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Diplomacy & Crisis News

Watch: Trump’s Decision on the Paris Climate Accords

Foreign Policy - Thu, 01/06/2017 - 20:00
Candidate Trump vowed to pull out of the voluntary, global pact -- but even administration insiders are unsure just what he’ll do.

After Putin Visit, Tillerson Snubbed Top EU Official

Foreign Policy - Thu, 01/06/2017 - 19:21
Another day, another diplomatic blunder as U.S.-EU relations take a turn for the worse under Trump.

The Battle to Unearth Iraq’s Mass Graves

Foreign Policy - Thu, 01/06/2017 - 19:17
Thousands of Yezidis slaughtered by the Islamic State are awaiting exhumation. But a row between Baghdad and Erbil has left them in the ground for more than a year.

Contre la loi travail et son monde. Argent, précarité et mouvements sociaux

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 17:51

Parmi les premiers à tenter d'analyser ce qui s'est joué en 2016 lors du mouvement contre la loi travail présentée par la ministre Myriam El-Khomri, ce petit ouvrage, signé par un chercheur précaire, offre plusieurs motifs de réjouissance. D'abord, une belle chronologie nous embarque dans ces « cent vingt jours de Babel », du 9 mars au 5 juillet. Les composantes qui firent la puissance du mouvement y sont dépliées, du caractère inédit des capacités d'organisation des lycéens au désir de rencontres sur la place de la République à Paris, des bases syndicales combatives à la fameuse nouvelle entité, le « cortège de tête ». Deux perspectives politiques s'y expriment : l'une tend à « destituer » les institutions existantes pour reconstituer des formes de vie tenables ; l'autre refuse de les ignorer pour mieux les rebâtir. L'ouvrage conclut en proposant un revenu social inconditionnel, pour sortir du chantage salarial et permettre aux plus précaires, au premier rang desquels il place les populations victimes du racisme, d'imaginer un autre horizon que celui du travail.

Eterotopia, coll. « À présent », Paris, 2016, 104 pages, 13,50 euros.

Nigel Farage Said to Be ‘Person of Interest’ in FBI’s Russia Investigation

Foreign Policy - Thu, 01/06/2017 - 17:42
The Brexit champion is strongly denying the allegations.

Le financement des organisations internationales (Le système budgétaire des Nations unies)

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Voici un livre dont le sujet est singulièrement d'actualité.

Au moment où la Cour de La Haye doit se pencher sur l'un des aspects du problème, celui du financement des opérations militaires de l'O.N.U., et au moment aussi où s'élaborent un peu partout des plans de réforme de la charte de San-Francisco, il peut être intéressant d'avoir en mémoire les conditions dans lesquelles naquit le système actuel de financement, ainsi que de connaître ses avantages et ses inconvénients.

Martinus Nijhoff, La Haye, 1961

Le conflit judéo-arabe (Juifs et Arabes face à l'avenir)

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Le petit-fils de l'émir Abdel-Kader consacre plus de 400 pages aux origines, au déroulement et aux perspectives de solution de la crise latente qui oppose juifs et Arabes dans le Proche-Orient.

Etude nourrie, qui dépasse le cadre que son titre semble lui tracer ; on y trouve en effet, outre un aperçu historique qui remonte à la chute de l'empire romain et ne s'arrête qu'au début de cette année, une analyse critique extrêmement fouillée des régimes plus ou moins factices qui ont sévi dans les pays arabes ces dernières années, aussi bien que des conditions qui ont permis la création de l'Etat d'Israël, ainsi qu'un tableau non moins critique (ce qui surprendra davantage, car il s'allie à une admiration sans faille pour l'Union soviétique) des divers partis communistes de cette région du monde.

Enfin l'auteur analyse les rapports, presque exclusivement indirects, qui s'établissent entre Israël et la révolution algérienne et conclut à la possibilité d'une réconciliation judéo-arabe grâce a la naissance d'une Algérie nouvelle.

Ed. François Maspero, Paris.

Se garder libre

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Le Journal du père Couturier, homme d'une rare culture et d'une grande noblesse d'âme, ami et confident d'artistes contemporains parmi les plus en vue – Matisse, Picasso, Rouault entre autres, – est une lecture enrichissante tant par les propos qu'il rapporte que par ses propres réflexions.

