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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 6 hours 6 min ago

Quand un gouvernement cafouille, c’est Bruxelles qui plonge

Tue, 14/06/2016 - 23:27

Descendre l’escalator pour inaugurer le nouveau « connecteur » de l’aéroport de Zaventem était plus facile que de gérer les attentats (crédit : PM Belge)

(BRUXELLES2) Le gouvernement belge comme la région de Bruxelles s’échinent aujourd’hui à essayer de redorer l’image de Bruxelles, de la Belgique, pour attirer touristes et hommes d’affaires dans la belge capitale… Autant dire que c’est une mission difficile. On peut aimer Bruxelles, son atmosphère, ses habitants… force est de reconnaître que durant plusieurs six mois, de novembre à avril, certains responsables politiques avec des décisions hasardeuses, dignes d’un certain amateurisme politique, ont beaucoup plus fait pour écorner son image qu’aucun attentat. Tels de savants pompiers pyromanes, ils ont, à plusieurs reprises, jeté de l’huile sur le feu, au lieu d’utiliser les extincteurs. Pire, ils sont tombés tête avant dans le piège tendu par les terroristes.

Le principe de l’effet de souffle

Le principe d’un acte terroriste « classique » est, en effet, d’avoir un impact en deux temps. Tout d’abord, l’acte lui même, brutal, sanglant, conçu pour surprendre et faire mal, mais qui reste limité en soi comparé à un acte de bombardement ou de guerre (1). Ensuite, l’effet de souffle qui se prolonge plus ou moins longtemps, dont l’intensité n’est pas identique, mais dont les effets peuvent être tout aussi graves à terme que l’acte lui-même, entraînant un déséquilibre notable. C’est ce qui s’est passé en Belgique. La prise de mesures sidératives, hors du commun, a abouti à cette désorganisation économique, et contribué à cet effet de souffle. Si la Belgique n’est pas tombée, c’est d’abord grâce à sa population, à sa résilience naturelle, à son tissu économique plutôt qu’à des décisions d’un gouvernement au bord de la panique…

1ère erreur : le lockdown après les attentats de Paris en novembre

Après les attentats du 13 novembre au Bataclan et au Stade de France, le risque sur Bruxelles est avéré. Les auteurs des attentats sont des « Bruxellois ». Il faut les rechercher activement. Faute d’autres moyens disponibles, en termes de forces de police, la décision est prise de geler toute l’activité sur Bruxelles. Normalement, cette mesure ne dure pas plus de 12 ou 24 heures, le temps de s’adapter. Ici, elle dure 5 jours. Ce lockdown — mesure extraordinaire qu’aucun pays en Europe n’a pris suite à des attentats directs — produira ensuite des effets en chaîne qu’il sera difficile de rattraper. La baisse d’attractivité touristique qui frappe Bruxelles ensuite et qu’elle subit toujours en est la conséquence directe. (Lire : La gestion de crises du lockdown de Bruxelles : une improvisation totale et surréaliste).

2e erreur : le déploiement des militaires dans la rue, en nombre, et de la façon la plus voyante qu’il soit

Dans la foulée de ce lockdown, se déploient dans la ville des militaires, armés jusqu’aux dents (avec des armes pas tout à fait adaptées à utiliser en zone de haute densité), se déplaçant à bord de véhicules totalement inappropriés en zone urbaine, qu’on verrait davantage en Irak ou en Afghanistan, alors que le risque est vraiment « mineur » (on n’a pas affaire à des engins explosifs improvisés placés à tous les carrefours) mais à de bonnes vieilles bombes à l’explosif voire aux tirs à la Kalachnikov. Même à Paris, en France, où cependant on adore montrer les muscles, la politique gouvernementale a été beaucoup « plus modérée, préférant faire circuler jusqu’à leurs points de patrouille les militaires dans des véhicules « blancs » plutôt qu’en gros half tracks. Ce déploiement en force n’empêchera pas la suite…

3e erreur : le blocage des transports après les attentats du 22 mars à Bruxelles

Là encore on déploie les militaires en nombre et dans le désordre. Tout le métro est fermé durant plusieurs jours. Et on rouvre au compte-goutte les stations avec force contrôles aux entrées si drastiques qu’ils rendent la vie impossible à tous les quidams. Mesure tout à fait exceptionnelle. Pour avoir vécu une telle situation après l’attentat du RER Saint Michel, le 25 juillet 1995, je n’ai pas souvenir d’un tel « arrêt ». Au contraire (2).

En fait de contrôle, ceux-ci tournent court, quelques jours plus tard. Les militaires ne contrôlent rien. Et d’ailleurs ils n’en ont pas le pouvoir (article à suivre). Vous pouvez rentrer dans le métro avec un sac à dos bien chargé sans aucune interception… Les militaires prennent un repos (mérité) avec un sandwich… Il n’y a tout simplement personne pour les relever. L’aéroport de Bruxelles national (Zaventem) fermé durant plusieurs jours le temps de se relever et réparer les dégâts rouvre dans un grand sentiment de bazar. Là encore les contrôles drastiques sont finalement allégés devant la levée de boucliers des autorités économiques notamment. Pas vraiment le genre de mesures qui instaure le respect. Il faudra quasiment un mois pour que l’aéroport revienne à la normale.

