscite un grand blanc). Pas très étonnant donc que celui qui a bondi de joie, au départ de ce président fantasque est le secrétaire général de l’OTAN. Le Norvégien Jens Stoltenberg voit son cauchemar se terminer.

I congratulate @JoeBiden on his election as the next U.S. President & @KamalaHarris as Vice President. I know Joe Biden as a strong supporter of our Alliance & look forward to working closely with him. A strong #NATO is good for both North America & Europe https://t.co/Ij3rWtNH5c

— Jens Stoltenberg (@jensstoltenberg) November 7, 2020

Une certaine persistance dans la politique étrangère

Pourtant, malgré ses déclarations intempestives et ses allers-retours, et son caractère détestable, il faut reconnaitre certaines qualités au leader des Républicains. Sa politique en matière de politique étrangère a été plutôt claire, limpide et assez prévisible (lire : L’Amérique « en premier », de Trump. Pour l’Europe, un certain langage de la vérité). Sa décision de se retirer de l’accord sur l’Iran, comme sur le climat était annoncée. Sa faible croyance dans les structures multilatérales a pu être vérifiée au fil du temps. Sa promesse de retirer les troupes US, un peu partout dans le monde, a été tenue, même si cela s’est fait de manière brouillonne parfois. Et les pays de l’Est ont bénéficié d’un appui américain, quasi-sans faille, face à la Russie.

Un allié objectif de la défense européenne

Pour la politique extérieure et de sécurité commune européenne (et la stabilité dans le monde), Trump n’a donc finalement pas été un mauvais bougre. Il ne nous a pas entraîné dans une guerre sans fin ou déstabilisatrice (ex. Irak 2003). Malgré (ou à cause de) son agressivité permanente, il a forcé (un peu) les Européens à sortir de leurs retranchements, à commencer (un peu) à penser autonome des USA, comme sur l’Iran notamment (lire : La décision de Donald Trump sur l’Iran, un vrai pari. Un défi aux Européens aussi !). En matière de défense européenne, même s’il n’est pas le seul facteur, cela a incité certains pays, plutôt suivistes de la politique américaine, à se dire qu’après tout, une politique européenne de défense n’était pas tout à fait inutile. Comme une roue de secours, en cas de panne de la ‘voiture’ OTAN.

‘Biden’ un ami exigeant …

Je ne suis pas extrêmement sûr que, sur ce strict point-là (de la défense européenne), nous ayons à gagner avec un Joe Biden. Certes la politique sera plus amicale, plus polie avec l’Europe. Il y aura à la Maison Blanche et au département d’État un préjugé favorable aux alliés sur les adversaires. Cela ne voudra pas dire automatiquement le champ libre pour les Européens. Au contraire. Il faudra mériter (cette amitié) et montrer patte blanche.

…et des tendances lourdes persistantes

L’Europe n’est plus ‘la’ priorité pour Washington. Le fameux pivot vers l’Asie — enclenché sous Obama-Biden, poursuivi sous Trump — va persister. La politique dynamique d’exportation d’armements et de défense de l’industrie US ne va pas céder le pas de sitôt. Washington voudra encore plus que jamais avoir un pied dans les projets européens de défense (coopération structurée permanente et fonds européen de défense, notamment). Et la notion de ‘partage du fardeau’ restera en haut des priorités américaines. Bref faire la ‘danse du ventre’ aujourd’hui devant ‘Joe’ risque de provoquer certaines aigreurs d’estomac demain.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Vous aurez noté que ceci est un éditorial, non une analyse, avec une certaine dose d’ironie, où le second degré rejoint parfois le premier.

Lire aussi notre analyse détaillée de la politique étrangère selon Biden et le commentaire de la position européenne sur l’Iran L’accord sur le nucléaire iranien. Des Européens droits dans leurs bottes

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La nouvelle politique étrangère US, selon Joe (Biden)

Bruxelles2 Blog - Sun, 08/11/2020 - 02:50

(B2) L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche apparait comme une bonne nouvelle pour les Européens, cloués au pilori par quatre années de président Trump. Qu’est-ce qui va changer… qu’est-ce qui ne va pas changer ?

