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Diplomacy & Crisis News

‘Womenomics’ Comes to Japan’s Defense Sector

TheDiplomat - Mon, 08/05/2017 - 18:29
Women are making in-roads in the Defense Ministry and Self-Defense Forces, but more needs to be done.

Why is the Indonesia-Russia Fighter Jet Deal Still on Hold?

TheDiplomat - Mon, 08/05/2017 - 18:27
The agreement continues to prove elusive for both sides.

A New Chapter in Myanmar-Vatican Relations

TheDiplomat - Mon, 08/05/2017 - 18:11
The restoration of diplomatic ties comes with Pope Francis' offer to help with peacebuilding in Myanmar.

L'Europe doit sa liberté aux États-Unis

Le Monde Diplomatique - Mon, 08/05/2017 - 13:19

Du rôle des États-Unis pendant la seconde guerre mondiale on retient souvent le débarquement allié de Normandie, qui permet de consacrer le pays comme « libérateur de l'Europe ». On oublie ainsi qu'entre 1939 et 1941 Washington préférait la neutralité et l'isolationnisme au « combat pour la liberté ».

La Conférence de Yalta de 1945, par Agan Harahap, 2011. Cet artiste revisite l'histoire en intégrant des personnages de la culture populaire dans les images qui ont construit notre mémoire collective.
© Agan Harahap.

Au fil des victoires idéologiques de la droite, deux idées reçues se sont enracinées. La première postule l'existence d'une complicité historique entre « les deux totalitarismes du XXe siècle », fasciste et communiste (lire « Tous les totalitarismes se valent »). D'elle découle le sentiment (erroné) que l'armée américaine, pas soviétique, le débarquement en Normandie, pas les batailles du front de l'Est, auraient joué un rôle décisif dans l'écrasement du IIIe Reich. Hollywood a amplifié cette illusion : Sergueï Eisenstein eût-il vécu à l'époque de Steven Spielberg, avec un public comparable, les images et les perceptions auraient sans doute été transformées.

Captain America Captain America, personnage de comics créé en 1940 par Jack Kirby et Joe Simon pour exalter le patriotisme de la jeunesse américaine.
© source : Marvel/DR.

L'autre idée reçue décrète qu'un lien d'airain existerait entre les « démocraties occidentales » et le combat universel pour la liberté. C'est en raison de ce mythe historique que chaque crime de masse commis sur la planète suscite l'interrogation rituelle des grands médias et des puissants esprits : « Mais que fait l'Occident ? » En vérité, il fait ce qu'il a toujours fait : il défend ses intérêts au moment précis où ceux-ci sont directement mis en cause.

C'est en 1973, pas du temps de Mathusalem, que les Etats-Unis appuyèrent le coup d'Etat militaire d'Augusto Pinochet au Chili contre un gouvernement d'unité populaire ; en 1977 que le président James Carter déclara son « amitié personnelle » pour le chah d'Iran qui, selon lui, bénéficiait « de l'admiration et de l'amour de son peuple » ; en 2010 que le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn fit du régime du dictateur tunisien Ben Ali un « bon exemple à suivre » pour les pays de la région ; en 2013 que le secrétaire d'Etat américain John Kerry estima qu'en dépit de leur massacre d'un millier de manifestants islamistes les généraux égyptiens avaient « indiqué » qu'ils entendaient « rétablir la démocratie » dans leur pays.

Manifestation, le 10 septembre 2013, à Santiago du Chili en mémoire des victimes de la dictature, à l'occasion du 40e anniversaire du coup d'Etat du général Pinochet.

Et les choses ne se sont pas présentées différemment quand se joua la liberté du monde. Car, même entre 1939 et 1941, lorsque le pacte germano-soviétique donna un semblant de consistance à la thèse conservatrice des deux totalitarismes jumeaux et complices, que firent les Etats-Unis, futurs parrains du « monde libre » ? Beaucoup moins connue que l'autre, cette histoire-là aussi est édifiante…

Un héros national américain reçoit une décoration des mains d'un nazi.

En mai 1939, Adolf Hitler s'est emparé de toute la Tchécoslovaquie. Pourtant, le Congrès des Etats-Unis refuse alors d'amender la « loi de neutralité » américaine interdisant toute vente d'armes à un pays menacé par l'Allemagne. Selon les mots d'un sénateur démocrate influent, « la situation en Europe ne paraît pas justifier une action urgente »…

Le 3 septembre 1939, l'urgence s'est-elle enfin précisée à Washington, dès lors que la France et le Royaume-Uni viennent enfin de mettre un terme à leur politique d'apaisement envers Berlin ? Eh bien toujours pas. S'adressant à ses compatriotes, le président Franklin D. Roosevelt leur annonce qu'il « souhaite et prévoit que les Etats-Unis se tiendront à l'écart de cette guerre ».

Le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell défend la nécessité d'une intervention militaire en Irak. Il présente alors des preuves falsifiées visant à démontrer que Bagdad possède des « armes de destruction massive ».
© Mark Garten/UN Photo.

Quelques jours plus tard, Charles Lindbergh prend à son tour la parole dans un grand discours radiodiffusé. Héros national, premier homme à avoir franchi l'Atlantique en avion, sans escale et en solitaire, Lindbergh a reçu, l'année précédente à Berlin, une décoration allemande des mains du chef nazi Hermann Göring. Sa plaidoirie isolationniste (« L'Amérique d'abord ») suscite un engouement immédiat aux Etats-Unis. Des millions de télégrammes, lettres, cartes déferlent sur les élus américains tentés de voler au secours du peuple anglais.

Amer, Winston Churchill observera plus tard que, jusqu'en avril 1940, les responsables américains étaient « tellement sûrs que les Alliés l'emporteraient qu'ils ne jugeaient pas qu'une aide serait nécessaire. Là, ils sont tellement certains que nous allons perdre qu'ils ne la jugent pas possible ». Une fraction de la droite américaine réserve son énergie au combat contre le New Deal. Une autre, inspirée par les mots de Lindbergh, « préfère cent fois être alliée avec l'Angleterre ou même avec l'Allemagne, malgré tous ses défauts, qu'avec la cruauté, l'athéisme et la barbarie de l'Union soviétique ». Le futur président Harry Truman a fait son choix lui aussi : « Si nous voyons que l'Allemagne gagne, nous devons aider la Russie ; mais si c'est la Russie qui gagne, nous devons aider l'Allemagne, afin qu'ils s'entre-tuent au maximum. »

En définitive, c'est l'Allemagne qui, par solidarité avec son allié nippon, décidera, le 11 décembre 1941, de déclarer la guerre aux Etats-Unis, dont la flotte vient d'être détruite, le 7, à Pearl Harbor. A l'époque, l'armée nazie se bat depuis près de six mois aux portes de Moscou…

France-Belgique : la diagonale terroriste

Politique étrangère (IFRI) - Mon, 08/05/2017 - 10:00

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Denis Bauchard propose une analyse de l’ouvrage de Sébastien Boussois et Asif Arif, France-Belgique : la diagonale terroriste (Éditions La Boîte à Pandore, 2016, 228 pages).

Les attentats de 2015 et 2016 en France et en Belgique ont dévoilé l’existence de nombreux liens entre les djihadistes des deux pays. Cet ouvrage se propose d’étudier les filières qui se sont constituées, parfois depuis de nombreuses années. Le juge Marc Trévidic souligne dans sa préface que « des liens étroits et durables se sont noués de longue date dans les milieux radicaux français et belges » – Trappes et Molenbeek ont pu acquérir une notoriété amplifiée par les médias. Il fait ainsi remonter la première filière franco-belge au recrutement pour les camps d’entraînement afghans au milieu des années 1990. Depuis lors, ces filières se sont développées et, après l’Afghanistan d’Al-Qaïda, ont établi des liens avec l’État islamique (EI). Plus généralement, les francophones – français, belges, mais aussi originaires d’Afrique noire ou du Maghreb – jouent un rôle important dans la promotion du djihad, certains occupant des postes de responsabilité dans l’EI. Comment expliquer cette situation ? Comment se sont constituées ces filières francophones ? Comment les services de renseignement et les polices des deux pays coopèrent-ils ? Telles sont les questions auxquelles les deux auteurs s’efforcent de répondre.

Dans une première partie – « La France et le terrorisme, entre réalisme et mythologie » –, Asif Arif fait œuvre utile de clarification. Il souligne à juste titre que l’évident développement du salafisme, c’est-à-dire d’un fondamentalisme religieux, n’implique pas en soi le passage à l’acte terroriste. Il s’élève contre l’utilisation intempestive par les médias du mot djihadiste et apporte là aussi les éclaircissements nécessaires. Il souligne la complexité du phénomène de radicalisation en France et reprend à son compte l’expression de Farhad Khosrokhavar de « radicalisation polycéphale ». Il dresse ce constat en étudiant, l’une après l’autre, les « grandes figures » du terrorisme en France, des membres du gang de Roubaix à la fratrie mortifère des frères Kouachi. Autant de profils et d’explications de la radicalité.

Dans la seconde partie, Sébastien Boussois s’attache à la Belgique – « laboratoire historique de la radicalisation ? ». Le poids de la communauté marocaine – 420 000 personnes – y est d’autant plus fort qu’elle est principalement originaire du Rif, territoire pauvre et longtemps délaissé. Une autre spécificité belge est l’implantation en 1967 à Bruxelles d’un Centre islamique et culturel, construit et financé par l’Arabie Saoudite, qui a été un terreau du djihadisme belge. Le mouvement Sharia4Belgium, fondé en 2010 et dissous en 2014, a également joué un rôle important dans la radicalisation des jeunes. Le cas de Molenbeek, « capitale du Bruxellistan », où plusieurs terroristes belges ou français sont passés, est également évoqué. L’auteur relativise cette appellation, mettant plutôt en lumière l’influence du réseau des mosquées et celui des librairies religieuses du pays. Le caractère fédéral de la Belgique peut expliquer certaines défaillances des autorités. Mais la proximité entre les deux pays a naturellement conduit à une concertation et une coopération étroites entre les polices française et belge.

