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[EULEX Kosovo] Reportage hors des sentiers battus, au coeur des Balkans, au Kosovo

Bruxelles2 Blog - Tue, 09/03/2021 - 15:14

B2 a passé plusieurs jours, auprès des équipes européennes d’EULEX Kosovo mi-février. En pleine période électorale. Des salles d’audience de Pristina au cimetière de Mitrovica, en passant par les prisons, l’unité de police FPU ou l’unité médicale. Passionnant

Sur le Pont mythique de Mitrovica, par un temps bien frais (© Aurélie Pugnet / B2)

Cela faisait treize ans que B2 n’avait pas fait de reportage complet dans le pays. Le dernier, c’était avant la déclaration d’indépendance, en janvier 2008. La mission EULEX n’existait pas encore. On en était aux prémices (lire : La mission n’attend que le feu vert du Conseil pour se déployer). L’ambiance était tendue, surtout au Nord du Kosovo (lire : Nord Kosovo. Un œil vers Belgrade, l’autre vers Pristina). Les militaires français étaient déployés sur le pont de Mitrovica (lire : Sur le pont « Austerlitz », le 3e RIMA veille). Les unités européennes de la KFOR, la force de l’OTAN, étaient en patrouille (lire : Carabinieri et gendarmes de la MsU, sur le terrain). Et comme l’avait confié le général Jumelet alors patron de la KFOR, on reste optimiste même si tout peut déraper rapidement.

De près de 4000 personnes à environ 500

À son plein régime, EULEX a compté jusqu’à 3400 personnes. Il n’en reste aujourd’hui plus que 500. Elle a perdu en compétences exécutives, mais la mission est, depuis 13 ans, si impliquée et imbriquée dans les institutions kosovares, de la police à la justice, en passant par la recherche des personnes disparues, qu’il parait impossible d’imaginer un Kosovo sans EULEX. Reconnaître que la mission ne restera pas ad vitam aeternam au Kosovo et travailler en ce sens est une chose, mais être capable de partir du pays en laissant derrière soi un système qui tiendra debout face aux vents et marées de la région en est une autre.

Devenir un État prend plus de temps qu’une simple déclaration

Treize ans après sa déclaration d’indépendance, le Kosovo est passé d’ancienne province serbe sous administration internationale à un État — même s’il n’est toujours pas reconnu comme tel par cinq pays sur les 27 que compte l’Union européenne (ni par son plus proche voisin, la Serbie). Mais se revendiquer comme un État ne suppose pas d’en être un à part entière. Cela prend du temps. Cela s’apprend. Cela s’éprouve.

Le tournant politique du 14 février 2021

Quand nous arrivons, la campagne électorale bat son plein. Les élections générales, prévues le 14 février, sont un moment clé pour le pays. C’est le parti Vetëvendosje (auto-determination) qui a le vent en poupe. Sans grande surprise, il l’emporte largement face aux partis historiques de l’indépendance et de la guerre, relégués entre 13 et 17% des voix. Cette victoire est à l’image de la population du Kosovo, très jeune (environ 50% a moins de 35 ans), qui veut s’émanciper de la génération de la guerre d’indépendance. Le tout se déroule dans le calme. Le Kosovo semble vouloir faire table rase du passé, repartir à zéro, balayer certaines méthodes qui gangrènent la société. Une tâche peu aisée dans cette région des Balkans, minée par la corruption.

Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo

La question d’Etat de droit, toujours aussi sensible

Aujourd’hui, la mission EULEX Kosovo est à un (nouveau) moment charnière de son existence. Son mandat a été contesté à plusieurs reprises par les responsables de Vetëvendosje. La question se pose de savoir si ceux-ci accepteront de renouveler l’invitation faite aux Européens de continuer leur travail. Et à quelles conditions ? En même temps, le respect de l’État de droit n’a jamais été aussi important. « Le problème est qu’au Kosovo, il y a trop d’interférences politiques. Ce n’est jamais facile à gérer », regrette le chef de la mission Lars-Gunnar Wigemark, dans notre entretien.

Au Kosovo, l’État de droit est une question, toujours politique, très sensible (Lars-Gunnar Wigemark, EULEX Kosovo)

Une police aux multiples facettes

Côté police, EULEX a beau avoir arrêté ses activités exécutives d’enquête et d’arrestation, cela n’est pas toujours aussi clair pour la population. Les forces européennes restent bien là, mais en retrait, en seconde ligne, pour prêter main forte à leurs collègues kosovares en cas de besoin, et en soutien aux Chambres spécialisées et au Procureur spécialisé de La Haye. Mais le quotidien de ces 95 policiers polonais est surtout rythmé d’entrainements et de patrouilles.

[Eulex Kosovo 2] Une mission de police à volets multiples

« Nous ne serons pas là pour toujours »

EULEX, c’est aujourd’hui beaucoup de formations, d’observation, de conseils, avec des yeux et des oreilles partout. Une mission d’experts, à qui il faut sans cesse demander ce qui se cache derrière les mots ‘monitoring’, ‘advising’, ‘in contact with’… « Nous ne serons pas là pour toujours » semble d’ailleurs être le vrai motto de la mission, répété par presque tous nos interlocuteurs. Une mission qui doit cependant rester parée à tout, jusqu’aux interventions d’urgences.

[Eulex Kosovo 3] Une unité médicale parée pour les formations jusqu’aux interventions d’urgence

Un rôle de « tampon »

Depuis ses débuts, la mission s’est « métamorphosée », selon la description qu’en fait son chef. Son mandat s’est adapté au fur et à mesure de l’émancipation du pays. Au début, EULEX disposait d’un mandat exécutif, avec une autorité directe sur le territoire, issu de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies (la fameuse résolution 1244). Ses magistrats et procureurs européens étaient intégrés au schéma judiciaire kosovar et rendaient la justice en son nom. Depuis 2018, la mission a un mandat réduit, les Européens ayant passé la main aux Kosovars. Mais si EULEX est passée de la robe au costume, les Européens ne sont pas totalement absents. Ils sont impliqués dans la justice, où ils font office de « tampon » entre les parties, et de recours pour la société civile pour superviser une affaire.

[Eulex Kosovo 4] Passée de la robe au costume, EULEX reste impliquée dans la justice kosovare

La réinsertion en prison

Derrières les portes fermées des prisons kosovares se trament également des changements. Les progrès sont visibles, la qualité des prisons du Kosovo est même réputée l’une des meilleures des Balkans, témoigne EULEX. Il reste toutefois de quoi faire pour l’unité correctionnelle de la mission qui accompagne les services correctionnels kosovars, notamment en réinsertion des détenus.

[Eulex Kosovo 5] La qualité des prisons du Kosovo réputée l’une des meilleures des Balkans

Disparus : les plaies du passé

Les plaies du passé sont enterrées parfois peu profondément, comme dans le cimetière de Mitrovica-Nord. Guidés par le coordinateur des exhumations de EULEX à l’Institut de médecine légale, nous partons à leur recherche. Retrouver les personnes disparues de la guerre est douloureux. Mais également une nécessité pour faire face au deuil d’une nation et envisager une réconciliation sur le long terme avec la Serbie. Soit, un vrai pari pour l’avenir.

[Eulex Kosovo 6] Opération portés disparus à Mitrovica, où tout rappelle que le Kosovo n’est pas un pays comme les autres

Des projets de l’ombre

À Pristina, d’autres activités se déroulent un peu plus dans l’ombre, loin des regards du public, mais n’en demeurent pas moins des plus importantes. C’est le cas du travail de l’IPCU, l’International police coordination unit. Son rôle est de faire le lien pour l’échange d’informations de police entre les Kosovars et la Serbie, Interpol et Europol. Un travail qui est plus important qu’il n’en a l’air de premier abord : le Kosovo n’étant pas membre de Europol et Interpol, et non reconnu par la Serbie, sans cet intermédiaire, il serait plus difficile de lutter contre la criminalité trans-frontalière.

Article à suivre

En photos

Un pays ce sont aussi des gens, des mouvements, des vies… L’image peut parfois capter davantage que des mots.

