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Défense

Takuba. Les Suédois sur place au Mali

Bruxelles2 - dim, 07/02/2021 - 19:45

(B2) La majeure partie des forces spéciales multinationales suédoises de la Task Force Takuba est désormais en place au Mali. C’est ce qu’affirme le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales

Le C-130 Hercules suédois (crédit : MOD Suède)

Un engagement important

L’engagement suédois est aujourd’hui un des plus importants engagements européens sur le terrain, avec 150 militaires, certains issus des forces spéciales, d’autres de forces conventionnelles. Les Suédois vont constituer ainsi un task-groupe avec les Français pour former une UERI malienne. Leur tâche : « assister, conseiller et accompagner les forces de sécurité maliennes ». Il peut, au besoin, être renforcé de 100 personnels supplémentaires, selon l’autorisation donnée par le Parlement.

Hélicoptères à Menaka, C-130 à Niamey

Les Suédois forment aussi une force d’intervention rapide héliportée, basée à Ménaka, dans le nord-est du Mali, bien utile pour réagir en cas d’incident. Avec trois hélicoptères UH-60 Black Hawk. Tandis qu’un avion de transport, de type C-130 Hercules, sera basé à Niamey, au Niger, pour assurer les transports tactiques, voire stratégiques.

Capables d’intervenir au Mali comme au Niger

Ces militaires pourront opérer au Mali, comme au Niger. Ce qui est le principe de la task-force Takuba qui opère dans la zone des Trois frontières. Le Parlement suédois a autorisé cette double intervention (1). Durée de leur engagement : jusqu’au 31 décembre 2021.

Un bastion de la violence

Le pays est devenu un « bastion pour les groupes islamistes pro-violence, y compris les groupes liés à Daech et Al-Qaïda ». La population malienne est « gravement affectée par des groupes terroristes criminels et islamistes ». Et ces dernières années, on a noté « une augmentation des activités criminelles telles que le commerce illégal d’armes, de drogues et de personnes, les enlèvements et les actes terroristes ». Les forces spéciales sont la seule « ressource possible dans la lutte contre les groupes terroristes car elles peuvent être déployées rapidement dans différentes parties du pays et empêcher ainsi l’escalade des conflits et la propagation du terrorisme », indique Anders Löfberg selon le site de l’armée suédoise.

Une présence dans la Minusma également et un peu dans EUTM Mali

Ce n’est pas le seul engagement de la Suède dans la région. La Suède fournit également des troupes à la mission de l’ONU Minusma, avec 215 soldats, et la mission de formation de l’UE (EUTM Mali) avec 8 militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ? (v3)

  1. On peut remarquer un absent, de taille, le Burkina-Faso, qui n’a pas encore autorisé une telle opération sur son sol. Ouagadougou a toujours été réticent à ce type d’intervention.

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Sous-marins: guerre froide et routes secrètes autour des îles Spratleys

Blog Secret Défense - dim, 07/02/2021 - 14:14

Le déploiement de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins chinois menaçant les Etats-Unis est un enjeu caché de la crise de la mer de Chine méridionale. Le SNA français L’Emeraude y était récemment.

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En Russie, la répression ne fait que se durcir, les autorités osent (presque) tout

Bruxelles2 - dim, 07/02/2021 - 09:05

(B2) C’est bien ce que l’on retient des témoignages de Denis Shedov et de Sacha Koulaeva, lors d’un échange d’une heure, à distance, avec des eurodéputés, ce vendredi (5.02)

Capture d’écran de la page d’accueil du site OVD-Info, plateforme d’information créée il y a dix ans pour surveiller les arrestations de masse en Russie

Denis est analyste juridique de la plateforme OVD-Info, lancée au moment des manifestations de 2011. Il s’agissait alors de suivre les arrestations de masses pratiquées par les autorités russes. Ce qu’il décrit aujourd’hui est pire. Les persécutions massives sont d’une ampleur « sans précédent ».

En prison pour avoir manifestés

Depuis le 23 janvier, « plusieurs milliers de personnes ont été détenues pour avoir participer à des rassemblements en soutien » de l’opposant Alexeï Navalny, de retour en Russie au terme de sa convalescence en Allemagne, après une tentative d’assassinat par empoisonnement. La détention peut durer « de quelques heures à quelques jours ». Les témoignages font état de « recours injustifiés à la force pendant l’arrestation » et de « maltraitantes physiques de la police ».

Qu’importe le prétexte légal

Tous les prétextes sont bons pour justifier de poursuites pénales : de la désormais classique « violation des règles sanitaires dans le cadre de la pandémie », à la plus originale « implication de mineurs dans des activités illégales », jusqu’à la plus inouïe « violation de droits de l’Homme » ! Comme en Biélorussie, les journalistes sont directement visés, « poursuivis pour avoir couvert des protestations ». De même que les avocats, empêchés de se rendre dans les commissariats. Certes, il n’y a « rien de nouveau », sourit presque Denys. Sauf que, « cette tendance ne fait qu’empirer ».

Une répression sans complexe

Sacha enseigne comme maître de conférences en droits de l’homme, à l’École des affaires internationales de Paris, Sciences Po. Elle a dirigé le bureau Europe de l’Est pour la FIDH (la fédération internationale des droits de l’Homme). Pour elle aussi, les pratiques russes n’ont finalement rien de surprenant. Sauf que « le pouvoir n’essaye même plus de se cacher derrière une procédure légale ».

Encore plus violente

Elle évoque des cas « de tortures pour récupérer le mot de passe d’un téléphone ». De « parents menacés de perdre leurs droits parentaux ». Les pressions s’exercent au travail, avec des employeurs « menaçant leurs salariés » au cas où ils iraient manifester, et même à l’école. « On est arrêté pour avoir tweeté ou simplement retweeté ». L’État ne cherche même « pas à justifier cette répression aveugle ni convaincre de sa légalité ». Son message est d’autant plus clair : « toute opposition sera passible de répression ». Et « le niveau de violence augmente d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre ».