Ce livre est une contribution utile à l’étude de ce phénomène complexe du terrorisme francophone dont l’existence et le développement ne peuvent s’accommoder d’explications simplistes.

Denis Bauchard

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Unimpeded access, humanitarian funds urgently needed in Yemen – senior UN relief official

UN News Centre - Mon, 08/05/2017 - 07:00
Voicing concern over lack of humanitarian access &#8211 particularly for medicine and medical supplies &#8211 in war-torn Yemen, a senior United Nations relief official has called on all parties to the conflict to ensure urgent and unrestricted access to people in need across the country.

Brussels' Provocations

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Mon, 08/05/2017 - 00:00
(Own report) - German business associations are calling on the EU Commission to end its Brexit provocations. An unorderly Brexit would entail enormous costs for the German economy, the President of the German Chambers of Industry and Commerce (DIHK) warned; therefore an amicable Brexit agreement with London must be reached. The Federation of German Industries (BDI) expressed a similar view. The head of the EU's Commission's recent audacious financial demands and deliberate indiscretions have stirred massive resentment in the United Kingdom and were rightfully considered an attempt to influence Britain's upcoming parliamentary elections. Observers attribute these indiscretions to EU Commissioner Jean-Claude Juncker's German Chief of Staff, Martin Selmayr (CDU), who is currently playing a key role in the Commission's Brexit negotiations' preparations. The German Chancellery is now calling for restraint in view of the severe damage a hard Brexit could entail for the German economy.

Une société en sept familles

Le Monde Diplomatique - Sun, 07/05/2017 - 13:43

Comment définir les classes sociales à l'échelle internationale ? Les économistes découpent des groupes selon les écarts de revenus ; les sociologues mettent davantage l'accent sur la place dans la hiérarchie socioprofessionnelle. Mais les classifications varient selon les États : elles correspondent à l'histoire des groupes sociaux et de leurs représentations. Par exemple, la catégorie française de « cadres » n'a pas d'équivalent exact au Royaume-Uni, où l'on distingue les managers (dirigeants) et les professionals (experts). Ces spécificités rendent délicates les comparaisons internationales, d'autant qu'il n'existe pas de schéma de classes parfaitement consensuel à l'échelle européenne. Jusqu'à récemment, l'institut statistique européen Eurostat ne publiait pas de tableaux harmonisés selon la position socioprofessionnelle des Européens, et il ne le fait toujours pas selon le secteur d'emploi (public-privé). Cela réduit notre connaissance de l'Europe à des inégalités entre pays (1), rendant par là même invisibles les inégalités entre les classes sociales et en leur sein.

Récemment, des chercheurs ont mis au point une classification appelée European Socio-economic Groups (ESeG) (2). Elle permet de construire sept groupes socioprofessionnels : les cadres dirigeants, les professions intellectuelles supérieures, les professions intermédiaires, les petits indépendants, les employés qualifiés, les ouvriers qualifiés et les salariés peu ou pas qualifiés (voir schéma). À une échelle plus fine, elle distingue trente sous-groupes à partir desquels nous avons construit un espace social européen divisé en trois : les classes populaires, les classes moyennes et les classes supérieures.

Au bas de l'échelle sociale européenne, on définit comme appartenant aux classes populaires européennes les salariés peu qualifiés (agents d'entretien, ouvriers agricoles, vendeurs, etc.), les ouvriers qualifiés (chauffeurs, ouvriers qualifiés de l'artisanat, de la construction, de l'industrie, etc.) ainsi que les aides-soignants, les artisans et les agriculteurs. On distingue ensuite comme membres des classes moyennes les commerçants, les employés qualifiés (employés de bureau, gardiens de la paix), les professions intermédiaires telles que les infirmiers, les informaticiens et techniciens, les enseignants, etc., ainsi que les hôteliers et restaurateurs à leur compte ou gérants. En haut, on retient comme membres des classes supérieures l'essentiel des professions libérales et intellectuelles (médecins, ingénieurs, avocats, magistrats, etc.), les cadres supérieurs et les patrons.

(1) Étienne Penissat et Jay Rowell, « Note de recherche sur la fabrique de la nomenclature socio-économique européenne ESeC », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 191-192, Paris, 2012.

(2) Michel Amar, François Gleizes et Monique Meron, « Les Européens au travail en sept catégories socio-économiques », Insee Références - La France dans l'Union européenne, Paris, 2014.

Aspirations

Le Monde Diplomatique - Sun, 07/05/2017 - 13:01

En disant « non » de manière retentissante, le 29 mai 2005, à l'occasion du référendum sur le projet de traité constitutionnel pour l'Europe, la France rebelle a fait honneur à sa tradition de « nation politique par excellence ». Elle a secoué le Vieux Continent, suscitant à nouveau l'espoir des peuples et l'inquiétude des élites établies. Elle a renoué avec sa « mission historique » en faisant la preuve qu'il est possible d'échapper à la fatalité et aux pesanteurs des déterminismes économiques ou politiques.

Les électeurs ne supportent plus que, sans le moindre débat, une caste de « décideurs » (gouvernants, financiers, dirigeants d'entreprise, grands médias dominants) opère des choix néfastes pour le plus grand nombre. Et les couches moyennes, autrefois épargnées, n'hésitent plus désormais à manifester leur désarroi. Dans beaucoup de pays développés, la démocratie se dévitalise, elle se réduit souvent au diktat du marché. C'est contre de telles dérives que, en France, à cette occasion, le peuple a repris le chemin des urnes : 30 % d'abstentions seulement (contre 57 % en 2004 lors des élections au Parlement européen). Cette mobilisation, en particulier dans les catégories à faible revenu et aussi chez les jeunes, sur un thème aride - un texte de 448 articles, sans compter les annexes, déclarations et protocoles - constitue à elle seule un succès inespéré pour la démocratie. Le peuple a fait son grand retour. Face au sentiment de dépossession, il a exprimé son aspiration à la réappropriation.

Car ce « non » a une signification centrale, celle d'un coup d'arrêt à la prétention d'imposer, partout dans le monde et au mépris des citoyens, un unique modèle économique - celui défini par le dogme de la globalisation. Depuis le milieu des années 1990, ce modèle avait déjà suscité des résistances notables. Souvenons-nous, par exemple, du grand mouvement social de novembre 1995 en France. Ou encore des protestations à Seattle, en 1999, lors du sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), où naquit ce qu'on devait ensuite appeler - surtout après le premier Forum social mondial de Porto Alegre, en janvier 2001, et après les massives manifestations de Gênes contre le sommet du G8, en juillet 2001 - le « mouvement altermondialiste ». Un peu partout, de nouvelles générations ont commencé à affirmer leur conviction qu'un autre monde est possible…

Cette vague protestataire a pris une ampleur toute particulière en Amérique latine. Sans doute parce que, appliquées avec la brutalité de « thérapies de choc », les recettes néolibérales y avaient été préférées dès les années 1970, et que les ravages sociaux étaient donc anciens. Probablement aussi parce que c'est en Amérique latine précisément que se sont élevées les premières voix réclamant un changement de cap. Au Mexique d'abord, dès 1994, avec l'irruption du sous-commandant Marcos et des zapatistes, qui ont très vite théorisé, avec des arguments certes politiques mais aussi culturels et écologiques, la nécessité d'un vaste mouvement international, transcontinental, non violent contre l'ultralibéralisme.

Puis au Venezuela, où, dès 1998, la victoire électorale du commandant Hugo Chàvez annonçait un programme de bouleversements sociaux de grande envergure. Mais ailleurs aussi, en Argentine, en Equateur, au Brésil, au Panama, en Uruguay, en Bolivie, des chamboulements politiques ont eu lieu ces cinq dernières années. Toutes ces métamorphoses découlent de l'aspiration des peuples à changer de modèle et à vivre autrement. Les gens veulent refonder le pacte social et refusent que les pouvoirs liés à la propriété privée prennent de plus en plus le pas sur les droits fondamentaux.

C'est là, sans doute, l'une des significations de la victoire du « non » en France le 29 mai. Mais il faut surtout souligner que c'est la première fois que, dans un pays développé du Nord et dans le cadre d'une consultation politique institutionnelle, une société a l'occasion de dire officiellement « non » à la globalisation ultralibérale.

Depuis ses débuts en 1958, et surtout depuis l'Acte unique européen de 1986, la construction communautaire a exercé une contrainte croissante sur toutes les décisions nationales. Le traité de Maastricht (1992) puis le pacte dit de stabilité et de croissance (1997) ont retiré aux gouvernements deux des leviers majeurs de l'action publique : la politique monétaire et la politique budgétaire. Le troisième, la politique fiscale, est de moins en moins autonome, car celle-ci s'inscrit dans une logique généralisée de « concurrence libre et non faussée ».

Les citoyens français ont compris que le traité soumis à leur approbation « constitutionnalisait », à l'échelle européenne, la concurrence exacerbée entre les producteurs de biens et de services, mais aussi entre l'ensemble des systèmes sociaux, happés dans une spirale descendante. Le « non » a été un vote extrêmement informé par des milliers de rencontres, de débats et de lectures, les ouvrages sur la Constitution ayant figuré pendant des mois en tête des succès de librairie. Face à la propagande d'Etat, relayée par la plupart des médias, les citoyens ont voulu se faire leur propre opinion. Ils y ont été aidés par le travail de fourmi réalisé sur le terrain par les multiples collectifs qui se sont spontanément mis en place dans toute la France. Ce foisonnement fait honneur à la démocratie.