[A Pristina et Mitrovica] avec les EULEX et les Kosovars. Reportage photo

(Aurélie Pugnet, envoyée spéciale au Kosovo)
Relecture : Emmanuelle Stroesser, avec Nicolas Gros-Verheyde

Photos : B2-Aurélie Pugnet

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EUNAVOR Atalanta. La Bundeswehr revoit son dispositif dans l’Océan indien

Bruxelles2 Blog - Mon, 08/03/2021 - 17:05

(B2) C’est la fin d’un engagement qui a commencé aux débuts de l’opération européenne anti-piraterie, en 2008. La marine allemande ne mettra plus à disposition un avion de patrouille maritime de type P3C Orion à Djibouti. Mais elle promet d’autres moyens

Un avion P3 Orion C allemand sur la base de Djibouti (Crédit : Bundeswehr/Jenny Bartsch – Archives B2 – mars 2015)

L’Allemagne a décidé « d’ajuster la contribution allemande à Atalanta » explique-t-on à Berlin. Une décision prise fin 2020, en même temps que l’opération européenne était reconduite pour deux années supplémentaires. L’Allemagne continuera de mettre du personnel à disposition du QG d’opération à Rota (Espagne). Elle pourrait aussi revenir sur mer, avec un navire mis à disposition temporairement. Un nouveau chapitre de l’opération Atalanta s’ouvre.

Plusieurs raisons, certaines officielles et d’autres officieuses

Cette décision a de multiples explications. Premièrement, le niveau de menace dans les eaux de la Corne de l’Afrique est actuellement à « un niveau bas » justifie la Bundeswehr. C’est la rançon du succès. Alors qu’on dénombrait « 571 attaques dans la zone entre 2008 et 2012 », cela s’est réduit singulièrement ces dernières années : dix attaques entre 2013 et 2016 (sans enlèvements), sept attaques en 2017 (dont deux avec enlèvements), trois attaques en 2018. Depuis le dernier incident de piraterie « confirmé », en avril 2019, « aucun incident de piraterie n’a été enregistré » au large de la Somalie. « Aucun navire n’est plus aux mains des pirates somaliens. »

Deuxième raison, l’éventail des tâches de l’opération est « en train de changer ». L’opération EUNAVFOR Atalanta n’a plus seulement pour objectif la lutte contre la piraterie, mais aussi la lutte contre les trafics d’armes et de drogue. L’Allemagne « soutient » cette extension à « d’autres formes de menaces maritimes qui mettent en danger la sécurité régionale ». NB : ce qui suppose de revoir le cadre juridique de l’engagement. Le mandat actuel, autorisé par le Bundestag jusqu’à mai 2021, ne comprend pas automatiquement cet objectif.

Une autre raison de ce redéploiement est plus inavouable, mais très concrète. La marine allemande n’a plus vraiment d’avions en état (lire: Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne). Elle préfère les réserver pour une zone plus proche et plus importante en termes de menaces : la Méditerranée (lire : Le P3 Orion allemand … loin de la zone d’opération).

Reste à rapatrier le matériel

La base allemande de Djibouti, qui assurait la logistique notamment, va être en partie démantelée. Le contingent allemand sur place est en passe d’être relocalisé en Allemagne (via A400M). Et les pionniers spéciaux de Husum sont « en train de vérifier » le matériel sur site pour examiner « sa transportabilité ». Le retour sera fait ensuite soit par voie maritime, soit par voie aérienne, voire (ce n’est pas précisé) tout simplement laissé sur place (ou détruit). Le volume est plutôt conséquent : on parle d’environ 50 conteneurs maritimes standardisés. Le déménagement va durer plusieurs mois et devrait être terminé d’ici le 31 mai 2021.

Une opération avec des moyens espagnols surtout

Précisons que l’opération EUNAVFOR Atalanta comprend actuellement uniquement des moyens espagnols : le navire de débarquement Castilla (L52) et un avion de patrouille P3 Orion. Elle devrait être renforcée temporairement par les navires français participant à la mission Jeanne D’arc, le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre et la frégate Surcouf. L’Espagne a le commandement de l’opération, avec l’amiral Eugenio Díaz del Río, assurant le rôle de nation-cadre et fournissant une bonne partie des moyens. L’Italie, qui est l’un des autres contributeurs réguliers, a le commandement adjoint de l’opération, avec le contre-amiral Roberto Messina (1).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Un poste dévolu un certain temps (par rotation), à un officier allemand, quand l’Allemagne était un des contributeurs les plus réguliers à l’opération (en termes de moyens navals).

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Le New Moon inspecté par une frégate grecque d’Irini au large de Tobrouk

Bruxelles2 Blog - Mon, 08/03/2021 - 15:05

(B2) Le cargo a été inspecté samedi (6 mars) alors qu’il se dirigeait vers Benghazi (Libye), par une équipe de visite du navire-amiral de l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini. Rien de suspect n’a été trouvé à bord

Arrivée de l’équipe de visite grecque à bord du New Moon (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Une inspection

Ce cargo, battant pavillon des Comores, était parti d’Alexandrie (Égypte) le 4 mars et avait pour destination Benghazi (Libye), dans la zone contrôlée par le général Haftar. Et certains aspects justifiaient une visite. Une équipe de visite grecque du navire amiral grec HS AEGEAN est montée à bord du navire dans les eaux internationales, à environ 47 milles marins au Nord-Est du port de Tobrouk (Libye). Il s’agissait bien d’une inspection et non d’une simple interrogation. L’objectif étant de fouiller le navire à la recherche d’éventuels biens transportés en infraction de l’embargo international sur les armes édicté par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Rien de suspect

L’équipe a vérifié la documentation disponible à bord et inspecté la cargaison. « Rien de suspect n’a été trouvé et le navire a été déclaré libre de poursuivre sa route » indique le QG de l’opération à Rome dans un communiqué publié dimanche (7.03). La procédure s’est déroulée « dans une atmosphère de collaboration tant pour le capitaine que pour l’équipage ». Cette inspection est dite coopérative. Car elle a eu lieu avec l’acquiescement du capitaine du navire. Elle s’est terminée par la photo de groupe, désormais traditionnelle, entre les inspectés et les contrôleurs. Histoire de démontrer l’absence d’encombres.

(crédit : EUNAVFOR Med Irini)

2200 vérifications et 7 inspections

C’est la septième inspection depuis le début de l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini. En 11 mois, plus de 2200 navires ont aussi été interrogés (hailing), 88 approches amicales ont été faites et un déroutement de navire opéré.

(commentaire ) Une visite qui tombe à pic

On peut noter que cette visite a aussi un aspect assez politique. Effectuée par le navire-amiral grec de l’opération, elle permet de démontrer que les contrôles et inspections européens visent tant les navires (turcs par exemple) approvisionnant l’Ouest de la Libye (où siège le gouvernement d’entente nationale de Sarraj soutenu par la communauté internationale et militairement par la Turquie et le Qatar) que ceux alimentant l’Est de la Libye (soutenu par la Russie, les Émirats et l’Égypte). L’opération européenne veut ainsi contredire ceux (Russes et Turcs) qui l’accusent de partialité (surtout quand ils font l’objet d’un contrôle).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Que faire des femmes et enfants détenus au Kurdistan syrien ? Les rapatrier ! Le coup de gueule de Mounir Satouri

Bruxelles2 Blog - Mon, 08/03/2021 - 11:00

(B2) L’eurodéputé français Mounir Satouri revient du Kurdistan irakien. En colère, il appelle, dans un entretien avec B2, la France à prendre ses responsabilités. Il faut rapatrier les familles de combattants étrangers pour les juger et protéger leurs enfants

Les quatre parlementaires patientant au point frontière de Semalka entre l’Irak et la Syrie, mercredi (crédit : M. Satouri)
  • Mounir Satouri (Verts) revient d’un déplacement de plusieurs jours (du 26 février au 3 mars) dans le Kurdistan irakien avec trois autres parlementaires : l’eurodéputée Sylvie Guillaume (S&D), les députés français Frédérique Dumas (Libertés et territoires) et Hubert Julien-Laferrière (rattaché aux Verts).

Une mission de quelques jours sur le terrain, pour comprendre

L’objectif premier de ce déplacement était « de se rendre compte de la situation et de comprendre réellement les enjeux qui expliquent que ces femmes restent là-bas » nous explique Mounir Satouri, après son retour. En territoire du Rojava — le Kurdistan syrien —, deux camps (Roj 1 et Roj 2) détiennent des femmes de combattants étrangers et leurs enfants. Parmi elles, « entre 80 et 90 femmes françaises » selon l’élu. Et leurs 200 enfants. « Ces camps sont au milieu de champs pétrolier, l’odeur du pétrole y est insoutenable, les conditions sanitaires impensables, les enfants souffrent de maladie de malnutrition » décrit l’eurodéputé.

L’accès aux camps de Rojava refusé

Mais les parlementaires ne peuvent aller plus loin que le poste frontière entre le Kurdistan d’Irak et la Syrie. « L’équivalent du ministre des Affaires étrangères du Rojava » (Abdelkarim Omar) les attendait avec camera et réception, « mais il nous a refusé l’accès aux camps, prétextant notre sécurité. Mais à force de le harceler, il nous a confié que les relations avec la France étaient trop importantes pour qu’il nous autorise à nous rendre dans les camps ».

