Vous êtes ici

Diplomacy & Defense Think Tank News

Culture, Exposition Gerhard Richter à Prague

Fondation Robert Schuman / Actualités - mar, 09/05/2017 - 02:00
La Galerie nationale de Prague accueille jusqu'au 3 septembre la plus importante rétrospective de Gerhard Richter jamais organisée en Europe centrale et orientale. Elle présente, dans les locaux du palais Kinsky et du couvent Sainte-Agnès, plusieurs dizaines d'œuvres de l'artiste, des peintures photographiques, des portraits, des paysages, des œuvres réalistes et abstraites

Culture, Ouverture de la 57e Biennale internationale d'Art à Venise

Fondation Robert Schuman / Actualités - mar, 09/05/2017 - 02:00
La 57e édition de la Biennale de Venise, surnommée "Viva Arte Viva", ouvre ses portes au public du 13 mai au 26 novembre. Au programme, des expositions d'art et d'architecture, du cinéma, de la danse, de la musique, du théâtre, et des présentations d'archives.

Culture, Festival nordique des médias à Bergen

Fondation Robert Schuman / Actualités - mar, 09/05/2017 - 02:00
Du 10 au 12 mai, la ville de Bergen en Norvège accueille le "Nordiske Mediedager", un festival nordique des médias, qui engage des réflexions, des discussions et des débats sur les nouvelles tendances des médias à l'attention des professionnels, des étudiants et du grand public.

Culture, Jazz à Saint-Germain-des-Prés

Fondation Robert Schuman / Actualités - mar, 09/05/2017 - 02:00
Le festival Jazz à Saint-Germain-des-Prés propose du 11 au 21 mai de nombreux concerts, mais aussi des expositions consacrées à ce genre musical.

Culture, Foire internationale du livre à Prague

Fondation Robert Schuman / Actualités - mar, 09/05/2017 - 02:00
Du 11 au 14 mai, Prague accueille "Book World", sa foire internationale du livre, qui rassemble plus de 600 exposants provenant d'une vingtaine de pays. Débats et dédicaces avec les auteurs, séances de lecture et ateliers sont au programme.

Die Zukunft der deutsch-amerikanischen Beziehungen (I): Handelspolitik

Konrad Adenauer Stiftung - mar, 09/05/2017 - 00:00
Die Wahl Donald J. Trumps zum Präsidenten der Vereinigten Staaten von Amerika hat die internationale Politik in Aufruhr versetzt. Was bedeutet die Wahl für die deutsch-amerikanischen Beziehungen? Der Arbeitskreis Junge Außenpolitiker der Konrad-Adenauer-Stiftung macht in drei zusammenhängenden Papieren Vorschläge, wie die deutsche Politik agieren sollte. In diesem ersten Papier geht es um die Handelspolitik und europäische Antworten auf amerikanischen Protektionismus.

Wildwuchs in der Bachelorlandschaft?

Konrad Adenauer Stiftung - mar, 09/05/2017 - 00:00
Die Zahl der Studiengänge in Deutschland ist auf mehr als 18.000 angewachsen. Für Studieninteressierte ist es nicht leicht, den richtigen Studiengang auszuwählen und für Unternehmen wird es schwieriger, geeignete Absolventen mit dem erforderlichen Know-how zu finden. Ist die überbordende Vielfalt von Bachelorstudiengängen sinnvoll? Weshalb gibt es so viele Studiengänge in Deutschland und wie kann die Fülle besser reguliert werden? – ERSCHEINT AUSSCHLIESSLICH ONLINE

Défaite électorale et victoire culturelle du Front national

IRIS - lun, 08/05/2017 - 16:50

L’absence de «front républicain» a permis de fissurer le fameux «plafond de verre» auquel l’extrême droite continue de se heurter à chaque scrutin majoritaire. Celui-ci risque à son tour de céder du fait de la volonté affichée d’accélérer la stratégie de «dédiabolisation-transformation» du FN.

La large défaite électorale de la candidate de l’extrême droite au second tour de l’élection présidentielle ne saurait masquer les signaux d’une victoire politique et culturelle. Marine Le Pen a réuni près de 11 millions de voix, soit environ deux fois plus que son père en 2002. La progression est spectaculaire et continue, malgré un fort recul enregistré par le FN lors des élections présidentielle et législatives de 2007. Depuis, la machine électorale a renoué avec une dynamique implacable née lors des élections européennes de 1984. Le score obtenu le 7 mai marque un record en nombre de voix obtenues par la formation d’extrême droite, toutes élections confondues, soit une nette progression par rapport au résultat du premier tour de l’élection présidentielle (7,6 millions de voix) de cette année, où Marine Le Pen avait déjà battu le précédent record de son parti, qui datait des régionales 2015.

L’alliance entre Dupont-Aignan et Le Pen

Pis, l’absence de «front républicain» a permis de fissurer le fameux «plafond de verre» auquel l’extrême droite continue de se heurter à chaque scrutin majoritaire. Celui-ci risque à son tour de céder du fait de la volonté affichée d’accélérer la stratégie de «dédiabolisation-transformation» du FN. Du reste, l’événement politique majeur de cet entre-deux-tours restera l’alliance scellée entre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, entre les leaders respectifs d’un parti historiquement antigaulliste et d’une formation revendiquant l’héritage direct du gaullisme.

Rappelons que l’irruption du FN dans notre vie politique date de septembre 1983, lorsque la mairie de Dreux avait été remportée par une liste RPR-Front national… Aujourd’hui, si ce rapprochement se confirme, nul doute que le FN participera de fait au mouvement général de recomposition du paysage politique français au-delà du traditionnel clivage extrême droite/droite/gauche. L’avènement d’un clivage idéologique autour du rapport aux frontières nationales –formelles et imaginaires– du pays symbolise la victoire idéologique et culturelle du Front national.

