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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 4 hours 30 min ago

[Verbatim] Face à l’incertitude mondiale : l’Europe doit s’armer d’outils de souveraineté

Fri, 28/10/2022 - 06:03

(B2) L’Europe a-t-elle un avenir dans un monde tourmenté avec le retour de la guerre en Europe, la naissance d’une grave crise économique et l’émergence de puissances non occidentales ? Bruno Dupré est convaincu que Oui. À condition qu’elle se transforme, mise sur des instruments de force et s’engage pour rénover le multilatéralisme.

Retour à Toulon du porte-avions Charles-de-Gaulle (Photo : DICOD / Marine nationale – Archives B2)
  • Bruno Dupré est conseiller défense et sécurité au secrétariat général du SEAE, le service diplomatique européen. Il intervenait à Toulon lors des rencontres stratégiques de la Méditerranée à Toulon, fin septembre, organisées par la FMES.

Les temps de l’incertitude

« Nous sommes dans un grand moment d’incertitude. » Une incertitude sur la guerre en Ukraine, sur l’unité européenne, sur l’économie mondiale, sur les rapports de force entre grandes puissances, sur le positionnement des pays du Sud.

Le scénario le moins crédible en Ukraine gagne du terrain

Le scenario le moins crédible en février, la victoire de l’Ukraine, n’est plus impossible. Si l’Ukraine n’a pas gagné la guerre. La Russie l’a, elle, en quelque sorte déjà perdue, comme l’a dit le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères Josep Borrell. Mais il demeure une incertitude majeure : le président russe Vladimir Poutine peut-il accepter une défaite ? Il y a un risque non négligeable pour l’Europe, comme on le voit aujourd’hui, d’une escalade incontrôlable sur le territoire européen avec la mobilisation générale, la menace nucléaire, ou le sabotage comme sur le gazoduc Nord Stream reliant l’Allemagne à la Russie en septembre.

L’incroyable unité européenne testée cet hiver

« Il y a aussi une incertitude sur l’unité européenne. Ce qui s’est passé depuis février est incroyable. Nous avons assisté à une incroyable unité, unique dans l’histoire de l’Union européenne, avec plusieurs paquets de sanctions, trois milliards d’euros pour financer des armements, 19 milliards en tout en comptant l’aide financière. Le président russe [Vladimir] Poutine pensait que l’Union européenne n’oserait pas : les Européens n’oseraient livrer de l’armement, n’oseraient pas se dégager de l’emprise énergétique russe. Nous avons osé ! Pourtant l’unité est une chose fragile et on voit déjà combien elle est éprouvée au sein de l’UE. L’heure de vérité arrive avec l’hiver. »

Une incertitude économique

« Trois cycles se confirment : inflation, stagflation, récession. Mais s’agit-il d’une crise conjoncturelle économique, financière ou plus structurelle du capitalisme telle qu’il existe aujourd’hui ? La maison sociale brûle, celle de la solidarité. Et nous regardons ailleurs. »

Des rapports de force qui se cherchent entre grandes puissances

« Une alliance forte semble se dessiner entre Chine et Russie (la Russie devient un continent eurasiatique). Mais cette alliance est-elle durable ? Est-il de notre intérêt d’antagoniser la Chine, en la traitant en simple rival systémique comme certains nous poussent à le faire ? Faut-il, même si la Russie nous plonge chaque jour un peu plus dans l’horreur, rompre tout dialogue avec Moscou, et laisser dériver la Russie vers l’Asie ? » Points fondamentaux. « D’autant que les élections de 2024 en Russie comme aux États-Unis, et le XXe Congrès en Chine cette année, laissent deviner des changements en profondeur… Sans qu’il soit possible de dire dans quel sens. »

Un Sud attentiste

« Nous avons été choqués de voir l’absence de soutien de pays du Sud au vote à l’ONU (avec 40 pays qui se sont opposés ou se sont abstenus), des pays maintenus parfois à bout de bras par l’UE depuis plus 50 ans » lors des résolutions de l’Assemblée générale pour condamner l’attaque de la Russie sur Ukraine, et de l’annexion de quatre oblast. « Faut-il s’en étonner ? Ceci n’est pas leur guerre disent-ils. Et ils sont plus préoccupés par les conséquences que par les causes, reprochant au passage aux Européens le colonialisme ou leur racisme. Ne faut-il pas surtout écouter au lieu d’essayer de convertir. Car malgré tout ce qui nous sépare du Sud, nous partageons encore quelque chose de fort : le multilatéralisme. Le Sud ne condamne pas le multilatéralisme. Le principe de « une nation, une voix » est pour lui le seul moyen de se faire entendre. »

Une formidable opportunité pour l’Europe

Ce temps d’incertitude, de remise en cause des concepts de démocratie, de souveraineté, de capitalisme, de multilatéralisme est une aussi une « formidable opportunité » pour l’Europe « de se rénover ». Une opportunité « d’être moins naïf, plus autonome, plus clair dans les valeurs que nous défendons et plus efficaces dans notre détermination à ne pas être le terrain de jeux des grandes puissances ».

Les débuts de l’Europe dans la géopolitique

Sortir de la logique du chèque

« L’Europe est à ses débuts de la géopolitisation. Jusqu’à présent, elle faisait surtout de l’aide humanitaire et du développement. Il lui faut faire un tournant complet. Il y a tout un travail au niveau des institutions européennes pour sortir d’une logique du chèque et aller vers la logique du rapport de force.  L’Europe doit sortir du brouillard de la paix. Car nous sommes en guerre économique, financière, commerciale, militaire, systémique. »

Réduire les vulnérabilités

« Il nous faut réduire nos vulnérabilités, nos dépendances dans tous les secteurs clés, sensibles. Pas seulement sur le militaire, mais aussi sur les secteurs critiques : espace, énergie, digital, transport, santé. Nous devons développer une culture commune — comme avec la boussole stratégique », le livre blanc de spa sécurité et défense de l’Union européenne adopté en mars 2022. « Car ce sont autant de catalyseurs pour un alignement de nos politiques, de nos valeurs et de nos intérêts. Il est très important d’avoir un narratif : sans narratif pas de vision politique et sans vision politique pas de futur. »

Se doter d’outils de souveraineté

Ne pas être naïf, réduire les dépendances, « cela ne veut pas dire une Europe Forteresse ou du protectionnisme ». Plutôt, cela signifie « agir collectivement chaque fois que c’est possible et de façon autonome chaque fois que nécessaire. » Et avoir les outils pour cela. L’Europe a commencé le travail avec le « contrôle des investissements de l’étranger sur le territoire européen, la possibilité d’adopter des mesures anti-coercition, de nouvelles politiques industrielles (matières rares, matières premières critiques) ou la protection marché intérieur (surveillance des chaines d’approvisionnement, réserves stratégiques, réaffectation d’urgence des capacités de production), etc. »

La nouvelle bataille du lithium

Un exemple phare ! « Le lithium sera bientôt plus important que le gaz. Le problème est qu’un seul pays (la Chine) maîtrise quasiment tout le marché. Or, nous devons éviter une situation de dépendance comme actuellement sur le gaz ou le pétrole ». Un travail est en cours au niveau européen avec « des accords à ratifier avec le Chili, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, ceux à ‘avancer’ avec l’Australie et l’Inde. »

L’ADN européen : le multilatéralisme

« Il faut s’appuyer sur notre ADN : le multilatéralisme. C’est le cœur des valeurs de l’UE, avec le respect de la souveraineté territoriale, de la règle de droit, des droits humains, de la séparation des pouvoirs. […] Mais le multilatéralisme actuel a vécu. Le Conseil de sécurité des Nations unies ne représente plus l’équilibre global des puissances, les objectifs de développement (SDG) sont non efficaces, [laissant la place] au mini-latéralisme (G7, G20). À nous de rénover ce multilatéralisme, de mettre en place un système politique réformé qui régira demain les relations internationales. »

(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde, à Toulon)

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[Analyse] Une relation franco-allemande, difficile. Une Alliance des contraires nécessaire à l’Europe

Sun, 23/10/2022 - 20:35

(B2) L’annulation du conseil des ministres franco-allemands, prévu d’abord en juillet, puis à Fontainebleau, le 19 octobre illustre une relation difficile depuis l’arrivée d’une coalition tricolore en Allemagne et le second mandat d’Emmanuel Macron.

Image symbolique du couple franco-allemand : un Français qui parle, anime le débat ; un Allemand qui regarde à côté souriant, content de lui-même. Et entre les deux souvent un intermédiaire (ici le Néerlandais Mark Rutte) (Photo : Conseil de l’Union européenne)

Une alchimie personnelle qui ne prend pas

Entre un Olaf Scholz — qui peine à exister sur la scène européenne mais tient la barque malgré tout —, et un Emmanuel Macron — trublion de la politique et plus présidentiel que jamais —, le courant ne passe pas (1). Et même pas du tout ! Il y a peu d’alchimie personnelle, et même pas le respect minimal comme entre une Angela Merkel et un Nicolas Sarkozy ou un François Hollande.

Une dichotomie sur la guerre en Ukraine

Signe des temps, en pleine tension par la Russie contre l’Ukraine, les deux dirigeants n’ont pas réussi à aller ensemble à Kiev et à Moscou début février (lire aussi : Guerre russe en Ukraine. Emmanuel Macron a perdu la main. Le quadruple échec français expliqué). Il aura fallu ainsi attendre quatre mois — entre les deux tours des législatives françaises — pour que les deux dirigeants aillent de concert à Kiev, avec l’Italien Mario Draghi (2). Une situation qui tranche avec le passé (2).