Les enfants ne peuvent rester les invisibles de notre République

Pour ces parlementaires, la France « a fait pression » pour les empêcher « de ramener des photos ». « Le gouvernement veut que ces enfants restent des fantômes pour éviter un renversement de l’opinion publique » résume Mounir Satouri. Deux jours après leur retour, ils n’avaient pas reçu de commentaires ni du Quai d’Orsay ni du gouvernement, ni de l’Élysée. « Il est temps d’avancer sur ce sujet humanitaire et sécuritaire. Ces enfants ne peuvent rester les invisibles de notre République » reprend l’eurodéputé. Avec ses collègues, ils ont demandé au président français, Emmanuel Macron, un rendez-vous.

Une justice en suspens, une insécurité manifeste

Les avocats mandatés par l’ONG Avocats sans frontières et le bâtonnier du barreau de Paris qui les accompagnaient n’ont pas davantage pu rencontrer ces femmes. « Toutes sont judiciarisées, avec des mandats d’arrêts internationaux contre elles » et devraient être jugées en France selon l’eurodéputé. « Rojava n’est pas un territoire reconnu. Il ne peut donc y avoir de tribunal international » explique l’élu. « Si ces autorités cherchent à organiser des procès, c’est une façon d’obtenir la reconnaissance internationale qu’elles recherchent » soutient-il. De là à parler de monnaie d’échange concernant ces femmes et enfants,…

Deux tiers des enfants

« Les deux tiers des enfants ont moins de six ans. Ils sont dans ces camps depuis trois ans. Leurs souvenirs sont faits de misère, de faim, de soif. Qu’espère-t-on quand ils auront quinze ans ? » interpelle l’eurodéputé. « Quand Daesh nous attaque, c’est pour tuer, et pour attaquer nos valeurs et notre démocratie. Aujourd’hui, en ne rapatriant pas ces femmes et ces enfants, c’est aussi un bout de nos valeurs, notre démocratie et notre état de droit que nous leur concédons. »

L’accent également porté sur la situation des Yezidis

Dans le Kurdistan irakien, les parlementaires ont aussi visité le camp Shekhan, qui abrite des réfugiés de la minorité Yezidis. Notamment des femmes qui ont subi des viols et violences de la part du groupe terroriste ‘Etat islamique’ et vivent depuis, réfugiés, mais détruites psychologiquement. « Nous n’avons pas arrêté de dire que cette communauté était le symbole de la diversité religieuse et que l’on devrait être à leurs côtés, mais nous ne sommes pas à la hauteur » assure Mounir Satouri. L’eurodéputé prévoit de retourner en Irak pour défendre la cause de cette communauté.

(Emmanuelle Stroesser)

Interview réalisée par téléphone, vendredi 05 mars

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (février 2021)

Bruxelles2 Blog - Sun, 07/03/2021 - 19:30

(B2) L’entraînement et la formation sous toutes ses formes, théorique, en face à face, à distance, voire au corps à corps et même amphibie… les missions et opérations de l’UE ont de la ressource !

Centrafrique. Sur terre et dans l’eau, la formation amphibie ! 

Visit, Board, Search and Seizure (Visite, embarquement, perquisition et saisie), c’est l’intitulé explicite de la formation VBSS (la deuxième) organisée par la mission de formation de l’armée centrafricaine (EUTM RCA), avec le bataillon amphibie. Celle-ci dure trois semaines. Instructions théoriques et exercices de combat au corps à corps précédèrent une période de formation plus pratique avec les bateaux pour ces soldats destinés, entre autres, à contrôler la frontière fluviale ou escorter des cargaisons sensibles pendant leur navigation. Détails ici

(crédit : EUTM RCA)

Somalie. Apprendre à repérer les engins explosifs improvisés (IED)

La lutte contre les IED fait partie des cours fondamentaux. Une formation suivie en février par la brigade du 14 octobre des SNAF (Somali National Armed Forces), assurée par les équipes de la mission de formation de l’armée somalienne (EUTM Somalia), en partenariat avec les SNAF (Somali National Armed Forces) et la SPF (Somali Police Force). Détails ici

(crédit : EUTM Somalia)

Pristina (Kosovo). Initier aussi aux gestes qui sauvent

À Pristina, ni armes, ni corps à corps. Le respirateur et l’huile de coude (pour les massages cardiaques) sont les outils de l’équipe médicale de la mission sur l’État de droit (EULEX Kosovo) lorsqu’elle assure sa formation — en ligne — sur les soins de santé de base (BLS), comme encore début février, à un groupe de 47 travailleurs de la santé. Détails ici

(crédit : capture d’écran B2)

Garowe (Somalie). Training pour lutter contre la corruption

Comment collecter des preuves dans les crimes liés à la corruption ? Ou de quelle façon enquêter sur le blanchiment d’argent ? Quid de la corruption et des pots-de-vin dans le droit islamique et le code pénal ? Ce sont quelques-unes des questions et techniques partagées par la mission de renforcement des capacités de l’UE en Somalie (EUCAP Somalie) avec des agents de la police d’État du Puntland (CID), du bureau du procureur général du Puntland et du défenseur des droits de l’homme. Détails ici

(crédit : EUCAP Somalia)

Kiev (Ukraine). Soutien dans la mise en oeuvre de la réforme de la gestion des frontières

La création d’un système de gestion intégrée des frontières (IBM) est un objectif du contrat d’association de l’Ukraine avec l’UE. Cela passe par une plus forte coopération entre les agences, notamment le Service national des migrations et celui des douanes. Ceux-ci participaient justement, pour la première fois, à une réunion co-présidée par la mission de conseil pour la sécurité intérieure (EUAM Ukraine) et le Service national des gardes-frontières de l’Ukraine (State Border Guard Service of Ukraine – SBGS), fin février. Détails ici 

(crédit : EUAM Ukraine)

Birni N’Konni (Niger). Renfort logistique pour le contrôle aux frontières

Au Niger, la mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure et des frontières (EUCAP Sahel Niger) a livré plusieurs matériels à la  Compagnie mobile de contrôle des frontières de Birni N’Konni. Notamment pour assurer et faciliter les transmissions (postes radios et batteries, antennes, relais et station de base). Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Niger)

Golfe d’Aden. Focus sur les moyens aériens de l’opération

Les avions de patrouille maritime de reconnaissance (MPRA), les hélicoptères et les drones (UAV). Ce sont les moyens aériens utiles à l’opération de lutte contre la piraterie maritime au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta). Complémentaires, ils offrent « des capacités opérationnelles uniques qui ne peuvent être obtenues par d’autres moyens ». Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Bamako, Koulikoro, Gao, Sévaré (Mali). Inspection générale !

La visite du directeur général de l’état-major de l’UE, le vice amiral Hervé Bléjean, fin février, est l’occasion de parcourir à notre tour, à distance mais photos à l’appui, les différents lieux et activités de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), de son QG à Bamako au camp d’entraînement de Koulikoro, en passant par l’école de sous-officiers de Banankoro, Gao ou le camp de Sevare. Détails ici

(crédit : EUTM Mali)

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

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[EULEX Kosovo] Pristina, Mitrovica, avec les équipes européennes, à l’heure des élections

Bruxelles2 Blog - Sat, 06/03/2021 - 15:46

B2 au Kosovo

B2 s’est rendu au Kosovo pendant une semaine, pour un reportage sur la mission européenne pour l’état de droit (EULEX Kosovo) et couvrir les élections législatives du 14 février dernier. Reportage en photos.