4e erreur : le temps des dérapages non contrôlés

Non content de cette improvisation totale, le gouvernement sombre très vite dans une régression infantile du type : « c’est pas moi c’est lui ». Il n’y a même plus besoin d’opposition pour semer le fil de la discorde. C’est de l’intérieur que provient la polémique. Le gouvernement estime qu’il avait donné l’ordre à la STIB (les transports en commun bruxellois) de fermer le métro. La STIB assure n’avoir jamais reçu l’ordre à temps. Une polémique plutôt stérile quand on sait que cela n’aurait pas forcément permis d’éviter les attentats et des victimes (lire : Attentats de Bruxelles : fallait-il arrêter le métro ? Une question théorique). Ensuite on vilipende un (pauvre) policier fédéral en poste en Turquie et l’accuse nommément d’avoir fait un loupé dans ses dossiers. C’est du rarement vu et relativement injuste. Le rôle d’un ministre est d’assumer, même les errements de ses subordonnés (à supposer qu’il y en ait eu en l’occurrence). L’irruption de hooligans néo-nazis sur la place de la Bourse, le 27 mars, en plein hommage aux victimes (lire le Huffington Post) achèvera de démontrer une certaine incapacité du gouvernement à assurer un minimum d’ordre.

5e erreur : l’oubli d’une règle de base

En cas d’acte terroriste, ce qui importe est de très vite faire repartir la vie normalement, comme d’habitude, même si le coeur n’y est pas et les plaies béantes, de vivre comme d’habitude et surtout de ne pas céder à la panique. C’est un principe de base qu’ont adopté toutes les villes frappées par le terrorisme. A Paris 1986, 1995 et 2016, à Madrid 2004, à Londres 2005, tous ont suivi peu ou prou ce même modèle. Parfois en renforçant à l’extrême les mesures de sécurité (type état d’urgence), ils ont toujours veillé à laisser tous les transports publics, commerces et lieux publics ouverts et en « fluidifiant » les mouvements de population. Bruxelles a échappé à cette « règle non écrite ». Elle en paie le prix…

Une succession d’erreurs qui se paie

Une telle succession d’erreurs se paie cash sur la situation économique. Il ne faut pas espérer que cette ambiance délétère ne produise pas d’effets. La Grand Place et alentours était quasi déserte durant le mois de mai, là où elle est bondée d’habitude. Le gouvernement belge dirigé par Charles Michel a commis, en l’espèce, un péché d’orgueil, trop de confiance en soi, une impréparation notoire au plan politique et une méconnaissance de l’esprit de la lutte contre le  terrorisme.

Depuis les attentats du musée juif de Bruxelles en mai 2014, les autorités belges savent qu’elles sont une cible. L’auteur de l’acte n’est pas tout à fait un « loup » isolé comme cela a pu être interprété… La neutralisation de la cellule de Verviers en janvier 2015, est un nouveau signal. Tous les spécialistes le savent désormais. Bruxelles sera, un moment visé. Les seules questions sont : quand, où et comment. Ne pas avoir tiré de ces alertes les conséquences en termes d’organisation gouvernementale, de méthode de gestion de crises est assez incompréhensible…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Les attentats de New York en 2001 sont une exception dans ce caractère « limité ». L’acte de terrorisme, selon moi, doit être distingué clairement de l’acte de guerre même s’ils se superposent parfois et que les responsables politiques se plaisent à les confondre.

(2) Le trafic du RER sera rétabli dès le lendemain. Regarder le journal de France 2 du 26 juillet 1995 (source INA)

EULEX Kosovo rempile pour 2 ans de plus

Tue, 14/06/2016 - 22:55
(B2) Le Conseil de l'UE a étendu, ce mardi (14 juin), le mandat de la mission européenne déployée au Kosovo pour renforcer l'Etat de droit (EULEX) de deux années supplémentaires jusqu'au 14 juin 2018. Cette prolongation intervient alors que la mission a entamé un decrescendo notable, afin de transférer une partie de ses activités soit […]

L’ambassadeur de l’UE en Turquie démissionne. Un motif politique

Tue, 14/06/2016 - 16:15
(B2) Il est rare que la démission d'un chef de délégation de l'Union européenne fasse autant de remous. Le départ d'Hansjorg Haber de son poste de chef de délégation de l'Union européenne en Turquie a pourtant été officialisé par voie de presse, avec fracas. Une démission pour motif personnel... L'intéressé a présenté « sa démission » […]

En 2014 les budgets de défense augmentent ? Pas vraiment…

Tue, 14/06/2016 - 11:48
(B2) Les dépenses de défense de l'Union ont augmenté pour la première fois depuis sept ans, selon le dernier état des lieux de l'Agence européenne de défense. Succès en demi-teinte au vu des différents éléments présents dans le rapport. Si les budgets de défense augmentent cette augmentation est loin d'être encourageante. Les dépenses d'investissement diminuent […]

Carnet (14.06.2016). SEAE (board). COPS (déplacement). Otan (Sga renseignement). Eunavfor Med (résolution NU). Libye (Otan). France (promotion). Suède (coopération Royaume-Uni). Orlando (attentat). Proche-Orient (dénucléarisation). Tests nucléaires ...

