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Diplomacy & Crisis News

Royaume-Uni : le conflit entre la droite et la gauche du parti travailliste tend à s'aggraver

Le Monde Diplomatique - mer, 13/03/2019 - 18:22
Tant sur le plan politique que sur le plan idéologique, les destinées du parti travailliste diffèrent considérablement de celles de la plupart des partis sociaux-démocrates du continent : politiquement, il a eu la chance unique d'opérer dans un pays où le prolétariat, même si l'on interprète ce terme (...) / , , , , , , - 1966/09

Italie : les divergences au sein du parti unifié ont des répercussions sur le plan de l'idéologie et des perspectives politiques

Le Monde Diplomatique - mer, 13/03/2019 - 16:22
Au terme des deux décennies fascistes bien des choses avaient changé en Italie. D'autres transformations profondes, tant économiques que sociales, sont intervenues durant les deux premières décennies républicaines et démocratiques. Pourtant, même s'il s'atténue, le poids des traditions continue à peser (...) / , , , , - 1966/09

Conférence « International : L’État est-il has been ? »

Politique étrangère (IFRI) - mer, 13/03/2019 - 09:30

Retrouvez la vidéo de la conférence « International : l’État est-il has been ? », organisée le 21 novembre 2018 à la Sorbonne par Diploweb.com et l’ADEA du MRIAE Paris 1 Panthéon Sorbonne, en synergie avec le Centre géopolitique, avec Marc Hecker rédacteur en chef de Politique étrangère (Ifri), Frédéric Ramel, professeur des universités et directeur du département de science politique à Sciences Po Paris, François Gaulme, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri, et Julien Nocetti, chercheur auprès de l’Ifri.

Cliquez sur le lien de la vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=NNjkL_smuf8&feature=youtu.be

La question est relativement jeune. Elle apparaît dans les débats théoriques des relations internationales dans les années 1970. Portée par l’enlisement au Vietnam, les crises pétrolières ou l’émergence de l’écologie, elle remet en cause l’État qui n’est plus le seul acteur clé. Parallèlement, la fin d’un monde bipolaire restructure l’espace international dans les années 1990. Depuis le début des années 2000, on assiste à une nouvelle séquence pour cette question d’État dépassé, comme s’il s’agissait d’une revanche. Tout d’abord, sur le plan stratégique, le 11 septembre 2001 illustre la vulnérabilité des États-Unis, symbole jusqu’alors « d’hyperpuissance ». Ceci entraîne le déclenchement de deux guerres inter-étatiques (États-Unis contre l’Afghanistan dès 2001 et contre l’Irak dès 2003), avec une désÉtatisation de la guerre par un phénomène de privatisation des armées. Il y a donc une transformation de l’État stratégique qui interroge : gagner une guerre, est-ce la victoire politique ? De plus, les années 2000 marquent un tournant pour l’économie mondiale. La réaction des États à la crise de 2008 en témoigne. Il y a d’une part les réflexes nationaux habituels des États souverains, et d’autre part la coopération multilatérale, avec la réactivation du G20 par exemple. Enfin, le désir d’État et d’identité nationale forte datant du XIXe siècle, interrompu avec la fin de Seconde Guerre mondiale, réapparaît en 2016 avec le Brexit et l’élection de Donald Trump. Les réactions néo-nationalistes, alimentées par la peur du déclassement, fustigent la mondialisation. On assiste à une crise du multilatéralisme, telle une revanche à la remise en cause de l’État depuis la seconde moitié du XXe siècle.

En 1952, Alfred Sauvy inventait le terme de « tiers-monde » pour qualifier les États inclus dans aucun des deux blocs dominants de la Guerre froide. Aujourd’hui, ce terme a été remplacé par celui des pays « des suds ». Pour classifier les États les plus en marge, les politologues inventent dans les années 1990 les termes d’États-faillis ou d’États-effondrés. Ce sont des États incapables de contrôler leur territoire, d’avoir une unité nationale ou de se représenter auprès des instances internationales. Toutes ces qualifications découlent de normes instaurées par des États occidentaux, à l’instar des États-Unis qui justifient ainsi leur ingérence en Afghanistan ou en Irak. Mais le développement « à l’occidentale » est-il une finalité en soi ? Les États créés, dits « États hybrides », lient société traditionnelle et État moderne. Ils deviennent « hybride » entre démocratisation et dictature.

Le numérique prend une place centrale dans l’État de demain, lui permettant de s’affirmer ou de se ré-affirmer. Les objectifs sont de taille et les conséquences sont multiples : économiques, sociales, juridiques, politiques, stratégiques et éthiques. Les grandes plateformes numériques, comme les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), rattrapent l’État. Elles influent par leur puissance financière. En effet, le PIB cumulé d’Apple et d’Amazon dépasse celui de la France. Cette puissance s’accompagne d’un contrôle multidimensionnel, notamment par la collecte de données personnelles à des fins publicitaires ou politiques, comme ce fut le cas lors de l’élection de Donald Trump en 2016 ainsi que l’a révélé le scandale de Cambridge Analytica. Le Web est un espace propice à la conflictualité, que ce soit par les réseaux sociaux (et les tweets de Donald Trump) ou par des sites qui se constituent en véritables contre-pouvoirs, comme Wikileaks. S’ensuit l’hypothèse d’une cyberguerre. Le cyberespace devient un nouvel espace de lutte, et face à l’inaction des États, celui-ci est favorable aux hackers. Le privé, au détriment du public, se saisit de l’enjeu. Cependant, les États s’adaptent à la menace. Les capacités numériques se militarisent et le cyberespace se voit ré-étatisé. Une cyber-diplomatie est également à l’œuvre. Elle tend à regrouper des acteurs très variés, des États aux entreprises. Ceci illustre le caractère dépassé de l’État mais également sa volonté de reprendre sa place à la grande table des décideurs.

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Scandinavie : un programme marxiste qui a subi des révisions successives

Le Monde Diplomatique - mar, 12/03/2019 - 18:20
Dans les pays nordiques, l'Islande exceptée, le parti social-démocrate est devenu assez rapidement le parti le plus important au sein des Parlements, en Finlande dès 1907 (exception faite des années 1948-1951 et de la période postérieure à 1958), en Suède, à la deuxième Chambre depuis 1918 et à la (...) / , , , , , , - 1966/09

Venezuela’s Dilemma And Where Energy Fits

Foreign Policy Blogs - ven, 08/03/2019 - 21:22

Image Source: Getty Images

The economy of Venezuela, home to the largest proved oil reserves in the world, has collapsed. The nation continues in political and humanitarian turmoil, with more than three million Venezuelans having fled in recent years for other countries, according to the U.N., and internally displaced people on the move. President Nicolás Maduro is defiantly pushing back on international pressure to vacate his office to the self-declared president and opposition leader, Juan Guaidó. The 35-year old Guaidó was not well-known outside of Venezuela, where he was the National Assembly leader, prior to January 23 when he invoked a constitutional provision, Article 233, to declare himself interim president.

 

After the declaration in front of thousands of supporters in Caracas, the United States, Brazil, Colombia, Chile, Peru, Argentina, European nations and dozens of nations across the globe gave their backing to Guaidó as interim president of Venezuela. U.S. Secretary of State Mike Pompeo announced, via Twitter, that the “U.S. will conduct diplomatic relations with Venezuela through the government of interim President Guaidó. U.S. does not recognize the Maduro regime.”

 

Guaidó’s action was spurred on by the economic collapse, humanitarian despair and rampant violence Venezuelans have faced the past few years in the oil-rich nation. In 2018, GDP shrunk by double digits for a third consecutive year. Hyperinflation reached 80,000% in 2018, according to Forbes, conflicting with the IMF’s forecast of 1,000,000%. Anyway you cut it, inflation has made the currency, the Venezuelan bolívar, virtually worthless and nearly impossible for families to afford the dwindling choices of food, medicine and other staples in a nation where nearly 90% of the population lives below the poverty line. Violent deaths have become frequent and are widespread. Couple this with tons of humanitarian aid from the international community being blocked at the border with Colombia, the conflict does not appear to have a near-term end in sight.

 

The state-owned oil company, Petroleos de Venezuela S.A. (PdVSA), which controls the vast reserves and, funds are designed to meet its mission to support social and development programs throughout the country. However, decreasing capital inflows, underinvestment in upstream projects and mismanagement, among a host of other issues, has stymied PdVSA to effectively achieve this mission cutting to the heart of the national problems.

 

The U.S. enacted sanctions January 28 on PdVSA in the boldest attempt to force Maduro out. Maduro, however, claims these are “illegal, criminal and immoral” and has continuously claimed food and other shortages are results of U.S. interference.

 

Energy Sector in Disrepair

Perhaps not widely known, Venezuela holds more proved oil reserves (303 billion barrels) than Saudi Arabia (266 billion barrels), according to OPEC. However, the collapse of the national economy, technical experts being fired and leaving PdVSA and the price of crude oil dropping from mid-2014, has led to what analysts have referred to as a production “freefall.” Estimates range within the wide band of about 3 million barrels per day (bpd) being produced in 2010 to cratering as low as 1 .5 million bpd today, a 30-year low. In its low case scenario, Rystad Energy, a consultancy, estimates production could drop as low as 777,000 bpd by 2020.

 

It is necessary to note the price to produce a barrel of oil in Venezuela is costlier compared to other top producers partly due to its heavy crude composition, but far from the sole reason for the tremendous production drop.

 

Despite the top reserves, Venezuela is outside of the top 10 producers globally. In 2017, in middle of the freefall, the country ranked 12th globally in production, according to the U.S. Energy Information Administration (EIA). The United States is now the top global producer tallying over 15 million bpd. International oil companies such as Total, BP, Chevron and ConocoPhillips and ExxonMobil have been active in the oil region known as the Orinoco Belt but dynamics have changed.

 

Venezuela has historically been an important source for the United States to import oil. in Fall 2018, the nation supplied the fourth largest volume following Canada, Saudi Arabia and Mexico (which has had its own struggles). The U.S. has also been importing refined products, according to EIA. With increasing U.S. domestic oil production and sanctions imposed on PdVSA, Venezuela has been forced to look for new customers.

 

With vast sums of debt owed to China and Russia, oil sales to those nations will not result in needed cash inflows, rather only reducing its debt burden. India recently has partially stepped into the void with its imports of Venezuelan oil increasing 66% in the first half of February to 620,000 bpd. Venezuela’s oil revenues account for about 98% of export earnings, leaving it extremely vulnerable to unpredictable market price swings, and as seen currently, exposed to geopolitics and consumer demand.

 

Impact on Refineries

Analysts have predicted that U.S. refiners will be among the biggest losers from the PdVSA and Venezuelan sanctions. The EIA does not see it that way, however, despite eliminating its imports. EIA’s conclusion is based on falling imports for years and that refiners have gradually been replacing Venezuelan crude oil.

 

Citgo, wholly owned by PdVSA and based in Houston, has been front and center. The company operates three U.S. refineries located in Lake Charles, Louisiana; Corpus Christie, Texas; and Lemont, Illinois with a capacity of about 758,000 bpd. It has been directed by the Trump administration to send payments to a U.S. bank account to ensure the funds are diverted from the embattled Maduro regime. It is believed that Guaidó will have access to the account and be able to appoint members to Citgo’s board.