Le 14 février 2021, le parti anti-corruption Vetëvendosje a remporté les élections au Kosovo, avec 49% des voix Dans les rue du centre ville de Pristina, les drapeaux Albanais (le drapeau « national » du Kosovo) étaient nombreux et parfois accompagnés de drapeaux américains. Peu de supporters aux drapeaux européens en vue… Rencontre avec la Formed police unit (FPU), à Mitrovica. Les 95 policiers polonais qui la composent vivent, mangent, dorment, s’entrainent sur leur enceinte, à la frontière avec la région nord du pays. De passage à Mitrovica, B2 s’est rendu sur le le pont de la discorde reliant le sud et le nord du Kosovo. Le traverser est désormais normal… Pour autant, de part et d’autres du pont sont présents les Italiens des Carabinieri de la KFOR, la force de l’OTAN au Kosovo, chargés d’assurer la sécurité sur le pont. Des barrières et des plots pour empêcher le passage des voitures ont aussi été installés. Une fois le pont passé, la première chose que l’on remarque c’est la différence dans les drapeaux accrochés aux lampadaires, aux poteaux électriques… Au nord, ils sont serbes, comme au sud ils sont albanais ou kosovars. En cette période d’élections législatives, les posters de la Liste serbe sont placardés partout — aucune opposition en vue. A Mitrovica Nord, dans le cimetière musulman, EULEX a participé, avec l’Institut de médecine légale auquel elle est associée, à retrouver des tombeaux et fosses communes de personnes disparues pendant la guerre. À ce jour, il reste au moins 1640 personnes retrouver. De retour plus au sud, à Gračanica, une commune à majorité serbe près de Pristina, la capitale, le sentiment d’identité serbe est de nouveau partout. À Pristina, B2 fait escale au café. Celui-ci se félicite de payer des impôts. Hashim Thaci et Kadri Veseli posent pour la campagne de l’Armée de libération du Kosovo (UČK). On y lit : « Héros de la guerre et de la paix ». Ici, visible depuis une grande avenue dans le centre de Pristina. Hashim Thaci, ancien président du Kosovo, éminent membre de l’UČK, pose à côté d’une statue de Mère Theresa, dans le centre ville de Pristina Notre reportage se termine le 17 février, le jour de l’indépendance au Kosovo. Pour l’occasion, les drapeaux du Kosovo sont de sortie dans les rues de Pristina. Les drapeaux albanais (le drapeau « national » du Kosovo) se font un peu plus rares. Tous les ans, pour l’anniversaire de la déclaration d’indépendance,, le monument NEWBORN est redécoré. Cette année, c’est avec des empreintes de main, aux couleurs de treillis. Le jour de l’indépendance, les drapeaux albanais, kosovars et américains sont de sortie. On voit également quelques drapeaux, casquettes, masques sanitaires aux couleurs de l’UČK. Les drapeaux des Européens sont rares. On aperçoit quelques britanniques ou allemands, ici ou là.

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Le Berlin en route pour rejoindre Irini

Bruxelles2 Blog - Thu, 04/03/2021 - 16:45

(B2) Le navire de soutien Berlin (A1411) va quitter son port d’attache, Wilhemshaven ce vendredi : direction la Méditerranée centrale. Il rejoint l’opération européenne de lutte contre les trafics au large de la Libye (EUNAVFOR Med Irini)

Le Berlin en mer Egée en 2020 (crédit : Bundeswehr/Dr. Volker Hartmann)

Les deux hélicoptères : les yeux d’Irini au loin

Deux hélicoptères de type ‘Sea Lynx‘ sont du voyage. Pour la première fois précise la marine allemande (NB : d’ordinaire c’est plutôt un seul hélicoptère). Outre les tâches habituelles de logistique (navettes de personnel et de matériel entre la terre et la mer), ces hélicoptères seront les « yeux volants » d’Irini, indique le commandement du navire, le capitaine de frégate Stefan Klatt. Ils vont permettre d’augmenter la portée de la zone de surveillance du navire, comme de déposer sur les navires à contrôler, les équipes de visite. Le détachement aérien comprendra 18 militaires du 5e escadron d’aviation navale (Marinefliegergeschwader) de Nordholz, pour assurer les opérations aériennes, la maintenance et la réparation.

90% du personnel vaccinés contre le coronavirus

Outre les opérations, un des premiers défis à bord sera « la santé de l’équipage. C’est-à-dire en particulier la protection contre le Covid-19 », indique le commandant du navire. Cette année, la situation est un peu plus favorable que l’année dernière. En effet, plus de 90 % de l’équipage ont été vaccinés. Ce qui évitera les alertes inutiles et les tests PCR en urgence (comme en 2020 lorsque le navire était en opération en mer Egée. Pour limiter au maximum tout risque de contamination, les permissions à terre ne seront pas autorisées…

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Le Chef d’état-major des armées serait maintenu à son poste jusqu’en septembre 2022

Blog Secret Défense - Thu, 04/03/2021 - 09:22

Son remplacement à l’été avait été évoqué, mais le processus de décision semble compliqué...

Le Setúbal portugais et le Dixmude français, de concert, dans le Golfe de Guinée

Bruxelles2 Blog - Tue, 02/03/2021 - 16:30

(B2) Le patrouilleur océanique de la marine portugaise Setúbal, parti début mars, rejoint le porte-hélicoptères français Dixmude déjà sur place. La première illustration du projet pilote décidé par l’Union européenne dans une zone où les attaques pirates sont nombreuses

Le patrouilleur de haute mer portugais Setubal à son départ de Lisbonne (crédit : Joao Bico / MinDéf Portugal)

Des patrouilles dans le Golfe de Guinée

Durant trois mois, le patrouilleur de haute mer portugais (P-363), commandé par le capitaine de frégate Dias Marques, avec un effectif de 58 militaires, va participer à des exercices, des actions de coopération et patrouillera dans tout le Golfe entre l’Angola, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Nigeria et São Tomé e Príncipe. Le porte-hélicoptères amphibie français Dixmude (L9015) est déjà présent sur zone, pour une durée de quatre mois au total. L’objectif commun pour les deux navires : assurer une présence maritime, déjouer les attaques pirates, venir en aide aux navires attaqués, renforcer les marines locales par des exercices et des entrainements en commun.

Une première action dans le cadre des présences maritimes coordonnées

Cette mission est la première dans le cadre du projet pilote des présences maritimes coordonnées décidé par l’Union européenne en janvier dernier (1). Ce concept assez original vise à coordonner les différentes présences maritimes européennes, sans avoir le format complet d’une opération au titre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) (lire : La présence maritime coordonnée. Un nouveau concept européen ? Explications). Ainsi, durant tous les mois de l’année, entre un à trois navires européens seront présents dans la zone en permanence, venant essentiellement d’Espagne, d’Italie, du Portugal et de France (1). Les planifications ont été harmonisées et ajustées pour éviter d’avoir des ‘trous’.

Un concept plus souple que des opérations

Ce concept a un avantage sur les opérations. Il est plus souple, permettant de garder à chaque pays membre son autonomie d’action, son propre calendrier. Et surtout, il ne prive pas les pays riverains de leurs responsabilités premières, en leur donnant l’impression d’une force militaire qui se superpose à leurs propres forces (2). Rien n’interdit d’évoluer d’ailleurs vers une opération en bonne et due forme.

Des présences anciennes

La marine portugaise a une présence régulière dans une zone historiquement locale. Mise au point depuis 2008, l’Initiative Mar Aberto promeut ainsi les missions de coopération en matière de défense avec la communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Du côté français, l’opération Corymbe existe depuis 1990. Mise en place d’abord pour assurer la sécurité des populations françaises présentes dans les différents pays du pourtour du Golfe de Guinée (Côte d’Ivoire notamment) et pouvoir intervenir en évacuation, en cas de tension locale, elle est, peu à peu, montée en puissance et s’est diversifiée, avec de nombreuses interactions avec les pays de la zone.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Deux navires de chaque pays (Italie, Espagne, Portugal) s’y relaieront, trois ou quatre navires pour la France.
  2. Malgré les apparences, la situation n’est pas tout à fait comparable à celle de la Somalie. D’une part, les actes des pirates se déroulent aussi régulièrement dans les ports ou eaux territoriales (et non en haute mer). D’autre part, il n’y a pas dans le Golfe de Guinée de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant à pénétrer dans les eaux territoriales (comme pour la Somalie).

A noter que la zone de ‘chalandise’ des pirates s’est récemment étendue, les pirates ayant pris le large. Lire : Les pirates adorent le Golfe de Guinée. La zone la plus dangereuse.

Lire aussi :

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Arabie saoudite : MBS a autorisé l’enlèvement et l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Un rapport US l’affirme

Bruxelles2 Blog - Sat, 27/02/2021 - 17:38

(B2) Le renseignement américain est convaincu que le prince hériter Muhammad bin Salman, qui dirige de fait l’Arabie saoudite, a approuvé l’opération faite à Istanbul de capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi

Le bureau du coordinateur US du renseignement (ODNI), Avril Haines, a autorisé, vendredi (26.02) la publication d’une note de quatre pages qui contient divers éléments très directs. « Nous basons cette évaluation sur le contrôle du prince héritier sur la prise de décision dans le royaume, l’implication directe d’un conseiller clé et des membres du détachement de protection de Muhammad bin Salman dans l’opération, et le soutien du prince héritier à l’utilisation de mesures violentes pour faire taire les dissidents à l’étranger, y compris à Khashoggi ».