Contrairement à ce qu'ont prétendu les grands médias, ce vote du 29 mai a été majoritairement pro-européen. Les syndicalistes et les militants associatifs de nombreux pays de l'Union ne s'y sont pas trompés qui, soit chez eux, soit par leur participation à la campagne en France, ont témoigné de leur solidarité avec l'aspiration à une autre Europe portée par les forces vives du « non ». Privés de référendum, beaucoup d'Européens ont en fait mandaté les Français pour voter en leur nom.

La critique de la globalisation laisse espérer, un peu partout à travers le monde, une remise à plat des valeurs et des règles du vouloir vivre en commun, lequel ne saurait se réduire à son degré zéro qu'est la liberté de circulation des capitaux, des biens, des services, et même des personnes. De plus en plus de citoyens mettent en cause la priorité du droit de propriété sur tous les autres droits humains. Ils estiment que cela façonne de manière insupportable la société et rompt les équilibres de la vie en commun.

Ils luttent pour modifier cet ordre immoral des choses, exigent que des biens comme l'air, l'eau douce ou la justice soient déclarés bien publics globaux, que des modèles sociaux de progrès soient placés sous protection, et que des moyens financiers soient enfin dégagés pour financer la solidarité entre les générations, entre les travailleurs, et entre le Nord et le Sud. Bref, ils réclament une refondation du pacte social et démocratique.

La marchandisation d'un nombre toujours plus important d'activités humaines entraîne des dommages sociaux et écologiques croissants. Alors que 20 % de la population mondiale utilisent 80 % des ressources de la planète, la surconsommation des uns engendre la sous-consommation des autres. Il devient urgent d'imaginer des sociétés tournées vers la décroissance, qui optent pour la qualité et non pour la quantité.

Pour changer le monde, des dizaines d'initiatives se font jour. Certains en viennent à proposer de remettre sous contrôle social les entreprises indispensables à la vie en société. D'autres suggèrent de dynamiter l'actuel système de propriété intellectuelle pour libérer la créativité. Concernant la dette extérieure des pays pauvres, qui ruine les économies locales et favorise une corruption galopante, des voix s'élèvent pour redéfinir les objectifs de l'aide au développement et instaurer son contrôle démocratique. Une autre idée serait de taxer les importations en fonction de critères sociaux et écologiques. Ce qui aurait un triple avantage : protéger les modèles sociaux les plus progressistes, défendre les intérêts des travailleurs du Sud, et favoriser des marchés nationaux.

Sur toute la planète, des poches de résistance s'organisent, et des victoires sont remportées, souvent ignorées des grands médias (réussite contre la privatisation du génome humain, échec de l'OMC à Seattle et à Cancùn, contestation du Fonds monétaire international [FMI], essor des logiciels libres, succès des femmes du Kerala contre Coca-Cola, etc.). Triomphes fragiles, parfois remis en cause. Mais ce sont autant de pierres posées sur le chemin d'un nouveau monde.

South Sudan: UN peacekeepers deployed to enable aid delivery to Upper Nile's Aburoc area

UN News Centre - Sun, 07/05/2017 - 07:00
The United Nations Mission in South Sudan (UNMISS) has urgently deployed peacekeeping troops to Aburoc in the Upper Nile region to help enable the delivery of much needed humanitarian assistance to the 50,000 people displaced from home, the Mission said today.

Nigeria: UNICEF welcomes release of 80 Chibok schoolgirls abducted by Boko Haram

UN News Centre - Sun, 07/05/2017 - 07:00
The United Nations Children&#39s Fund (UNICEF) today welcomed yesterday&#39s release of more than 80 of the Chibok schoolgirls abducted by Boko Haram insurgents over three years ago.

Questions de sociologie

Le Monde Diplomatique - Sat, 06/05/2017 - 21:23

Contre l'illusion de l'« intellectuel sans attaches ni racines », qui est en quelque sorte l'idéologie professionnelle des intellectuels, je rappelle que les intellectuels sont, en tant que détenteurs de capital culturel, une fraction (dominée) de la classe dominante et que nombre de leurs prises de position, en matière de politique par exemple, tiennent à l'ambiguïté de leur position de dominés parmi les dominants. Je rappelle aussi que l'appartenance au champ intellectuel implique des intérêts spécifiques, non seulement, à Paris comme à Moscou, des postes d'académicien ou des contrats d'édition, des comptes rendus ou des postes universitaires, mais aussi des signes de reconnaissance et des gratifications souvent insaisissables pour qui n'est pas membre de l'univers mais par lesquelles on donne prise à toutes sortes de contraintes et de censures.

Questions de sociologie, Editions de Minuit, Paris, 1984.

Prétention aristocratique

Le Monde Diplomatique - Sat, 06/05/2017 - 21:23

Le pouvoir économique est d'abord un pouvoir de mettre la nécessité économique à distance : c'est pourquoi il s'affirme universellement par la destruction de richesses, la dépense ostentatoire, le gaspillage et toutes les formes du luxe gratuit. C'est ainsi que la bourgeoisie, cessant de faire de toute l'existence, à la façon de l'aristocratie de cour, une parade continue, a constitué l'opposition du payant et du gratuit, de l'intéressé et du désintéressé sous la forme de l'opposition, qui la caractérise en propre selon Weber, entre le lieu de travail et le lieu de résidence, les jours ouvrés et les jours fériés, l'extérieur (masculin) et l'intérieur (féminin), les affaires et le sentiment, l'industrie et l'art, le monde de la nécessité économique et le monde de la liberté artistique arraché, par le pouvoir économique, à cette nécessité.

La consommation matérielle ou symbolique de l'œuvre d'art constitue une des manifestations suprêmes de l'aisance, au sens à la fois de condition et de disposition que la langue ordinaire donne à ce mot. Le détachement du regard pur ne peut être dissocié d'une disposition générale au « gratuit », au « désintéressé », produit paradoxal d'un conditionnement économique négatif qui, au travers des facultés et des libertés, engendre la distance à la nécessité. Par là même, la disposition esthétique se définit aussi, objectivement et subjectivement, par rapport aux autres dispositions : la distance objective à l'égard de la nécessité et de ceux qui s'y trouvent enfermés s'assortit d'une prise de distance intentionnelle qui redouble, par l'exhibition, la liberté. A mesure que croît la distance objective à la nécessité, le style de vie devient toujours davantage le produit de ce que Weber appelle une « stylisation de la vie », parti systématique qui oriente et organise les pratiques les plus diverses, choix d'un millésime et d'un fromage ou décoration d'une maison de campagne. Affirmation d'un pouvoir sur la nécessité dominée, il enferme toujours la revendication d'une supériorité légitime sur ceux qui, faute de savoir affirmer ce mépris des contingences dans le luxe gratuit et le gaspillage ostentatoire, restent dominés par les intérêts et les urgences ordinaires : les goûts de liberté ne peuvent s'affirmer comme tels que par rapport aux goûts de nécessité, par là portés à l'ordre de l'esthétique, donc constitués comme vulgaires. Cette prétention aristocratique a moins de chances qu'aucune autre d'être contestée puisque la relation de la disposition « pure » et « désintéressée » aux conditions qui la rendent possible, c'est-à-dire aux conditions matérielles d'existence les plus rares parce que les plus affranchies de la nécessité économique, a toutes les chances de passer inaperçue, le privilège le plus classant ayant ainsi le privilège d'apparaître comme le plus fondé en nature.

Editions de Minuit, Paris, 1979.

L'art de la consécration

Le Monde Diplomatique - Sat, 06/05/2017 - 21:14

Cet article est tiré d'un texte manuscrit ayant servi de support de cours au Collège de France, 1985-1986, et publié par Actes de la recherche en sciences sociales, n° 190, décembre 2011, Seuil, Paris.

La légitimité d'un pouvoir se mesure à la reconnaissance qui lui est accordée, c'est-à-dire à la méconnaissance de l'arbitraire qui peut se trouver à son fondement : elle tend donc à croître à mesure que l'on s'éloigne de l'imposition pure de la violence ou de l'exercice déclaré de la force. Il n'y a pas de génération spontanée du pouvoir symbolique (ou du capital symbolique) comme forme reconnue, donc méconnue dans sa vérité objective, du pouvoir (ou du capital sous l'une ou l'autre de ses formes). L'axiome selon lequel tout pouvoir symbolique, c'est-à-dire tout pouvoir capable de s'imposer comme légitime en dissimulant la force qui est à son fondement, ajoute sa force propre, c'est-à-dire proprement symbolique, à cette force, n'est qu'une exception apparente au principe de la conservation de l'énergie sociale : il faut dépenser de la force pour produire du droit ; du capital économique pour produire du capital symbolique (1).

(…) En matière de légitimité, rien n'est plus faux que la maxime selon laquelle « on n'est jamais mieux servi que par soi-même » : la logique de 1'« égoïsme éclairé », dont parlait Tocqueville, impose de surmonter la tendance de tous les pouvoirs à assumer eux-mêmes leur propre célébration et à faire ainsi l'économie et de la dépense et du risque de détournement qui sont inhérents à la délégation. Le prince ne peut être servi par ses peintres, ses poètes ou ses juristes, que pour autant qu'il renonce à remplir lui-même ces offices ou à légiférer directement en matière d'art ou de droit. Mais la dépossession partielle qu'implique la délégation enferme en outre le risque d'une dépossession plus totale : les mandataires, peintres ou poètes, peuvent détourner les pouvoirs de consécration qui leur sont reconnus, à leur propre profit ou au profit de ceux qui pensent les soutenir dans leur lutte contre les détenteurs du pouvoir temporel ; et, paradoxalement, le renforcement des dominés tend à renforcer les détenteurs de la force culturelle, toujours potentiellement subversive, en renforçant le besoin de leurs services spécifiques, et la menace de leur sécession.