Loin des chiffres et des stratégies d’appareil, l’essentiel est en effet ailleurs. La montée en puissance du parti frontiste ne se mesure pas seulement à l’aune de ses scores électoraux. La banalisation du vote FN n’est que la partie immergée de la diffusion-normalisation de ses idées et de sa représentation du monde. En cela la victoire d’Emmanuel Macron ne saurait faire illusion: la «mondialisation heureuse» qu’il souhaite incarner est loin d’avoir convaincu 65% des Français.

Le sociologue Zygmunt Bauman écrivait: «On pense à l’identité à chaque fois que l’on ne sait pas vraiment où l’on est chez soi […]. « Identité » est le nom que l’on a donné à la recherche d’une échappatoire à cette incertitude.» C’est précisément cette inquiétude identitaire entretenue par la mondialisation que le Front national a su exploiter et imposer dans la vie politique française, avec la complicité de responsables de droite comme de gauche. Bien qu’inédite à plus d’un titre, la campagne 2017 s’est inscrite dans une certaine continuité avec celles de 2007 et de 2012, en confirmant l’ancrage de la question identitaire dans le débat politique, idéologique et culturel national.

Le contexte est propice à la montée du sentiment national-populiste: la conjugaison d’une crise sociale (avec une précarisation et un chômage structurels et massifs) et d’une crise des idéaux collectifs de substitution a aiguisé dans la société française le sentiment de vulnérabilité face à un nouvel ordre global. Le parti frontiste exploite cette vulnérabilité individuelle et collective dans une stratégie et un discours politiques axés sur une mise en accusation de la mondialisation, de l’intégration européenne et de l’immigration. L’ennemi politique est extérieur au corps national, même lorsqu’il vit en France…

Le brouillage des frontières idéologiques

Le plafond de verre, à défaut d’être brisé sur le plan électoral, a déjà éclaté dans les esprits et la conscience politique de nombreux citoyens et dirigeants politiques de la classe politique traditionnelle qui ont progressivement intégré les mots et les images du Front national dans leur propre univers mental.

Les discours et pulsions xénophobes débordent les sphères toujours plus vastes des cadres comme de l’électorat du Front national. Les frontières idéologiques se brouillent: la gauche du gouvernement s’est inspirée d’une mesure défendue par l’extrême droite (la «déchéance de nationalité»), tandis que Marine Le Pen a plagié un discours prononcé par François Fillon, tant celui-ci puisait à une même source identitaire fondée sur un récit romancé de la nation française et une vision communautarisée de la société française.

Un ethnocentrisme nombriliste se fait jour, une conception dogmatique de l’ordre culturel et social se manifeste, y compris dans la rigidité républicaniste de gauche, d’un Valls ou d’un Mélenchon. Cette vision étriquée de la France et de la République a largement investi le champ politique, au point de participer à la recomposition les clivages entre gauche/droite/extrême droite…

Politischer Kommentar : Die Grande Nation wählt mit Herz und Kopf

Hanns-Seidel-Stiftung - lun, 08/05/2017 - 14:35
Europa atmet auf. Nach Aufregung und Zweifel in den letzten Wochen steht nun fest: Eine Mehrheit der Franzosen hat in der Stichwahl pragmatisch für Europa und die liberale Demokratie gestimmt. Emmanuel Macron stehen die wirklich großen Herausforderungen allerdings noch bevor; allen voran eine regierungsfähige Mehrheit in der Nationalversammlung. Die Wahlen dazu werden im Juni abgehalten.

« Emmanuel Macron n’a jamais fait de constat clair sur ce qui a échoué »

Fondapol / Général - lun, 08/05/2017 - 13:05

Le nouveau président sera-t-il un véritable réformiste comme il l’affirme ou bien va-t-il s’inscrire dans le sillage de ses prédécesseurs? C’est autour de cet enjeu que La Tribune a interrogé Erwan Le Noan, Associé d’un cabinet de conseil, membre du conseil scientifique de la Fondation pour l’innovation politique, et auteur de « La France des […]

Cet article « Emmanuel Macron n’a jamais fait de constat clair sur ce qui a échoué » est apparu en premier sur Fondapol.

Wieder kein Schulz-Effekt – Rot-grüne Koalition am Ende: Triumph für Daniel Günther

Hanns-Seidel-Stiftung - lun, 08/05/2017 - 13:00
Eine eindurcksvolle Aufhohljagd hatte der junge CDU-Spitzenkandidat dem Regierungschef Torsten Albig geliefert. Am Schluss ließ er die SPD mit 32% zu 27 % weit hinter sich. Nach der SPD-Schlappe im Saarland gab es wohl auch in Schleswig-Holstein keinen spürbaren "Schulz-Effekt". Ist der Hype um den Schulz-Zug schon wieder vorbei und was sagt das Ergebnis für die anstehende Bundestagswahl?