La note du renseignement US liste 18 personnes impliquées dans l’enlèvement ou l’assassinat de Khashoggi.

Rapport USTélécharger

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Les forces érythréennes impliquées dans des massacres de civils au Tigré ? L’UE appelle à la fin ‘immédiate’ des hostilités

Bruxelles2 Blog - Fri, 26/02/2021 - 16:52

(B2) C’est un véritable massacre qu’ont commis les troupes érythréennes dans la ville d’Aksoum, les 28 et 29 novembre 2020, dénonce Amnesty international. L’Union européenne lance un rappel à la raison

carte indiquant les dommages subis dans la ville et les débris (crédit : Amnesty international)

Des exécutions de civils systématiques

Les forces érythréennes appelées à la rescousse par le gouvernement d’Addis Abeba pour ramener l’ordre et mater les autorités de l’État du Tigré « ont tué de manière systématique des centaines de civil·e·s non armés ouvrant le feu dans les rues et fouillant toutes les maisons » indique Amnesty International dans un rapport publié le 26 février.

Des entretiens directs et des témoignages qui se recoupent

Un massacre qui s’apparente à « un crime contre l’humanité », selon l’ONG de défense des droits de l’Homme. Pour arriver à cette conclusion, Amnesty International s’est entretenue avec 41 victimes et témoins – notamment en réalisant des entretiens en personne avec des réfugié·e·s récemment arrivés dans l’est du Soudan et des entretiens téléphoniques avec des habitant·e·s d’Aksoum – et avec 20 personnes au courant des événements.

L’offensive érythréenne au Tigray

Leur récit est « cohérent » sur les exécutions extrajudiciaires, les bombardements aveugles et les pillages généralisés, intervenues après l’offensive menée par les soldats éthiopiens et érythréens pour prendre le contrôle de la ville contre le Front populaire de libération du Tigré (FPLT), mi-novembre.

Un appel de l’Union européenne

La Commission européenne a immédiatement réagi à cette publication, envoyant une sorte de rappel à l’ordre aux autorités éthiopiennes et érythréennes, comme à tous les acteurs de ce conflit civil.

Un appel à la cessation des hostilités

Le commissaire européen Janez Lenarčič (Gestion de crises), et le Haut représentant de l’UE Josep Borrell (Politique étrangère) condamnent « dans les termes les plus fermes, tous les crimes contre les civils » et demandent « que leurs auteurs soient rapidement traduits en justice ». Les obligations du droit international humanitaire « s’appliquent à toutes les parties ». « Les hostilités doivent cesser immédiatement et tous les acteurs humanitaires et les médias autorisés doivent avoir un accès complet et sans entrave à l’ensemble du Tigré »

Une situation humanitaire déplorable

Depuis le début du conflit il y a plus de 100 jours, « des milliers de civils ont perdu la vie et, selon les informations disponibles, 80 % de la population reste coupée de l’aide extérieure, confrontée à une insécurité alimentaire et à une malnutrition croissantes ». Le niveau de souffrance enduré par les civils, y compris les enfants, est « épouvantable ».

(NGV)

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Un C130J canadien en renfort à Barkhane

Bruxelles2 Blog - Thu, 25/02/2021 - 19:32

(B2) Un avion de transport canadien est venu prêter main forte à l’opération Barkhane début février

Le C130J (crédit : DICOD / EMA)

L’équipage canadien du C130J est venu renforcer temporairement, du 2 au 10 février, le groupement tactique opérationnel de la Base aérienne projetée (BAP) de Niamey.

Il a assuré plusieurs vols intra-théâtres au départ de Niamey et à destination de Gao et Tombouctou. Cet appui logistique temporaire a permis de « transporter en moyenne 55 passagers par vol et quelques 700 kg de fret » indique l’état-major des armées.

Ce n’est pas la première fois. Le Canada a déjà mené diverses missions de courte durée plusieurs fois par an à Barkhane.

(NGV)

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Le voyage à Moscou de Josep Borrell : légitime, nécessaire, utile ?

Bruxelles2 Blog - Tue, 23/02/2021 - 10:18

(B2) Le déplacement de Josep Borrell début février à Moscou avait suscité une vague de critiques. Mais in fine, il n’a peut-être pas été aussi inutile. Et ceux-là qui pouvaient le critiquer s’en féliciteraient presque aujourd’hui…

Josep Borrell (crédit : Conseil de l’UE)

La poussière retombée, on peut se poser quelques questions sur le sens du voyage à Moscou du chef de la diplomatie européenne : 1. Fallait-il y aller ? 2. Le moment était-il bienvenu ? 3. Le Haut représentant de l’UE avait-il informé les ministres ? 4. S’est-il concerté auparavant avec eux ? 5. A-t-il failli à sa mission ? 6. Les critiques étaient-elles justifiées 7. Étaient-elles majoritaires ? 8. Ce voyage a-t-il été in fine utile ? 9. Quel jeu jouent les Russes ?

Fallait-il y aller ?

Oui, il fallait y aller. Si un diplomate ne va pas voir les fripons, méchants et autres mécréants, ce n’est pas un diplomate, c’est un inutile paltoquet. Le boulot du diplomate est justement celui-là, d’aller voir ce que ne peuvent rencontrer officiellement les autres responsables politiques.

Le moment était-il bienvenu ?

À cette question, on peut répondre par une autre : y-a-t-il des moments bienvenus avec les Russes ? Au moment de l’emprisonnement de A. Navalny et de nombreux manifestants, le moment pouvait paraitre justifié. Ne pas y aller et se contenter de quelques paroles prononcées de loin, était certes plus commode et sans risque. Mais l’effet aurait été encore plus limité. De plus, en amont d’un débat prévu au Conseil européen de mars sur les relations entre l’Union européenne et la Russie, il pouvait être nécessaire de prendre la température.

Le Haut représentant a-t-il reçu un feu vert avant d’aller à Moscou ?

Oui. Josep Borrell a bien informé les ministres des Affaires étrangères, comme les autres membres de la Commission européenne, dont il fait partie, le 27 janvier, de sa volonté d’aller à Moscou. Ce afin de « préparer l’échange de vues des dirigeants de l’Union » prévu en mars. Le Haut représentant n’a pris personne en traitre. Cette position avait d’ailleurs été définie depuis la réunion informelle des ministres des affaires étrangères (gymnich) de mars 2020 à Zagreb, une position de l’UE claire et affirmée, qui reposait sur les cinq principes de discussion définis antérieurement (2016).

Plus précisément, a-t-il reçu un mandat des États membres ?

Oui et non. Cela dépend parce qu’on entend de ‘mandat’. Si le consensus n’était pas atteint autour de la table, il y avait (mises à part certaines ‘réserves’ ou ‘oppositions’) un certain consensus autour de la table des ministres pour ce voyage. Le message était aussi clair : faire part aux autorités russes des préoccupations européennes dans l’affaire Navalny, comme dans l’absence de progrès dans le dossier ukrainien. Mais au sens formel du terme, il n’avait pas de mandat pour y aller.

A-t-il délivré le message attendu ?

Oui. Le message européen à la Russie sur le cas ‘Navalny’ a bien été passé. Si nos informations sont exactes, il a d’ailleurs constitué une bonne moitié de l’heure et demie de discussion entre Serguei Lavrov et Josep Borrell. Discussion heurtée, difficile, au dire de témoins. « Dès qu’on touche au cas Navalny, on touche à une question de souveraineté nationale », confirme un interlocuteur européen. Lavrov l’a dit vertement au représentant européen. Qui ne s’est pas laissé démonter. La question du non-respect des accords de Minsk et de la situation en Ukraine, près de sept ans après le début du conflit, a aussi été abordée. Autant dire que Lavrov n’était pas d’une humeur badine quand il est arrivé en conférence de presse, et n’avait qu’une envie : se farcir ‘l’emmerdeur’ européen…

Le Haut représentant a-t-il débordé de son rôle ?

Cette question est en fait éminemment politique. Cela dépend comment on conçoit le rôle du Haut représentant. Est-il juste un simple exécutant, fidèle, de la volonté des États membres ? Ou a-t-il une certaine marge de manœuvre ? En gros, est-ce juste un porteur de message ou un véritable diplomate en chef. Au sens du traité européen, il est certes chef du service diplomatique européen et chargé de représenter l’Union européenne à l’extérieur. Donc il jouit d’une autonomie formelle. Mais cela n’en fait pas pour autant le chef de toutes les diplomaties européennes, qui gardent leur indépendance sur ce point, leurs préférences et leurs ‘caveats‘. La politique étrangère reste une chose avant tout nationale. Dans la réalité, le Haut représentant doit, donc, en permanence jongler entre les différentes positions (exprimées ou non exprimées), repérer là où il a des marges de manœuvre pour agir (et celles où il n’en a pas). En l’espèce, on ne peut pas dire que Josep Borrell ait été au-delà de ses compétences. Ceux qui prétendent le contraire sont ceux qui, soit n’ont pas lu le traité, soit l’ont très bien lu, mais ne veulent pas une Europe active en matière de politique étrangère.

