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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 11 hours 37 min ago

Excursion au sommet pour Borrell et Jansa, pour le fun, les photos… et la politique

Mon, 05/07/2021 - 18:28

(B2) Alors que dans la vallée, la polémique enflait entre la Commission européenne et la présidence slovène de l’UE, le premier ministre slovène, Janez Jansa, a emmené le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell en balade dans les montagnes slovènes

J. Borrell, U. Bacovnik (la femme de J. Jansa) et J. Jansa (crédit : twitter Jansa)

La randonnée en montagne

Josep Borrell durant la montée dans les passages pierreux (crédit : twitter Jansa)

Objectif : le plateau de Kredarica et le refuge Triglavski. Une montée assez exigeante, sur un chemin aménagé et balisé, avec des phases rocheuses, de type via Ferrata, cotée T2 à T4 dans les topos de montagne (selon l’endroit d’où l’on part). Le premier ministre slovène aime ces randonnées en montagne. Son dernier invité de marque : Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE. Le tout documenté par de nombreuses photos diffusées par le compte twitter du slovène. Une habitude. En septembre dernier, il avait ainsi convié son homologue autrichien Sebastian Kurz à venir crapahuter en montagne, comme le raconte le site d’actualité slovène siol.net.

Une discussion très politique

La rencontre entre les deux hommes, l’un socialiste, l’autre passé dans les rangs conservateurs, apparemment sympathique d’après les images diffusées par le Slovène, peut paraitre surprenante. Mais elle a plusieurs fondements très réels. Les deux hommes ont un riche passé politique et peuvent se dire certaines choses. Le vice-président de la Commission européenne était, là, certainement pour faire passer un message, amadouer un peu Janez Jansa le temps de la présidence slovène. Mais il y avait aussi nombre de sujets diplomatiques à évoquer, à commencer par les Balkans. Le chef de la diplomatie européenne tient aussi à éviter toute politique parallèle de Ljubljana dans le dialogue Belgrade-Pristina, du type initiative visant à redessiner les frontières de la région.

« [Nous avons eu] un échange ouvert et approfondi d’opinions et de points de vue sur les questions les plus urgentes de la politique étrangère et de sécurité de l’UE » raconte Janez Jansa. Entre autres : le Sahel, la Méditerranée, la question migratoire, les Balkans, l’élargissement, le voisinage oriental et l’État de droit.

J. Jansa et J. Borrell à la table du refuge, l’un des plus grands de Slovénie (crédit : twitter Jansa)

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Task-force Takuba : les Européens sont là. Ils ont pris conscience du danger au Sahel (Florence Parly)

Mon, 05/07/2021 - 16:05

(B2) La ministre des armées, Florence Parly, indique combien elle mise sur les Européens pour prendre le relais. Elle donne aussi des précisions sur le soutien américain. Autres sujets tensions avec la Turquie ou en mer Noire

Florence Parly lors de l’échange avec les journalistes ‘défense’ (© NGV / B2)

Un propos qui intervient juste avant l’annonce officielle vendredi (soir) 2 juillet, de la reprise de sa coopération avec l’armée malienne (cf. encadré).

Au Mali et Sahel

La Task-force Takuba peine à monter en puissance. Les Européens semblent peu mobilisés ?

—  Je ne partage par la vision selon laquelle peu d’Européens sont là. Le déploiement se déroule à un bon rythme. Aujourd’hui, quatre pays sont déjà sur le terrain (Estoniens, Suédois, Tchèques et Italiens [NB : qui arrivent] ainsi que quelques Portugais). Les Roumains vont nous rejoindre avec une cinquantaine de militaires [NB : au dernier trimestre 2021]. Et les Danois [début 2022]. [Certes] Cela suppose beaucoup de dialogue avec nos partenaires européens. [Mais] les Européens ont pris conscience du danger qui existe au Sahel.

Vos partenaires européens vous ont-ils fait part de leurs réticences après le coup d’État ?

— À ce stade, je ne vois pas d’inflexion, ni de réticence ou remise en cause de la part de nos partenaires, liée à la situation — le coup [d’État] dans le coup [d’État].

Quel sera l’avenir de Takuba dans le nouveau dispositif. Y aura-t-il un changement ?

— Il y aura une place majeure de Takuba dans les prochains mois et années, dans le cadre de la transformation et de la réarticulation du dispositif Barkhane. [Mais] il n’y a pas de changement de la vocation de Takuba qui est d’accompagner au combat les forces maliennes. Il y aura un changement progressif d’échelle. Takuba n’a pas vocation à se battre à la place des Maliens. Notre principal chantier est d’organiser la disponibilité de ces unités. Trois groupes sont actuellement constitués avec les forces maliennes [les ULRI]. Deux autres, les quatrième et cinquième, sont en cours de constitution. La transformation de Barkhane ne signifie pas notre départ du Sahel ou que nous allons diminuer les opérations contre les terroristes au Sahel.

Le soutien américain a-t-il été confirmé ?

— Oui. Les Américains nous soutiennent. [Le Secrétaire d’État] Antony Blinken l’a confirmé. Une confirmation importante. Les moyens ISR (intelligence, surveillance et reconnaissance) ou les drones, les capacités de ravitaillement en vol, le transport aérien… le soutien américain détermine de façon notable notre capacité à agir.

Huit ans après, on a l’impression de ne plus trop bien cerner l’objectif, le but de la guerre ?

— L’objectif n’a pas changé, c’est la lutte contre terrorisme. Celui-ci n’a pas disparu. Le fait que les groupes terroristes n’aient pas été en mesure d’organiser et projeter une opération sur le territoire national ne signifie pas que ces groupes ne sont pas dangereux, et ne puissent envisager de le faire. […] Nous avons une responsabilité : sécuriser le flanc sud de l’Europe, éviter que le Sahel ne devienne une zone refuge voire d’expansion de groupes terroristes, des groupes affilés aux organisations internationales… C’est une menace pour nous et pour les Européens. C’est une vraie raison pour poursuivre les opérations. Car pendant ce temps là les groupes terroristes ne chôment pas. Leur zone d’influence s’étend, notamment vers le Sud, vers le Golfe de Guinée, vers la Côte d’ivoire.

Méditerranée et mer Noire

Les tensions avec la Turquie s’apaisent-elle ?

— On a changé un tout petit peu de registre par rapport à ce qui se passait l’année dernière. Je n’ai pas connaissance de [nouvel] incident entre les marines turque et française. Je ne note pas d’escalade ni de tension particulière. Cela ne signifie pas que ce soit réglé.

Avez-vous des éléments sur ce qui s’est passé en mer Noire entre Russes et Britanniques ?

— Nous ne savons pas tout. Les Russes ont fait des déclarations dont je ne sais pas dire si elles sont exactes ou pas, en réaction à la présence de navires britanniques accompagnés d’un navire néerlandais. Les faits reprochés sont-ils ceux relatés par la partie russe ? Je n’ai pas d’éléments pour le dire. Ce qui est certain est que la mer, les océans, sont un bien commun qui doivent rester accessibles à tous. Nous voyons partout dans le monde, des tentatives de limitation de la navigation, d’accaparement des ressources, qu’il s’agisse de la pêche, des fonds marins ou des ressources naturelles. C’est un milieu où les tensions sont plus vives que par le passé. La France et les Européens souhaitons nous engager de façon plus attendue sur ce sujet. Avec la présence maritime coordonnée dans le Golfe de Guinée, la stratégie dans la zone Indo-Pacifique, nous souhaitons entrainer les Européens.

(Nicolas Gros-Verheyde)

La ministre s’est également exprimée sur la coopération industrielle en particulier avec les Allemands. Lire : Coopération industrielle franco-allemande. « L’Union est un combat » (Florence Parly)

Entretien réalisé, à l’Hôtel de Brienne (Paris), siège du ministère de la Défense, vendredi 2 juillet, dans une séance de questions-réponses, à bâtons rompus, avec les journalistes membres de l’AJD (dont fait partie B2)

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Des éléments de la police militaire slovaque à bord d’un navire d’Irini en 2022

Sat, 03/07/2021 - 13:16

(B2) Jusqu’à onze membres de la police militaire slovaque pourront éventuellement rejoindre l’opération européenne de contrôle de l’embargo en mer Méditerranée (EUNAVFOR MED Irini) pendant six mois à partir de mars 2022.

C’est ce qu’a proposé le ministère de la Défense à Bratislava, selon l’agence slovaque TASR. Ils feront partie d’une équipe d’intervention sur un navire battant pavillon allemand. Le ministre de la défense a soumis sa proposition en procédure interminstérielle.