 

Maduro has declared U.S. sanctions “intend to rob the CITGO company from Venezuelans” and cautions “we will announce necessary and forceful measures to protect the interests of the nation”.

 

International Cooperation

In addition to the U.S., Bulgarian officials blocked a bank account as part of a money-laundering investigation after a forewarning from U.S. authorities about millions of euros transferred to PdVSA.

 

Furthermore, and perhaps surprising, Russian firm Gazprombank froze the accounts of PdVSA and ceased transactions, which can be viewed as reducing the potential it would become subject to U.S. sanctions in the future. The specific instance with Gazpromobank proves interesting as the Russian government is a strong ally of the Maduro regime and opposes Guaidó’s actions.

 

The Power Sector Feels the Pinch

The economic struggles have impacted the power sector with lack of funds to maintain infrastructure, yet another problem for citizens to cope with. The country’s grid is well connected via transmission and distribution lines with population access rates about 100%. Nevertheless, power shortages and losses from inefficiencies and crumbling infrastructure or plants not able to operate to capacity due to the inability to provide sufficient maintenance, has left the National Electric Company (CORPOLEC), which oversees for the entire sector, to ration power – including to the state of Zulia, once thought of as the center of the oil industry.

 

The electricity sector portfolio consists of hydroelectric (60%), natural gas (24%) and oil (16%) in 2016, according to the International Energy Agency (IEA). There is policy for renewable energy and growth, but solar and wind are still in their infancy in the country. A successful small-scale renewable program for remote and indigenous communities is Sowing Light. It has provided 2.5 megawatts of electricity to 270,000 people through solar photovoltaic and hybrid systems. In the right economic climate and geographic location, small-scale systems can be an alternative to relying on the centralized infrastructure. It appears, though, all investment in the electricity sector nationwide has stopped in the midst of the ongoing economic collapse.

 

What Happens Next?

Mr. Maduro, who has been in office since 2013, is not ceding his office without a fight. He has the support of the military and international support from Russia and China. In May 2018, Maduro secured reelection in a race that the United States and other countries stated were plagued with problems. The U.S. sanctions, including on PdVSA, may influence Maduro, but finding other international customers, like India, for PdVSA can slightly counter the measure. There is plenty of speculation but if Maduro loses the support of the military, it seems it will force his hand and Guaidó will assume full presidential power and gain responsibility of the largest oil reserves in the world.

 

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La politique étrangère de l’URSS après Khrouchtchev

Politique étrangère (IFRI) - ven, 08/03/2019 - 09:00

Créée en 1936, Politique étrangère est la plus ancienne revue française dans le domaine des relations internationales. Chaque vendredi, découvrez « l’archive de la semaine ».

* * *

L’article « La politique étrangère de l’URSS après Khrouchtchev » a été écrit par Philip E. Mosely dans le numéro 1/1966 de Politique étrangère.

Après la Seconde Guerre mondiale, le système multipolaire qui avait façonné la politique mondiale au cours des deux siècles précédents a fait place à un système bipolaire, les États-Unis et l’Union Soviétique constituant les deux pôles autour desquels un grand nombre de nations mineures étaient groupées. Disposant d’armes nucléaires et d’engins à longue portée, les deux superpuissances — l’URSS et les États-Unis — se trouvèrent en possession de moyens de destruction uniques au monde. Jusqu’à la fin des années cinquante, un grand nombre d’observateurs pensaient que la bipolarité durerait pendant un temps illimité. Mais, paradoxe étonnant, l’extrême concentration de puissance entre les mains des États-Unis et de l’Union Soviétique a, depuis 1960, déterminé l’érosion du système bipolaire.

La rivalité acerbe qui s’est instaurée entre la Russie et la Chine a été à la fois la conséquence et l’un des facteurs qui ont accéléré ce processus. L’équilibre instable qui s’est formé entre les deux grandes puissances nucléaires permet à la Chine de défier tant la Russie que les États-Unis, de même que la France, sous la conduite du président Charles de Gaulle, est décidée à se rendre maîtresse de son sort et à échapper à « l’hégémonie » des États-Unis. Afin de bien assurer leur autonomie, tant la Chine que la France, sont en train d’édifier une force de dissuasion indépendante : la mise en œuvre de ces programmes coûteux doit, à leurs yeux, hâter la transformation d’un équilibre bipolaire en un équilibre multipolaire.

Aux États-Unis et en Russie, la partie la plus éclairée de l’opinion a pris douloureusement conscience des dangers d’une guerre nucléaire où il n’y aurait pas de vainqueur au sens traditionnel du terme. Beaucoup de Russes et d’Américains, par exemple, soupçonnent les dirigeants chinois de se réjouir à l’idée que les deux géants nucléaires pourraient, un jour, s’entre- dévorer, ouvrant ainsi, pensent-ils, un champ illimité à l’expansion chinoise.

De plus en plus, et surtout depuis la crise des fusées à Cuba, en octobre 1962, les chefs soviétiques et américains se sont convaincus de la nécessité d’éviter un affrontement direct à la suite duquel l’une ou l’autre partie pourrait être mise en demeure de choisir entre l’acceptation d’une défaite majeure et le recours à un conflit nucléaire. Cette prudence, pour souhaitable qu’elle soit n’en laisse pas moins le champ libre (et ce champ est vaste) à des guerres limitées et à des conflits politiques éventuellement entrepris à travers des pays tiers. Aujourd’hui, le danger le plus grave est que l’un de ces conflits par « personne interposée » ne dégénère en affrontement, voire en hécatombe, nucléaire.

L’équilibre stratégique

Les deux grandes puissances nucléaires ont mis chacune un certain temps à comprendre la nature de ces armes monstrueuses. Au départ, l’une et l’autre croyaient — dans la hargne ou l’enthousiasme — que cet arsenal unique au monde accroîtrait énormément sa capacité d’influencer le cours des événements. L’ancien secrétaire d’État Foster Dulles proclamait en 1954 que les États-Unis étaient en mesure de riposter à toute grande offensive communiste « aux endroits et avec les moyens de leur choix ».

Au cours des années 1955-56, le président Khrouchtchev avait contracté l’habitude désagréable d’adresser des notes menaçantes aux gouvernements dont la politique lui déplaisait. Dans ces messages, il les informait du nombre exact de bombes nucléaires, par exemple six pour la Grande-Bretagne, sept pour l’Allemagne Occidentale, qui étaient nécessaires pour détruire leur pays. Entre la crise de Suez en 1956 et la crise des fusées à Cuba en 1962, Khrouchtchev donna l’impression qu’il s’employait activement à accumuler des avantages politiques — à Berlin, au Moyen-Orient, en Afrique, dans les Antilles — sous le couvert du « parapluie nucléaire » flambant neuf qu’il venait d’acquérir. La crise cubaine de 1962 se termina d’une manière très différente que Khrouchtchev ne l’espérait, ce qui ne laissa pas de contribuer largement à sa chute. Les sphères dirigeantes soviétiques se rendirent compte rapidement des dégâts causés par une politique qui revenait à s’aventurer d’abord dangereusement afin de provoquer un changement radical et secret dans l’équilibre des deux grandes puissances nucléaires, quitte à devoir battre en retraite au moment d’abattre les cartes. Depuis lors, tant sous Khrouchtchev qu’après lui, le Kremlin a montré qu’il pouvait « vivre », au moins pendant un certain temps, avec un statut d’infériorité nucléaire relative. De cet épisode dramatique et extrêmement dangereux, certaines fractions de l’opinion publique occidentale ont tiré deux conclusions aussi importantes qu’erronées.

La première de ces conclusions est, qu’étant donné le rapport actuel des forces militaires entre les deux pays, les dirigeants soviétiques se verront contraints à reculer dans toute prochaine confrontation et que leur liberté d’action en sera réduite en conséquence pendant un grand nombre d’années à venir. Cette hypothèse néglige l’éventualité, pourtant probable, que les facteurs susceptibles de jouer un rôle au cours d’une nouvelle crise ne soient pas exactement les mêmes que ceux du passé, ou que la crise elle-même ne se déroule pas suivant le même schéma que les crises précédentes. Elle néglige également le fait que lors de la crise d’octobre 1962, les États-Unis ont été, grâce à leurs forces aériennes et maritimes, en mesure de jouer sur un clavier extrêmement varié et souple d’instruments, et qu’ils bénéficiaient par surcroît d’un avantage géographique considérable. De plus, les demandes de Washington étaient modérées, et Moscou a pu les accepter sans sacrifier aucun de ses intérêts vitaux. Dans d’autres crises, au contraire, beaucoup de ces facteurs pourront jouer en faveur des objectifs communistes, soviétiques ou chinois, plutôt que de ceux des États-Unis.

D’autre part, rien ne prouve que l’Union Soviétique se considère satisfaite du rapport de forces actuel. En fait, son gouvernement s’emploie très activement pour surmonter l’état de relative infériorité nucléaire qui a limité la gamme de ses choix au cours de la crise cubaine. Ces considérations conduisent à remettre en question une seconde conclusion également très répandue : à savoir que, soit la technique militaire, soit la puissance stratégique ont atteint une sorte de plafond, si bien qu’il y aurait peu de chance qu’une nouvelle grande invention vienne bouleverser l’équilibre actuel. En réalité, la course à la supériorité militaire se poursuit des deux côtés sans que l’interdiction partielle des expériences nucléaires en août 1963 en ait beaucoup affecté l’intensité. Il est possible qu’aucune découverte à venir n’ait l’importance de la bombe ou des engins intercontinentaux. Mais, pour être moins dramatique, des inventions et des améliorations peuvent, par leur accumulation, produire des effets multiplicateurs dont le poids serait décisif.

Chacune des principales puissances nucléaires travaille avec acharnement à la mise au point d’un système anti-engins efficace. Si l’un des antagonistes prenait la tête dans cette course, les conséquences politiques pourraient être très graves. De même, de grands efforts ont été déployés pour améliorer la précision des engins, pour perfectionner les systèmes de lancement et de contrôle et pour renforcer les moyens de lutte anti-submersibles, et l’on se préoccupe également de protéger les populations civiles, ou du moins d’assurer la survie des industries et des services essentiels. Étant donné l’immensité des ressources scientifiques, techniques et industrielles que chacun des deux géants est en train d’investir dans la mise au point de systèmes militaires perfectionnés, il est peu sage de prédire que l’équilibre actuel restera stable pendant un avenir illimité.

A l’intérieur des limites incertaines que définit à mesure l’équilibre mutuel de la terreur, les États-Unis et l’URSS, ainsi qu’un certain nombre d’autres États, peuvent utiliser divers types de moyens non-nucléaires pour provoquer les changements importants dans l’arène mondiale. Les instruments de puissance vont du bombardement conventionnel aux pressions et aux opérations de séduction politiques, des programmes d’assistance économique et culturelle au soutien de telle ou telle faction à l’intérieur de pays peu stables politiquement. Beaucoup de puissances, dont certaines tout à fait faibles, disposent d’une gamme de choix très étendue relativement à la possibilité et à la manière d’intervenir dans des situations troublées et ces situations peuvent se produire assez fréquemment en dehors des intentions des deux puissances principales, ou sans qu’elles puissent faire quoi que ce soit pour l’empêcher.

