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Diplomacy & Crisis News

Theresa May Is a Religious Nationalist

Foreign Policy - mar, 06/12/2016 - 16:21
You can't understand the British prime minister’s politics, or her Brexit strategy, without understanding her Anglicanism.

La réunification de la Corée aura-t-elle lieu ?

Le Monde Diplomatique - mar, 06/12/2016 - 11:46

Soixante-trois ans après la fin de la guerre qui a divisé la Corée en deux, aucun traité de paix n'a été signé pour normaliser les relations entre les deux pays. Au Sud, les dirigeants conservateurs imaginent une absorption du Nord sur le modèle de la réunification allemande. L'histoire coréenne ne présente pourtant que peu de points communs avec celle de l'Allemagne.

Lee Gap Chul. – Dans le quartier de Sanbokdoro à Busan (Corée du Sud), 2014 Ses photographies sont exposées à La Maison de la Chine, place Saint-Sulpice à Paris jusqu'au 26 février 2016.

Emouvantes retrouvailles entre Coréens du Nord et du Sud dans la célèbre station du mont Kumgang, en République populaire démocratique de Corée (RPDC). Larmes et sourires mêlés, des hommes et des femmes, souvent très âgés, ont revu un frère, une sœur, une mère, un père, un fils ou une fille pour la première fois depuis la cassure de la péninsule, en 1953. En vertu de l'accord de l'été dernier entre les deux gouvernements, 400 Sud-Coréens, tirés au sort parmi les 66 488 personnes qui en avaient fait la demande auprès des autorités de Séoul, ont été autorisés à franchir la frontière, le 20 octobre 2015 (1). Quand ces rencontres cesseront-elles de faire l'événement pour appartenir à la vie quotidienne ? Nul ne le sait.

Certes, on trouve au Nord de formidables fresques saluant l'unification et, au Sud, un ministère du même nom. De chaque côté, on assure rechercher les voies de l'indispensable réunion « du » peuple coréen. Mais, dans les faits, le rapprochement n'avance guère. Pour la plupart des commentateurs, la faute en revient aux dirigeants nord-coréens et à leurs lubies provocatrices. Celles-ci apparaissent d'autant plus dangereuses que Pyongyang affirme détenir l'arme nucléaire. Pour autant, nombre d'observateurs, en Corée du Sud, refusent de lui faire porter le chapeau. Ils soulignent la responsabilité des gouvernements de Séoul, notamment depuis 2008. Beaucoup pointent également du doigt les Etats-Unis.

Pour comprendre les peurs qui agitent les deux Corées, il faut se replonger dans une histoire lourde de drames. Dès 1910, la péninsule est occupée par le Japon, qui impose un régime d'une cruauté extrême — une occupation, avec son lot de résistances (plutôt au Nord, industrialisé) et son cortège de collaborateurs. Libéré des Japonais, le territoire se retrouve livré aux « forces de paix » : au Nord, les troupes soviétiques, Kim Il-sung prenant la tête du pays ; et au Sud, les Etats-Unis, qui installent un pouvoir autoritaire en s'appuyant sur des forces ayant collaboré avec Tokyo. Jouant du dépit des progressistes, le Nord envahit le Sud, avant d'être repoussé par l'armée américaine, mandatée par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU), alors boycottée par l'URSS. S'ensuivra un déluge de feu auquel participera — au moins symboliquement — la France. Le général Douglas MacArthur, qui dirige les opérations, menace à plusieurs reprises d'utiliser l'arme atomique (2). Seule l'entrée en guerre des troupes chinoises évitera à la Corée du Nord l'éradication totale et à la Chine le stationnement de l'armée américaine à ses frontières.

Quand le Nord dépassait le Sud

Le 27 juillet 1953, un armistice est signé à Panmunjeom, sur le 38e parallèle, ligne de démarcation d'avant l'offensive militaire. Une guerre pour rien, en quelque sorte. Aujourd'hui encore, deux baraquements bleus, séparés par des dalles en béton au sol, matérialisent la frontière dans la « zone démilitarisée » (demilitarized zone, DMZ), avec d'un côté des soldats américains (estampillés ONU) et sud-coréens et de l'autre des militaires nord-coréens, figés dans un invraisemblable face-à-face.

A rebours des idées reçues, l'ancien ministre sud-coréen de l'unification (2002-2004) Jeong Se-hyun, rencontré à Séoul quelques semaines avant le voyage des familles de l'autre côté de la frontière, rappelle qu'il fut un temps où « c'est le Sud qui craignait une réunification sous l'égide du Nord ». Ce dernier, malgré les dévastations, affichait alors un produit intérieur brut (PIB) deux fois plus élevé. Mais, au milieu des années 1960, le Sud décolle tandis que le Nord régresse. La peur change de camp, mais la méfiance s'installe de part et d'autre.

Ce septuagénaire qui a vu alterner des périodes d'ouverture et de complète fermeture raconte avec moult détails la saga des deux frères ennemis, où le plus inconstant n'est pas celui qu'on croit : « La politique du Sud vis-à-vis de la Corée du Nord change au rythme des présidents de la République. Elle varie en fonction de leur sentiment anticommuniste (ou non) ainsi que de leur croyance (ou non) dans l'effondrement rapide du Nord. »

Dès 1972, une première « déclaration commune » envisage une possible « réunification ». Mais c'est après la fin de la dictature au Sud, et surtout après la chute du mur de Berlin, que Séoul change de braquet. « Le président Roh Tae-woo [1988-1993] a senti que le monde bougeait. Il avait beau être un militaire, il n'était pas obsédé par l'anticommunisme, et il a jeté les bases d'un accord avec Pyongyang », explique M. Jeong. Le 21 septembre 1991, les deux Corées intègrent officiellement l'ONU. Trois mois plus tard, elles signent un « accord de réconciliation, de non-agression, d'échanges et de coopération » — une énumération de grands principes. Mais, à défaut d'entrer dans l'état de paix, on est sorti de l'état de guerre.

Selon M. Jeong, les dirigeants nord-coréens veulent en profiter pour normaliser leurs rapports avec les Etats-Unis ; d'autant que les aides soviétiques se sont volatilisées avec l'URSS. En janvier 1992, assure-t-il, « Kim Il-sung envoie son propre secrétaire au siège de l'ONU à New York pour une rencontre secrète avec un émissaire américain, porteur d'un seul message : “Nous renonçons à réclamer le retrait des troupes américaines du Sud ; en contrepartie, vous garantissez que vous ne remettrez pas en cause l'existence de notre pays.” George Bush père répondra à l'offre par le silence. C'est à ce moment que Kim Il-sung lance sa politique nucléaire, convaincu que Washington veut rayer la RPDC de la carte ». Ce qui n'était pas entièrement faux. Comme tout Sud-Coréen, M. Jeong désapprouve ce recours au nucléaire, mais il insiste sur l'ordre des responsabilités, contredisant l'histoire officielle : Washington jette de l'huile sur le feu ; Pyongyang réagit.

A Séoul, le successeur de M. Roh, Kim Young-sam, est persuadé, à l'instar du président américain, que le Nord communiste va s'effondrer, comme l'Allemagne de l'Est en son temps. Il cadenasse toutes les issues afin de précipiter sa perte. La RPDC, elle, connaît une période de famine dans la seconde moitié de la décennie 1990, qui fait près d'un million de morts et dont les séquelles se font sentir jusqu'aujourd'hui (3). Mais la dure répression et les réflexes nationalistes de sa population l'empêcheront de voler en éclats.