1er tour des élections législatives

Institut Montaigne - lun, 08/05/2017 - 11:51
Date: Dimanche 11 Juin 2017

Strukturpolitik für Zukunftsaufgaben

Bonn, 08.05.2017. Die Welt kämpft derzeit mit einer Reihe großer Herausforderungen. Die meisten haben eines gemeinsam: Sie gehen mit tiefgreifenden Veränderungen in der Struktur unserer Volkswirtschaften einher. Die Zukunftsmärkte für Waren, Dienstleistungen und Arbeitskräfte werden sich stark von denen unterscheiden, die wir heute kennen. Drei Beispiele dazu: Dekarbonisierung: Bis Ende dieses Jahrhunderts muss die derzeit fossile globale Wirtschaft vollumfänglich kohlenstoffneutral werden. Dazu sind tiefgreifende Transformationen der Energie- und Transportsysteme, der Landwirtschaft und der Industriegüterproduktion notwendig, die in ihrem Ausmaß mit der industriellen Revolution vergleichbar sind. Digitalisierung: Durch neue Technologien (Digitalisierung, Robotik) werden Maschinen in der Lage sein, viele menschliche Aufgaben zu übernehmen – jedoch zu geringeren Kosten. Schätzungen zufolge könnten etwa die Hälfte der heutigen Jobs innerhalb der kommenden zwei Jahrzehnte durch Automatisierung wegrationalisiert werden. Urbanisierung: Weltweit wächst die Stadtbevölkerung rasant. 2035 werden sieben Milliarden Menschen in Städten leben. Dies wird tiefgreifende Auswirkungen auf die Wirtschaftsstruktur haben. Erstens beanspruchen Stadtbewohner eine größere Vielfalt an Waren und Dienstleistungen, was die wirtschaftliche Diversifizierung vorantreibt. Zweitens befördern Ballungsräume das Innovationstempo. Drittens müssen für die heutigen Transportarten und Bauweisen in den Städten umweltfreundliche Alternativen gefunden werden, wofür andere Technologien und Materialien erforderlich sind. So werden heutige Berufe, Fertigkeiten und Wettbewerbsvorteile von Firmen ihre Bedeutung verlieren und durch andere ersetzt werden. Solche Transformationen zu gestalten, ist Aufgabe der Strukturpolitik. In der Vergangenheit beschränkte sich die Strukturpolitik im Wesentlichen auf die Schaffung von Industrien mit höherer Produktivität und breiterer Diversifizierung, um Einkommen zu steigern. Heute benötigen wir Lösungen für eine Wirtschaft ohne Kohlenstoffemissionen; wir müssen darüber nachdenken, wie wir gesellschaftliche Aufgaben im Zeitalter der Digitalisierung so verteilen, dass Leistungen besser werden, ohne dass Massenarbeitslosigkeit entsteht; wir brauchen neue Konzepte nachhaltiger Urbanisierung. Die Bewältigung dieser Herausforderungen stützt sich zum großen Teil auf Innovationen, die in konkurrenzbasierten Märkten entstehen. Zugleich wird jedoch politische Lenkung wichtiger: erstens sind die komplexen gesellschaftliche Ziele nicht vollständig in Preisen abzubilden; zweitens setzen die anstehenden Transformationen voraus, dass vielfältige technologische und institutionelle Veränderungen koordiniert auf den Weg gebracht werden.  Während die Ziele der Strukturpolitik einem tiefgreifenden Wandel unterzogen sind, gelten die meisten Gestaltungsprinzipien und Erfolgsfaktoren weiterhin. Am Anfang stehen sollte eine politische Entscheidungsfindung über ein „nationales Transformationsprojekt” unter Einbeziehung vielfältiger gesellschaftlicher Akteure, das Wegweiser für künftiges Handeln ist. Bei der Umsetzung sollten Regierungen möglichst viele marktwirtschaftliche Instrumente nutzen. Tempo und Sequenzierung der Transformation sollten so gewählt werden, dass die Anpassungsfähigkeit von Unternehmen und Arbeitskräften nicht überfordert wird. Das Experimentieren mit Technologien und Märkten sollte gefördert und von Monitoring und Evaluierung begleitet sein. In vielen Entwicklungsländern werden diese Gestaltungsprinzipien einer intelligenten Strukturpolitik allerdings kaum berücksichtigt. Grund dafür sind nicht nur der Mangel an Finanzierungsmöglichkeiten und Fachleuten, sondern insbesondere politische Praktiken, die von Korruption und Vetternwirtschaft gekennzeichnet sind. Daher sind typischerweise die Länder, die eine intelligente Strukturpolitik besonders dringend bräuchten, zugleich diejenigen, in denen die Voraussetzungen für deren Umsetzung fehlen. Wege aus diesem Dilemma aufzeigen möchte das Buch Industrial Policy in Developing Countries Es bietet eine Bestandsaufnahme kontroverser Standpunkte über Strukturpolitik. Des Weiteren werden die in diesem Jahrhundert entstehenden großen Herausforderungen des Strukturwandels diskutiert. Fünf Fallstudien über Äthiopien, Mozambique, Namibia, Tunesien und Vietnam geben Einblicke in die Praxis. Sie zeigen Fehler in der Strukturpolitik, aber auch eindrucksvolle Erfolge sowie die daraus zu ziehenden politischen Lehren. Konflikte lediglich zu kaschieren, führt niemals zum Ziel. Zielkonflikte (z.B. zwischen Beschäftigung und Umweltschutz) müssen erkannt und offen diskutiert werden. Das Buch präsentiert anstelle von Dogmen evidenzbasierte Erkenntnisse. Dabei wird die Forderung nach ausgewogenen Standpunkten aufgestellt: Ja – Strukturpolitik, eine Lenkung der Marktakteure sowie die Entwicklung einer langfristigen Vision sind notwendig, und nein – es ist niemals leicht, es müssen Risiken eingegangen werden, wodurch auch Fehlschläge möglich sind. Die Autoren zeigen auch, mit welchen Maßnahmen kostspielige Fehler in der Strukturpolitik vermieden werden können.

Zuspitzung im Streit um den INF-Vertrag

SWP - lun, 08/05/2017 - 00:00

Seit 2014 beschuldigen sich die USA und Russland gegenseitig, den Vertrag über das Verbot landgestützter Mittelstreckenwaffen (Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty, INF-Vertrag) zu verletzen. Nun ist der Streit in eine neue Phase getreten. Die USA be­haup­ten, dass Russland mit der Stationierung eines nuklearfähigen Marschflugkör­pers be­gon­nen hat, der eine verbotene Reichweite zwischen 500 und 5500 km hat. Der US-Kongress fordert in einer Gesetzesvorlage militärische Gegenmaßnahmen, die unmittelbar die Nato betreffen würden. Sollte es nicht gelingen, die Vorwürfe des Vertragsbruchs aus der Welt zu schaffen, droht ein neuer Rüstungswettlauf in Europa.

Le tournant du Hamas ouvre-t-il la voie à la négociation du conflit israélo-palestinien ?

IRIS - ven, 05/05/2017 - 18:28

Alors que le Hamas a annoncé la modification de sa charte, le président palestinien Mahmoud Abbas a été reçu mercredi par Donald Trump à la Maison-Blanche. Le point de vue de Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS.

Quelles sont les principales modifications que le Hamas apporte à sa charte ? Comment interpréter ce changement de position et peut-il être qualifié de revirement historique ?