(Emmanuelle Stroesser)

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Colloque bruxellois sur La numérisation et la modernisation économique

EGEABLOG - lun, 01/02/2021 - 18:34

J'interviendrai demain à l'occasion de la Conférence annuelle "Voisinages" organisée par nos amis de l'institut d'études européennes de l'Université Saint-Louis de Bruxelles. Elle portera sur le thème suivant : Quid de l’après Covid 19 pour la relation entre l’UE et ses voisinages : compagnonnage renouvelé ou proximité distanciée face aux défis commun ? (détails ici)

J'interviendrai dans la troisième session qui traitera : La numérisation et la modernisation économique : quelle approche partagée ?

Vous lirez ci-dessous les éléments clef de mon intervention.

1/ La pandémie et la crise économique qui s'ensuit ont suscité deux types de démarches :

  • - d'une part une accélération de la transformation numérique des organisations privées et publiques. Le télétravail est devenu massif alors que la plupart du temps, rien n'était préparé : ni dans les procédures, ni dans le soutien technique. L'adaptation sur le tas ne peut pas dire que ce soit très satisfaisant et il manque encore à consolider cette démarche qui n'est pas une parenthèse.
  • - d'autre part, une réflexion approfondie sur la souveraineté et la maîtrise des chaines de valeur. Il devient de moins en moins pertinent de dépendre exclusivement de productions venues de l'autre bout de la planète, d'autant que cette organisation aggrave le réchauffement climatique.

Il s'ensuit deux phénomènes :

  • - une réorganisation profonde des économies avec l'inclusion de plus de numérique et l'invention de nouveaux modes de production décentralisés : fabrication additive ou edge computing mais aussi amélioration des infrastructures de proximité (smart cities, décentrement du travail, 5G) sont ainsi à la pointe de ce phénomène.
  • - une prise en compte accrue de la cybersécurité.

2/ La cybersécurité, facteur d’attractivité économique

Or, l'accélération en 2020 de la transformation numérique s'est accompagnée d'une accélération de la cybercriminalité qui a touché encore plus d'organisations, de toute taille et en profitant justement de leur impréparation. Beaucoup plus de cibles, une automatisation et une industrialisation des attaques en sont la cause. On a vu ainsi de nombreuses collectivités territoriales ou d'hôpitaux se faire agresser.

Ainsi, la multiplication des rançonnage (ransomware) amplifie une vague qui avait commencé en 2018 et qui devient un tsunami. On ne peut plus dire "je suis trop petit pour passer entre les gouttes". Autrement dit, la cybersécurité n'est pas réservé aux gros, elle est un impératif pour tous.

Or, on ne peut pas imaginer développer l'attractivité économique au niveau national, régional ou local sans comprendre qu'une des demandes des entreprises ou des professionnels venant s'installer sera, au même type que l'infrastructure numérique, la qualité de la cybersécurité fournie.

3/ L'UE a pris enfin en compte ces sujets bien qu'ils soient inégalement compris par les Membres ou par les partenaires

Après des débuts hésitants, l'UE a enfin pris en compte l’impératif de la cybersécurité. Elle admet désormais le thème de la souveraineté numérique face aux prédateurs extérieurs. Cela passe bien sûr par la loi. De ce point de vue, les initiatives récentes sont excellentes : Rénovation de la directive sécurité des réseaux informatiques, mise en place du RGPD, adoption avr. 2019 d’un règlement sur la cybersécurité par le Conseil (instauration d'un système de certification de cybersécurité à l'échelle de l’UE, –la mise en place d'une agence de l'UE pour la cybersécurité dotée de compétences plus étendues à Bucarest), projets de Digital Service Act (loi sur les services numériques et les contenus) et Digital Market act (loi sur les marchés numériques pour faire respecter la libre-concurrence par les mastodontes étrangers du secteur)...

Il reste que la prise de conscience au sein de l'UE est inégale car tout ne peut pas se faire au niveau communautaire. La cybersécurité appartient au cœur de souveraineté et c'est à chaque État de la favoriser chez lui.

De même, il faut insister auprès de nos partenaires pour qu'ils la prennent en compte,s 'ils veulent accéder à un marché européen qui se durcit. Là aussi, la prise de conscience est inégale.

O. Kempf

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Djibouti : presque le bout de la piste pour les lieutenants

Le mamouth (Blog) - dim, 31/01/2021 - 16:59

Depuis quinze jours et pour encore quelques dizaines d'heures, une centaine de lieutenants de l'école

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Un entretien avec Laurent Nuñez : « Qui est l'ennemi ? »

Blog Secret Défense - sam, 30/01/2021 - 16:17

En coopération avec l’Ifri, un entretien vidéo avec le coordonnateur national du renseignement (CNR) sur l’état de la menace.

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Le Royaume-Uni ne veut pas élever la délégation de l’UE au rang d’ambassade. Inamical ! (v2)

Bruxelles2 - mer, 27/01/2021 - 22:10

(B2) Le refus du gouvernement britannique de reconnaître tous ses droits à la délégation de l’UE à Londres provoque l’ire européenne

(crédit : PE)

L’encre du traité sur la sortie du Royaume-Uni (conclu juste avant Noël) n’est pas encore sèche que déjà Londres sème le trouble. Le gouvernement de Boris Johnson n’accepte pas, en effet, de donner à la délégation de l’UE à Londres le rang qui lui est dû, notamment les privilèges et immunités diplomatiques habituels et en particulier le rang d’ambassadeur pour son chef. Cela suscite la fureur des Européens.