De même, tant les puissances principales que les puissances secondaires ont dans une large mesure la faculté d’accepter ou de rejeter l’instance chargée de réduire ou de régler un conflit. La Chine communiste a jusqu’ici repoussé toute tentative de porter les problèmes du Vietnam devant une conférence des grandes puissances comme celles qui se sont réunies en 1954 et en 1961-62 à Genève. Par ailleurs, les États-Unis ont réussi en 1965 à maintenir le problème de la guerre civile en République dominicaine hors de la compétence des Nations-Unies et dans la compétence de l’Organisation des États américains dont ils sont le membre le plus fort. Ainsi, malheureusement pour les chances de paix, il n’existe aucun modèle bien défini et universellement reconnu de traiter les nombreuses crises, grandes et petites, qui peuvent se produire et dans lesquelles les deux grandes puissances nucléaires peuvent se trouver impliquées.

Les limites de l’action soviétique

L’Union Soviétique, sous Brejnev et Kossyguine, semble, mieux que sous Khrouchtchev, reconnaître les incertitudes et les contradictions qui sont le lot d’une très grande puissance à l’ère nucléaire. Le problème enchevêtré du Vietnam illustre cette vérité. Le Kremlin soutient naturellement le gouvernement communiste du Nord- Vietnam et souhaite que le Vietcong à direction communiste soit victorieux dans le Sud. Néanmoins un triomphe complet des communistes renforcerait le prestige de Pékin, discréditerait la méthode plus prudente conseillée par Moscou à l’égard des « guerres de libération » et affaiblirait l’influence soviétique dans de nombreuses régions du globe. En fait, il pourrait aboutir à l’élimination progressive de l’influence, aussi bien soviétique qu’américaine, de la plus grande partie d’Asie et d’une grande partie d’Afrique. Au Vietnam, la politique de l’Union Soviétique comme celle des États-Unis est remplie de doutes et d’incertitudes quant à l’objectif à atteindre, aux moyens à mettre en œuvre en vue d’un objectif donné et aux risques que comporterait n’importe quelle solution concevable.

De même, dans les pays en voie de développement, la politique soviétique se trouve empêtrée dans une lutte sur deux fronts, contre les « impérialistes » et contre Pékin. Depuis 1962, cette politique a généralement fait preuve de circonspection, et les successeurs de Khrouchtchev se sont montrés plus prudents que ne l’était ce dernier dans la recherche de gains à court terme, en dépit des risques qu’ils comportent. Par exemple, dans plusieurs États africains, des tentatives récentes de prise du pouvoir ont été attribuées à des groupes pro-chinois, plutôt qu’à des adeptes de Moscou. Depuis l’échec du coup d’État communiste en Indonésie, le 30 septembre 1965, la presse soviétique a protesté contre la persécution des communistes, mais sur un ton incomparablement plus modéré que les avertissements forcenés lancés par Pékin. De même, malgré la répression anti-communiste en Algérie, au Soudan et dans la R.A.U., Moscou a maintenu des relations amicales avec les dirigeants nationalistes de ces pays et a promis une nouvelle aide importante à l’Algérie et à la R.A.U.

Dans ses efforts pour obtenir le maximum d’influence au moindre prix, l’équipe dirigeante soviétique sous Staline et Khrouchtchev avait l’habitude de tomber à bras raccourcis sur l’un ou sur l’autre des partis qui se trouvaient aux prises dans n’importe quel conflit local ou régional où elle avait décidé de jouer un rôle. Ainsi, après quelques flottements initiaux en 1948, le gouvernement soviétique adopta une position totalement et inconditionnellement pro-arabe dans le conflit entre les Arabes et Israël, dans l’espoir de remplacer l’influence occidentale auprès des Arabes. Il prit le parti de l’Afghanistan dans sa querelle du Pushtoonistan avec le Pakistan, et le parti de l’Inde dans la querelle du Cachemire. Dans l’affaire de Chypre, Khrouchtchev accorda un soutien général, appuyé par des fournitures de matériel militaire, à l’archevêque Makarios et aux revendications des Grecs chypriotes.

Au cours des deux dernières années et plus encore depuis la chute de Khrouchtchev, le gouvernement soviétique a atténué l’extrémisme de plusieurs de ces positions. Après que le minuscule parti communiste d’Israël se fût divisé en deux fractions l’une pro-arabe, l’autre pro-israélienne, Moscou tint à faire ressortir que, s’il sympathisait avec les griefs et les revendications des Arabes, il ne considérerait pas moins le problème comme étant l’un de ceux qu’on ne saurait régler de manière satisfaisante par la guerre. Devant la réconciliation afghano-pakistanaise des trois dernières années, Moscou a observé une attitude détachée et bienveillante. Dans l’affaire de Chypre, il s’est replié sur une position qui est à mi-chemin entre les revendications des Grecs et des Turcs. Enfin, en janvier 1966, le président Kossyguine a joué un rôle énergique de médiateur entre l’Inde et le Pakistan, afin d’atténuer le danger d’une reprise des hostilités au sujet du Cachemire, éventualité dont Pékin serait le seul bénéficiaire.

Une interprétation hâtive de ces signes bienvenus de modération a amené de nombreux analystes à considérer l’Union Soviétique comme inévitablement vouée à se transformer en membre de plus en plus zélé et conscient de ses responsabilités d’une communauté de nations en voie de formation. C’est là, certes, une éventualité éminemment souhaitable et l’Occident devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour encourager une telle évolution, par exemple en ouvrant des conversations fréquentes et franches avec le gouvernement soviétique. On aura vite fait de prêter foi aux bonnes intentions soviétiques, si Moscou nous prouve par des actes qu’il souhaite renforcer la stabilité. […]

Lisez l’article en entier ici.

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Ukraine’s South as a New Geopolitical Flashpoint

Foreign Policy Blogs - jeu, 07/03/2019 - 21:20

 

Four factors make further tensions between Russia and Ukraine along the shores of the Crimean peninsula and Azov Sea probable.

 

On 25 November 2018, at the Kerch Strait, Russia attacked as well as captured three Ukrainian navy vessels, and arrested their 24 sailors. The maritime clash indicates that the focal point of the Russian-Ukrainian military conflict may, in 2019, gradually switch from the Donets Basin to the Azov Sea. According to Vitaliy Kravchuk, senior researcher at the Institute of Economic Research and Policy Consulting in Kyiv, “if there are further marine incidents, it could mean the closure of the Azov ports for shipping.”

Such a development would have grave economic repercussions not only for the large cities of Mariupol (ca. 455,000 inhabitants) and Berdyansk (ca. 115,000 inhabitants). These two ports have hitherto been handling ca. 5% of Ukraine’s foreign trade, above all, in steel, chemicals and agricultural products. Ukraine has only limited or/and decrepit alternative transport infrastructure to redirect trade flows that have until now gone through the Mariupol and Berdyansk seaports. An escalation at the Azov Sea will above all threaten social stability, in south-eastern mainland Ukraine. It can also lead to a significant reduction or even curtailment of Ukrainian economic growth in 2019 and beyond.

Absent Western material reactions and international organizations

In spite of these potentially grave consequences, such a scenario is not unlikely. There are several simultaneously working and mutually aggravating catalysts for rising tensions along the Azov and Black Sea coast lines. They include (a) the reaction of the West vis-à-vis different Russian escalation scheme, (b) the degree of involvement of international organizations in the Azov Sea, (c) the stability and functionality of the Kerch Strait Bridge, and (d) the unresolved issue of sustainable fresh water supply to occupied Crimea.

A major factor currently enabling escalation in the Azov is the West’s reaction or lack thereof to the recent naval confrontation near the Kerch Strait Bridge. The West, so far, follows – what one could call – the Crimea Modus (and not Donbas Modus) of response to rising tension between Moscow and Kyiv. The EU has not reacted materially, as it did after the shooting of MH17 in July 2014, to the capture of Ukrainian sailors last year.

Instead, it has so far – reminiscent of its behavior in the wake of Russia’s annexation of Crimea in March 2014 – been sending verbal and symbolic signals to Moscow. The West’s, until now, non-material signaling may encourage the Kremlin to switch Russian military and other anti-Ukrainian activities from the Donbas to the Azov Sea. To Moscow, the latter may appear as an – above all, economically – less risky hybrid war theater than the Donbas.

A second determinant is the involvement of international organizations or lack thereof, in the two different regions. It is worth remembering that Putin, in 2017, suggested an increase of such organizations’ presence in the Donbas. He proposed to add a small, armed UN protection contingent to the relatively large, unarmed OSCE observation mission. To be sure, this proposal did not satisfy Ukraine and the West back then, and was thus not implemented.

Still, Putin has, with regard to the Donbas, been far more lenient regarding the presence of international organizations than with regard to the Azov Sea and Crimea region. Here, the Kremlin is demonstratively blocking even a minor presence of unarmed OSCE or other observers, not to mention an armed UN mission. The absence of any international organizations in the Azov Sea and on Crimea makes Russian actions against Ukraine there less risky and more likely.

Unclear Future of Kerch Strait Bridge and Water-Supply on Crimea

A third factor potentially motivating the Kremlin to behave more adventurously between the Azov and Black Seas would be technical malfunctioning or economic ineffectiveness of the new Kerch Strait Bridge connecting Russia and Crimea. This prestige object has a high symbolic political meaning for the legitimization of the Putin regime vis-à-vis the Russian population. The bridge could – for one or another reason – not reach its supposed aim to provide a push to Crimea’s social development and integration into the Russian economy. In such a case, the Kremlin may start searching for apologies for such failure, and try to stage an escalation that can be spun to explain a partial or full dysfunctionality of the bridge.

This would, in particular, be the case, if the bridge starts crumbling. In Ukrainian media, there have, since the opening of the so-called “Crimean Bridge” in May 2018, been repeatedly reports about engineering issues with, and geological challenges of, the long conduit. A possible closure or even collapse of the bridge would be a catastrophic blow to the Putin regime’s post-annexation public self-image, and make deceptive maneuvers – including military ones – by the Kremlin more probable. Even if the controversial construction holds, the question remains how far the bridge will go to fulfil its purpose of pushing Crimea’s economy and assimilating it into Russia’s. Should the expensive connection not meet these geoeconomic tasks, this too will increase the likelihood of a distracting anti-Ukrainian escalation designed to obscure a strategic blunder by the Kremlin.

A final urgent problem for the Kremlin is the precarious situation with fresh water supply, on Crimea. In 2014, Kyiv stopped delivery of water from the Dnipro river through the North Crimean Channel, via the Isthmus of Perekop, to the peninsula. Constantly declining aquatic reserves, in combination with continuing dearth of energy supply, are a virtual time bomb with potentially far-reaching economic and social consequences for Crimea’s inhabitants. In a surprising geoeconomic gaffe, Moscow has done little to resolve this issue since 2014. Russia has not built, for instance, a noteworthy desalination facility and respective energy infrastructure that could ease Crimea’s growing fresh water issue.

