Visioconférence de restitution de la note prospective et stratégique, « Changements climatiques et foyers de conflits dans le monde » autour de Marine de Guglielmo Weber, chercheuse au sein du programme Climat, Énergie et Sécurité de l’IRIS et François Gemenne, co-directeur de l’Observatoire Défense & Climat. Animée par Julia Tasse, co-directrice de l’Observatoire Défense & Climat, directrice de recherche et responsable du Programme Climat, Énergie et Sécurité à l’IRIS.
Les changements climatiques se sont manifestés avec une virulence particulière au cours de l’année 2022. Sous l’effet de la hausse des températures notamment, les phénomènes météorologiques extrêmes et les catastrophes environnementales se sont multipliés. Bien que l’intensité de ces phénomènes soit soumise à une forte variabilité géographique, tous les États du monde ont pu éprouver les risques que les changements climatiques font peser sur leur stabilité économique, leur souveraineté politique et la sécurité des populations.
Cette visioconférence de restitution permet de comprendre plus précisément les liens entre changements climatiques et conflits. Les chercheurs reviennent sur les impacts des changements climatiques sur les menaces existantes, en traitant différentes zones géographiques les unes après les autres. Cette conférence permet d’aboutir à une vision globale et hiérarchisée des régions et pays du monde les plus susceptibles de connaître une exacerbation de la conflictualité.
La destruction partielle du barrage de Nova Kakhovka dans la nuit du 5 au 6 juin 2023 par une explosion est un événement significatif de la guerre en Ukraine. Les deux belligérants s’accusent mutuellement sans que des éléments matériels (explosif ou munition utilisés) n’apportent une signature claire. D’autant plus que dans ce cas, comme dans d’autres attaques hors du champ militaire, les signatures peuvent, voire doivent, être contrefaites. C’est la règle des actions de sabotage qui sont d’ailleurs consubstantielles à toute guerre. Cependant toutes les condamnations convergent sur la Russie. Mais comme pour les bombardements de la centrale nucléaire de Zaporijia durant plusieurs mois en 2022, comme pour le sabotage des gazoducs North Stream 1 et 2 pour lesquels des interrogations subsistent toujours, il en est et sera de même pour cet acte de sabotage.
Il est donc utile de se livrer à une appréciation de situation stratégique sur cet événement pour en mesurer les conséquences sur la poursuite de la guerre et ouvrir la réflexion sur les causes.
Le barrage de Nova Kakhovka construit en 1956 permet l’irrigation par le canal de Crimée de toutes les terres situées en aval entre le Dniepr et la Crimée, celle-ci comprise, et l’alimentation électrique (en parallèle de la centrale de Zaporijia) des populations et usines situées sur les mêmes espaces qui sont à ce jour occupés par les Russes. Entre 2014 et 2022, la Crimée annexée par la Russie a été coupée de ses approvisionnements en eau et électricité, créant une situation difficile pour les Criméens, leur industrie et leur agriculture.
À partir de 1985, la vaste réserve d’eau de ce barrage a permis de contribuer au refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijia. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), tout comme le directeur russe de la centrale, assure que les destructions sur le barrage situé 150 km en aval n’ont pas de répercussions sur les capacités de refroidissement de la centrale. Energoatom, opérateur ukrainien, alerte lui sur la « baisse rapide » des eaux du réservoir du barrage y voyant un risque pour la réserve d’eau de la centrale nucléaire.
Dans l’immédiat, les conséquences dramatiques sont l’inondation des villages et villes, dont Kherson. Seize mille personnes seraient en zone critique sur la rive droite selon la présidence ukrainienne et vingt-deux mille sur la rive gauche selon les autorités russes. Ces destructions peuvent entraîner aussi des conséquences sur les alimentations en eau et électricité de l’ensemble des territoires, incluant la Crimée aujourd’hui sous le contrôle russe. Cela pourrait constituer les conséquences les plus importantes et durables de ce sabotage. Dès lors se pose la question des intérêts de chacun des belligérants dans cette opération.