La rupture d’une pratique ancienne

Le Haut représentant de l’UE (le chef de la diplomatie européenne) Josep Borrell n’a pas caché son incompréhension face à la presse, lundi (25.01). « Nous ne demandons pas quelque chose de nouveau. Nous ne demandons pas un traitement spécial. Le statut extérieur de l’Union européenne est reconnu par les pays et les organisations internes du monde entier. Nous avons 143 délégations dans le monde entier. Sans une seule exception, tous les États hôtes ont accepté d’accorder à ces délégations et à leur personnel un statut équivalent à celui des missions diplomatiques des États en vertu de la Convention de Vienne. »

Un signal peu amical

« Nous attendons du Royaume-Uni qu’il traite la délégation de l’Union européenne en conséquence et sans délai. » Et d’ajouter : « Nous n’accepterons [donc] pas que le Royaume-Uni soit le seul pays dans le monde à ne pas reconnaitre l’UE comme une délégation et ne pas lui accorder des facilités diplomatiques. […] Ce n’est pas un signal amical. Si les choses doivent continuer ainsi, ce n’est pas de bon augure. »

Inacceptable pour le Parlement

Réaction identique au Parlement européen. « C’est inacceptable » a lancé Nathalie Loiseau, présidente de la sous-commission sécurité et défense, lors d’une audition ce mardi (26.01) avec le secrétaire général du service diplomatique européen (SEAE), Stefano Sannino. « J’espère que vous n’arriverez pas à un compromis boiteux sur cette question » a-t-elle lancé.

Le grand amour Europe-Royaume-Uni

De façon plus diplomatique, mais tout en fine ironie, le ministre portugais des Affaires étrangères, Antonio Santos Silva, nous confiait hier, au sortir d’un long entretien : « Tous les grands amours sont complexes. Et nous avons un grand amour avec le Royaume-Uni ».

Explications : une position britannique ancrée dans le temps

Dans la capitale britannique, de tous temps, la Commission européenne avait un bureau, une représentation, chargée d’être le relais de la politique décidée à Bruxelles dans le pays (et de faire remonter des informations du pays vers la Commission européenne). Classique. C’est ainsi dans tous les États membres. Mais le Brexit a changé la donne. D’État membre, le Royaume-Uni est devenu pays tiers. Exit donc la représentation de la Commission. À la place, vient une délégation de l’Union européenne, véritable ambassade, dirigée par un ambassadeur et plusieurs services, plutôt classiques dans une ambassade (politique, économique, culturel, et au besoin sécurité intérieure et/ou défense). La gestion des relations avec le Royaume-Uni a d’ailleurs migré en bonne partie. Elle est devenue un sujet de ‘relations extérieures’…

En refusant d’acter ce changement, et par ricochet, d’élever le chef de la délégation de l’UE (*) au rang d’ambassadeur, Londres refuse d’acter le divorce. Un geste où l’on pourra trouver des ressorts au niveau de la psychologie. Mais cette décision est avant tout politique. Et pour celui qui suit la politique britannique dans l’UE, ce n’est pas franchement une surprise. De tous temps, les Britanniques ont refusé de reconnaître un quelconque rôle à l’Union européenne au niveau de la politique étrangère ou de la défense, ou à ce qui pourrait s’apparenter à une petite once d’Union politique. En 2011 (à la création du SEAE), ils avaient ainsi bataillé ferme, durant des mois, pour refuser de reconnaître à l’UE de faire des déclarations au nom des Européens aux Nations unies. Tant qu’ils étaient présents, ils ont bloqué l’établissement d’un QG militaire permanent pour l’UE. Enfin, ils ont refusé d’incorporer la politique étrangère dans le traité de sortie de l’UE. Alors que tous les éléments étaient là pour un accord (lire : Brexmas. La politique étrangère et la défense, deux orphelines de l’accord).

(Nicolas Gros-Verheyde)

L'accréditation de l'ambassadeur britannique à Bruxelles retardée La première rencontre entre le nouvel ambassadeur britannique auprès de l'UE à Bruxelles, Lindsay Croisdale-Appleby, et le chef de cabinet du président du Conseil européen, Frédéric Bernard, prévue jeudi (28.01), a été reportée. Sine die. Un geste d'humeur vis-à-vis du refus britannique de rehausser la délégation de l’UE à Londres au niveau diplomatique. C'est « une mesure de réciprocité ».  confirme à B2 un officiel européen. NB : cette rencontre normalement formelle permet à un nouvel ambassadeur de prendre contact, mais surtout de remettre sa lettre de créance et d'enclencher le processus d'accréditation auprès de l'UE.

(*) Cette délégation n’est pas dirigée par n’importe qui. On retrouve à sa tête le Portugais Joao Vale de Almeida, qui a été l’ambassadeur de l’UE à Washington de 2010 à 2014 puis à New-York auprès de l’ONU jusqu’en 2019, et auparavant porte-parole adjoint (sous Santer) et chef de cabinet du président de la Commission (sous Barroso). Bref un homme chevronné.

Lire aussi : Comment associer le Royaume-Uni à la politique étrangère et de défense ? La réflexion reprend (v2)

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Les IED, outils robustes, menace continue au Sahel

Bruxelles2 - mer, 27/01/2021 - 17:02

(B2) Avec plusieurs morts dans l’opération Barkhane, coup sur coup entre fin décembre et début janvier, la menace des mines et autres engins explosifs artisanaux apparait en croissance. En fait, il n’en est rien.

Détection d’IED par des militaires de Barkhane (Crédit : EMA – DICOD – Archives B2)

Un chiffre plutôt régulier tous les ans

« Tous les ans, nous découvrons, décelons et empêchons l’explosion d’une grosse vingtaine d’IED posés par les groupes terroristes » indique le colonel Barbry, porte-parole de l’état-major des armées. Ce chiffre est « à peu près stable » d’une année sur l’autre. « Tous les ans, on déplore environ une dizaine d’attaques qui ne font pas tous des victimes. » Il n’y a « pas de recrudescence ni de pause » . Le véritable « pic des attaques a eu lieu en 2015 ». Depuis, il est en fait « en décroissance ».