Un tempo et un système politique différents

À Berlin, c’est une coalition formée de Sociaux-démocrates, Libéraux et Verts qui gouverne. Au terme d’un contrat qui fixe dans le marbre tous les éléments de la politique. Face aux imprévus, la coalition tangue, la ligne politique fluctue au gré des arbitrages gouvernementaux. Mais elle ne rompt pas. À Paris, le pouvoir d’Emmanuel Macron paraît intact. Solide en apparence, il a été fragilisé par les dernières élections et est minoritaire au parlement faute d’avoir pu conclure un accord de gouvernement. Le spectre d’une dissolution en cours de mandat plane… pas vraiment de quoi rassurer un pouvoir allemand.

Des divergences majeures sur l’économie et l’énergie

Sur le fond, aussi, tout divise ou presque. Le « mix » énergétique n’est pas le même, fondé sur le nucléaire en France, alors qu’il repos sur le gaz, le charbon et les énergies alternatives en Allemagne. Berlin a mis sur la table un plan de 200 milliards pour soutenir son économie, que personne dans l’Union européenne ne peut suivre. Mais il refuse l’équivalent au plan européen financé par la dette. Les Latins, avec le soutien français, veulent plafonner les prix de l’énergie. L’Allemagne en tête d’un groupe, refuse, par peur de voir la sobriété énergétique s’envoler. La France ne veut pas taxer les superprofits car c’est contraire à l’esprit pro-business d’Emmanuel Macron. Ce sujet divise la coalition à Berlin. Etc, etc.

Une défense commune en morceaux

Du côté défense, les divergences s’affirment. L’Allemagne a décidé de réinjecter 100 milliards € dans sa défense. Et, fort de sa tradition industrielle, ne veut plus s’en laisser compter par son voisin français. La plupart des projets industriels développés en commun font naufrage, de l’avion de patrouille maritime, disparu des radars, au projet de char, embourbé. L’avion du futur (SCAF) peine à décoller. Mais c’est surtout au niveau structurel que les différences s’affirment. Un non-dit d’équilibre entre France et Allemagne est en passe de briser (lire : [Décryptage] Au coeur de la crise franco-allemande, la Défense)

L’Alliance des contraires obligatoire pour l’Europe

Or le couple ou tandem franco-allemand, cette « alliance des contraires » (3) constitue un élément-clé de la politique européenne. Quand la France et l’Allemagne ne se comprennent plus ou ne s’entendent plus, surtout des sujets économiques (ou l’énergie aujourd’hui). Et la machine européenne se grippe. Cela a toujours été ainsi, se remémore un vieux routier des sommets européens, le Luxembourgeois Jim Cloos, ancien haut fonctionnaire européen. Et aucune alternative n’a jamais émergé. Tous ceux qui ont essayé de construire s’y sont cassés les dents. Car quand les deux capitales sont d’accord, « chacun s’y retrouve en Europe ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Les différences structurelles sont connues : État unique contre fédération d’États, régime présidentiel contre régime parlementaire, majorité unique contre coalition politique, pays agricole avec de grosses entreprises d’État contre pays industriel fort d’un tissu de PME, pays sans peur de la dette contre pays qui se l’interdit, etc. etc. les différences ne sont pas mineures.
  2. Le couple franco-italien est apparu plus soudé que le couple franco-allemand. La photo publiée entre les trois dirigeants dans le train est éloquente. On y voit un Macron et Draghi coude-à-coude, dans une complicité qui n’est pas feinte, face à un Scholz plus distant.
  3. En 2008, au sommet de l’OTAN à Bucarest, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy bloquent de concert l’adhésion rapide de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN. En 2014, au plus fort des émeutes de Maidan, les chefs de la diplomatie française (L. Fabius), allemande (F.-W. Steinmeier) et polonaise (R. Sikorski) sont ensemble à Kiev pour négocier avec Ianoukovich. Le couple Merkel-Hollande prend ensuite à bras le processus de négociation russo-ukrainien (lire notre dossier N°51. Les accords de Minsk. La négociation en format Normandie entre Russie et Ukraine).

Version enrichie d’un article parue dans Sud-Ouest le 21 octobre

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Le pont de Kerch vers la Crimée explose. Camion piégé ou attaque combinée ?

Sat, 08/10/2022 - 19:03

(B2) Le pont de Kertch reliant la Crimée avec la Russie a été détruit partiellement ce samedi (8 octobre) au matin. Si la méthode reste encore à déterminer, on semble bien dans le cadre d’un sabotage bien organisé… par les Ukrainiens.

Le pont de Kerch détruit (Photo : VK – Osint – Sélection B2)

La version russe : un camion piégé

Officiellement, côté russe, on met en cause un camion qui aurait explosé et fait effondrer une partie du pont et enflammer la voie ferrée au-dessus juste au moment où passait un train de marchandises.

Une version difficilement crédible

D’une part, il est difficile de croire qu’un simple camion piégé arrive à faire des dégâts de cette nature, au-dessous ou au-dessus. L’effondrement complet de la chaussée (une des bandes à deux voies) sur plusieurs endroits distincts, avec une partie de la structure soulevée vers le haut et une autre partie (ciment, fer et asphalte) plongeant dans la mer parait difficilement explicable par une explosion d’un camion en surface. Celle-ci aurait dû provoqué un cratère puissant avec des traces importantes sur la route.

L’hypothèse d’une mine placée et déclenchée à distance sur un ou plusieurs endroits du pont semble donc plus plausible. Mine déclenchée au besoin par un drone sous-marin. Le fait qu’un camion transportant des matières inflammables ait pris feu et provoqué des dégâts supplémentaires au-dessus parait également plausible.

La non-revendication ukrainienne n’est pas une preuve dans un sens ou dans un autre. Les Ukrainiens ayant pris pour habitude de ne pas revendiquer (au moins tout de suite) certains actes de sabotage ou actions offensives précises sur les infrastructures ou forces russes.

Even closer images of the Crimean Bridge, fire seems to have burnt itself out. pic.twitter.com/AdO3yabZjh

— OSINTtechnical (@Osinttechnical) October 8, 2022

Additional footage pic.twitter.com/w5ngstLp5m

— OSINTtechnical (@Osinttechnical) October 8, 2022

Un pont stratégique

Ce pont de 18 km de long, inauguré en mai 2018 (pour la partie route) et en décembre 2019 (pour la partie ferroviaire), est vital pour ravitailler non seulement la Crimée, mais aussi une partie des territoires occupés par les Russes, en particulier dans la province du Kherson voisin. Ces villes peuvent être ravitaillées par l’Est de l’Ukraine tenu aux mains des Russes. Mais c’est plus long et compliqué.

Une défaite tactique pour la Russie

Et avant un rétablissement total, il faudra sans doute de longues semaines. Son effondrement au lendemain de l’anniversaire des 70 ans de Poutine un symbole majeur de l’offensive ukrainienne, tout comme le naufrage du navire-amiral russe, le Moskva. Pour le gouvernement ukrainien, récupérer la Crimée constitue un but ultime de la guerre. « Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être restitué à l’Ukraine, tout ce qui est occupé par la Russie doit être expulsé. » indique Mykhailo Podolya, le conseiller du président Zelensky, via twitter.

La guerre des infrastructures

Les explosions sur les gazoducs Nord Stream fin septembre et l’explosion sur le pont de Kertch ce matin n’ont bien entendu rien à voir. Mais elles sont tout de même le symbole d’une guerre des infrastructures qui est en train de se produire dans la foulée du conflit principal terrestre opposant les deux armées, ukrainiennes (aidées par les pays de l’OTAN) et russes. Une guerre de la logistique arrière dans le style : « Tu me tapes un gazoduc, je te pile un pont ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Le blog de B2 évolue

Tue, 04/10/2022 - 13:50

Presque quinze ans après un début en fanfare, le blog de B2 va connaitre une nouvelle évolution. B2 Pro Défense & Diplomatie a désormais pris son envol, avec son lot d’analyses, de décryptages, d’exclusifs et d’actualités.

Le blog va ainsi redevenir, ce qu’il était au départ : un blog journalistique, multi-dimensions, sans être mono-centré sur la défense. Avec toujours la même passion : faire vivre l’Europe géopolitique sous toutes ses dimensions. Et il contiendra ce qu’il faut de réflexions, de témoignages et de reportages…

À suivre dans quelques mois !

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Scaf, EUMAM Ukraine, Spatial, Sanctions contre la Russie… les infos de B2 Pro (26 au 30 septembre)

Thu, 29/09/2022 - 12:47

(B2) Programme SCAF presque débloqué, EUMAM Ukraine empêtrée, Atos séparé de son activité spatiale, nouveau paquet de sanctions, déserteurs russes … Résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.

[Confidentiel] Le système de combat aérien du futur (SCAF) franchit une nouvelle étape

Plus d’un an après la signature des contrats au niveau politique, les derniers obstacles se lèvent au niveau industriel. Le SCAF est presque débloqué. L’Espagne ouvre le bal. Le couple franco-allemand doit suivre lors du conseil franco-allemand prévu fin octobre.