D'un bout à l'autre, ce recueil de pensées et d'anecdotes vraies ne se relâche point ; on aime à se trouver dans la compagnie d'un homme que sa foi aidait à mieux comprendre l'humain, et qui a prouvé par son exemple que le principe de la liberté de l'esprit réside dans la morale, c'est-à-dire dans la libre maitrise de nous-mêmes.

Ed. du Cerf, Paris, 1962.

Le Prince

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Après tant d'autres, voici une nouvelle édition française de l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature politique, que l'on a eu l'heureuse idée de faire suivre de son antithèse : l'Antimachiavel de Frédéric II.

Cette édition se signale par sa présentation élégante et pratique et ses illustrations tirées des eaux-fortes de Piranèse. Une courte et pourtant très complète Introduction d'Yves Florenne permet au lecteur de mieux situer et comprendre l'oeuvre de Machiavel.

Club français du livre, Paris, 1962.

Art et pratique de la diplomatie

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Eminent historien britannique de la diplomatie du dix-neuvième siècle, Sir Charles Webster a réuni dans ce volume, paru peu avant sa mort, plusieurs de ses écrits des trente dernières années.

On y trouve, à côté de ses sujets préférés, des études sur la diplomatie en général, l'élaboration de la charte des Nations unies, l'appareil de la politique extérieure britannique au dix-neuvième et au vingtième siècle, l'emploi de la force dans l'organisation internationale. L'homme d'études et de recherches se double chez lui d'un homme d'expériences : il avait en effet fait partie de la délégation britannique à la conférence de la paix de 1919 et travaillé au Foreign Office.

Ed. Chatto and Windus, London, 1961.

La « Mission à Dantzig »

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Le dernier haut commissaire de la S.D.N. à Dantzig qui fut des premiers à entendre, sans surprise – car il les avait prévus tout en s'efforçant de les prévenir – les premiers coups de canon de la guerre mondiale, M. C.J. Burckhardt, consigne aujourd'hui tous les événements et les éléments de sa mission, avec l'objectivité et la sérénité qu'il mit à la remplir. Il rappelle seulement, sans aucune amertume, avec une discrétion teintée de mélancolique philosophie, que son impartialité lui valut d'être attaqué sur deux fronts, regardé par certains comme un « agent franco-anglais », par d'autres comme un sympathisant nazi.

L'ouvrage de M. Burckhardt est d'une parfaite honnêteté historique, en cela d'abord qu'il ne retouche pas rétrospectivement l'histoire ; l'auteur ne s'y donne pas le rôle trop facile d'un prophète du passé, et publie intégralement ses rapports jusqu'ici inédits, en les commentant. La lucidité du témoin (qui fut acteur, et bien au delà des faibles forces attachées à sa fonction), ses prévisions, ses avertissements n'en sont que plus frappants. De l'observatoire de Dantzig, il prend une vue singulièrement large et claire de ce qui se passe et se prépare à Berlin, à Vienne, à Prague ; de l'impuissance tâtonnante des démocraties ; des louvoiements et du machiavélisme soviétiques ; de la politique ambiguë, illusoire, dangereuse, « vaniteuse de la Pologne du colonel Beck, qui en se faisant, selon la dure parole d'un diplomate anglais, « le chacal de l'Allemagne », préparait son quatrième dépeçage.

La fermeté inflexible et l'intime horreur du nazisme nourris par M. Burckhardt apparaissent dès le seuil du livre, à la veille de sa nomination à Dantzig, quand il fut appelé comme représentant de la Croix-Rouge à visiter les camps de concentration nazis. Après tant d'atroces tableaux qui émoussent, hélas ! la sensibilité, sa peinture prend, par sa date, une vigueur, oserais-je dire : une fraîcheur neuve : alors, un Européen informé pouvait véritablement découvrir, avec quel bouleversement ! cette « institution dont la monstruosité n'était pourtant encore qu'un prélude presque innocent.

Concilier, tenter d'écarter le recours à la violence, gagnet du temps, retarder l'application à Dantzig des lois antisémites, c'est à quoi, pendant deux longues années, s'est employé, pratiquement sans moyens, le haut commissaire de la S.D.N. Et il y a. jusqu'au dernier moment, réussi dans toute la mesure du possible. L'évocation de ses rapports avec les chefs nazis, les portraits qu'il trace de Forster, Greiser, Ribbentrop, Himmler, sont d'un vif intérêt – que surpasse, bien entendu, la « sténographie de ses entretiens avec Hitler, ainsi que ses analyses du personnage. Ce sont des observations cliniques. M. Burckhardt explique comment il a toujours considéré les actions et les réactions du « Führer > comme celles d'un furieux au sens pathologique, d'un aliéné. A partir de là – et de là seulement – on pouvait déduire, deviner, prévoir.

