Les scieries sont le canal d'alimentation des industries du bois. Leur déliquescence a donc logiquement aggravé les difficultés que connaissait déjà l'aval de la filière. Les fabricants français de meubles, parquets, cuisines et huisseries ont dû « s'approvisionner en bois transformé auprès de scieurs étrangers, et ce à des prix plus élevés », explique le scieur Alain Lefebvre. Importer une ressource dont nous disposons localement en abondance… Cette logistique contre nature a fragilisé la compétitivité du secteur, tandis que la Chine, tout à sa stratégie de captation de la valeur ajoutée, a tué la concurrence européenne dans la seconde transformation. Elle s'appuie sans complexe sur une politique protectionniste, avec des taxes sur les importations européennes proportionnelles au degré de finition des produits : 8 % sur les grumes (troncs abattus et ébranchés), 14 % sur le bois scié, 20 % sur les parquets et… 100 % sur les meubles (1). À une question écrite du sénateur du Jura Gérard Bailly (Les Républicains), qui relevait ces termes inégaux des échanges, le ministre de l'agriculture avait répondu : « D'éventuelles mesures visant à rééquilibrer les régimes de taxes pour l'importation de produits transformés ou l'exportation de produits bruts relèvent des compétences exclusives de l'Union européenne et ne peuvent s'ouvrir que dans ce cadre. » Dans les faits, l'Europe n'impose aucune réciprocité et se laisse piller les emplois afférents.
En conséquence, « les acteurs français de la seconde transformation subissent désormais de plein fouet la compétition de produits finis chinois importés en France, fabriqués avec une matière première que nous leur avons vendue ! », s'emporte M. Jean-Marie Leclercq, directeur général de ProfessionsBois en Basse-Normandie. Toute la filière papetière a également été écrasée par la puissante concurrence scandinave. Certains industriels ont délocalisé tout ou partie de leur production, tels la parqueterie Morin ou le groupe Lapeyre. D'autres ont mis la clé sous la porte, comme le papetier M-Real. « Beaucoup souffrent, à l'image des fabricants de mobilier Parisot, Gautier ou Camif. Le parquetier Marty est en liquidation », détaille un scieur sous couvert d'anonymat. « Les jeux sont renversés, constate, stupéfait, M. Jacques Lamblin, député Les Républicains de Meurthe-et-Moselle. Nous faisons office de pays sous-développé ! » La sentence économique n'en est que plus sévère : en 2015, le déficit de la filière bois française avoisinait les 5,5 milliards d'euros. C'est près du double de celui de 1994 et, surtout, le deuxième poste du déficit commercial français… juste après les hydrocarbures.
(1) « Exportation du bois vers la Chine », Journal officiel du Sénat, Paris, 13 juin 2013.
On Wednesday, October 19th, IPI together with One Earth Future, and Inclusive Security, cohosted a policy forum on participatory policymaking and the women, peace, and security agenda. Speakers at the event shared their insights on national pathways to more inclusive peace and security, drawing on new research in the Democratic Republic of the Congo, the Philippines, Serbia, and Sierra Leone.
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The number of countries creating national strategies to advance women’s participation in peace and security processes has more than tripled since 2010, from 18 to 63. National Action Plans for implementing Security Council Resolution 1325 on women, peace, and security were conceived to address the gap between prescriptive international frameworks and domestic realities. Nationally designed and owned, they reflect each country’s particular security needs and priorities for peace. How are these plans developed in practice, and what impact do they have?
This event explored new research from four conflict and post-conflict countries: the Democratic Republic of the Congo, the Philippines, Serbia, and Sierra Leone. Panelists from government and civil society examined challenges and opportunities for national action on this front—from new security threats to “localization” of policies and roles for international actors.
The event also took stock of the effects of collaboration between government and civil society when developing and implementing these kinds of participatory peacebuilding policies. It offered lessons and insights for those looking to create and strengthen national plans for women, peace, and security in varied contexts around the world.
Speakers:
Julienne Lusenge, Director, Fund for Congolese Women
Maria Cleofe Gettie Sandoval, former Undersecretary, Office of the Presidential Adviser on the Peace Process, Philippines
Miki Jacevic, Vice Chair, Inclusive Security
Alexandra Amling, Researcher on Women, Peace, and Security, OEF Research
Moderator:
Marie O’Reilly, Director of Research, Inclusive Security
Opening Remarks:
Andrea Ó Súilleabháin, Senior Policy Analyst, International Peace Institute
Les 4,5 millions de francophones belges vont-ils faire capoter le Ceta, l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Canada ? Le Parlement de la Wallonie a posé, vendredi, son veto à sa signature par le gouvernement belge. Mercredi, un autre Parlement (il y en a sept), celui de la Communauté française de Belgique, a fait de même et le Parlement de la région bruxelloise devrait suivre. Ce triple veto compromet l’adoption du traité, prévue mardi, par l’Europe, puisqu’elle doit se faire à l’unanimité, et rend sans objet le sommet UE-Canada des 27 et 28 octobre au cours duquel il devait être paraphé par Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Certes, les dimensions de politique intérieure ne doivent pas être sous-estimées dans cette bronca parlementaire qui, comme toujours en Belgique, n’a rien d’irréversible : Bruxelles, la Wallonie et la Communauté française sont largement dominées par le PS, les centristes du CDH et les écologistes, alors que le gouvernement fédéral est le plus à droite qu’ait connu le petit royaume. Mais la réduire à cette dimension serait un peu court.