La légende assure que le blocus a été brisé en 1998, quand Chung Ju-yung, le fondateur de Hyundai, l'un des plus puissants chaebol (conglomérats) sud-coréens, franchit la frontière à la tête d'un troupeau de mille vaches, symbole de l'aide humanitaire, avant de rencontrer le président nord-coréen. Mais la grande percée sera la poignée de main historique entre Kim Jong-il (Nord) et Kim Dae-jung (Sud), en juin 2000. S'ouvre alors une décennie de dialogue et d'échanges : ouverture d'un site touristique au mont Kumgang (2003) et d'une zone industrielle à Kaesong, en territoire nord-coréen, avec des entreprises sud-coréennes (2004) ; reconnexion, sous surveillance, de quelques liaisons ferroviaires et routières (2007), etc.

Cette sunshine policy (« politique du rayon de soleil »), ainsi baptisée par Kim Dae-jung en référence à la fable d'Esope Le Soleil et le Vent, a connu bien des orages, alimentés par les surenchères nucléaires de Pyongyang (trois essais depuis 2006), les intransigeances américaines, l'ambiguïté chinoise. Elle a complètement sombré avec l'arrivée en 2008 du président conservateur sud-coréen Lee Myung-bak, qui fait le choix de la confrontation. Seul vestige de cette décennie prometteuse : le complexe de Kaesong.

Faut-il pour autant tirer un trait sur tout espoir de paix, voire de réunification ? Bien que conservatrice comme M. Lee, la présidente Park Geun-hye avait promis en arrivant au pouvoir, en 2013, de bâtir une « politique de confiance » (trust policy), à mi-chemin entre la « politique du rayon de soleil » et la fermeture totale de son prédécesseur. Mais, si l'on excepte les rencontres familiales d'octobre dernier, rien ne semble bouger. « Mme Park appuie sur le frein et sur l'accélérateur en même temps, lance M. Jeong. Cela fait beaucoup de bruit, mais on reste sur place. »

Washington, le grand obstacle

Directeur du Centre des études nord-coréennes à l'institut Sejong à Séoul, Paik Hak-soon n'est guère plus tendre avec la présidente, qu'il accuse de manipuler la question nord-coréenne pour de sombres raisons de politique intérieure (lire « Virage autoritaire à Séoul »). Dans son bureau à l'entrée du campus, il insiste sur l'impressionnante parade militaire organisée par le président du Nord, M. Kim Jong-un, le 10 octobre 2015 ; un tournant dont le plus marquant n'est pas le déploiement des forces armées, mais sa signification politique : le dictateur affirme ainsi son « contrôle sur les affaires militaires et économiques, sur l'Etat et le parti ». Dommage que, se focalisant sur les tares du régime, la presse « ignore ce qui change », ajoute-t-il : « L'économie nord-coréenne se porte mieux. Kim Jong-un a consolidé son pouvoir. Il a amélioré ses relations avec le Japon, qui, depuis mai 2014, a levé certaines sanctions [comme l'interdiction des transferts d'argent liquide] et avec lequel il a entamé des négociations sur la question des citoyens japonais kidnappés (4). Il a réglé le contentieux avec la Russie sur la dette (5) [11 milliards d'euros datant de la période soviétique, que M. Vladimir Poutine a effacés à 90 %]. Et Moscou a rouvert en septembre 2015 une portion de voie ferrée reliant la ville russe de Khassan à la ville nord-coréenne de Rajin. »

Autre spécialiste reconnu, Koh Yu-hwan estime lui aussi que la période est favorable. « Kim Jong-un essaie d'améliorer les relations avec la Corée du Sud et aimerait apaiser les tensions avec les Etats-Unis. Ce n'est que si le dialogue ne marche pas qu'il se lancera dans de nouvelles provocations. » Ce directeur de l'autre grand institut d'études nord-coréennes de Séoul — à l'université de Dongguk, celui-là — est l'un des rares chercheurs à pouvoir franchir la frontière dans le cadre des échanges entre son université (bouddhiste) et le temple rénové du mont Kumgang. Il participe à la commission présidentielle pour la préparation de l'unification, placée sous l'autorité directe de Mme Park, sans contrôle, et très critiquée par les milieux progressistes et pacifistes. Il y apparaît comme une voix singulière prônant le dialogue dans un océan de préjugés.

Lee Gap Chul. – Jeunes filles célestes sur le mont Mari pendant le rituel d'adoration du ciel, île de Ganghwa (Corée du Sud), 1992

Pour la majorité des responsables sud-coréens, en effet, le régime de Pyongyang ne peut que s'effondrer. Le 25 octobre dernier, le journal conservateur Chosun Ilbo, le plus lu du pays, posait en « une » une question purement rhétorique : « Les jours du régime nord-coréen sont-ils comptés ? » Et l'éditorialiste de citer la « désaffection croissante des élites » : 8 hauts cadres du régime ont trouvé refuge au Sud en 2013 et 18 en 2014, sur un total de réfugiés en baisse (2 600 par an entre 2008 et 2012, 1 596 en 2014). En attendant le grand soir, les études comparatives avec l'Allemagne se multiplient. Et c'est à Dresde, le 28 mars 2014, que Mme Park a proposé une « initiative pour la réunification pacifique de la péninsule » (6). Avec toujours l'idée du triomphe d'une Corée capitaliste et démocratique sur toute la péninsule.

Toutefois, la comparaison avec les deux Allemagnes des années 1970-1980 n'apparaît guère pertinente, notamment parce que les deux Corées se sont affrontées militairement au cours d'une guerre civile. Malgré une histoire et une culture communes, de profondes haines demeurent. De plus, les divergences sont bien plus fortes : si l'économie ouest-allemande était quatre fois plus forte que l'est-allemande, dans le cas des deux Corées, le rapport est de 1 à 60. Pas étonnant que la nouvelle génération sud-coréenne, qui a déjà du mal à trouver sa place dans une société en crise, ne manifeste pas un grand enthousiasme à l'idée de payer pour accueillir un voisin qu'elle ne connaît qu'à travers les caricatures. C'est si vrai que les réfugiés nord-coréens demeurent maltraités, condamnés aux petits boulots et le plus souvent discriminés (7).