Le plus pathétique de ces dialogues est le dernier. Le 11 août 1939, M. Burckhardt fut transporté dans l'avion personnel d'Hitler jusqu'à l'aire rocheuse de l'Obersaltzberg. Derrière les menaces, les défis, l'assurance (et des prévisions qui se réaliseront avec une triste exactitude), ce qui transparaît c'est l'angoisse de « l'homme du destin » devant la guerre ; un désir panique de causer avec quelqu'un , un Anglais de préférence. Cette fois comme les précédentes, aux crises frénétiques succèdent les silences exténués », les périodes de « calme triste >, les rires spasmodiques, tous les symptômes que M. Burckhardt note et interprète d'un oeil froid. D'étranges confidences aussi, sur le besoin de repos, la nostalgie de n'être qu'un artiste »... L'humour n'est pas absent. A l'extrême pointe d'un « fortissimo intolérable », l'Allemand hurle : « M'entendez-vous ? » – « Très bien », répond tranquillement ie Suisse.

M. Burckhardt est reparti, assuré – il l'est encore – qu'il avait, pour un temps, apaisé le fou, retardé au moins les actes irréparables à Dantzig. Il attribue la ruine de son intervention à un compte rendu de l'entrevue, romancé de façon extravagante, que publia Paris-Soir. Dans le contexte psychologique d'Hitler, un tel article devait amener une réaction infaillible.

Le désintérêt de la Pologne à l'égard de Dantzig et les avertissements signifiés par Beck à M. Burckhardt qu'il ne recevrait de lui aucun soutien pour tout ce qui risquerait de troubler sa collaboration avec Hitler, sont tels, que « mourir pour Dantzig » ne serait pas allé sans quelque dérision, s'il ne s'était agi de tout autre chose que Dantzig. Mais que, dans la lutte pour cette « autre chose », Dantzig eût été le plus mauvais terrain, le livre de M. Burckhardt ne le confirme que trop clairement. On y voit de très près comment la ville « libre » n'aura été que le mur désagréable à nos dos en retraite depuis la Rhénanie et Munich. Pour réviser l'absurde et dangereux statut de Dantzig, que n'a-t-on, comme le suggéra avec insistance le haut commissaire Gravina, saisi l'occasion du passage au pouvoir de Brüning : on fortifiait celui-ci et on coupait l'herbe sous le pied au nazisme. Telle est la conviction de M. Burckhardt : la vue des démocraties si elle avait été moins courte, la face de l'histoire eût été changée.

Editions Fayard, Paris, 1962

LES PAYSANS SOVIETIQUES

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Le problème de l'adaptation du monde rural aux conditions nouvelles n'a pas non plus trouvé sa pleine solution dans les pays capitalistes.

Mais en U.R.S.S. (et aussi dans les démocraties populaires) on sait que la planification a enregistré des échecs spectaculaires. En parfait technicien M. Jean Chombart de Lauwe analyse les diverses structures mises en place en Union soviétique depuis l'avènement du communisme et examine d'un oeil critique l'origine des difficultés de leur application.

Le Seuil, Paris, 1961.

Un peuple de moutons

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Ce livre a déjà été très commenté lors de sa publication aux Etats-Unis.

On sait sans doute déjà que l'un des co-auteurs du Vilain Américain y a tenté de rééditer le succès obtenu par le précédent ouvrage. Mais le dernier n'offre pas le même attrait du sensationnel, car les prétendus dessous de la politique américaine qu'il veut dévoiler sont déjà largement connus du public averti.

Robert Laffont, Paris, 1962.

Explication de l'Espagne

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 12:11

Dans une Europe en pleine expansion économique et en voie de création, l'Espagne fait figure de pays sous-développé, qui n'a pas même accompli sa réforme agraire.