Should there be no principal solution to this problem soon via, for instance, erection a large desalination plant, Crimeans will experience ever more sharply repercussions of insufficient water supply, for their economy and, eventually, daily lives. A rise of social tensions on the peninsula may provide yet another potential trigger for escalation between Russia and Ukraine. Moscow may try to capture the closed channel between Crimea and the Dnipro river. This would lead Russian regular troops deep into Ukraine’s southern mainland, and start a second as well as now regular inter-state war between the two countries.

The above scenarios factors and scenarios constitute only some of the possible determinants for escalation between Russia and Ukraine. Yet, give that these four conditions combine in Crimea, the Kerch Strait and Azov Sea, they make continuing or even rising tensions in this area likely. The Azov Sea ports of Mariupol and Berdyansk will be operating, if at all, under various limitations and risks. Will the Ukraine and its Western partners be able and willing to provide some plausible stability guarantees and security mechanisms to the various economic actors engaged in the region? If not, the Ukrainian state as well as various national and foreign companies should start preparing themselves for a gradual decline of Mariupol and Berdyansk as well as the grave social and political consequences this will have.

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Repurposing the Human Brain: Lessons in Russian- and our own- reality reversal

Foreign Policy Blogs - mer, 06/03/2019 - 21:19

     At the “Valdai Discussion Club” in February 2012, Putin accused the West of employing “a matrix of tools and methods to reach foreign policy goals without the use of arms but by exerting information and other levers of influence . . . to develop and provoke extremist, separatist and nationalistic attitudes, to manipulate the public.”  He was inventorying his own toolbox,  summarizing his work product last year in The World Order–2018: “The American system is demonstrating its inefficiency and cannibalizing itself.”

     What does any of this have to do with the arrest of a Ukrainian villager on November 7, 1937?  

     I’m holding the victim’s arrest and interrogation file. Fifty five documents and 92 pages, laborious in their repetitive detail.  Why the documents?  Why a faux trial?  Why wasn’t the victim simply shot on the doorstep? Millions were. The NKVD (read, “KGB”) couldn’t arrest anyone without a warrant first signed by the prosecutor, and then within a deadline.  But each NKVD agent had a pad of blank, pre-signed, undated warrant forms. Why the charade?

     The victim is tortured, not to confess to the truth but to confess to a mind-bending lie, such as, “Yes, I’m from Mars.”  The File doesn’t detail the torture methodology–rubber aprons were issued to the interrogators for a reason. Too often after the confession the victim was shot anyway. Why the charade if the confession has a life of 30 minutes? If the purpose is to reprogram the mind of the persecutor, how can it be unyoked from the manifest, empirical reality imposed by that very persecutor? 

    I ask and simultaneously answer my own questions. This was not mere reality denial, or even alternative reality.  It was hyperbolic reality reversal, a 24/7 war against a person’s cognitive senses.    It was Stalin’s infamous “We live happily today and will be even happier tomorrow.”  It was the billboard greeting the output end of the corkscrew feeder into the Gulag –“Lead Humanity to Happiness.” Orwellian doublespeak carried to transcendental heights. It was everywhere, every day.  And it worked.

     Such has been Moscovy’s anthropology as it expanded into the largest empire in history.  Fyodor Dostoyevsky was clear enough: “All people should become Russian and Russian above all else, because the Russian national idea is universal.”  How do you re-spool other nations’ DNA? Collapse them from within by shattering the sequence of fact–information–knowledge–understanding–judgement–decision–action/inaction. The tools: provokatsia, kompromat, dezinformatsia, agitatsia, maskirovka.  The rules: deny, dismiss, distort, distract, dismay, divide, demoralize, disorient, incapacitate. Above all, accuse and attack.  The result: an altered consciousness and consequent surrender of reality control. The task would seem to be a grandiose fatuity when targeting individuals. But the superbity is anchored in a perversely brilliant history of having subverted entire nations, occupying their psychosphere as much as their territory, and then maintaining that control . . . for centuries.

     With 85 percent of KGB resources dedicated to “active measures”, it was easy for the USSR to exploit its genome against the West. “Ban the Bomb” was reality reversal when the Kremlin diverted attention from its own openly declared intentions and welded global angst onto a uranium stuffed steel drum,  with America targeted as the real threat to world peace.

     It was reality reversal when Moscow erased its own genocide of the Muslim nations of the Caucasus and Central Asia while incubating “Arab nationalism” in the 1970’s and 1980’s, and then releasing it against the U.S.  It was a remarkable success–for an atheistic state, no less.

     It was also reality reversal when “detente” enraptured Western capitals, allowing Moscow to lasso almost a dozen nations between 1974 and 1980. And yet again, when Moscow sold itself as the vanguard of anti-colonialism, a marketing campaign championed by so many (still unrepentant) in the West.  And reality reversal ruled–and rules–in Putin’s vituperation of the truthtellers as “Nazis,” Moscow having marched with Hitler in triggering WWII.

   Yet the West, too, creates chimeras, but for Russia’s advantage and use against the West. The springboard was our reverse engineering of the multi-national empire into a unitary state: the “Union of Soviet Socialist Republics” was equated with  “Russia”.  Not even Stalin made that leap. The self-imposed equivalence monopolized the West since the 1920’s–in politics, academe, media, business, sports.  It also was strategic aphasia. Astonishingly, a generation after the disintegration of the USSR, too many Western cognoscenti perpetuate that same Russia/Soviet Union equation.At the end, we feed Putin’s drive to reconstitute “Russia.”  In his message to the Federal Assembly last March: “After the collapse of the Soviet Union, Russia, which in the Soviet era was called the Soviet Union – that’s what it was called abroad – Soviet Russia – if we talk about our national borders, lost 23.8 percent of the territory . . . . ”  He made a similar point even earlier: In 1991, Russia voluntarily abandoned part of its territories.”

     The conclusions then flow inexorably. Reality was that Russians colonized the fourteen non-Russian Soviet Republics as both executioners and beneficiaries of Moscow’s ethnic cleansing. However, with the implosion of the USSR, Putin complains that they are now “stranded”. In Ukraine, they, their progeny and fellow-travellers are “separatists, “rebels” who Russia only supports in a “civil war”. Russian “led” is scarcely better, as it subsumes a necessary dichotomy between Russia and its fifth column, diluting notions of control. At the end, a nebulous  “conflict,” a curio, but not an invasion, annexation and occupation shattering the world order. Putin assures in his 2017 Oliver Stone interviews“We have to stick to certain rules. Otherwise international relations cannot be built.” 

     At times our reality reversal is short of 180 degrees, but effective nonetheless because of its subtlety.  At a conference in Washington last Fall, Kurt Volker, U.S. Special Envoy to Ukraine, described having been shown a map of Ukraine before his first departure, with “NGCA” (“Non-Government Controlled Area”) designating Crimea and other Ukrainian territory occupied by Russia.  “Why”, Ambassador Volker asked the obvious question, “do we shirk calling it as it is–‘Russian Controlled Area'”?  Consider the thought process of the person who had settled on “NGCA”, and multiply that by thousands of instances and thousands of people– and that’s on our side.

     A variation of our own obfuscation is, “both sides are at fault”.  After a day in Moscow with Russian Foreign Minister Sergei Lavrov, German Foreign Minister Heiko Maas recently concluded about Russia’s invasion, “All sides must contribute to the de-escalation of the conflict.”  Not an obligation that would have been thrust upon Germany’s victims in WWII. 

     Even more unpardonable is when such an august publication as Foreign Affairs lends its imprimatur for an article by a Konstantin Skorkin, identified as “a freelance journalist based in Russia”: “Unfortunately, both Moscow and Kiev [sic] have pursued policies since 2014 that have encouraged each public to blame the opposite side for all sins. Until the two countries reconcile, they will continue to find sources of conflict all around them, whether in elections to parliament or in the Sea of Azov.”  Subtle, subliminal.

     Whether the issue is Ukraine, NATO, Nord Stream 2, Syria, nuclear disarmament or, now, Venezuela, we too often catatonically repeat (read legitimize) Russia’s drumbeat of “security concerns”, “hurt pride,” “disorientation,” “needing a buffer”, “legitimate interests”, “historic claims”, or “fear of encirclement.” Our substitution of victim and perpetrator for one another is the very acme of reality reversal, proximately undercutting our own security, globally  It’s the victims who have security concerns,  legitimate interests and need a buffer.  In outsourcing Orwell’s “reality control” to Moscow, we prove Yurij Andropov right. The former KGB (then Communist Party) head lectured years ago, “Disinformation is like cocaine–sniff once or twice, it may not change our life. If you use it every day though, it will make you an addict–a different man.”  

     There is no excuse for our denial of Russia’s predatory DNA. The denial erases lessons we should have long absorbed about the Kremlin’s attendant weaponization of information, leveraged by Western naivete. And there should be no doubt of the sturdiness of both denial and naivete.

     President Roosevelt was certain: “[Stalin] won’t try to annex anything and will work with me for a world of democracy and peace.”

     Astonishingly, so was George Kennan, author of our “containment” policy adopted precisely because FDR’s certainty was fatuously wrong.  He wrote in his Pulitzer Prize winning Memoirs, “The Russians don’t want to invade anyone. It’s not in their tradition.” That was in 1967, the year before Moscow’s second invasion of Czechoslovakia.  At the time, British Foreign Secretary Michael Stewartwas also categorical:“The Russians will not invade Czechoslovakia.  They have changed too much since Hungary in 1956.”

    Eleven years later, on the eve of the Soviet invasion of Afghanistan, a State Department cable concluded: “A Soviet invasion would probably redound to the  disadvantage of global strategic interests. It would deal a severe blow to detente with the West.” In a White House briefing for members of Congress, President Carter was puzzled:  “It’s difficult to understand why the Soviets took this action [invade Afghanistan]. I think they probably underestimated the adverse reaction from around the world.”

     Twenty four years later, following a meeting called by Putin with Western journalists and think tank representatives, Fiona Hill, today’s Russia expert on the National Security Council, wrote in a September 4, 2004 New York Times Op-Ed, “Stop Blaming Putin and Start Helping Him”. (This was  already seven years into the blueprint for Russia’s assault against America.)

     After Putin invaded Georgia in August 2008, another Russia expert, Condoleezza Rice, in a December 12, 2008 New York Times interview assured:  “Everybody is now questioning Russia’s worthiness as a partner. They’ve come out of this badly. And I think it could help deter them from trying something like that again.”  In February, 2014, Russia invaded Ukraine.

     On January 17, 2017, Samantha Power (President Obama’s UN Ambassador) though criticizing Russia nonetheless lauded Russia’s “proud history of standing up to imperialist powers.”

     The tenacity of our denial, erasing awareness of Russia’s attendant prowess in rewiring the synapses of a nation’s brain, has come home. Catalyzed by Western fecklessness in Ukraine, Russia’s accelerated war against Western society was preordained.  With the KGB apparat today controlling Russia as it never controlled the USSR, its full frontal assault against cognitive, empirical reality penetrates ever deeper into our senses.  The 19th century Russian writer Alexander Herzen feared a “Genghis Khan with a telegraph.”  Today, social media means big data mining and advertising  . . . for us.  For Putin, it’s private sector espionage and mind control.  A highway to a hologram supplanting reality is a bargain for the toll that Moscow paid to Facebook ten years ago.