Selon le mandat actuel, seuls cinq membres de l’armée slovaque peuvent servir dans l’opération. Ce n’est pas la première fois que les Slovaques s’engagent dans une opération maritime de l’UE. Un engagement similaire avait été fait lors de l’opération EUNAVFOR Med Sophia, de lutte contre les trafics d’êtres humains (lire : Des Slovaques en Méditerranée).

(NGV)

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Une patrouille suédoise visée par des tirs dans Takuba

Fri, 02/07/2021 - 19:10

(B2) Les soldats effectuaient une mission de routine, lorsqu’ils ont été « visés par des tirs de gros calibre » mercredi soir (30 juin), indique un communiqué de la défense suédoise. Aucun soldat n’a été blessé. Tous les soldats sont revenus au camp principal. Cette situation « ne remet pas en cause l’engagement de la Suède dans la région », précise-t-on côté suédois.

(AF, st.)

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Le Fonds européen défense : est-ce un changement de paradigme ?

Fri, 02/07/2021 - 12:30

(B2) 1,2 milliard d’euros de budget, 23 domaines prioritaires, voila à quoi ressemblera la première année du Fonds européen de défense qui démarre maintenant. Est-ce un vrai saut ?

Le commissaire Thierry Breton au lancement du Fonds européen de défense (crédit : Commission européenne)

L’Europe prend son destin en main

C’est « un changement de paradigme clair » s’est écrié le commissaire européen en charge du Marché intérieur, le Français Thierry Breton lors de la cérémonie de lancement mercredi (30 juin). « L’Europe prend son destin en main », s’est-il félicité. De la création et du lancement Fonds européen de défense (FEDef en abrégé), le commissaire y voit trois atouts : premièrement, « c’est une contribution absolument essentielle à une plus grande souveraineté européenne », deuxièmement, « l’Union européenne doit compléter son soft power par du hard power pour devenir progressivement un acteur de la sécurité au niveau mondial ». Enfin, « Le Fonds contribue à faire de nous un partenaire crédible vis-à-vis des partenaires et dans l’OTAN en particulier ».

Un changement de paradigme ?

Il y a sans conteste une évolution notable. Voir les Européens financer, avec le budget commun de l’Union européenne, la recherche et le développement de nouvelles armes, de nouveaux équipements de défense, létaux ou non létaux, de l’artillerie de précision aux drones, en passant par les capacités de lutte contre les menaces bactériologiques, chimiques ou nucléaires (NRBC), est tout sauf évident et anodin pour une organisation a priori dédiée sur des tâches civiles. Le changement de paradigme est donc évident.

Une pierre à la souveraineté européenne : à voir

Dire que cela contribuera à la souveraineté européenne, cela reste encore à prouver. On le verra au bout de la période de sept ans où le Fonds européen de défense se déroulera. Mais c’est bien parti. Deux dangers menacent les Européens : 1. céder à leur désir de rester avant tout lié aux Américains (un point clé important pour nombre de pays européens), la souveraineté acquise serait alors inutile. 2. se tromper de domaine de dépendance.

Devenir un acteur de sécurité mondiale ? Illusoire

Sur ce point, on peut se dire que c’est plutôt un volontarisme très avancé et pour le moins erroné. Ce n’est pas en faisant de la recherche ensemble pour se doter de nouveaux équipements militaires ni même en se dotant (ensuite) de nombreuses capacités militaires que l’Europe deviendra un acteur de sécurité. Cette qualité s’acquiert davantage par une stratégie politique et militaire claire, une capacité politique de décision (rapide si possible), une réactivité aux crises, une volonté d’agir, suivie d’actions concrètes. On peut avoir les meilleurs capacités au monde : si elles restent dans les hangars ou dans les ports, c’est de l’argent perdu. Les exemples récents (Syrie, Haut Karabagh, Ukraine) montrent un paysage contrasté. L’Europe, incapable d’agir (comme l’OTAN d’ailleurs) préfère s’abstenir. Et dans les différents opérations et missions déployées par l’UE (Atalanta, Irini, EUTM Somalia, EUTM Mali, etc.), il manque encore certaines capacités et quelques personnels…

Une Europe plus crédible vis-à-vis de l’OTAN ? Sans aucun doute

Sur la crédibilité de l’UE vis-à-vis de l’OTAN, on pourra discuter d’une notion qui reste très subjective. Mais il y a une réalité. La création du Fonds a réveillé l’intérêt des Américains comme de l’OTAN qui ont soudainement des « yeux de chimène » pour les Européens, lorgnant vers un instrument très intéressant à leurs yeux (OTAN), voire concurrentiel et dangereux (USA). Le temps où l’Europe quémandait à l’OTAN des moyens pour mener des opérations s’est sinon renversé, du moins rééquilibré. C’est aujourd’hui l’OTAN qui est intéressé par les capacités européennes (en matière industrielle). L’Alliance est en passe de mettre en place un fonds de soutien à l’innovation. Mais cela reste (pour l’instant) fondé sur des contributions volontaires.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

Lire aussi sur B2 Pro :

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Un véhicule suicide contre la Minusma : douze militaires allemands et un Belge blessés

Fri, 25/06/2021 - 19:24

(B2) Il était 8h30 (heure Europe) ce vendredi matin, au nord de Gao, quand un véhicule suicide (VBIED) a foncé sur une base opérationnelle temporaire de la mission des casques bleus au Mali

Hélicoptère Mi8 de la Minusma en évacuation médicale (Minusma 2018- Archives B2)

Cela s’est passé près du village d’Ichagara, dans la commune de Tarkint, à 180 km au nord de Gao.

Au moins quatre blessés graves

Douze soldats allemands ont été blessés, « dont trois grièvement » a confirmé rapidement la Bundeswehr. Un militaire belge a aussi été blessé, comme l’a indiqué la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder par tweet. Son état est « grave ».

Evacués sur Gao

Les blessés ont reçu des soins médicaux immédiats et ont été transportés sur Gao par hélicoptère (un hélicoptère contracté et un hélicoptère mi8 de l’ONU). Ils ont été pris en charge par les équipes médicales allemande, française et chinoise, a indiqué la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui est intervenue devant la presse en fin d’après midi (à écouter ici en allemand).

Un blessé en urgence vitale

L’état de deux soldats plus sérieusement blessés est « stable ». Le troisième est actuellement opéré. « Nous avons une pensée particulière pour lui » a indiqué AKK. NB : on peut parler donc d’urgence vitale.

Un rapatriement en cours par A400M

Ils devraient être rapatriés rapidement en Allemagne par moyen aérien (StratAirMedevac). Un avion d’évacuation médicale A400M a décollé directement vers Gao (qu’il devrait atteindre dans la nuit). Il devrait rapatrier vers l’Allemagne les blessés samedi matin a indiqué la ministre. Les circonstances exactes de l’attaque font l’objet d’une enquête.

Quinze blessés au total

En tout il y a quinze casques bleus blessés avait d’abord annoncé la MINUSMA. Il y a donc deux éléments dont soit la nationalité reste à préciser, soit qui finalement n’ont pas été blessés

Ce matin, une base opérationnelle temporaire de la Force de la MINUSMA près du village d'Ichagara, dans la commune de Tarkint, région de #Gao, a été la cible d’une attaque au véhicule piégé. 15 #Casquesbleus ont été blessés, leur évacuation est en cours. pic.twitter.com/l40GsrLFzd

— MINUSMA (@UN_MINUSMA) June 25, 2021

Qu’est-ce qu’une base temporaire ?

Une base opérationnelle temporaire est généralement formée autour de véhicules blindés, formés en cercle (comme le veut la tradition dans le désert ou far west) qui protègent ainsi le camp. Cette base avait été établie pour « sécuriser le passage de la 3e compagnie du bataillon de l’armée malienne reconstituée (BAR) en route pour Kidal », précise la MINUSMA. Une compagnie qui a fait l’objet hier d’une attaque par un engin explosif improvisé (IED), comme l’a confirmé la MINUSMA.