Le peuple espagnol est malade de son passé : son scepticisme général, l'atonie de la classe ouvrière, l'inexistence d'une opposition politique ne s'expliquent, en effet, que par les souvenirs d'une violente guerre civile ayant dégénéré en une dictature paternaliste qui, contrairement au fascisme italien, n'a pas engendré une politique économique de prestige. L'Espagne aurait pu tenter un rapprochement politique et économique avec ses anciennes colonies d'Amérique latine ; elle a préféré la solution de facilité, la servitude envers Washington. Toutefois, dans cet immobilisme Eléna de la Souchère décèle un mécontentement profond qui est mis en lumière par l'agitation sociale de 1951 ou les grèves actuelles et par la littérature espagnole contemporaine.

Grasset, Paris, 1962.

Par M.-F. G.

Malaise dans la représentativité syndicale

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 00:00
La première place conquise par la CFDT, au détriment de la CGT, a bousculé le paysage syndical dans le secteur privé. De là à en conclure que les salariés rejettent le « syndicalisme de contestation » et plébiscitent un « syndicalisme de compromis », il y a pourtant un pas qu'il serait erroné de franchir. (...) / , , , , - 2017/06

« Années de plomb » ou décennie de subversion ?

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 00:00
Écrit par le romancier et poète Nanni Ballestrini et par Primo Moroni, dont la librairie milanaise fut un haut lieu du militantisme extraparlementaire, publié une première fois en 1988, l'ouvrage La Horde d'or a une histoire aussi mouvementée que son sujet. Remanié et complété en 1997 par Sergio (...) / , , , , , , , , - 2017/06

Perec, le refus du désenchantement

Le Monde Diplomatique - Thu, 01/06/2017 - 00:00
Les œuvres de Georges Perec (1936-1982) sont désormais dans la Bibliothèque de la Pléiade : « tous les textes publiés du vivant de l'auteur », de 1965 à 1982, qu'on peut « penser-classer » selon les quatre champs par lui labourés, et qu'il énumère dans ses Notes sur ce que je cherche de 1978 : (...) / , , , , , , - 2017/06

Cuves nucléaires

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:05

L'article d'Agnès Sinaï « Le talon d'Achille du nucléaire français » (mai) a suscité des réactions contradictoires. Affirmant que « tout est vrai », M. Jacques Terracher entend ajouter plusieurs points.

La teneur mesurée dans les ségrégations est de 0,30, soit presque le double de la teneur normalisée, ce qui explique l'importante dégradation de la résilience. La valeur de la résilience de la cuve EPR a été mesurée à 36 joules par centimètre carré alors qu'elle devrait être supérieure à 60. C'est la première fois que cette valeur est publiée. Elle prouve que l'acier n'est pas conforme à la norme. L'ASN [Autorité de sûreté nucléaire] le sait, d'où ses hésitations à annoncer sa décision.

Pour les générateurs de vapeur remis en service après examens au début de l'année, le problème est exactement le même : les aciers (du même type avec une très faible différence de teneur en carbone) ne sont pas conformes. EDF a masqué le défaut (...).

La Commission européenne a autorisé l'État français à recapitaliser Areva pour une valeur de 4,5 milliards d'euros à condition que l'Autorité de sûreté nucléaire déclare la cuve de l'EPR bonne pour le service. Lourde responsabilité pour l'ASN.

D'autres lecteurs ont trouvé cette enquête trop « à charge ». M. Gérard Petit, retraité du secteur nucléaire, considère notamment que le démarrage imminent des réacteurs de Taishan, en Chine, démontrera la faisabilité du concept EPR. Il précise plusieurs points et propose d'autres interprétations.

Mon propos est d'abord de m'étonner qu'à partir d'un fait avéré, certes révélateur de carences techniques et organisationnelles, on puisse décrédibiliser toute une industrie et lui dénier un futur.

Je comprends bien qu'un tel événement, déjà largement médiatisé, et présenté à raison comme le énième ennui de l'emblématique EPR, donne aux adversaires de l'électronucléaire l'occasion de pousser leur avantage.

Même pour des ingénieurs familiers de ces techniques, comprendre l'origine des écarts et en apprécier l'importance pour la tenue des pièces concernées n'a rien de trivial, entre autres parce que plusieurs disciplines pointues sont en en interaction.

Ce n'est évidemment pas une raison pour renoncer à informer sur la situation. Si l'auteure de l'article appréhende avec talent le Meccano industriel autour du nucléaire, elle est moins au fait des questions techniques sous-jacentes qui souvent le déterminent. (...)