Le pouvoir enferme une demande de reconnaissance. Il ne se contente pas de la soumission mécanique de l'automate qui obéit au doigt et à l'œil, comme une machine que l'on dirige en appuyant sur une commande ; il en appelle à un agent autonome, c‘est-à-dire quelqu'un qui soit capable de faire sienne, en lui obéissant, la règle de conduite qui lui a été prescrite. L'ordre ne devient opérant, efficient, que par l'intermédiaire de celui qui l'exécute, avec la collaboration objective de sa conscience, de ses dispositions préalablement montrées à le reconnaître pratiquement, dans un acte d'obéissance, c'est-à-dire de croyance. L'acte de reconnaissance ayant d'autant plus de chances d'être reconnu, donc légitime et légitimant, qu'il paraît moins déterminé par des contraintes externes (celles qui s'exercent à travers le calcul économique ou politique par exemple), l'efficacité d'une action symbolique de légitimation croît comme l'indépendance reconnue, voire statutaire, de l'agent ou de l'institution qui consacre par rapport à l'agent ou l'institution qui lui est consacré (2). Nulle dans le cas de l'autoconsécration (Napoléon se couronnant lui-même) ou de l'autocélébration (un écrivain faisant son propre panégyrique), faible dans le cas de la consécration par des mercenaires ou des complices ou même par des proches et des familiers, comme c'est le cas dans toutes les relations d'échange direct de services symboliques (hommages, préfaces, comptes rendus, etc.), qui sont d'autant plus transparentes que sont plus courtes, et la distance entre les échangeurs, comme dans les clubs d'admiration mutuelle où A consacre B qui consacre A, et l'intervalle temporel entre les actes d'échange, elle atteint son maximum lorsque disparaît toute relation visible d'intérêt matériel ou symbolique entre les institutions ou les agents concernés (3).

Ainsi, bien qu'une autonomie apparente ou une dépendance méconnue puisse avoir les mêmes effets qu'une indépendance réelle, l'efficacité symbolique qui a pour condition une certaine autonomie réelle de l'instance légitimatrice a pour contrepartie à peu près inévitable un risque proportionnel que cette instance détourne à son propre profit son pouvoir délégué de légitimation.

(…) C'est ainsi que les détenteurs du pouvoir temporel sont structurellement divisés (entre eux, et sans doute, en chacun d'eux) à propos de l'allocation des dépenses de maintien de l'ordre entre la répression ouverte et la violence douce du conservatisme éclairé qui sait concéder pour mieux conserver ou même gaspiller pour gagner davantage. L'opposition est particulièrement claire en matière de travail idéologique : poussés par la défiance à l'égard des « intellectuels » et par le souci de faire l'économie de l'énergie dépensée à la dissimulation, les intégristes de l'arrière-garde de classe (par exemple les « fractions de choc ») produisent un discours à forte teneur en information conservatrice mais dont l'efficacité symbolique est très faible, au moins hors de leur univers ; au contraire, la fraction moderniste sacrifie à un discours à faible teneur informative mais à haut degré de dissimulation, donc à forte efficacité symbolique et elle sait avant tout s'effacer derrière des porte-parole qui sont d'autant plus efficaces qu'ils n'apparaissent pas et ne s'apparaissent pas comme tels et qui pensent même faire payer d'un coût de contestation symbolique les profits de dissimulation symbolique qu'ils assurent au message conservateur.

(1) Sur le capital symbolique et la logique de son accumulation, lire Pierre Bourdieu, Le Sens pratique, Editions de Minuit, Paris, 1980.

(2) On le vérifie empiriquement dans le fait que l'effet de légitimation qui ajoute sa force proprement symbolique à l'effet simple de la force est d'autant plus grand que la force (militaire, économique ou autre) a moins à s'exercer, au moins de manière visible, donc à se dénoncer, au lieu de rester à l'état de « violence inerte », selon le mot de Sartre, violence structurale, inscrit dans des mécanismes tels que ceux qui font que le capital va au capital.

(3) La distance au champ concerné est aussi un des facteurs de l'efficacité symbolique, qui est inversement proportionnelle à la connaissance que les récepteurs peuvent avoir des intérêts engagés, donc à leur proximité sociale — et spatiale — par rapport au jeu et aux enjeux.

Ces « non » qui ont transformé la France

Le Monde Diplomatique - Sat, 06/05/2017 - 21:09

Le premier « non », historique, en France est celui qui fut adressé à Louis XVI : après la réunion des états généraux en 1789, le roi ayant prescrit aux députés de se séparer, l'illustre astronome Bailly répliqua : « La nation assemblée ne peut recevoir d'ordre. »

Cette affirmation de la souveraineté visait à l'accomplissement d'une pleine citoyenneté, ce en quoi l'ère révolutionnaire se différenciait de l'Ancien Régime. D'abord la citoyenneté civile - liberté de parole, de religion, en bref les droits de l'homme -, puis la citoyenneté politique, avec l'extension du droit de vote à des groupes de plus en plus larges et un régime représentatif ; enfin la citoyenneté sociale s'étendant au droit à la santé, au bien-être et à l'instruction. La première l'emporta grâce à la révolution de 1789 ; la deuxième prit un nouvel élan avec celle de 1848 ; la troisième n'aboutit qu'avec l'Etat-providence, au milieu du XXe siècle, et elle paraît désormais menacée.

La France du XXe siècle a dit « non » plusieurs fois à ceux qui mettaient en cause les figures de la citoyenneté. Ce refus prend corps et consistance au lendemain du 6 février 1934, année de la tentative avortée des ligues factieuses d'extrême droite de mettre fin au régime parlementaire. Le sursaut patriotique qu'incarne de Gaulle dès le 18 juin 1940, son respect intransigeant des principes et us de la République, en 1944-1946, le mettent à l'abri, en 1958, et malgré la réalité du coup d'Etat, des accusations de césarisme qu'un moment la gauche porte contre lui. Ces soupçons cessent d'eux-mêmes après la tentative de putsch des généraux (1961), lorsque, face à l'extrémisme nationaliste représenté par M. Jean-Louis Tixier-Vignancour et M. Jean-Marie Le Pen, le pays approuve par référendum, avec 75 % des suffrages, l'autodétermination des Algériens et, par 90 % des voix, les accords d'Evian (1962). A cette mouvance, qui s'était exprimée en 1934, puis à Vichy, puis en 1961 à Alger, et enfin en 2002, avec la présence de M. Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, les Français ont toujours dit « non ».

Bien plus ancrée dans le passé, jusque dans l'Ancien Régime, figure la volonté de dissocier l'Etat d'avec la papauté, d'avec l'Eglise. Ainsi, dès les lendemains de la mort de Jeanne d'Arc, Charles VII promulgue la Pragmatique Sanction de Bourges loi qui limite les prérogatives du pape en France. A nouveau, après l'abjuration du futur Henri IV - sorte de gage de l'unité de la nation après ce temps des troubles appelé après-coup guerres de religion -, les Parlements refusent de reconnaître les actes du concile de Trente, charte de la contre-réforme catholique.

Plus tard, avec la révolution de 1789, la constitution civile du clergé fait reposer le service des prêtres sur l'élection et un serment de fidélité à l'Etat, mesure perçue par l'Eglise comme une agression. Avec la fin de l'Empire, en 1815, bien qu'une bonne partie des Français continue de dire « non » à une inspiration chrétienne de la politique portée par l'ultramontanisme, cette vision reprend de la vigueur. Au XIXe siècle, certains espèrent reconstruire l'unité de l'Europe chrétienne autour de la papauté - projet que, plus tard, ne reniera pas Pie XII (1939-1958). L'antipapisme, assoupi, se réveille alors, se superposant à un anticléricalisme toujours plus ou moins présent depuis la fin du Moyen Age et l'époque de la Réforme. La réaction contre cette tentation de l'Eglise de redevenir un Etat dans l'Etat suscitera des excès vengeurs pendant la Commune de Paris (1871). « Le cléricalisme, voilà l'ennemi » clamera Gambetta. Cette formule, devenue le guide politique de la IIIe République à ses débuts, aboutira en 1905 à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, ainsi qu'à l'instauration de la laïcité.

Au lendemain de la Grande Guerre, quand le Parti radical, au faîte de son influence, a pour mot d'ordre « Ni Rome, ni Moscou », la Rome ainsi visée n'est pas celle du fascisme, mais celle du Vatican. C'est aux manifestations d'ingérence de l'Eglise dans les affaires de la France républicaine que la grande majorité des Français dit « non ». « Non à Rome, non à Moscou » : ce dernier interdit était suscité par le succès des bolcheviks en 1917, qui avait réveillé l'élan révolutionnaire apparu au XIXe siècle. Porté par une idéologie socialiste ou libertaire, le mouvement ouvrier avait contribué à la résurrection des idéaux de 1789, avait renoué avec eux en 1830, 1848, 1871, puis avait été brisé par la première guerre mondiale.