[Exclusif] EUMAM Ukraine : Une discussion plus difficile que prévue

Perdue entre l’assurance de la Pologne, le refus de Berlin et l’abstention hongroise, la future mission militaire européenne EUMAM Ukraine rencontre un retard à l’allumage. Les relations tendues entre certains États membres complique la donne. Néanmoins, des détails sur son commandement et la durée de son mandat se précisent…

[Actualité] Atos se sépare d’une partie de son activité spatiale

La restructuration de l’entreprise française de technologie Atos se poursuit. D’ici mars 2023, le Danois Terma aura racheté les activités spatiales d’Atos. Problèmes d’argent pour l’un et désir de davantage de visibilité européenne pour l’autre, les raisons évoquées par les deux parties méritent attention.

[Actualité] Sanctions contre la Russie … Rebelote !

Mercredi (29.09), la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Haut représentant Josep Borrell ont présenté un 6ème paquet Ter de sanctions européennes contre la Russie. En réponse aux référendums fictifs organisés dans les territoires ukrainiens et à la menace de Poutine d’utiliser des armes nucléaires. Import/export, liste noire, pétrole russe… Quelles sont les nouveautés ?

[Actualité] Accueil des déserteurs russes : un dilemme pour les 27

 Faut-il accueillir les Russes refusant de faire la guerre de Poutine ? Les Européens sont partagés entre la nécessaire solidarité… et les menaces pour leur sécurité. Une crainte plus forte pour les pays jouxtant la Russie ou l’Ukraine. Les 27 cherchent une réponse commune 

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Le gouvernement belge expulse sans vergogne une jeune femme iranienne

Sat, 24/09/2022 - 21:35

(B2) Elle est Iranienne, âgée de 20 ans à peine. Comme celles qui manifestent en Iran. Elle demandait l’asile en Belgique. Sans succès. Elle vient d’être expulsée vendredi. Sans prendre de gants.

La Belgique a décidé d’expulser Aida * d’où elle venait, vers l’Iran via Istanbul. Sans remord. Et sans tenir compte du contexte actuel de répression en Iran, notamment contre les jeunes femmes. Ou de sa situation personnelle (1). Ni du recours engagé devant le tribunal (2).

Deux premières tentatives échouent

La jeune Iranienne a refusé, a résisté. Les premières tentatives d’expulsion ont échoué. Le 20 septembre notamment. Poings et pieds attachés, escortée par deux policiers, elle a manifesté clairement sa résistance en criant. Les passagers l’ont soutenue au point qu’elle a fini par être sortie de l’avion.

Remise dans un vol de Turkish Airlines

Les policiers ont fini par utiliser la force et l’ont remis dans un autre avion vendredi (23 septembre) : le vol Turkish airlines TK 1944 de l’aéroport de Brussels Zaventem qui s’est posé en fin d’après-midi à Istanbul. Sur place, elle a réussi à échapper à la vigilance et a réussi à se mettre à l’abri.

Une expulsion heurtée

L’expulsion a été heurtée. Les policiers belges ne semblent pas y avoir été de main morte. Aida * porte des bleus sur son corps. Et devrait être examinée par un médecin. Ce qui pose des questions sur les méthodes de la police. On est, jour pour jour, 24 ans après l’affaire Adamu, cette jeune Nigériane décédée lors de l’expulsion par les policiers belges (3).

Les méthodes de la police en question

Certes les conséquences ne sont pas aussi graves. Mais les brutalités, si elles sont avérées, interpellent. La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden et sa secrétaire d’État chargé de l’Asile, Nicole de Moor, tous deux membres du CD&V, le parti chrétien-démocrate flamand, pourraient devoir s’expliquer surtout si le comité P (la police des polices) est saisi.

Les dires et les actes

Au point de vue diplomatique aussi cette expulsion interpelle. La ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, a beau condamné (timidement) la répression en Iran. En vain. Elle semble peser très peu au regard de la politique d’asile. Le gouvernement dirigé par Alexander De Croo (MR/Libéral) a décidé d’être ferme. Peu importe ce qui se passe dans le pays d’origine, l’Iran. Dans les actes, il procède d’une manière similaire au pouvoir des mollahs en Iran : détenir, bastonner et lui faire risquer la mort (3).

(Nicolas Gros-Verheyde)

* Nom d’emprunt afin de protéger son identité.

  1. La jeune femme est menacée de mort par sa famille car elle a fui un mariage forcé.
  2. Sa première demande d’asile (faite il y a deux mois) a été refusée et un recours a été introduit le jour même où elle devait passer au tribunal pour demander sa libération.
  3. Morte asphyxiée par l’utilisation de la méthode de l’oreiller – pour la “calmer”, le 22 septembre 1998. Cela avait entraîné la démission du ministre de l’Intérieur de l’époque, Louis Tobback (SpA).

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Mobilisation russe, EUFOR Althea, la modernisation des armées. Les infos de B2 Pro cette semaine (19 au 23 septembre)

Fri, 23/09/2022 - 10:25

(B2) Allocution de Vladimir Poutine, EUFOR Althea, coopérations industrielles, rôle de l’Agence européenne de défense … Résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.

[Analyse] La Russie se met en position d’agressée

Sept mois après le début de son opération spéciale en Ukraine, le président russe s’exprime enfin. Mobilisation des troupes russes et de l’appareil industriel, annexions etc. Vladimir Poutine lance la tentative de la dernière chance pour « protéger la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale de la Russie ». A ses risques et périls… La mobilisation russe. Un retournement attendu, un pari risqué

[Décryptage] EUFOR Althea : Un avenir incertain

La mission de stabilisation de l’UE en Bosnie-Herzégovine vit t-elle ses dernières semaines ? Pour l’instant, Moscou ne semble pas vouloir revenir sur l’existence de cette mission. Et les Européens espèrent qu’en évitant d’attirer l’attention sur le sujet, rien ne bougera. Comment contourner la menace d’un veto russe sur EUFOR Althea ? Les options

[Actualité] Une association industrielle provoquée par la guerre

L’Europe doit moderniser en urgence ses armées. C’est l’appel lancé par les deux industriels, Rheinmetall et Helsing qui s’associent pour le futur de la défense terrestre. En conséquence de l’agression russe en Ukraine, de l’Europe.

[Entretien] L’Agence européenne de défense : point central pour faire travailler les États membres ensemble

Dans l’immédiat, les Européens ont besoin de remplir leurs stocks d’équipements de défense. Et il faut regrouper les États autour d’équipements concrets. L’Agence européenne de défense peut servir d’agent d’acquisition, rappelle son directeur, Jiří Šedivý.

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Pénuries, Iran, Etat de l’Union… Les infos de B2 Pro (12 au 16 septembre)

Wed, 14/09/2022 - 14:35

Situations d’urgence, JCPOA, Défense européenne, état de l’Union, Académie diplomatique européenne… Résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.

Ursula von der Leyen à Strasbourg pour le discours annuel sur l’état de l’Union européenne (Parlement européen)

[Confidentiel] Pour éviter les pénuries dans l’Union, la Commission lance un nouvel instrument d’urgence

La Commission européenne prévoit de créer un instrument d’urgence pour sauvegarder l’intégrité du marché intérieur en cas de crise. Il se présentera en trois cadres : un pour la planification des mesures d’urgence, un cadre pour la vigilance du marché unique et un autre pour les urgences. B2 a lu en avant première le projet de règlement.

[Verbatim] JCPOA : la négociation en situation critique

Alors qu’un accord était à portée de main, la dernière réponse iranienne a montré que Téhéran et Washington commençaient à diverger. Contre toute attente, l’Iran décide de réouvrir la question des garanties de l’Agence de l’énergie atomique, qui devait a priori être « séparée » du JCPOA. Les négociations bloquées, au bord du seuil critique. Elles pourraient reprendre après les mid-terms américaines (les élections de mi-mandat), mais sous certaines conditions…

[Verbatim] La présidente de la Commission européenne s’exprime sur l’état de l’Union

La guerre russe en Ukraine, la réaction européenne et ses conséquences ont été le fil rouge du discours de la présidente Von der Leyen sur l’état de l’Union, le mercredi (14.09) au Parlement européen de Strasbourg. De l’indépendance aux combustibles fossiles russes, au blocage des financements provenant des autocraties telles que la Chine, elle ne manque pas de donner le ton des futures priorités de l’Union européenne…

[Verbatim] L’Allemagne veut prendre le lead de la défense européenne

Allemands et Européens n’ont pas d’autre choix que de coopérer. Dixit Christine Lambrecht, ministre allemande de la Défense. Elle donne cinq pistes pour favoriser cette coopération lors d’une conférence organisée par le think tank allemand DGAP, lundi (12.09).

[Actualité] Le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) lance une académie diplomatique européenne

Pour cette rentrée, 42 jeunes diplomates venus de 22 pays et des institutions européennes vont tester l’académie diplomatique européenne. Elle a été créée pour ” donner la possibilité de connaître la structure de l’UE de l’intérieur et (…) savoir comment les choses se passent dans la vraie vie “. Mais elle ne garantit pas une entrée automatique au SEAE.

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Les rencontres stratégiques de la Méditerranée c’est les 27 et 28 septembre à Toulon

Sun, 11/09/2022 - 14:16

(B2) À noter sur votre agenda, les rencontres stratégiques de la Méditerranée, dont B2 est partenaire (les 27 et 28 septembre à Toulon).