L’ajout de produits pour doubler l’effet explosif

Ce qui change plutôt est la « valorisation » des engins posés, avec ce qu’on appelle « du « Home made exclusive » (HME). Autrement dit l’ajout de précurseurs chimiques ou autres produits (ex. nitrates…) à l’intérieur de l’engin qui augmentent l’effet de l’explosion. « En fonction de la charge mise, vous obtenez des dégâts proportionnels avec les matériels mis à l’intérieur. » Depuis 2013, on observe « l’ajout de Home made exclusive dans les IED ». Les charges peuvent être importantes : jusqu’à 40 kg. Sans automatiquement d’augmentation des doses d’explosifs.

Une fabrication locale éprouvée

Les systèmes des IED utilisés au Mali sont « basiques et rudimentaires », généralement « à pression ». La fabrication « reste robuste mais relativement simple » à placer. Mais il n’y a pas d’improvisation. Il y a des centres logistiques « locaux », et « nécessairement des artificiers » en mesure de fabriquer les IED sur place.

Un dispositif anti-IED

Les Français disposent d’un parc de 400 brouilleurs, mis en place depuis l’intervention en Afghanistan surtout. « Plus des deux tiers sont déployés notamment au Sahel. » Ces brouilleurs mettent en place une « bulle de sécurité », « particulièrement efficaces sur les RcIED », les engins IED radio-commandés, déclenchés par un téléphone portable par exemple (2). Mais ils peuvent beaucoup moins contre les engins explosifs sans télécommande, notamment contre les PP-IED, déclenchés par la pression (le passage d’un véhicule par exemple). Ce sont ces engins à pression que l’on « retrouve majoritairement » au Mali et au Sahel en général.

Des ouvertures d’itinéraire

Face aux IED plus rudimentaires, c’est la pratique d’une reconnaissance par un détachement d’ouverture d’itinéraire et de protection qui est utilisée avec des véhicules emblématiques Buffalo (1) et Souvim (Système d’OUVerture d’Itinéraires Minés). « Ce système d’ouverture de terrains minés permet de parcourir environ 150 km entre 8 et 10 heures. » Soit une vitesse de progression d’une petite dizaine de km/h au Sahel. Vitesse qui peut paraitre lente. Mais on est ici « sur un terrain abrasif rugueux et compliqué ».

Le renseignement humain vital

Le problème est que des engins peuvent être posés après le passage des véhicules de reconnaissance. Ce qui nécessite pour les armées d’avoir une « certaine organisation » et surtout de recourir au « renseignement humain ». Une « nécessité » dans « la traque pour la sécurité […] afin de remonter les chaines, de localiser les centres de fabrication, les plots logistiques et ceux qui les mettent en œuvre »…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Un véhicule militaire blindé à roues renforcé de type MRAP (résistant aux mines et protégé contre les embuscades), construit par Force Protection, une division de General Dynamics.
  2. Le plus récent des systèmes, le programme ‘Barrage’ dit actif-réactif avec goniométrie, est en cours de déploiement. Il devrait à terme remplacer les autres systèmes. Six ‘Barrage’ sont déjà déployés dans la bande sahélo-saharienne (BSS en terminologie militaire).

Ces réponses ont été données aux différents journalistes présents lors du point presse de la DICOD du 15.1, auquel participait B2 (via audioconférence).

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Un COMEX CT lundi

Le mamouth (Blog) - mer, 27/01/2021 - 11:06

Lundi prochain, la minarm présidera le COMEX CT, ou comité exécutif du contre-terrorisme, sur la base

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Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse

Bruxelles2 - lun, 25/01/2021 - 18:39

(B2) Le dernier rapport publié par le MICA center est net : le Golfe de Guinée est une des zones les plus dangereuses au monde. Il a pris le relais dans le hit parade du danger des côtes somaliennes

Exercice anti piraterie à bord de l’aviso Premier Maitre en 2013 (Crédit : DICOD / EMA – Archives B2)

Ce centre d’observation de la piraterie maritime est établi à Brest au sein de la préfecture maritime depuis 2016. Il surveille une bonne partie des mers du Globe : Golfe de Guinée (GOG), Golfe d’Aden et Océan indien (MSCHOA) et les autres mers.

Un vol ou une attaque tous les trois jours

114 évènements ont eu lieu cette année, dans le Golfe de Guinée, selon le rapport annuel publié par le Mica Center début janvier. Ils se décomposent en 21 abordages (bateau piraté), 30 attaques, 18 approches et 45 vols (1). L’objectif des pirates demeure le même : rapines et otages humains qui seront ensuite échangés contre rançon. On reste sensiblement sur les mêmes chiffres qu’en 2019 : 111 évènements (26 piratages et 25 attaques). Ce qui confirme un haut niveau de risque, mais aussi un certain coup d’arrêt à la progression. (pour découvrir le Mica center voir notre reportage)

L’évolution du rayon d’action des pirates

Les pirates, qui concentraient leur action sur le fond du golfe jusqu’en 2019, sont désormais plus audacieux avec « certains raids confirmés sur plus de 400 nautiques et des abordages à plus de 100 nautiques des côtes » selon le rapport (*). Et la zone de chalandise s’étend désormais « du Ghana à la Guinée équatoriale ». Idem pour les actes de brigandage et de vol, pratiqués sur des navires au mouillage. Le risque s’étend désormais de la Guinée Conakry jusqu’à l’Angola. C’est une grande partie de la côte d’Afrique de l’Ouest qui est désormais concernée.

Un nombre de prises d’otages préoccupant

Le nombre d’actes d’enlèvements dans le golfe de Guinée, dont la progression était sensible depuis 2017, reste « préoccupant » insistent les gars du Mica Center. Au total, 142 personnes ont été prises en otages en 2020. Soit un chiffre sensiblement identique à celui de 2019 (146). Les prises d’otages se sont concentrées au printemps et à la fin de l’année. Si les trois premiers mois de 2020 ont été relativement calmes, le printemps a été agité avec un total de 65 otages enlevés entre avril et juillet et une recrudescence en novembre.