En éclatant, la grande guerre avait fait perdre au mouvement révolutionnaire ses armes, puisqu'il n'avait pas utilisé la grève générale pour l'empêcher ; ses arguments, puisque la guerre obéissait à des raisons qui n'étaient pas essentiellement d'ordre économique, comme il voulait le croire ; sa légitimité, puisque les citoyens, malgré leurs serments pacifistes de la veille, coururent sus à l'ennemi. Le succès d'Octobre ravive ses espérances, d'autant que la révolution affirme sa vocation à s'étendre au reste du monde, ce que proclame la nouvelle Internationale créée par Lénine.

Mais, en France, une bonne partie des socialistes, emmenée par Léon Blum, rejette l'adhésion à la IIIe Internationale, à cause de sa pratique du centralisme dit démocratique et de la juxtaposition en son sein d'organes publics et clandestins. Si une large frange du monde réformiste dit « non » à Moscou, à la terreur d'Etat, bien des communistes s'en détachent aussi, désemparés par la stratégie de Staline : en 1936, où il pousse au réarmement ceux qui, la veille, étaient pacifistes ; en 1939, lors du pacte germano-soviétique ; encore en 1944, en imposant au Parti communiste français de collaborer avec de Gaulle et de participer à un gouvernement « bourgeois ».

Plus tard, l'excommunication de Tito, les événements de Budapest, Poznan et Prague, la révélation de l'existence du goulag - dont on avait voulu ignorer l'existence avant guerre - parachèvent le rejet de Moscou comme pilote, et de son régime comme modèle, quel qu'ait pu être le prestige de Staline et de ses armées à l'heure de la victoire sur le nazisme. La faillite du régime soviétique laisse un goût de cendres à tous ceux qui pensaient le voir au moins continuer à jouer le rôle de mentor protecteur de tous ceux dont les droits sociaux pouvaient être menacés. Mais l'effet de souffle de cette faillite atteint la version molle du modèle socialiste, certains des leaders sociaux-démocrates abandonnant leur vocation à contrôler la gestion de l'économie, l'un des fondements de leur légitimité.

Autres mondes

Le Monde Diplomatique - Sat, 06/05/2017 - 21:05

La peur s'infiltre dans les moindres recoins, se répand à travers les frontières, paralyse les meilleures volontés. Attentats terroristes, prolifération nucléaire, réchauffement de la planète, tsunamis, cyclones, grippe aviaire : une menace chasse l'autre à la « une » des médias. Pourtant, hier encore, voilà un peu plus d'une décennie, la chute de l'Union soviétique soulevait l'espoir d'un nouvel ordre international, d'une humanité enfin libérée de sa condition. Désormais, personne ne croit plus ni aux lendemains qui chantent, ni au libéralisme triomphant paré de tant de promesses non tenues.

Orphelins d'un siècle que certains réduisent à des génocides et à des massacres, nous sommes guettés par l'abattement. Peut-on encore changer le monde ? Faut-il vraiment s'y atteler ? Existe-t-il un programme global de transformation ? Ceux-là mêmes qui ne peuvent plus défendre le bilan du libéralisme réellement existant haussent les épaules, faussement accablés : « C'est le monde tel qu'il est, il faut se résigner. »

Les programmes permettant de guider l'humanité vers un avenir « clés en main » sont discrédités. Pourtant, de nombreuses réflexions et, surtout, une multitude d'actions à travers la planète offrent des pistes plus prometteuses qu'on ne le pense généralement. En témoigne Internet, souvent présenté comme le nec plus ultra de la modernité libérale, le « lieu » où, enfin, des individus isolés peuvent agir selon les règles du marché pur, sans intermédiaire, sans lien social. « La société n 'existe pas » proclamait l'ancien premier ministre britannique, Mme Margaret Thatcher. Des prophètes annonçaient que la Toile allait enfermer les individus dans des bulles.

Pourtant, parallèlement aux monopoles comme Microsoft ou Google, et contre leurs tentatives d'assujettir la Toile au marché, des pratiques neuves ont émergé, notamment celle des logiciels libres (1), des pratiques que personne n'avait anticipées. Pourquoi des programmeurs laissent-ils « libres » leurs inventions, les font-ils circuler ? Pourquoi acceptent-ils de ne pas en profiter ? Voilà ce que les tenants de la marchandisation du monde ne saisissent pas. « Il est d'ordinaire difficile de comprendre explique un professeur de droit à Stanford, pourquoi quelqu'un abandonnerait quelque chose qui a de la valeur. Mais cette difficulté tient au fait que, de manière générale, donner signifie avoir moins soi-même. Mais les logiciels, et plus généralement la connaissance, ne sont pas comme de la nourriture : quand je vous apprends comme installer Word sur votre ordinateur, je ne perds pas cette connaissance moi-même. » Et de poursuivre que non seulement on ne renonce à rien, mais qu'on y gagne : en apprenant aux autres à se servir de son logiciel, en leur permettant de l'améliorer - « Plus il y aura de personnes qui sauront se servir d'un logiciel, et plus il aura de valeur pour ses utilisateurs, donc pour son concepteur (2).  »

Cette démarche interroge le « droit de propriété ». On retrouve cette charge subversive dans les luttes qui se sont développées pour l'accès aux traitements antirétroviraux contre le sida. Face à la mobilisation des opinions, face à celle d'un certain nombre d'organisations non gouvernementales, Big Pharma a dû jeter du lest, accepter des limites au sacro-saint droit des brevets. Certes, la bataille sur les médicaments est loin d'être gagnée, mais la volonté de soustraire au « libre marché » des pans entiers de la société s'affirme dans des domaines divers, de la santé à l'eau. Les droits des citoyens doivent passer avant ceux de quelques grandes compagnies et de leurs actionnaires à accumuler des profits.

On aurait tort de percevoir ces mobilisations comme des combats d'arrière-garde, dont le seul but serait de préserver ce qui peut encore l'être des offensives libérales. Quand, en Argentine, des travailleurs prennent le contrôle de leurs entreprises et les remettent en route (3) ; quand, dans le même pays, le gouvernement arrive à renégocier sa dette dans des conditions avantageuses, malgré les critiques du Fonds monétaire international (FMI) ; quand, aux Etats-Unis, s'implante un mouvement de luttes contre la concentration médiatique ; quand, en Inde, des paysans obtiennent du nouveau gouvernement une garantie qu'ils pourront, en cas de chômage, être employés pendant cent jours (par an) pour des travaux d'utilité publique, ce sont les fondements même de nos sociétés, leurs règles de fonctionnement, les manières de « vivre ensemble » qui sont secouées. Ces mobilisations remettent l'être humain, notamment les perdants du jeu libéral, au centre des préoccupations.

Mais l'extrême diversité des luttes et des résistances éveille un malaise chez les partisans du changement, surtout ceux qui ont connu un monde bipolaire. Face à un capitalisme de plus en plus mondialisé, n'est-il pas illusoire d'agir localement ? Ne manque-t-il pas un programme global à opposer à la globalisation libérale ?

Cette nostalgie d'un « modèle » s'ancre dans les vieux rêves du XXe siècle, dans une vision de stades de civilisation se succédant, de la barbarie à la lumière, l'Europe (puis l'Occident) représentant le degré ultime du progrès, voué à s'étendre à toute la planète et à effacer tous les archaïsmes locaux ou régionaux, culturels ou religieux. Or c'est la notion même de « progrès » qui semble désormais devoir être mise en question. Imposée par la force durant l'ère coloniale, elle a débouché dans le Sud sur les pires crimes. En Occident, le productivisme industriel et agricole a accéléré la mise en cause des équilibres fondamentaux de la planète, favorisé son réchauffement, encouragé la propagation de nouvelles maladies.

Plus largement, l'uniformisation du monde provoque des réactions de rejet, parfois marquées par le chauvinisme ou par une vision sectaire de la religion. Les peuples ne veulent pas être réduits à un agrégat d'individus consommateurs, pas plus qu'ils n'acceptèrent, hier, les carcans du socialisme réel. Car ils sont le produit d'une histoire et d'une culture, nourrissent leur imaginaire de rêves, de légendes, de mythes. Le mouvement zapatiste puise sa force dans les traditions indiennes du Mexique, il en est imprégné tant dans ses revendications que dans ses modes d'action. En Afrique, la démocratie Imposée selon un modèle présidentiel européen a montré ses limites, quand elle n'a pas débouché sur des guerres civiles ; mais d'autres formes de participation existent, profondément enracinées dans la mémoire et les traditions locales. En Asie, continent dont la puissance économique s'est construite à l'abri d'un protectionnisme sans remords, on cherche aussi à préserver les valeurs de ces sociétés, on débat du confucianisme et de la « modernité ». Partout domine une volonté de maîtriser son destin, de choisir sa propre voie, loin des injonctions du FMI et de la Banque mondiale, loin aussi des « leçons » données par l'Occident au reste de la planète.

Cette apparente hétérogénéité, à condition de s'appuyer sur une vision d'un ennemi global, le capitalisme, peut être un atout. Ce qui peut naître, ce n'est pas un nouveau modèle, mais de multiples autres mondes, échangeant, coexistant, s'enrichissant les uns les autres. Des principes universels se forgeront, se forgent déjà, en commun, autour de la défense des plus démunis, de l'égalité, des droits de chaque personne à une vie enrichissante, du rejet de toute domination - y compris masculine. Ils prendront différentes formes ici et là, contribuant à l'émergence d'une humanité à la fois plus solidaire et plus diverse.

(1) Lire Philippe Rivière, « Logiciels libres : et pourtant, ils tournent », Manière de voir n° 83.

(2) Lawrence Lessig, « Do you Floss ? », London Review of Books, 18 août 2005.

(3) Lire Cécile Raimbeau, « En Argentine, occuper, résister, produire », Le Monde diplomatique, septembre 2005.