Pour les Russes, conserver en bon état des installations qu’ils avaient mises sur la liste de leurs priorités (conquête dès le 24 février 2022) pour faire vivre les oblasts annexés est vital. L’explication de la tentative de faire monter les eaux du Dniepr pour se protéger d’une attaque à partir de Kherson ne correspond pas à l’analyse de terrain. Les rives du Dniepr en aval de Nova Kakhovka jusqu’à la mer (environ 130 km), marécageuses, ne sont pas du tout propices à un franchissement offensif, sans avoir besoin de les inonder. Voire, s’il était tenté, il offrirait des cibles « comme à l’entrainement » à l’artillerie russe. Quant au pont de Nova Kakhovka, tout comme le pont Antonivsky à Kherson et le pont de Darivka, il a été rendu impraticable par l’armée russe lorsqu’elle s’est retirée de la rive droite en novembre 2022. Il a suffi de miner son tablier qui se trouve à plusieurs mètres au-dessus du barrage lui-même sans porter préjudice aux approvisionnements en eau et électricité.
Il en découle une hypothèse pouvant expliquer une attaque russe.
Incertains de leur capacité de résistance à la contre-offensive ukrainienne, les Russes veulent saboter le potentiel énergétique ukrainien avant d’évacuer les territoires. Politique de « terre brûlée » appliquée en 2014, lorsque, après avoir aidé les milices du Donbass à résister à l’armée ukrainienne, ils avaient déménagé le matériel des usines avant de se retirer.
L’hypothèse pouvant expliquer une attaque ukrainienne s’inscrit en miroir inversé des intérêts russes.
Les territoires annexés par la Russie pourraient être privés d’eau et d’électricité et ainsi fixer l’attention de la Russie sur la résolution de ces problèmes, lui aliéner le soutien des populations et la mettre en difficulté pendant l’offensive en préparation. La coupure des approvisionnements en eau et électricité de la Crimée avait déjà été utilisée entre 2014 et 2022. Enfin, dans les champs politique et médiatique, cette action détériore encore plus l’image de la Russie auprès de la communauté internationale notamment de l’OTAN, et de l’Union européenne, etc., qui dénoncent cet acte qui « démontre une fois de plus la brutalité de la guerre menée par la Russie[1] ». Cette hypothèse s’inscrirait dans la ligne d’action psychologique préparatoire à l’offensive. Ligne d’action qui semble se dérouler depuis quelques semaines, notamment par les actions commandos sur le territoire russe lui-même.
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[1] Jens Stoltenberg sur Twitter : ‘The destruction of the Kakhovka dam today puts thousands of civilians at risk and causes severe environmental damage. This is an outrageous act, which demonstrates once again the brutality of #Russia’s war in #Ukraine”. (@jensstoltenberg)
Au Sénégal, le jeudi 1er juin Ousmane Sonko, président du parti d’opposition PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans un procès pour viol et menace de mort, deux charges pour lesquelles il a été acquitté. Il a aussitôt contesté le verdict, dénonçant un complot visant à le rendre inéligible aux élections présidentielles de 2024 face à l’actuel président Macky Sall, soupçonné de vouloir se représenter pour un troisième mandat pourtant illégal d’un point de vue constitutionnel. Des violences ont éclaté dans tout le pays : neuf personnes ont déjà été tuées dans des affrontements entre la police et ses partisans.
Le Sénégal risque-t-il, dans la continuité de cette affaire, de s’enfoncer dans une crise démocratique ?