L’aspect principal des modifications de la charte du Hamas est l’acceptation de la possibilité de créer un État palestinien dans les frontières de 1967. Or, si le Hamas reconnaît ces frontières, cela implique mécaniquement une reconnaissance – même si ce n’est pas affirmé en tant que tel – d’un État israélien. Le Hamas se situe donc sur la même position que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1989, consistant à reconnaître de facto la nécessité de deux États, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors. Cette évolution est extrêmement importante même s’i elle ne vaut pas une reconnaissance de jure de l’État d’Israël. Celle-ci n’interviendra qu’à l’aboutissement d’un processus de négociation, dont il faut souhaiter qu’il redémarre réellement. Il faut donc maintenant que ladite communauté internationale saisisse au bond cette avancée pour tenter de réactiver un processus digne de ce nom.

On peut comprendre cette évolution du Hamas par l’évolution de rapports de force qui lui sont aujourd’hui défavorables. Les soutiens les plus forts dont il jouissait, à savoir l’Iran et la Syrie, ont disparu. Le Hamas s’est effectivement désolidarisé de Bachar al-Assad et de Téhéran du fait de la guerre civile syrienne. L’organisation se retrouve donc dans une situation plus difficile, d’autant plus que de nombreuses puissances occidentales – dont la France – la qualifient d’organisation terroriste et refuse tout contact, au moins officiel, avec lui. Le Hamas entretient néanmoins des relations avec des Etats comme la Russie, la Chine ou l’Afrique du Sud. Cet isolement relatif du Hamas l’a donc contraint à faire un pas en avant.

Il est également essentiel de noter que le Hamas ne fait plus référence aux Frères musulmans dans ses déclarations, dont il incarne pourtant la branche palestinienne. Cela marque certainement une volonté de renouer un dialogue avec le maréchal-président Abdel Fattah al-Sissi, ce dans l’espoir que celui-ci lève le blocus égyptien contre Gaza. Si Le Caire prenait cette décision, cela contribuerait alors à affaiblir les positions de l’Etat d’Israël qui, pour sa part, continue à promouvoir une position d’extrême fermeté à l’égard des habitants de la bande de Gaza.

La situation du peuple de Gaza est effroyable et on assiste à son étouffement progressif. En outre, le Fatah de Mahmoud Abbas a également pris des décisions condamnables : réduction de 30 % de la rémunération des fonctionnaires palestiniens travaillant à Gaza et arrêt du paiement, par l’Autorité palestinienne, de l’électricité utilisée par les citoyens gazaouis en provenance d’Israël.

De plus en plus impopulaire auprès des Palestiniens, qu’espère Mahmoud Abbas en rencontrant Donald Trump ? L’optimisme affiché des deux dirigeants pour trouver un accord de paix est-il crédible ?

Cette visite de Mahmoud Abbas à Washington est l’expression de la dégradation des intérêts du peuple palestinien. M. Abbas est extrêmement affaibli politiquement et de plus en plus critiqué en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, il considère donc que la seule marge de manœuvre qui lui reste est de tenter d’entretenir de bonnes relations avec les États-Unis.

Être reçu directement par Donald Trump reste symboliquement fort. Cependant, leur conférence de presse fut plutôt pitoyable de par le jeu de dupe qu’elle cache : Abbas n’a en réalité plus aucune marge de manœuvre vis-à-vis de Washington. D’autant que les États-Unis, notamment l’administration Trump, montrent un soutien quasi institutionnel à l’égard d’Israël et de Benjamin Netanyahou, qui s’est lui-même rendu à la Maison-Blanche en février. Pour la première fois depuis les accords d’Oslo, un président américain a même évoqué une solution à un seul État. En outre, David Friedman, nouvel ambassadeur américain en Israël nommé par Trump, est un fervent soutien et partisan de la colonisation à outrance. Les dirigeants israéliens évaluent précisément ces évolutions qui leur sont favorables puisque, le 6 février dernier, la Knesset a légalisé l’expropriation de terres privées palestiniennes au profit de colons israéliens, imposant ainsi la loi de Tel-Aviv en terre étrangère et marquant un pas de plus vers l’annexion de la Cisjordanie. Quelque deux mois plus tard, le 30 mars, le gouvernement israélien a autorisé, pour la première fois depuis les accords d’Oslo de 1993, et outre l’extension des colonies existantes, l’établissement d’une nouvelle colonie en Cisjordanie. Ces décisions indiquent la porosité qui prévaut désormais entre la droite et l’extrême droite israéliennes, qui n’ont de cesse de mettre en œuvre un processus d’annexion, au détriment de l’idée même d’un État palestinien.

Ainsi, personne ni du côté israélien, ni américain, ne parle de relance des négociations.

Lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas, Donald Trump a affirmé ne trouver rien de plus stimulant que de résoudre une situation présentée comme insoluble. Par son égo surdimensionné, le président américain commet une lourde erreur en croyant pouvoir résoudre seul un problème de cette dimension. Quant à Abbas, son attitude est dramatique, au sens où il feint de croire que Trump peut être partie à une solution positive. Ce n’est évident pas le cas, car une solution au conflit israélo-palestinien ne pourra se faire que dans le cadre international et des résolutions de l’ONU et l’instauration d’un rapport de force à l’égard de la puissance occupante que Trump ne veut mettre en œuvre.

Ce jeu de dupes est donc l’expression de l’impasse dans laquelle se trouve l’Autorité palestinienne, qui n’a plus d’autorité que le nom.

Depuis plus de deux semaines, des détenus palestiniens dans des prisons israéliennes sont en grève de la faim. Qui sont ces prisonniers et quelles sont leurs revendications ? Peuvent-ils réussir à faire pression sur le gouvernement israélien ou ce dernier reste-t-il intransigeant ?