     Putin advisor, Vladislav Surkov, wrote this February that American‘s should forget about Russia’s election  interference and understand that democratic choice on how they’re governed is an illusion. Further, “Foreign politicians ascribe to Russia interference in elections and referendums across the globe. In fact, the matter is even more serious – Russia interferes in their brains, and they do not know what to do with their own altered consciousness. . . European and American experts begin to err in their forecasts more and more often. . . . Everyone, including the Americans themselves, is dissatisfied with America.” 

     This is not admission, but jubilation. Not arrogance, but febrile contempt. Confidence rockets to conviction, perception of risk shrivels, and caution is defenestrated. We’re feeding a looming catastrophe. Thomas Hobbes was right–“Hell is truth seen too late.”

   *                                         *                                         *

     I set the File aside for the moment, and focus on the faded photograph on the wall. The young man, in his late 20’s, returns my gaze. I visualize the rubber apron. It’s not a long arc from the moment of my grandfather’s murder to Moscovy’s slaughter of the Western mind today. It’s a straight line.

Victor Rud

Chairman, Committee on Foreign Affairs,

Ukrainian American Bar Association

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The Islamic State in Khorasan

Politique étrangère (IFRI) - mer, 06/03/2019 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère
(n° 4/2018)
. Marc Hecker, rédacteur en chef de Politique étrangère et directeur des publications de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage d’Antonio Giustozzi, The Islamic State in Khorasan: Afghanistan, Pakistan and the New Central Asian Jihad (Hurst, 2018, 296 pages).

Antonio Giustozzi est visiting professor au King’s College de Londres et chercheur associé au Royal United Services Institute (RUSI). Il est reconnu comme l’un des meilleurs connaisseurs de l’Afghanistan, pays où il a travaillé pour l’Organisation des Nations unies et pour l’Union européenne. Ses précédents ouvrages – dont Koran, Kalashnikov and Laptop (Hurst, 2007) et Empires of Mud (Hurst, 2009) – ont fait l’objet de recensions élogieuses.

Il se penche ici sur la tentative d’implantation de Daech au Khorasan – terme utilisé par les djihadistes pour désigner l’Afghanistan, le Pakistan, l’Asie centrale, l’Iran et une partie de l’Inde ainsi que de la Russie. The Islamic State in Khorasan est le fruit d’un travail de terrain important, réalisé en collaboration avec une équipe de journalistes afghans et pakistanais. Au total, 121 entretiens ont été conduits, dont la moitié avec des membres de Daech.

Le résultat est d’une précision remarquable et parfois déconcertante, tant l’auteur détaille l’évolution de Daech faction par faction, mois par mois et province par province. Il ressort de ce travail que lorsque l’État islamique a annoncé la création de wilayas en dehors du Moyen-Orient, il ne s’agissait pas seulement d’un coup de communication. Une véritable stratégie a été mise en place pour tenter de transposer le modèle syro-irakien dans d’autres zones, dont le Khorasan.

Des centaines d’Afghans et de Pakistanais ont été envoyés en Syrie et en Irak pour combattre aux côtés de Daech. Une partie de ces combattants est ensuite rentrée, appuyée par des formateurs arabes, généralement envoyés en zone pakistano-afghane pour une période de six mois. Pour tenter d’assurer une cohérence idéologique et organisationnelle aux différents groupes djihadistes ayant rejoint Daech-Khorasan, Abou Bakr al-Baghdadi a successivement dépêché trois représentants spéciaux : Qari Wali Rahman, Abu Yasir al-Afghani et Abu Hamza al-Khorasani.

Antonio Giustozzi décrit précisément la structure de Daech-Khorasan, avec ses différentes commissions (finances, logistique, recrutement, propagande, etc.). Cette organisation est décrite comme relativement professionnelle, comparée à d’autres forces locales. Les combattants de l’État islamique apparaissent mieux payés, entraînés et équipés que les talibans. Le financement – qui se chiffre en dizaines de millions de dollars par an – provient essentiellement de trois sources : des taxes prélevées localement, des transferts de fonds de Daech-central et des donations en provenance du Golfe, en particulier de l’Arabie Saoudite et du Qatar. L’argent collecté a été transféré en Afghanistan et au Pakistan par le système traditionnel de hawala, et par l’intermédiaire de sociétés-écran.

L’auteur nuance toutefois la réussite de Daech-Khorasan. Ce groupe souffre de plusieurs maux. Tout d’abord, il dépend trop financièrement de soutiens externes ayant parfois des objectifs contradictoires. Ensuite, il est miné par d’intenses luttes intestines. Enfin, il s’est aliéné une partie de la population par ses méthodes brutales. Antonio Giustozzi se garde bien d’émettre un pronostic sur l’avenir de l’État islamique au Khorasan, tant les dynamiques locales sont complexes et évolutives. Son analyse mérite néanmoins la plus grande attention, et cet ouvrage devrait être lu bien au-delà du cercle des spécialistes de l’Afghanistan.

Marc Hecker

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Is Turkey exploiting the international community in order to suppress dissent?

Foreign Policy Blogs - mar, 05/03/2019 - 21:08

REUTERS/Umit Bektas (TURKEY POLITICS ENERGY) – RTXPME4

According to Turkish journalist Uzay Bulut, Erdogan throws around charges of being a Gulenist or associated with Jews or a member of a terror group in the framework of spreading “conspiracy theories” against his opponents.  According to Turkish journalist Rafael Sadi, “Erdogan’s government is very scared and is looking everywhere for Gulenists.  They are suspicious of everyone.  No one feels free to talk or write.”  In fact, according to recent reports, Erdogan has even gone to the level of exploiting the international community in order to suppress dissent.   

For example, Akgun Bilgin, an advisor of the Turkish government, told Foreign Policy Blogs in an exclusive interview that a Turkish court sentenced UN Judge Ayden Sefa Akay to 7.5 years in prison for being a Gulenist in 2017.  He was subsequently released but barred from traveling abroad.   According to an interview Foreign Policy Blogs conducted with Turkish journalist Yavuz Ultin, he was released after serving 7 months in prison.  At the time, Bilgin claimed that Akay said that because he was a UN judge at the International Criminal Court at The Hague, he had diplomatic immunity and his arrest by a Turkish court violated international law.  

Following that, Bilgin noted that Turkey filed a criminal complaint to the ICC about Akay’s immunity.  After that, he noted that the representatives of 101 countries voted to dismiss Akay due to his trial.  Bilgin added that now since his diplomatic immunity has been removed, Akay will be jailed again to serve his sentence if the matter is approved by Turkey’s Supreme Court.  However, some members of the international community were greatly disturbed by this.   According to Time Magazine, Judge Christoph Flügge recently resigned from his position in protest over the fact that Turkey used its veto in order to end the tenure of Akay, who was likely innocent of the charges brought against him. 

Bulut told Foreign Policy Blogs that Akay says that he is a member of a Freemason lodge but was never a Gulenist: “Akay denies that he or his family ever had anything to do with Gulen.”  Sadi told Foreign Policy Blogs that to be a Freemason in Turkey is not a criminal offense.  However, Bulut noted that to be a Freemason in Turkey has many negative connotations and that a Turkish Islamist website claims the following about Freemasons: “Masonry is an organization that’s mostly based on Judaism and that aims to distort national and spiritual values.” 

As Turkish journalist Burak Bekdil noted in an interview with Foreign Policy Blogs regarding Akay’s plight, “This is another case demonstrating Turkey’s widening democratic deficit.”  According to the Gatestone Institute, other incidents include the detention of Turkish philanthropist Osman Kavala, who was described as working for the “famous Hungarian Jew George Soros,” and a lawsuit being filed against Turkish journalist Esra Solin Dal, who was charged with “doing journalism against the state” and being “a member of a terror group” merely for writing for the pro-Kurdish Mezopotamya news agency.  

Nor are Akay, Dal and Kavala the only victims.  Feminist journalist Ayse Duzken was sentenced to 18 months in prison because she acted as editor-in-chief of Ozgur Gudem in an act of solidarity with the newspaper, a pro-Kurdish daily which was shut down by the government.  According to the Committee to Protect Journalists, Erol Önderoğlu, the Turkey representative for Reporters without Borders (RSF), Şebnem Korur Fincancı, an academic and columnist for the leftist daily Evrensel, and Ahmet Nesin, a writer and columnist for the leftist news website Artı Gerçek, were also charged with participating in the campaign.  They are charged with “making propaganda for a terror organization.”  

Journalist Nedim Turfent was sentenced to 8 years and 9 months in prison for covering Turkey’s military operations against the Kurds in the south-eastern part of the country for the pro-Kurdish Dicle News Agency and was charged with being a “member of a terror group” merely because of his journalistic reports.   Idris Sayilgrin, a reporter for the same publication, was sentenced to 8 years and 3 months in prison on similar charges.  To date, Turkey remains the number one jailer of journalists in the world.  According to Human Rights Watch, more than 175 journalists and media workers are imprisoned in Turkey. 

Dr. Aykin Erdemir, a former MP in the Turkish Parliament who is now a senior fellow at the Foundation for the Defense of Democracies, told Ahval: “Both Turkish officials and Turkey’s pro-government media have systematically propagated conspiracy theories to smear and criminalize dissident journalists, academics, and politicians in the country. The ongoing character assassination campaign is coordinated with Turkey’s highly-politicized courts, and aims at not only silencing and discrediting vocal dissidents but also intimidating the rest of the society.”

Yavuz Altun, editor of the Turkish Minute, concurred, adding in an exclusive interview with Foreign Policy Blogs: “Jailing journalists with terrorism charges has two functions: 1) Intimidating the media sphere and hence implanting Erdogan’s own narrative points about his enemies or his main agenda, 2) Devaluation of the ideas opposing him.”  He noted that over the years, more and more journalists are quitting their jobs and many other media outlets were closed down by the government.  He warned that in 10 years, there may no longer be any home for dissident media outlets in Turkey.

According to Altun, Erdogan is able to get away with suppressing dissent: “Those who are jailed unfairly or subjected to ill-treatment or government oppression apply to international institutions such as UN or ECtHR, for their rights, and as Turkey is part of several international agreements, they are entitled to do it. In Brussels, from time to time, I hear that the Turkish officials put pressure on international bodies to avoid such cases. One of the important topics in diplomats’ agenda is to remind European decision-makers of Turkey’s “concerns” about “terrorists” (Gülenists and Kurdish opposition) constantly, even if they’re untrue or baseless. And still, the Turkish government maintains good relations with the executives of the European Council. I think, Erdoğan basically knows that such behavior costs him very little in diplomacy because the Western countries need Erdoğan (or Turkey) more than he needs them.”