Mercredi 31 mai, Emmanuel Macron a prononcé un discours à Bratislava (Slovaquie), à l’occasion du forum Globsec, un forum d’orientation atlantisme axé sur les questions de sécurité régionale. Cette première participation de la France est destinée à envoyer un message aux pays d’Europe de l’Est, avec qui la France entretient des relations délicates en raison de ses tentatives passées de dialogue avec la Russie. Le président français a constaté l’échec géopolitique de la Russie. Il a également mis en avant l’aide importante apportée par l’Union européenne à l’Ukraine, insistant sur la nécessité de fonder une sécurité européenne moins dépendante des États-Unis. Sans parler d’une intégration dans l’OTAN, il a proposé d’offrir à Kiev des garanties formelles de sécurité. Mais Emmanuel Macron est aussi revenu sur les positions de la France ces dernières décennies, tant dans son attitude vis-à-vis de Vladimir Poutine, que dans ses relations avec les pays d’Europe de l’Est, critiqués notamment par Jacques Chirac pour leurs positions sur l’Irak. Reprenant le narratif de ces pays, Emmanuel Macron n’est-il pas allé trop loin ?
L’analyse de Pascal Boniface
Dimanche 28 mai, Recep Tayyip Erdogan a remporté le second tour de l’élection présidentielle avec 52,16% des voix. À 69 ans, le chef d’État sortant a battu son opposant Kemal Kiliçdaroglu, marquant ainsi sa quinzième victoire électorale consécutive. Salué par de nombreux chefs d’État, dont Emmanuel Macron, pour sa réélection, Erdogan incarne pour beaucoup l’assurance que la Turquie conservera son statut d’acteur géopolitique clé et intransigeant dans la défense de ses intérêts nationaux. Quel bilan peut-on tirer de la réélection d’Erdogan ? Quelle sera l’évolution de ses relations avec les pays de la région ? La Turquie jouera-t-elle un rôle crucial dans la résolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine ? Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient, répond à nos questions.
Comment expliquer la réélection de Recep Tayyip Erdogan en Turquie ?
La principale explication de la réélection du président sortant réside dans les nombreux défis auxquels la Turquie est confrontée, qu’ils soient d’ordre économique, social ou géopolitique. Une large partie de l’électorat a considéré qu’Erdogan était vraisemblablement le mieux placé pour les relever, en raison de sa stature d’homme fort, une réalité incontestable. Son expérience et sa capacité à faire valoir la Turquie face aux grandes puissances ont également joué en sa faveur. En revanche, l’opposition, représentée par Kemal Kiliçdaroglu à la tête d’une coalition de six partis, a été perçue, avec raison, comme hétéroclite. Le choix de la stabilité s’est donc imposé.
Deuxièmement, il convient de souligner qu’Erdogan, depuis de nombreuses années, a parfaitement saisi la réalité sociologique de sa majorité électorale. Il a su capter les aspirations conservatrices de cette majorité, profondément imprégnée de valeurs religieuses. Il y a eu une sous-estimation de la part de nombreux analystes des réalités sociales et politiques prévalant dans « l’Anatolie profonde » et sur les bords de la mer Noire. Bien que de nombreuses critiques soient fondées à l’égard du bilan de R. T. Erdogan, ces deux facteurs combinés expliquent en large partie la victoire de Recep Tayyip Erdogan.
Enfin, un troisième élément, probablement moins important, mérite d’être souligné. Entre les deux tours, le candidat de l’opposition, Kiliçdaroglu, a adopté un discours fermement hostile envers les réfugiés. Un changement de cap, non seulement tactique, mais aussi stratégique par rapport à ses déclarations antérieures, s’est avéré préjudiciable. Modifier de manière si radicale sa stratégie électorale en plein milieu de la campagne, entre les deux tours, a constitué une erreur majeure et a désorienté une partie de son électorat.
Au cours des vingt dernières années, le président sortant et son parti l’AKP ont su construire une base sociale et électorale solide. Cela explique pourquoi Erdogan a remporté 14 élections successives, même si l’analyse des résultats électoraux de 2015 peut être nuancée, qu’elles soient locales, législatives, présidentielles ou référendaires. Cette 15e victoire n’est donc pas le fruit du hasard, mais plutôt le résultat d’un travail de longue haleine. L’AKP est une véritable machine électorale, parfaitement organisée, dotée d’une riche expérience et de ressources considérables grâce à sa symbiose avec l’appareil d’État, certains parlant même d’un Etat-AKP. De plus, les médias, largement contrôlés par des proches d’Erdogan, jouent un rôle déterminant, puisqu’environ 80 % de ceux-ci sont considérés être entre les mains du pouvoir en place, comme en témoigne le différentiel de temps de parole de 1 à 60 entre Erdogan et son opposant durant le mois précédant le premier tour sur la principale chaîne de télé publique.