Aux origines du présidentialisme

Le Monde Diplomatique - Sat, 06/05/2017 - 21:00

Fondé sur l'élection directe du chef de l'État, le régime présidentiel français découle d'une révision constitutionnelle adoptée par référendum le 28 octobre 1962. De tradition bonapartiste, le général de Gaulle choisit de revenir à un mode de désignation qui, dès sa naissance en 1848, avait posé le problème du respect de la souveraineté populaire par le pouvoir exécutif.

Reproduction de cartes à jouer républicaines de l'époque de la révolution de 1848 Musée de la ville de Paris, Musée Carnavalet, Paris / Archives Charmet / Bridgeman Images

Plusieurs candidats à l'élection française dénoncent la « monarchie présidentielle » et font campagne pour une profonde transformation des institutions, voire pour l'instauration d'une VIe République. Celui de La France insoumise, M. Jean-Luc Mélenchon, s'engage même, s'il est élu, à être « le dernier président de la Ve République ». En prônant la mise en place d'une Assemblée constituante, ce mouvement entend redonner du pouvoir au peuple en suivant les pas des révolutionnaires de la IIe République.

En février 1848, une révolution met fin à la monarchie de Juillet, usée par les scandales et par des pratiques de plus en plus autoritaires. Le gouvernement provisoire veut organiser au plus vite des élections afin de désigner une Assemblée constituante, chargée d'établir les nouvelles règles politiques. Aussitôt, des voix s'élèvent pour dénoncer un processus prématuré et dangereux. Selon le républicain François-Vincent Raspail ou le socialiste Louis Blanc, le peuple ne serait pas prêt : il faudrait l'éduquer avant de lui confier cette responsabilité, arguent-ils, et les mesures sociales doivent précéder les préoccupations politiques. Le 23 avril 1848, une Assemblée est néanmoins élue. Elle compte plus de huit cents membres, dont trois cents anciens représentants monarchistes, « républicains du lendemain ».

La Constitution est préparée en deux temps, au printemps et à l'automne. En mai et juin, le travail est délégué à un « comité de Constitution », composé de dix-huit parlementaires élus après une semaine d'âpres débats. Aux côtés du socialiste Victor Considérant, on retrouve les orléanistes (1) Odilon Barrot et Jules Dufaure, ou encore le conservateur Alexis de Tocqueville. Les postes de président et de rapporteur sont occupés par les républicains modérés Louis-Marie de Lahaye de Cormenin et Armand Marrast. Dès la fin de mai, un projet est envoyé devant les commissions de l'Assemblée, mais les débats ne commencent qu'après les « journées de juin », qui voient s'affronter autour de la fermeture des Ateliers nationaux deux visions de la république : celle d'un régime représentatif et celle d'une « vraie république », démocratique et sociale.

L'idée d'élaborer une nouvelle Constitution ne va pas de soi. Les socialistes et les républicains les plus radicaux souhaitent plutôt mettre en place la Constitution de 1793, ou reprendre des projets préparés dans les années 1830-1840. Le texte de 1793, jamais appliqué (dans l'attente de la paix), prévoit pour la première fois le suffrage universel (masculin) et une démocratie semi-directe, avec une concentration des pouvoirs au profit de l'Assemblée et la possibilité pour le peuple de proposer directement des candidats au conseil exécutif ou de se prononcer sur toutes les lois. Les députés, élus par les « assemblées primaires », sont simplement considérés comme des mandataires, pour une période limitée à un an. Quant aux projets établis sous la monarchie de Juillet, ils visent avant tout à poser des limites à l'exécutif, en trouvant les moyens de le contraindre à reconnaître la souveraineté du peuple et à accepter les réformes sociales nécessaires. La priorité alors accordée au social est telle que, en 1832, dans le programme de la Société des amis du peuple, François-Vincent Raspail ne consacre que quelques lignes à la question du pouvoir exécutif : celui-ci est d'une certaine façon « concédé », mais aussi révocable, non héréditaire et discontinu dans le temps.

L'examen article par article de la Constitution de 1848 se déroule du 4 septembre au 27 octobre. Deux sujets retiennent particulièrement l'attention : la reconnaissance du droit au travail et le monocaméralisme. Le droit au travail apparaît à la fois comme la réalisation de la promesse faite par la République aux ouvriers qui se sont battus contre la monarchie et comme le moyen de résoudre la question sociale. Le libéral Joseph Alcock ne craint pas de parler le 5 septembre d'une « loi de haine, de colère, d'envie et de vengeance ». Son collègue Prosper Duvergier de Hauranne évoque « une voie qui (...) conduit à la destruction de la société ». Proclamée le 25 février par le gouvernement provisoire, cette disposition est considérée par les républicains et les socialistes comme la spécificité de la nouvelle république, selon la formule d'Alexandre Ledru-Rollin : « On a dit : le droit au travail, c'est le socialisme. Je réponds : non, le droit au travail, c'est la République appliquée. »

L'idée d'une chambre unique reprend quant à elle la tradition des Constitutions de 1791 et 1793, en refusant l'existence d'une seconde chambre qui rappellerait la Chambre des pairs des monarchies censitaires ou le Conseil des Cinq Cents et le Conseil des Anciens, les deux assemblées législatives du Directoire. L'amendement préconisant deux chambres est rejeté par 530 voix contre 289. Le mandat des députés est fixé à trois ans.

Le projet du comité de Constitution place à côté de cette assemblée unique un président élu au suffrage universel direct. Pour justifier ce choix, le modèle américain est convoqué : il montrerait qu'un tel système fonctionne et évite les problèmes inhérents à la collégialité telle qu'elle fut incarnée par le Directoire. Il s'agit également d'équilibrer les pouvoirs. À l'unicité de l'Assemblée répond l'unicité de l'exécutif. Seuls deux membres du comité ont plaidé pour un système mixte, où l'Assemblée présélectionnerait cinq candidats.

Élu dans cinq départements, Louis-Napoléon Bonaparte triomphe lors des élections complémentaires du 17 septembre. Ce succès renforce les craintes des constituants qui, comme le député de gauche Félix Pyat, y voient une royauté déguisée. Jules Grévy, député républicain du Jura, prévient solennellement l'Assemblée par un amendement resté célèbre : « Je dis que le seul fait de l'élection populaire donnera au président une force excessive. Oubliez-vous que ce sont les élections de l'an X qui ont donné à Bonaparte la force de relever le trône et de s'y asseoir ? Voilà le pouvoir que vous élevez ! Et vous dites que vous voulez fonder une république démocratique ! Un semblable pouvoir conféré à un seul, quelque nom qu'on lui donne, roi ou président, est un pouvoir monarchique ; celui que vous élevez est plus considérable que celui que vous avez renversé. Il est vrai que ce pouvoir, au lieu d'être héréditaire, sera temporaire et électif ; mais il n'en sera que plus dangereux pour la liberté. »

Pour préserver la république de tels risques, les constituants ont mis en place des garde-fous : l'Assemblée dispose d'une force militaire dont elle fixe elle-même l'importance, et tout acte par lequel le président dissout l'Assemblée, suspend ses travaux ou fait obstacle à l'exercice de son mandat est un crime de haute trahison, qui entraîne sa déchéance. En outre, la Constitution interdit la rééligibilité immédiate du président sortant, ne l'admettant qu'au bout de quatre ans.

Jules Grévy souligne encore les limites de cette précaution : suffira-t-elle à contrer l'ambition d'un homme qui souhaiterait rester au pouvoir et ferait pendant son mandat des promesses au peuple qu'il monnaierait contre le renversement de la république ? Ses arguments ne sont pas retenus. Le danger représenté par la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte paraît encore peu plausible, même si certains l'identifient clairement. C'est le cas du député républicain modéré Antony Thouret, élu du Nord, qui propose d'étendre aux Bonaparte l'inéligibilité touchant déjà les membres des autres familles ayant régné sur la France. Mais son amendement est rejeté, et l'Assemblée décide, par 627 voix contre 130, l'élection du président de la République au suffrage universel.

À aucun moment il n'est fait mention des limites de ce suffrage « universel » qui exclut les femmes. Le 4 novembre, la Constitution est adoptée. « En présence de Dieu et au nom du Peuple français », proclame son préambule, tandis que l'article IV dispose que la République « a pour principe la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public ». On est déjà loin de la république démocratique et sociale rêvée par les ouvriers au printemps 1848. Les « journées de juin » ont consacré l'écrasement des révolutionnaires par la troupe.

Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu par 5 434 226 voix. Son plus proche rival, Eugène Cavaignac, n'en recueille que 1 448 107, et le candidat socialiste François-Vincent Raspail seulement 37 000. Si le nouveau président incarne la continuité de la légende napoléonienne, il apparaît également comme un homme neuf, qui n'appartient à aucun parti. Auteur d'une brochure teintée de socialisme utopique (De l'extinction du paupérisme, 1844), ce candidat « attrape-tout » séduit une partie de l'électorat de gauche. Défenseur de l'ordre, de la famille, de la religion, de la propriété, il bénéficie du soutien de la droite monarchiste, du « comité de la rue de Poitiers ». Adolphe Thiers, l'un de ses éminents représentants, est persuadé qu'il sera aisé de le manipuler. « C'est un crétin que l'on mènera », aurait-il déclaré.