Personne ne peut dire si le régime de Pyongyang perdurera ; mais tabler sur son effondrement empêche toute réflexion pour sortir d'une politique de la confrontation. Au contraire, « si l'on part de l'idée que la Corée du Nord va continuer à exister, assure Koh Yu-hwan, alors il faut trouver des voies pour le dialogue et la négociation. Tout le monde a intérêt à ce qu'elle s'intègre au capitalisme mondial ». Comme la plupart des experts rencontrés, il prône une politique des petits pas. Tel M. Choi Jin-wook, président du très officiel Institut de Corée pour l'unification nationale (Korea Institute for National Unification) à Séoul : « Les relations entre les deux pays ayant connu une série de progrès et de régressions, la confiance est très largement entamée. Il faut donc commencer par de petites choses et avancer pas à pas. »

Sur le principe, tout le monde semble d'accord. Quant aux actes… Park Sun-song, enseignant et chercheur à l'Institut des études nord-coréennes de l'université Dongguk, met en cause l'ordre des priorités martelé par la présidente Park : l'abandon de l'arme nucléaire par Pyongyang en contrepartie d'une aide humanitaire et de négociations. « Bien sûr, la dénucléarisation reste un objectif-clé ; mais, compte tenu de la densité des armes accumulées dans la péninsule, traiter cette question sous son aspect purement militaire ne peut être vécu par Pyongyang que comme une pression. »

Il faut rappeler que, si la Corée du Nord n'a rien d'un ange de la paix et brandit régulièrement la menace militaire, la Corée du Sud possède des armes ultramodernes, avec des systèmes antimissiles américains, et que les Etats-Unis y maintiennent près de 29 000 soldats. Le nucléaire, poursuit Park Sun-song, « n'est que l'un des problèmes à résoudre. C'est en œuvrant au processus de paix et de coopération que l'on obtiendra la dénucléarisation, et non l'inverse. Cela concerne le Nord, le Sud, mais aussi l'ensemble de l'Asie du Nord-Est » — et, bien sûr, les Etats-Unis : « Aujourd'hui comme hier, explique l'ex-ministre de l'unification Jeong, ils représentent l'obstacle le plus important à une normalisation entre les deux Corées. »

Non seulement Washington refuse tout dialogue bilatéral avec Pyongyang, mais les exercices militaires conjoints avec l'armée sud-coréenne exacerbent les peurs. Il s'agissait à l'origine d'« entraîner les troupes américaines et sud-coréennes à lutter contre une infiltration des forces spéciales nord-coréennes au cœur du territoire sud-coréen, rappelle Moon Chung-in, professeur de sciences politiques à l'université Yonsei à Séoul. Puis, en 2013, l'objectif a été modifié, et les Etats-Unis ont déployé des armes tactiques : outre des sous-marins nucléaires, des bombardiers B-52 et des bombardiers furtifs B-2, capables d'embarquer des armes nucléaires, ainsi que des chasseurs furtifs F-22 et des destroyers équipés du système antimissile Aegis (8) ». Moon Chung-in ne minimise pas le « comportement belliqueux » de Pyongyang ; mais, dit-il, « c'est bien un accroissement des menaces américaines qui a conduit le pouvoir nord-coréen à adopter une telle posture ».

La réaction de la RPDC — menace nucléaire, lancement de missiles — ne lui a cependant pas permis d'obtenir la négociation réclamée avec Washington. En octobre dernier, la télévision d'Etat nord-coréenne a enfin appelé à sortir de « l'escalade de la tension » : « Si les Etats-Unis tournent courageusement le dos à leur politique actuelle [et négocient un traité de paix], nous serons heureux de répondre par un comportement constructif. Nous avons déjà envoyé un message par des canaux officiels pour des pourparlers de paix, et nous attendons la réponse (9). » Sans doute Pyongyang espère-t-il des négociations comme avec l'Iran. Mais, rappelle Koh Yu-hwan lors de notre rencontre à Dongguk, « l'Iran n'a pas la Chine à ses côtés ». Or « les Etats-Unis ont aussi Pékin dans leur viseur ».

Idylle avec la Chine

Certes, après le dernier essai nucléaire, la Chine a fini par voter les sanctions contre la RPDC. Mais elle continue à lui fournir de l'aide alimentaire et du pétrole — entre autres — afin de prévenir tout choc fatal. Toutefois, le président Xi Jinping n'a jamais rencontré son jeune homologue nord-coréen, alors qu'il s'est rendu en voyage officiel à Séoul et que Mme Park a assisté à Pékin au défilé militaire commémorant la fin de la guerre contre le Japon. Politiquement, le geste est spectaculaire, et le rapprochement sensible au moment où les deux pays sont en délicatesse avec Tokyo. Economiquement, la Chine est devenue le premier partenaire de la Corée du Sud, qui est son troisième fournisseur.

A Séoul, les amis conservateurs de Mme Park ne voient pas d'un très bon œil cette idylle à l'heure où les relations sino-américaines ne sont pas au beau fixe. Ils rappellent que, si la Chine est le premier partenaire commercial, les Etats-Unis demeurent l'unique partenaire en matière de sécurité. « Il y a dans le ciel de l'Asie de l'Est deux soleils levants [la Chine et les Etats-Unis], remarque un diplomate sud-coréen. La Corée du Sud devra faire un choix (10). » Pour l'heure, la présidente Park joue des deux soleils. Mais elle hésite toujours à entamer et à imposer des négociations sérieuses avec Pyongyang. La proposition nord-coréenne d'une confédération ou celle des progressistes sud-coréens d'une union fédérale à la manière de l'Union européenne restent de vagues hypothèses.

Quant à la France, qui ne reconnaît pas la RPDC, elle apparaît figée dans une autre époque. « Au lieu de traiter la Corée du Nord comme un paria, de l'isoler toujours plus, de l'enfermer dans ses murs idéologiques, mieux vaudrait essayer de l'entraîner vers la communauté internationale et d'aider à l'ouverture », plaide Koh Yue-hwan. A moins que Paris, comme certains conservateurs sud-coréens, n'attende qu'elle s'effondre…

(1) Selon le ministère de l'unification à Séoul, 53,9 % de ces candidats aux retrouvailles ont plus de 80 ans et 11,7 % plus de 90 ans.

(2) Lire Bruce Cumings, « Mémoire de feu en Corée du Nord », Le Monde diplomatique, décembre 2004.

(3) Lire « Voyage sous bonne garde en Corée du Nord », Le Monde diplomatique, août 2015.

(4) Durant la guerre froide, le gouvernement nord-coréen a kidnappé des Japonais pour former ses espions. Il en resterait treize selon Pyongyang, qui en a libéré cinq, et dix-sept selon Tokyo.

(5) Lire Philippe Pons, « La Russie appelée à la rescousse », Le Monde diplomatique, mars 2015.

(6) « La présidente fait une proposition en trois volets à Pyongyang », Korea.net, 31 mars 2014.

(7) Lire « Rééducation capitaliste en Corée du Sud », Le Monde diplomatique, août 2013.

(8) Interview réalisée par Antoine Bondaz, Korea Analysis, no 1, Paris, janvier 2014.

(9) « N. Korea proposes talks on peace treaty with US », NK News.org, Séoul, 9 octobre 2015.

(10) « La politique sud-coréenne n'a pas à choisir entre deux soleils », interview de Yun Duk-min, Korea Analysis, no 7, juillet 2015.

Russie/OTAN : maîtriser la confrontation

Politique étrangère (IFRI) - mar, 06/12/2016 - 08:00

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir l’article du numéro d’hiver 2016 de Politique étrangère que vous avez choisi : « Russie/OTAN : maîtriser la confrontation », par Dmitri Trenin.