Pourquoi la conférence de presse a laissé une impression désastreuse ?

C’est sans doute le moment le plus fragile de la visite. Cette conférence de presse, au terme de la discussion entre S.Lavrov et J.Borrell, a été un vrai piège monté par la communication diplomatique russe. Jouant sur son terrain, à domicile, elle a pu à loisir orienter les questions pour mettre en difficulté le diplomate en chef de l’Union. Celui-ci a résisté. Mais on ne peut pas dire qu’il se soit montré à l’avantage. C’est surtout dans la communication mise en œuvre autour de twitter, you tube et autres réseaux sociaux que l’Union européenne a perdu la bataille (1).

In fine

Ce voyage a-t-il été utile ?

Sur le plan de l’amour propre, c’est sans doute une défaite. Sur le plan politique, c’est un succès plein. Avant le voyage, les Européens étaient hésitants sur l’attitude à avoir vis-à-vis de Moscou. Après le voyage – et la réunion des ministres des Affaires étrangères ce lundi (22.02) l’a montré -, ils se sont réunis autour d’une idée : on ne peut laisser ainsi la Russie utiliser l’Europe et interpréter les règles de droits de l’Homme à sa façon. Et les ’27’ ont décidé d’utiliser l’instrument jamais utilisé jusqu’ici (le règlement horizontal sur les droits de l’Homme).

Quel est le résultat pour la Russie ?

La Russie a certes piégé le diplomate européen. Mais elle s’est aussi piégée elle-même. Le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov, qu’on a connu plus fin, plus pervers, a tapé très fort, peut-être même trop fort, sur un messager somme toute animé de bonnes intentions. La charge, brutale a convaincu s’il y avait encore quelques hésitants, que la Russie n’a pas le dialogue ancré dans les gênes. Et qu’il vaut mieux donc ‘taper d’abord, discuter ensuite’ (la méthode slave en fait).

Est-ce nouveau ?

Non. On peut même dire que c’est une vieille habitude. À chaque fois que les Européens ont, dans le passé, renâclé à sanctionner l’attitude de la Russie Moscou, notamment suite à son intervention en Ukraine, Moscou leur a servi, comme sur un plateau, des arguments pour les aider à franchir le pas des sanctions. Cela a été le cas lors de la mise en place des sanctions économiques contre la Russie, à chaque étape de la procédure en 2014. Comme si la Russie se complaisait ainsi à pouvoir se montrer dans la position de martyr.

Le refus du dialogue avec l’Union européenne

Cette position traduit en fait une évolution, déjà ancienne de la Russie, qui ne considère plus l’Union européenne comme un allié potentiel (position de la fin des années 2000) ou au pire comme un objet utile, mais entend nier son existence, considérant que cet structure internationale n’a pas lieu d’être, qu’il convient davantage de nouer des relations avec les États (ou pas), mais pas avec l’UE en tant que telle. Un peu comme dans une posture très ‘trumpienne’ en fait !

(Nicolas Gros-Verheyde)

Des critiques vocales, mais minoritaires

Sur la Russie, les divergences entre Européens sont nettes. Il y a d’un côté ceux qui disent, ne parlez pas à la Russie, cela ne sert à rien. Ils prônent une politique dure d’ostracisation, comme les Polonais ou les Britanniques. Les autres estiment, un brin naïfs, qu’il faut continuer de dialoguer, voire même coopérer avec la Russie, ne serait-ce que par la proximité géographique, mais aussi par certains intérêts communs (lutte contre le terrorisme, climat, commerce, etc.).

Si le premier camp est très bruyant, il ne faut pas s’y tromper, il est plutôt minoritaire aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Il rassemble tout au plus une bonne demi-douzaine de pays, localisés pour l’essentiel non pas à l’Est de l’Europe, mais essentiellement au Nord-Est (pays Baltes, Pologne, Suède, Roumanie). Avec le Brexit, ce camp a perdu un allié notable (le Royaume-Uni). Si on appliquait le principe de la majorité qualifiée, ces pays n’arriveraient pas à constituer une minorité de blocage (loin de là même, puisqu’ils ne représenteraient que 13,5% des voix).

Le second camp est plus fourni. Certes, il s’étale entre ceux qui affichent une proximité avec Moscou (Chypre et Hongrie notamment), et les partisans d’un dialogue plus ou moins ferme avec Moscou. Mais on y retrouve les quatre grands (France, Allemagne, Italie, Espagne) et de nombreux autres pays qui, pour des raisons diverses, ne veulent pas couper les ponts avec Moscou (Autriche, Finlande, Portugal, Belgique, Luxembourg, etc), ainsi qu’un nombre équivalent de pays d’Europe de l’Est (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie).

On n’est donc pas comme certains aiment à le décrire, dans un affrontement ‘nouveaux États membres’, mais dans un positionnement idéologique qui remonte à une bonne dizaine d’années. Au sommet de Lahti en 2006, en Finlande, cette divergence était déjà bien présente. Elle s’est accentuée avec les interventions russes en Géorgie (2008) puis en Ukraine (2014).

  1. Une bataille en partie perdue car les Européens qui ne cessent de gloser sur la désinformation n’ont pas saisi l’importance de la communication stratégique. Et, surtout, de réagir rapidement, pour le public européen (non pas seulement pour le public russe), dans toutes les langues utilisables. La version européenne n’est ainsi arrivée que près de 48 heures après les évènements, sous la forme d’un blog épistolaire du Haut représentant. Aucun point de presse ou explication n’a ainsi été organisé pour les journalistes européens. Erreur fondamentale qui n’est pas due, là, à la duplicité russe, mais à l’incapacité européenne.

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L’ambassadeur d’Italie en RD Congo tué dans le Nord-Kivu. Une embuscade (v2)

Bruxelles2 Blog - Mon, 22/02/2021 - 14:50

(B2) L’ambassadeur d’Italie à Kinshasa, Luca Attanasio, a été mortellement blessé ce lundi (22.02) dans une attaque armée. Il était en visite dans l’Est du Congo, avec un convoi du programme alimentaire mondial

Luca Attanasio (crédit : Farnesina)

Cela s’est produit durant une visite près de Goma dans l’Est de la RD du Congo, près du lieu-dit « 3 antennes », dans le territoire de Nyiragongo (Nord Kivu). Une véritable embuscade apparemment. Deux autres personnes (son chauffeur et un carabinieri de l’escorte) sont également décédés dans l’attaque.

Tout a été fait pour le sauver, en mobilisant notamment des chirurgiens du CICR (le Comité international de la Croix-Rouge). Mais rien n’y a fait. L’ambassadeur est mort en arrivant à l’hôpital. Agé de 46 ans, Luca Attanasio laisse une femme et trois jeunes enfants.

Des circonstances à éclaircir

« Deux serviteurs de l’État nous ont été violemment arrachés dans l’accomplissement de leur devoir » a confirmé le ministre italien Luigi di Maio (qui assiste en ce moment au Conseil des Affaires étrangères à Bruxelles). « Les circonstances de cette attaque brutale ne sont toujours pas claires et aucun effort ne sera épargné pour faire la lumière sur ce qui s’est passé » indique le communiqué de la Farnesina.

NB : L’ambassadeur de l’UE, Jean-Marc Chataigner n’était pas dans le convoi, contrairement à ce qu’ont dit certains journaux (italiens repris par des journaux congolais). B2 en a eu confirmation, de bonne source.

Un diplomate apprécié

« Je pleure la mort de Luca, tué dans une embuscade près de Goma. Je perds un collègue et ami généreux. Pendant mon mandat en RD Congo, il m’a appuyé à tout moment, aussi dans les moments les plus difficiles » a indiqué Bart Ouvry, via tweeter, qui l’a cotoyé durant plusieurs années, quant il était ambassadeur de l’UE en RD Congo (aujourd’hui ambassadeur de l’UE au Mali).

Un africaniste passé par le Maroc et le Nigeria

Diplômé de l’université commerciale Luigi Bocconi réputée de Milan (2001), Luca a commencé sa carrière professionnelle dans le conseil aux entreprises avant d’intégrer, en 2003, la carrière diplomatique. D’abord affecté à la direction des affaires économiques, puis au secrétariat de la direction générale de l’Afrique, il est ensuite chef de cabinet adjoint du sous-secrétaire d’État chargé de l’Afrique et de la coopération internationale (2004 – dans le gouvernement Berlusconi II).