Joe Biden et Kamala Harris lors de son premier discours de ‘président élu’ dans le Delaware (crédit : flux Franceinfo – sélection B2)

La défense des intérêts nationaux restera une priorité 

Les relations avec l’Union européenne devraient s’améliorer, être plus respectueuses… comme sous la présidence de Barack Obama, dont Joe Biden était le n°2. Avec lui, l’Europe ne sera plus considérée comme un « ennemi » des États-Unis. En témoigne la lecture des quelques vers du poète irlandais Seamus Heaney — tirés de la pièce de Sophocles ‘Philoctetes’  The Cure at Troy —, lors de son intronisation par le parti ‘bleu’ en août dernier. Mais attention aux espoirs ! Après avoir fait le point sur ses différents discours durant la campagne, il est évident que le vieux continent n’est pas au centre de l’attention à Washington. Les mots « Europe » ou « Union européenne » sont rares. À l’instar de sa dernière interview sur CBS News dans ’60 minutes’. Pas un mot sur l’Europe ! La tendance au repli, à la défense des intérêts nationaux, est ancrée chez les Américains, et Biden ne reviendra pas dessus.

Au sein de l’OTAN, des exigences inchangées

Au sein de l’Alliance, le ton devrait sans doute être plus cordial. Mais les exigences resteront. Joe Biden s’est dit « fier des engagements que l’administration Obama-Biden a négociés afin d’assurer que les membres de l’OTAN augmentent leurs dépenses en matière de défense ». En clair, il va continuer à exiger des Européens qu’ils prennent leur part du « fardeau » (lire : Je n’en ai rien à f… d’être populaire en Europe. Les Européens doivent payer (Trump)). Qu’ils augmentent les dépenses pour atteindre l’objectif du 2%, mais aussi qu’ils prennent en charge leur propre sécurité. Pour Alexandra de Hoop Scheffer, chercheuse au German Marshall Fund, « il y a toujours cette idée que l’Europe doit s’occuper davantage des Balkans, de la Méditerranée et de la menace russe sur le flanc Est pour que Washington puisse se concentrer sur la grande menace du 21e siècle, à savoir la Chine ».

La Russie en menace numéro 1, la Chine en numéro 2

Le démocrate est certainement plus critique à l’égard de Moscou que son alter ego républicain. Dans un entretien télévisé (’60 minutes’), il décrit la Russie comme « la plus grande menace pour l’Amérique en ce moment en termes de rupture de notre sécurité et de nos alliances ». « Nous devons imposer à la Russie des coûts réels pour ses violations des normes internationales et nous tenir aux côtés de la société civile russe, qui s’est courageusement opposée à maintes reprises au système autoritaire kleptocratique du président Vladimir Poutine » ajoutait-il sur Foreign Policy en avril. Cette menace impose de rester mobilisés au plan militaire. « Pour contrer l’agression russe, nous devons maintenir les capacités militaires de l’alliance à un niveau élevé tout en élargissant sa capacité à faire face à des menaces non traditionnelles, telles que la corruption armée, la désinformation et le vol informatique. » La Chine vient en second rang décrit comme « le plus grand concurrent », mais aussi potentiellement comme une menace. Ce sera la manière de faire avec Pékin qui « déterminera si nous sommes des concurrents ou si nous finissons par être dans une compétition plus sérieuse en ce qui concerne la force », assure Joe Biden.

