W. Schauble au conseil des ministres de l’Ecofin (Crédit : CUE – Archives B2)
(B2) Dans une interview au Bild am Sonntag, parue ce dimanche (27 décembre), Wolfgang Schäuble, le Ministre allemand des Finances (CDU) a estimé que la crise des réfugiés nécessitait à la fois d’augmenter les dépenses de défense et de renforcer la politique européenne de sécurité commune en attendant de former une armée européenne. « Nous allons avoir à dépenser beaucoup plus d’argent pour les initiatives de défense européennes communes » souligne Schäuble (*).
Quand un ministre des Finances dit de dépenser plus, cela vaut le détour
Un propos d’autant plus intéressant que jusqu’à présent, le ministre des Finances allemand, ne se positionnait pas dans une idée de dépenser davantage mais plutôt de contenir les dépenses. A vrai dire, c’est même la première fois qu’un ministre des Finances en exercice appelle à dépenser davantage pour la défense. D’ordinaire ce propos émanait davantage de certains ministres de la Défense (voire de l’Intérieur), se positionnant ainsi clairement dans la tradition de leurs départements (dépensiers) et qu’unissait une certaine solidarité face aux offensives de leurs ministères des financiers (par tradition économes) pour sabrer dans leurs dépenses.
Des dépenses militaires pas efficaces avec 28 armées
La politique étrangère et de sécurité des Etats membres de l’UE doit être renforcée « étape par étape » estime le ministre des Finances. « En fin de compte, notre objectif doit être une armée européenne commune. Les ressources que nous consacrons à 28 armées nationales pourraient être utilisées beaucoup plus efficacement ensemble » souligne-t-il.
Un impératif : stabiliser Proche Orient et Afrique, impossible sans un engagement plus fort de l’Europe
Pour Schäuble, la crise des réfugiés à signifie un renforcement plus important de l’Union européenne dans les régions en crise. « Pour l’Allemagne, cela signifie que nous devons investir plus fortement dans la politique étrangère et de sécurité, que nous l’avons peut-être fait jusqu’ici ». « Nous ne pourrons pas stabiliser le Proche et le Moyen-Orient sans un engagement européen plus fort. Et c’est la même chose pour l’Afrique ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) Texte traduit par nos soins
(crédit : Bundeswehr)
(B2) Les navires européens ont porté secours à plusieurs navires le jour de Noël à environ 40 km des côtes libyennes, ont rapporté plusieurs communiqués des marines espagnole et allemande parvenus à B2. « Les bonnes conditions météorologiques au large des côtes de la Libye ont entraîné à une forte présence de bateaux d’immigrants dans la région » racontent les marins.
Dans la matinée, un avion de patrouille maritime luxembourgeois (participant à l’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia) a ainsi identifié un total de six bateaux avec de nombreux immigrés à bord : quatre d’entre eux à l’ouest de Tripoli — trois pneumatiques et un en bois —, et deux à l’est. Le centre de coordination des secours (italien) a demandé aux navires les plus proches de se porter au secours. Le navire de soutien de la Marine allemande ‘Berlin‘ (A-1411) a ainsi été dépêché sur place, à la rescousse des bateaux situés à l’ouest, avec l’aide de frégate espagnole Canarias (F-86), du patrouilleur italien Comandante Cigala Fulgosi et du pétrolier maltais Silent.
Il était temps… Le navire en bois, surchargé avec 174 personnes à bord, commençait à prendre l’eau, avec une fuite dans le bateau qui menaçait sa flottabilité. Les marins espagnols ont commencé rapidement à transborder les passagers, d’abord les femmes et les enfants. Environ 76 ont déjà été pris en charge sur le Canarias quand le Berlin est arrivé sur zone pour terminer l’opération. En tout, 539 personnes ont été secourues — 505 hommes, 30 femmes et 4 enfants — lors de cette opération. Elles ont été transférées à samedi matin (26 décembre), sur le navire de ravitaillement norvégien Siem Pilot qui fait partie de l’opération Triton mené sous l’égide de l’agence Frontex. Les 4 bateaux, une fois vides, ont été détruits, car « présentant un obstacle à la navigation » précise la Bundeswehr.