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui étaient auparavant rivaux de la Turquie, ont promis à Erdogan d’importants investissements sur le sol turc pendant sa campagne électorale. Que peut-on conclure de cette situation ? Le nouveau mandat d’Erdogan annonce-t-il l’ancrage du rapprochement entre la Turquie et les pays du Golfe, mais aussi avec l’Égypte et Israël ?
Il existait en effet des tensions très marquées, voire des ruptures politiques – mais jamais diplomatiques -, notamment du fait des positions diamétralement opposées défendues, en particulier au cours des soulèvements dans les pays arabes en 2011-2012, où chacun avait soutenu des camps différents. Ainsi, Erdogan et la Turquie ont adopté une posture de soutien à l’islam politique, principalement incarné par les Frères musulmans, tandis que des pays tels que l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis ont tout fait pour affaiblir la capacité des Frères à s’imposer sur la scène politique, voire même à accéder au pouvoir, comme cela fut brièvement le cas en Égypte jusqu’au coup d’Eta fomenté contre eux en 2013. Depuis lors, des divergences très fortes s’étaient cristallisées sur fond de rivalités pour s’assurer le leadership régional.
Cela étant, on observe ces trois dernières années une normalisation progressive des relations entre les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Turquie, découlant de la volonté des deux premiers de former des partenariats régionaux afin de contrer l’influence de l’Iran, devenu une préoccupation majeure ; Erdogan a compris, quant à lui, qu’il ne pouvait pas rester isolé dans la région. Chacun y trouvant ainsi son intérêt, un processus de réconciliation s’est engagé.
Dans le cas d’Israël, la logique est similaire bien que les raisons soient différentes. Après une période de tensions très vives entre Ankara et Tel-Aviv, nous constatons depuis un peu plus de deux ans maintenant un processus de rapprochement, toutes deux ayant un intérêt à se réconcilier et à fluidifier leurs relations.
Ces rapprochements, dans le cas de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, se sont déclinés par l’octroi d’une aide financière conséquente au régime au pouvoir en Turquie, via le versement de prêts financiers avantageux largement utilisés par Erdogan dans le cadre de sa campagne populiste et clientéliste : augmentation du salaire minimum, réduction de l’âge du départ à la retraite, promesse de reconstructions rapides dans les régions affectées par les séismes du mois de février 2023, etc. Il est très probable que cette aide des États arabes du Golfe se poursuive à l’avenir sous une autre forme qui reste à négocier. Le processus de rapprochement entre la Turquie et ces pays va donc se confirmer et s’approfondir.
De nombreuses tensions ont également été observables entre l’Égypte et la Turquie. Si le processus de rapprochement est moins avancé, Le Caire vient néanmoins tout juste d’annoncer le retour de son ambassadeur à Ankara, indicateur d’une réconciliation en cours. Erdogan et le président maréchal al-Sissi s’étaient déjà rencontrés il y a quelques mois et s’étaient serré la main, alors qu’Erdogan avait juré qu’il ne le ferait jamais avec cet homme, tenu pour responsable du coup d’État contre les Frères musulmans. Si les relations s’apaisent, la présence de nombreux Frères musulmans réfugiés politiques à Istanbul reste un dossier contentieux. On peut s’attendre à des tractations qui se concluront par le renvoi de certains membres des Frères musulmans, c’est à peu près certain.
Dans ce processus de réconciliation, la dernière grande question régionale qui reste en suspens concerne celle de la relation à la Syrie. Dans ce cas la question est loin d’être réglée et connaîtra probablement de multiples évolutions au cours des mois à venir.