Des chiffres mentionnés mesurant la résilience (36 joules mini, 52 joules moyenne) sont qualifiés de « désastreux » comparés à la valeur réglementaire de 60 joules, un vocable sans nuance qui n'a pas grand sens, celui, utilisé plus loin, d'écart « de premier ordre » étant plus pertinent. (...)

On coule d'abord des lingots, et c'est ensuite qu'ils sont forgés. C'est durant le refroidissement des lingots massifs que se créent les hétérogénéités dans le matériau et donc celles, plus grandes qu'attendu, qui nous occupent ici. (...)

Plus loin est évoquée la diminution de la résilience des pièces sous l'effet du bombardement neutronique, ce qui est exact et pilote d'ailleurs la durée de vie des cuves, sauf que couvercle et surtout fond de cuve ne voient pratiquement pas de neutrons.

Par ailleurs, l'arrêt d'urgence d'un réacteur, une situation normalement rencontrée en exploitation, ne crée pas de contraintes fortes sur les matériaux. La situation est différente si l'injection de sécurité est déclenchée, une situation beaucoup moins fréquente et qui d'ailleurs sert de référence pour l'étude de la propagation de fissures dans le matériau. (...)

Plus loin, on cite Bernard Laponche, qui qualifie de « complexité sans fin » ce qui n'est qu'un phénomène inhérent à tout processus de fonderie-forgeage, qu'il faut bien sûr encadrer par des critères. Avec de tels considérants, on n'aurait jamais fait le programme nucléaire, et c'était d'ailleurs son vœu.

Plus loin, il est fait mention de nombreux générateurs de vapeur du parc nucléaire existant nécessitant des investigations supplémentaires. À ma connaissance, celles-ci ont été menées et ont permis à tous les réacteurs concernés de redémarrer, sauf deux dont Fessenheim 2, cas développé plus loin.

Le grand carénage, qui devrait permettre aux centrales ayant atteint quarante années de fonctionnement de prolonger leur fonctionnement au-delà pour dix, voire vingt ans, est présenté comme exclusivement coûteux, alors que c'est un potentiel considérable de production de courant décarboné par des machines dotées d'un niveau de sûreté commensurable avec celui de l'EPR.

Quant à l'impossibilité de remplacer certains composants, typiquement la cuve et l'enceinte de confinement, c'est bien sûr en connaissance de cause que les prolongations précédentes sont programmées, l'évolution des potentiels de ces composants étant d'ailleurs, avec les considérations économiques, le paramètre pilote.

On parle plus en aval d'une pression qu'EDF et Areva exerceraient sur l'ASN (implicitement en la mettant devant le fait accompli...). S'il est vrai qu'une décision-couperet serait lourde de conséquences, il n'y a pas de raison de penser que l'ASN se déroberait, surtout dans le temps présent, où le nucléaire n'a pas le vent en poupe.

Enfin, je ne vois vraiment pas en quoi la construction dans des délais remarquablement courts et l'exploitation sans à-coups majeurs de près de soixante réacteurs assurant depuis des lustres un approvisionnement électrique fiable, bon marché et décarboné du pays constituent une « arrogance techniciste », pas plus que le fait d'avoir imaginé un nouveau réacteur, l'EPR, conçu comme ne pouvant être ni agressé ni agresseur. Après un trop long temps de latence et des réorganisations industrielles dommageables, il s'est hélas révélé plus difficile à construire qu'escompté, sauf en Chine...

Pauvreté, couteau entre les dents, génies du bien, souverainistes, impasse universitaire

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:04
Pauvres chez les riches

Passé de 10 % en 2000 à 16,7 % en 2015, le taux de pauvreté en Allemagne inquiète le Fonds monétaire international (FMI), qui propose pour le réduire de bonnes vieilles recettes.

En dépit d'un filet de sécurité sociale bien développé et d'une hausse de l'emploi au cours des dernières années, le risque relatif de pauvreté fait l'objet d'une attention soutenue. L'inégalité des revenus (mesurée par le coefficient de Gini) est restée largement stable au cours de la dernière décennie et se situe près de la médiane européenne. Néanmoins, on observe une augmentation du taux de risque de pauvreté. (...) Si le risque de pauvreté ne reculait pas, il faudrait prendre en considération un passage en revue du ciblage et de l'efficacité de certains avantages sociaux. Les politiques de lutte contre la pauvreté devraient viser à préserver la réussite des réformes passées du marché du travail. FMI, Conclusions de la mission de consultation de 2017 au titre de l'article IV, 15 mai. Couteau entre les dents

Dans un article consacré à la droite américaine, Doug Henwood décrit une réception donnée à New York par un riche avocat à la fin du XIXe siècle.