« Le sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Varsovie en juillet 2016 a concrétisé dans le domaine militaire les décisions politiques annoncées au sommet de Newport (pays de Galles) de septembre 2014, en réponse aux actions conduites par Moscou en Ukraine. La confrontation politico-militaire est donc de retour en Europe après un quart de siècle de « grandes vacances » qui a vu, après la fin de la guerre froide, la coopération régner en matière de sécurité. Cette nouvelle confrontation, à l’allure bien connue, est sans doute vouée à durer, et affectera lourdement la sécurité de tous les pays européens, membres de l’OTAN ou non. Il faut prendre la pleine mesure de cette situation pour, dans un premier temps, maîtriser les risques immédiats et très réels qui en découlent et, dans un second temps, trouver les moyens de stabiliser une situation sécuritaire dégradée en Europe.

Dans leur état actuel, les relations américano-russes et les relations Russie/OTAN sont souvent comparées à ce qu’elles furent durant la guerre froide – ce qui est trompeur. La confrontation d’aujourd’hui est très éloignée du conflit qui a opposé l’Union soviétique aux États-Unis des années 1940 aux années 1980, marqué par un affrontement idéologique fondamental, la réalité infranchissable du Rideau de fer, un isolement économique quasi-total, et la menace permanente d’une apocalypse nucléaire. La situation présente est très différente, mais elle peut s’avérer tout aussi dangereuse. À recourir à l’analogie de la guerre froide, on s’incite à redouter des dangers qui ne reviendront pas – en s’interdisant de voir ceux qui menacent réellement.

Une nouvelle division de l’Europe

Aux yeux de Moscou, l’OTAN est de nouveau l’instrument principal de la présence militaire et de la domination politique américaines en Europe. Le Kremlin rejette farouchement les jugements occidentaux sur la politique russe en Crimée et en Ukraine, qui serait la cause centrale du renouveau de l’OTAN. Pour Moscou, c’est bien au processus d’élargissement de l’OTAN vers l’est, ouvert voici 20 ans, qu’il faut attribuer la rupture de la coopération de sécurité entre la Russie et l’Occident dans les années 1990 et 2000. Le président Poutine a explicitement identifié l’usage de la force militaire en Crimée en 2014 comme une action préventive contre une éventuelle accession à l’OTAN de l’Ukraine post-Maïdan.

Les décisions prises à Varsovie en 2016 avaient été publiquement discutées et n’ont pas surpris Moscou, qui a eu tout loisir de les analyser calmement ; elles n’ont donc pas, en elles-mêmes, ouvert de nouvelle crise. Le total des quatre bataillons nouvellement déployés par l’OTAN dans les trois États baltes et en Pologne, en plus d’une brigade multinationale déployée en Roumanie, sont très loin du contingent d’un million d’hommes qui a longtemps stationné en Allemagne de l’Ouest. La Force de réaction de l’OTAN, avec six nouveaux postes de commandement installés dans les États de l’est de l’Alliance, ne constitue pas une menace immédiate pour la Russie. Moscou suit de près les exercices plus fréquents conduits par l’OTAN près des frontières russes, mais ne peut les interpréter comme la préparation secrète d’une invasion imminente… »

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A Time Bomb

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - mar, 06/12/2016 - 00:00
(Own report) - Following Italian Prime Minster Matteo Renzi's defeat in Sunday's referendum, Berlin is urging Rome to quickly form a "capable government" and resume its adjustment to the German model of austerity. "The economic problems have to be tackled at the roots," said Jens Weidmann, head of Germany's central bank, yesterday. German financial experts are floating the idea of a cabinet of technocrats, modeled on the Mario Monti government. Monti ruled for a year and a half beginning in November 2011, without having been democratically elected and initiated an austerity program considered extremely harsh. Time is pressing: the bank crisis, caused, to a large extent, by bankruptcies due to German austerity dictates, which has been festering in Italy for a long time, is threatening to escalate. The Monte dei Paschi di Siena tradition bank's recapitalization planned this week is acutely endangered. It cannot be ruled out that its bank crisis could soon spread to other Italian credit institutions and to German banks.

How Democracies Fall Apart

Foreign Affairs - lun, 05/12/2016 - 22:42
Data on authoritarian regimes show that until recently, coups have been the primary threats to democracy. In the last decade, however, populist-fueled authoritarianization has been on the rise, accounting for 40 percent of all democratic failures between 2000 and 2010 and matching coups in frequency. If current trends persist, populist-fueled authoritarianization will soon become the most common pathway to autocracy.

Le système mondial : réalité et crise

Politique étrangère (IFRI) - lun, 05/12/2016 - 11:31

Découvrez cette semaine un autre texte marquant de la revue Politique étrangère, reflet de l’exposé présenté lors du colloque franco-iranien du 4 et 5 juillet 1978 au Centre d’études de Politique étrangère : Marcel Merle, « Le système mondial : réalité et crise », publié dans le numéro d’hiver 1978 (n°5/1978).

Marcel Merle (1923-2003) a été un des pionniers de l’étude des relations internationales en France.  Agrégé de droit public en 1950, il s’engage dans une carrière universitaire. Il a notamment été directeur de l’Institut d’études politiques de Bordeaux et professeur à l’Université Paris 1. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence dont Sociologie des relations internationales (1974) et La Politique étrangère (1984).

« Ce bref exposé introductif n’a pas d’autre objet que de planter le décor qui doit servir de toile de fond à nos débats. Il ne prétend nullement présenter un tableau exhaustif ni, surtout, définitif de la situation mondiale. Mais il permettra peut-être, par les réactions qu’il provoquera, de dégager le minimum d’accord nécessaire à l’interprétation correcte des problèmes locaux ou régionaux qui intéressent plus directement les participants au Colloque.

Les réactions à prévoir sont d’autant plus normales que le point de vue présenté en guise d’introduction sera forcément empreint de subjectivité. Contrairement à une opinion assez répandue, le point de vue de Sirius n’existe pas. Existerait-il, qu’il serait d’ailleurs partiel et falsifié puisqu’il ne pourrait prendre en compte ce qui se passe du côté de la « face cachée de la terre ». Tout observateur est situé, topographiquement, politiquement et idéologiquement, quels que soient ses efforts en vue d’atteindre à l’objectivité. Le seul point commun entre tous les participants réside dans la simultanéité des points de vue. Mais la coïncidence dans le temps ne suffira certainement pas à abolir la diversité des appréciations. Cette diversité constituant une richesse, il importe que les propos émis au début du Colloque ne soient pas traités comme des conclusions mais comme des propositions à débattre.

Pourquoi placer ces réflexions sous le vocable de « système » ? La question n’est pas indifférente. Pour qualifier le même exercice, on se serait contenté, autrefois, de parler d’analyse de situation. Dans une certaine mesure, il est vrai que l’utilisation du terme de système constitue une certaine concession à la mode : chacun sait que la théorie des systèmes connaît actuellement une grande vogue, et certains croient pouvoir, en se parant de ce vocable, donner plus de poids à leurs opinions. S’il ne s’agissait que de cela, mieux vaudrait renoncer à l’usage d’un terme qui n’aurait pas d’autre valeur que celle d’une étiquette ou d’une couche de peinture. Dans mon esprit, le terme de système est un outil de travail qui a déjà le mérite de nous dispenser d’utiliser d’autres concepts beaucoup trop ambitieux (comme celui de « société internationale ») ou beaucoup trop vagues (comme celui de « relations internationales »). En dehors de cette vertu négative, le temps de système a l’avantage de nous astreindre à rechercher, dans la confusion que nous offre le spectacle de la réalité, un minimum de cohérence dans la configuration des forces et dans le mode de fonctionnement des relations entre ces forces.