Erdemir concurred, proclaiming that Erdogan utilizes the UN in order to further suppress dissent: “In June 2016, 230 NGOs from around the world penned an open letter to ECOSOC to criticize the politicization of the work of the United Nations’ Committee on NGOs. Over the years, Turkey has received criticism for its use of procedural tactics to block the granting of consultative status to NGOs as well as the withdrawal of that status as a form of reprisal. Both the United States and the European Union have expressed their concern for the number of deferred applicants and called for an end to arbitrary questioning of NGOs at the committee. In February 2018, the Geneva-based human rights group UN Watch has condemned the election of Turkey as the vice chair of the committee that accredits and oversees the work of human rights groups at the world body.”

In conclusion, Altun proclaimed: “Jailing journalists and other dissidents has no real cost for Erdoğan in his business with the Western countries. A European Parliament member told me that European leaders want to work with him, unless a better alternative arises. Therefore, as long as he clings to power inside Turkey, namely as long as he convinces the majority inside the country, nothing can really harm him.” He claimed that journalists especially are easy targets because the Turkish public cares very little about the function of the media in society.  For this reason, Altun noted that Erdogan can get away with accusing journalists of being a PKK supporter or Gulenist for “Erdogan’s reach to the public is far greater than any information hub.”

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Small Wars, Big Data

Politique étrangère (IFRI) - lun, 04/03/2019 - 09:00

Cette recension a été publiée dans le numéro d’hiver de Politique étrangère
(n° 4/2018)
. Jean-Christophe Noël, chercheur associé au Centre des études de sécurité de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Eli Berman, Joseph H. Felter et Jacob N. Shapiro, Small Wars, Big Data: The Information Revolution in Modern Conflict (Princeton University Press, 2018, 408 pages).

Ce livre tente de tirer des leçons pratiques et opérationnelles des dernières opérations de contre-insurrection, principalement menées par les forces armées américaines. À cet effet, les auteurs rappellent d’abord l’importance des « petites guerres » de nos jours, et leurs spécificités. Ils présentent ensuite leur méthode, qui peut se résumer rapidement par l’exploitation d’un volume toujours plus important de micro-données locales pour tester certaines hypothèses à l’aide des sciences sociales ou des outils statistiques.

Trois types d’acteurs sont impliqués dans ce type de conflit, à savoir le soldat, le rebelle et le civil. Ce dernier tient une position stratégique, puisqu’il détient des informations essentielles en observant comment les deux camps rivaux agissent dans son environnement proche. En aménageant des conditions favorables pour que les civils fournissent spontanément des tuyaux (tips), le gouvernement peut s’assurer un avantage comparatif.

Pour consolider cette relation de confiance, et ce que les auteurs appellent l’approche centrée sur l’information (information-centric approach), différentes problématiques sont explorées. Le livre montre notamment que le développement de la téléphonie mobile favorise la circulation des informations, souvent anonymes, vers les représentants institutionnels. Dans le domaine de l’aide au développement, les projets locaux les plus modestes, les moins risqués, pour lesquels la population a été bien informée et qui ont un impact immédiat, offrent les retombées les plus positives. Il est cependant nécessaire que la force militaire assure la protection des agents et des installations. Aide et protection sont donc indispensables et complémentaires. En revanche, les projets très importants, nécessitant de gros investissements, nourrissent la corruption et sont plus difficilement achevés. Ils suscitent de la déception.

Enfin, la population civile a tendance à fuir le camp le plus brutal à son égard. La violence locale décroît quand des rebelles ont causé des pertes civiles (l’installation du gouvernement est soutenue), et elle augmente quand les troupes gouvernementales ont causé des dommages collatéraux (le retour des rebelles n’est pas contrarié).

Ces leçons sont essentiellement valides au niveau local. Les auteurs conviennent qu’elles sont insuffisantes pour contrôler un pays, tout en notant qu’elles peuvent aussi offrir de belles opportunités. Ils ajoutent que ce qui se vérifie parfois dans un environnement urbain peut être contredit dans un environnement champêtre ou montagneux.

L’impression générale laissée par ce livre très documenté, très riche, mais parfois un peu trop didactique, est qu’il n’apprendra que peu de choses aux experts de la contre-insurrection. Mais il mérite d’être lu et commenté par tous, car les auteurs démontrent soigneusement leurs thèses, et leurs implications ne sont pas neutres. Faut-il développer les réseaux de téléphone mobile, même s’ils servent aussi à déclencher les engins explosifs improvisés ? Les appuis-feux doivent-ils être très contrôlés pour limiter les dommages collatéraux, quitte à subir plus de pertes dans les engagements ? Quels sont les atouts et les limites d’une approche bottom-up ? Autant de questions très sensibles, auxquelles ce livre offre des éléments de réponse essentiels.

Jean-Christophe Noël

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Vers une politique européenne

Politique étrangère (IFRI) - ven, 01/03/2019 - 09:00

Créée en 1936, Politique étrangère est la plus ancienne revue française dans le domaine des relations internationales. Chaque vendredi, découvrez « l’archive de la semaine ».

* * *

L’article « Vers une politique européenne » a été écrit par le journaliste et économiste Jacques Gascuel dans le numéro 4/1950 de Politique étrangère.

Il n’est guère possible de traiter aujourd’hui d’ une politique européenne » sans parler de la proposition française du 9 mai. Cette proposition me servira donc à la fois de préface et de conclusion.

L’impression produite dans le monde entier par le plan Schuman a été et est encore considérable. En France, ce fut une surprise générale, Une satisfaction pour l’homme de la rue, une inquiétude pour certains industriels et certains partis politiques, inquiétudes dues d’ailleurs à des raisons diamétralement opposées ; à l’étranger, l’effet s’est révélé plus grand encore. En Grande-Bretagne, MM. Attlee, Bevin, Churchill, et d’autres personnalités politiques de premier ordre se sont vus obligés de donner publiquement leur avis sur le pool charbon-acier. Un congrès des partis socialistes se tint à Londres dans le courant du mois de juin, pour examiner la proposition française. Les industriels britanniques en ont déjà discuté, et, contrairement à ce que l’on pourrait croire a priori, certains, et non des moindres, s’y sont déclarés favorables. De la droite à la gauche, tous les journaux parlent du plan Schuman, même le Punch.

Aux États-Unis, le président Truman a jugé nécessaire de déclarer sa sympathie pour le projet français. M. Acheson en avait fait autant quelques jours auparavant. M. Foster Dulles, la plus haute autorité en politique étrangère du parti républicain, des journalistes comme Walter Lippmann ont approuvé le plan.

En Allemagne, le chancelier Adenauer a manifesté sans ambiguïté son adhésion. L’Italie, la Belgique, la Hollande, le Luxembourg se sont déclarés d’accord. Bref, au départ, l’« effet de choc » produit par le plan est indéniable.

Pourquoi cet enthousiasme ?

L’idée n’est pas nouvelle. Depuis qu’il y a une France et une Allemagne industrielles, unir le charbon allemand au fer français pour construire une Europe unie à partir de ce charbon et de ce fer a été proposé bien des fois. Cette idée n’a rien que de logique, elle vient naturellement à l’homme de la rue, comme au lycéen, quand ils ont compris que l’Allemagne produit du charbon, la France du fer et qu’il s’agit de rapprocher ces deux nations.

Ce n’est pas non plus une idée longtemps oubliée, brusquement retrouvée. Elle avait été remise sur le tapis en automne, et, plus récemment, le Conseil de l’Europe l’avait reprise en suggérant la création de grandes compagnies européennes précisément pour le fer et le charbon.

Il s’agit, en somme, d’une idée ancienne présente à l’esprit de chacun, d’une idée qui appartient à tout le monde. Sa présentation du 9 mai a cependant produit l’effet que nous avons dit. Pourquoi ?

De notre point de vue, pour plusieurs raisons :

I ° D’abord, l’idée s’est traduite par une proposition concrète. Il faut le dire : nous vivons dans l’irréalité. Il est certainement utile de tenir des réunions internationales. Mais, lorsque l’on dénombre 51 réunions de ce genre en avril, 48 en mai, que 30 sont annoncées pour juin ; qu’il s’est tenu à Londres, le 3 mai, une conférence internationale « pour standardiser les récipients métalliques à fermeture hermétique » ; à Genève, du 18 au 21 avril, une autre conférence « pour organiser une nomenclature standardisée des peupliers » ; que les producteurs de jus de fruits tiennent des assises internationales pour défendre leurs intérêts, comme aussi les amateurs de musique sacrée, on peut se demander, sans nier l’intérêt de ces réunions, s’il est vraiment indiqué de délibérer en ce moment sur toutes ces questions.

II n’est pas douteux, en effet, que l’ennemi soit aux portes, l’ennemi, c’est-à-dire la guerre. Si certains parmi les dirigeants ne s’en préoccupent point, l’homme de la rue, lui, le comprend et le sent. Discuter en ce moment sur le sexe des anges lui semble vain, et même ridicule. En revanche, la proposition française — qui est de faire l’Europe à partir de charbon et d’acier — lui a paru enfin quelque chose de solide et de concret.

2° En second lieu, l’homme de la rue ne voit plus très bien où il en est ni où on veut le mener. L’été dernier, le président de la République des États-Unis lui a dit que la guerre froide était définitivement gagnée. Tout récemment, il a pu lire une déclaration non moins autorisée, venant d’outre- Atlantique, spécifiant que cette guerre était probablement perdue. Où est la vérité ?

L’homme de la rue voudrait savoir ce qu’est cette « diplomatie totale » dont M. Acheson parle beaucoup depuis quelque temps. Lorsqu’il cherche à en pénétrer la raison profonde, il craint que cela signifie plus de diplomatie du tout. Le grand problème est-il de gagner une guerre considérée comme inéluctable, ou, au contraire, d’éviter la guerre? L’homme de la rue craint de ne pas être sur ce point d’accord avec son vis-à-vis de l’autre côté de l’Atlantique.

Il ne comprend pas très bien ce que serait cette guerre dont on parle : une croisade pour détruire une doctrine dont les tenants sont à Moscou, ou une résistance désespérés contre un impérialisme totalitaire qui menacerait sa liberté? Il n’a aucune envie de participer à une croisade.

Il ne voit pas non plus quel est le rôle réservé à l’Europe occidentale dans l’affaire. Est-elle un partenaire, une associée, ou une mineure en tutelle? Lui demande-t-on son avis ? A-t-elle son mot à dire ?

Le grand mérite de la proposition française du 9 mai est d’être une tentative de clarification. L’homme de la rue a nettement compris qu’elle était avant tout un effort vers la paix, vers une paix due à l’existence d’une Europe construite autour de la France et de l’Allemagne enfin d’accord, d’une Europe consciente de sa force qui n’irait que là où elle veut aller et ne serait sous la tutelle de personne.

Dernier point à signaler enfin, sans fausse honte, le plan Schuman a produit l’effet indiqué parce que c’était un plan français. Nous avons eu des semeuses sur nos timbres-postes. Ce n’est pas un symbole gratuit. Depuis la Libération, le monde entier attend que la France reprenne ce rôle de semeuse qui a toujours été le sien.

Le plan Schuman nous replace dans notre ligne traditionnelle, il fait partie de ce qu’on appelle la « mission du peuple français », qui est de suggérer de grandes directives d’intérêt universel. Le monde entier a été heureux de retrouver la France. Elle lui manquait.