La question de l'échéance de 1852 devient cruciale en 1851, année préélectorale singulière : il n'y a pas de candidats déclarés, si ce n'est le président sortant, qui ne peut se représenter. Les autres prétendants sont hostiles à la république, comme le général monarchiste Nicolas Changarnier, ou discrédités, comme Cavaignac, l'homme de la répression de juin 1848, candidat malheureux en décembre 1848. Bien peu sont ceux qui attendent de ce scrutin un résultat positif. Déjà peu convaincus de la nécessité d'un exécutif unique, voire par le suffrage universel, certains républicains prônent toujours l'adoption d'autres formes de gouvernement, plus proches d'une démocratie directe. Victor Considérant déclare que « la solution, c'est le gouvernement du peuple par lui-même » ; Ledru-Rollin se prononce pour un retour à la Constitution de 1793 et la suppression de la fonction présidentielle.

L'élection de mai 1852 n'aura finalement pas lieu. Louis-Napoléon Bonaparte raye cette échéance par le coup d'État du 2 décembre 1851. La répression parisienne fait 400 morts ; 30 000 arrestations ont lieu en France ; l'état de siège est institué dans un tiers du pays. Louis-Napoléon décide cependant d'une élection présidentielle au suffrage universel, sous la forme d'un plébiscite organisé à peine quinze jours plus tard. Sept millions de Français disent « oui » à cet appel au peuple ; 640 737 courageux votent « non », surtout à Paris. Outre le climat de répression et de terreur, la fraude est patente. On compte tout de même un million et demi d'abstentionnistes. Bon nombre de républicains pensent comme George Sand que « sans tout cela » le peuple aurait voté de la même manière. La restauration de l'empire un an plus tard consacre le retour d'un monarque et achève de discréditer le principe de l'élection du président au suffrage universel pour... un siècle. Dans Napoléon le Petit, pamphlet écrit en exil, Victor Hugo se prend à imaginer que le deuxième dimanche de mai 1852 aurait pu être un dimanche calme « où le peuple serait venu voter, hier travailleur, aujourd'hui électeur, demain travailleur, toujours souverain ».

(1) Partisans de la monarchie constitutionnelle instaurée par Louis-Philippe d'Orléans en juillet 1830.

The EU at 60: Between Globalism and Nationalism

Foreign Policy Blogs - Sat, 06/05/2017 - 14:07

Sixty years after the 1957 signing of the Rome Treaties, on March 25, leaders of 27 EU member states united in Rome to celebrate the anniversary. Britain did not send a representative. The event took place in the midst an existential crisis that has infested the European project. Yet, despite all the pessimism that surrounds the European project, the meeting in Rome showed that leaders remain committed to a strong EU-27 that will play a major role in the 21st century international system. The success of this scenario is contingent upon a concrete internal reform program that includes all layers of society.

The problems facing the European Union since 2008 resulted from a combination of crisis mismanagement, partial institutional failure, and a highly unstable international environment. While these factors are closely intertwined, the focus of attention has gradually shifted to the last of these three issues. The alleged “end of history”, which invested neoliberal thought as the dominant and dominating narrative of the current world order and gave the European project a special momentum in the early 1990s, now seems to turn against its inventors.

Within Europe, the resulting sentiment of confusion and defeat has produced new societal divides that defy the traditional left-right spectrum. Denouncing the negative consequences of globalization, populist forces have emerged as part of the European political landscape. In their quest for power, populist parties prescribe protectionism and the reestablishment of national sovereignty as panacea to all of the EU’s ills.

In so doing they contribute to the widening ideological chasm between globalists on the one side and nationalists on the other. If the EU fails to address these divides as part of a larger reform process, the Union is likely to become bereft of both its cosmopolitan ideals and republican identity.

Aware of the looming danger, EU leaders portrayed the celebrations in Rome “as the beginning of a process for the EU-27 to decide together on the future of their Union.”[1] The message to which the 27 Heads of States committed to when signing the Rome Declaration, is clear: “Europe”, as Council President Donald Tusk put it in a statement reminiscent of the revolutionary language of a Benjamin Franklin, “as a political entity will either be united, or will not be at all. Only a united Europe can be a sovereign Europe.” Tusk shows himself expressively defiant, battling on two fronts—the domestic and the international—when making the case for unity being the requirement for stability, prosperity, and sovereignty.

After three days of high level exchanges in Rome, the EU-27 in their final declaration confirmed Tusk’s position and simultaneously acknowledged Europe’s declining influence on the international scene when stating that “taken individually, we would be side-lined by global dynamics. Standing together is our best chance to influence them, and to defend our common interests and values”.

Unity is portrayed as Europe’s last chance to remain at the table of the world’s major powers. For Europe’s leaders, the EU needs to overcome internal divisions to show external strength. The same message of unity was put to the forth more recently during the first EU Council summit meeting without a UK Prime Minister, during which the remainers agreed on “how to go into Brexit negotiations, set to start in June”. After the meeting, Council President Juncker shared his optimism by tweeting, “Unity in action:#EU27 adopt #Article50 Guidelines in less than 15 minutes. #Brexit”.

Transforming this abstract concept of unity into palpable policies is feasible, yet will take more time and energy than Juncker’s hashtagged tweet suggests. Most importantly, leaders need to concede that the concept of unity cannot be reduced to its intergovernmental meaning, referring to consensus among national governments. The functionalist logic according to which the forces of trickle down and spill over will eventually satisfy the European people as long as political elites agree has proven dangerously wrong.

In other words, it is not enough if the executive branches of the EU-27 are in agreement whilst representatives in national parliaments and citizens continue blaming Brussels for their relative deprivation. Instead, unity must be achieved along both the horizontal and the vertical dimensions of the public sphere, recognizing the needs of Europe’s diverse dêmoi. Only in so doing, the EU-27 will be able to defy populists and disintegrationists.

The challenge is huge. Even if Marine Le Pen is defeated in the second round of the French presidential elections on May 7, thus undermining populist momentum, the tasks the EU has to deal with in the immediate are still colossal:

The EU faces a rising current of populist nationalism in the eastern half of the bloc that puts its democratic values in question. It must deal with Russian aggression and with the flow of migrants across the Mediterranean. The architecture of the eurozone does not work as well as it should and its economic recovery remains uneven. Greece’s debts are still unsustainable; and Britain’s departure will inevitably consume energy and alter the balance of power between member states. [2]

To overcome these problems, the EU-27 agreed on a four-point strategy that envisions a safe and secure Europe, a prosperous and sustainable Europe, a social Europe, and a stronger Europe on the global scene. All four propositions place the European citizen at the heart of the solution. While it is too early to offer a final assessment of a reform that is projected to be realized by 2025, it is striking to see how much emphasis is being put on the military and security dimensions of the Union.

This move confirms earlier attempts of the European Union to refashion its identity as a new and powerful security provider on the international scene. Once and for all European leaders seem determined to bid farewell to the notion of Europe being “merely” a normative power. Instead, they acknowledge the existence of a Hobbesian anarchy and the need for hard power as the ultimate means to assure the survival of the Union. Being a “soft power”, the Commission argues, “is no longer powerful enough when force can prevail over rules”.

Whilst developing common hard power capabilities might indeed help strengthen the EU’s role in the world, leaders should be careful not to undermine Europe’s other commitments to global governance and cosmopolitan rule of law, two of the pillars that have made the EU the actor it is today.

Whilst the current phase of reflection and debate is crucial, the EU cannot stop there. It needs to rally the European people behind specific ideas that allow citizens to identify with this abstract supranational polity. As the Financial Times put it in a recent commentary, “far more important will be rekindling public enthusiasm for the EU. The original architects of the European union combined dry, technocratic pragmatism with a fervent belief, founded in personal experience, in Europe as a political project. This emotional attachment has largely been lost.”

Politicians carry a responsibility to defend the European project and to help create a Europe that speaks to its citizens and is carried not only by elites but also by the people. In order to achieve this situation, Europe needs to become the discursive environment that embeds all other debates. European citizens need to regain trust in this political project that governs so many aspects of their daily lives but seems too distant all the same. In other words, what is needed is a Europe of the people, by the people, and for the people.

Of course, defense is not the only issue area the EU can nor should consider when reinventing its identity as a 21st century superpower. Lots can be gained from constructing a new pan-European identity around issues such as renewable energies, smart cities, improved mobility, the promotion of efficient yet regulated market economies, and the image of a responsible third force be it in the UN or as a powerful member of the global financial institutions.

From a foreign policy perspective, for the EU to remain a successful and credible actor in the international system it eventually must transcend the nation-state. None of the other future scenarios the European Commission considered in a recent White Paper, such as a European Union of different speeds, a European Union re-centered on the single market, or a European Union of opt-outs and cherry-picking are likely to defend Europe’s place in the world to the same extent and with the same effectiveness as a federal Europe.

The transformation of the EU into a new political community transcending the nation-state is the toughest of the tasks lying ahead and likely to lead to major resistance on the part of the member states and their constituents.

However, the outlook for the future of “the only converging meta-national continental arrangement of its kind in the world” is brighter than most analysts currently are ready to admit. The EU experienced substantial crises before and pundits predicted its failure many a time. For sure, the EU needs to undergo a process of thorough reform and address the numerous flaws of its present institutional set-up, but if done so properly, the EU will remain an important global player in the future.

[1] European Commission. 2017. White Paper on the Future. Available at: https://ec.europa.eu/commission/sites/beta-political/files/white_paper_on_the_future_of_europe_en.pdf, accessed on 5 May 2017, p.26.

[2] Financial Times. 2017. The EU has much to celebrate – and to do. Available at: https://www.ft.com/content/7c6116ac-1084-11e7-b030-768954394623, accessed on 5 May 2017.