À l’étranger, il a été chef du bureau économique et commercial de l’ambassade d’Italie à Berne (Suisse) (2006-2010) ; puis consul général à Casablanca (Maroc) (2010-2013). Après un retour à la Farnesina comme chef du secrétariat de la Direction générale de la mondialisation et des affaires mondiales (2013-2015), il repart en Afrique d’abord comme premier conseiller à l’ambassade d’Italie à Abuja, au Nigéria (2015 à 2017), puis en poste à Kinshasa, depuis septembre 2017, d’abord comme chef de mission puis ambassadeur.

Un cas rare

Il est assez rare que des diplomates européens ou d’un État membre soient tués de façon violente dans l’exercice de leur fonction. Les derniers (qui figurent dans notre base de données ‘Memoriam‘) avaient été tués au Mali, lors de l’attaque du Campement en juin 2017 ou de l’attaque d’un restaurant à Bamako en mars 2015. Cela vient illustrer que la situation dans l’Est du Congo, passée sous les radars de l’actualité, n’est pas apaisée. Loin de là… Les circonstances devront cependant être éclaircies car il semble bien que ce soit la voiture de l’ambassadeur qui ait été délibérément visée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier mis à jour à 20h, avec les précisions sur l’ambassadeur UE

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La crise Covid-19 s’installe, la démocratie recule, la Commission regarde ailleurs

Bruxelles2 Blog - Sun, 21/02/2021 - 23:50

(B2) Les mesures prises par plusieurs pays européens au nom de la Santé font une victime collatérale : l’État de droit et la démocratie libérale à l’Européenne

Les parlements semblent les oubliés de la crise sanitaire (crédit : Assemblée nationale FR)

Si l’apparition du Covid-19 en février-mars 2020 était une surprise pour tous et nécessitait des mesures improvisées et d’urgence, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les mesures drastiques pour juguler cette crise sanitaire, si elles sont justifiées, peuvent largement être anticipées. Et rien ne justifie l’absence d’un contrôle démocratique, comme cela est le cas aujourd’hui en France comme en Belgique, durant de long mois.

Des mesures à la volée

La plupart du temps, aujourd’hui, les mesures sont prises, à la volée, par l’exécutif, aux lendemains de conseils de défense ou autres comités de concertation, dont la composition reste un mystère, sans réelle consultation (au sens d’une information préalable, avec un délai de réflexion) des différents partenaires (sociaux, économiques, politiques) et sans aucune décision de leur parlement national.

Des parlements pétrifiés

Les parlements nationaux, comme le parlement européen, paraissent pétrifiés sous le joug de la crise. Chacun craint d’apparaitre, en réclamant le respect de la règle, comme un gêneur dans ce qui est devenu comme une cause nationale de temps de guerre, la lutte contre l’épidémie. Or, malgré tous les mots, nous ne sommes pas en guerre. À aucun moment d’ailleurs, les gouvernements n’ont utilisé dans leur arsenal constitutionnel existant, cette disposition finalement assez encadrée.

Une grande part laissée à l’arbitraire

Ces décisions, sitôt prises, sont aussitôt appliquées, de façon empirique, en laissant une grande part à l’arbitraire. Qu’est-ce qu’un « motif impérieux » justifiant le passage de frontières (côté belge) et ce qui ne l’est pas ? Ou un motif essentiel et ce qui ne l’est pas ? Il revient aux autorités de police, voire aux simples agents des compagnies aériennes, le soin de contrôler cela, selon leur bon sens ou leur humeur du moment. Ce qui est très délicat.

Les principes de droit bafoués

Certains principes fondamentaux — issus de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ou de la Charte des droits fondamentaux — sont clairement ‘mis de côté’, pour une durée indéterminée : la liberté de réunion et d’association (art. 11 CEDH), la liberté de manifester sa religion (art. 9 CEDH), le droit à l’instruction, d’exercer une activité professionnelle (art. 8 CEDH), le respect de la vie privée et familiale, etc. sont limités de façon drastique, sans parler de la liberté de circulation (avec couvre-feu à 18h en France ou autorisations pour sortir du pays en Belgique).

Pas de clause dérogatoire activée

La clause dérogatoire de la Convention européenne des droits de l’Homme, le fameux article 15, n’a pas été déclenchée, sauf par quelques pays. Les vieilles démocraties du continent n’ont pas osé pour des raisons de symbole. « Une vraie mise en quarantaine » ainsi que l’écrit le professeur émérite de l’université de Montpellier, Frédéric Sudre, un des meilleurs spécialistes de la CEDH. « Un État de droit sous respirateur » dénoncent d’une seule voix les avocats belges (1)

Le code Schengen bafoué

Les instances européennes sont à peine consultées. Ainsi le rétablissement de certains contrôles aux frontières n’a pas été notifié par Paris à la Commission européenne, comme le veut le Code Schengen (une seule notification est active, au titre du terrorisme). De même les mesures belges, outrancièrement discriminatoires vis-à-vis des employeurs européens, n’ont pas suscité davantage qu’un mouvement de lèvres de l’exécutif européen.

Le risque d’un effet retard

Les entorses à la démocratie, les griffes données à l’État de droit sont certes, pour l’instant, tolérées, acceptées par la population. Mais elles n’en font pas moins des dégâts, invisibles. Elles pourraient produire quelques jets de colère, aussi imprévisibles qu’éruptifs, et un possible effet a posteriori dans les échéances électorales des années à venir (comme la crise migratoire de 2015-2016). Elles entraînent un sérieux affaissement de la norme qui pourrait être de plus en plus contestée sur la durée.

Une question de légitimité

De plus, la suspension tacite des parlements dans plusieurs pays donne de solides arguments aux adversaires de la démocratie parlementaire, à l’intérieur comme à l’extérieur. Quelle sera la légitimité européenne pour protester, demain, contre la suspension de certains droits démocratiques dans certains pays de l’Union (Hongrie, Pologne), comme à l’extérieur (Russie…), si elle n’est pas capable de faire respecter en interne ce qui est la base de la démocratie : le contrôle des actes de l’exécutif par une assemblée élue, et le respect des droits élémentaires inclus dans ses différents documents…

(Nicolas Gros-Verheyde)

La Commission européenne ferme les yeux Dire que la question de la fermeture des frontières contrarie la Commission est un euphémisme. « La Commission européenne a proposé des recommandations, afin de limiter autant que possible les effets trop préjudiciables sur la libre circulation. Si on veut décourager fortement les voyages non essentiels, on doit éviter la fermeture des frontières. [...] Les mesures doivent être proportionnées et non discriminatoires. » Mais pour autant va-t-elle agir ? Et en a-t-elle envie ? Pas sûr. « Nous examinerons les mesures par un certain nombre d'États membres. Nous avons des inquiétudes, des questions sur la nature des mesures et leur portée. Nous avons des contacts avec les pays concernés pour avoir les clarifications à ce sujet. » Voici comment un des portes-paroles de la Commission européenne a répondu à plusieurs reprises quand des journalistes l'interrogeaient (dont B2). En mots clairs, cela signifie : nous savons bien qu'il y a des violations du Traité, nous les instruisons le plus lentement possible, afin de ne pas gêner les États. Et nous ne rendrons notre avis que quand celui-ci n'aura plus vraiment d'effet (quand les mesures seront levées). C'est la règle sanitaire qui prime en fait comme le reconnait l'exécutif européen. « Les États membres s'efforcent de maintenir l'état sanitaire sous contrôle. NB : on peut se demander également si la nationalité du commissaire européen chargé de la Justice, Didier Reynders, comme sa proximité politique avec le gouvernement actuel (libéral, comme le Premier ministre), ne relève pas du 'conflit d'intérêt'. (1) La lettre ouverte des barreaux francophone, germanophone et flamandTélécharger

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SNLE-3G : le prix des sous-marins français est « classifié »

Blog Secret Défense - Fri, 19/02/2021 - 11:15

La ministre des armées Florence Parly annonce une étape essentielle du renouvellement de la dissuasion avec le lancement d’une nouvelle classe de sous-marins.

Patrice Huiban: «Le syndrome du Second Empire plane sur nos armées»

Blog Secret Défense - Wed, 17/02/2021 - 08:57

Une tribune d’un ancien officier de l’armée de terre, 150 après la défaite de 1871.