Il est difficile de nier qu’il y a un épuisement des opinions publiques européennes face à une mondialisation qui n’est pas heureuse pour tout le monde. On peut s’en désoler, mais c’est une réalité dont les gouvernements et l’Union européenne doivent tenir compte, sauf à nourrir le nationalisme et le rejet de l’autre. Cette montée brutale du protectionnisme, curieusement, touche surtout les pays dont les élites ont été les plus ferventes libre-échangistes : au Royaume-Uni, le vote en faveur du Brexit s’explique largement par la révolte des oubliés de la mondialisation. De même, aux Pays-Bas, Etat commerçant s’il en est, les citoyens ont rejeté au printemps l’accord d’association UE-Ukraine, qui est d’abord un accord de libre-échange. Ce phénomène touche aussi les pays riches et en plein-emploi, comme l’Allemagne, où l’opposition au Ceta ou au Tafta, projet de traité avec les Etats-Unis, est bien plus forte qu’en France, qu’en Italie, en Espagne ou au Portugal.
Ce décrochage des opinions publiques, qui se manifeste aussi aux Etats-Unis, comme le montre le phénomène Trump, est simple à expliquer : les pertes d’emplois liées à l’ouverture des frontières sont immédiates et touchent d’abord les plus fragiles, alors que les gains sont différés dans le temps et bénéficient aux plus diplômés et aux plus riches. On a beaucoup promis, en particulier de l’emploi et de l’enrichissement pour tous (le Tafta, c’est 900 euros de plus par ménage, a longtemps affirmé la Commission), et peu tenu. Enfin, les accords de nouvelle génération, qui harmonisent les normes, sont perçus comme un affaiblissement de l’autorité de l’Etat, et donc des citoyens, au profit du big business. On peut certes faire remarquer que la mondialisation a largement profité au reste de la planète. Mais les citoyens européens ne votent pas en Inde ou au Brésil, mais ici et maintenant, et l’égoïsme est la valeur du monde la mieux partagé. L’Union, ontologiquement persuadée des vertus du libre-échange, tout comme les gouvernements dont elle n’est que le reflet, doit prendre garde : le rejet de la mondialisation va de pair avec le rejet de l’Europe, perçue comme son cheval de Troie. La course en avant vers le libre-échange se terminera dans le mur du nationalisme.
N.B.: éditorial paru dans Libération du 15 octobre.
Pour rappel, à la suite de quelques messages agressifs et particulièrement désagréables (du style: et la Wallonie, ça ne vous intéresse pas?), je publie dans Libération (papier et numérique), sur Twitter (@quatremer), sur mes pages Facebook (deux au nom de Jean Quatremer, l’autre au nom de Coulisses de Bruxelles) et sur ce blog. Pour savoir ce que j’ai écrit sur ce blog, vous avez un très pratique moteur de recherche.
Russia and India signed a major arms deal on the sidelines of the BRICS summit in Goa this past weekend. The deal included four major components.
First, India becomes the second country after China to receive S-400 long-range air defense missiles. The agreement is for Russia to provide either 4 or 5 S-400 battalions to India. (Russian sources report the lower number, while Indian sources went with the higher one.) While a contract has not yet been signed, Russia signed a contract with China in 2014 to export four battalions for approximately $2 billion. The first systems are expected to be delivered in 2020.
Second, the two sides signed an agreement for India to purchase four Project 11356 (Admiral Grigorovich class) frigates. This agreement resolves the saga of the Project 11356 frigates that were originally ordered for Russia’s Black Sea Fleet but could not be completed after Ukraine refused to provide turbines for the ships in the aftermath of the 2014 conflict in Crimea and Eastern Ukraine. An agreement has been reached for Ukraine to provide the turbines for the ships as long as they are exported to India. According to Alexey Nikolsky of Vedomosti, one of the three ships will be completed at Yantar, while the hulls of the other two will be transferred to India and completed there. In addition, a fourth ship will be built entirely in India. The BMPD blog states that two ships will be completed in Russia and two built in India. It should be noted that India already operates six frigates of this type, which it calls the Talwar class. The total value of this agreement may be around $3 billion, which may include Russian assistance in the modernization of the HSL shipyard in India.
Third, the two sides signed an agreement for India to lease an inactive Akula-class multi-purpose nuclear submarine. India is already leasing a submarine of this class from Russia, the INS Chakra (formerly known as the Nerpa), which has been in the Indian Navy since 2012. Although the specific submarine to be leased was not mentioned, Russian contacts report that it is likely to be one of the Northern Fleet submarines currently being overhauled at Zvezdochka (Samara or Bratsk), rather than the hull that has been sitting incomplete at the Amur shipyard since the mid-1990s and has in the past been mentioned as a possible candidate for leasing to India. The agreement noted that the submarine is expected to be refurbished and modernized prior to transfer. Given the Indian Navy’s experience with the modernization of the INS Vikramaditya, I wonder what provisions about delays and cost overruns the Indian side will include in the contract.
This agreement signals that India has given up on leasing or buying a Yasen-class submarine. As I have indicated previously, Russia was most likely unwilling to provide its most advanced submarine to India, either because of its capabilities or because constraints on the number of Yasen-class submarines that can be built in Russia would mean that providing such a submarine to India would result in delays in the procurement of Yasen submarines for the Russian Navy.
Finally, Rosoboronexport, Russian Helicopters, and the Indian company HAL have agreed to create a joint venture for the production of Ka-226T helicopters. According to the BMPD blog, the venture will buy 60 helicopters from Russian Helicopters and then assemble an additional 140 in Bangalore under license.
According to Konstantin Makienko of CAST, the total value of these four agreements is likely to substantially exceed $6 billion. The agreements show that although India has sought to diversify its suppliers for military equipment, it will continue to have a strong relationship with Russia in this field, particularly when it comes to hardware that it cannot receive from other suppliers (such as nuclear submarines and long-range air defense missiles).