Une moyenne de 30 jours de détention

La moyenne du nombre d’otages par acte est de 5,6 avec un maximum de 14, constaté durant le mois de novembre. Les actes de kidnapping constituent 23 % de la totalité des événements. Les otages ne restent pas longtemps aux mains des pirates. L’objectif, pour eux, étant d’obtenir une rançon le plus rapidement possible. La durée moyenne de détention est de 30 jours cette année (hors cas record de 149 jours).

La zone la plus dangereuse

Conclusion : « Malgré les efforts du Nigéria et des pays États riverains, le golfe de Guinée demeure la zone la plus dangereuse du monde et les actes de piraterie s’y étendent désormais du large du Ghana jusqu’au large de la Guinée équatoriale » résume l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la marine française. Et les deux récentes attaques survenues en janvier, dont l’une s’est terminée par un abordage particulièrement violent (MV Mozart) le prouve.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. un certain nombre d’attaques sont mises en échec. Ce qui est mettre au crédit de l’amélioration des procédures d’alerte entre marine marchande et garde-côtes et marine des pays riverains, comme à leur formation. Cela oblige les pirates à reconduire leurs actions à plusieurs reprises avant de parvenir à leurs fins.
Rapport Annuel Mica centerTélécharger Un porte conteneurs turc piraté dans le Golfe de Guinée (v3)

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Les camps des Fama à Mondoro et Boulikessi attaqués dans la nuit de samedi

Bruxelles2 - dim, 24/01/2021 - 22:50

(B2) Deux camps des forces armées maliennes (FAMa), situés tous deux à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso (le poste G5 Sahel de Boulikessi et le camp FAMa de Mondoro), ont été attaqués, dans la nuit du 23 au 24 janvier. Des attaques complexes et simultanées de groupes armés terroristes non identifiés aux environ de 3h30 du matin

Une patrouille du groupement commandos montagne (GCM) à l’extérieur du camp de Boulikessi en novembre (DICOD / EMA – Archives B2)

L’information est venue de l’état-major français des armées comme des forces armées maliennes ce dimanche (24.01).

Les hélicoptères Tigre et deux Mirage en appui

Les FAMa ont « tout de suite pris l’ascendant sur leur adversaire et ont tenu leur position appuyés notamment par leur Tucano », un avion d’attaque léger de type A-29, affirme l’état-major français des armées. Mais cela n’a pas suffit. L’opération Barkhane a alors déclenché une patrouille d’hélicoptères Tigre, « afin d’appuyer les FAMa ». « Moins d’une heure après l’alerte », ils étaient sur place. Les Tigre ont « rapidement » engagé le combat sur une « colonne ennemie à Boulikessi, neutralisant une dizaine de GAT [groupe armés terroristes] à motos ». En parallèle, une patrouille de Mirage 2000 a survolé les deux emprises. Ce n’est qu’au petit matin, que l’ennemi s’est « débandé » selon les termes même des militaires.

Une trentaine d’assaillants tués

Au total, à Boulikessi, ce sont « plusieurs dizaines de GAT qui ont été neutralisés ». Une trentaine exactement, précise les FAMa. 2 pick-ups et 5 motos ‘ennemis’ ont également été détruits et 40 autres motos ont été saisies. À Mondoro, le bilan reste « à consolider ». Un chiffre est connu : la saisie de sept motos.

Plusieurs blessés dans les combats

Du côté des FAMa, le bilan est rude : 4 morts et 12 blessés à Boulikessi, 2 morts et 6 blessés à Mondoro. Un véhicule et une mitrailleuse détruits. Une évacuation médicale a été déclenchée de façon combinée par l’opération Barkhane et la Minusma. Parmi les blessés de Boulekessi, la Force Barkhane a pris en charge deux blessés. Les autres ont été pris en compte par la MINUSMa ou par les FAMa. Stabilisés à l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) de Gossi, ils ont été amenés à l’hôpital militaire de Gao en milieu de journée.

(NGV)

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Un porte conteneurs turc piraté dans le Golfe de Guinée (v3)

Bruxelles2 - dim, 24/01/2021 - 22:10

(B2) Le Mozart, un navire turc, a été pris d’abordage samedi (23.01) matin par des pirates au large de Sao Tomé e Principe. Assaut particulièrement violent. Les autorités d’Ankara sont en émoi

Le Mozart et une partie de son équipage (crédit : Boden)

Le porte-conteneurs battant pavillon libérien avait quitté Lagos et se trouvait alors à 100 miles au Nord-Ouest de Sao Tome e Principe en pleine mer, en direction du Cap, en Afrique du Sud. Selon les sources maritimes consultées par B2, il se trouvait alors à 1°04’13 » Nord et 5°14’17 » Est. Anciennement dénommé Pointe des Salines quand il appartenait à la CMA CGM, il est géré par la compagnie turque Boden Denizcilik AŞ, une filiale de Borealis Maritime, société établie à Hamburg, Londres et Istanbul.

Les deux dernières attaques recensées ont eu lieu à hauteur de Sao Tomé e Principe

Un mort, 15 otages

Après avoir stoppé le navire, les pirates — au nombre de quatre apparemment — ont pris d’assaut le navire. Les marins n’ont pas eu le temps de tous se réfugier dans la citadelle, ou du moins celle-ci a été forcée. Le détail n’est pas vraiment connu. Mais les pirates n’ont pas hésité. Ils sont repartis en prenant 15 membres de l’équipage en otage, de façon violente, en les battant. Un des marins, de nationalité azerbaïdjanaise, l’ingénieur en second du bord, a été tué dans l’attaque. Avant de partir, ils ont détruit une bonne partie des instruments de bord (sauf le système de navigation automatique). Le centre de surveillance maritime de Brest pour le Golfe de Guinée (MDAT-GoG) a été averti. Mais aucun moyen militaire n’était disponible à proximité pour venir en aide aux marins, selon nos informations.

