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Diplomacy & Defense Think Tank News

Deutschland und Polen: Kooperation trotz Differenzen

SWP - mar, 13/02/2018 - 00:00

Das Verhältnis zwischen Deutschland und Polen befindet sich in einer schwierigen Phase. Diverse bilaterale Streitpunkte sind dafür verantwortlich, dass sich die Beziehungen verschlechtert haben – darunter der mögliche Bau der Gaspipeline Nord Stream 2 durch die Ostsee, polnische Reparationsforderungen an die Adresse Berlins sowie europapolitischer Disput etwa um Aufnahmequoten für Flüchtlinge. Zudem hat Brüssel ein Verfahren nach Artikel 7 des EU-Vertrags eingeleitet – als Reaktion auf die innere Umgestaltung Polens, wie sie die seit 2015 regierende Partei Recht und Gerechtigkeit (PiS) betreibt, namentlich auf dem Justizsektor. Mit einem Kurswechsel in der polnischen Innen- oder Europapolitik ist nicht zu rechnen, auch wenn in Warschau zur Jahreswende eine Regierungsumbildung erfolgte und moderatere Töne von dort zu vernehmen sind. Allerdings bieten sich Ansatzpunkte für einen sachlicheren Umgang miteinander. Auch angesichts der breiteren europapolitischen Lage sollte Deutschland versuchen, die Beziehungen zu Polen realpolitisch zu konsolidieren – ohne dabei jedoch deren Wertedimension zu ignorieren.

Mohamed Louizi : «Si réforme il faut mener, c’est celle de l’islam et non de la laïcité»

Fondapol / Général - lun, 12/02/2018 - 20:48

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Certaines mesures envisagées par le chef de l’État à l’égard du culte musulman affaibliraient paradoxalement le modèle républicain, argumente l’auteur de Plaidoyer pour un islam apolitique. LE FIGARO. – Emmanuel Macron réfléchit à une réorganisation du culte musulman. Il entend, par exemple, réduire l’influence des pays étrangers et régler le problème du financement des […]

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ETI françaises et digital : où en sommes-nous ? Trois questions à Gilles Babinet

Institut Montaigne - lun, 12/02/2018 - 19:49
ETI françaises et digital : où en sommes-nous ? Trois questions à Gilles Babinet Institut Montaigne lun 12/02/2018 - 19:49

Accélérons la transformation digitale des PME de croissance et des ETI !

Une loi de programmation militaire 2019-2025 aux objectifs contradictoires

IRIS - lun, 12/02/2018 - 12:44

Le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 a été adopté en conseil des ministres le 8 février, définissant ainsi le périmètre stratégique des armées pour les sept années à venir, les équipements nécessaires à sa réalisation et les moyens budgétaires qui y seront alloués. Cette nouvelle LPM se veut être la première pierre qui bâtira l’édifice « d’un modèle d’armée complet et équilibré » à l’horizon 2030, tel que préconisé dans la revue stratégique publiée, en octobre 2017. Toutefois, si l’inflexion budgétaire est notable, il est nécessaire d’analyser le projet de la prochaine LPM à la lumière des ambitions affichées par le président de la République en matière militaire, soit atteindre 2% du PIB affectés à la défense en 2025, mais également d’une autre ambition affichée, celle de restaurer les comptes de l’État et d’accroître la compétitivité économique de l’industrie et des services.

L’inflexion notable du budget de la défense, pour les 7 prochaines années, est-elle soutenable ?

Le président de la République a fixé le cap pour les armées françaises, celui d’une « Ambition 2030 ». Dans un monde en plein réarmement, la France s’exprime clairement en faveur d’un accroissement de son budget de défense qui se traduit dans la nouvelle LPM 2019-2025. Cela n’aura échappé à personne, les attentats qui ont touché le pays depuis 2015, la multiplication des opérations extérieures, ont fini de convaincre François Hollande d’abord, puis Emmanuel Macron depuis son élection, d’enrayer la diminution des effectifs militaires, et de revoir à la hausse un budget qui avait diminué, puis stagné, depuis la chute du mur de Berlin. Cette loi de programmation militaire traduit sans doute une inflexion stratégique majeure que l’on avait pu constater en Asie et que l’on voit depuis deux ans au sein de l’Union européenne : les budgets de défense repartent à la hausse. La lutte contre le terrorisme djihadiste, en France et dans le cadre des opérations extérieures, la crise ukrainienne – même si la Russie ne peut être considérée comme un ennemi -, la croissance forte et continue du budget de la défense de la Chine, la multiplication des cyberattaques et le redémarrage à la hausse du budget de la défense des États-Unis avec la présidence Trump, créent un climat propice à une croissance des dépenses militaires.

