(B2) « La défense est un enjeu trop vital pour être le domaine réservé d’ex- perts et de professionnels. La défense engage la survie de la Nation. Ses institutions, son territoire, ses intérêts vitaux, tout autant que ses valeurs et sa capacité à résister à l’adversité. La défense est bien sûr une politique. C’est un engagement pour les hommes et les femmes qui ont choisi le métier des armes. Mais c’est aussi l’expression de la volonté d’un peuple de rester maître de son destin. »
Voici en quelques phrases, l’objectif et le fondement des « Rencontres IHEDN » organisées par l’Institut des hautes études de défense nationale, sur le campus de l’École militaire à Paris, samedi prochain (6 juin 2015).
Le programme est destiné à « un large public » et est assez détonnant dans l’approche, plutôt inhabituelle pour une défense française, souvent assez rigide des codes et des usages. On est plus proche de la décontraction observée par exemple chez les Britanniques. Je n’aurai qu’un conseil. Allez-y !
(NGV)
Quatre espaces de débat
Les débats se déroulent autour de quatre espaces aux dénominations transfiguratives :
Inscription obligatoire ici
(crédit : Bundeswehr)
(B2) Ces dernières 36 heures en Méditerranée, les secours en mer se sont succédé à un rythme effréné. Les marines italiennes, britannique, irlandaise et allemande sont venues au secours de plusieurs bateaux, récupérant plus de 3000 migrants et réfugiés, vendredi (29 mai), le plus souvent assez près des côtes libyennes (30 ou 40 milles nautiques) ; et plusieurs centaines jeudi (28 mai). 17 morts sont cependant à déplorer, décédés dans plusieurs bateaux en détresse. <p>">Plusieurs navires de la marine italienne ont été mobilisés — dont le Fenice, le Bersagliere, le Bettica — ainsi que des navires des gardes côtes
">880 personnes récupérées par le Hessen
">La frégate de la marine allemande, le Hessen a successivement été engagée dans six opérations de sauvetage. Dans la matinée du 29 mai, la frégate Hessen a été avertie par le centre italien de sauvetage en mer (MRCC) de Rome qu’un navire en détresse était signalé à environ 30 miles nautiques au nord-ouest d’Abu Kammash (Libye). 104 personnes étaient à bord d’un bateau bondé, dont 24 femmes et cinq enfants. Dans le voisinage immédiat, un autre bateau avec 103 personnes à bord ont été récupérés, dont une femme et deux enfants. Dans l’après-midi, 100 autres personnes à bord d’un bateau, dont neuf femmes et trois enfants, étaient prises en charge. L’officier de quart a alors signalé un signal de détresse. Dans ce 4e bateau, 69 personnes, dont 22 femmes, ont été récupérés. La journée n’était pas finie. Le MRCC de Rome a signalé au Hessen un cinquième bateau avec 114 personnes en détresse, dont neuf femmes. « Durant ce sauvetage – mentionne le communiqué de la Bundeswehr — un sixième bateau s’est approché. Les soldats allemands ont pris les 100 personnes à bord, dont 13 femmes et cinq enfants. Enfin, dans la soirée, la frégate Hessen est venu à la rescousse d’un bateau en bois en détresse avec 290 personnes, dont 40 femmes et 12 enfants. Au total, ce sont ainsi 880 personnes qui se sont retrouvées à bord de la frégate Hessen, dont 118 femmes et 27 enfants. Direction : un port italien pour être prises en charge par les autorités italiennes. Précisons que « toutes les embarcations de fortune ont été détruites » car « classées comme obstacle à la marine ».
370 par le HMS Bulwark de la Royal Navy
<p>">Le <p>">HMS Bulwark, avait déjà récupéré jeudi (28 mai) <p>">369 réfugiés, dont 50 enfants, embarqués dans une coque de noix en bois, menacée d’un « naufrage imminent », au large de la côte libyenne, précise-t-on à la Royal Navy. C’est le troisième sauvetage effectué par ce navire d’assaut britannique depuis le début de sa « campagne de Méditerranée ». Les Britanniques ont mis à l’eau <p>">5 de leurs huit péniches de débarquement – chacune convertie en bateau de sauvetage, chargée avec des gilets de sauvetage, matériel médical et fournitures d’urgence – pour aller à la rescousse des naufragés.
<p>">NB : une technique, éprouvée, de sauvetage, évite de rapprocher de trop près les gros navires pour éviter de causer un naufrage avec la houle provoquée (lire aussi : Mare nostrum, fierté italienne).