Tue, 14/06/2016 - 08:30
(B2) Parus récemment : Go East ! L’OTAN déploie 4 bataillons à ses frontières orientales A l’agenda du Conseil des Affaires étrangères, le 20 juin La réforme des structures de gestion de crises au SEAE continue. En toute discrétion Comment sont financées les missions civiles de la PSDC (fiche) Le commandement européen de transport aérien […]

Go East ! L’OTAN déploie 4 bataillons à ses frontières orientales

Tue, 14/06/2016 - 02:33
(B2) En bon amateur de rock, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, devrait entonner, ce mardi (14 juin), à la manière des Pet Shop boys, un "Go East" convainquant. Les ministres de la Défense de l'OTAN vont, en effet, endosser la décision de déployer de façon quasi-permanente plusieurs milliers d'hommes sur les frontières orientales de […]

A l’agenda du Conseil des Affaires étrangères, le 20 juin

Mon, 13/06/2016 - 10:32
(BRUXELLES2) Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE, lundi (20 juin), doit adopter la décision sur l'extension du mandat de l'opération maritime en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia) au contrôle de l'embargo sur les armes et la formation des garde-côtes. Le Conseil aura quatre sujets "politiques" à l'agenda : 1. la politique intégrée […]

La réforme des structures de gestion de crises au SEAE continue. En toute discrétion

Mon, 13/06/2016 - 07:00
(B2 - exclusif) La réforme des structures de gestion de crise entamée fin 2013 — et jamais terminée — ressurgit. Très discrètement, car il s'agit de ne pas semer de "troubles" juste avant le référendum britannique. Une note est sur le bureau de la Haute représentante. Elle a commencé d'être examinée, informellement, par les ambassadeurs […]

Comment sont financées les missions civiles de la PSDC (fiche)

Sun, 12/06/2016 - 10:37
(B2) Les missions civiles de la PSDC sont financées en grande partie sur le budget communautaire. Mais elles ne représentent qu'une part limitée de ce budget (1‰) Financement mixte C'est la ligne du budget PESC (1) dans la rubrique 4 qui assure le financement des missions civiles de l'UE. Une partie du budget est cependant […]

Le commandement européen de transport aérien (EATC)

Sat, 11/06/2016 - 17:55
(B2) Pour mettre en commun leur flotte aérienne de transport militaire, des pays membres de l'Union ont créé le commandement européen de transport aérien (EATC). Cette institution au commandement intégré, a pour but de renforcer les capacités opérationnelles des nations participantes et d'améliorer l'efficacité du transport aérien dans différents domaines. L'origine C'est le couple franco-allemand […]

Nouveau sauvetage en Méditerranée

Fri, 10/06/2016 - 23:19

A bord du Phoenix des ONG, un membre de la croix-rouge italienne (crédit : CRI)

(BRUXELLES2) Nouvelle journée difficile en mer Méditerranée pour les sauveteurs. Vendredi (10 juin), l’avion luxembourgeois Merlin III a repéré plusieurs canots pneumatiques surpeuplés à 20 milles nautiques au large du port de Garabuli (en Libye). Une alerte répercutée en chaîne du QG de  la Force de l’opération Sophia à bord du porte-aéronefs italien Garibaldi et au centre de coordination du sauvetage en mer (IMRCC) à Rome.

Le navire océanographique britannique HMS Enterprise a pris en charge 523 migrants à bord de 4 canots pneumatiques tandis que le navire auxiliaire allemand FGS Frankfurt faisait de même pour 3 canots pneumatiques supplémentaires transportant 293 personnes. D’autres canots ont ensuite été repérés par l’hélicoptère AB 212 de la frégate espagnole Reina Sofia.

Les personnes prises à bord du HMS Enterprise ont ensuite été transférées sur le navire norvégien Siem Pilot de l’opération Triton. Le FGS Frankfurt s’est dirigé vers le port de Messine (Sicile) après avoir pris en charge 243 migrants, sauvées par le Phoenix, navire affrété par les ONG, lors de deux opérations de sauvetage consécutives jeudi (9 juin).

Au dernier bilan dressé par le QG de l’opération Sophia (EUNAVFOR MED) à Rome, 71 passeurs et trafiquants présumés ont été poursuivis par les autorités italiennes. Et 139 bateaux (109 canots pneumatiques, 27 bateaux en bois, 3 navires de pêche) ont été détruits. Depuis son lancement en juin 2015, l’opération militaire européenne a pris en charge directement 15.600 personnes lors de 95 interventions et contribué au sauvetage de 32.334 migrants supplémentaires par d’autres moyens (garde-côtes italiens, Frontex, ONG).

(NGV)

Carnet (10.06.2016). Agenda du COPS. Côte d’Ivoire (Sanctions). Ban Ki Moon (Casques bleus). Coalition Daesh (Italie). Maintien de la paix (ONU). Suède (budget défense, coopération USA). Danemark (JSF F-35). Macédoine (OTAN). Haiti (MOE). Israël ...

Fri, 10/06/2016 - 19:05
(B2) Parus récemment : Le Coreper, instance de tous les compromis EUCAP Libya, la mission de soutien à la police et justice libyenne, se prépare Et sur le blog : A Berbera, un centre de contrôle maritime s’ouvre © Confidentiels PESC /  PSDC © A l'agenda du COPS. Les ambassadeurs du COPS ont eu  jeudi […]

Le Coreper, instance de tous les compromis

Thu, 09/06/2016 - 16:59
(B2) Le Comité des Représentants Permanents (COREPER) est l'instance principale au plan européen. Regroupant les ambassadeurs des Etats Membres auprès de l'Union, ou représentants permanents (les "RP" en langage courant), il prépare tous les travaux et décisions du Conseil des ministres. Créé dès les débuts de la CEE dans une décision du Conseil le 25 janvier […]

EUCAP Libya, la mission de soutien à la police et justice libyenne, se prépare

Thu, 09/06/2016 - 12:05
(B2) L'Union européenne s'apprête à mettre en place une nouvelle mission menée au titre de la PSDC en Libye. Reprenant une partie des missions de EUBAM Libya, cette mission devrait se transformer en une mission plus générale de soutien aux capacités de la police et de la justice criminelle libyenne, de type EUCAP, en prenant […]

Carnet (09.06.2016). EUNAVFOR Atalanta (chef). QG Naples (chef) Renforcer la PESC (Plevneliev). Diplomatie culturelle (UE). Etude d’impact (EDA). Pays-Bas (budget). Substances chimiques (EDA). Capacités spatiales. Libye (stabilisation). Tunisie (aide...