À partir de cette incitation, il est possible d’établir rapidement l’existence d’un système international pour mieux analyser ensuite la nature et la signification de la crise qui affecte actuellement la vie de ce système. […] »

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Caméras sur la frontière

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 11:28

Ours d'or à Berlin en 2016, Fuocoammare, par-delà Lampedusa, de Gianfranco Rosi, est en salles depuis le 28 septembre. Ta'ang, un peuple en exil entre Chine et Birmanie, de Wang Bing, est sorti le 26 octobre. Le 11 janvier prochain, ce sera au tour d'Entre les frontières, d'Avi Mograbi. Trois documentaristes parmi les plus grands ont décidé de filmer la même figure : celle du réfugié.

Rosi dresse le portrait d'un petit groupe d'habitants de l'île de Lampedusa, qu'il commence par isoler pour ensuite entrecroiser leurs vies, jusqu'à évoquer un cliché des années 1950 : les femmes font le ménage, les maris pêchent, les enfants jouent dans les prés, tandis que la radio berce tout le monde avec des chansonnettes d'autrefois. Nous sommes pourtant bien en 2016 : chaque nuit, la marine militaire recueille en pleine mer des centaines de migrants qui préfèrent risquer leur vie sur des rafiots plutôt que passer un jour de plus en Libye. Cette réalité-là est filmée dans le style rude de l'enquête documentaire : images rapides qui, tout en s'attardant sur les procédés d'identification de la police, ne parviennent à identifier personne… Ce que Rosi montre, voire dénonce, c'est la séparation de deux mondes voisins et imperméables. Filmer Lampedusa revient alors moins à montrer le réfugié qu'à pointer l'aveuglement de la population européenne, retranchée derrière des murs dont le plus haut est sans doute son illusion de pouvoir se couper du reste du monde. Fort, séduisant, impeccable dans sa mise en scène, le film risque cependant à tout moment de tomber dans le piège de sa propre métaphore en ne se donnant pas les moyens d'accueillir lui-même celui qui cherche refuge.

Ta'ang emprunte le chemin opposé. Une fois de plus, le cinéma de Wang Bing affiche la volonté d'accorder un nom, une existence, une voix aux silencieux. Les Ta'ang sont un peuple frontalier. Ils vivent en Birmanie, et la guerre civile qui oppose des armées rebelles au gouvernement en a fait des réfugiés oscillant sans cesse entre Birmanie et Chine. Les précédents films du réalisateur, appuyés sur une structure (l'usine d'À l'ouest des rails, l'asile d'À la folie) ou sur un personnage (l'écrivaine de Fengming, chronique d'une femme chinoise, l'aînée des Trois Sœurs du Yunnan), affirmaient un cinéma arc-bouté sur des frontières nettes. Comment alors saisir l'image d'un peuple errant ? Double difficulté — montrer un lieu, montrer une identité — là où règne l'entre-deux : deux territoires, deux langues, deux frontières. Contraint de filmer surtout la nuit afin d'échapper aux contrôles de l'armée, le cinéaste va devoir installer sa caméra près d'un feu, là où de petits groupes s'assoient pour partager un repas, échanger quelques mots et tenter de dormir. C'est ainsi, en déjouant un problème pratique, qu'il saisit l'image de ce peuple : moins celle, attendue, d'une errance que celle d'une installation, même éphémère. Faut-il donc que le cinéma se trouve dans la position de chercher un abri pour que la langue des réfugiés lui devienne compréhensible ? Wang Bing finit par trouver son film en rusant avec les contraintes imposées par l'armée et n'en filme que le résultat : les bivouacs qui enflamment les nuits de Ta'ang.

À l'inverse, Mograbi ne documente que la fabrication d'un film qui finalement ne sera pas tourné. L'intention du cinéaste israélien était d'abord de proposer à des demandeurs d'asile africains, assignés à résidence dans un camp au milieu du désert à la frontière d'Israël, d'interpréter d'anciens récits de réfugiés juifs. Et de rappeler par là au public israélien que son pays a été fondé par un peuple de réfugiés. L'idée est belle. Son échec — ou comment les demandeurs d'asile ont pris possession du film et l'ont transformé en leur propre récit — est encore plus beau.

Les moments les plus forts de ces trois films sont moins ceux où le cinéaste offre un refuge que ceux où il prend le risque de perdre le sien. Alors, des hommes et des femmes que le cinéma approche avec la prétention de leur sauver la vie parviennent à pénétrer le film, à s'y installer et à lui redonner le cap initial.

Soulever le monde

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 11:26

Historien de l'art et philosophe, attaché à travailler la représentation des peuples et à réhabiliter le pouvoir actif des émotions, Georges Didi-Huberman décline dans cette exposition — et dans le catalogue qui la prolonge — (1) le répertoire des signes de la révolte.

Des mille façons d'« encorporer » la colère, il dresse quelques typologies, selon que l'expression passe par le geste, le mot, etc. Division artificielle, sans doute, pour qui manifeste au pied levé et au pied du mur son courroux. Pour autant, se dégage au fil de ces deux cent cinquante images (dessins, photographies, peintures, de Francisco de Goya au cinéma contemporain en passant par Henri Michaux et Sigmar Polke) une gestuelle de l'émeutier. Ses équations corporelles — jambes instables, poings levés, corps en déséquilibre — sont autant de figures esthétiques de ce qui nous soulève, forces psychiques, sociales, physiques. Et il apparaît alors que, peut-être, inventer des images contribue « ici modestement, là puissamment, à réinventer nos espoirs politiques ».

(1) « Soulèvements », exposition au Jeu de Paume, Paris, 18 octobre 2016 - 15 janvier 2017. Georges Didi-Huberman (sous la dir. de), Soulèvements, Gallimard - Jeu de Paume, Paris, 2016, 420 pages, 49 euros.

L'Union et la légitimité démocratique

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 11:25

« Plus que jamais il faut, pour sauver le projet européen, le libérer du dogme européiste et le repenser », écrit Hubert Védrine dans un petit livre nerveux, à la fois critique et programmatique (1). L'ancien ministre des affaires étrangères français formule à son tour le verdict d'une « crise existentielle » de la construction européenne, menacée de dislocation. Cet homme du sérail, partisan du « oui » au traité constitutionnel européen en 2005, s'en prend moins aux ennemis mortels du projet communautaire (marginaux, selon lui) qu'à ceux qui sont supposés le promouvoir. Leur arrogance susciterait en effet le rejet par les peuples d'une Union devenue objet d'exécration. « Les élites et les dirigeants européistes, qui n'ont jusqu'ici jamais envisagé un quelconque droit d'inventaire sur leur bilan et réagissent sur un ton outragé à la moindre critique, (…) doivent admettre un compromis historique avec les peuples, d'autant [qu'il] n'y a pas de chemin démocratique vers le fédéralisme, ni par référendum ni par les parlements. »

Védrine plaide ainsi pour une pause dans l'intégration et propose que les États souhaitant poursuivre l'aventure se réunissent pour effectuer un bilan et envisager l'avenir. Ce sont donc les gouvernements qui sont appelés à la manœuvre, et non les institutions de Bruxelles, avec en ligne de mire une nouvelle répartition des compétences entre l'Union et les pays membres. En effet, « il s'est construit avec le temps, écrit l'ancien conseiller du président François Mitterrand, un “complexe” juridico-bureaucratique Commission / Parlement européen / Cour de justice qui fait tourner un engrenage, avec effet de cliquet n'ayant plus qu'un rapport lointain avec la légitimité démocratique ».