NB : C’est la seconde attaque au véhicule piégé en quelques jours. Les Français de Barkhane avaient été visés lundi dernier (lire : L’opération Barkhane atteinte par un véhicule suicide).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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La présidence française de l’UE percutée de plein fouet par un accident électoral

Thu, 24/06/2021 - 18:15

(B2) La France doit assurer sa présidence de l’UE au premier semestre 2022. Problème : les élections présidentielles et législatives doivent se tenir sur la même période. Le président français, Emmanuel Macron, a pourtant refusé de permuter avec un autre État membre comme c’est l’usage dans ce cas de figure. Il pourrait s’en mordre les doigts

Emmanuel Macron au Conseil européen (par visio-conférence) de février 2021 (Conseil de l’UE)

Le pire moment pour une présidence

La présidence française de l’UE qui doit démarrer le 1er janvier prochain et se terminer le 30 juin 2022 à minuit, pourrait être stoppée nette à mi-course. Le premier tour des élections présidentielles doit se tenir le 10 avril et le second tour le 26 avril. C’est-à-dire juste au moment où une présidence européenne commence à tourner à plein régime. Avant, ce sera la campagne électorale qui tournera à plein régime. Après, quelle que soit l’issue du premier tour, viendra le temps des législatives, en juin 2022. Autrement dit, tous les esprits seront tournés ailleurs que vers le travail de l’Union européenne. L’Europe sera prise dans la ligne de mire de débats partisans. Quelle que soit l’issue du vote, un nouveau gouvernement devra se mettre en place, qui ne sera pas automatiquement celui qui aura démarré la présidence, voire sera radicalement différent (cf. encadré).

Le poids toujours irremplaçable d’une présidence

Certes, une présidence du Conseil de l’Union européenne n’a plus l’importance qu’elle avait avant le Traité de Lisbonne. La présidence portée par un État membre ne conduit plus les débats au Conseil européen (rendez-vous des chefs d’Etat et de gouvernement donnant les grandes impulsions politiques), elle ne préside plus le Conseil des Affaires étrangères ni l’Eurogroupe, car ses présidents sont permanents. Ses impulsions potentielles sont aussi plus mesurées à 27 qu’à 12 ou à 15 (et à quand la présidence revenait tous les six ou sept ans). Mais la présidence — avec ses ministres et ses diplomates —reste irremplaçable pour pousser des dossiers, négocier des compromis, débloquer des sujets. L’Europe reste encore un ‘objet’ politique où les rapports humains ont de l’importance. Un point souvent sous-estimé. Il y a souvent des échanges entre ministres sur le mode : « je te soutiens là, tu me soutiens plus tard ». En 2022, la crédibilité des ministres français sera quasi-nulle… Car comment faire confiance à quelqu’un qui a des chances de ne plus être là dans quelques semaines ?

Un choix délibéré

Il a cependant été proposé à plusieurs reprises au président de la République de permuter sa présidence avec un autre État membre — soit passer plus tôt ou plus tard dans le calendrier. C’est l’usage d’ailleurs souvent suivi quand une présidence de l’Union européenne arrive pendant des élections nationales. L’Allemagne et la Finlande avaient ainsi échangé leurs présidences en 2006 et 2007. Personne, en effet, au niveau européen n’a intérêt à voir une équipe gouvernementale occupée par sa réélection ou, pire, partir en plein milieu d’une présidence et remplacée par une autre qui n’a pas vraiment été initiée aux choix faits ou manœuvres en cours. L’Élysee a cependant refusé tout net, assumant, revendiquant même, de pouvoir exercer une présidence en pleine campagne électorale, nous ont confirmé plusieurs sources. Un choix de stratégie, et de communication politique, qui pourrait s’avérer néfaste aujourd’hui. C’est dommage pour la France, une présidence, c’est seulement tous les 13 à 14 ans aujourd’hui. Et, surtout, c’est dommage pour l’Europe.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un président qui risque de valser en avril prochain. Le résultat des dernières élections — municipales et surtout régionales — même ramené à l'aune locale et de l'abstention — laisse planer plus qu'un doute sur la reconduction du président de la République de la République en Marche dans ses fonctions. À droite, les Républicains relèvent la tête. À gauche, les Verts s'installent dans le paysage. Tandis qu'à l'extrême-droite, même affaibli, le Rassemblement national reste ancré dans les 20% de voix minimum, disent les élections passées comme les sondages. Le parti du président (LREM) n'a pas réussi à sortir de l'étiage habituel où était le parti centriste (MODEM), autour de 10-12%. En l'état des lieux aujourd'hui, Emmanuel Macron n'est plus assuré de passer le cap du premier tour. Il reste en effet un animal politique, doué pour semer le trouble parmi ses adversaires, pour s'imposer ensuite dans un champ de ruine (ex. en 2017). Mais la donne pourrait être différente dans un an.

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L’opération Barkhane atteinte par un véhicule suicide (v2)

Mon, 21/06/2021 - 14:28

(B2) Un véhicule de l’opération Barkhane a été victime lundi (21 juin), d’une attaque dans la région de Gossi, au Mali

L’incident s’est produit, « en début de matinée » confirme l’état-major des armées. Un VAB (véhicule de l’avant-blindé) du groupement tactique désert (GTD) ‘Tigre’ l’armée française se trouvait « en mission de reconnaissance pour sécuriser les alentours de la base opérationnelle avancée (BOA) de Gossi », quand un véhicule suicide « bourré d’explosifs » a explosé à son passage.

Plusieurs blessés

Six militaires français et quatre civils maliens (dont un enfant) ont été blessés dans l’explosion du véhicule suicide. Ils ont été évacués vers l’hôpital militaire de Gao et l’hôpital de Gossi (pour les civils). Leur « pronostic vital n’est pas engagé » indique-t-on du côté français. Des hélicoptères d’attaque Tigre et des avions Mirage 2000 sont intervenus pour « appuyer les troupes au sol » et permettre l’évacuation des blessés.

(NGV)

Mis à jour avec le nombre de blessés

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Janša, prénom Janez. Un premier ministre insubmersible à la tête de la présidence slovène de l’UE

Mon, 21/06/2021 - 11:44

(B2) Le Premier ministre slovène va bientôt passer au premier plan de l’Union européenne, six mois durant. Il n’en est pas à son coup d’essai, il sait diriger. Et celui qui pourra le faire plier devra s’y reprendre à plusieurs reprises

Janez Jansa en uniforme de la jeune armée slovène (crédit : J.Jansa – facebook)

Un ‘rouge’, anar

Janša n’était pas un homme de droite… au départ. Il se situait plutôt à l’autre bout de l’échiquier : à la gauche. Même très à gauche. C’est un Rouge, anar, anti-militariste, adepte de Mao, dans un pays, la Yougoslavie, dominée par un parti unique (la Ligue communiste de Yougoslavie), qui affiche l’autogestion socialiste, tiers-mondiste, et une certaine distance avec Moscou, mais sait aussi pourchasser, de façon sévère, les opposants à la ligne.

Un passage par les jeunesses communistes

Janez est de ces opposants. Il se montre très critique. Président de la commission de défense de l’association de la jeunesse socialiste de Slovénie, il met en cause la direction dans l’hebdomadaire des jeunesses communistes Mladina, réputé pour son esprit alternatif, et est exclu du parti. Avec son acolyte David Tasic (1), ils mettent les autorités en émoi. Tasic publie ‘La nuit des longs couteaux‘ qui décrit (à l’aide d’un enregistrement) la façon dont le comité central de la Ligue communiste envisageait l’arrestation des militants de la société civile. D’autres articles sont publiés sur les plans militaires de l’armée yougoslave.

Le JBTZ, lanceur de la carrière de Jansa

Suite à cette affaire, ils sont arrêtés en 1988, avec un militaire Ivan Borstner, ainsi que le rédacteur en chef de Mladina, Franci Zavrl. Les quatre sont traduits en cour martiale. Janša est condamné à dix-huit mois de prison. Leur procès, médiatisé, se déroule en plein mois de juillet 1988. Une formidable erreur du pouvoir de Belgrade ! Ce qu’on a appelé le groupe JBTZ passe à la célébrité. Des comités de soutien ‘Free Jansa’ jaillissent. Ils cristallisent comme jamais le ressentiment slovène, sel de cristallisation de l’indépendance future. Pour Jansa, c’est la bascule, vers ce qui restera sa passion : l’arène politique.

La fondation du parti d’opposition

En 1989, quand la Slovénie rompt le monopole du parti unique, Janša fonde le SDZ, l’Union démocratique slovène, le premier parti d’opposition et en devient le vice-président. En 1990-1991, durant la phase d’émancipation de la Slovénie, il occupe le poste clé de ministre de la Défense de la toute jeune république slovène, encore yougoslave. C’est à lui qu’incombe de forger la défense de la république indépendante, à partir des forces territoriales, peu équipées et peu formées, plus proches du garde-champêtres que des forces spéciales. Des structures parallèles sont mises en place, par rapport au commandement officiel. Des équipements sont achetés.