Thu, 09/06/2016 - 11:05
(B2) Parus récemment : La plate-forme de soutien aux missions se met en place. Un pis-aller ? Détails… La Commission propose un nouveau pacte sur l’immigration aux pays tiers On recrute dans les missions PSDC Et sur le blog : Anakonda 16. Les « Grosses » manoeuvres sont de retour. Dissuasion ou gesticulation ? © Confidentiels PESC […]

A Berbera, un centre d’opérations maritimes s’ouvre

Thu, 09/06/2016 - 07:12

(Crédit: EUCAP Nestor)

(BRUXELLES2) Un « centre d’opérations » pour la sécurité maritime a été inauguré fin mai à Berbera, sur la côte somalienne, dans le Somaliland (1). Le résultat du travail de la communauté internationale (ONU / UE notamment pour lutter contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique. Un effort auquel l’Union européenne a participé financièrement mais aussi la Belgique et la représentation de Taipei (Taiwan) en Europe (2).

Objectif: sécuriser les eaux somaliennes

Le centre sera utilisé par la Garde côtière du Somaliland. Et du personnel de la fondation « Oceans Beyond Piracy » (OBP) viendra en renfort à différentes périodes de l’année. L’objectif est de renforcer « de plus en plus » la sécurité dans les eaux somaliennes « pour le trafic maritime » et de contribuer « à la lutte contre la pêche illégale, la piraterie et d’autres crimes maritimes », indique-t-on à EUCAP Nestor.

Des opérateurs formés par EUCAP Nestor

Le personnel du centre a été formé par les Européens de la mission de soutien à la Somalie (EUCAP Nestor) et de l’opération anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta. Une formation centrée sur les procédures de communication maritimes et les bases de la connaissance de la situation maritime et le partage de l’information (Lire : Formation à Berbera pour la garde côtière somalienne). Cette formation devrait continuer, au long terme, avec des sessions d’encadrement (mentoring).

Un modèle à suivre

S’il s’agit du premier centre ainsi mis en place en Somalie, ce n’est pas le dernier. Le travail pour l’ouverture d’un second centre « commencera dès l’automne 2016 » annonce la mission EUCAP Nestor.

(LH)

(1) Province autonome située au nord de la Somalie qui a déclaré son indépendance en 1991.

(2) Un apport que l’UE s’est très bien gardée de mettre en avant dans son communiqué

Anakonda 16. Les « Grosses » manoeuvres sont de retour. Dissuasion ou gesticulation ?

Wed, 08/06/2016 - 23:01

Depuis mardi, Toruń et ses environs sont devenus le théâtre d’une des « plus grandes opérations aéroportées » de l’OTAN sur le territoire polonais. (crédit : MOD Pologne)

(B2) Le bon vieux temps des grosses manoeuvres militaires. De part et d’autre d’un rideau de fer invisible, on s’acharne à montrer ses muscles, avec force tanks sur les routes, parachutes et avions dans les airs, et navires sur les mers. L’exercice Anakonda 16 / Swift Response-16 qui se déroule depuis mardi (7 juin) en Pologne et durera toute la semaine en est la preuve (1).

A l’Alliance atlantique, et en Pologne encore moins, on ne se cache à peine que cet exercice est dirigé contre un adversaire : la Russie. Le scénario ne laisse d’ailleurs aucun suspense sur l’origine de l’agression. Une « Union des Rouges » a ciblé les pays baltes et nord de la Pologne. « L’union des Bleus » doit réagir (2). Avec 30.000 soldats mobilisés, environ 3000 véhicules, 12 navires et une centaine d’avions et hélicoptères, Anakonda 16 est présenté comme le plus important exercice des forces alliées depuis la chute du mur de Berlin en 1989.

24 pays y participent. Le gros des effectifs est cependant fourni par les Polonais (plus de 12.000 militaires) — car cet exercice est avant tout un exercice national — et les Américains (14.000 têtes). Les autres pays ont fourni des troupes mais en nombre plus modeste, de la taille d’un bataillon environ : 800 Britanniques, etc. L’important, c’est comme aux JO, il faut participer.

Une vertu l’interopérabilité, un message : à Moscou

Cet exercice – comme tous les exercices militaires – a une vertu : tester l’interopérabilité des différentes forces nationales et alliées, dans une opération d’envergure. Mais le message est essentiellement politique : il s’agit de dire à Moscou « attention! : les Alliés s’entraînent et sont prêts à défendre leurs alliés ». Ce qu’au siège de l’Alliance, à Bruxelles, on appelle des « mesures de réassurance ».

Guerre froide ou méfiance armée ?

Si le parallèle avec la guerre froide vient immédiatement à l’esprit, on ne peut cependant utiliser la même terminologie. Car d’une part les frontières sont tout de même plus ouvertes qu’à l’époque. D’autre part, tous les ponts ne sont pas coupés avec Moscou. La coopération est même de règle sur plusieurs terrains : sur le nucléaire l’Iran, voire même en Syrie…

Mais il y a, sans conteste, une « méfiance armée ». Car le Kremlin l’a prouvé en 2014 en Ukraine, et auparavant en 2008 en Géorgie, il ne rechigne pas à envoyer ses chars et ses hommes commandos faire le coup de main et intervenir militairement dans les pays qui lui sont proches pour les dissuader de filer trop à l’ouest.