Si Védrine enterre (provisoirement ?) le fédéralisme, il réaffirme le rôle de l'Alliance atlantique dans la défense du Vieux Continent et soutient les orientations économiques de la zone euro. Un choix que ne partagent pas le député grec Costas Lapavitsas et l'économiste allemand Heiner Flassbeck, qui, à partir du cas de la Grèce, constatent « l'échec de l'Union économique et monétaire [UEM]  ». Dans un ouvrage collectif (2), ils proposent pour Athènes des scénarios de sortie de l'euro et, plus largement, de l'idéologie qui, selon eux, sous-tend les politiques de réduction obsessionnelle de la dette publique. Les auteurs appuient leur raisonnement sur de nombreuses données chiffrées et sur un véritable programme de « régénération sociale et nationale ». Frédéric Lordon replace ainsi le cas grec dans une réflexion plus large : « Pourquoi l'euro ? », « l'Europe peut-elle devenir une communauté politique démocratique ? ». L'ouvrage met en accusation « l'idiosyncrasie monétaire » (Lordon) de Berlin, dont les intérêts dirigent la conception et la vie de l'UEM. Védrine rejoint les auteurs d'Euro, plan B sur la nécessité de soumettre à référendum la refondation des accords européens.

Professeur de relations internationales à l'Université libre de Bruxelles, Mario Telò étudie la crise de l'Union européenne au prisme des évolutions récentes du régionalisme, c'est-à-dire des accords régionaux conclus sur tous les continents par des groupes plus ou moins vastes d'États (3). Dans une nouvelle configuration géopolitique marquée par l'émergence d'un monde multipolaire et par la crise financière de 2008, la coopération régionale deviendrait « instable, controversée, plus politique, plus compétitive, ambiguë aussi ». Outre l'Union européenne, l'auteur ausculte l'Union africaine, l'Association des nations d'Asie du Sud-Est, le Mercosur… Le devenir de ces organisations dépendrait des recompositions hégémoniques (pour l'Union européenne, quels rapports avec Washington ?) et de la construction d'une « légitimité démocratique internationale ». Si la réflexion comparée est stimulante et souligne le caractère « hautement politique » de la période contemporaine, l'auteur limite le rôle des peuples à une « participation » qui n'implique aucune reconquête du pouvoir perdu au profit des marchés et des technocraties qui les confortent.

(1) Hubert Védrine, Sauver l'Europe !, Liana Levi, Paris, 2016, 96 pages, 10 euros.

(2) Costas Lapavitsas, Heiner Flassbeck, Cédric Durand, Guillaume Étiévant et Frédéric Lordon, Euro, plan B. Sortir de la crise en Grèce, en France et en Europe, Éditions du Croquant, Vulaines-sur-Seine, 2016, 176 pages, 10 euros.

(3) Mario Telò, L'Europe en crise et le monde, Éditions de l'université de Bruxelles, coll. « UBlire Poche », Bruxelles, 2016, 224 pages, 9 euros.

André Gorz, vers l'émancipation

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 11:25

Dans l'ordre intellectuel, André Gorz (1923-2007) n'a jamais guigné les premières places, ni cherché la pleine lumière. Le philosophe, qui se décrivait lui-même comme un « bricoleur », un « maverick » (un franc-tireur), ne s'exposait pas volontiers. Dans Le Traître (1), autoanalyse impitoyable publiée en 1958, il se dépeignait déjà comme un bloody intellectual (un « satané intellectuel ») qui cherchait à « exister le moins possible » et tentait de « se protéger du monde » en dressant autour de lui un rideau de mots et de concepts. Le contentieux avec le monde s'apaisa. Mais, de cette tendance précoce au retrait, Gorz ne se débarrassa jamais tout à fait. Il s'entoura de pseudonymes ; se plaça souvent dans l'ombre de penseurs plus fameux ; privilégia toujours résolument l'écrit à l'oral (2) ; et abandonna sans regret l'agitation parisienne pour le calme austère d'un village de l'Aube.

Pourtant, ce n'est pas la vie d'un ermite que Willy Gianinazzi retrace dans son livre (3). Ni solitaire ni renonçant, André Gorz a su tisser dès 1969, à partir de sa vigie des Temps modernes, des liens avec des militants, des théoriciens, des syndicalistes de tous pays — de Herbert Marcuse à Bruno Trentin et Ivan Illich, du Parti socialiste unifié (PSU) à la Confédération française démocratique du travail (CFDT), des révolutionnaires cubains aux opéraïstes italiens. Suivre Gorz dans ces échanges intellectuels, c'est notamment voir reparaître toute une « deuxième gauche » européenne qui, dans les années 1960 et 1970, voulait révolutionner le travail, approfondir la démocratie, défendre l'environnement. Cette gauche alternative, inventive et revendicative, est ressortie des années 1980 anémiée, assagie, convertie. Mais Gorz, lui, a continué sans rien abdiquer.

En lisant sa biographie, on mesure à quel point cet intellectuel de haut vol — à qui Jean-Paul Sartre, lors de leur première rencontre, avait reproché de « mépriser un peu le concret » — a su rester attentif au réel. Comme journaliste à L'Express, puis au Nouvel Observateur (1964-1982), il prit longtemps en charge, sous le nom de Michel Bosquet, les questions économiques et écologiques, défrichant des dossiers que la plupart de ses collègues jugeaient rébarbatifs. Comme théoricien, il s'efforça de suivre au plus près les métamorphoses du travail, les changements de la structure sociale, les mutations de la technique.

Le livre de Gianinazzi permet de suivre les étapes de ce parcours, qui reste habité par quelques références fondatrices (Edmund Husserl, Karl Marx, Sartre) et par une question lancinante : comment dépasser l'aliénation, comment défendre et conquérir l'autonomie ? Gorz n'a cependant cessé d'évoluer, procédant par ajouts, ruptures et mises à jour. Cette liberté d'allure a pu désorienter certains lecteurs ; mais elle lui a permis d'explorer des voies peu fréquentées et d'ouvrir des chemins nouveaux. Critique de la société de consommation et de croissance, Gorz prôna l'autolimitation des besoins et tenta de définir les contours d'une écologie politique émancipatrice, ni capitalisme vert ni réconciliation New Age avec la nature.

Après avoir exploré les formes que pourrait prendre l'autogestion ouvrière, il fit ses « adieux au prolétariat (4)  » d'usine, qui, dans une société industrielle en plein délitement, ne pouvait plus selon lui tenir lieu de « sujet historique » unique. Il prêta attention aux précaires, intérimaires, chômeurs et autres « prolétaires postindustriels » qui commençaient à proliférer. À son projet initial de « libération dans le travail » il substitua l'idée d'une « libération du travail » qui ferait la part belle au « temps libéré » et aux « activités autodéterminées » (5). Prenant acte de la fin du modèle fordiste, il envisagea le dépassement du salariat et finit par se rallier à l'idée d'une allocation universelle. Prévenu de bonne heure contre le « système technique » et les « technologies-verrous », il n'en tenta pas moins de dégager ce qui, dans les nouvelles technologies, pourrait être utilisé à des fins libératrices. Autant de « sentiers d'émancipation » qu'il arpenta en éclaireur. C'est dire que ce pionnier discret mérite encore qu'on le lise — et qu'on le discute.