Task-force Takuba. Les Italiens arrivent

Bruxelles2 Blog - Wed, 17/02/2021 - 08:35

(B2) Le contingent italien pour la task-force Takuba devrait arriver au cours de la deuxième semaine de mars

(crédit : 9e régiment Col Moschin – armée italienne)

L’information est donnée par le quotidien Il Foglio. Une première équipe de reconnaissance partie sur le terrain est revenue en Italie, donnant en quelque sorte le feu vert final au déploiement.

20 véhicules et huit hélicoptères

Le contingent devrait être composé d’une bonne centaine d’hommes, venus en grande partie des forces spéciales. Ils seront équipés avec vingt véhicules et huit hélicoptères : quatre appareils d’attaque de type AW-129D Mangusta et quatre hélicoptères de transport NH-90, selon Difesa on Line. Cette contribution s’inscrit dans l’autorisation donnée par le Parlement italien, à l’été 2020, d’envoi d’une force de 200 hommes (lire : Les Italiens entrent dans la task-force Takuba au Mali). (1)

Des forces spéciales

Les effectifs pourraient être fournis, par rotation, par le 9e régiment d’assaut parachutiste Col Moschin, du GOI (Gruppo Operativo Incursori) de la marine, du GIS (Gruppo di Intervento Speciale) des Carabinieri et du 17e Stormo Incursori de l’armée de l’air, indique le site Difesa on Line qui se base sur le format similaire engagé par l’armée italienne en Irak et en Afghanistan. Des personnels de ces unités ont également été déployés en Libye. Des équipes issues du 4e régiment alpin de parachutistes de Monte Cervino et du 185e RRO Folgore (le Régiment de reconnaissance pour l’acquisition d’objectifs ou Reggimento Ricognizione Acquisizione Obiettivi) pourraient aussi être déployées.

Le premier déploiement du gouvernement Draghi

Dans tous les cas, ce sera la première opération extérieure déployée par le nouveau gouvernement italien dirigé par Mario Draghi regroupant une large coalition (de la Ligue du Nord à droite au parti démocrate, à gauche, en passant par le Mouvement 5 Etoiles et le parti Italia Viva de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi).

Commentaire : Un contingent apprécié

Le contingent italien devrait particulièrement être apprécié sur place. D’une part par son importance — Rome envoie un contingent similaire aux Suédois — ; d’autre part, par sa qualité. Les Italiens ont une certaine habitude de l’Afrique (Libye, Centrafrique…), des déploiements difficiles, et une proximité linguistique (le manque de francophones dans le détachement suédois rend plus difficile les contacts avec les Maliens). La présence de huit hélicoptères (si elle est confirmée) est un apport aussi notable.

(NGV)

  1. Le chiffre de 200 correspond au maximum autorisé, non pas automatiquement à l’effectif engagé.

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La Royale revient dans l’opération Irini. Le Premier maitre l’Her sur place

Bruxelles2 Blog - Tue, 16/02/2021 - 20:36

(B2) Le patrouilleur de haute mer a intégré l’opération européenne de lutte contre les trafics au large de la Libye, EUNAVFOR Med Irini

Parti de Brest, son port d’attache, le 5 février, le patrouilleur de haute mer, est entré dans la zone d’opération le 11 février et est opérationnel selon le QG de l’opération européenne (EUNAVFOR Med Irini). Il devrait rester engagé pour « une durée de deux mois environ » selon l’état-major (français) des armées.

Une équipe de visite de sept fusiliers marins

Mission principale : surveiller « l’embargo sur les armes à destination de la Libye imposé par le conseil de sécurité des Nations unies ». Un élément de défense et d’intervention maritime (EDIM), composé de sept fusiliers marins, est d’ailleurs à bord, afin d’effectuer les opérations de visite et d’inspection.

Plusieurs fois en Méditerranée

Cet aviso de la classe Estienne d’Orves a été engagé à plusieurs reprises en Méditerranée, notamment au titre de l’opération Sophia en 2016 (lire : Contrôle des armes au large de la Libye : le Jacoubet relaie le Premier maître L’Her) puis en 2017 (lire : Le Premier maitre L’Her embarque dans Sophia). Il est commandé par le capitaine de corvette Fabien Antoine, qui vient d’en prendre le commandement en janvier.

Trois navires et trois ou quatre avions

Le Premier Maître l’Her (F-792) rejoint la frégate grecque HS Aegeon (F-460), qui est le navire amiral de l’opération, et le patrouilleur de haute mer italien Comandante Borsini (P-491). Côté aérien, l’opération dispose de trois ou quatre avions (luxembourgeois, polonais et allemand), selon les moments et la bienveillance mécanique, ainsi que d’un drone Predator italien.

Un avion français Falcon 50 est ainsi détaché, venant relayer un Atlantique 2, qui a permis de compenser les défaillances mécaniques du P3 Orion C allemand (lire : Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne).

(NGV)

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Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo

Bruxelles2 Blog - Mon, 15/02/2021 - 17:31

(B2 à Pristina) Avec 48% des voix selon les premières estimations, Vetëvendosje (« autodétermination ») remporte les élections législatives de dimanche (14 février). Une victoire nette pour ce parti de gauche qui, juste 13 ans après la déclaration d’indépendance, entend tourner la page des anciens combattants de la guerre et lutter énergiquement contre la corruption qui gangrène le pays.

Dimanche soir, des Kosovars se sont rassemblés dans le centre de Pristina, la capitale, ici sous le regard de l’ancien président Ibrahim Rugova (LDK) (Aurélie Pugnet/B2)

Dimanche soir, à 20 heures, les bureaux de votes ont fermé au Kosovo. À la même heure, les premiers résultats sont tombés et le centre ville de la capitale, Pristina, s’est animé à coups de klaxons et de défilés de drapeaux albanais (1).

Victoire pour la gauche

Les partisans du parti Vetëvendosje (« auto-détermination ») ont fait entendre leurs cris de joie dans les rues piétonnes de Pristina. Des enfants de trois ans tenant à peine debout dans la neige, aux vieux messieurs, en passant par les troupes d’étudiants, tous chantaient les noms de ‘Vetëvendosje’ et ‘Albin Kurti’, le leader de ce parti de gauche. La victoire était attendue. Et elle est sans équivoque pour ce parti anti-corruption et anti-establishment. Pour Albin Kurti, cette élection « s’est transformée en un référendum », s’est-il félicité sur son fil twitter. À droite, le PDK (parti démocratique/ECR)— historiquement parti des héros de la guerre et la « libération » du Kosovo du joug serbe —, réunit environ 17% des voix. L’autre parti historique du pays, la LDK (ligue démocratique/PPE), doit se contenter d’environ 13%.

Dans le nord du Kosovo et dans les différentes ‘enclaves’ à communauté majoritairement serbe, c’est la Liste serbe (Srpska lista) qui a récupéré la quasi-totalité des voix — plus de 80% dans les trois régions du nord. Là encore, aucune surprise. Au milieu des drapeaux de la Serbie, les posters de la Liste Serbe ne rencontrent aucune opposition.

À Mitrovica Nord, la Liste Serbe est omniprésente (Aurélie Pugnet/B2)

Les discussions à venir avec les Européens

Ces élections interviennent alors que la révision stratégique de la mission de l’Union européenne pour le soutien de l’état de droit au Kosovo (EULEX Kosovo) est en cours, et le dialogue entre Pristina (Kosovo) et Belgrade (Serbie) à peine relancé. Albin Kurti est connu pour sa position très critique envers la mission des Nations Unies (UNMIK), EULEX et anti-Belgrade. Il a déjà annoncé que la relance du Dialogue avec Belgrade figure en « cinquième ou sixième » position de ses priorités, rapporte la Deutsche Welle. Vis-à-vis de EULEX, « les critiques datent d’il y a plus de deux ans », note le chef de la mission, Lars-Gunnar Wigemark. Il a depuis rencontré Albin Kurti au cours de sa brève expérience de premier ministre, début 2020 (2). Notamment, il précise, « nous avons discuté de certaines questions opérationnelles très spécifiques, par exemple il nous a demandé de l’aide sur la question des personnes disparues ».

(Aurélie Pugnet, envoyée spéciale à Pristina)

  1. Le drapeau albanais est le drapeau ‘national’ du pays, affiché par la majorité albanaise. Alors que le drapeau bleu, avec la forme du pays est le drapeau officiel de l’État du Kosovo.
  2. Albin Kurti a été premier ministre de février à juin 2020, avant que son gouvernement soit renversé par une motion de censure déposée par la LDK, membre de sa majorité parlementaire. Cette motion est intervenue après le renvoi par A. Kurti d’un ministre de la LDK qui avait soutenu la mise en place de l’état d’urgence du président H. Thaci

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