Trois rescapés pour mener le navire à l’abri

Seuls trois marins ont pu en réchapper. Le quatrième capitaine du navire, Furkan Yaren, a été blessé à la jambe. Un autre a été blessé à l’estomac. À trois, ils ont réussi à conduire le porte-conteneurs au plus près jusqu’à Port-Gentil au Gabon. Furkan Yaren le raconte d’ailleurs sur un média twitter d’un ami. « Je ne sais pas où je vais. Les pirates ont démonté tous les câbles, rien ne fonctionne. Nous avons survécu, ils ont kidnappé nos amis en les battant. Seul le système de navigation fonctionne. Ils m’ont donné un itinéraire, j’avance en conséquence. Nous essayons d’amener le navire dans un endroit sûr. »

Gine Körfezi'nde korsanların saldırısına uğrayan Türk gemisinin 4. kaptanı Furkan Yaren, baskın anlarını ve yaşadıklarını anlattı. Bacağından yaralandığını aktaran Yaren, gemiyi güvenli bir limana götürmeye çalıştığını söyledi.
SoNDakika . Com pic.twitter.com/8RGQNHOQl7

— FanZin (@minimedya) January 23, 2021

Arrivée à Port-Gentil

Le navire est arrivé dimanche à 8h (GMT), a confirmé le ministre turc des Transports et des Infrastructures, Adel Karah Ismailoglu. La Turquie « a mobilisé toutes ses ambassades à l’ouest du continent africain afin de secourir l’équipage du navire attaqué » indique le ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşolu, selon l’agence Anadolu. L’ambassadrice turque à Libreville, Nilüfer Erdem, n’a pas ménagé sa peine, accueillant les marins à leur arrivée au port.

L’ambassadrice turque sur le MV Mozart à son arrivée avec un des marins rescapés (le 4e capitaine) (crédit : amb. de Turquie Libreville)

Une autre attaque à la mi-janvier

Ce n’est pas vraiment une surprise (*) ni une première. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, selon des sources maritimes, des pirates à bord d’une petite embarcation ont approché un porte-conteneurs, avec tirs à l’appui. Le Maersk Cardiff, battant pavillon de Singapour mais opéré par le Danois Maersk, était en route de Tema au Ghana vers le Cameroun. Il se trouvait alors à environ 120 miles au Sud-Sud Ouest de Brass (Nigéria) à 2°23’58 » Nord et 5°31″ Est. L’alarme a été déclenchée et tout l’équipage a été rassemblé dans la citadelle. Les pirates ont abandonné l’attaque. Le navire et l’équipage se sont déclarés sains et saufs et ont pu poursuivre leur route.

Un projet pilote européen

Le Golfe de Guinée devrait d’ailleurs devenir la première zone maritime d’intérêt européen. Les ministres des Affaires étrangères doivent le décider ce lundi (25.01) (lire Golfe de Guinée zone maritime d’intérêt européen. Premier projet pilote des présences maritimes coordonnées) .

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : sur les aspects généraux sur les risques dans le Golfe de Guinée font l’objet d’un article séparé, lire : Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse

(*) L’attaque de ce week-end s’inscrit dans ce mouvement continu et n’est donc pas totalement atypique contrairement à ce qu’affirment quelques commentaires d’analystes.

(mis à jour) Les aspects statistiques sur le Golfe de Guinée ont été mis dans un papier séparé. Précisions sur la disponibilité des secours et sur l’accueil à Libreville.

Cet article Un porte conteneurs turc piraté dans le Golfe de Guinée (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

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Les réseaux de connivence

EGEABLOG - dim, 24/01/2021 - 19:09

L'IRIS m'a demandé de participer à son quatrième dossier sur "le virus du faux" (j'avis déjà écrit dans le numéro 2 sur l'autorité scientifique disparue). Le thème du mois portait sur les réseaux sociaux (voir [ici : https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2021/01/Dossier-4-Le-virus-du-faux-ok.pdf]). J'ai proposé le texte suivant intitutlé des réseaux de connivence. Vous pouvez le télécharger sur le site de l'IRIS ou le lire ci-dessous.

Olivier Kempf

Des réseaux de connivence

 

Les réseaux sociaux font l’objet de toutes les accusations : ils seraient antidémocratiques, propagateurs d’infox, prêcheraient la haine en ligne, au point que l’observateur se demande comment on peut encore les tolérer. Dès qu’un gouvernement fait face à un mouvement d’opinion, un mouvement d’humeur ou un mouvement de masse, aussitôt un responsable accuse les réseaux sociaux de toutes les turpitudes et appelle bien sûr à l’édiction d’une loi. Le même observateur se demande d’ailleurs pourquoi les textes régissant la liberté d’expression et donc la censure ne suffisent pas et pourquoi on délègue autant ces fonctions (en bon franglais on parle non de censure mais de modération) aux sociétés qui gèrent ces réseaux sociaux. L’ultime argument consiste à dénoncer l’anonymat qu’ils permettraient, sachant que ledit anonymat est interdit par la loi et qu’on ne parle en fait que de pseudonymat. Or, nous apprenons que le préfet de Police de Paris, M. Lallement, peu suspect d’être léger avec le respect de l’ordre public, aurait un compte « sous pseudo » sur Twitter qui lui permettrait de « suivre ce qui se dit ». Ainsi donc, les réseaux sociaux permettraient aussi de s’informer ? Les pseudonymes seraient utiles, même à des gens qui n’ont rien à se reprocher ? Voici donc bien des contradictions et des paradoxes.

Ils tiennent probablement à une confusion ou une compréhension imparfaite de ce que sont les réseaux sociaux. Cette confusion vient du fait que les réseaux sociaux sont certes des médias de masse, mais non des organes de presse dont le but principal serait d’informer leurs publics.