Voilà quelles peuvent être les premières raisons de l’effet produit par la proposition française du 9 mai.

Voyons la question plus en détail. Pourquoi l’homme de la rue en Europe craint-il à ce point la guerre ? Le pacte de l’Atlantique, celui de Bruxelles ne sont-ils pas là pour le rassurer ?

Si l’homme de la rue a compris que, s’il y avait un conflit, l’Europe occidentale en ferait les frais, que ce conflit marquerait la ruine de l’Europe et sa fin à lui, en particulier sa destruction physique, sa réaction devant le plan Schuman a été celle de quiconque, très inquiet pour ses biens et sa vie, aperçoit une chance de salut. Si certains hommes d’État, hélas trop nombreux! n’ont pas encore admis que le système des pactes ne constitue actuellement pour l’Europe qu’une défense imaginaire, l’homme de la rue, lui, l’a très bien saisi.

Rappelons brièvement les origines de ce système. Psychologiquement que s’est-il passé ?

Dès que les Européens se réveillèrent de l’immédiate après-guerre, ils s’aperçurent avec inquiétude qu’à leur porte était campée une armée immense de près de 200 divisions, que cette armée pourrait, si elle 1« voulait, arriver facilement jusqu’à l’Atlantique et aux Pyrénées en quelques jours, voire en quelques heures.

Leur première préoccupation fut de se grouper pour se défendre, réaction instinctive contre un danger possible. De là naquit le Pacte de Bruxelles, signé le 17 mars 1948, lequel réunit la France, la Grande-Bretagne et les trois pays du Benelux. Mais, lorsque les Cinq de Bruxelles se réunirent et qu’ils firent la somme de leurs forces, ils s’aperçurent que cette addition de zéros donnait un zéro. Ils se tournèrent alors automatiquement vers la grande puissance de l’autre rive de l’Atlantique qui était venue les délivrer et ils lui demandèrent ce qu’elle pouvait faire.

Le problème de la défense de l’Europe se posait (et se pose encore) à court et à long terme. A court terme : l’Europe, incapable d’assurer sa propre sécurité, comptait sur les États-Unis et uniquement sur eux. A long terme : elle avait elle-même des possibilités à condition d’être aidée par les États-Unis.

Ce que souhaitaient les Européens c’était, pour la défense à court terme, une déclaration analogue à celle du président Monroe, aux termes de laquelle les États-Unis auraient considéré « comme un geste inamical toute tentative de la part de l’U.R.S.S. de s’étendre au delà de sa zone d’influence, et toute ingérence directe ou indirecte dans le gouvernement des États situés en dehors de cette zone d’influence. »

Ils pensaient que la menace de l’emploi de la bombe atomique suffirait à empêcher toute tentative agressive de la part de l’U.R.S.S.

A long terme — cinq à dix ans — ils espéraient que, grâce à des accords bilatéraux, à des ouvertures de crédit, à la remise sur pied de leurs propres industries, ils pourraient réaliser eux-mêmes un réarmement suffisant pour être de nouveau capables de se défendre sans aide extérieure dans un délai d’environ cinq années.

Autrement dit, la défense de l’Europe devait, dans l’esprit des Européens, s’organiser
« sous l’ombrelle atomique » grâce aux États-Unis.

Le pacte de l’Atlantique, signé le 4 avril 1949, est allé à la fois beaucoup moins loin et beaucoup plus loin qu’il n’était souhaité par les Européens. D’abord, il ne prévoit pas l’entrée en guerre automatique des États-Unis, au cas où la Russie soviétique tenterait de pousser ses avantages, soit sur le terrain, soit par des coups d’État intérieurs. Le pacte laisse aux États- Unis la faculté de prendre des mesures autres que militaires.

De plus, le pacte prévoit l’aide mutuelle, c’est-à-dire joue pour les pays européens, au cas où les États-Unis seraient attaqués. Sont considérées comme actes d’agression des destructions d’aéronefs ou de navires, non seulement de guerre, mais aussi de commerce, non seulement dans l’océan Atlantique, mais aussi dans le Pacifique.

Les pays européens étant placés, au moins pour quelques années, en état de subordination vis-à-vis des États-Unis, dépendant d’eux pour leur économie intérieure et l’équilibre de leur budget, se trouvent ainsi pratiquement obligés d’intervenir si les États-Unis entrent en guerre pour une raison quelconque — même si cette guerre résulte d’une provocation ou d’une agression des États-Unis à l’endroit de l’U.R.S.S., même s’il s’agit d’une question intéressant exclusivement les États-Unis.

En second lieu, le pacte ne parle pas de l’Allemagne. Il est cependant destiné à organiser la défense de l’Europe occidentale. Comment peut-on songer à mettre sérieusement sur pied cette défense si l’on passe sous silence le rôle que l’on entend faire jouer ou ne pas faire jouer à l’Allemagne ? Pratiquement le pacte suppose le réarmement de l’Allemagne qui y est inclus, a-t-on dit avec raison, comme le germe dans l’œuf. Bien des pays de l’Europe occidentale craignent ce réarmement.

En troisième lieu, le sens donné au pacte dès l’origine n’a pas été le même sur cette rive de l’Atlantique et sur l’autre. Nous l’avons considéré ici comme une protection assurée à l’Europe par les États-Unis. Aux États-Unis, à l’inverse, on y a vu l’organisation de l’Europe en bastion avancé de la défense des États-Unis. « Nous achetons de la sécurité avec des dollars », écrivait le New York Times à l’époque de la signature. Le rôle réservé à l’Europe occidentale dans le dispositif militaire, imaginé par beaucoup d’Américains en fonction du pacte, est, comme l’a explicitement écrit la revue U.S. News, celui d’un
« amortisseur », destiné à encaisser le premier choc ennemi, à freiner l’avance de l’adversaire pendant quelques jours, afin de permettre à ceux qui sont de l’autre côté de l’Atlantique de rassembler leurs moyens et de se préparer.

Ces moyens sont essentiellement des moyens aériens et maritimes, des moyens mécaniques. Les États-Unis fournissent le matériel, l’Europe occidentale les hommes. Tout récemment encore, le général Clay déclarait : « La France et les pays du Benelux devraient s’entendre avec l’Allemagne, car l’Allemagne n’est pas comprise dans le pacte Atlantique, pour organiser des forces terrestres, en laissant à la Grande-Bretagne et aux États-Unis le soin de la défense aérienne et navale. »

Cela ne serait pas très grave malgré tout si, comme l’ont cru les Américains et beaucoup d’entre nous avec eux, les États-Unis possédaient réellement le moyen de gagner définitivement une guerre en quelques jours ou en quelques semaines, grâce aux bombes atomiques. Peut-être cela a-t-il été vrai un certain temps. Cela ne l’est plus depuis l’explosion atomique réalisée en juillet 1949 sur le territoire de l’U.R.S.S. Les États-Unis n’ont plus le monopole des armes atomiques, et l’Europe occidentale n’a aucun moyen d’empêcher le survol de son territoire par des bombardiers atomiques soviétiques.

Enfin, pour être efficace à terme, le pacte Atlantique devait être assorti d’accords bilatéraux assurant le réarmement progressif des pays européens. On sait ce qu’il en est. Le plan d’aide militaire a bien été voté par le Congrès, des promesses ont bien été faites et des engagements signés, mais les envois d’armes se révèlent jusqu’à présent insignifiants, pour la raison très simple que les États-Unis ne possèdent pas ou plus les stocks nécessaires et qu’ils ont arrêté leur fabrication. Plus d’un an après la signature du pacte, l’Europe occidentale en est au même point, c’est-à-dire à zéro, quant à l’organisation de sa sécurité, avec cette circonstance aggravante qu’elle se trouve maintenant exposée à la destruction atomique.

Ainsi, ni à court ni à long terme, le pacte Atlantique n’assure la défense de l’Europe et ne paraît devoir l’assurer.

* * *

II y a autre chose encore, et sans doute est-ce le plus grave. Le pacte Atlantique attire la guerre. Il l’attire des deux côtés : du côté U.R.S.S., parce que les Russes lui attribuent un caractère agressif, à tort sans doute, mais c’est ainsi ; et, en l’occurrence, l’opinion des Russes compte ; du côté États-Unis, parce qu’un certain nombre d’Américains, peu au courant des affaires européennes et internationales, persuadés de la puissance militaire américaine et considérant l’Europe occidentale, du fait de l’existence du pacte, comme une base de départ contre les Russes, se trouvent incités à déclencher une guerre qu’autrement ils hésiteraient à engager.

Il y a là un point extrêmement important, et qu’il faut souligner. Pour nous autres, Européens, la guerre est une aventure ancienne. Nous en avons connu les gloires comme les amertumes. Nous avons gagné des guerres et nous en avons perdu. Les deux guerres mondiales victorieuses se sont soldées, pour nous, par un total de 3 millions de morts sur une population de 40 millions d’habitants et par des ruines sans précédent. Pour les États-Unis, par 400 000 morts sur une population de 140 millions d’habitants et des enrichissements sans précédent. La dernière crise économique, celle de 1929 et 1932 — la grande dépression, — a laissé aux États-Unis des souvenirs autrement pénibles que les deux guerres mondiales, périodes de bénéfices faciles, génératrices d’une activité économique accrue, d’une ascension de la puissance américaine. Les États-Unis et les pays de l’Europe occidentale ne voient pas la guerre sous le même angle. […]

Lisez l’article en entier ici.

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Negotiations Are the Best Way to End the War in Afghanistan

Foreign Affairs - ven, 01/03/2019 - 06:00

In 2012, while I was serving as senior adviser to the State Department special representative for Afghanistan and Pakistan, I met in Istanbul with a group of Iranian scholars and former diplomats. After listening to the Iranians protest the United States’ purported plans to establish permanent bases in Afghanistan, I told them that they were worrying about the wrong thing. Their problem was not that U.S. forces would stay forever; it was that, sooner or later, they would leave, and the Iranians and their neighbors would once again be stuck with a problem that they could not solve.