Au programme :

Mardi 27 septembre

(matin)

“Recompositions Géopolitiques : Après l’Ukraine ?” avec le général de division Vincent Breton (CICDE), Alexandra Goujon (Université de Bourgogne), Céline Marangé (IRSEM) – Modérateur : GCA (2s) Patrick Lefebvre (FMES).

Conflits et ruptures technologiques : Évolution contemporaine du spatial (Cloud, Cyber)“, avec le général de brigade Thierry Blanc (Commandement de l’Espace), Florence Gaillard-Sborowsky (FRS) Mickael Ulvoa (Thales) – Modérateur : Xavier Pasco (FRS),

Défis sécuritaires transverses “Énergie, climat et environnement” avec Alexandra Nicolas (Université de Tours/Ministère des Armées) Alexandre Taithe (FRS), Luca Baccarini (IRIS) – Modérateur : Nicolas Mazzucchi CESM

(après-midi)

“Rivalités de puissances : Chine, États-Unis, Union Européenne” : Bruno Dupré (SEAE), Maya Kandel (Univ. Sorbonne Nouvelle), Valérie Niquet (FRS) – Modérateur : Marie-France Chatin (RFI)

Conflits et ruptures technologiques : “Drones : Mécanisation et déshumanisation des systèmes d’armes avec Frédéric Coste (FRS), Eric Papin (Naval Group), Lionel Collot (Thales) – Modérateur : Océane Zubeldia IRSEM

Défis sécuritaires transverses : “Déplacements et Migrations : enjeux sécuritaires” avec Vincent Cochetel (UNHCR), contre-amiral Jean de Muizon (Opération IRINI, contre-amiral Giacinto Sciandra (Marine italienne), général de division Pierre-Joseph Givre (CDEC) – Modérateur : Jean-Christophe Martin Université Côte d’Azur / OS2MO.

(17h) Table Ronde des chefs militaires : CEMM français et CEMA du Portugal

Mercredi 28 septembre

(Dès 9 h) Un petit déjeuner autour de l’ambassadrice de France à l’Unesco, Véronique Roger-Lacan.

Recompositions Géopolitiques : “Recompositions au Moyen-Orient : Turquie, Iran, Monarchies du Golfe” avec Dorothée Schmid (IFRI), Emma Soubrier (Arab Gulf States Institute), Pierre Razoux (FMES) – Modérateur : Agnès Levallois (FRS).

Conflits et ruptures technologiques : “Les enjeux de l’hypervélocité” avec Charles-Henri du Ché (Ariane Group), Stéphane Delory (FRS) Laurent Duport (MBDA), Luc Dini (Thalès/3AED-IHEDN).

Défis sécuritaires transverses : “Le Multilatéralisme au défi Le cas de la Méditerranée” avec GAA (2s) Jean-Paul Palomeros (ancien chef de l’ACT OTAN et ancien chef d’état-major de l’armée de l’air), vice-amiral d’escadre Hervé Bléjean (actuel directeur de l’état-major de l’UE – EUMS), amiral Kamel Akrout (ancien conseiller du président tunisien) – Modérateur : VAE (2s) Pascal Ausseur (FMES)

Entrée gratuite, mais inscription obligatoire.

Tous renseignements (programme, lieu, hotels, plan).

(NGV)

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PESCO, Missions PSDC, Visas des Russes, Qatar… Les infos de B2 Pro cette semaine (5 au 9 septembre)

Thu, 08/09/2022 - 10:59

Mécanisme d’acquisition d’armes, restrictions des visas russes, projets PESCO, réforme du commandement des missions civiles, budgets… Résumés des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.

[Exclusif] Retour mitigé sur les projets PESCO (coopération structurée permanente)

Cinq ans après avoir sa création, la PESCO a du mal à se mettre en marche. Un rapport pointant les grosses lacunes a été transmis aux ambassadeurs COPS (Comité politique de sécurité) à la mi-juillet. Avec des difficultés allant du manque de coopération à la lenteur des progrès, il est désormais important de « revitaliser ces projets. (…) ou de considérer avec attention leur fermeture ».

[Exclusif] Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) : les budgets sont sous pression, des missions risquent de disparaître

Le budget européen dédié à la politique de sécurité et de défense commune ne peut pas soutenir toutes les envies des 27. Certaines missions civiles, trop coûteuses, et peu efficaces, sont sur la sellette. Il va falloir faire des choix. Iraq, Libye, Somalie. Le SEAE propose de réduire la voilure, voire de fermer des missions

[Confidentiel] Le mécanisme d’acquisition ne tiendra pas ses promesses

Au-delà de l’enthousiasme du début, le Parlement européen s’interroge sur le mécanisme d’acquisitions d’armes. Les critiques se multiplient et ressemblent de plus en plus à des critiques. En effet, avec pour volonté initiale de contribuer aux achat d’armes en commun des Etats membres, le futur fonds d’acquisition ne financera finalement qu’une partie des dépenses. Qu’est ce qui pourrait expliquer cette baisse d’ambition ? Un mécanisme d’acquisition réduit aux acquêts

[Actualité] La libre circulation des Russes dans l’Union européenne sera limitée

Suite au Gymnich de la semaine dernière, la Commission européenne a présenté une proposition de décision assurant la suspension totale de l’accord de facilitation des visas avec la Russie. Elle évoque ainsi le motif de l’aggravation du conflit en Ukraine. Et envisage le renchérissement du coût des visas et la  « non-reconnaissance  » des passeports russes délivrés dans les zones occupées d’Ukraine. Pour plus de détails, lire notre décryptage de la proposition de la Commission.

[Exclusif] Du nouveau à la CPCC (Civilian Planning and Conduct Capability)

L’Italien Stefano Tomat devrait prendre le commandement des missions civiles de la PSDC, remplaçant ainsi le général Francisco Esteban Perez. Cette nomination permettra de restructurer le fonctionnement des missions civiles. Lire : Un nouveau commandant et une nouvelle structure pour la CPCC.

[Confidentiel] L’UE s’étend dans les pays du Golfe

L’Union européenne s’apprête à mettre en place un nouveau représentant spécial dans le Golfe. Objectif : assurer la présence de l’Europe dans une région stratégique et favoriser la stabilité dans les pays arabes. B2 a lu en avance les éléments principaux de ce mandat.

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[Réflexion] La fin des grandes interventions extérieures occidentales ?

Wed, 17/08/2022 - 16:05

(B2) Avec le retrait des militaires français du Mali se termine en fait un cycle d’opérations extérieures commencé dans les années 2000 en Iraq, en Afghanistan et en Afrique.

Le drapeau français abaissé sur la base de Gao (© EMA-COM – Sélection B2)

La fin d’un cycle ?

Il n’y a aujourd’hui plus de grande opération militaire menée par les Alliés, Européens ou Américains, avec un mandat exécutif et l’exercice de la force (1). La grosse opération terrestre de l’OTAN a pris fin Afghanistan à l’été 2021 dans la précipitation. L’opération française au Mali vient de se clore avec le retrait de la dernière base militaire tenue, Gao (cf. encadré). Du côté européen, les deux opérations maritimes EUNAVOFR Atalanta (Océan indien) et EUNAVFOR Med (Méditerranée) ont perdu une bonne partie de leur intérêt et en sont pour l’essentiel réduites à faire des “ronds dans l’eau”. Même les grosses opérations de l’ONU sont en voie de se terminer. La MONUSCO en RD Congo amorce son retrait. La MINUSMA au Mali vacille.

Vers des opérations d’une autre nature

Ce n’est pas la fin des interventions extérieures. Mais celles-ci reviennent à une donne plus classique : fourniture d’armements, de conseils, de formation et d’entrainement ; opérations de renseignement et de forces spéciales ; reconnaissances aériennes ou sous-marines, frappes ciblées par drones au besoin. L’idée d’une présence forte de troupes au sol dans des opérations ad hoc, menées en national ou en multinational (OTAN), avec exercice de la force, semble donc se tourner. La guerre en Ukraine est un exemple de cette nouvelle tendance (lire aussi : ). On en revient finalement à un principe acquis sous la guerre froide. Pas de conflit frontal russo-occidental (ou sino-occidental). Mais une guerre par proxies interposés.

Des résultats très contrastés

On ne peut pas dire que cet interventionnisme extérieur militaire frénétique ait été couronné de succès ni n’ait été un facteur de stabilité et de paix, même de lutte contre terrorisme. Plus de vingt ans après l’intervention militaire (US + OTAN) en Afghanistan (2001), les Talibans sont de retour à Kaboul. Et le pays est toujours en plein marasme. Près de vingt ans après l’intervention militaire (US + Alliés) en Iraq (2003), le pays ne s’en est toujours pas relevé. L’influence iranienne y est plus forte que jamais, comme dans une bonne partie du Moyen-Orient (Yémen, Syrie, Liban). Beau résultat ! Plus de dix ans après l’intervention (franco-britannique + OTAN) en Libye (2011), le pays est livré au chaos, reste la porte ouverte à tous les trafics. Et l’Afrique a perdu un de ses pôles d’attraction et finalement d’équilibre. Le pire exemple de l’intervention mal préparée mal jaugée. Enfin, presque dix ans après l’intervention au Mali (2013), le pouvoir est aux mains de militaires, proches de Moscou. La Russie a repris pied dans un pays-clé du Sahel. Et les terroristes sont toujours à l’œuvre, non seulement au Mali mais désormais sur toute l’Afrique de l’Ouest.