Sur le plan comptable, cette LPM prévoit un effort de 197,8 milliards d’euros entre 2019 et 2022, soit une augmentation de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, et de 3 milliards d’euros à partir de 2023. L’objectif affiché par Emmanuel Macron durant la campagne électorale aux élections présidentielles était d’atteindre des dépenses de défense à hauteur de 2% du PIB à horizon 2025, et c’est bien ce qui a été retenu dans la LPM 2019-2025.

Difficile à l’heure actuelle de dire si cet objectif financier sera tenu dans les délais impartis. L’évolution du contexte macroéconomique dans les années à venir, l’élection présidentielle de 2022, la fluctuation de l’environnement stratégique, incertain et instable, sont autant de facteurs qui pourraient avoir une influence sur le déroulé de la LPM. Tout se passe comme si la première partie de la programmation se traduisait par une progression raisonnable des dépenses militaires, qui s’accentuent dans les dernières années. C’est en effet à partir de cette date que le coût du renouvellement des deux composantes de la dissuasion nécessitera une augmentation sensible des dépenses militaires.

Une première étape, celle de la « régénérescence »

Les premières années de la programmation militaire seront consacrées au renouvellement de matériels militaires usés par le temps. L’effort portera sur les véhicules blindés avec le programme Scorpion, et de manière générale, sur tous les matériels nécessaires à la protection du soldat. Le programme Scorpion était certes prévu de longue date, mais la multiplication des opérations extérieures avait encore accéléré l’usure de matériels vieillissants comme le VAB. Cette régénérescence nécessaire aux « conditions d’exercice du métier des armes » passe également par la mise à disposition de petits équipements indispensables à l’entraînement du soldat, et aux besoins d’outils individuels exigés par le métier (munitions de petits calibres, habillements, gilets pare-balles modernisés, outils technologiques performants, tels que des moyens de communication améliorés). Cette régénérescence se traduit par l’accroissement de la disponibilité des équipements militaires et de nos matériels nécessaires aux opérations. Cela sous-entend la hausse des crédits dédiés au maintien en condition opérationnelle (MCO). Notre armée est aujourd’hui une armée en guerre. Or, notre soutien des matériels était configuré pour une armée en paix : il fallait donc changer la donne.

Dans le domaine aérien, l’entrée en service des ravitailleurs A-330 MRTT permettra de prendre le relai des KC-135 qui avaient été acquis dans les années 60 pour ravitailler les Mirage IV, porteurs de notre première arme atomique. Dans toutes les opérations extérieures récentes, nous étions dépendants des capacités américaines dans ce domaine, ce qui n’était pas souhaitable en termes d’autonomie stratégique. L’avion de transport A 400 M vient, quant à lui, remplacer les Transall qui étaient entrés en service dans les années 60.

La quête sans fin du modèle d’armée complet

Mais les défis futurs s’annoncent déjà, et le comblement des lacunes capacitaires d’aujourd’hui ne fait que mettre en lumière les lacunes capacitaires qui s’annoncent pour demain. La rénovation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 sera poursuivie, mais il faudra bien développer un nouveau système, peut-être avec les Allemands, afin de remplacer des avions entrés en service au début des années 80. Il faudra également se doter enfin de drones – en coopération avec les Allemands, les Italiens et les Espagnols -, 20 ans après que les Américains et les Israéliens se soient dotés de ce type de matériel. Il sera également nécessaire d’avancer dans la définition du système de combat aérien futur (SCAF), là aussi en coopération avec les Allemands, et sans doute avec d’autres pays, qui pourront s’agréger ultérieurement à ce projet.