(1) André Gorz, Le Traître, suivi de Le Vieillissement, Gallimard, coll. « Folio Essais », Paris, 2005 (1re éd. : 1958).

(2) Jusque dans sa pratique de l'entretien, comme on peut le voir dans André Gorz, Le Fil rouge de l'écologie, Éditions de l'EHESS, Paris, 2015, 109 pages, 9 euros.

(3) Willy Gianinazzi, André Gorz. Une vie, La Découverte, Paris, 2016, 384 pages, 23 euros.

(4) André Gorz, Adieux au prolétariat. Au-delà du socialisme, Galilée, Paris, 1980.

(5) André Gorz, Métamorphoses du travail. Critique de la raison économique, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2004 (1re éd. : 1988).

Chiang Ching-kuo, le fils du Generalissimo

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 11:25

Cette biographie rend compte de la trajectoire du fils de Chiang Kaï-chek, Chiang Ching-kuo, né en Chine en 1910, à la toute fin de l'empire, et mort à Taïwan en 1988. Elle s'appuie sur un important recueil de sources écrites (agendas et fonds d'archives), ainsi que sur des entretiens menés avec sa famille, ses plus proches collaborateurs ou d'anciens opposants. Proche de la mouvance trotskiste, le jeune Chiang part étudier en Union soviétique, où il est contraint de rester douze ans, « retenu » par Joseph Staline après que son père eut écrasé ses alliés communistes. Quand le régime nationaliste se replie à Taïwan, en 1949, Chiang Ching-kuo devient responsable du renseignement et, par là même, de la « terreur blanche » qui décime l'élite insulaire. Néanmoins, en tant que premier ministre (1972-1978), puis président de la République (1978-1988), il prend ses distances avec l'anticommunisme forcené de son père pour engager de vastes réformes économiques ainsi qu'un début de libéralisation du régime, jetant ainsi les bases de sa future démocratisation.

Éditions René Viénet, Belaye, 2016, 606 pages, 30 euros.

Eugène Varlin, internationaliste et communard

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 11:25

Ouvrier relieur à Paris, Eugène Varlin (1839-1871) fait ses armes de militant dès 1857, dans l'organisation corporative de sa profession. À partir de 1864, les ouvriers pouvant désormais s'organiser au grand jour, il joue un rôle de premier plan dans les grèves des relieurs de 1864-1865, dans la création de leur Société de solidarité, puis dans celle de la Fédération parisienne des sociétés ouvrières. Parallèlement, il adhère à l'Association internationale des travailleurs (AIT), dont il sera l'un des principaux animateurs français. Exilé pour échapper à la répression, il revient après la chute de l'Empire et devient membre du comité central de la Garde nationale. Lors de la Commune de Paris, il est nommé à la commission des finances. Il appartient à la minorité pour laquelle la Commune représente la « négation absolue de la dictature » et non une « dictature au nom du peuple ». Il est fusillé par les Versaillais le 28 mai. Cette biographie souligne l'importance de ce symbole de « l'indéniable continuité entre le collectivisme révolutionnaire [de l'AIT], la fondation du Parti ouvrier et, au-delà, le syndicalisme révolutionnaire ».

Spartacus, Paris, 2016, 236 pages, 13 euros.

Les bolcheviks prennent le pouvoir. La révolution de 1917 à Petrograd

Le Monde Diplomatique - lun, 05/12/2016 - 10:42

L'année 2017 marquera le centième anniversaire de la révolution d'Octobre en Russie. Le mérite de l'historien américain Alexander Rabinowitch est de rendre à cette insurrection, dont Petrograd (Saint-Pétersbourg) fut l'épicentre, sa dimension concrète, humaine et politique, loin des poncifs. Il raconte les événements et les mobilisations qui amenèrent les bolcheviks à renverser le gouvernement d'Alexandre Kerenski par un travail systématique et efficace dans la classe ouvrière et dans l'armée. Si l'on ne peut sous-estimer le rôle personnel de Lénine, l'ouvrage montre que le parti bolchevique, loin d'être monolithique, était traversé à tous les niveaux par des contradictions et des débats. Ses différentes instances disposaient d'une autonomie d'action grâce à laquelle elles pouvaient mesurer au plus près le degré de mobilisation politique dans la ville et éviter l'aventurisme. Cette souplesse et cette diversité leur permirent de traduire les aspirations populaires — la terre aux paysans, la fin de la guerre —, ce qui rendit possible leur victoire.

La Fabrique, Paris, 2016, 530 pages, 28 euros.

Foreign Aid under a Trump Presidency

Foreign Policy Blogs - sam, 03/12/2016 - 18:49

The Millennium Challenge Corporation.

International media has been focusing on the near-term directions of US foreign policy with regard to the Iran nuclear accord, sanctions against North Korea, relations with China and Russia, mutual defense with Japan and South Korea, free trade agreements, immigration, terrorism, and the wider Middle East. But no closer look has been paid to the possible dynamics of foreign aid under a Trump presidency.

Having a look at the Middle East and North Africa, for example, shows that some form of foreign aid is given for strategic and geopolitical reasons. New policy challenges have also arisen in the face of violence and civil wars across the region which made the Obama administration use new sources of funding beyond traditional bilateral or State Department/USAID-controlled accounts.

However, questions will arise over the type (i.e. other than military aid) and amount of resources the US should devote to tackling the region’s challenges. The Congress and the Trump administration will most likely debate whether US aid would be vital for the promotion of stability and democracy across the region. Globally speaking, President-elect Trump’s agenda will likely be how to do less with foreign aid (especially where policy and institutional settings have not been conducive for effective aid), yet not ignoring low-income countries.

The orthodoxy in foreign aid viewed the lack of capital as a major cause of poverty; the most basic of which was the idea of a “vicious circle of poverty.” Foreign aid was used to fill that gap to provide a “big push” to poor nations and, in the view of Walt Rostow, lead to an “economic takeoff.”

Skepticism of such plans is widespread nowadays among academics and development practitioners. Peter Bauer (1915–2002) was actually the most articulate of the dissenters, who once explained that the notions of a vicious circle of poverty and of foreign aid as essential to development were absurd: rich countries that were once poor developed without outside aid, whereas those that have received substantial external aid have failed to escape poverty.

According to William Easterly, “foreign aid cannot achieve the grandiose goal of transforming other societies to escape poverty.” When foreign aid becomes a significant part of a nation’s income, the result is likely to be inflation, waste, corruption, rent-seeking, and indefinite postponement of needed economic and political reforms (the major theme of Easterly’s book The Elusive Quest for Growth).

Whatever the ideological divide, there might be a clear case which a Trump administration can give more attention to, and possibly, boost US aid’s relative success compared to other global aid agencies: the Millennium Challenge Corporation (MCC), which was established in 2004 as a US foreign aid agency that works in partnership with competitively selected countries which demonstrate a commitment to good governance, economic freedom and investment in their citizens.