Les réseaux sont des médias de masse différents

Incontestablement, les réseaux sociaux sont des médias de masse. Ils sont médiateurs en ce qu’ils transmettent des « informations » de tout ordre ; et ils sont massifs, plus encore que tous les autres prédécesseurs, qu’il s’agisse des journaux imprimés, de la TSF devenue radio puis de la télévision. Toutefois, il faut se méfier de cette chronologie qui ressemble à une généalogie, comme si chaque média successif reprenait une partie des attributs du média précédent pour les élargir, mais sans vraiment en changer la logique. Or, tel n’est pas vraiment le cas avec les réseaux sociaux.

Selon Marshall Mac Luhan, éminence de la théorie de la communication, les médias de masse ont quatre caractéristiques : la communication de un vers plusieurs ; l’unilatéralité du message : le public n'interagit pas avec le véhicule du message ; l'information est indifférenciée : tout le monde reçoit la même information au même moment ; l'information est mosaïque et présentée selon des séquences prédéfinies.

Avec les réseaux sociaux, plusieurs de ces caractéristiques s’estompent et disparaissent : la communication se dirige de plusieurs vers plusieurs tandis que le public interagit avec le message, parfois de façon très simple (le bouton « j’aime » de vos RS favoris). L’information est évidemment différenciée et si elle reste mosaïque, elle ne suit aucune séquence prédéfinie. Si le web d’origine pouvait être assimilé à un média de masse, l’avènement des réseaux sociaux et l’expansion de leur audience a probablement changé la donne. Ils diffèrent des premiers médias de masse qui voulaient contrôler ce qu’ils diffusaient, qu’il s’agisse d’information ou de divertissement.

Une logique d’affinité

La logique des réseaux sociaux est différente. Avec un média traditionnel, le récepteur avait le choix entre deux attitudes : regarder ou ne pas regarder ledit média, selon ses goûts et ses affinités. Avec les réseaux sociaux, sa capacité de choix augmente de deux façons : il y a beaucoup plus de plateformes disponibles et il peut lui-même produire du contenu. Au début, cela provoque un éparpillement de l’offre, chacun s’efforçant, plus ou moins, d’imiter les standards (et donc la qualité générale) des médias traditionnels. Mais plus le processus avance, plus cette tendance s’amenuise au point que les consommateurs vont se regrouper par affinité et tolérer de moins en moins les « informations » contradictoires avec leurs opinions d’origine.

Peu à peu, les réseaux sociaux entretiennent les gens dans leurs convictions qui sont peu à peu renforcer, au mépris parfois de la réalité. Tel est le processus psychologique qui aboutit aux dérives que l’on observe aujourd’hui. Cela peut consister à réfuter des vérités scientifiques[1], ce qui explique le succès des antivax ou des platistes. Cela peut aussi conduire à refuser les faits, selon la théorie de l’alt-right ou « autre-vérité ».

De tels propos ont probablement toujours existé. La seule différence tient à ce qu’ils étaient cantonnés dans des cercles très restreints et n’atteignaient pas une audience générale et massive qui était réservé aux médias de masse. Avec les réseaux sociaux, cette massification s’est démocratisée et n’est plus l’apanage des médias traditionnels. Dès lors, les qualités d’une « information » ne suivent plus les standards d’autrefois. On recherchait une certaine vérité ou du moins la certification par des experts du domaine, qui servaient de garde-fous rationnels à l’information diffusée. Ce n’est plus le cas (ou plus exactement, les médias traditionnels ont perdu le monopole relatif dont ils disposaient).

Connivence et socialité

Les réseaux sociaux sont construits sur la connivence. Le lecteur pourra objecter que les médias avaient autrefois une certaine couleur et qu’on ne lisait pas l’Aurore comme on lisait l’Humanité. Cela est vrai mais globalement, chacun tombait d’accord sur les faits racontés simultanément par la presse : les divergences n’apparaissaient qu’au moment de leur interprétation ce qui permettait le débat.

Désormais, même le fait est mis en cause par lui-même. Il ne s’agit plus vraiment de chercher un certain confort idéologique mais de rejoindre un club restreint qui renforce, plus que jamais, le sentiment d’appartenance. En cela, les réseaux sociaux sont la démocratisation de ce qui avait été inventé avec les clubs sociaux de tout type (Jockey club, Automobile Club, dîners du Cercle, …) et qui étaient l’apanage de l’élite, désireuse de se trouver entre-soi. On ne cherche donc plus à obéir aux règles de la société en général mais à celles du club. Le club favorise la connivence, au mépris du réel.

Dès lors, la connivence surpasse la vérité. Il importe moins que ce que nous disions ou lisions soit exact mais que nous le partagions. Il convient ici de s’interroger sur la raison de ce succès. Peut-être est-il dû aux nouvelles conditions de notre vie sociale, où nous rencontrons de moins en moins de personnes et où nous nous trouvons plus seuls. Faisant moins société, étant moins inclus, chacun irait trouver dans les réseaux sociaux la socialité qui lui manque. Quitte pour cela à abandonner au passage la version « officielle » pour adopter celle du club, qui fournit un plus grand sentiment d’appartenance. Cette hypothèse reste à confirmer.

 

Olivier Kempf dirige le cabinet de synthèse stratégique La Vigie. Il est chercheur associé à la FRS.

[1] Voir O. Kempf, « Crise de l’autorité scientifique » in https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2020/11/Dossier-2-Le-virus-du-faux.pdf, IRIS, novembre 2020.

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Rafale Grèce : signature lundi

Le mamouth (Blog) - sam, 23/01/2021 - 17:38

Le minarm dévoile aujourd'hui les derniers éléments sur le contrat Rafale grec (en fait trois contrats) qui

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Quelques réflexions sur la non-bataille

EGEABLOG - ven, 22/01/2021 - 18:20

Les spécialistes de stratégie connaissent l’Essai sur la non-bataille, ouvrage de 1975 publié par le commandant Brossolet, qui est une forme de critique de la théorie de la dissuasion adoptée comme dogme nucléaire en 1972. Il m'inspire les quelques réflexions suivantes.