Le retour au multilatéralisme

L’autre grande différence avec Donald Trump est un retour au multilatéralisme. « Travailler avec des alliés » a été le mantra de sa campagne. J. Biden a promis de réintégrer immédiatement l’accord de Paris sur le climat. En ce qui concerne la pandémie de coronavirus, il soutient un effort mondial commun et le rétablissement du rôle clé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

… et à la table de négociation sur le désarmement

J. Biden a promis que la diplomatie serait à nouveau au premier plan des efforts des États-Unis pour prévenir la prolifération des armes nucléaires plutôt que la diplomatie unilatérale et la « pression maximale », poursuivie par l’administration Trump avec la Corée du Nord et l’Iran. Revenir au sein de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) (lire : Trump retire les États-Unis de l’accord nucléaire avec l’Iran et rétablit les sanctions extra-territoriales), pour le « renforcer et l’étendre,  tout en repoussant plus efficacement les autres activités déstabilisatrices de l’Iran » est d’ailleurs une idée de campagne… à condition que « Téhéran se remette à respecter l’accord ». Pour ce qui est de la Corée du Nord, Joe Biden veut jouer la carte de l’action conjointe « avec nos alliés et d’autres pays, dont la Chine, pour faire avancer notre objectif commun d’une Corée du Nord dénucléarisée. » Il poursuivra également les efforts pour conclure des accords de contrôle des armements avec le traité New START, qui expire en février prochain, « une ancre de stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie », a-t-il dit en campagne.

Une puissance militaire… qui va mieux choisir ses combats

L’intérêt national prime toujours en ce qui concerne l’engagement militaire. Le mot d’ordre : moins d’éparpillement. « Les États-Unis ont l’armée la plus puissante du monde, et en tant que président, je veillerai à ce qu’elle le reste, en faisant les investissements nécessaires pour équiper nos troupes en vue des défis de ce siècle, et non du dernier.  »

Moyen-Orient : le retour des troupes américaines maintenu

Mettre fin « aux guerres éternelles » en Afghanistan et au Moyen-Orient, « qui nous ont coûté un sang et un trésor indicibles ». C’est l’engagement de Joe Biden. Comme Donald Trump (lire : Stupeur chez les Européens après l’annonce de Donald Trump de retrait américain du Nord-Syrie au profit des Turcs), il s’engage à ramener au bercail une grande majorité des troupes américaines présentes en Afghanistan. Il annonce également vouloir mettre fin au soutien à la guerre menée par les Saoudiens au Yémen.

Une approche plus sélective et une priorité : le terrorisme 

« L’usage de la force doit être le dernier recours, et non le premier. Il ne devrait être utilisé que pour défendre les intérêts vitaux des États-Unis, lorsque l’objectif est clair et réalisable, et avec le consentement éclairé du peuple américain. » La priorité est claire : « définir de manière étroite notre mission comme étant de vaincre Al-Qaïda et l’État islamique ». Et arrêter d’envoyer les troupes inutilement : « Rester retranchés dans des conflits impossibles à gagner épuise notre capacité à diriger d’autres questions qui requièrent notre attention, et nous empêche de reconstruire les autres instruments de la puissance américaine. »

De plus ‘petites’ missions 

Le candidat mise sur de plus petites missions qui « sont durables sur le plan militaire, économique et politique », et « servent l’intérêt national ». Il marque la différence entre « les déploiements à grande échelle, sans limite de durée de dizaines de milliers de troupes de combat américaines, qui doivent prendre fin, et l’utilisation de quelques centaines de soldats des Forces Spéciales et de moyens de renseignement pour soutenir des partenaires locaux contre un ennemi commun ».

(Leonor Hubaut et Hannah Guérin st.)

Télécharger le programme du parti démocrate et l’opinion de Joe Biden dans Foreign Policy (avril 2020)

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Le commandement des forces spéciales des Pays-Bas opérationnel

Bruxelles2 Blog - Sat, 07/11/2020 - 23:33

(B2) Le commandement des opérations spéciales des Pays-Bas (NLD SOCOM) est pleinement opérationnel. Préparation en cours pour la NRF2021

L’exercice Trojan Phoenix du Special operations air task group belgo-danois-néerlandais (crédit : armée DK – Defensie NL)

Annoncé début octobre, cette FOC s’inscrit dans un cadre aussi multinational avec Belges et Danois afin d’être prêt pour la NRF2021, la force de réaction de l’OTAN, de permanence l’année prochaine.