Depuis près de deux semaines, plus 1 000 prisonniers politiques – dénommés « prisonniers de sécurité » par Israël – sont en grève de la faim, sur un total de 6 500 détenus. Cette grève a été lancée à l’instigation de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien jouissant d’une très forte popularité. Il a déjà été condamné à cinq reprises à la prison à perpétuité, ce qui montre l’absurdité de soi-disant justice israélienne. Les revendications des prisonniers sont élémentaires : avoir droit au moins deux fois par mois à des visites familiales – actuellement réduites à une seule –; avoir accès à un téléphone ; bénéficier de soins médicaux ; ne plus être mis à l’isolement. Or, les grévistes ont justement été isolés et nous restons sans nouvelles précises à leur sujet. Des dirigeants israéliens ont évoqué l’éventualité de les nourrir de force si le mouvement se poursuivait.

Seuls, ces grévistes ne seront pas en mesure de faire plier le gouvernement israélien. Pour cela, il faut qu’un mouvement de solidarité internationale se développe dans les meilleurs délais. Certaines réactions des membres de la coalition gouvernementale font froid dans le dos. Par exemple, le Foyer juif, parti d’extrême droite du ministre de l’Éducation Naftali Bennett, a organisé un barbecue géant devant la prison d’Ofer… de quoi donner une idée du cynisme de certains partis et dirigeants israéliens. Quant au parti Israel Beytenou du ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Avigdor Lieberman, il n’a pas hésité à rappeler la situation des prisonniers politiques irlandais sous Margaret Thatcher, que cette dernière a laissé mourir de faim… Si telle est la solution préconisée par le gouvernement israélien, il y a de quoi s’inquiéter.

Aussi importante que soit cette grève de la faim et le mouvement de solidarité dans la société palestinienne (une grève générale en Cisjordanie a été massivement suivie), les détenus ne pourront pas faire plier seuls le gouvernement israélien. Pourtant, ces revendications élémentaires correspondent simplement à l’application du droit international humanitaire et de la Convention de Genève. Le pire est donc à craindre au vu de la situation d’autisme politique israélien. La vie de ces grévistes est véritablement en jeu, d’où la nécessité de faire connaître leurs revendications.

« Dans quelle France on vit » – 3 questions à Anne Nivat

IRIS - ven, 05/05/2017 - 17:32

Reporter de guerre indépendante, Anne Nivat a sillonné les terrains dangereux au péril de sa vie. Auteur d’une dizaine d’ouvrages dont « Chienne de guerre » (prix Albert-Londres 2000), elle répond à mes questions à l’occasion de la parution de son dernier ouvrage : « Dans quelle France on vit », aux éditions Fayard.

Vous décrivez des Français qui souffrent mais qui luttent. Votre voyage auprès des gens à qui on ne donne jamais la parole ne vous conduit pourtant pas au pessimisme le plus noir. Pourquoi ?

Mais pourquoi serais-je pessimiste ? Parce que tout le monde l’est ? Mon travail d’enquête de deux années, fidèle à la méthode qui est la mienne depuis 17 ans – seule à sillonner des pays en guerre, dans des sociétés détruites – ne démontre en rien qu’il faille être pessimiste pour l’avenir de la France, un pays moderne et riche, et qui, justement, n’a pas à souffrir de la guerre. La France a été attaquée sur son sol par des terroristes français mais elle n’est pas un théâtre d’opérations de guerre. Je crois en l’humain et en ses ressources, et c’est cela que montre —sans démontrer— inlassablement, mon travail de terrain, où que je pose mon regard :  même si la plupart des Français rencontrés à Laon, Lons-le-Saunier, Laval, Montluçon, Evreux ou Ajaccio restent très critiques envers les différentes politiques menées en leur pays ; même si, parfois, ils ont du mal à joindre les deux bouts et à s’estimer « heureux », ce sont des femmes et des hommes qui ont de la ressource, et surtout, une capacité à vivre les yeux ouverts, sans déni. Ils font de plus preuve d’une finesse d’analyse sur leur propre situation personnelle ainsi que, plus largement, celle de leur pays, qui les honore.

Nous avons les hommes politiques que nous méritons et ce livre n’est pas une analyse politique de ceux qui nous gouvernent : c’est une résonance, une expression, sourde et profonde, de ceux qui vivent ici, en France, et qui ne s’expriment d’habitude pas ou peu, parce qu’on ne leur donne habituellement pas la parole, ou alors, dans des circonstances bien particulières : un angle médiatique précis, ou une campagne électorale. Je pars du principe qu’avant de juger, mieux vaut s’informer sur une situation, à travers ses moindres paradoxes et jusque dans ses détails les moins reluisants et parfois, les moins attirants. C’est ce que j’ai fait en me rendant sur ce terrain à la fois proche et lointain : la France, qui n’a rien de différent, finalement, de mes précédents terrains de guerre, en ce sens que nous autres, humains, avons finalement tous les mêmes préoccupations : vivre sereinement, avoir une activité qui nous permet de nous « réaliser », et de donner un avenir à nos enfants.

Vous racontez le cas terrible d’une femme qui s’est défenestrée : « maintenant, ma souffrance on la verra », dit-elle.

Cette histoire abominable, d’une violence crue et démente illustre bien, à mon sens, la société qui est la nôtre aujourd’hui. Elle m’a été rapportée par une de mes interlocutrices à Laon, une ville-chapitre dans laquelle je tente de narrer le « sentiment de déclassement ».  La personne qui me raconte l’histoire s’appelle Maryline, a 37 ans, est infirmière en milieu psychiatrique dans la région de l’Aisne. Ancienne foraine, Maryline a passé sa vie entière à aider les autres, notamment dans cet hôpital psychiatrique départemental de Prémontré où elle m’emmène. C’est là qu’elle a vécu ce moment atroce : la défenestration d’une femme tétraplégique qui lui avait confié, juste après son acte : « au moins, ma souffrance, maintenant, elle se voit ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Que certains d’entre nous n’en peuvent plus de souffrir en silence, qu’ils veulent s’exprimer sur cette souffrance mais aussi être considérés. Cette volonté d’exister est ici paradoxalement portée à son summum. Je l’ai constatée à plusieurs reprises au cours de ce « tour de France ». Ainsi, de ces adolescents de 18 et 20 ans, deux garçons de bonne famille à Laval, catholiques pratiquants, comme leurs parents, dont je comprends, au détour de notre conversation après la messe dominicale, qu’ils se sentent « jaloux » des jeunes garçons musulmans de leur âge, parce que ces derniers sont, à leurs yeux, plus « visibles » dans les médias, « existent davantage » à leurs yeux.