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The EU at 60: Between Globalism and Nationalism

Foreign Policy Blogs - Sat, 06/05/2017 - 14:07

Sixty years after the 1957 signing of the Rome Treaties, on March 25, leaders of 27 EU member states united in Rome to celebrate the anniversary. Britain did not send a representative. The event took place in the midst an existential crisis that has infested the European project. Yet, despite all the pessimism that surrounds the European project, the meeting in Rome showed that leaders remain committed to a strong EU-27 that will play a major role in the 21st century international system. The success of this scenario is contingent upon a concrete internal reform program that includes all layers of society.

The problems facing the European Union since 2008 resulted from a combination of crisis mismanagement, partial institutional failure, and a highly unstable international environment. While these factors are closely intertwined, the focus of attention has gradually shifted to the last of these three issues. The alleged “end of history”, which invested neoliberal thought as the dominant and dominating narrative of the current world order and gave the European project a special momentum in the early 1990s, now seems to turn against its inventors.

Within Europe, the resulting sentiment of confusion and defeat has produced new societal divides that defy the traditional left-right spectrum. Denouncing the negative consequences of globalization, populist forces have emerged as part of the European political landscape. In their quest for power, populist parties prescribe protectionism and the reestablishment of national sovereignty as panacea to all of the EU’s ills.

In so doing they contribute to the widening ideological chasm between globalists on the one side and nationalists on the other. If the EU fails to address these divides as part of a larger reform process, the Union is likely to become bereft of both its cosmopolitan ideals and republican identity.

Aware of the looming danger, EU leaders portrayed the celebrations in Rome “as the beginning of a process for the EU-27 to decide together on the future of their Union.”[1] The message to which the 27 Heads of States committed to when signing the Rome Declaration, is clear: “Europe”, as Council President Donald Tusk put it in a statement reminiscent of the revolutionary language of a Benjamin Franklin, “as a political entity will either be united, or will not be at all. Only a united Europe can be a sovereign Europe.” Tusk shows himself expressively defiant, battling on two fronts—the domestic and the international—when making the case for unity being the requirement for stability, prosperity, and sovereignty.

After three days of high level exchanges in Rome, the EU-27 in their final declaration confirmed Tusk’s position and simultaneously acknowledged Europe’s declining influence on the international scene when stating that “taken individually, we would be side-lined by global dynamics. Standing together is our best chance to influence them, and to defend our common interests and values”.

Unity is portrayed as Europe’s last chance to remain at the table of the world’s major powers. For Europe’s leaders, the EU needs to overcome internal divisions to show external strength. The same message of unity was put to the forth more recently during the first EU Council summit meeting without a UK Prime Minister, during which the remainers agreed on “how to go into Brexit negotiations, set to start in June”. After the meeting, Council President Juncker shared his optimism by tweeting, “Unity in action:#EU27 adopt #Article50 Guidelines in less than 15 minutes. #Brexit”.

Transforming this abstract concept of unity into palpable policies is feasible, yet will take more time and energy than Juncker’s hashtagged tweet suggests. Most importantly, leaders need to concede that the concept of unity cannot be reduced to its intergovernmental meaning, referring to consensus among national governments. The functionalist logic according to which the forces of trickle down and spill over will eventually satisfy the European people as long as political elites agree has proven dangerously wrong.

In other words, it is not enough if the executive branches of the EU-27 are in agreement whilst representatives in national parliaments and citizens continue blaming Brussels for their relative deprivation. Instead, unity must be achieved along both the horizontal and the vertical dimensions of the public sphere, recognizing the needs of Europe’s diverse dêmoi. Only in so doing, the EU-27 will be able to defy populists and disintegrationists.

The challenge is huge. Even if Marine Le Pen is defeated in the second round of the French presidential elections on May 7, thus undermining populist momentum, the tasks the EU has to deal with in the immediate are still colossal:

The EU faces a rising current of populist nationalism in the eastern half of the bloc that puts its democratic values in question. It must deal with Russian aggression and with the flow of migrants across the Mediterranean. The architecture of the eurozone does not work as well as it should and its economic recovery remains uneven. Greece’s debts are still unsustainable; and Britain’s departure will inevitably consume energy and alter the balance of power between member states. [2]

To overcome these problems, the EU-27 agreed on a four-point strategy that envisions a safe and secure Europe, a prosperous and sustainable Europe, a social Europe, and a stronger Europe on the global scene. All four propositions place the European citizen at the heart of the solution. While it is too early to offer a final assessment of a reform that is projected to be realized by 2025, it is striking to see how much emphasis is being put on the military and security dimensions of the Union.

This move confirms earlier attempts of the European Union to refashion its identity as a new and powerful security provider on the international scene. Once and for all European leaders seem determined to bid farewell to the notion of Europe being “merely” a normative power. Instead, they acknowledge the existence of a Hobbesian anarchy and the need for hard power as the ultimate means to assure the survival of the Union. Being a “soft power”, the Commission argues, “is no longer powerful enough when force can prevail over rules”.

Whilst developing common hard power capabilities might indeed help strengthen the EU’s role in the world, leaders should be careful not to undermine Europe’s other commitments to global governance and cosmopolitan rule of law, two of the pillars that have made the EU the actor it is today.

Whilst the current phase of reflection and debate is crucial, the EU cannot stop there. It needs to rally the European people behind specific ideas that allow citizens to identify with this abstract supranational polity. As the Financial Times put it in a recent commentary, “far more important will be rekindling public enthusiasm for the EU. The original architects of the European union combined dry, technocratic pragmatism with a fervent belief, founded in personal experience, in Europe as a political project. This emotional attachment has largely been lost.”

Politicians carry a responsibility to defend the European project and to help create a Europe that speaks to its citizens and is carried not only by elites but also by the people. In order to achieve this situation, Europe needs to become the discursive environment that embeds all other debates. European citizens need to regain trust in this political project that governs so many aspects of their daily lives but seems too distant all the same. In other words, what is needed is a Europe of the people, by the people, and for the people.

Of course, defense is not the only issue area the EU can nor should consider when reinventing its identity as a 21st century superpower. Lots can be gained from constructing a new pan-European identity around issues such as renewable energies, smart cities, improved mobility, the promotion of efficient yet regulated market economies, and the image of a responsible third force be it in the UN or as a powerful member of the global financial institutions.

From a foreign policy perspective, for the EU to remain a successful and credible actor in the international system it eventually must transcend the nation-state. None of the other future scenarios the European Commission considered in a recent White Paper, such as a European Union of different speeds, a European Union re-centered on the single market, or a European Union of opt-outs and cherry-picking are likely to defend Europe’s place in the world to the same extent and with the same effectiveness as a federal Europe.

The transformation of the EU into a new political community transcending the nation-state is the toughest of the tasks lying ahead and likely to lead to major resistance on the part of the member states and their constituents.

However, the outlook for the future of “the only converging meta-national continental arrangement of its kind in the world” is brighter than most analysts currently are ready to admit. The EU experienced substantial crises before and pundits predicted its failure many a time. For sure, the EU needs to undergo a process of thorough reform and address the numerous flaws of its present institutional set-up, but if done so properly, the EU will remain an important global player in the future.

[1] European Commission. 2017. White Paper on the Future. Available at: https://ec.europa.eu/commission/sites/beta-political/files/white_paper_on_the_future_of_europe_en.pdf, accessed on 5 May 2017, p.26.

[2] Financial Times. 2017. The EU has much to celebrate – and to do. Available at: https://www.ft.com/content/7c6116ac-1084-11e7-b030-768954394623, accessed on 5 May 2017.

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Outlook for the U.S. Economy is Shaky in the Trump Era

Foreign Policy Blogs - Sat, 06/05/2017 - 13:33

The outlook for the U.S. economy in the next 12 months is a picture of low but steady growth, at least according to U.S. Treasury Secretary Steven Mnuchin. The Treasury Secretary says his department is predicting that it will take the American economy two years to reach an annual growth rate of 3%(of full year growth). This would fit with the post-financial crash pattern for the American economy, which has not grown faster than 3% in any year since the end of the last recession in mid-2009, almost a decade ago.

But storm clouds are gathering on the horizon for the U.S. growth in the first quarter of the Trump presidency has been disappointing, with the first three months of 2017 seeing the weakest first-quarter growth in America in three years. But analysts blamed a mild winter and higher than usual inflation for depressing consumer spending rather than administration policy. But Mnuchin argues that a combination of planned regulation relief measures, tax cuts and a renegotiation of international trade deals which the Trump presidency has planned will see full year growth rise to 3% by 2019.

Opinion is certainly divided over how effective the administration’s plans will be. Critics generally believe they are not ‘revenue-neutral’ and will fail in their objective to get U.S. multinationals to repatriate their profits back to America. If this is the case then the U.S. budget deficit will again start to yawn alarmingly open as Trump struggles to combine implementing his campaign promises on increased infrastructure spending, a higher U.S. defense budget and his famous wall on the Mexican border with his plans to cut federal revenues.

Meanwhile experts worry that the controversial nature of the Trump administration has politicized analysis of the U.S. economic outlook for 2017 and sharply reduced the changes of bi-partisan cooperation on reform. Political opposition to Trump from Congressional Republicans on increased government spending and from progressives on his ‘tax cuts for the rich’ may mean that the White House struggles to pass its agenda. Gridlock in Washington will increase uncertainty about U.S. economic intentions and therefore depress growth in the final three quarters of 2017. All of which means efforts to boost the U.S. economy to 3% annual growth by 2019 could still flounder.

One ominous sign that all is not well in America is the news that Puerto Rico Governor Ricardo Rossello announced on Wednesday May 3 that he was requesting a Title III proceeding from the U.S. territory’s federal financial oversight board. Title III is an an in-court debt restructuring process akin to a U.S. Bankruptcy; the governor’s request comes a day after several large creditors started legal action against the territory’s government for defaulting on $70 billion worth of debts.

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