Au moins trois raisons des échecs

Il faudra un moment, jeter un regard en arrière et examiner les raisons de ces échecs ou semi-échec en série. On peut bien sûr condamner d’un bloc toute intervention militaire extérieure. Solution la plus facile. Il faudrait nuancer le propos : examiner où ont été les failles de ce mode opératif. De façon sommaire, on peut donner trois pistes de réflexion. Premièrement, le flou sur les objectifs. Certaines opérations ont été conçues parfois dans la rapidité, parfois pour des raisons parfois très personnelles (cf. Sarkozy en Libye). Elles ont ensuite souvent déviées de leur objectif de départ (2). Deuxièmement, la stratégie du chaos ou de l’enlisement. Certaines opérations se sont interrompues une fois le pouvoir en place détruit (Iraq, Libye) laissant en place un certain chaos. D’autres opérations (Afghanistan, Barkhane) se sont inscrites dans la durée sans bien savoir quel était l’objectif final recherché, sinon celui de rester sur place. Troisièmement, la plupart de ces opérations ont été conçues hors de tout contrôle réel ni de retour d’expérience public. Le rôle du parlement en France a été réduit à une chambre d’enregistrement des décisions présidentielles. Idem du côté des opérations de l’OTAN en Afghanistan ou en Libye, autorisées par un conseil de sécurité de l’ONU complaisant.

Le semi-échec de Barkhane

L’opération française au Mali est un exemple type. Conçue comme une intervention rapide pour faire face à une progression terroriste vers la capitale, Bamako, l’opération Serval déclenchée début 2013 a été un succès. Sa transformation en une opération régionale, dénommée Barkhane, à visée anti-terroriste, a été moins glorieuse. L’objectif était plus flou et multiple Entre la reconstruction des armées maliennes et de l’État malien, la coopération militaire, l’éradication des groupes terroristes, la stabilisation de l’État, empêcher toute ingérence étrangère, on n’avait que l’embarras du choix. Il était mal compris des populations locales et même des armées. Et la faiblesse de ses résultats reste patente. Même au plan militaire, le bilan n’est pas mirifique. Certes plusieurs milliers de “terroristes” ont été neutralisés. Certes la perspective d’un califat islamique au Mali a été éloignée. Certes le risque d’un attentat en France ne s’est pas réalisé (3). Mais il y a toujours autant de membres de groupes terroristes sur place. Ceux-ci ont désormais fait “tâche d’huile” menaçant clairement plusieurs pays de la région, à commencer par le Burkina Faso et le Niger, voire le Bénin et le Togo. Et la reconstruction de l’État malien ne s’est pas produite… Enfin, le départ des militaires français n’est pas volontaire ni programmé. Il résulte d’un choix du gouvernement malien qui a décidé de changer de force stabilisatrice, préférant les Russes aux Français. Une réelle défaite géopolitique dans un territoire francophone doublé d’un semi-échec militaire.

(Nicolas Gros-Verheyde)

La fermeture de la base de Gao le 15 août Le dernier convoi logistique a quitté la PFOD (plateforme opérationnelle désert) de Gao (Mali) samedi (13 août) rejoignant la base de Niamey, de samedi à dimanche (14 août), « en toute sécurité » selon l'état-major des armées françaises (EMA). Un groupe d'environ 150 militaires qui assurait la garde du camp, resté jusqu'au bout, est lui parti dans la nuit du 14 au 15 août. Le camp de Gao a été rétrocédé « dans des conditions planifiées auparavant lors des réunions de coordination avec les forces armées maliennes » précise le porte-parole de l'EMA. « Ce qui a pu être remporté a été emporté » assure notre interlocuteur lors des quelque dizaines de convois logistique par route (plusieurs par semaine) ou par voie aérienne (400 rotations d'A400M). Du « matériel a cependant été laissé sur place à la Minusma ou aux partenaires sur place » : matériel informatique notamment. Quant à l'infrastructure du camp qui « est opérationnelle », elle a « été remise à disposition des FAMA », les forces armées maliennes.
  1. Je fais exception des deux opérations sur le territoire européen, dans les Balkans, déclenchée dans les années 1990 : EUFOR Althea Bosnie-Herzégovine et KFOR au Kosovo, qui répondaient à d’autres impératifs.
  2. Les opérations centrées sur un objectif et terminées en temps et en heure sur un certain succès se comptent sur les doigts de la main : EUFOR Tchad et EUFOR RCA notamment.
  3. Une hypothèse contestée et contestable, au point qu’elle n’est plus reprise dans le discours officiel aujourd’hui.

Lire aussi :

Le retrait du Mali : une sacrée défaite française (v2)

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Une flotte européenne de Canadair, un fonds européen pour acheter des bombardiers d’eau. Pourquoi pas (Thierry Breton)

Tue, 19/07/2022 - 19:47

(B2) En présentant le nouveau fonds que propose la Commission européenne pour favoriser des acquisitions d’armements en commun, le commissaire européen chargé de la Défense et du Marché intérieur, le Français Thierry Breton n’a pas exclu qu’il puisse servir pour l’achat en commun d’avions de lutte contre les feux de forêts.

Un bombardier d’eau espagnol en action contre un feu de forêt en Catalogne (© UME/Defensa Esp)

Plusieurs unités de sécurité civile en Europe sont en effet rattachées de près ou de loin à la défense nationale. « Il faut se poser la question en effet. Nous avons déjà une capacité au sein de RescEU » NB : une sorte de mutualisation des ressources de bombardiers d’eau entre plusieurs États membres. « Faut-il aller plus loin, avec comme pour Frontex des équipes de Canadair. Ce sont de vraies questions légitimes. On doit se les poser. Un chantier nouveau est à ouvrir » a assuré le commissaire s’exprimant « à titre personnel » en réponse à une question de B2 ce mardi (19 juillet), lors d’un point presse.

Commentaire : le dispositif existant a en effet montré ses limites. Mutualiser ses moyens entre France, Italie, Espagne, Portugal ou Grèce marche quand les pays ne sont pas tous touchés en même temps par une période de sécheresse ou une canicule favorisant des incendies à répétition. Aujourd’hui il serait difficile aux Français ou aux Portugais de venir au secours de leurs voisins. De plus, la flotte de bombardiers d’eau est souvent vieillissante. Et les investissements sont parfois repoussés à une année ultérieure. Un coup de pouce européen serait certainement bienvenu. Voire plus. Une flotte européenne en réserve.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Les infos de la semaine du 4 au 9 juillet 2022

Tue, 05/07/2022 - 11:09

Budget de défense, Task Force Takuba, Elections législatives, Bosnie-Herzégovine, Eufor Athéa, Barkhane, NH90… résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités

L’essentiel de Barkhane passe aujourd’hui par la logistique. Ici le groupement tactique désert logistique (GTD-LOG) Via Domitia II relève le GTD-LOG Phénix (Photo : DICOD / EMA France)

[Actualité] Le conseil de sécurité des nations unies renonce à Barkhane

Depuis le 29 juin, l’opération Barkhane n’a plus de mandat international pour agir au Mali. Le gouvernent malien s’est aussi fermement opposé à la liberté de mouvement de la MINUSMA. Quels Etats soutiennent le Mali dans cette manoeuvre contre les occidentaux?

[Analyse] L’Allemagne donne son feedback sur les NH90

Retards de livraisons, restrictions opérationnelles, formation insuffisante, les NH90 ne sont pas assez performants pour remplir leurs missions. Bien que quelques progrès aient été enregistrés, les hélicoptères représentent un investissement risqué.

[Actualité] Le Grand-Duché sort de sa zone de confort niveau défense

Le Luxembourg se fixe un cap. Il entend participer à la hausse générale des dépenses de défense. Selon le ministre de la Défense François Bausch, l’objectif est d’atteindre « 1% du PIB, soit environ 1 milliard €, au plus tôt à partir de 2028 » .

[Verbatim] Le flou règne sur la suite de Takuba

L’opération des forces spéciales européennes Takuba a pris fin. Bien que son bilan soit jugé positif par l’état major français, Takuba reste un modèle unique « difficilement reproduisible ». Des discussions sont « toujours en cours » pour trouver une alternive adaptée aux besoins des armées du Niger et des pays du Golf.

[Portrait] Qui sont les nouvelles têtes de l’Assemblée nationale française ?

Les commissions Affaires étrangères et Défense de l’Assemblée nationale sont installées pour la nouvelle législature. B2 dresse pour vous le portrait rapide de quelques-uns de ces nouveaux noms à retenir.

[Entretien] Et si la mission de stabilisation de l’UE EUFOR Althea prenait fin?

Dans une interview, le président du collège présidentiel de la Bosnie-Herzégovine, Šefik Džaferović se confie à B2. Pour lui, les forces militaires internationales doivent rester dans le pays. Si la Russie bloque la résolution sur l’extension du mandat d’EUFOR, l’OTAN devra alors revenir en Bosnie-Herzégovine.