Nous sommes en guerre

Le 27 juin 1991, quand l’armée yougoslave passe à l’offensive, deux jours après la proclamation de son indépendance par Ljubljana, le tout jeune ministre proclame devant la télévision nationale : « Nous sommes en guerre ». Personne ne veut parier sur le gagnant. Pourtant, avec ses armes anti-chars, la toute jeune armée inflige à la puissante armée populaire yougoslave une défaite. Celle-ci laisse au tapis de nombreux chars et plusieurs hélicoptères, et plusieurs centaines de prisonniers. C’est à partir de cette victoire que Janša se propulse au premier plan. La troïka européenne dépêchée sur place, en urgence, obtient un accord de compromis.

La brigade spéciale Moris

L’envers du décor parait un peu moins glorieux. En décembre 1990, une brigade spéciale est mise en place, la brigade Moris (alias Ministrstvo za Obrambo Republike Slovenije), qui préfigure l’armée slovène. Une unité militaire directement subordonnée au ministre de la Défense (Janez Janša) et chargée de ce qu’on pourrait appeler toutes les opérations spéciales comme ‘under cover‘. Elle est particulièrement active en 1991 lors de l’accession à l’indépendance. Mais aussi après. Elle a ainsi « prêté » des armes et des munitions aux municipalités croates voisines, pour se défendre contre les Serbes. Ce qui contrevient alors à l’embargo décrété au niveau international par le Conseil de sécurité des Nations unies en septembre 1991 (2). Le gouvernement yougoslave de Belgrade, dirigé essentiellement par les Serbes (après le départ des Slovènes et des Croates) a fait de même auparavant, fournissant matériels et équipements en nombre aux Serbes de Croatie. La brigade Moris est aussi chargée de certaines missions de renseignement, écoutant et espionnant à la fois les politiciens et les journalistes, et au besoin pour les mettre à l’écart.

Victoires et défaites, un acharné du pouvoir

Jansa continuera ainsi à évoluer, au fil des années, entre l’ombre et la lumière, entre le succès et l’opprobre. Il exerce les fonctions de ministre de la Défense jusqu’à 1994, avant d’être écarté par le président d’alors Janez Drnovšek. Le tabassage d’un de ses anciens collaborateurs en pleine rue sonne sa fin… Mais il reviendra. Il revient au pouvoir, son parti – devenu le SDS – ayant remporté les élections d’octobre 2004, et devient premier ministre. Poste qu’il occupe jusqu’en 2008, assurant notamment la première présidence de l’Union européenne pour la Slovénie. Les élections de 2008 le font chuter, à un siège près. Il doit céder sa place à ses ennemis jurés, les sociaux-démocrates dirigés alors par Borut Pahor. Il passe à l’opposition, mais revient au pouvoir à la faveur d’une nouvelle coalition en 2012-2013.

L’affaire Patria

En juin 2013, il est atteint dans une sombre affaire de corruption pour l’achat des blindés à l’industriel finlandais Patria. Une affaire remontant à son mandat précédent de premier ministre (2004-2008). Un des plus gros contrats que l’armée slovène (278 millions d’euros) ait jamais conclu, qui comporte apparemment une annexe discrète : le versement de commissions sonnantes et trébuchantes au SDS, le parti au pouvoir. Il est condamné à deux ans de prison. Condamnation confirmée en appel en avril 2014. Jansa passe alors par la ‘case prison’ une deuxième fois ! La délivrance survient en avril 2015, avec l’annulation du jugement à l’unanimité par la Cour constitutionnelle en avril 2015. Il est libéré au bout de neuf mois de prison. L’homme en gardera, une certaine amertume, dénonçant un « complot politique ».

Un habitué de la joute politique

Aujourd’hui, Janša est un des hommes politiques slovènes qui a le plus duré, ayant traversé tous les temps. À la tenacité, il allie une rancune, souvent tenace, toujours exacerbée. Il a gardé un goût pour les joutes verbales, et autres. Adepte du twitter, à la mode Trump, il envoie ses banderilles par rafales. La modération n’est pas son fort. Il ne va pas dans la tendresse. Il pilonne ses adversaires, n’hésitant pas à sortir l’artillerie la plus lourde, et les attaques personnelles au-dessous de la ceinture (3). Peu importe l’argument, l’important est de taper. À la pacification, il préfère le champ de bataille, choisissant son terrain d’affrontement, comme le rappelle son ancien journal Mladina.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Proclamé meilleur journaliste en 1986, il quitte Mladina en 1989 et fonde en 1991 une maison d’édition indépendante ‘Založba Karantaanija’.
  2. Sur la question de l’embargo sur les armes vers la Yougoslavie, lire cette étude.
  3. Sa cible préférée est la télévision publique. En mars mars 2016, il accuse par tweet deux journalistes d’être des « prostituées délabrées à 30 et 35 euros ». Ce qui suscite une enquête de la plateforme de protection des journalistes du Conseil de l’Europe. Plus récemment, où il les accuse d’être des incapables et des profiteurs. Nouvelle enquête du Conseil de l’Europe.

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À Melsbroek, l’unité binationale A400M. Un modèle du genre

Sun, 20/06/2021 - 21:40

(B2) Belges et Luxembourgeois ont choisi de mettre en pool leurs avions de transport. Initiative intéressante à plus d’un titre. Une première pour le Luxembourg qui ne disposait pas jusqu’à présent d’avion de transport militaire

Au premier plan, les cinq C-130 restants, qui vont quitter le tarmac de Bruxelles d’ici la fin de l’année. Au fond, l’A400M luxembourgeois (© NGV / B2)

Une flotte de huit appareils à terme

Le pool compte déjà trois avions (deux Belges et un Luxembourgeois). À terme, il comptera huit. Trois appareils supplémentaires seront encore livrés cette année 2021 et le dernier en 2024. Ils remplacent la flotte belge de C-130, à bout de souffle. Le dernier appareil quittera le tarmac d’ici la fin de l’année (voire avant).

Tout est nouveau

La base aérienne du 15e Wing, aussi, est en cours de transformation, avec de nouveaux hangars conçus pour accueillir les nouveaux avions (plus longs que les anciens). « Ici tout est nouveau » indique le commandant du 15e Wing. « Nous ne devons pas seulement apprendre à voler, mais c’est tout un environnement nouveau qu’on doit découvrir. »

Une unité binationale

Tout est aussi multinational. La formation des pilotes a lieu en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne. Les Belges échangent ainsi avec les Français sur l’electronic warfare (guerre électronique) — « qui ont beaucoup d’expérience sur ce sujet » dixit un officier belge —, ainsi que la maintenance des moteurs (un contrat a été passé). Il y a des échanges sur les équipages avec les Britanniques, des informations techniques et un entrainement technique avec les Allemands. Une nécessité.

Une première pour le Luxembourg

« C’est nouveau d’avoir cette capacité » confirme à B2 François Bausch, le ministre de la Défense (et vice-premier ministre) du Grand-Duché. Le Luxembourg n’avait pas d’aviation de transport jusqu’ici. « C’est un investissement très intéressant. Cela permet de combler une lacune dans nos besoins, de remplir des besoins réels au niveau de l’UE comme au niveau de l’OTAN. » « Cette capacité peut être employée de différentes façons, de façon militaire ou civile. » Au niveau de l’aide humanitaire également.

François Bausch (© NGV / B2)

Une capacité à multiples usages pour le Grand-Duché

« Nous sommes très engagés dans la zone Sahel, que ce soit au niveau militaire ou de la coopération au développement. » Et en cas de problème, l’avion luxembourgeois pourra voler directement Jusqu’à présent le Luxembourg dépendait des autres. « C’est « important pour nous d’avoir une certaine priorité, si on en a besoin, par exemple en cas d’évacuation » confirme le ministre. Et s’il n’est pas utilisée par les Luxembourgeois, l’avion reste dans le pool européen d’aviation de transport (EATC) pour être mis à disposition des autres pays.

Une équipe totalement intégrée

Les six pilotes et six logisticiens luxembourgeois sont d’ailleurs intégrés totalement dans le staff belge sur l’aéroport de Melsbroek (l’aéroport militaire de Bruxelles). Ils peuvent effectuer toutes sortes de missions comme leurs collègues belges. Les équipages peuvent donc être mixtes. Et les nationaux des uns voler sur l’appareil de l’autre.

(Nicolas Gros-Verheyde, à Melsbroek)

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Les Tchèques de Takuba confrontés à un IED. Pas de blessés

Sun, 20/06/2021 - 21:14

(B2) Un véhicule militaire tchèque des forces spéciales a heurté un IED (un engin explosif improvisé) samedi matin (19 juin) au Mali.