Une demande importante

La disponibilité d’un quartier général de commandement — ‘Command & Control‘ (C2) — des opérations des forces d’opérations spéciales (SOF) est essentielle pour les Néerlandais (1) comme pour l’OTAN. C’est en effet une des lacunes identifiées au sein de l’Alliance. Lacune d’autant plus critique que « la demande de déploiement de forces spéciales a fortement augmenté ces dernières années et devrait continuer d’augmenter » précise un officier néerlandais.

La fin d’un processus de deux ans

De façon concrète, le NLD SOCOM, qui a désormais un effectif complet d’un peu plus de 70 hommes, est prêt à assurer cinq tâches principales :

  • le déploiement et préparation d’unités des forces spéciales (SOF), tant de la marine (Korps mariniers) que les troupes commandos de l’armée de terre (Korps Commandotroepen) ;
  • garantir la qualité des unités SOF ;
  • l’élaboration de politiques et de plans ;
  • l’achat d’équipements ;
  • un rôle de pilotage en matière de connaissances et d’innovation pour les unités des forces spéciales.

Un travail avec Danois et Belges

Ce commandement s’inscrit dans un cadre plus multinational. Les Pays-Bas avec la Belgique et le Danemark travaillent en effet ensemble actuellement dans le cadre d’un commandement des composantes d’opérations spéciales composites (C-SOCC). Un C-SOCC qui sera de garde l’année prochaine pour la NRF, la force de réaction de l’OTAN (NRF2021).

Entraînement à la clé

Les trois pays s’entraînent dans le cadre d’une série d’exercices de certification OTAN. Notamment l’exercice Trojan Phoenix qui vient de se dérouler début novembre, avec un SOATG (special operations air task group), un élément C2 à même de diriger les opérations aériennes des forces spéciales. Le programme d’exercices doit être terminé d’ici la fin de cette année.

(NGV)

  1. Le processus avait démarré en 2017, avec la mise en place d’une task Force chargé d’étudier la mise en place du SOCOM. Et le processus a été entamé en 2018. Pour obtenir le statut de FOC, NLD SOCOM a été évalué par un comité national.

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L’engagement européen dans Takuba. Objectif, droit de poursuite, approche phasée

Bruxelles2 Blog - Fri, 06/11/2020 - 10:35

(B2) L’engagement européen se met en place, après l’accord des Tchèques dans Takuba. L’occasion de revenir sur la façon dont cet engagement va monter en puissance

La formation d’unités légères de reconnaissance et d’intervention (ULRI), notamment à moto, est un élément clé de la stratégie de Takuba-Barkhane (crédit : EMA / Barkhane – archives B2 – juin 2020)

Un partenariat franco-européen

Un task-groupe commun avec les Français

Le principe de l’engagement européen, c’est que l’unité étrangère est intégrée dans un task-group (TG) commun avec une unité française. De la même façon qu’a été créé un task-group avec les Estoniens (basé à Gao), un task-group sera ainsi créé avec les Tchèques.

Gao pour les Estoniens, Menaka pour les Tchèques

Il sera basé principalement au nord-est du Mali (Ménaka), dans une zone, très sensible, celle des trois frontières, située à proximité du Niger. Si nécessaire, le ‘task-group‘ peut être « réaffecté pour opérer dans d’autres régions du Mali » nous indique-t-on.

Un commandement français, une discipline nationale

Point important : le partenaire européen, qui accepte de déployer ses forces, accepte de le faire « sous le commandement français de la force Barkhane ». Mais la discipline sur ses militaires nationaux reste du ressort du pays engagé.

QG de N’Djamena

Des officiers européens seront également présents au QG de l’opération Barkhane au Tchad à raison de quelques individus, notamment pour la planification des opérations.