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Les infos de la semaine du 27 juin au 2 juillet 2022

Tue, 28/06/2022 - 15:02

(B2) Défense OTAN, Sommet de Madrid, Sécurité alimentaire, Aéronautique… Une sélection des articles de la semaine à ne pas louper sur B2 Pro en quelques lignes

Au premier rang, de gauche à droite : Mette Frederiksen (première ministre, Danemark); Kaja Kallas (première ministre, Estonie); Emmanuel Macron (président, France); Olaf Scholz (Chancelier, Allemagne). Deuxième rang : Mark Rutte (premier ministre, Pays-Bas); Stevo Pendarovski (président, Macédoine du nord); Jonas Gahr Støre (premier ministre, Norvège); Andrzej Duda (président, Pologne)

[Actualité] Sommet de Madrid du 28 au 30 juin

  • Le concept stratégique des alliés datant de 2010 fait peau neuve !

Le retour de la guerre sur le continent européen, l’agression russe et l’expansion de la Chine entraînent une modification de la stratégie des Alliés. Quels sont les points clés ? Le nouveau concept stratégique de l’Alliance version 2022 est plus dur avec la Russie et plus étendu sur les menaces

  • Un accord trilatéral in extremis

Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, la première ministre suédoise, Magdalena Andersson, et le président finlandais Sauli Niinistö ont enfin trouvé un terrain d’entente pour adhérer à l’Alliance. Mais à quel prix ?

  • Les Alliés renforcent leur capacité de défense

Réunis en sommet à Madrid, les 30 conviennent de renforcer de manière conséquente leur capacité de défense et de réaction rapide. Quels sont les nouveautés apportées ? Lire : Face à la Russie, l’OTAN muscle sa défense : plus réactive, plus massive

[Analyse] Les budgets de défense, toujours en augmentation

Selon les premières estimations de l’OTAN, les Alliés continuent d’investir dans leur défense en 2022. Un premier bilan de l’impact de la guerre en Ukraine ? Lire : Les dépenses d’équipement à la hausse en 2022. Dix pays au-dessus des 2%

[Actualité] Perte de vitesse pour l’aéronautique suédoise en Europe

Avec le regain de tension à l’Est de l’Europe, l’armée de l’air tchèque fait peau neuve. Prague songe à abandonner son fournisseur de longue date, le Suédois Saab. Qui pour le remplacer ? Lire : La Tchéquie voudrait bien s’équiper avec 24 avions F-35 made in US

[Actualité] Le Conseil de l’Europe crée une structure pour l’industrie de défense

Les ambassadeurs des 27 approuvent mercredi (29 juin) la mise en place d’un groupe ad hoc. Quels seront ses objectifs ?

[Verbatim] La Zambie veut s’imposer en tant qu’acteur alimentaire

Le président actuel de la Zambie, Hakainde Hichilema, réitère devant le Parlement européen sa redevabilité vis à vis de l’Europe. Il condamne fermement la guerre en Ukraine, et ses conséquences. Mais sans citer la Russie. Lire : La Zambie, un partenaire pour la paix et la sécurité alimentaire en Afrique

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Quelques articles de B2 pro cette semaine (20 au 24 juin 2022)

Wed, 22/06/2022 - 14:23

(B2) Afrique, Défense UE, Sommet de Madrid, Sécurité énergétique, Fonds acquisition, Facilité européenne pour la paix… Une sélection des articles de la semaine à ne pas louper sur B2 Pro en quelques lignes

Le tournoi des six nations s’ouvre par une minute d’applaudissements en solidarité avec l’Ukraine (Photo : Flux Six Nations / Sélection B2)

[Confidentiel] La facilité crève le plafond

A peine un an d’existence, et la facilité européenne pour la paix a déjà consommé la moitié du budget prévu pour sept ans. Il va falloir re-remplir la cagnotte. Et quand on parle budget au niveau européen… tout se complique. Lire : Avec la guerre russe en Ukraine, la Facilité européenne pour la paix atteint ses limites !

[Analyse d’actualité] La défense première priorité

D’après le dernier Eurobaromètre, la défense est en tête des priorités européennes. Devant l’énergie et l’économie. Une première. Ce sondage éclaire aussi d’un jour nouveau les opinions des Européens face aux sanctions et au soutien militaire à l’Ukraine. Une très nette majorité est en faveur des deux mesures. Parfois écrasante (90%) dans certains pays, parfois moins. Et parfois ce soutien n’est pas parallèle avec la position des gouvernements. Intéressant.

[Exclusif] Le fonds pour les acquisitions d’armes en urgence

Il est impératif aujourd’hui de reconstituer le stock d’armements et de munitions de l’Europe, vidés par les dons aux forces armées ukrainiennes. La première proposition d’un fonds spécial pour les acquisitions visant le court terme devrait être finalisée ces prochains jours. Notre petite exclu de la semaine. Lire : De nouvelles propositions défense de la Commission européenne bientôt sur la table

[Confidentiel] Entre Européens et Africains une large incompréhension

Les Africains sont non seulement rétifs à suivre l’Union européenne dans sa panoplie de sanctions envers Moscou, mais ils ne partagent pas la réalité européenne de « l’agression » russe. Ils mettent même en cause les Européens dans la crise alimentaire, estimant qu’ils en sont co-responsables. La dernière réunion à Addis Abeba entre les ambassadeurs des deux continents a été difficile au dire de plusieurs diplomates consultés par B2. Lire : Entre Africains et Européens, il y a de la friture sur la ligne

[Prévision] Sommet de l’OTAN à Madrid

Les Alliés ne sont pas sur la même longueur d’ondes sur le nouveau Concept stratégique. A quelques jours du sommet de Madrid de l’Alliance atlantique, il reste quelques points crispants : Chine, Russie et relations OTAN-UE, notamment. B2 vous donne quelques éléments pour comprendre ce qui est À l’agenda du sommet de l’OTAN du 28 au 30 juin 2022

[Confidentiel] Matières rares, le troisième défi économique de la guerre en Ukraine

Sur base de propositions du Haut représentant, les 27 se sont décidés à mettre en place un plan d’action pour sortir de la dépendance en matières premières russes et ukrainiennes. On a souvent parlé de la dépendance en matière énergétique ou alimentaire, on oublie la troisième dépendance : aux matières premières. Russie et Ukraine regorgent de matériaux rares utiles pour les batteries ou autres techonologies de pointe. La guerre conduit à une raréfaction de ces produits ou à leur renchérissement. Comment contourner le problème ?

[Actualité] L’information secret défense des eurodéputés reste à construire

Cela fait des années que les eurodéputés demandent à avoir des informations plus précises sur la politique étrangère et surtout les missions et opérations menées au titre de la politique de sécurité et de défense commune. Le non-accès du Parlement européen à l’information confidentielle sur la PSDC demeure un problème de taille. Il rend difficile le contrôle démocratique.

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Les infos de la semaine du 13 au 18 juin 2022

Fri, 17/06/2022 - 12:31

(B2- Sommet, OTAN, soutien à la Géorgie, Corne de l’Afrique, Tension entre RD Congo et Rwanda… Voici un résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro.

Le Roi des Belges Philippe Ier à Kinshasa (Photo : Palais Royal)

[Actualité] Oui à l’Ukraine et à la Moldavie, peut-être pour la Géorgie

La Commission a rendu son avis sur les demandes de candidatures de trois pays du partenariat oriental. Avis positif, mais accompagné d’une feuille de route complète. Lire: Un statut de pays candidat pour l’Ukraine, Géorgie et Moldavie, avec des conditions

[Avant-première] Un sommet axé sur les relations entre les Européens et leur voisinage Est

B2 a lu pour vous le projet de conclusions du sommet européen des 23 et 24 juin

[Prévision] Sur quoi vont plancher les ministres

Les ministres des Affaires étrangères seront réunis à Luxembourg. De quoi parleront-ils? Lire : Corne de l’Afrique, Egypte, Golfe et Ukraine à l’agenda du Conseil des Affaires étrangères

[Confidentiel] Une aide à l’armée géorgienne

Les Européens envisagent de fournir une aide aux forces armées géorgiennes au titre de la facilité européenne pour la paix.

[Analyse] Nuage noir sur le sommet de Madrid

À deux semaines du sommet, la question de l’adhésion de deux nouveaux pays à l’Alliance atlantique reste toujours en pointillé. Lire : Nuage noir sur le sommet de Madrid. Pourquoi la Turquie bloque l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN

[Actualité] Les mouvements rebelles frappent de nouveau la RD Congo

Les forces armées congolaises accusent le Rwanda de leur malheur… La Belgique promet un élan de solidarité de la part des Européens. Lire : Entre le Rwanda et la RD Congo, la tension monte. La Belgique défend le droit à l’intégrité de Kinshasa

(rédaction de B2)

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Budget 2023, soutien à l’Ukraine, lobbying russe, défense néerlandaise, NH90… Les infos de la semaine du 6 juin

Sat, 11/06/2022 - 16:01

(B2) Voici un résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.

[Actualité] La Norvège renvoie ses hélicoptères NH90 !