Véhicules des forces tchèques en patrouille pour EUTM Mali (Armée tchèque / Archives B2)

« Tous les soldats vont bien. Personne n’a été blessé », a indiqué l’armée tchèque sur Twitter. Le véhicule « effectuait une tâche opérationnelle » dans le cadre de la task-force Takuba sans vouloir donner « davantage d’informations sur le type de mission » effectué.

V sobotu 19. června v dopoledních hodinách najelo české vojenské vozidlo při plnění operačního úkolu mise Takuba na výbušninu. Všichni vojáci jsou v pořádku bez zranění. Další informace s ohledem na druh mise nebudeme sdělovat.

— Armáda ČR (@ArmadaCR) June 19, 2021

Selon Wassim Nasr, l’incident a eu lieu à proximité du camp de Menaka.

(NGV)

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En vol avec l’A400M belge

Sat, 19/06/2021 - 10:13

(B2 à Melsbroek) Nous avons pu monter à bord du nouvel appareil de transport européen pour un vol de deux heures. Récit

l’A400M sur le tarmac de l’aéroport de Melsbroek (© NGV / B2)
  • Cet appareil équipe les armées française, allemande, britannique, espagnole, turque, belge… et luxembourgeoise. Ces deux pays ont formé une unité commune (articles à suivre) qui aura à terme huit appareils.

Il fait chaud, presque étouffant, sur le tarmac ce jour là. L’appareil, siglé de la cocarde belge, est prêt au décollage. Porte arrière ouverte. Une haie d’honneur, formée des paracommandos, attend les hôtes de la journée, le Haut représentant de l’UE (Josep Borrell), le ministre luxembourgeois de la Défense (Fr. Bausch) et le général Fréderik Vansina, qui représente la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, « retenue à la Chambre » (1).

Paracommandos en haie d’honneur avant départ (© NGV /B2)

Harnachés

Sièges en toile placés sur le côté (comme le classique d’un avion de transport militaire), ceintures attachées (un peu compliquées que les antiques ceintures des C-160 Transall), nous sommes assis comme les parachutistes. Au centre la carlingue, qui parait presque vide. On peut y faire rentrer plusieurs véhicules blindés, voire un hélicoptère. Pour cette fois, c’est juste un ‘petit’ véhicule, la Jeep Fox des paracommandos.

En vol (© NGV / B2)

Direction Florennes

Les moteurs chauffent, accélèrent. L’avion roule sur la piste. On sent la poussée des moteurs qui te font monter dans les tours. Mais quand les roues quittent le sol, on sent à peine le frémissement. Quelques secondes plus tard, comme à la parade, l’avion vire, direction : Florennes (près de Namur) et sa base aérienne. Une ou deux passes à droite et à gauche, histoire de montrer l’appareil en manœuvre. On reste ‘gentil’. L’avion se stabilise à 1000 pieds environ. On voit les champs et les maisons d’assez près. « On pouvait voler plus bas. Mais il y avait beaucoup de trafic aujourd’hui. Et on a préféré être un peu plus haut » confie le pilote à l’issue du vol.

Dans la cabine de l’A400M – briefing après vol – à l’arrière plan le général Vansinna (© NGV B2)

Posé tactique pour déposer hommes et matériels

On est en vue de l’aéroport de Florennes. Il est 17H43. Cela ne traine pas. Aussitôt l’avion posé, la porte arrière se déploie. Sitôt la porte arrière qui touche le sol, les paracommandos mettent pied à terre. Ce véhicule léger, un Fox (fabriqué par le Britannique Jankel) qui a remplacé les anciennes jeeps, suit. Mission accomplie pour les hommes de l’air. La porte de l’avion se referme. Le temps de relancer à fond les moteurs, de rouler sur la piste. Et on redécolle. Deux minutes en tout se sont passées depuis le posé.

On descend le Fox (© NGV / B2)

Un appareil tout terrain

C’est une des missions types de cet appareil : faire du dépôt rapide de matériels. Il peut aussi déployer des containers. Il y a en bien d’autres : le transport de logistique ou de personnel sur une longue distance, la vision de nuit, l’évacuation médicale, le largage de personnels derrière les lignes parachutistes ou le drops de containers. « On peut larguer 34 containers, en tout 15 tonnes, en 30 secondes » nous explique un officier. « C’est un avion polyvalent, rapide, qui peut se déployer en milieu hostile ».

(Crédit : Armée belge – Sedeyn-Ritchie)

Deux fois plus vite, plus loin, plus fort que les C130

« C’est bien simple » — résume Frederik Vansina, ancien chef de la composante Air belge et actuel sous-chef d’état-major chargé de la stratégie (ACOS Strat) « avec cet appareil, on emporte deux fois, deux fois plus vite et deux fois plus loin » que les anciens C-130 qui vont quitter l’ensemble de la flotte belge d’ici la fin de l’année. « C’est une grosse amélioration pour nous » confirme un officier, sans ambages. « Pour une longue distance, par exemple pour aller en RD Congo, nous pouvons faire cela en une journée, avec un seul équipage. Avec un C-130, cela nous prenait deux – trois jours » sans compter les escales et relais.

Bluffant !

Au retour, les VIP sont bluffés. Les ‘aériens’ ont marqué un point.

Quelle machine !

« Quelle machine, hein » s’écrie Josep Borrell quand je lui demande ses impressions à l’arrivée. « Les avions déjà c’est beau. Mais, là, c’est merveilleux. C’est vraiment un des beaux résultats, un fleuron de l’industrie aéronautique européenne. » Le chef de la diplomatie européenne est tellement enthousiaste, qu’il ne cesse avec son GSM de photographier toutes ses coutures l’appareil, plantant là les photographes qui aimeraient une pause. Un enthousiasme qui ne semble pas feint.

Les photographes soumis à rude concurrence (© NGV / B2)

Ma jeunesse dans l’armée de l’Air

Pour démontrer sa capacité en vol, les deux personnalités à bord (Josep Borrell et François Bausch) ont eu droit à l’ouverture de portes latérales réservées aux parachutistes. Ils sont harnachés. L’air frémit… « C’est une expérience impressionnante surtout quand on a ouvert la porte pour le parachutage » racontera ensuite l’Espagnol. « Cela m’a rappelé ma jeunesse. J’ai mon service militaire dans l’armée de l’air. On faisait la même chose. Bon l’avion était plus petit, un peu moins moderne. Mais la sensation de l’air qui coule autour de soi, quand vous êtes près de la porte, qui vous oblige à faire un effort pour sauter, était la même. »

Un remarquable exemple de la coopération européenne

C’est un « remarquable exemple de la coopération européenne » poursuit le chef de la diplomatie européenne dans un à propos plus politique. Avoir tous ces avions placés sous égide de l’EATC à Eindhoven, « c’est un exemple pratique de la façon dont on bâtit l’Europe de la défense. Si on veut dépenser mieux, il faut dépenser de manière plus coordonnée. La fragmentation de la capacité militaire en Europe nous coûte beaucoup. On pourrait faire davantage si on utilisait ensemble nos capacités, nos industries… »

… Mais on pourrait faire encore davantage

« Il ne faut pas simplement coopérer en achetant des avions, mais aussi en les utilisant. Tous les pays peuvent participer à ce projet d’avion aussi en l’utilisant. » Ce qu’on appelle le pooling. Autre chose « importante » : les missions et opérations. « C’est une bonne école pour nos soldats travaillent ensemble, pas seulement pour servir leur pays, mais aussi partager leurs vues et leurs Européens, pour pas-à-pas créer une capacité européenne. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

A suivre : l’unité binationale belgo-luxembourgeois, un modèle du genre

  1. La ministre s’est un peu empêtrée dans l’affaire Jurgen Conings et s’est fait ‘accrocher’ par plusieurs députés de l’opposition, mais un peu aussi de la majorité pas très satisfait de ses réponses, mais aussi des conditions de communication du rapport (qui a déjà en partie fuité dans la presse).

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Une agence de l’OTAN va construire le camp de Menaka

Thu, 17/06/2021 - 15:42

(B2) L’agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) a signé avec la France un accord en vue de fournir un soutien logistique la Task Force Takuba.

La construction d’un camp à Menaka

Ce soutien consistera en la construction d’un camp pour la force à Menaka, dans l’Est du Mali, pouvant accueillir 500 personnes. L’accord prévoit également la couverture, par la NSPA, des besoins logistiques du camp, ainsi que les transports terrestres et aériens intra-théâtre. Le personnel ‘NSPA’ chargé de la coordination du projet est attendu sur place d’ici à la fin de l’été.