Le cadre juridique

Comme tout engagement international, avant d’envoyer ses hommes sur le terrain, le pays concerné doit envoyer à la France et au Mali une missive par laquelle il accepte expressément toutes les conditions mises à l’accord sur le statut des forces (SOFA) convenus entre Français et Maliens. Un dispositif assez classique dans les opérations multinationales, dénommé SOFA (lire notre article détaillé : Le statut des forces dans Takuba. Le texte du SOFA conclu entre Paris, Bamako et les partenaires européens).

Objectif : le combat contre les terroristes

L’objectif est affirmé : « appuyer les forces armées maliennes dans leur combat contre les groupes organisés menant des activités terroristes ».

Avec les forces maliennes

L’essence du travail consistera à conseiller (Advise), assister (Assist) les unités du bataillon malien partenaire et les accompagner dans les activités de combat (Mentor) dans le cadre des opérations spéciales et antiterroristes.

… ou en autonome

Mais la task-force Takuba (TFT) peut aussi la conduite d’opérations séparées sans l’implication des forces maliennes, afin d’assurer sa propre sécurité et de créer les conditions pour la préparation et la conduite d’opérations conjointes ultérieures, dans les conditions fixées dans les opérations de Barkhane.

Droit de poursuite

Si nécessaire, ou lors de la persécution de groupes terroristes, les activités peuvent être étendues aux zones frontalières du Niger voisin. En plus d’éventuelles opérations opérationnelles transfrontalières, le territoire du Niger sera en partie utilisé pour sécuriser les transferts logistiques.

Les trois phrases de Takuba

La montée en puissance de dans la task-force Takuba est divisée en trois phases.

Au cours de la première étape de plusieurs mois, une équipe avancée doit préparer les conditions du déploiement des différentes forces dans la zone d’opérations sur le lieu de l’opération future.

La seconde phase – l’essentiel de l’opération — devrait durer douze mois (2021) et vise à préparer les troupes maliennes à mener des opérations autonomes et à les accompagner dans des opérations de combat contre des groupes terroristes dans des zones de responsabilité désignées.

La troisième étape devrait durer douze mois supplémentaires (= 2022). Cette fois, il s’agit de permettre aux forces partenaires maliennes de combattre de manière indépendante les groupes militants islamistes et, si nécessaire, à continuer de les accompagner dans les opérations de combat sera évaluée.

Ce calendrier des différentes phases de l’opération va être « ajusté en fonction de l’évolution de la situation et des conditions de l’opération », mais aussi de l’arrivée des différents contingents européens (tchèques, suédois, italiens). Le déploiement ayant pris un peu de retard à la fois avec l’épidémie de Covid-19, les nécessaires autorisations parlementaires dans les différents pays et surtout, en dernier lieu, les interrogations après le coup d’état au Mali.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Les ULRI, élément clé de la stratégie au Mali

L’élément clé de la stratégie mise au point par les Français avec les Maliens consiste à former des unités légères de reconnaissance et d’intervention (ou ULRI). Équipés de matériel neuf (véhicules de type pick-up, motos, casques, gilets de combat, systèmes de transmissions…) fourni par Barkhane, ces soldats maliens devront être capables de faire du combat en terrain découvert, mais aussi urbain.  Ils sont aussi formés au secourisme de combat,  au tir ainsi qu’à la lutte contre IED (engins explosifs improvisés). L’ULRI n°4 a ainsi été présentée à un panel de responsables militaires européens, début octobre, sur les bases opérationnelles de Gao et de Ménaka.