Dissuasion ou gesticulation ?

On peut cependant se poser la question de savoir quelle est la valeur réelle de dissuasion de cet exercice qui ressemble tout autant à un exercice à destination de la population nationale qu’à l’égard de la Russie voisine. Si l’armée polonaise arrive à montrer ses muscles, se veut très forte sur son sol, la réalité semble légèrement différente. Après des années d’engagement en Irak et en Afghanistan, les Polonais sont aujourd’hui fort peu présents dans les opérations extérieures : que ce soit en coalition en Irak-Syrie, dans les missions de formation de l’UE au Mali, en Somalie ou en Afrique. Cette absence, elle-même, n’est-elle pas la marque d’une certaine faiblesse ?

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Cet exercice n’est pas le seul au mois de juin. Dans la foulée démarre en Estonie l’exercice « Saber strike » avec 10.000 militaires pour tester les capacités opérationnelles sur le terrain.

(2) Cette dénomination Rouge/Bleu/Vert ne date pas d’hier. Tous les exercices otaniens sont fondés sur une même dénomination de couleur : le rouge désignant l’ennemi, le bleu l’ami, le vert le neutre. Lire notre glossaire

Un Français soupçonné de préparer des attaques terroristes durant l’Euro arrêté en Ukraine

Mon, 06/06/2016 - 20:59

arrestation (crédit : SBU)

(B2) Le service de la sécurité ukrainienne (SBU) a arrêté près de la frontière polonaise, à l’ouest de l’Ukraine, un Français soupçonné d’avoir planifié une série d’attentats terroristes en France avant et pendant le Championnat d’Europe 2016. L’arrestation a eu lieu fin mai. Mais l’information n’a été communiquée par le SBU que ce lundi (6 juin). Pas peu fiers les services ukrainiens ont mis en ligne une vidéo où on voit l’homme préparer son matériel.

Un véritable arsenal

L’homme disposait d’un véritable arsenal : cinq fusils Kalachnikov avec 1080 cartouches pour chaque arme, deux lance-grenades antichar RPG-7, 125 kilogrammes d’explosif TNT, 120 détonateurs électriques Balaklava.

Un individu repéré en décembre

En décembre dernier, le renseignement ukrainien (SBU) avait repéré ce citoyen français qui, à l’est de l’Ukraine « essayait d’établir des contacts avec des militaires ukrainiens » proposant son aide bénévole. Il est revenu en Ukraine en avril et a été contrôlé par les services ukrainiens en train de tester des armes et des explosifs.

Un extrémiste de droite ?

Selon les renseignements diffusés par la sécurité ukrainienne, les motivations de l’homme ressortent davantage d’une hostilité à l’Islam et à l’émigration que celles d’un Français converti à l’islamisme. Le Français a parlé « en termes négatifs de la politique d’émigration massive du gouvernement français, de la propagation de l’Islam et de la mondialisation du monde ». Il a également dit « le désir de commettre une série d’attentats terroristes en signe de protestation ».

NB : les SBU successeurs du KGB / FSB russe sont en passe de se réformer, soutenus par des experts européens d’EUAM Ukraine. Lire l’article réalisé lors de mon reportage en nov. 2014 à Kiev : Les « Services » ukrainiens : faire la guerre et réformer, en même temps

(NGV)

Mogherini préparerait dans le grand secret une armée européenne. Du calme !

Fri, 03/06/2016 - 22:30

Il y a bien un QG européen qui fonctionne… à Northwood au Royaume-Uni… le QG de l’opération EUNAVFOR Atalanta. Et c’est tout le paradoxe : il n’y a pas de QG européen à Bruxelles. Un manque. Ici le Contre amiral suédois de l’opération Atalanta Jonas Wikström reçoit le chef d’état-major de la marine pakistanaise Muhammad Zakaullah (crédit EUNAVFOR Atalanta)

(BRUXELLES2) La future « Global Strategy » que prépare l’équipe de Federica Mogherini devrait renforcer les projets d’une armée européenne à lire The Times récemment. Selon mon collègue, Bruno Waterfield, correspondant à Bruxelles du célébrissime quotidien britannique :

EU army plans kept secret from voters

Federica Mogherini, head of foreign policy in the EU, has spent 18 months preparing a defence document for discussion by European leaders at a summit on June 28.

Steps towards creating a European army are being kept secret from British voters until the day after next month’s referendum.

The plans, drawn up by the EU’s foreign policy chief, foresee the development of new European military and operational structures, including a headquarters. They are supported by Germany and other countries as the first step towards an EU army.

Similar proposals were vetoed by Britain in 2011, although there are concerns that a loophole could allow nine states to group together and bypass opponents…

A lire le titre, l’Union européenne préparerait donc le ferment d’une armée européenne. Tout cela en « grand secret des citoyens ». Qu’en est-il en réalité ?

L’armée européenne est un projet européen préparé à Bruxelles ?