Une triple première

C’est la première fois qu’une organisation internationale vient prêter concours à la task-force Takuba. C’est également la première fois que la France, en tant que « nation-cadre » d’une force multinationale, fait appel à cette aide. C’est également « la première fois que cette agence de l’OTAN apporte une aide à une force non-OTAN » précise-t-on à Luxembourg, le siège de la NSPA. La task-force Takuba est une force multinationale. Et à Menaka, ce sont surtout les Suédois qui sont présents sur place. NB : L’accord a été signé le 9 juin, mais n’a fait l’objet d’une communication publique qu’après le sommet de l’OTAN, le 15 juin

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Les Roumains à bord de Takuba

Thu, 17/06/2021 - 12:35

(B2) Un contingent de 45 personnels va être envoyé dans la task-force de forces spéciales déployée dans le Liptako dans la zone des trois frontières

« Maintenir le profil opérationnel », c’est un des enjeux de la participation roumaine à Takuba (Armée Roumaine / Archives B2)

Le parlement roumain a approuvé mercredi (16.06) la participation à la mission de forces spéciales au Mali, sous commandement français, par « 346 voix ‘pour’, 2 ‘contre’ et 2 abstentions » indique l’agence AgerPress. Cela suit le feu vert approuvé, à l’unanimité, par les commissions de défense de la Chambre des députés et du Sénat réunies mardi (15.06).

Arrivée au 4e trimestre 2021

Selon le rapport approuvé par le Parlement, et lu par B2, Bucarest fournira un contingent de 50 personnels maximum (45 selon le ministère français des Armées) à partir du quatrième trimestre 2021 « dans la région du Liptako, aux confluents du Mali, Niger et Burkina Faso ». Le financement sera assuré sur le budget des armées pour 2021, précise-t-on à Bucarest.

Un enjeu politico-militaire pour la Roumanie

Cette participation de l’armée roumaine « contribuera au maintien de son profil opérationnel » indique la lettre du président de la République. NB : Le retrait de la mission de l’OTAN en Afghanistan laisse les forces (terrestres) surtout en absence de terrain d’opération important. Autres motivations avancées : Il « apportera une visibilité internationale accrue à notre pays, ainsi que des bénéfices importants, politiquement et politico-militaires, vis-à-vis de la France »

Une bonne nouvelle

Pour Paris, c’est un réel soulagement. Aussitôt la nouvelle connue, la ministre française des armées, Florence Parly, a tweeté : « La mobilisation des Européens au Sahel continue. Merci à nos amis roumains pour leur engagement. » La « taskforce qui rassemble des forces spéciales européennes pour mener des opérations de contre-terrorisme avec les armées maliennes » comme le définit la ministre, retrouve ainsi un peu d’air.

Une mobilisation qui peine à se faire

La mobilisation des Européens au Sahel continue : la Roumanie déploiera 45 militaires dans Takuba, la taskforce qui rassemble des forces spéciales européennes pour mener des opérations de contre-terrorisme avec les armées maliennes. Merci à nos amis roumains pour leur engagement.

— Florence Parly (@florence_parly) June 17, 2021

En effet, seuls trois pays participent aujourd’hui réellement à l’opération (Estonie, Tchéquie et Suède). L’Italie devait aussi déployer un contingent 200 hommes — avec 20 véhicules terrestres et 8 hélicoptères au Sahel. Mais la mise en place traine depuis près d’un an. Leur arrivée est imminente dit-on à Rome. La Belgique et les Pays-Bas, ainsi que l’Allemagne et l’Espagne, ont dit poliment ‘Non’. Seuls quelques officiers d’état-major ont été envoyés par Bruxelles et La Haye.

En attendant la Lituanie

Les espoirs d’un effectif supplémentaire se tournent donc aujourd’hui plutôt vers Vilnius, avec l’envoi d’un détachement lituanien, sorte de contrepartie à l’engagement français dans la surveillance de l’air balte (Baltic Air Policy). On mentionne souvent aussi la Serbie. Mais Belgrade observe (depuis les guerres yougoslaves) une politique de stricte neutralité et ne peut engager des forces de combat à l’extérieur de ses frontières. Les Serbes sont très actifs cependant au plan international, mais ils participent en envoyant des équipes médicales ou de soutien (les Serbes fournissent ainsi systématiquement une équipe médicale aux missions de formation EUTM (en Somalie, notamment).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Deux militaires français de Barkhane blessés dans le Liptako malien (v2)

Wed, 16/06/2021 - 10:16

(B2) L’incident s’est produit au cours d’une action de combat, menée en commun par les Français et Nigériens, dans la région du Liptako au Mali, proche du Niger

Militaire français du GTD Bison en action dans le Liptako (Archives B2 – crédit : état-major des armées)

Lors d’une mission de reconnaissance « menée dans la région du Liptako malo-nigérien ( »), mardi (15 juin), les militaires commandos de la force Barkhane (1) et de la 114e compagnie de sécurité intérieure nigérienne ont été « pris à partie par un important » groupe armé, indique l’état-major des armées dans une information mise à disposition de la presse dont B2, mercredi (16 juin).

Sur le territoire du Mali

L’accrochage s’est produit « sur le territoire malien » à environ une douzaine de kilomètres de la frontière nigérienne, « dans le secteur d’In Araban », qui se situe entre Menaka et Inates. Mais ce sont bien les forces nigériennes qui étaient déployées (en vertu d’accords bilatéraux entre les deux pays, apparemment).

Le groupe armé neutralisé

« Cherchant à s’exfiltrer dans une zone boisée, le groupe armé terroriste a été poursuivi ». Appuyés par des aéronefs de la force Barkhane (hélicoptères d’attaque et avions de chasse), les militaires français et nigériens ont « neutralisé » le groupe. Environ une dizaine de combattants adverses ont ainsi été tués.

Coté allié, 3 blessés (2 Français et 1 Nigérien) et 1 tué (Nigérien)

Durant cette action de combat, un militaire nigérien a perdu la vie, un second a été blessé. Deux militaires français des commandos ont également été blessés (par balles). Ils ont été « évacués et pris en charge par l’hôpital militaire de Gao ». L’état-major ne veut pas indiquer davantage sur leur état. Mais « leur pronostic vital n’est pas engagé ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le dispositif a été réorganisé le groupement commandos dépend désormais directement du commandant de la force, et composé de commandos montagne ou parachutistes, avec des éléments d’appuis.

Mis à jour avec des précisions sur la géographie des lieux et les forces intervenantes.

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De nouveaux noms à la tête de l’armée et à la présidence de la République. La Légion prend le lead

Sun, 13/06/2021 - 17:30

(B2) Cet été sera propice à de nombreux changements dans les armées françaises. Changements loin d’être anodins quand on connait l’organisation militaire française, ‘à la verticale’ du président vers les armées

Un nouveau chef d’état-major des armées

T. Burkhard (crédit : DICOD)

Le général Thierry Burkhard, actuel chef de l’armée de terre, va remplacer le général François Lecointre après la fête nationale du 14 juillet, à compter du 21 juillet. Celui qui dirige les armées françaises depuis juillet 2017, ayant pris le relais ex abrupto du général de Villiers (lire : François Lecointre, nouveau commandant des armées françaises. Les opérations pas le budget), a souhaité quitter ses fonctions cette année, ne souhaitant pas être prolongé. Entre autres, il avait été un des premiers chefs de la mission européenne de formation militaire des FAMA (Lire : EUTM Mali. Une mission à prolonger).

Issu de la Légion, le 2e régiment étranger de parachutistes puis le 4e régiment étranger, le général Burkhard a été un des pivots du centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) entre 2015 et 2019 d’abord comme chef de conduite puis commandant du CPCO, après avoir été porte-parole ‘opérations’ de l’état-major des armées (de 2010 à 2013) et conseiller militaire du coordonnateur national du renseignement (Alain Zabulon).

Jean de Monicault (Crédit : DICOD / Armée de terre

Un autre légionnaire à l’état-major particulier du président

Le colonel Jean de Monicault va devenir le prochain adjoint au chef d’état-major particulier du président de la République (Emmanuel Macron). Il remplacera à compter du 1er juillet 2021, le général de brigade Valéry Putz (1). Ce légionnaire, a fait une bonne partie de sa carrière au 2e REP, le régiment étranger de parachutistes, basé à Calvi (onze ans en tout), avant d’en être le chef de corps. Il rejoint l’état-major de l’armée de terre, notamment comme adjoint au chef du bureau « programmation-finances-budget ». Durant sa carrière il a servi sur plusieurs d’opérations en Côte d’Ivoire, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Afghanistan (au sein de la task-force Lafayette) et au Mali (voir son CV).