L’annulation du contrat norvégien des hélicoptères NH90 marine est officialisée vendredi (10 juin). Motif : des critiques opérationnelles. Un mauvais signal à la dizaine de pays européens déjà équipés

Lire : La Norvège résilie son contrat des hélicoptères NH90. Un mauvais signal pour l’industrie européenne

[Actualité] La Haye veut investir

Avec l’éclatement de la guerre en Ukraine, les Pays-Bas ont tout de suite fait leur « plus gros investissement depuis la  guerre froide » dans le secteur de la défense, 5 milliards d’euros. Sur quelles capacités envisagent-ils d’appuyer ? Comment y parvenir ? Lire : Les Pays-Bas revoient leur politique de défense, avec l’Europe en son cœur

[Confidentiel] Groupe de travail au Conseil

Pour travailler ensemble, une piste envisagée est de créer un groupe de travail spécialisé au Conseil. Mais c’est loin d’être évident. Les divergences pèsent. B2 a été chercher aux tréfonds de la possible décision à venir et des débats en cours. Lire : Les États membres veulent doper leur expertise en industrie de défense. Groupe de travail, Conseil jumbo, les idées fusent

[Interview] La position des Verts allemands  

B2 a rencontré à Berlin l’eurodéputée Verte Hannah Neumann. Elle se confie sur la décision de son parti d’appuyer la livraison d’armes à Kiev. Bien qu’on relève un manque de transparence dans cette exportation, la députée n’est pas du même avis car « au contraire, il y a eu beaucoup de transparence dans le cas des livraisons pour l’Ukraine ». Lire : Les Verts allemands assument leur choix d’exporter des armes vers l’Ukraine

[Portraits] Rotation des ambassadeurs à l’UE

Plusieurs délégations de l’Union européenne vont changer de tête d’ici l’été 2022. Et non des moindres. Un turn-over qui va aussi affecter les structures de la PSDC. Lire : Les 31 nouveaux ambassadeurs de l’UE. Les têtes des délégations en Chine, Japon, Russie renouvelées

[Reportage] Recherches d’ADN en Ukraine par des gendarmes français

Après l’appel à l’aide internationale lancé par la procureure générale d’Ukraine pour faire face au nombre d’enquêtes, la gendarmerie française a été l’une des premières à répondre présente. L’équipe de l’institut de recherches criminels de la gendarmerie nationale (IRCGN) a travaillé dans les ruines de la banlieue de Kiev. Lire : À la recherche des ADN des personnes tuées autour de Kiev, à Boucha et Irpin

A lire aussi

[Confidentiel] Comment soutenir l’Ukraine ? Trois lignes d’actions semblent se dégager chez les Européens. Lire : Pour que l’Ukraine gagne la guerre : armes, statut de pays candidat et aide à la reconstruction

[Confidentiel] L’agenda de la ministérielle défense à l’OTAN en avant-première. Juste avant la réunion, B2 fait le point sur les sujets à l’agenda. Lire : À l’agenda de la ministérielle Défense OTAN (16 juin 2022)

[Actualité] Budget 2023. Le budget total de l’Union européenne proposé pour 2023 s’élève à 185,6 milliards €. Le secteur de la défense reçoit moins de 1% de ce montant. En décalage avec les déclarations publiques. Lire : Budget 2023 : pas d’embellie pour la défense

[Actualité] Les lobbys russes bannis ? La présidente Roberta Metsola a tranché jeudi (2 juin). Les lobbys russes ne peuvent plus accéder à aucune des enceintes du Parlement européen ! Lire : Le Parlement européen ferme ses portes aux lobbys russes

[Actualité] Le JCPOA sur le grill ? Il ne reste que quelques semaines à la communauté internationale et à l’Iran pour sauver l’Accord sur le nucléaire. Lire :  L’accord sur le nucléaire iranien au bord du précipice

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opt-out Danemark, Niger, Conseil européen, missions PSDC, déminage,… nos informations de la semaine

Sun, 05/06/2022 - 12:54

(B2) Voici un résumé des nombreuses informations parues ces derniers jours sur B2 Pro. Avec beaucoup d’analyses précieuses et d’exclusivités.

[Décryptage] Le Danemark entre dans les structures de défenses de l’Union européenne… Qu’est ce que que cela signifie pour les Européens ?

Mercredi 1er juin, les Danois ont voté en faveur de l’abandon de l’opt-out sur la politique de défense de l’Union. Après trente ans d’absence, le Danemark va donc entrer dans la politique de sécurité et de défense commune. Toutefois, son arrivée dans toutes les structures militaires de l’Union ne se fera pas automatiquement. Détails structure par structure, du Conseil à la PESCO en passant par l’état-major de l’UE ou l’Agence européenne de défense.

Lire : Fin de l’opt-out danois. Comment les Danois vont réintégrer les structures de défense de l’UE (v2)

[Interview] EUAM soutient les enquêtes sur les crimes de guerre

Dans une interview, Frederik Wesslau, le numéro-deux de la mission EUAM se confie à B2 à Kiev. La mission prévoit un déploiement de 350 personnes dont 200 experts internationaux à Kiev. L’Ukraine a également désigné 800 procureurs pour prendre en charge la question des crimes internationaux : crimes de guerre, crimes contre le droit international humanitaire ou génocide. Ces questions représentent actuellement la principale priorité des autorités ukrainiennes. A cette coopération judiciaire, vont continuer le soutien aux frontières, le passage en priorité du fret alimentaire et l’apport en équipement.

Lire :  La mission EUAM se redéploie à Kiev et en Ukraine. Priorité aux crimes de guerre (Fredrik Wesslau)

[Verbatim] La libération des routes et le déminage des campagnes sont une priorité pour la population

25.000 objets explosifs ont déjà été retirés du sol de Chernihiv depuis le début du conflit. Mais ce n’est pas tout. De nombreuses zones sont toujours contaminées et la population civile ne peut pas y accéder. Les évaluations en cours dénombre environ 3.700 bâtiments détruits en plus des habitations, des centres de santé, de télévision et d’art dans cette région située au nord-est de Kiev. Cette situation ralenti l’économie car « le travail n’a pas encore repris » déplore Vyacheslav Chaus, chef de l’administration de Chernihiv. Aujourd’hui, l’urgence est de restaurer les liaisons routières, les ponts, qui ont massivement été détruits par les armées ukrainiennes et russes.

Lire : Priorité : restaurer les liaisons routières et déminer les campagnes (Oblast de Chernihiv)

[Décryptage] C’est aux États de définir le futur de la défense européenne, pas à la Commission européenne

La question de la « défense » a été abordée lors du sommet du 31 mai. A cette occasion, Conseil européen n’a pas manqué de rappeler que la politique de défense ne pouvait être communautarisée conformément au Traité et par conséquent, c’était aux ministres des États membres de décider des orientations à venir. La commission, elle, a pour rôle de fournir le financement et le cadre de financement des priorités (Huit).

Lire : Le rappel à l’ordre du Conseil européen : la politique de défense est définie par les États

[Budget défense] Hongrie : Une taxe supplémentaire alimentera les services publics et la défense

Une taxe supplémentaire sera appliquée au grandes banques et multinationales hongroises qui récoltent des bénéfices sur la hausse des prix et des taux d’intérêt. But recherché : générer 800 Milliards de HUF (environ 2 milliards d’Euros). Les objectifs du nouveau gouvernement sont de « protéger non seulement la sécurité du pays, mais aussi l’économie, dans une situation de guerre prolongée ». En tout, huit secteurs sont concernés par cette nouvelle mesure.

Lire : La Hongrie crée un fonds national de défense alimenté par une taxe supplémentaire

Et aussi :

[Exclusif] L’Union européenne devrait approuver prochainement une mesure d’assistance aux forces armées nigériennes (FAN). Au titre de la Facilité européenne pour la paix, avec 25 millions. Lire : L’Europe va prêter main forte aux forces armées nigériennes

L’Union européenne cherche à réinventer et re-calibrer sa présence en Sahel et en Afrique de l’Ouest. La revue stratégique discutée cette semaine par les 27 est ambitieuse. Elle propose trois nouvelles missions, au Niger surtout, au Burkina Faso également. Et dans le Golfe de Guinée, éventuellement. Lire : De nouvelles missions au Sahel et dans le Golfe de Guinée. Le SEAE redessine le futur de la PSDC militaire en Afrique

Les tensions d’Athènes avec la Turquie et la guerre qui se déroule en Ukraine donnent davantage de valeur à l’assurance américaine. La négociation porte sur 24 chasseurs furtifs F-35 de 5e génération. Le processus d’acquisition des avions F-35 commence immédiatement, et Une lettre de demande (letter of request) doit être envoyée « dès que possible, d’ici la fin de l’été », indique Athènes à B2. Lire : La Grèce embraye pour l’achat de 24 avions de combat F-35

Le sixième paquet de sanctions contre la Russie a été adopté vendredi (3 juin) et aussitôt entré en vigueur dès la publication au journal officiel. Lire : Seize entreprises de défense russes sanctionnées par l’UE. Le sixième paquet de sanctions adopté mais raboté (v2)

Cet article opt-out Danemark, Niger, Conseil européen, missions PSDC, déminage,… nos informations de la semaine est apparu en premier sur Le blog de B2 Quotidien de l'Europe géopolitique.

Reportage en Ukraine : de Kiev à Chernihiv et à la frontière Ouest

Sun, 05/06/2022 - 12:05

(B2) Pendant une semaine, du 22 au 26 mai, j’ai sillonné une partie du pays. Ses carnets de route et interviews nous font voir les autres côtés de la guerre, l’usure des Russes, la dévastation de certaines régions, face au chantier immense de la reconstruction, les gendarmes qui enquêtent sur les milliers de crimes de guerre, et la vie qui reprend à Kiev, doucement.