Faux. Soit j’ai loupé un épisode dans l’intégration européenne. Soit il y a une légère exagération due à l’ambiance de la campagne outre-Manche. Je couvre depuis plusieurs années les questions de défense au plan européen. Et je ne suis pas vraiment sûr que les Européens aient commis ce genre d’audace. A Bruxelles, il est généralement interdit de prononcer ce mot-là. Sorte de gros mot de la pensée européenne. Et il n’y a que Jean-Claude (Juncker) pour, de temps en temps, ressortir ce mot (voir plus loin). Dans la foulée de la campagne, les titreurs du Times se sont un peu enflammés. D’ailleurs quand on lit le corps de l’article (tout l’article), il est beaucoup moins éloquent que le titre, même si il y a un ou deux éléments (largement suggérés), à une série d’informations tout à fait exactes (2). Quoi qu’il en soit, il faut rester les pieds sur terre et regarder la réalité en face : il n’y a pas de projet d’armée européenne préparé à Bruxelles.

Y-a-t-il un projet quelconque d’action autonome de l’UE ?

Oui. Il y a bel et bien le projet d’indiquer dans la Stratégie, une certaine ambition à la politique de sécurité et de défense commune européenne, la renforcer avec des capacités communes, des moyens autonomes de direction — comme un quartier général européen —, d’avoir un financement plus adéquat, etc. La terminologie n’est pas encore fixée. Et justement elle est encore en discussion à Bruxelles. Le point « PSDC » étant encore un point « litigieux » comme l’a confié à B2 récemment un ambassadeur d’un pays.

Est-ce un document secret ?

Tout à fait Vrai. Notre collègue britannique a raison. Il y a un secret volontairement bien gardé chez la Haute représentante. Federica Mogherini a pris toutes ses précautions, désignant une de ses proches, Nathalie Tocci, pour piloter cette stratégie. L’objectif était d’éviter que la « Stratégie Globale » soit « prise à partie dans la campagne référendaire britannique » a confirmé à B2 plusieurs diplomates européens.

Les ambassadeurs des 28 Etats membres, pour préparer la réunion des ministres des Affaires étrangères, début mai, n’avaient ainsi été autorisés qu’à « lire » le document (ils avaient été privés de téléphone ou enregistreur). Ils n’ont pu l’emporter avec eux. Chacun avait droit seulement à emporter deux bonnes feuilles uniquement.

Une tactique qui a totalement foiré… Garder le secret sur un document, qui est communiqué à plusieurs Etats membres, à certains conseillers, durant une période de plusieurs mois, est une gageure à Bruxelles. Quand certains ont intérêt à le faire fuiter, cela devient un jeu. Le secret aiguille l’attention plus sûrement qu’un document disponible.

Est-ce nouveau ?

Non. A Saint Malo, déjà, un certain Tony Blair, de concert avec Jacques Chirac (en 1998 !) disait :

« l’Union doit avoir une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles, avec les moyens de les utiliser et en étant prête à le faire afin de répondre aux crises internationales »

C’était il y a longtemps. Le temps a passé. Les volontés se sont émoussées… Mais renforcer la PSDC (la politique de sécurité et de défense commune), avoir des capacités communes, etc. est un leitmotiv, répété régulièrement, dans les conclusions du Conseil européen ou des réunions des ministres de la Défense. Avec plus ou moins d’ambition. Ces dernières années, c’était plutôt le « moins » que le « plus » qui dominait. Mogherini, fidèle à sa propre volonté politique, veut redonner un peu de couleur à cette PSDC, endormie, et la doter d’un « vrai » quartier général.

Un QG européen est-il utile ?

Oui. Il n’y a pas actuellement de tel QG à Bruxelles. A chaque opération on est obligé de mettre en place un nouveau quartier général d’opération, avec souvent une perte de temps ou d’expérience. De temps en temps, ressurgit cette question. Ce projet soutenu par le Parlement européen et de nombreux pays s’est toujours heurté pour l’instant à l’hostilité du Royaume-Uni. La dernière fois, en 2011, David Cameron avait clairement brandi à un veto (lire : Seul contre tous, Londres bloque l’idée d’un QG européen).

L’idée d’un QG opérationnel à Bruxelles peut-elle entrer en vigueur, simplement parce que c’est inscrit dans la Stratégie globale ? Quelle est la valeur de cette stratégie ?

Tout dépend de la volonté des Etats membres. Ce n’est pas parce que c’est inscrit dans la stratégie que cela entrera en vigueur et, a contrario, ce n’est parce qu’une action ou un projet ne figure pas cette stratégie, que ce n’est pas réalisable (3). Dans le passé, les Européens ont régulièrement affiché leur volonté de renforcer leur défense. Et les Britanniques ont signé, voire ont été à l’initiative de ces documents (même s’ils en ont bloqué d’autres). Donc il faut se méfier de ce type de déclarations, sans lendemain. La « Global Strategy » est un simple « linéaire » de la pensée politique du moment, sans plus d’importance que la conclusion d’un conseil des ministres ou un sommet européen (4). Si l’idée d’un QG était inscrit, ce serait cependant un signal politique dont pourrait se saisir la Haute représentante de l’UE pour commencer les travaux d’exécution de ce projet.

Le Royaume-Uni peut-il s’opposer à ce projet ?

Bien sûr. Les Etats membres gardent la haute main sur toutes les décisions en la matière. Il suffit qu’un d’entre eux s’y oppose. Et le projet tombe à l’eau. L’unanimité est de règle en matière de défense… Sauf à trouver une astuce juridique ou politique pour contourner le veto (lire : Un QG militaire pour pas cher, c’est possible).

Ce QG à Bruxelles serait-il le point central de tous les commandements européens ?