L’aide de camp

Quant au poste d’aide de camp (Terre), un autre poste clé, car il accompagne tout le temps le chef d’État, dans ses déplacements, et doit être disponible, de jour comme de nuit, pour les tâches les plus importantes, comme les plus humbles, il va être confié au lieutenant-colonel Cédric Lavisse qui vient remplacer le colonel Vincent Minguet (2). Issu de l’infanterie de marine, Lavisse a notamment servi dans les forces armées en Guyane (FAG) à la tête de la section des commandos de recherche et d’action en jungle (CRAJ).

L’état-major particulier, un rôle clé

Dans la hiérarchie militaire française, le chef d’état-major particulier occupe un poste clé. C’est en fait le conseiller en chef et le ‘cerveau’ militaire du président de la République qui est, constitutionnellement, le Chef des Armées. Il y a plusieurs aides de camps, représentant chacun des grands corps de l’armée (Air, Terre, Mer).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. La nouvelle a été officialisée par deux arrêtés publiés au journal officiel.
  2. Le colonel Vincent Minguet va prendre le commandement du 27e BCA (bataillon de chasseurs alpins) à compter du 27 août, lors d’une cérémonie de passation des pouvoirs avec le col. Ivan Morel, actuellement déployé au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane comme l’indique Le Dauphiné

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Sous l’eau et sur l’air. Un sous-marin allemand et un drone français dans l’opération Irini

Sat, 12/06/2021 - 18:15

(B2) Un sous-marin va prêter main forte à l’opération européenne de contrôle de l’embargo au large de la Libye

Départ du sous-marin de sa base de Eckernförde (crédit : Deutsche Marine)

Sous l’eau, un petit sous-marin

Engagé sur zone d’ici trois semaines

Le sous-marin ‘U 35’, de la première escadre de sous-marins, a quitté son port d’attache d’Eckernförde ce samedi (12 juin) pour prendre la route de la Méditerranée centrale. Arrivée sur place : d’ici trois semaines, après un arrêt pour ravitaillement à Rota (au Sud de l’Espagne). Durée de la mission : quatre mois.

Objectif : assurer la surveillance sur une assez vaste zone opérationnelle qui s’étend du sud de l’île de Sicile jusqu’aux eaux territoriales de la Libye et de la Tunisie. Entre les plongées, le U-boat sera basé sur plusieurs ports en Italie (NB : en Sicile notamment) et sur l’île de Malte. Une escale plus longue est plus prévue sur l’île grecque de Crète, au milieu de l’été, avec regroupement pour les familles.

À bord, 29 marins, sous le commandement du capitaine de corvette Oliver Brux (34 ans) et quelques étudiants de l’escadron, qui vont profiter de cette expérience « pour une formation intensive aux opérations à bord » comme le précise la marine allemande. La capacité maximale de 36 personnes ce petit sous marin est ainsi pleinement exploitée.

En l’air, un drone français

Un Reaper parti de Cognac pour surveiller la zone

De son côté, l’armée de l’Air française a annoncé jeudi avoir engagé un drone Reaper MQ-9 au profit de l’opération européenne. Cet appareil, qui peut voler plus de 24 heures en autonomie, est parti de la base aérienne 709 de Cognac samedi dernier (5 juin) et a évolué « dans des corridors aériens dédiés, jusqu’en Méditerranée centrale » précise le communiqué de l’armée de l’Air. Commandé en temps réel depuis le CDAOA (commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes) de Lyon, ce vol « réaffirme l’attachement de la France et de ses alliés au respect du droit international dans la région ».

Un test opérationnel et technique

Pour l’armée de l’air, cette mission est aussi un test grandeur nature. Il « permet d’envisager un haut niveau de surveillance » notamment en cas de vol combiné du Reaper avec un AWACS, « deux vecteurs parfaitement complémentaires ». Les données ainsi recueillies sur les trafics maritimes et aériens dans la zone sont transmises aux responsables de l’opération, qu’ils soient nationaux ou alliés. Il permet aussi de « répondre à de nombreuses questions tant techniques qu’opérationnelles » avant d’envisager, « si nécessaire, ce type de mission dans d’autres cadres d’engagement ».

Commentaire : des outils d’une discrétion absolue

Ces deux moyens ont un gros avantage : assurer en toute discrétion la surveillance sur une vaste zone, avec une large autonomie. Le sous-marin, opérant en plongée, peut suivre en toute discrétion, des mouvements de navires suspects, y compris de navires militaires, en pleine mer et au plus près des côtes notamment. Idem pour le drone qui a l’avantage de couvrir une plus vaste zone, notamment les ports et aéroports, y compris sur le territoire libyen… La performance des capteurs est un atout indéniable pour l’opération IRINI.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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L’armée française tue un responsable d’AQMI au Nord Mali

Fri, 11/06/2021 - 18:11

(B2) Baye ag Bakabo, un « chef d’AQMI » (Al-Qaïda au Maghreb islamique), a été « neutralisé » au Mali par l’armée française, indique un communiqué officiel publié ce vendredi (11 juin).

Une opération de « vive force » a été lancée le 5 juin dans la journée contre « un groupe armé terroriste, qui s’apprêtait à déclencher des tirs de mortier sur une emprise » occupée par le bataillon tchadien de la Minusma (ONU), basé à Aguelhok (Mali). Cette opération a conduit à la « neutralisation de quatre terroristes », dont Baye ag Bakabo. Celui-ci était « considéré comme responsable » dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon à Kidal le 2 novembre 2013.

(Jean-Stanislas Bareth, st.)

Lire le communiqué
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Le Barkhane Exit de Emmanuel Macron. Sauve-qui-peut opérationnel ou raisonnement politique ? (v2)

Fri, 11/06/2021 - 02:01

(B2) Plusieurs raisons de politique africaine, internationale, comme opérationnelles semblent motiver la décision du président français, tout autant qu’un certain opportunisme électoral

Emmanuel Macron lors de la conférence de presse (crédit : Elysée)

Annoncée ce jeudi (10 juin) au détour d’une conférence de presse dédiée à présenter la position française au G7 et au sommet de l’OTAN, la décision de mettre fin à Barkhane a pu surprendre… Les mots employés par Emmanuel Macron, parlant d’un « sentiment d’usure » ou de « perdre le fil de pourquoi nous sommes là » — étaient en effet loin des communiqués de victoire d’il y a quelques mois (lire : Exit Barkhane. Vive Takuba et EUTM Mali. Emmanuel Macron décide de faire bouger les lignes).

Une décision repoussée à plusieurs reprises

On se souvient d’une décision attendue pour la fin 2020. Finalement, la décision avait été reportée. Le président français n’ayant pas réussi à trancher. Pour Emmanuel Macron, il était donc temps d’avancer une stratégie de sortie, pour tenter de se dégager de ce qui peut être analysé au bas mot comme une impasse militaire, avant de devenir un bourbier. À l’impression de sauve qui peut, on peut avancer cependant quelques raisons, solides, qui motivent cette décision, réfléchie longuement (trop longuement sans doute).

Les raisons de cette décision sont multiples

L’enlisement militaire

Tout d’abord, malgré les communiqués tambourinant des victoires sur l’ennemi terroriste, malgré un surge (décidé au sommet de Pau), les coups durs portés et les dizaines de ‘terroristes’ neutralisés — 859 tués pour le seul État islamique au Grand Sahara en un peu plus d’un an, depuis le sommet de Pau, disait le directeur du renseignement militaire (DRM) aux parlementaires —, les mouvements rebelles et terroristes ne semblent pas faiblir ni manquer de troupes. Ce n’est pas un échec. Les forces françaises ont marqué des succès tactiques. Mais elles ont failli sur l’objectif stratégique : éviter l’emprise terroriste sur le Sahel. Sur place, la joie et la bonne humeur qui avaient salué leur intervention en 2013 se sont évanouis, laissant place à une certaine lassitude, voire une hostilité. On peut donc dire que c’est un semi-échec.

La nouvelle donne politique africaine

Les coups d’État successifs au Tchad et au Mali ont précipité la décision de réajustement des troupes — même si le président français s’en défend. La situation à N’Djamena inquiète particulièrement. C’est là que se trouve le quartier général et une bonne partie de la logistique aérienne de l’opération. Le virage vers une instabilité chronique pourrait à la fois menacer le fonctionnement du QG, mais aussi la venue des Européens sur le théâtre, voire même en appui. La tentation du putsch militaire reste toujours vive. Elle pourrait gagner d’autres pays. La situation politique au Burkina Faso demeure tout aussi fragile.