La veille de Noël, le Berlin avait déjà récupéré 121 personnes (115 hommes, 3 femmes et 3 enfants). Un bateau qui dérivait à environ 50 kilomètres de la côte libyenne avait été repéré, vers 8 heures, par l’avion de patrouille maritime espagnol P3 Orion. Les personnes secourues ont été remises, un peu plus tard, vers 14h50 au navire des gardes-côtes italiens Corsi et débarqués dans le port de Reggio de Calabria. Une fois mis à l’abri, le canot qui les transportait a été coulé.
Depuis le 7 mai 2015, et le début de leur implication dans les opérations de sauvetage en Méditerranée, les navires de la marine allemande ont sauvé 10.528 personnes.
(NGV)
(Crédit: EUNAVFOR MED Sophia)
(B2) L’opération européenne de lutte contre les trafiquants en Méditerranée (EUNAVFOR MED Sophia) s’est renforcée côté aérien. Une équipe aéroportée grecque a rejoint l’opération.
Un avion grec de détection
Les Grecs apportent ainsi un avion Erieye (EMB-145H), permettant de faire de la détection aérienne comme de surface et du commandement aéroporté (1). Cet avion opère depuis la base aérienne grecque d’Elefsis — à 20 km d’Athènes — mais est mis à disposition de l’opération européenne. La Marine espagnole a, de son côté, remplacé son hélicoptère SH 60, embarqué depuis le 5 octobre, sur la frégate espagnole ESPS Canarias (F-86), par un hélicoptère AB-212.
En tout, 3 1/2 avions et 3 hélicoptères
Le volet aérien de l’opération Sophia peut ainsi compter aujourd’hui sur trois hélicoptères (2 EH101 italiens, embarqués sur le Garibaldi, et l’Espagnol AB-212 sur le navire ESPS Canarias) et quatre avions : le Erieye Grec, basé en Grèce, un P3 Orion espagnol et un Falcon 50 français (à temps partiel), basés normalement à Sigonella (Sicile) et un avion de reconnaissance SW3 Merlin III luxembourgeois qui vient de tester une nouvelle base.
Une nouvelle base aérienne en pleine mer
Les Européens sont en train de mettre en place une nouvelle base opérationnelle avancée (FOB – Forward Operational Base), sur le petit aéroport de Pantelleria. Cette petite ile, d’origine volcanique, est située en pleine mer, au nord-ouest de Lampedusa et à mi-chemin entre les côtes tunisiennes et la Sicile. Cette base a l’avantage par rapport à la base habituelle de Sigonella, située près de Catane, d’éviter tout le sud de la Sicile, et de gagner un temps précieux (environ 1/2 heure). Autre avantage pour les équipages, la chaleur y est moins intense. La vie y est sans doute moins trépidante qu’en Sicile. Mais s’ils ont 5 minutes, ils pourront toujours aller goûter le ‘vin du diable‘ de l’actrice Carole Bouquet qui a acquis des terres et un vignoble . Le Merlin vient de tester la base de comme de l’opération.
(LH & NGV)
(1) En fait un R99A, la version militaire de l’Embraer ERJ 145, équipé du radar aéroporté suédois Erieye de Saab
(Crédit : DICOD/EMA – archives)
(B2) Les forces françaises de l’opération Barkhane ont conduit une opération dans la région de Ménaka, au Mali, contre des éléments affiliés au groupe terroriste « Al Mourabitoun », dans la nuit du 19 au 20 décembre, a annoncé un communiqué de l’Etat-Major des armées mardi soir.
Combats violents durant plusieurs heures
« Au terme de combats violents qui ont duré près de quatre heures, deux pick-ups et une dizaine de motos ont été saisis. Une dizaine de terroristes ont été neutralisés ». Ce qui indique, en langage de communication, qu’ils ont été tués ou blessés. « Une quantité importante d’armements et d’explosifs a été récupérée » ajoute l’Etat-major.
Un groupe meurtrier
Le groupe Al Mourabitoun est responsable « de plusieurs attentats » au Mali et au Niger, « contre des forces armées locales et des forces internationales ». Il avait notamment revendiqué l’attaque contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre dernier (lire : Les experts européens ont prêté main forte après l’attaque du Blu Radisson à Bamako). Al Mourabitoun est né de la fusion du Mujao et des « Signataires par le sang », le mouvement créé par Mokhtar Belmokhtar en décembre 2012, après son éviction d’AQMI. Les Signataires par le sang avaient revendiqué l’attaque contre l’usine d’In Amenas (Algérie).
(NGV)