Enfin, il faut préparer et développer les technologies du futur. Depuis plus de quinze ans, le budget de recherche et technologie (R&T) est en baisse. Il sera désormais porté à 1 milliard d’euros contre 730 millions d’euros aujourd’hui. Le défi technologique prendra d’ailleurs sans doute une autre forme que par le passé. Les nouvelles technologies, dans lesquelles investissent massivement Américains et Chinois, ont pour nom l’intelligence artificielle, le big data ou l’information quantique, et elles sont développées essentiellement dans le secteur civil.

Protéger l’autonomie stratégique nationale et favoriser l’autonomie stratégique européenne

Le terme est réutilisé à de nombreuses reprises tout au long de la nouvelle LPM. L’autonomie stratégique de l’outil de défense français est une priorité inconditionnelle, et elle éclipserait presque la recherche d’une autonomie stratégique européenne, pourtant elle aussi valorisée dans le projet de la prochaine loi de programmation militaire. L’argument retenu par celle-ci est subtil, la première – nationale – doit être en mesure de conditionner la seconde – européenne -, et ce pour parvenir à ce que la France appelle le développement d’une « culture stratégique commune ».

Cela passe par la réalisation des ambitions politiques en matière de défense européenne à travers la mise en œuvre du Fonds européen de défense, le développement d’une coopération en matière industrielle, et la coopération intensifiée, ou renouvelée, avec des partenaires européens sur des théâtres d’opérations. Par ailleurs, la nouvelle LPM annonce que les programmes d’équipements qui seront lancés entre 2019 et 2025 seront conçus dans une perspective de coopération européenne, hors programmes de souveraineté nationale, et sans parler des programmes européens d’ores et déjà en cours. Il faut ici y voir des opportunités dans le secteur des drones (programme de drone MALE), des avions de patrouille maritime (programme PATMAR Futur), du programme de démineurs SLAMF avec le Royaume-Uni, ou encore des réflexions conduites en commun avec l’Allemagne liées au remplacement du Char Leclerc.

Au final, la question principale porte sur la capacité de la France à maintenir un modèle d’armée complet avec une croissance des dépenses militaires que l’on peut considérer comme raisonnable, tout au moins sur les quatre premières années, au regard de la contrainte économique. Pour le moment, le sentiment est que deux discours sont tenus de concert avec deux objectifs contradictoires : augmenter les dépenses militaires et restaurer les comptes publics. Il n’est pas certain que cette stratégie soit tenable dans le temps, et il faudra peut-être se résoudre, soit à privilégier le premier objectif, mais cela nécessite sans doute une croissance plus forte des dépenses militaires, soit à privilégier le deuxième objectif, auquel cas cela nécessite que le modèle d’armée complet soit élaboré dans un cadre plus large que le cadre national, c’est-à-dire dans le cadre de l’Union européenne avec les 27 autres États membres, ou avec quelques partenaires européens uniquement.

Ist Trumps Steuerreform schlecht für Entwicklungsländer?