 

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EUTM Mali redémarre. Redéploiement des effectifs et reprise des activités à la clé

Bruxelles2 Blog - Thu, 05/11/2020 - 22:49

(B2) C’est la fin de l’hibernation pour la mission de l’UE de formation de l’armée malienne. Depuis cette semaine, les troupes reviennent à Bamako et au camp d’entrainement de Koulikoro

Retour des militaires tchèques dans la fournaise malienne (crédit : EUTM Mali)

La mission de formation de l’armée malienne a été considérablement affectée par la pandémie de coronavirus puis par le coup d’État d’août

L’effet Covid-19

L’épidémie de Covid-19 a d’abord affecté de manière significative au printemps les activités de la mission de formation au Mali. Les activités se sont considérablement ralenties à compter du 3 avril. Elles se sont limités à donner des conseils aux forces armées maliennes à un niveau stratégique, à fournir un soutien logistique et à protéger le quartier général et le camp d’entraînement. Quant à la formation des soldats maliens, elle a été réduite au strict minimum. Et la moitié du personnel de la mission a dû rentrer chez lui (lire : Leurs formations à l’arrêt, les missions EUTM se vident). La maladie a également touché plusieurs militaires européens (notamment espagnols). Et, le quartier général de la mission a littéralement été « verrouillé pendant quelques temps » comme nous l’explique un militaire.

… et l’effet coup d’état

Normalement le personnel aurait dû être sur place beaucoup plus tôt. Le commandement de la mission sur place (assumé aujourd’hui par le général Ridzák, de nationalité tchèque) comme le commandant d’opération, l’amiral français Hervé Bléjean (1) en étaient d’accord. Fin juin le feu vert avait même été donné pour un retour progressif. Mais « le coup d’État du mois d’août a un peu compliqué la situation » comme le précise un militaire. Le retour des troupes et toute formation des Maliens ont dû s’arrêter à nouveau (lire : Les missions européennes de la PSDC au Mali (EUCAP Sahel et EUTM) suspendent leur activité).

La transition politique et un nouveau feu vert

La transition politique négociée sous l’égide de la CEDEAO (la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest) a permis de revenir à la normale. « Des progrès politiques significatifs ont été réalisés. Un gouvernement de transition dirigé par des civils est maintenant en place. » Il est l’heure de revenir. L’amiral Bléjean, a donc donné, à nouveau, le 13 octobre dernier, le feu vert (que tout le monde espère définitif) au redéploiement du personnel et la reprise des activités.

700 personnes d’ici fin 2020

La reconstitution des équipes se fera en deux vagues nous précise la mission. Une première vague de 220 soldats est déjà arrivée ou en cours de l’être. L’objectif fixé est d’avoir « dès la mi-novembre », le niveau d’effectif « d’avant le Covid-19 ». Soit jusqu’à 700 personnes. Et les activités vont reprendre aussitôt, « avec effet immédiat », précise le QG à Bruxelles.

Une nouvelle phase

Le temps presse. La mission EUTM, dans le cadre de son nouveau mandat (le cinquième depuis sa création en 2013), devrait grossier dès le début 2021, pour atteindre plus de mille personnes, et pouvoir étendre ses activités géographiquement dans plusieurs zones du Mali, mais aussi aux forces du G5 Sahel (préparer la formation de nouvelles structures au profit des forces conjointes du G5 Sahel en étroite collaboration avec leur commandant, le général Oumara Namat) Burkina-Faso (si ce pays le veut bien).

(Emmanuelle Stroesser & Nicolas Gros-Verheyde)

  1. L’amiral est le chef de l’Etat-major de l’UE mais aussi le directeur de la MPCC, la Military Planning and Conduct Capability, qui assume en quelque sorte le même rôle que le CPCO français pour les missions militaires de formation. Un mini QG européen

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Crimes de guerre. Perquisitions en cours à Pristina. Policiers européens et kosovars mobilisés (v1)

Bruxelles2 Blog - Wed, 04/11/2020 - 11:23

(B2) Des opérations sont menées en ce moment au Kosovo visant à l’arrestation de personnalités soupçonnées de crimes de guerre

Perquisition au domicile de J. Krasniqi (© BIRN)

Des opérations soutenues par EULEX Kosovo

Le bureau du procureur spécial (SPO) « mène des opérations continues à Pristina », la capitale du Kosovo, a-t-il annoncé au petit matin, à 8h17, ce mercredi (4 novembre). Ces opérations du SPO « sont soutenues par la police du Kosovo et la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) », précise le communiqué, sans en dire plus (pour l’instant). « Davantage d’informations seront données plus tard. »