Since its inception, MCC’s mandate has included demonstrating results with rigorous criteria to evaluate countries’ aptitude to utilize grant funding. Perhaps of equal significance, raising indicator scores has become a prominent objective of some developing countries: the MCC effect. This means that countries seeking eligibility are said to be moving on their own to enact reforms and take measures to improve performance scores that would enable them to meet MCC criteria.

While there is little doubt that availability of MCC funding has influenced some decision makers in developing countries to undertake policy reforms, it is uncertain how large or widespread the MCC effect is. A limited number of quantitative analyses have attempted to test this incentive effect. The earliest of these was conducted by Harvard researchers in 2006 (Doug Johnson and Tristan Zajonc, “Can Foreign Aid Create an Incentive for Good Governance? Evidence from the Millennium Challenge Corporation,” April 2006). But because the analysis was conducted soon after MCC’s creation and with a limited amount of data, the researchers determined that the results were not conclusive.

The best evidence for an MCC effect thus remains qualitative and country-specific. Setting aside specific methodological aspects, we need to think of the MCC effect (and the effectiveness of foreign aid at large) as a process, rather than a policy outcome. This is not surprising as economic progress depends on the complex interaction of policies, institutions, and values, not all of which are easy to measure.

Coming from a private sector background where incentives matter, President-elect Trump can radically improve US foreign aid by looking at its effectiveness in the past, focusing on the intended beneficiaries of aid (the poor) rather than leaving it to politicians and corrupt governments. The MCC has a track record: it is one of the few aid agencies in the world that have been already held accountable for specific tasks and not the visions that follow from aid bureaucracies.

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Resolving America’s Immigration Issues One Policy At A Time

Foreign Policy Blogs - sam, 03/12/2016 - 18:28

The Arizona-Mexico border fence is seen near Naco, Arizona. (Samantha Sais/Reuters)

No one really knows the exact number, but with an estimate of between ten and twenty million non-status immigrants in the United States, resolving America’s immigration quagmire is nearly impossible. For a legal system based on individual rights and consequences to apply justice in its intended manner, the millions of non-status immigrants that are in the United States must be acknowledged and processed as identifiable individuals.

Without a new and innovative path to legal status and a method for removing those who could be potentially harmful to communities in the United States, there will be no resolution without a massive political fallout and a human rights tragedy upon the application of traditional immigration policies.

The current language on immigration reform is not as inventive as many on both sides of the political spectrum may perceive it to be. During the last months and transition from the Bush to Obama Presidency, there was bipartisan support for a significant barrier on the southern border of the United States. While the barrier had some support from both parties, the cost of building such a barrier was not justifiable at the time. The 2008-2009 economic downturn that came about in the same time period affected immigration to such a great degree, that non-legal immigration to the United States from Latin America fell considerably.

Since the 2008 economic crisis, illegal immigration to the United States never recovered in any substantial way to its pre-2008 levels and the idea of building a wall on the southern border was shelved until the 2015-2016 election campaign. Even with the idea of the barrier being proposed by the Trump Administration, the application of a new immigration policy is still hampered with traditional limits to resolving the larger issue.

Some agreeable perspectives from both sides of the issue should be acknowledged if any resolution will become reality. It should be acceptable that the United States should have control over its own border, and be able to apply this control when required as a nation state with a contiguous southern border. It should also be acknowledged that a policy to remove illegal immigrants from the United States without strict guidelines based on human rights and the rule of law would most likely lead to an abuse of administrative powers by authorities who may ignore individual rights of citizens and non-citizens alike.

A path to citizenship must exist for non-status immigrants that satisfy the rule of law and the needs of the United States, but also be developed in a manner that creates confidence and trust in the process against abuse and against a lack of fairness in its application. A new approach is needed for a resolution to take place, one that develops and promotes confidence on both sides of the issue.

For a new immigration process to work, it must be based in reality. It will be almost impossible to remove ten to twenty million individuals from the United States in a simple manner, and this large number of people, often with American born children and relatives, are an integral part of the culture and economy of the United States. To begin, an initial smaller group of people should be self-identified and have their contribution to the US economy, community, employer and family reviewed by officials of the United States to determine their contribution to American society, and if deemed a productive part of their community and society, be given a path to full citizenship within a four to six year time frame.

Self identifying by non-status immigrants without the threat of deportation allows for individual identification of productive members of American society and brings those who already are in American communities into the larger fold. This will allow millions of the best contributors of the formerly unknown group to fully integrate into the communities they have been building for years. With an initial group being integrated with respect to individual rights and the needs of the American public as a whole, the confidence in the process would allow for it to be rolled out to the larger non-status community and produce a path to citizenship for those who wish to become permanent parts of the larger community.

For those who are not seen as contributors to their American communities, they can return to their country of origin and apply under a work permit or as an immigrant through the normal process. For those who are linked to crime or are deemed a threat to the United States, they can be deported without permission to return.

While there will always be a great debate on how to handle the issue of illegal immigration, the acceptance of a path to citizenship that is a benefit to the United States would be a toughly sought win-win for the best contributors to American society. Without a realistic solution based on the current immigration policy approaches, all policies will be protested against by those who will not be able to achieve the policy approach that most benefits their perspective on the immigration issue.

Millions of non-status immigrants will remain in the United States no matter what policy approach is applied, and that reality must be accepted and worked upon to come up with a resolution. The only option is either maintain the status quo, or accept the impossibility at resolving the current issue using current policy tools and attempt a new and innovative approach.

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Governments, businesses must integrate biodiversity into their practices to halt degradation, UN conference hears

UN News Centre - sam, 03/12/2016 - 00:32
The UN Biodiversity Conference today opened in Cancun, Mexico, with a call to governments and businesses to integrate biodiversity into their practices if countries are to halt further environmental degradation and ensure the well-being and prosperity of future generations.

Liberia ‘stable’ but needs continued attention, Security Council told

UN News Centre - ven, 02/12/2016 - 23:50
Briefing the Security Council on the situation in Liberia, the United Nations peacekeeping chief today underlined that the country remained stable and that since the security transition in June this year, there had been no incident serious enough to warrant an armed response from the UN mission in the country, known as UNMIL.

UN refugee agency boosts winter assistance for displaced Iraqis in conflict-affected villages

UN News Centre - ven, 02/12/2016 - 23:34
As the security situation has stabilized in villages near war-torn Mosul, where Iraqi military operations are under way to wrest the city from terrorists, the United Nations refugee agency and its partners are racing against time to distributing winter kits to those who remained or returned home and those newly-displaced as plunging temperatures hit the area.

FEATURE: Visually impaired professor to light way forward on UN disability agenda

UN News Centre - ven, 02/12/2016 - 23:06
Of the world’s 7.4 billion people, some 15 per cent – or one billion – are said to have some form of disability.

Decade after global treaty's adoption, persons with disabilities still at ‘grave disadvantage’ – Ban

UN News Centre - ven, 02/12/2016 - 22:58
United Nations Secretary-General Ban Ki-moon today highlighted the challenges people with disabilities face despite progress made since the adoption of a global treaty to promote their rights a decade ago.

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