L’échec de la montée en puissance européenne de Takuba

L’idée de mettre en place une opération européenne composée de forces spéciales européennes a, pour l’instant, échoué. La ministre des Armées a beau tous les trois mois bomber le torse et annoncer des arrivées futures. Force est de le reconnaitre : la France n’a pas réussi à convaincre, au-delà des premiers acteurs venus dès le début, Estoniens et Tchèques, rejoints ensuite par les Suédois, les autres contributions se font attendre. Les Italiens se font tirer l’oreille. Ni les Néerlandais ni les Belges ne comptent venir. Encore moins les Allemands, les Britanniques ou les Espagnols… Cela tient à plusieurs facteurs : la lenteur de mobilisation traditionnelle des Européens, un certain manque d’engouement pour un théâtre lointain et dangereux, etc. Mais il ne faut pas oublier aussi l’ambiguïté entretenue par les Français sur le commandement et les objectifs de Takuba. Le format ‘task-force‘ peine à convaincre. Ce n’est pas tout à fait une opération multinationale à part entière, mais une simple force dans un dispositif français.

La nécessité de convaincre les partenaires européens et de l’OTAN

Pour convaincre à la fois les responsables politiques et les élus nationaux des autres pays, il faut un format plus solide, plus multinational, plus africain. D’où la dissolution annoncée de ‘Barkhane’, trop connotée ‘OPEX à la française’ (1), destinée à renaitre sous un autre nom. En fait, on fusionne en une seule opération ‘Barkhane’, ‘Takuba’ et la force du G5 Sahel. Cette annonce (juste avant les sommets du G7 et de l’OTAN) a pour ambition, aussi, de convaincre les alliés de l’OTAN en premier lieu, et d’autres partenaires européens, et africains de rejoindre Takuba.

Le retrait US d’Afghanistan

Le retrait décidé rapidement par Joe Biden des Américains d’Afghanistan (qui entraîne celui des Alliés de l’OTAN) a joué également dans cette décision, un peu comme un exemple et une opportunité. Il ouvre à la fois un espace pour une nouvelle opération au Sahel — des effectifs militaires devenant ‘disponibles’ après être rentrés ‘à la maison’ — mais faisait aussi de Barkhane un symbole évident de l’interventionnisme militaire. Il fallait donc bouger les lignes.

L’échéance électorale

Enfin, il ne faut pas oublier la proximité de l’échéance électorale française de mai 2022. L’opération au Sahel n’a plus vraiment les faveurs des Français. Il était urgent de commencer un retrait en bon ordre, avant d’éventuelles nouvelles pertes inéluctables. Si celles-ci tombaient en pleine campagne présidentielle, elles ne pourraient pas être imputées uniquement à la fatalité…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. D’où l’insistance du président de la République à tourner la page des opérations extérieures

Précisions sur certaines tournures de phrases et ajout de l’argument du retrait américain.

Exit Barkhane. Vive Takuba et EUTM Mali. Emmanuel Macron décide de faire bouger les lignes

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L’Alliance atlantique en pleine forme avec Joe Biden. La France prise à revers

Thu, 10/06/2021 - 18:05

(B2) Outre les retrouvailles avec le boss, le président américain Joe Biden, le sommet de l’OTAN, du 14 juin pourrait être le signal d’un nouvel élan pour l’Alliance atlantique. Si renforcement militaire et politique il y a, ce sera de manière classique. Au grand dam de ceux tels Emmanuel Macron, qui souhaitaient une vaste réforme de l’Alliance

Joe Biden pour ses premiers pas sur le sol européen en tant que président américain au Royaume-Uni (tradition oblige), devant les militaires de l’US Air Force de la base de Mildenhall (crédit : White House)

America is back, Nato is back

L’arrivée de Joe Biden est un signal important. Le retour des États-Unis à une position plus traditionnelle, plus prévisible rend la tournure des débats plus paisible, plus classique avec l’ensemble des Alliés. Ceux-ci pourraient ainsi s’empresser de retourner dans la position du foetus, confortable, placé sous l’ombrelle américaine. Les velléités d’un pilier européen dans l’Alliance, d’une refonte complète telle que le président français Emmanuel Macron l’avait sinon rêvée, du moins proclamée, sont en train de s’effondrer.

Finie l’agitation et la rivoluzione

Le président américain Joe Biden l’a dit clairement en arrivant sur le sol anglais, mercredi 9 juin, devant le personnel de l’US Air force rassemblé sur la base de la RAF de Mildenhall : « L’Alliance transatlantique reste une source de force vitale pour le Royaume-Uni, l’Europe et les États-Unis ». Quant à la clause de défense mutuelle : « l’engagement des États-Unis envers notre Alliance de l’OTAN et l’article 5 est solide comme le roc. C’est une obligation sacrée ». Il n’est plus ainsi question de mettre en doute cette clause comme avait semblé le faire son prédécesseur Donald Trump. Pas plus que n’est venu le temps de dresser « le bilan de l’Alliance », voire même de « pense[r] en propre la défense, la sécurité des Européens » comme le souhaitait le président français (lire : L’OTAN en état de mort cérébrale dixit Emmanuel Macron).

Les Alliés en position du foetus

Passé l’épisode Trump, la plupart des pays européens n’ont pas envie de révolutionner leur belle Alliance. Au contraire, ils veulent lui donner un coup de peinture, sans changer les fondamentaux. Les menaces sont à l’Est, voire éventuellement à l’extrême-Est (alias la Chine). L’Alliance doit être « globale » traitant à la fois les aspects militaires traditionnels (air, terre, mer et espace) et de nouveaux domaines : cyber, technologies disruptives, changements climatiques etc. Et l’OTAN doit être l’espace — le « forum » dit-on au QG de l’Alliance — où toutes les questions de sécurité doivent être débattues, au besoin en toute franchise. Bref, comme le dit le secrétaire général de l’Alliance, sans être vraiment contredit : l’OTAN doit être « forte militairement, politiquement plus forte » et unie.

Ce qu’il faut attendre du Sommet de Bruxelles de l’OTAN (14 juin 2021)

Paris rentre dans le droit chemin ?

Pour la France qui avait envie d’affirmer la place européenne dans la sécurité, ce retour aux fondamentaux n’est pas une très bonne nouvelle. Paradoxalement, du temps de Donald Trump, Paris occupait une place de choix et pouvait davantage donner de la voix. Malgré leurs différences, le Français libéral et l’Américain républicain, allaient dans le même sens, partageant le constat sur l’obsolescence de l’Alliance. Ce discours n’est plus dans l’air du temps. Et Paris va devoir donner des gages de bonne foi dans une Alliance recentrée, autour de son chef (à Washington), notamment sur l’augmentation des coûts communs de l’OTAN. Dans un grand dialogue engagé avec les Américains, la France ne pourra pas se battre sur tous les fronts : la position vis-à-vis de la Chine, la taxation des GAFA, l’engagement sur les vaccins Covid-19… et l’Europe de la défense. Au-delà des grands mots, celle-ci pourrait donc faire les frais des « retrouvailles » euro-atlantiques (1). Et avec elle l’ambition d’une « autonomie stratégique » largement idolatrée à Paris.

L’idée d’autonomisation européenne morte-née

Les Américains frappent déjà à la porte de tous les outils de défense de l’UE : la coopération structurée permanente, l’agence européenne de défense et le fonds européen de défense (FEDef). Avec un danger : l’alignement sur une seule planète de tous ces outils, officiellement autonomes. Le risque existe de voir se transformer le FEDef — sous couvert de compétitivité industrielle — en un outil permettant aux États membres de développer des capacités « interopérables » avec leurs équivalents américains (autrement dit servant leurs objectifs). L’autonomie stratégique européenne théorisée deviendrait alors encore plus difficile à atteindre. Autrement dit, on reviendrait à l’axiome traditionnel : le ‘hard défense‘ (défense côté militaire) et les orientations militaires à l’OTAN, le ‘soft‘ (industries, sécurité intérieure) à l’Union européenne.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. L’absence d’une réunion au sommet OTAN-UE, en marge du sommet même de l’OTAN, comme c’était devenu une habitude depuis Varsovie en 2016, tient beaucoup à l’agenda ‘serré’ de Joe Biden. Mais ce symbole illustre bien ce changement de tropisme.

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