Liées aux inculpations de juin

En juin dernier, le Bureau du procureur spécial avait frappé fort en inculpant à la fois le président kosovar Hashim Thaçi et le leader du Parti démocratique du Kosovo (PDK) Kadri Veseli, mais aussi « plusieurs autres suspects » non nommés. Ce pourrait être vers ceux-ci, selon nos informations, que les policiers kosovars et européens se tourneraient. Notre confrère balkanique Birn (Balkan Investigative Reporting Network), spécialisé dans les enquêtes sur les crimes de guerre, a déjà indiqué des perquisitions en cours chez Jakup Krasniqi.

L’ancien porte-parole de l’UCK visé

Des perquisitions ont, en effet, démarré dès 6h du matin au domicile de Jakup Krasniqi situé dans le quartier Velania de Pristina, confirme le média en ligne Kosova Post. Un raid a aussi été mené dans une autre de ses résidences à Negroc (Drenas, dans la banlieue de Pristina). L’ancien porte-parole de l’UCK (l’Armée de libération du Kosovo) durant la guerre civile et ancien président de l’Assemblée (de 2007 à 2014) et « a été isolé dans une pièce séparée et est interrogé depuis ce matin », indiquent ses proches selon un autre média Lajmi.net. Les journalistes et télévisions kosovars sont déjà sur place.

Des crimes graves

On n’est pas, ici, dans des petits délits. L’acte d’inculpation mentionne « des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre », visant notamment « le meurtre, la disparition forcée de personnes, la persécution et la torture », menée durant la guerre d’indépendance du Kosovo dans les années 1990-2000. Des actes commis à grande échelle. Les inculpés sont considérés par les juges de la Haye comme « pénalement responsables de près de 100 meurtres ». Et au total (disparitions, actes de torture inclus), ce sont « plusieurs centaines de victimes » à l’égard des trois communautés principales au Kosovo (albanais, serbes, roms) sans oublier les opposants politiques qui sont visés. (Lire : Le procureur spécial du Kosovo frappe fort : Thaci et Veseli, ex dirigeants de l’UCK, inculpés de crime contre l’humanité)

Informations à suivre

(Aurélie Pugnet, avec NGV)

Une justice ad hoc

Les Chambres spécialisées et le Bureau du Procureur spécial ont été créées en 2015 par l’Union européenne pour instruire et juger les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et autres crimes graves relevant du droit du Kosovo. Elles prennent la suite des juges, procureurs et enquêteurs européens de la mission EULEX Kosovo. L’ampleur des crimes, la sensibilité des personnes mises en cause, comme les pressions sur les témoins, ont justifié la création d’une justice kosovare relocalisée à la Haye. Leur financement est assuré, en grande partie, par le budget de l’UE au titre de la PESC (politique européenne de sécurité commune).

 

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L’accord sur le nucléaire iranien. Des Européens droits dans leurs bottes

Bruxelles2 Blog - Wed, 04/11/2020 - 08:28

(B2) Malgré les coups de butoirs de l’administration Trump, les Européens ont réussi à garder leur unité sur le dossier du nucléaire iranien. Un tour de force qui mérite le détour en ce jour d’élections américaines

Les E3 (JY Le Drian, H. Maas, B. Johnson) avec le ministre iranien Javad Zarif et Federica Mogherini à Bruxelles en mai 2018 (crédit : UE – Archives B2)

Venus contre Mars

Dire que les Européens sont faibles ou n’arrivent pas à se mettre d’accord est une antienne si régulière qu’on en oublie parfois de mettre en exergue le contraire : quand les Européens sont d’accord. Ils ont ainsi mis en échec (en partie) la volonté de Donald Trump de faire table rase du passé et notamment de l’accord conclu sur le nucléaire iranien (en juillet 2015) par l’administration Obama.