Une fois mis à l’abri dans le hangar du navire d’assaut amphibie, transformé en une « installation de réception pour les naufragés » — avec nourriture, eau, assistance médicale, vêtements propres et literie disponibles — le Bulwark est parti récupérer 368 autres migrants récupérés peu avant par la frégate allemande FGS Hessen et la corvette de la Marine irlandaise LÉ Eithne.
600 rescapés par les Irlandais
">La corvette irlandaise LÉ Eithne a mené successivement deux opérations de sauvetage pour sa première irruption en Méditerranée : 300 migrants, qui étaient à bord d’une barge, qui se trouvait à 45 km (env. 28 milles) au nord de la Libye, dans les premières heures du matin. La veille, une alerte avait été donnée pour 5 navires en détresse e-à environ 60 km des côtes libyennes (env. 38 milles), les Irlandais du Le Eithne ont récupéré 201 personnes dans deux navires, tandis que les autres bateaux de secours se dirigeaient vers les "> trois navires restants.
(NGV)
Un drone de surveillance Scout (crédit : Airbus DS)
(BRUXELLES2) Selon la presse algérienne, qui relaie une information de l’agence Chine nouvelle, citant une source diplomatique algérienne, reprise sans aucune vérification par le Huffington Post (groupe Le Monde), l’Algérie aurait « refusé une demande de la part de l’Union Européenne (UE) d’abriter une base pour des drones destinés à lutter contre la migration clandestine dans la mer méditerranéenne ». Oufti ! comme on dirait à Liège… Selon cette même source, l’Union Européenne souhaitait « implanter une base pour drones dans la ville côtière Aïn Temouchent, situé à 504 km à l’ouest d’Alger ». L’information est développée dans un sens identique chez le voisin marocain. Histoire sans doute de ne pas être en reste. Selon le quotidien arabophone Al Massae, tel que relaté par le site le360.ma, « l’Union européenne avec à leur tête l’Espagne, l’Italie et la France ont proposé au Maroc la construction d’une base de drones sur son sol ». Objectif : « barrer la route aux immigrés clandestins qui arrivent sur le sol européen, mais (…) également servir à traquer les trafiquants de drogue ». Dans le contexte actuel, l’info est-elle fondée ou même probable ?
A supposer qu’une telle demande ait existé, elle ne concerne pas vraiment l’opération militaire en Méditerranée. Car il faut regarder une carte : Aïn Temouchent est situé près d’Oran face à Almeria en Espagne. On est plus près du Maroc que de la Libye. Et on est très, très loin de l’opération EUNAVFOR dont la zone d’opération devrait recouvrir peu ou prou la zone de sauvetage et de secours italienne ainsi que la zone libyenne (si l’ONU l’y autorise).
Ensuite, l’UE ne dispose pas de drones en soi. Ce sont ceux qui seraient mis à disposition par les Etats membres. Et cette capacité est pour le moins chichement comptée, du moins quand on parle de drones à longue endurance (MALE) qui peuvent être utiles en matière de surveillance maritime (*). Il n’est que d’observer les difficultés françaises durant l’opération militaire au Mali ou au Niger. D’un point de vue opérationnel, vu la distance, on peut se demander s’il ne serait pas plus facile d’implanter une base de drones dans l’Espagne voisine plutôt que de commencer à négocier un accord pour implanter cette base dans un pays étranger.
Enfin, une opération de l’UE ne se monte pas de cette façon-là. Il faut un accord des 28 Etats membres, des 28 ambassadeurs du COPS. Et jusqu’à nouvel ordre, selon nos informations, un tel plan n’a pas été évoqué…
Commentaire : dans cette information, il faut décortiquer le vrai du faux. La Tunisie, le Maroc et l’Algérie font partie des pays avec lesquels les Européens veulent avoir une coopération renforcée en matière de migrations mais aussi de terrorisme. Et des attachés « terrorisme » ou « migrations » vont venir bientôt épauler les délégations (ambassades) de l’UE dans les pays concernés. Que ces pays aient été approchés par des diplomates européens pour rechercher sa coopération en matière de lutte contre le terrorisme, c’est sûr ; tout comme la lutte contre l’immigration. Que l’on demande des autorisations de survol, voire de poser en cas d’incident, ou la coopération des autorités nationales pour aller traquer les réseaux de migrants (et de drogues surtout), c’est probable. Que des discussions aient été menées à un certain niveau politique, sans doute. De là, à demander l’implantation une base de drones, il y a un pas que l’Europe ne semble pas prêt de franchir.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) on parle bien ici de drones d’observation et non de drones armés.
(**) réponse écrite à ma question