Bonn, 12.02.2018. Das erste erfolgreich durchgesetzte Projekt des seit einem Jahr im Amt stehenden US-Präsidenten Donald Trump ist gleich eines, das weltweite Auswirkungen haben wird. Es ist die größte US-amerikanische Steuerreform seit 1986. Sie wird vor allem für ihre inländischen Verteilungswirkungen kritisiert, weil sie große Entlastungen für besserverdienende Haushalte und Unternehmen, aber mittelfristig wenige bis keine Entlastungen für Geringverdiener und die Mittelschicht bringt. Gleichzeitig hat die Reform aber auch globale Auswirkungen. Finanziert werden soll sie nämlich größtenteils über die Rückführung von Auslandsvermögen, für welche die Reform die entsprechenden Anreize setzt. Der sogenannten „Tax Cuts and Jobs Act“ verringert erstens die US-amerikanische Unternehmenssteuer von 35 Prozent auf 21 Prozent der erzielten Gewinne. Damit wird dieser Steuersatz, der zuvor im internationalen Vergleich zu den höchsten zählte, auf einen Schlag unter den weltweiten Durchschnitt von etwa 23 Prozent gesenkt. Zweitens wechseln die USA vom Welteinkommensprinzip mit Anrechnungsmethode zu einem Territorialprinzip. Das bedeutet, dass die Auslandsgewinne amerikanischer Unternehmen in Zukunft nicht mehr mit dem amerikanischen, sondern nur noch mit dem ausländischen Steuersatz besteuert werden, auch wenn dieser niedriger ist (eine Minimalbesteuerung soll allerdings extremem Missbrauch vorbeugen). Drittens werden als Ausnahmeregelung alle bisher geparkten ausländischen Gewinne mit einem besonders niedrigen Satz von 15,5 bzw. 8 Prozent besteuert. Schätzungen sprechen von über 2,5 Billionen US-Dollar, die bisher im Ausland geparkt wurden, jetzt aber wenigstens teilweise in die USA zurückfließen werden. Firmen wie Apple haben solche Rückflüsse bereits angekündigt. Dies hat vielfältige Auswirkungen auf alle anderen Länder. Die USA sind mit einem Stock von insgesamt ca. 6 Billionen US-Dollar die mit Abstand größten Eigner von ausländischem Direktkapital in der Welt, auch in vielen Entwicklungsländern. Was also haben diese von der Steuerreform zu erwarten? Wir sehen vor allem drei Effekte. Erstens könnten Entwicklungsländer vom erhofften Wachstumsschub profitieren. Gerade hat der IWF seine Vorhersagen zum Wachstum der US-amerikanischen wie auch der globalen Wirtschaft im Jahr 2018 nach oben korrigiert – ausdrücklich unter Bezug auf die Steuerreform. Viele Experten befürchten allerdings, dass sich der Wachstumsimpuls als relativ kurzfristig erweisen könnte, weil mehrere Aspekte der Reform dämpfend auf die heimische Nachfrage wirken. Dies sind steigende Haushaltsdefizite (die Rede ist von zusätzlich 0,5 bis 1,5 Billionen US-Dollar über die kommenden zehn Jahre), der mittelfristig regressive Verteilungscharakter der Reform sowie Kostensteigerungen einer zunehmend nationalisierten US-Wirtschaft. Zweitens wird sich mit der Steuerreform zwar das Investitionsverhalten vieler großer Unternehmen ändern. Hiervon sind aber die anderen Industrienationen sowie Niedrigsteuerländer wie Irland und Luxemburg stärker betroffen als die meisten Entwicklungsländer. Es ist allerdings nicht auszuschließen, dass es in einigen Ländern mit engen Verbindungen zur US-Wirtschaft in der verarbeitenden Industrie zu niedrigeren Zuwächsen oder sogar Abflüssen bei den Direktinvestitionen kommt. Drittens muss sich die Welt nun auf eine neue Runde im globalen Steuerwettbewerb einstellen. Ein race to the bottom bei den Unternehmenssteuern wäre für viele Entwicklungsländer keine gute Nachricht, sind sie doch oft besonders abhängig von diesen Steuern – wobei der Löwenanteil zudem häufig von einer kleinen Zahl multinationaler Konzerne getragen wird. Andererseits dürfte es auch heute schon kaum Investitionen im verarbeitenden Gewerbe in Entwicklungsländern geben, die nicht über mehrere Jahre steuerbefreit sind. In anderen, kapitalintensiven Sektoren (wie zum Beispiel Naturressourcen, Energie, Telekommunikation etc.) spielt der Steuerwettbewerb zwischen Ländern hingegen eine weniger große Rolle. Wichtiger für Entwicklungsländer dürfte daher die Frage sein, wie sich die US-Regierung im Hinblick auf internationale Steuervermeidung und -hinterziehung aufstellen wird, unter der diese Länder besonders leiden. Trumps Reform richtet sich zwar gegen einige Praktiken der Steuervermeidung in den USA, aber das unilaterale Vorgehen der US-Regierung lässt befürchten, dass international abgestimmte Vorgehensweisen – etwa beim Austausch steuerlich relevanter Informationen – auch künftig keinen hohen Stellenwert haben werden. Zusammengefasst: Für die Entwicklungsländer mag der zusätzliche Wachstumsimpuls der US-Steuerreform kurzfristig eine gute Nachricht bedeuten. Mittelfristig werden die weltwirtschaftlichen Risiken vermutlich eher steigen. Die Umlenkung der globalen Finanzströme und der drohende Eintritt in eine neue Runde des internationalen Steuerwettbewerbs wird die meisten Entwicklungsländer kaum direkt betreffen – dort wo es solche Effekte gibt, werden sie aber negativer Natur sein.