Une énorme pression américaine

Sous l’administration Trump I, les États-Unis n’ont cependant rien lâché depuis près de quatre ans : pressions sur les Alliés, vilipendes publiques, dénonciation juridique de l’accord, rétablissement partiel des sanctions, effet extraterritorial, menaces envers les Alliés, puis prise en otage du Conseil de sécurité des Nations unies, etc. On ne peut pas dire que Washington ait toujours fait dans la finesse et la délicatesse.

Le risque de fissures important

En temps normal, ces pressions auraient dû faire mordre la poussière à l’accord conclu avec l’Iran. L’accord a vacillé certes, dangereusement. Il a été menacé à plusieurs reprises d’être sinon rompu du moins abandonné. Mais ses autres participants ont tenu bon. On aurait pu aussi prédire des fissures entre les Européens, surtout entre un Royaume-Uni qui a pris la porte de l’Union et les autres membres, ou entre une France tenante d’une position dure vis-à-vis de Téhéran, plus proche de la position US et Berlin. Il n’en a rien été.

L’unité malgré tout

Les E3 (comme on les appelle) sont restés unis, malgré les nuances d’opinion qui les caractérisent, multipliant les déclarations communes. D’une seule voix, ils ont multiplié les déclarations contre les manœuvres américaines pour torpiller l’accord. Ils ont mis en place une structure destinée à contourner les sanctions américaines : Instex n’est pas super efficace mais elle fonctionne. Et surtout, comme un seul homme, ils ont dénié toute validité de la dernière tentative US d’utiliser une clause de l’accord (dite ‘snapback‘) visant à rétablir automatiquement les sanctions après être sorti de l’accord. Suivi en cela par l’ensemble du Conseil de sécurité de l’ONU — à une exception près : la Rép. dominicaine (lire : Iran. Les USA mettent la pression pour obtenir le rétablissement des sanctions. Fossé béant avec les Européens).

L’humiliation de ses amis n’aide pas en diplomatie

Au final, dans ce bras de fer, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, ce n’est pas Mars qui a gagné, mais la Vénus européenne (lire : JCPOA. La nouvelle offensive US de détruire l’accord sur le nucléaire iranien se heurte à un mur). L’administration Trump, tout à sa hâte d’obtenir la ‘peau’ des Iraniens, a commis une erreur stratégique et tactique. En voulant humilier leurs adversaires — les Iraniens —, ils ont mis dans le même sac leurs partenaires et alliés naturels — les Européens —, comme leurs autres partenaires internationaux. En voulant aller trop vite, ils se sont pris les pieds dans le tapis (1). Ce alors qu’Européens et Américains sont plutôt sur la même ligne sur le fond (2).

Une petite claque à l’hyperpuissance américaine

La claque reçue par les Américains au Conseil de sécurité des Nations unies en août restera dans les mémoires diplomatiques. Elle ne conduit pas, de fait, à un abaissement d’une puissance non contestable. Mais elle amène un sacré tempérament. S’ils sont unis, Européens, Chinois et Russes peuvent réduire le poids américain.

Cette alliance contre-nature tiendra-t-elle encore quatre ans si Trump est réélu ? Se reproduira-t-elle ? Pourquoi pas. En tout cas, un sujet emblématique à suivre de près sans préjugés…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Si les USA étaient restés dans l’accord, ils pouvaient déclencher cette clause, du fait du non-respect de certaines dispositions de l’accord par l’Iran et étaient quasiment assurés d’obtenir le rétablissement des sanctions au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Le seul veto US empêchait alors la continuation de la levée des sanctions. Une « erreur tactique incompréhensible » selon des diplomates.
  2. En témoigne le refus des Européens de rouvrir l’embargo sur les armes pour l’Iran, contrairement à la Russie et la Chine. (lire : L’embargo sur les armes lourdes vers l’Iran est levé. Pas pour les Européens. Et encore moins pour les USA)

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