De Zakony à Chop, la frontière, tout un poème ! Passer de l’Union européenne à l’Ukraine est une aventure épique. Les grandes paroles sur la facilitation du trafic restent un leurre, de part et d’autre. En particulier pour le fret, pour qui les formalités sont interminables. La première partie de notre Carnet de route 

À Kiev la vie reprend doucement. La capitale ukrainienne encerclée il y a quelques mois par l’armée russe retrouve sa vie d’antan. Doucement. Avec l’appétit d’un retour à la normale. Même si rien ne le sera plus jamais. La deuxième partie de notre Carnet de route

En train de Zahony à Kiev, Chernihiv et retour. La compagnie ferroviaire ukrainienne a assuré, vaille que vaille, les liaisons, durant la guerre. Une leçon pour l’Europe. La troisième partie de notre Carnet de route

. . .

Les Russes démoralisés, épuisés, mais pas vaincus. Chaque jour, les armées ukrainiennes font un point sur l’état du champ de bataille. En coulisse, B2 a pu s’entretenir avec le colonel Oleksandr Motuzyanyk, porte-parole de la Défense ukrainienne pour détailler certains points. Et comprendre l’urgence des Ukrainiens vis-à-vis du matériel occidental pour rééquilibrer les forces. Interview B2*

La fin du régime russe ou rien ! Les Européens doivent repenser leur politique étrangère clame Andrii Ozadchuk. Le vice-président de la commission chargée de L’application de la loi à la Rada, le Parlement urkainien, ne manie pas la langue de bois. Pour lui, il n’existe qu’une issue pour retrouver la paix : changer le régime russe. Interview B2*

EUAM Ukraine : priorité aux crimes de guerre. Après une évacuation forcée, la mission européenne se redéploie peu à peu en Ukraine. La guerre change les priorités : soutien au bureau du procureur pour les enquêtes sur les crimes de guerre, présence aux frontières… Entretien avec le numéro deux de la mission à Kiev, Fredrik Wesslau. Interview B2*

Avec les gendarmes français à Chernihiv. L’équipe de la police scientifique française reconstitue l’origine du missile tombé sur l’Hôtel Ukraine de cette petite ville au Nord-Est de Kiev, non loin de la Biélorussie. Ce travail est essentiel pour les Ukrainiens, afin de pouvoir attribuer les dommages à la Russie. Reportage B2**

Reconstruire, l’autre priorité. L’objectif est de très vite retrouver une vie normale, faire redémarrer l’économie. Le conseiller du président Zelensky pour les Affaires économiques, Oleh Ustenko, a fait la liste des pertes et des priorités devant la presse, dont B2, mardi 24.05. Verbatim B2*

Rétablir les liaisons routières et déminer. La reconstruction commence par cela. Notamment dans l’oblast de Chernihiv, au nord-est de Kiev. Comme l’a expliqué le chef de l’administration régionale, Vyacheslav Chaus, face à la presse. Verbatim B2*

Zelensky, l’Ukraine, la corruption, et la Russie. Entretien à venir

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Carnet de route Ukraine 3 : en train de Zahony à Kiev, Chernihiv et retour

Thu, 02/06/2022 - 12:07

(B2 en Ukraine) Le train est aujourd’hui la voie la plus sûre pour acheminer personnes et marchandises dans le pays. De l’Ouest partent ainsi plusieurs trains de nuit vers Kiev. Et les trains régionaux, même en nombre plus réduits qu’ordinaire, permettent à chacun de relier ses proches.

Train de nuit des chemins de fer ukrainiens à la robe bleue classique (© NGV / B2)

La société des chemins de fer ukrainiens (UZ en abrégé) a souvent été vilipendée pour son surdimensionnement, son nombre de wagons énorme, sa bureaucratie, voire sa corruption au plus haut niveau. Mais depuis le 24 février, durant cette période troublée, de guerre, elle a prouvé son efficacité et retrouvé une seconde jeunesse. J’ai pu en être le témoin durant ces quelques jours, où le train a été mon outil de déplacement favori.

Les gares surveillées de près

A Mukachevo (Munkacs), la gare est surveillée par des militaires en armes. Contrôle d’identité, air soupçonneux, où va-t-on, profession, d’où vient-on ? Du classique. La gare est en chantier, il n’est pas possible d’y accéder en voiture. Des blocs de béton ont été disposés de part et d’autre. À l’intérieur de la gare, la police fait sa ronde. Pour s’assurer que tout est en ordre et qu’il n’y a pas mouvement suspect. Interdiction de photographier bien sûr. Enfin, officiellement. Certains noms de gares ont parfois été soigneusement enlevés surtout dans l’Ouest du pays. Par dessus-tout on craint ici le sabotage qui mettrait en péril un des biens les plus précieux qu’a l’Ukraine pour assurer sa survie.

Départ de la gare de Mukachevo (© NGV / B2)

Sans tapage mais confortable

La bouilloire à eau, le point-clé du train-couchette, qui sert soupe, café, thé au choix (© NGV / B2)

Les trains ukrainiens circulent avec une belle constance. Le notre arrive avec quelques minutes de retard seulement. Une pacotille au regard des retards français ou belges. A l’intérieur, l’habituelle bouilloire à eau est branchée directement sur le système du train. Nous sommes dans un wagon de luxe. Simple en apparence. Deux couchettes basses en fait. Mais avec prise électrique et dans un des trajets, il y aura même la télévision. Rustique en apparence, le système est plutôt bien étudié pour le transport longue distance.

On rentre !

Dans ce train de nuit, les familles, enfants et babas (grand-mère) avec valises et bagages sont nombreuses. Elles rentrent après plusieurs semaines ou de mois d’exil à l’Ouest. Chez eux. Un peu inquiets de ce qu’ils vont retrouver. Mais soulagés aussi d’en finir avec l’exil. Beaucoup descendent à Fastiv, la grosse gare de l’oblast de Kiev qui dessert la plupart des petites villes parsemant la grande banlieue de la capitale. Certaines familles ont encore le souvenir du trajet aller. Près de 22 heures, se souvient Lisa* partie en voiture, aux premières lueurs des bombardements russes, avec son mari, sa mère et son enfant vers Berehove à l’Ouest. « Il fallait franchir de nombreux check-points. C’était long. »  Alors pour le retour, ils ont choisi le train. Le mari a fait la route tout seul en voiture et les rejoint à la gare. D’autres terminent leur voyage au terminus, à la gare de Kiev-Passajyrsky (passagers).

Sur le quai de la gare principale de Kiev, les familles sont nombreuses (© NGV / B2)

Une belle constance

La nuit, le trafic est important. Nous croisons aussi nombre de trains de fret, avec une longue succession de wagons, dans les deux sens. On sent l’époque soviétique avec un investissement conséquent sur les voies ferrées et les chemins de fer. Le matériel n’est plus tout neuf, mais bien entretenu. Dans nombre de gares, on trouve un train de service en attente, déjà chargé de rails et de ballast, prêt à aller réparer des rails abimés par les intempéries ou par la force militaire. Un lève-caténaire est aussi prêt à partir.

Les voies sont souvent doublonnées pour faciliter le trafic (© NGV / B2)

Le fret circule avec une belle allégresse

L’Ukraine dispose d’un réseau de voies ferrées conséquent. La structure paraît surdimensionnée. Les voies sont souvent doublonnées. Et il n’est pas rare d’avoir six ou huit voies dans une simple gare “de province”, dont plusieurs réservées au fret, et de voir quatre voies en rase-campagne. Mais ce surdimensionnement a été efficace au final. Il a permis en cas de problème, d’utiliser des voies de contournement ou d’alternative.

Train de fret en attente (© NGV / B2)

Une campagne si paisible

Deux jours plus tard, je prends un autre train. Un train régional vers Chernihiv. Autre contexte, autre ambiance. Il y a moins de monde à bord. Nous filons au travers des campagnes en apparence paisibles. De temps à autre, un vestige de l’offensive, un pont détruit, un check-point (abandonné ou gardé), des passages à niveaux où l’employé de l’UZ lève son bâton jaune, une file à une station d’essence, une église.

Le lopin de terre cultivé partout (© NGV / B2)

Des trains régionaux hyper-modernes

Le train est hyper-moderne, et file à bonne vitesse, silencieux. Nous sommes dans un des nouveaux trains de l’UZ, qui assurent le service quotidien vers le Nord-Est de l’Ukraine. Un train hyper-moderne, équivalent de nos TER français. À faire rougir nos désuets trains SNCF ou SNCB. Au centre de la rame (en seconde classe), un bar qui sert tout ce qui est nécessaire à un voyage détendu : café, thé, soupe, sandwich… Le personnel, dans la plus belle tradition de l’Est, n’est pas toujours le plus souriant, mais toujours serviable, présent et efficace.

Dans un train régional, le bar au centre de la rame (© NGV / B2)

Quelques leçons à retenir

Les Européens feraient bien de réfléchir à une nouvelle vision du train comme instrument de liaison stratégique. La disponibilité de locomotives diesel a permis au plus fort de la guerre de continuer d’assurer les liaisons. Et à peine une ville est libérée que le train, les lignes sont rétablies. Entre Kiev et l’Ouest, les trains de nuit ont assuré sans relâche tout d’abord l’évacuation des personnes vers l’Ouest, puis quelques semaines plus tard, le retour de certains chez eux, du moins pour Kiev et sa région.

Un des trains de l’UZ à Chop, près de la frontière hongroise (© NGV / B2)

(Nicolas Gros-Verheyde, envoyé spécial en Ukraine)

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