Ecouter les doléances de chacun, quelles que soit leurs convictions politiques ou religieuses, a été une constante de cette enquête, afin de les retransmettre, pour que nous puissions chacun, en notre fort intérieur, « digérer » l’information et nous rendre compte de ce que notre « vivre-ensemble » est devenu. Pour moi, il ne faut fermer les yeux et les oreilles sur rien, tout écouter, prêter attention à tous les discours, afin de pouvoir les connaître, en débattre, et, éventuellement, les circonscrire.

De la question du voile présente dans chaque ville visitée à un lieu de culte musulman incendié à Ajaccio sans réelle réaction des pouvoirs publics (qui avaient été avertis du risque), pensez-vous que la France règlera la question de sa relation difficile avec l’islam ?

La question du voile et, plus largement, celle de la cohabitation en France entre différents cultes, à l’heure où le religieux semble être devenu le refuge privé de beaucoup de nos compatriotes, reste épineuse. Il n’y a pas qu’à Laval, lors de conversations avec des jeunes catholiques, que le religieux a montré son importance : à Ajaccio, où des événements inquiétants se sont produits au lendemain du caillassage d’un véhicule de pompiers dans la nuit du 24 au 25 décembre 2015, plusieurs de mes interlocuteurs m’ont avoué être souvent « désemparés », parfois « agacés » par la visibilité des femmes voilées qui résident dans certains quartiers. Ils sont aussi surpris par leur nombre, dont chacun assure – sans aucun fondement statistique —, qu’il a augmenté. C’est un discours que j’ai entendu dans toutes les villes « moyennes » où j’avais décidé d’enquêter. En affirmant leur identité, ces « Belphégors du 21ème siècle », comme les qualifie une de mes interlocutrices, font très peur, quelles que soient leurs motivations personnelles, « alors que nous, on a peur de perdre la nôtre, d’identité », n’hésitait pas à accuser une institutrice locale.

Mon choix, à Evreux, d’écrire quelques pages, en fin de chapitre, à propos de femmes voilées par leur propre souhait, et heureuses de l’être —la conseillère Pôle Emploi de l’une d’elle affirme même qu’elle est « la joie de vivre personnifiée » ! —, a même choqué jusqu’à certains de mes collègues journalistes, qui m’en ont fait la réflexion, comme si cela n’avait pas lieu d’être mis en avant ! Voilà bien la preuve de la puissance des stéréotypes et des idées reçues sur un sujet qui reste l’objet, si je puis dire, de tous les fantasmes. Avant de pouvoir prétendre régler cette question touchant aux identités multiples de la France d’aujourd’hui, encore faudrait-il être parvenu à montrer, dans toute la richesse de leur diversité, ces identités multiples et les revendications qui en découlent.

La longue marche de Matteo Renzi

IRIS - ven, 05/05/2017 - 16:54

Matteo Renzi avait successivement démissionné de son poste de président du Conseil italien, à la suite du rejet de son projet de réforme constitutionnelle ; puis de celui de secrétaire du Parti démocrate (PD). Il a réussi un premier retour dimanche 30 avril 2017 en remportant encore plus largement qu’attendu (70 %) les primaires de la formation de centre-gauche.

Le 4 décembre 2016, en effet, les Italiens avaient largement voté « non » à la réforme de la Constitution entrée en vigueur en 1948. Outre leur attachement à un texte issu de la lutte contre le fascisme, ils avaient plus généralement condamné l’exercice de M. Renzi, président du Conseil depuis février 2014, ainsi que son style politique et sa logique de personnalisation du pouvoir. « Mère de toutes les batailles », le projet visait à réduire les pouvoirs du Sénat pour mettre fin au système de bicamérisme égalitaire et à recentraliser certaines prérogatives régionales. Il devait consacrer un processus plus large de réformes, qui n’ont toutefois pas eu les effets escomptés. Celle de l’enseignement, par exemple, a été très impopulaire. Et urtout, celle du marché du travail, le « Jobs Act », s’est rapidement essoufflée, ne parvenant pas à incarner une réponse sérieuse à la crise et à la précarité croissante. Le chômage a même progressé entre fin 2015 et fin 2016, alors que les exonérations de charges pour les employeurs prévues par la loi étaient revues à la baisse.

Un point de départ et un point d’arrivée

Le départ de M. Renzi de la direction du Parti démocrate, en février 2017, s’est inscrit dans la séquence ouverte par cet échec référendaire. Le président du Conseil avait très tôt déclaré qu’il démissionnerait en cas de rejet de son projet de réforme constitutionnelle, contribuant à personnaliser le scrutin. Au cours de la campagne, il a suscité une importante opposition, jusque dans les rangs de sa formation politique. En effet, certains parlementaires démocrates se sont prononcés en faveur du « non », après avoir pourtant voté le texte lors de son examen au Parlement. Finalement, la réforme a été rejetée par 59 % des suffrages exprimés, avec une participation significative (65 %) en comparaison des dynamiques électorales précédentes. M. Renzi a donc démissionné et c’est l’un de ses proches, Paolo Gentiloni, jusque-là ministre des Affaires étrangères, qui a été nommé pour assurer la suite de la législature. Gentiloni s’appuie ainsi sur une majorité identique et quasiment la même équipe gouvernementale.

La campagne référendaire avait donc exacerbé les fractures internes au Parti démocrate, certains accusant M. Renzi d’avoir vidé la formation de son contenu démocratique. Ce dernier a fini par également démissionner de son poste de secrétaire national ; cela dans le but de provoquer l’organisation d’un congrès extraordinaire et la tenue d’élections primaires, au cours desquelles il comptait reprendre fermement la main sur le parti. Parallèlement, certaines figures ont fait scission, comme Pier Luigi Bersani – ancien secrétaire national du PD qui avait mené la campagne des élections générales de 2013 – et Massimo D’Alema, président du Conseil entre 1998 et 2000. Ils ont entraîné dans leur sillage une cinquantaine de parlementaires pour créer un Mouvement démocrate et progressiste (Articolo 1 – Movimento Democratico e Progressista, la première partie de l’appellation étant une référence explicite à la Constitution).