Plusieurs projets relient toujours aujourd’hui Moscou et Ankara, notamment le projet du gazoduc Turkstream. Alors que la guerre se poursuit en Ukraine, quelles sont les perspectives d’évolution des relations entre la Russie et la Turquie d’une part, et entre la Turquie et l’Ukraine d’autre part ? Ankara a-t-elle un rôle à jouer dans la résolution du conflit russo-ukrainien ?
La Turquie entretient de longue date des relations très étroites à la fois avec la Russie et avec l’Ukraine. Cela a permis à Erdogan de se placer rapidement en médiateur lorsque la guerre a éclaté. Le président turc n’a cependant fait preuve d’aucune ambiguïté à l’égard de l’agression russe envers l’Ukraine, qu’il a condamnée immédiatement et explicitement. Quelques jours plus tard, il a fermé le détroit du Bosphore et le détroit des Dardanelles aux navires russes. Néanmoins, il continue de dialoguer avec les deux parties, et il a raison de le faire.
Pour envisager une solution politique, il sera en effet nécessaire de continuer à dialoguer avec les deux parties. Au sein de l’OTAN, cela suscite des réactions négatives de quelques États membres à l’encontre de Erdogan. Pour autant, contrairement à certaines assertions ne se pose aucunement la question de la sortie de la Turquie de l’alliance transatlantique. Les alliances stratégiques fondamentales seront maintenues. Cela n’empêchera pas R. T. Erdogan de continuer à dialoguer et de maintenir des relations très étroites avec Poutine. La poursuite des livraisons d’hydrocarbures russes à la Turquie étant notamment d’une importance vitale.
La Turquie est en effet un pays industrialisé et donc dépendant aux hydrocarbures, mais il n’y en a pas une goutte sur son territoire. Si des gisements ont été découverts en mer Noire, ils ne sont pas encore exploités. Par conséquent, la Turquie est obligée d’entretenir ses relations avec l’Iran et l’Irak, entre autres, mais aussi donc avec la Russie, qui joue un rôle déterminant dans l’approvisionnement en gaz pour l’industrie et les particuliers.
Le plus souhaitable, et le plus tôt sera le mieux, est la signature d’un accord de cessez-le-feu, voire d’un accord de paix entre les différentes parties, dans lequel la Turquie jouera un rôle essentiel, cela est certain. Erdogan a manifesté l’hubris de la victoire, notamment après l’accord sur les céréales conclu en juillet 2022, affirmant que grâce à la Turquie, la paix allait revenir. C’est évidemment exagéré : il ne pourra pas y parvenir seul, mais il ne pourra pas non plus être absent de ces processus.
Cette situation agace les États-Unis et la plupart des pays de l’OTAN qui aimeraient que la Turquie décide de rompre ses liens avec la Russie, ce qu’Erdogan ne fera pas. En la matière, le président turc agit de la même manière que de nombreux autres pays qui ont condamné l’agression russe, mais n’appliquent pas les sanctions. Cela fait partie du processus dit de « désoccidentalisation du monde », où nombre de pays refusent d’appliquer ces sanctions à la Russie, car cela va à l’encontre d’intérêts nationaux jugés désormais prioritaires. Les pays occidentaux ont du mal à l’entendre, mais c’est un fait irréversible. La Turquie est partie à ce mouvement général, il va falloir que les puissances occidentales l’acceptent et en tirent les conclusions.
Alors que les présidentielles n’auront lieu qu’en janvier 2024 à Taïwan, la campagne électorale a déjà commencé. Trois candidats principaux : le vice-président actuel, Lai Ching-te dit William Lai (Parti démocrate progressiste) ; Hou Yu-ih (Kouomintang), l’actuel maire de Taipei ; et l’ancien maire de Taipei, Ko Wen-je. Comment ces élections vont-elles peser sur les relations inter-détroit ?
Directeur de recherche à l’IRIS et responsable du Programme Asie-Pacifique, Barthélémy Courmont vous donne régulièrement rendez-vous pour ses « Chroniques asiatiques ».