Est-ce un hasard si le commandant conclut son ouvrage en proposant un système de défense modulaire « opposant à la vitesse de l'adversaire, la profondeur du dispositif, à sa masse la légèreté et à son nombre l'efficacité[1] ». L’ouvrage suscita un grand débat à l’époque et couta à son auteur son avancement. Brossolet est un précurseur de ce qu’on désigne aujourd’hui par techno-guérilla.

Au fond, il s’agit de promouvoir le harcèlement comme principe stratégique. Le propos tient évidemment compte des trente ans de guerre de décolonisation où les armées françaises ont fait face à des guérillas agissant sur le modèle de la guerre révolutionnaire. Mais puisque la décolonisation est achevée, puis que le Livre Blanc de 1972a mis en avant la dissuasion nucléaire, comment articuler la nouvelle conception stratégique avec l’expérience militaire des décennies qui viennent de précéder ? La régulière n’a-t-elle pour vocation que d’aller se faire écraser par l’ennemi pour préparer l’emploi de l’arme d’utile avertissement ? Pour éviter ce piège, Brossolet propose une nouvelle façon d’articuler les lourds (ici le nucléaire) avec les légers (ici l’armée « conventionnelle », a qui ont attribue un autre rôle). Le plus intéressant tient à la mise en avant de la mobilité, quand la conception principale (engagement du corps blindé-mécanisé dans la bataille de l’avant) reprend finalement les principes ancestraux et rassurants.

O. Kempf

[1] Note de lecture sur Essai sur la non-bataille, paru dans le site Le conflit le 16 août 2019 http://www.leconflit.com/article-essai-sur-la-non-bataille-de-guy-brossollet-38822163.html . Pour comprendre la pensée de Brossolet, voir aussi https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/mort-guy-brossollet-theoricien-non-bataille-28161

Voir aussi Remy Hémez sur le blog ultima ratio, Guy Brossolet ou la dissolution de la pensée dominante, http://ultimaratio-blog.org/archives/7129

 
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29,9 millions d'euros pour les microdrones Parrot qui équiperont les forces françaises

Lignes de défense - ven, 22/01/2021 - 09:30

La DGA a annoncé, le 12 janvier, avoir choisi la société Parrot dans le cadre d’un appel d’offres européen lancé en février 2020 et portant sur la fourniture de microdrones.

150 systèmes (comprenant chacun deux vecteurs)s ont été commandés à la société Parrot Drones pour un montant de 29,9 millions d'euros, comme le précise l'avis d'attribution publié ce vendredi.

Selon la DGA, le contrat, d’une durée de cinq ans, prévoit la livraison de plusieurs centaines de systèmes de drones et d’équipements complémentaires, la formation de pilotes référents, ainsi que la possibilité de développements adaptatifs. Il est prévu que des commandes soient passées chaque année, le retour d’expérience acquis d’ici fin 2021 permettant ensuite de préciser la cible des commandes et les cadences de livraison.

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Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entre en vigueur ce 22 janvier

Lignes de défense - ven, 22/01/2021 - 08:45

Ce vendredi, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur. Ce traité s'inscrit dans le droit fil du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968 (entré en vigueur le 5 mars 1970) mais qu'il renforce considérablement.

Le TIAN "interdit expressément et catégoriquement d’employer, de menacer d’employer, de mettre au point, de produire, de mettre à l’essai et de stocker de telles armes. Il fait aussi obligation à tous les États parties de ne jamais aider, encourager ou inciter quiconque, de quelque manière que ce soit, à se livrer à l’une ou l’autre des activités interdites au titre de son article premier", comme le rappelle le CICR.

Le 24 octobre 2020, le TIAN avait franchi une nouvelle étape permettant son entrée en vigueur en 2021. Le Honduras l'avait alors ratifié. C'était le 50e Etat à le faire, le TIAN pouvant alors entrer en vigueur 90 jours plus tard, soit ce 22 janvier 2021. 

Pour rappel, le 7 juillet 2017 – après une décennie de plaidoyer par l'ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons) et ses partenaires – une écrasante majorité d’Etat (122) a adopté cet accord historique ouvert à la signature depuis le 20 septembre 2017.

Pour rappel (bis), à la date du 21 janvier 2021, 86 Etats l'ont signé et 51 Etats l'ont ratifié. La dernière signature a été réalisée le 9 décembre 2020 par le Niger et la dernière ratification réalisée le 12 décembre 2020 par le Bénin. Pour consulter la liste des pays, c'est ici.

On notera les absences des USA, de la Russie, de la Chine, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Belgique, de l'Allemagne, de l'Inde, du Royaume-Uni, d'Israël etc. Des pays qui disposent de l'arme nucléaire ou qui accueille sur leur territoire

Les États parties au Traité se réuniront pour la première fois dans le courant de l’année 2021 ou avant le 22 janvier 2022. Tous devront présenter un point de situation sur leur propre situation en matière d'armes nucléaires. La plupart n'en ont jamais eu, sauf l'Afrique du Sud (qui a ratifié le TIAN en 2019) par exemple qui avait développé un programme du temps de l'apartheid et qui disposait des vecteurs aériens pour le largage de bombes nucléaires

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Naufrage du Wakashio : audiences à Maurice

MeretMarine.com - ven, 22/01/2021 - 00:01

A Maurice, une « Court of Investigation », présidée par un ancien juge assisté d’une ingénieure et d’un expert maritime, auditionne à Port Louis depuis mardi enquêteurs et membres d’équipage du Wakashio. Elle doit faire la lumière sur les circonstances du naufrage du vraquier survenu le 25 juillet dernier.

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