En cela, la large victoire de M. Renzi est tout d’abord importante car elle lui permet, après l’échec de décembre 2016, de se remettre en selle. Il importe également de rappeler que M. Renzi est un responsable politique qui n’a jamais été élu au niveau national, à l’exception donc des primaires de son parti. Il n’a effectivement jamais été parlementaire et était devenu président du Conseil après avoir remporté les primaires de 2013, poussant Enrico Letta à la démission à la suite d’une manœuvre interne au PD. Dès lors, chaque consultation électorale apparaissait comme un test de légitimité. En mai 2014, il triomphait aux élections européennes, le PD obtenant les meilleurs résultats de son histoire. En avril 2016, il semblait percevoir une sorte de consensus politique dans l’abstention des Italiens, à laquelle il avait appelé, dans le cadre d’un référendum abrogatif – qui n’avait finalement pas obtenu le quorum de participation nécessaire à sa validité – sur les forages pétroliers et gaziers en Méditerranée et en Adriatique.

M. Renzi parvient donc à reprendre la main sur son parti avec un soutien populaire significatif : il a obtenu 70 % des voix face à son ancien ministre de la Justice, Andrea Orlando (20,5 %), et au président de la région des Pouilles, Michele Emiliano (9,5 %). La participation constitue aussi un signal positif pour lui : 1,85 million de personnes se sont rendues aux urnes, ce qui est certes largement inférieur aux primaires précédentes mais au-delà des prévisions du parti. En outre, beaucoup d’observateurs considèrent qu’il s’agit d’un score important dans un contexte national marqué par une désaffection croissante à l’égard de la politique

Le premier objectif de M. Renzi est donc rempli. Le secrétaire du Parti étant celui qui mène la bataille législative, l’objectif, à terme, est bien de redevenir président du Conseil à la suite des prochaines élections générales. Ces dernières doivent normalement se tenir début 2018. Voilà donc, pour l’heure, un point de départ et un point d’arrivée. Dans cet entre-deux, toutefois, c’est bien le flou qui semble dominer.

Une course incertaine

La première incertitude – et le premier défi pour M. Renzi – est d’ordre technique : il s’agit de trouver un accord avec les autres formations politiques sur une loi électorale et un mode de scrutin acceptable. En effet, la loi électorale dont est issu le Parlement actuel, élu en 2013, a été déclarée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle la même année. Cette Cour a aussi en partie invalidé la loi qui s’inscrivait dans le cadre de la réforme constitutionnelle proposée par M. Renzi, qui par ailleurs ne concernait pas le Sénat, amené à être réduit à un rôle d’assemblée consultative. Désormais, le Parti démocrate travaille sur un système proportionnel inspiré de l’Allemagne, avec un seuil électoral de 5 %.

La deuxième incertitude est d’ordre tactique : si la législature actuelle arrive à son terme en février 2018, M. Renzi n’a toutefois pas totalement renoncé à la tenue d’élections anticipées. Il faudrait pour cela que le président de la République, Sergio Mattarella, procède à la dissolution des deux chambres parlementaires. Dans cette perspective, il pourrait s’agir de voter dès cet automne ; une tentation qui renvoie à plusieurs dynamiques. À l’étranger, M. Renzi compte sur le phénomène Emmanuel Macron en France, avec qui il partage l’idée du « réformisme » comme rempart contre le « populisme » et réponse à la crise. D’un point de vue interne, il espère pouvoir s’appuyer sur sa « base électorale » des élections européennes de 2014 et du référendum de 2016 – 41 % des voix à chaque fois –, dont il semble craindre que le temps n’érode. En effet, le gouvernement Gentiloni est confronté à un grand nombre de dossiers complexes, parmi lesquels une menace européenne de procédure de déficit excessif ; la mise sous administration extraordinaire de la compagnie aérienne Alitalia ; ou le plan de sauvetage de la banque Monte dei Paschi di Siena. Surtout, à l’automne doit être approuvée la loi de finances : des élections anticipées pourraient alors permettre de voter avant que ne se fassent sentir les effets de nouvelles mesures d’austérité. Par ailleurs, le Parti démocrate pourrait enregistrer un nouveau recul à l’occasion des élections administratives qui se tiendront en juin dans certaines villes, provinces et régions.

Car là apparaît la troisième incertitude, celle-ci d’ordre politique : le Mouvement 5 étoiles, sorti renforcé du référendum de décembre 2016, est désormais le premier parti de la péninsule dans les intentions de vote. Il a également démontré l’an passé qu’il était capable de remporter des scrutins significatifs, ainsi des municipales à Rome et, plus surprenant, à Turin – au-delà d’expériences de gestion pour le moins contrastées. Le mouvement devrait faire connaître son programme de gouvernement d’ici le mois de juillet et élire les personnalités de sa potentielle équipe gouvernementale en septembre. Enfin, M. Renzi devra opérer un travail de rassemblement au sein du Parti démocrate. À gauche, il devrait également probablement être concurrencé par le Mouvement des démocrates et progressistes. Ce dernier a encore besoin de temps pour s’organiser – et donc n’aurait pas forcément intérêt à la tenue d’élections anticipées – mais ne brille pas pour le moment par son dynamisme.

Marine Le Pen : une politique étrangère gaulliste, vraiment ?

IRIS - ven, 05/05/2017 - 16:26

Au cours de la campagne présidentielle de 2017, Marine Le Pen a tenté d’inscrire sa politique étrangère dans les pas du général de Gaulle. Se réclamer d’une lignée gaulliste peut paraître étonnant de la part de la candidate du Front national, dans la mesure où l’extrême droite – notamment son père – a toujours combattu de Gaulle, allant même jusqu’à tenter de commettre un attentat à son encontre. 