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Pacte démocratique

«Au-delà du populisme: la fin du pacte démocratique?». La chronique de Frédéric CharillonFrédéric Charillon 26 février 2019 à 12h45
Publié dans L'OpinionDans des Etats qui avaient pourtant connu une ouverture politique dans les années 1990, l’expérience démocratique a reculé. Et cette prolifération de démocraties sans démocrates touche même les rivages de l’Europe
Si la démocratie repose sur de nombreux principes (suffrage universel, citoyens éduqués…), les principaux penseurs politiques s’accordent à considérer que son moment de vérité réside dans le respect d’un pacte entre protagonistes, dit « pacte démocratique ». De quoi s’agit-il ? D’un double engagement de la part des acteurs de la future majorité et de la future opposition. Le vaincu d’une élection doit accepter sa défaite et, plutôt que de prendre les armes pour contester le résultat, attendre la prochaine échéance pour repartir pacifiquement à la conquête du pouvoir, et éventuellement prendre sa revanche. Le vainqueur doit, quant à lui, s’engager à remettre son mandat en jeu à l’échéance prévue sans chercher à confisquer définitivement le pouvoir. C’est là qu’aujourd’hui, de plus en plus, le bât blesse. Et cela a des conséquences politiques internationales fâcheuses. Des Etats où la démocratie a pu un temps s’installer, continuent de tenir des élections, mais leur pluralisme n’est plus qu’une chimère. Dans l’environnement politique européen, y compris au sein de l’UE, cette mode gagne du terrain. Faut-il alors imposer des mesures pour contrer cette tendance, et constituer un front démocratique exigeant sur ce point ?Elections sans retourDans des Etats qui avaient pourtant connu une ouverture politique dans les années 1990, l’expérience démocratique a reculé pour donner lieu à ce qu’il est convenu d’appeler des populismes. On oublie trop souvent que l’une des caractéristiques de ce populisme est de ne pas rendre le pouvoir. Après les espoirs post-soviétiques d’une libéralisation du jeu politique russe, Vladimir Poutine (à la tête du pays depuis maintenant presque vingt ans) a rapidement fait comprendre qu’il était là pour rester, et a innové pour maintenir les formes institutionnelles : son « alternance » avec Dmitri Medvedev, de 2008 à 2012, qui le vit rester quatre ans Premier ministre avant de reprendre la présidence, n’a pas suscité beaucoup de réactions au sein d’une communauté internationale qui a même fait mine de croire à l’autonomie de l’intérimaire. Depuis sa nomination comme Premier ministre en 2003 puis comme président en 2014, Recep Tayyip Erdoğan n’a jamais perdu une élection. Ou plutôt, il a perdu celle de juin 2015 qu’il a fait rejouer en novembre pour retrouver la majorité absolue. Le régime « bolivarien » instauré par Hugo Chavez au Venezuela en 1999 et prolongé par Nicolas Maduro n’a pas non plus l’intention de respecter un résultat électoral qui aurait pu/dû être défavorable. Pas plus que les militaires au pouvoir en Thaïlande, qui viennent d’obtenir le retrait d’une candidate gênante au poste de Premier ministre à pourvoir le 24 mars prochain, en la personne de la princesse Ubolratana Rajakanya, sœur du roi. Combien, d’autres élections, demain, sans suspense et avec résultat obligatoire ? Le Parti Démocrate Progressiste (DPP) favorable à une entité nationale taïwanaise plus forte, par exemple, peut-il encore gagner à Taipei avec la pression de Pékin pour empêcher cette issue ?Fragilité de l’environnement européenCette prolifération de Démocraties sans démocrates, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Ghassan Salamé (1994) à propos du monde arabe (un Ghassan Salamé devenu depuis émissaire des Nations Unies pour la Libye, c’est dire s’il doit être optimiste), a touché les rivages de l’Europe. Dans l’environnement stratégique immédiat, on a vu à quel point il était difficile d’instaurer une démocratie durable en Ukraine, comme on craint aujourd’hui une dérive de la Moldavie vers un pouvoir pro-russe qui ne se laissera pas déloger ensuite. Au sein de l’UE elle-même, l’offensive contre la séparation des pouvoirs ou contre les corps intermédiaires, de gouvernements comme celui des ultra-conservateurs polonais ou de Viktor Orban en Hongrie, est plus qu’inquiétante. En Bulgarie, Slovaquie ou ailleurs, l’influence russe, combinée à un terrain composé d’acteurs riches, douteux et populistes, fait craindre également des consultations électorales biaisées, des mainmises définitives ou l’avènement d’une longue nuit politique programmée. Cela pose plusieurs problèmes. 

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Where Weimar Germany Went Wrong

Foreign Affairs - jeu, 28/02/2019 - 06:00

Published in the fall of 1929, two weeks before the Wall Street crash, Alfred Döblin's Berlin Alexanderplatz is a classic of the turbulent late Weimar period, an era that provides a favorite point of comparison with the politics of our own day. The story of Franz Biberkopf, reissued now in a new edition, is a kind of morality tale. It shows a man who is repeatedly knocked down and gets up again, before he finally opens his eyes to what is happening around him. But the novel also presents a morality tale about the politics of resentment on the right and sectarian conflict on the left, and where they can lead.


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What to Expect at the Second North Korea Summit

Foreign Affairs - ven, 22/02/2019 - 06:00

As U.S. President Donald Trump and North Korean leader Kim Jong Un geared up for a historic face-to-face meeting in Singapore last June, one question loomed large: Would the two return to the bluster that had characterized their relationship in 2017? That year, a steady drumbeat of North Korean nuclear and missile tests had prompted the United States to talk of “bloody nose” military strikes to compel Kim to denuclearize.


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Is the Taliban Making a Pledge It Cannot Keep?

Foreign Affairs - jeu, 21/02/2019 - 06:00

In Doha in late January, the United States and the Afghan Taliban agreed in principle to the contours of a peace deal. Under its terms, the Taliban would guarantee that Afghan territory will never be used by terrorists. The concession is critical to the United States, but while some commentators have heralded the Taliban’s promise as a major breakthrough, analysts have noted that the group has made, and failed to keep, similar assurances in the past. Questions remain about whether the Taliban is genuinely willing to break with al Qaeda—the very prospect at which the group balked back in 2001, prompting the United States to invade.


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Sexual Violence and HIV/AIDS in the Democratic Republic of Congo

Foreign Policy Blogs - jeu, 21/02/2019 - 02:41
Dr. Denis Mukwege (Photo From BBC)

In October of last year, the Nobel Committee awarded Dr. Denis Mukwege with the Nobel Peace Prize. Dr. Mukwege is a world-renowned gynecologist from the Democratic Republic of Congo (DRC) who established the Panzi Hospital, which practices a holistic approach to providing assistance to survivors of sexual assault. Congo has been deemed by the international community as the worst place in the world to be a woman, with 1100 women raped every day. Dr. Mukwege is one of only two doctors in Congo that can perform reconstruction surgeries after a woman has been raped, and his work has fundamentally changed access to health services in the country by making them more widespread and affordable. One of the programs the Panzi Hospital executes is focused on HIV/AIDS prevention and treatment, which has been a chronic  epidemic in the DRC. Despite this progress, the actual policies that the international community have implemented in the DRC have been lacking, excluding, and often counterproductive to survivors of rape who have contracted HIV/AIDS.

Rape is often employed as a devastating weapon of war in Congo. This tactic has fostered a clear link between conflict promulgation and AIDS transmission. Human Rights Watch estimates, approximately 60% of combatants in the DRC have AIDS. The spread of AIDS has been a significant issue in Congo for decades, officially declared a public health threat in 1983. The link between sexual violence and AIDS in Congo is apparent, as “an estimated 30% of survivors of rape in Congo are infected with HIV“. Virginie Supervie at the National Institute of Health conducted a study that statistically predicts the number of HIV/AIDS victims in relation to sexual violence relates in Sub-Saharan Africa. Her results are alarming, estimating that under extreme conditions, 10,000 women and girls in Congo who are victims of sexual violence could contract HIV/AIDS each year. She further argues that in order to effectively deal with the AIDS epidemic in Congo, victims of sexual violence are critical to take into account during policy formation, as they are often left out of the discourse around AIDS prevention and treatment.

In Congo, victims of sexual violence are often ostracized by their communities, forcing them to move.  This practice creates major obstacles to providing critical medical treatments. Jack Hyyombo explains in the Central African Journal of Public Health, that the most effective way to address this issue is a more targeted approach based on province should be implemented rather than blanket policies over the entirety of Congo. Different demographics in Congo have diverse needs. Creating targeted approaches based on province would allow the Congolese government to create a more tailored approach to meet the needs of different people living in different areas. From there, the government could concentrate specifically on areas where sexual violence occurs most often.

Congo has primarily used only blanket policies to address HIV/AIDS in the country. Joseph Kabila implemented a program headed by the Ministry of Health and the National AIDS Commission. This was supported by the World Health Organization (WHO) and the United Nations (UN). Similarly, to many countries in the international community, the Congolese government expressed in 2015 that they aimed to eliminate HIV and AIDS as a public health threat by the year of 2030. In 2015, only 33% of known AIDS patients were taking antiretrovirals in the DRC. The government publically stated that “by April 2017, 34000 more people were on treatment which puts the country on track to reach the June 2018 target, which would see 73% of people living with HIV on treatment”. The fact that more Congolese citizens are receiving treatment is obviously a benefit, but victims of sexual assault are often not included. For example, “only 30% of female rape cases undergo prophylactic treatment against HIV in the DRC”. This is due to a top-down, homogenous approach by the UN and WHO. Blanket statements regarding progress on AIDS treatment and prevention in the Congo have unintended consequences. The woman who are often most at risk of the disease are forgotten about because there is a false sense that everyone is benefitting from the progress that has occurred.

(Photo From
The New York Times)

At first glance, it looks as if the United Nations is taking a hardline, effective approach to combating AIDS stigmatization and sexual violence. In 2010, the first ever offensive peacekeeping mission, MONUSCO, was deployed in Congo. This mission was the first of its kind, as UN peacekeepers usually have to wait until conflict comes to them, while MONUSCO can be the aggressor against the groups it is trying to eradicate in order to protect the population. There is also a designated Sexual Violence Unit in MONUSCO. However, though the United Nations says that MONUSCO is helping, there are many points of contention surrounding the mission.

The implications of MONUSCO on the debate about responses to rape victims with AIDS is substantial. The rhetoric around MONUSCO makes it seem very beneficial, while in reality, peacekeepers often exacerbate existing issues. In only the first three months of 2017, five peacekeepers had already been accused of raping Congolese women. This is not limited to peacekeepers in the DRC. The Associated Press reported that “between 2004 and 2016, the United Nations received about 2,000 allegations of sexual exploitation and abuse against its peacekeepers”. Over 700 of those allegations occurred in Congo and number is assumed to be much higher as victims are often silenced or discouraged from coming forward.

There are many implications of peacekeepers contributing to sexual violence. One of the main consequences is that it promotes a mistrust of foreign actors. This is detrimental when worldwide policies are being developed to address both AIDS and sexual violence. Multilateral and transregional approaches are necessary when trying to tackle epidemics that span across the world because they provide resources. Furthermore, the perpetrators of these violent acts are often not held responsible, promoting an environment in which rapists are greeted with impunity.

There is no doubt that Dr. Mukwege is an extraordinary hero well deserving of the Nobel Prize. Resources are critically required to invest in other doctors to expand medical practice in Congo as well. This is the only way rape victims who have HIV/AIDS will no longer be left out of the dialogue of progress. While Dr. Mukwege’s awarding  of the Nobel Peace Prize has brought more attention to sexual health in the DRC, international responses to treat rape victims who have contracted HIV/AIDS have been lacking and often counterproductive. Broad statements about progress, and human rights abuses committed by those who are supposed to be there to help contribute to an environment where rape victims with AIDS are left out of the discourse about access to health infrastructure. Women are essential to include in these discussions as they often experience the worst parts of conflict. Only when rape victims and AIDS patients are advocated for, will comprehensive policies be effectively implemented to benefit all citizens in the Democratic Republic of Congo.

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