En février 1897, l'avocat Bradley Martin et sa femme Cornelia organisèrent un bal costumé au très chic hôtel Waldorf Astoria. Le banquier J. P. Morgan se déguisa en Molière. L'homme d'affaires John Jacob Astor s'habilla en Henri de Navarre ; il portait une épée recouverte de joyaux. Pas moins de cinquante femmes s'étaient déguisées en Marie-Antoinette — et Mme Martin portait un collier qui avait appartenu à la famille royale. Mais les hôtes étaient si inquiets que des « hommes de tendances socialistes » puissent interrompre les festivités qu'ils disposèrent des agents de sécurité autour de l'hôtel et qu'ils firent fermer les fenêtres du rez-de-chaussée à l'aide de clous. Le luxe extravagant de ce bal suscita un tel tollé dans la population que la famille Martin déménagea en Angleterre peu après la réception.

Comparons avec la fête donnée en 2007, au Park Avenue Armory, pour les 60 ans du financier Stephen Schwarzman — l'homme qui possède le plus grand salon de Manhattan. Mille cinq cents de ses amis les plus proches étaient invités et le chanteur Rod Stewart assurait l'animation. Le principal souci de sécurité concerna alors les paparazzis. « From Margins to Mainstream », Jacobin, 10 février.

Génies du bien

Les émissions américaines de fin de soirée ont-elles indirectement joué en faveur de l'élection de M. Donald Trump en multipliant les signes d'élitisme et de racisme de l'intelligence ? C'est ce que suggère Caitlin Flanagan dans The Atlantic.

Lorsque John Oliver déclara aux téléspectateurs que, s'ils étaient opposés au droit à l'avortement, ils feraient mieux de changer de chaîne jusqu'à la dernière minute de l'émission, où on leur montrerait « une adorable bande de paresseux [l'animal]  », il synthétisait parfaitement la tonalité de ces shows : l'idée que lui et ses admirateurs sont moralement et intellectuellement supérieurs à ceux qui défendent l'une ou l'autre des croyances politiques de droite. (...) Bien que destinés aux personnes distinguées des États démocrates, ces spectacles sont une involontaire mais puissante forme de propagande pour les conservateurs. Lorsque les républicains entendent ces moqueries cinglantes — dont l'écho se répercute dans les journaux télévisés du matin et les commentaires des clips viraux du jour —, ils n'y voient pas seulement l'œuvre d'une poignée de comiques qui les parodient. Ils voient HBO, Comedy Central, TBS, ABC, CBS et NBC. En d'autres termes, ils voient exactement ce que Donald Trump leur a enseigné : tout le paysage médiatique les déteste, eux ainsi que leurs valeurs, leur famille et leur religion. Dès lors, il n'est pas illogique qu'ils en viennent à imaginer que les « vraies » émissions d'information sur ces chaînes sont dirigées par des personnalités ayant le même parti pris. « How Late-Night Comedy Fueled the Rise of Trump », mai. Souverainistes irréconciliables

Donnée largement gagnante des futures élections provinciales par les sondages, une alliance entre le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) a été refusée par les délégués de ce parti, explique Le Devoir.

La membre du comité antiraciste Dalila Awada a convaincu ses consœurs et confrères de ne pas succomber au « chant des sirènes des gains électoraux » en misant sur des pactes de non-agression avec le PQ afin d'accroître le nombre de députés solidaires à l'Assemblée nationale. « On a tous et toutes très hâte que QS ait une plus grande marge de manœuvre pour travailler. On le mérite. On est rendus là. Mais, pour les communautés racisées au Québec, l'ennemi est double. Il s'incarne à la fois dans le néolibéralisme et dans le racisme. Le Parti québécois, aujourd'hui, porte en lui ces deux bêtes », a-t-elle déclaré durant le débat. « Les délégués de Québec solidaire refusent de s'allier aux péquistes », 21 mai. Impasse universitaire en Algérie

Jugeant l'université algérienne impossible à réformer en raison « de la corruption, de la violence et de la cooptation » qui y sévissent, le sociologue algérien Nacer Djabi annonce sa décision de la quitter. Le quotidien francophone El Watan y voit la fin d'une génération de penseurs qui n'a jamais cessé de résister à la régression scientifique.