Même si un quartier général est établi à Bruxelles, il restera toujours la possibilité aux 28 de choisir un autre quartier général d’opération : dans un Etat membre ou en recourant à celui de l’OTAN. Mais si les Britanniques décident de quitter l’Union européenne, ce projet, pour l’instant hypothétique, a une chance très réelle de voir le jour. C’est le paradoxe de la situation…

Le QG ou le renforcement de la PSDC est-il l’embryon d’une armée européenne ?

Non. On en est loin. On parle d’une capacité autonome de gestion de crises permettant d’avoir à Bruxelles la possibilité de « conduire » les opérations militaires décidées au niveau de l’Union européenne et uniquement en son sein. Pas question d’aller faire de la défense territoriale, de commander les opérations de l’OTAN – qui a son propre centre de commandement – ou de faire le gendarme du monde… et encore moins de s’immiscer dans le fonctionnement des armées nationales. Il s’agit, en fait, de conduire quelques missions de maintien de la paix en Afrique ou ailleurs. Au total, cela pourrait représenter, quelques dizaines (100 maximum) d’officiers présents à Bruxelles. On est loin de l’armée européenne (et même du nombre d’officiers à l’OTAN).

Les Chefs d’Etat et de gouvernement en discuteront-ils le 28 juin ?

Pas tout à fait. Il est prévu que la « Stratégie Globale » soit approuvée par les 28 Chefs d’Etat et de gouvernement, lors de leur sommet de fin juin. Mais, du bout des lèvres. « On discute pour savoir si elle sera « saluée » ou « endossée », « reconnue » » a expliqué à B2 un diplomate européen. Mais il ne sera pas vraiment discutée. Il s’agit d’un « document de la Haute représentante » (Lire aussi : Un lunch pour la Stratégie globale de l’UE). Maintenant si les leaders veulent se saisir de la question, ils peuvent toujours en discuter. C’est le principe même de ces sommets à 28.

Mais l’idée développée dans l’équipe de Donald Tusk, le président du Conseil européen, comme de Federica Mogherini, est de ne pas en faire un sujet de discussion en soi. Le résultat du référendum du 23 juin donnera évidemment une tonalité autre au sujet selon que Cameron grand vainqueur ou grand vaincu. Et les « Chefs » auront peut-être d’autres chats à fouetter avec la crise des réfugiés et des migrants au large de l’Italie qui devient un « vrai » problème…

N’y-a-t-il pas quand même d’autres idées d’une armée européenne ?

Non pas de façon concrète. Bien sûr, certains pensent, à terme, qu’une armée européenne serait une bonne chose, à commencer par Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, et ancien Premier ministre Luxembourgeois (la nationalité, dans ce genre de questions, n’est pas neutre). Mais on se situe plutôt à un horizon de 10 ou 20 ans.

Une idée partagée quasi-officiellement à Berlin, et dans quelques pays prêts à « monter dans le bateau ». Dans les armées de l’Europe du centre, on se dit que face à l’érosion des budgets, quasiment irrattrapables aujourd’hui (lire : Consacrer 2% du Pib à la défense ? Combien va coûter ce nouveau Graal ?), il faut avoir un noyau dur militaire.

En quoi consisterait ce noyau dur européen, qui regrouperait-il ?

Il s’agit davantage pour certains pays (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, mais aussi Tchéquie ou Italie …) qui ont une politique de défense assez semblable – peu interventionniste, s’engageant davantage dans des actions de coalition (type ONU, UE ou OTAN voire ad hoc), avec un risque limité dans l’engagement, et un contrôle parlementaire sévère, – de trouver des modalités de coopération.

A supposer qu’il y ait un projet structuré — on n’en est pas là… —, dans quelques capitales on travaille plutôt, pour l’instant, à des rapprochements structurels avec des unités bi nationales, en matière maritime ou terrestre entre Allemands et Néerlandais (Lire : Ursula et Jeanine sur un bateau et Rapprochement maritime germano-néerlandais), au niveau maritime et aérien entre Belges et Néerlandais (Lire : Le Benelux aura une surveillance aérienne conjointe. Traité signé. Une première en Europe), en matière d’entraînement et de zone aérienne entre Tchèques et Slovaques, etc.

Hormis le QG européen, quels sont les autres projets à Bruxelles qui sont intéressants pour la Défense européenne ?

Hormis la mise en place d’un QG européen, qui est une bataille très symbolique, plusieurs autres projets sont intéressants à suivre à Bruxelles : la future mission de sécurisation en Libye (Lire : Les Européens envisagent une mission de soutien à la police et la justice libyenne), la restructuration de l’organigramme de l’outil de gestion de crises au Service diplomatique européen (abandonnée pour l’instant), la mise en place d’attachés de sécurité ou terrorisme dans les délégations de l’UE, la future plate-forme de soutien aux missions civiles de la PSDC (lire : Un nouvel instrument pour faciliter la gestion des missions civiles de la PSDC), l’action préparatoire sur la recherche préparée par la Commission européenne prélude à un futur cadre de recherche sur la défense (lire : La recherche de défense européenne en panne d’investissement), le nouvel instrument « sécurité et développement » en discussion (CBSD), etc.

Rien qui ne préfigure l’armée européenne d’aucune façon mais permettent de renforcer ce qui manque aujourd’hui aux Européens : leur capacité d’agir en commun pour renforcer leur défense et la stabilisation dans leur voisinage.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Une armée pour l’Europe propose Juncker : est-ce intéressant, est-ce réalisable ?

Sur le QG européen :

(1) Traduit officiellement par ‘stratégie globale’ et non ‘stratégie mondiale’. Allez comprendre…

(2) Bruno Waterfield, présent depuis de longues années à Bruxelles est un très bon journaliste (et de surcroit un excellent collègue) et connait bien le fonctionnement bruxellois .