Marine Le Pen évoque le gaullisme et non pas le gaullo-mitterandisme, la référence à un président de gauche lui étant sûrement insupportable. Néanmoins, peut-elle réellement se réclamer d’une lignée gaulliste ?

S’allier avec la Russie et s’opposer aux États-Unis ne suffit pas à caractériser le gaullisme. Certes, de Gaulle a entretenu des relations avec l’Union soviétique, qu’il qualifiait de « Russie éternelle ». Cependant, il s’agissait davantage pour lui de donner plus de marge de manœuvre à la France, afin de desserrer l’étau étroit de l’alliance américaine. Ceci étant, de Gaulle n’a jamais hésité à soutenir fortement les États-Unis dans les pires moments de crise, comme la construction du mur de Berlin en 1961 ou la crise de Cuba en 1962. Pour le général, la Russie n’était qu’une carte à jouer parmi d’autres, en aucun cas une relation unique, encore moins une relation de dépendance. S’il s’est fortement opposé à Washington à de nombreuses reprises, rejetant notamment l’idée d’une Europe purement états-unienne, il ne s’en est jamais désolidarisé. Le gaullisme ne se résume donc pas au schéma systématique d’opposition aux États-Unis d’une part et d’alliance avec Moscou d’autre part.

De même, François Mitterrand s’est inscrit dans cette tradition gaulliste. S’il a notamment soutenu les États-Unis lors de la crise des euromissiles en 1983, il s’est également opposé frontalement à eux, par exemple lors de la livraison d’armes au Nicaragua – contre lequel Washington était en guerre larvée – et surtout lors de la « guerre des étoiles » souhaitée par Ronald Reagan.

Il est donc historiquement exagéré de la part de Marine Le Pen de se réclamer d’une lignée gaulliste. Cette dernière ne signifie en aucun cas détruire l’Europe ou en sortir. Le général était un partisan convaincu de l’Europe, même s’il estimait qu’elle n’en faisait pas assez. Il a toujours défendu les intérêts français en faisant pression sur les autres pays européens. À l’époque, le poids de la France était plus fort puisqu’elle faisait partie des six membres fondateurs de la Communauté économique européenne et que la relation bilatérale avec l’Allemagne lui était plus favorable qu’aujourd’hui. Or, même en position de force, de Gaulle n’a jamais donné l’impression de vouloir détruire la construction européenne. Ses différends avec l’Allemagne – par exemple au sujet de la clause du traité franco-allemand de 1963 rendant l’OTAN incontournable – ne se sont jamais transformés en hostilité à l’égard de Berlin, comme l’a déclaré Marine Le Pen.

En outre, le gaullisme ne correspond ni au repli sur soi, ni à la fermeture des frontières et à l’isolement international. Au contraire, de Gaulle était partisan d’alliances tous azimut, notamment avec le Tiers-Monde. Il a notamment mis fin à la guerre d’Algérie, alors que Marine Le Pen semble bien loin d’une telle conception. Le discours général de la candidate du FN sur l’islam et les musulmans est aussi bien éloigné de la politique de réconciliation avec les pays arabes entamée par de Gaulle.

Pour de Gaulle comme pour Mitterrand, il était nécessaire d’accroître la marge de manœuvre française au sein de l’OTAN. Le général a ainsi quitté les organes militaires intégrés de l’organisation après que Washington ait refusé ses réformes. Cependant, de Gaulle a tout de même entretenu des relations avec l’OTAN, en signant des accords entre chefs d’états-majors (Ailleret-Lemnitzer) dans l’éventualité d’un conflit avec l’URSS. Il ne faut donc pas caricaturer le gaullisme avec l’image d’une relation franco-américaine uniquement conflictuelle. Tant pour Mitterrand que pour de Gaulle, les États-Unis restent un allié de la France, même s’il est parfois encombrant : il est nécessaire pour la France d’affirmer sa différence, son absence de soumission, ce qui ne signifie pas pour autant une opposition systématique. Encore une fois, Marine Le Pen fait preuve de contradiction : elle dit vouloir quitter l’OTAN et s’opposer aux États-Unis mais dans le même temps, elle a attendu – vainement – une rencontre avec Donald Trump. Sa politique envers Washington est donc très contingente, oscillant entre hostilité envers Barack Obama et offre de service à Trump. « Imagine-t-on le général de Gaulle » attendre en vain à la table d’une cafétéria une éventuelle photo opportunity ? Hormis le repli sur soi général, aux antipodes du gaullisme réclamé par Marine Le Pen, la politique étrangère du FN ne présente donc pas de fil directeur.

Lors du débat d’entre-deux tours, Emmanuel Macron a de nouveau fait référence au gaullo-mitterrandisme ; ce n’est pas la première qu’il emploie cette expression. Il a précisé sa pensée en expliquant vouloir une alliance avec les États-Unis, tout en s’y opposant si nécessaire, comme ce fut le cas pour la guerre en Irak en 2003. Il est peu probable que Macron demande la sortie des organes militaires intégrés de l’OTAN. Néanmoins, la France peut très bien rester dans l’OTAN tout en étant plus active et plus exigeante envers les États-Unis. Reste l’épineuse question de la défense anti-missile que Washington souhaite déployer en Europe et en Corée ; braquant de la sorte Moscou et Pékin, qui risquent de renforcer leur coopération au détriment des Occidentaux. La France peut jouer un rôle important en s’opposant à ce système anti-missile en Europe, qu’elle a jusqu’alors accepté. Mitterrand était lui-même isolé en s’opposant à la guerre des étoiles de Reagan mais l’Histoire lui a donné raison.

Toute référence au gaullo-mitterandisme est bienvenue lorsque l’on considère – comme moi – qu’il s’agit de la meilleure diplomatie que Paris peut conduire. En se référant de nouveau à cette lignée, Macron a envoyé un signal, plutôt de bon augure. Espérons que cet engagement soit tenu et confirmé par la diplomatie qu’il mettra en place s’il est élu président.

Pages