Il est de cette génération pleinement engagée dans la production d'un discours critique sur l'état du pays. « Cette mise à mort est un choix politique des décideurs, parce que moins coûteux. Il arrive à l'université ce qui est arrivé aux entreprises publiques qu'on a fini par brader et vendre au dinar symbolique », constate implacablement Nacer Djabi. Une orientation qui révèle un choix stratégique d'avenir pour le pays, engagé par le pouvoir politique : celui de la reproduction des élites dans de grandes écoles étrangères. (…) En somme, la fin de sa carrière universitaire que le sociologue vient de signer est loin d'être un coup de colère. Elle nous dit tout le drame de l'École, de l'Université, de l'État et de la société propulsés dans une impasse historique. Hacen Ouali, « [La fin de la pensée critique…] », 22 mai.

Transgressions

Le Monde Diplomatique - Wed, 31/05/2017 - 15:04

« Nous sommes sur un nuage. » C'est ainsi que M. Pierre Gattaz a résumé l'euphorie qui gagnait les milieux patronaux après l'accession à l'Élysée de M. Emmanuel Macron. Celui-ci venait alors de décupler la félicité du président du Mouvement des entreprises de France (Medef) en rejetant les offres de services de son ancienne rivale, Mme Laurence Parisot, pour nommer premier ministre un ancien directeur général des services de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), M. Édouard Philippe.

Un grand frisson a parcouru les chefferies éditoriales lors de la désignation d'un gouvernement dont les membres émanaient des partis socialiste, radical de gauche, Les Républicains et Mouvement démocrate (MoDem) « en même temps ». Mais les commentateurs se sont gardés de préciser la nature de la « transgression » célébrée dans une multitude de quotidiens et de magazines.

Après une élection par défaut, l'ambition présidentielle est de construire une majorité politique pour imposer rapidement un choc de précarité, en particulier par l'inversion de la hiérarchie des normes. Les employeurs pourront faire prévaloir des accords d'entreprise moins favorables que les conventions de branche ou que la loi, non seulement en matière d'organisation du travail, mais aussi de salaires. Une application de cette croyance largement partagée par les élites : le salut de l'économie française passerait par une plus grande « compétitivité coût ».

Aucune majorité sociale (1) n'appuie une telle politique, déjà largement rejetée lors du passage en force de la loi travail, en 2016. On n'en trouvera pas davantage pour soutenir le choc d'inégalités induit par la suppression de l'impôt sur la fortune pour les valeurs mobilières (actions et obligations). En témoignent le résultat de M. Macron au premier tour de l'élection présidentielle rapporté au nombre d'inscrits (le plus faible de la Ve République après 1995 et 2002), l'absence d'adhésion à son « programme » (16 % parmi ses soutiens (2)) tout comme le record d'abstentions, de votes blancs et nuls enregistrés au second tour.

Annoncé comme une version française du modèle scandinave, le projet porté par le nouveau président représente en définitive son contraire, en ignorant la dimension égalitaire et redistributive qui a permis les succès nordiques.

Un tel choc produira peut-être des effets statistiques sur la courbe des demandeurs d'emploi, mais beaucoup plus certainement des contusions sociales, par l'explosion du nombre de travailleurs indigents, à l'heure où même le Fonds monétaire international s'alarme de la hausse du risque de pauvreté induite par le modèle allemand. L'obligation faite aux chômeurs d'accepter un emploi au rabais libérera enfin le renard dans un poulailler fermé à double tour.

En définitive, la transgression « en marche » consiste à user de tous les ressorts du jeu électoral : le gouvernement « par le peuple », mais jamais « pour le peuple » (lire l'article page 10). À la décharge du nouveau président, cette dérive découle des institutions. En choisissant de solenniser son « triomphe » au Louvre, comme pour effacer un certain 10 août 1792, qui vit à cet endroit le peuple français s'émanciper de Louis XVI, il a d'ailleurs revêtu l'habit du monarque républicain.

(1) Lire Bruno Amable, « Majorité sociale, minorité politique », Le Monde diplomatique, mars 2017.

(2) « Comprendre le vote des Français », enquête Ipsos Sopra Steria, 6 mai 2017.

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