(3) Personne n’avait prévu en 2003 – lors de l’élaboration de la dernière stratégie sur la sécurité de l’UE – d’avoir une opération maritime contre la piraterie. Et pourtant, cinq ans plus tard, l’Union européenne se retrouve engagée dans l’Océan indien, loin de ses bases, dans une action qui demeure aujourd’hui un modèle.

(4) Personnellement je ne suis pas un grand fan de ces réflexions stratégiques qui emballent le « tout Bruxelles », embrument l’esprit mais sont oubliées sitôt le stylo posé. Lire : Une stratégie ne fait pas le printemps !

 

Opération Sophia, aide humanitaire… L’action de l’UE en Libye critiquée par l’ONU

Fri, 03/06/2016 - 06:15

Entre Kobler et Mogherini, la prochaine rencontre à New York risque d’être moins souriante (Crédit: Commission européenne / archives B2, février 2016)

(BRUXELLES2) Il y a de l’eau dans le gaz dans les relations entre l’ONU, certains responsables libyens, d’un côté, et l’Union européenne de l’autre. Tour à tour, Martin Kobler, l’envoyé spécial de l’ONU, l’agence de presse de l’ONU, l’IRIN, et plusieurs responsables libyens ont pointé du doigt, l’action de l’Union européenne, notamment l’opération Sophia, inefficace, selon eux. Une critique autrement plus sévère et argumentée que celle des Lords il y a quelques jours qui était somme toute assez plate (lire : Une torpille des Lords sur EUNAVFOR Med. L’échec de qui ?).

Sophia, un appel d’air selon l’ONU

Dans une interview au Journal, dimanche (29 mai), l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Martin Kobler, a, en effet, sévèrement critiqué l’inefficacité de l’opération EUNAVFOR MED / Sophia « Elle crée un appel d’air! Elle ne patrouille pas dans les eaux territoriales libyennes. Les passeurs mettent donc les migrants dans les bateaux et ne leur donnent même plus l’essence suffisante pour aller jusqu’à Lampedusa. Ensuite, ils appellent le numéro d’urgence en Italie leur disant : « Eh, préparez-vous, 500 vont arriver! » » Federica Mogherini et Martin Kobler doivent se voir lundi 6 juin à New York. Un café suffira-t-il à résoudre le problème ?

Un porte-parole de la marine libyenne dénonce

Une position reprise par plusieurs acteurs de la scène libyenne qui s’expriment, ce mercredi 1er juin par l’intermédiaire de l’IRIN, l’agence de presse de l’ONU, dans un article très critique. Un porte-parole de la marine libyenne, notamment rend responsable l’Opération Sophia de l’augmentation du flux de migrants qui se lancent en Méditerranée pour rejoindre l’Europe. « Tous les « bateaux » de migrants ont des téléphones par satellite et GPS. Avant, ils devaient atteindre les eaux italiennes pour faire un appel de détresse. Maintenant ils commencent à faire l’appel de SOS dès qu’ils quittent les eaux libyennes. » Bref, l’UE faciliterait presque la tache des trafiquants selon l’ONU.

Le soutien aux garde-côtes libyens ridiculisé

Si le nombre de migrants arrivés en Italie, pour le moment, reste au niveau des chiffres de 2015, il pourrait même diminuer. Comme l’explique le journaliste de l’IRIN, le nombre de bateaux interceptés dans les eaux libyennes augmentera, dès que commencera la formation des garde-côtes libyens par l’UE (Lire : Deux nouvelles tâches pour l’opération EUNAVFOR MED SOPHIA. Feu vert des 28). Mais l’ironie apparait rapidement. Remettant en cause l’utilité de cette formation, l’article de l’IRIN parle d’un « coup de publicité ». Pour le porte-parole de la Marine libyenne, les Libyens et peuvent s’entrainer seuls. Ce qui manque est juste un problème d’équipement. « Nous travaillons avec presque rien. Et nous avons besoin de tout ce que vous pouvez imaginer : bateaux, radars, radios, uniformes. Littéralement tout » insiste le marin, laissant entendre que cela n’entre pas dans le plan de l’UE. 

Le problème du retour des clandestins pas réglé

Selon l’IRIN, « l’offre de soutien de l’UE échoue également à aborder la question de ce qui arrive aux migrants une fois qu’ils sont capturés et renvoyés en Libye ». C’est le responsable du Département de lutte contre l’immigration illégale, le colonel Mohamed Abu Breda, qui le dit. Selon lui, depuis 2011, « l’UE a laissé la Libye régler le problème des migrants seule » explique-t-il. « L’UE et les Italiens ont fait beaucoup de visites et se sont engagés à aider la Libye. Mais malheureusement, tout ce que nous avons reçu, ce sont des promesses vides, et aucune action. »

(LH)

Les camps de réfugiés débordent déjà…

3500 migrants tentant de prendre un bateau ont été arrêtés sur les côtes libyennes entre le 22 et le 28 mai. 850 seraient  morts en mer, dans une série de naufrages, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Le responsable de l’ONG en Libye, Othman Belbeisi, averti. « La capacité des centres de détention est sévèrement mise à l’épreuve, en particulier celui de al- Zawyia » qui accueille plus de 2000 personnes alors que sa capacité est de 1000. Son directeur désespère. « La semaine prochaine nous ferons face à un problème très important. Je ne sais pas comment je vais le gérer. »

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