Energía en 2018: aceleración geopolítica, más OPEP+ y Trump año II

Real Instituto Elcano - lun, 12/02/2018 - 07:18
ARI 17/2018 - 12/2/2018
Gonzalo Escribano

El año 2018 apunta a precios del petróleo por encima de la media de 2017 y a una aceleración geopolítica en Oriente Medio, así como a una rivalidad creciente entre la OPEP+ y los productores no convencionales estadounidenses.

EVP-Parteienbarometer Januar/Februar 2018

Konrad Adenauer Stiftung - lun, 12/02/2018 - 00:00
EVP-Parteienfamilie in der EU | Wahlergebnisse der größten EVP-Mitgliedspartei in den letzten nat. Parlamentswahlen | Stärkste politische Familie in Umfragen | Europawahlergebnisse der EVP-Parteien 2014 | Regierungsbeteiligung EVP-Parteien | Staats- oder Regierungschefs nach politischer Familie

Nordkorea: Entspannung oder weitere Eskalation?

Konrad Adenauer Stiftung - lun, 12/02/2018 - 00:00
Die koreanische Halbinsel steht im Fokus der globalen Aufmerksamkeit. Seitdem Kim Jong Un die Macht von seinem Vater übernommen hat, reiht der nordkoreanische Diktator einen Raketen- und Nukleartest an den nächsten. Doch im Januar 2018 trafen sich Vertreter beider Staaten nach zwei Jahren Funkstille wieder zu Gesprächen - durch die Olympischen Spiele nähern sich Nord und Süd wieder an. Über die Entwicklungen in Ostasien berichten die Auslandsmitarbeiter der Konrad-Adenauer-Stiftung aus der Region und aus anderen Teilen der Welt. Ihre wichtigsten Beiträge finden Sie auf dieser Seite.

Après l’Affaire Ramadan, quels débats ? / Corse : notre Catalogne ?

Fondapol / Général - dim, 11/02/2018 - 17:17

Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, était l’invité de Emilie Aubry dans l’émission L’Esprit public sur France Culture. L’affaire Tariq Ramadan et la Corse étaient au programme de cette émission. L’intégralité de l’émission est à retrouver ici.

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Février 2018, les États-Unis tentent de reprendre la main en Amérique latine

IRIS - ven, 09/02/2018 - 18:03

Donald Trump, président des États-Unis, élu le 8 novembre 2016, avait, dès les débuts de sa campagne électorale, montré du doigt un bouc émissaire à ses concitoyens, l’Amérique latine. Criminalité, maladies, trafics en tout genre, commerce des stupéfiants, terrorisme, concurrences commerciales déloyales, le mal était au Sud. Pour faire bonne mesure, les musulmans du monde avaient été associés à cet opprobre électoraliste.

Entré à la Maison-Blanche le 1er janvier 2017, Donald Trump avait confirmé et persévéré. Les déclarations agressives se sont succédé. Le Mexique a été sommé de payer un mur frontalier. Les migrants clandestins ont été menacés. Une réforme de la politique des visas a été annoncée. Ainsi qu’une révision des accords commerciaux en cours de négociation ou déjà signés.

Un appel d’offres pour construire un mur sur la frontière sud a permis de vérifier sa faisabilité. Les arrestations de clandestins ont été plus nombreuses. Les États-Unis se sont retirés des négociations engagées pour mener à bon port un Traité de libre-échange transpacifique, ou TPP. Mexique et Canada ont été fermement invités à revoir la copie de l’ALENA, l’accord de libre-échange nord-américain.

L’Amérique d’abord, America First. Le mot d’ordre a déstabilisé la relation avec les partenaires des États-Unis les plus inégaux. En clair, ceux du Sud, ceux qui se trouvent à la périphérie des puissants, au premier rang desquels on trouve les Latino-Américains. Le 22 décembre 2017, Donald Trump a menacé de rétorsions ceux qui n’acceptaient pas de déplacer leur ambassade en Israël à Jérusalem. Les propos brutaux tenus devant un groupe de congressistes par le chef des États-Unis le 12 janvier 2018, sont cohérents avec sa pensée, sa vision géopolitique du monde et ses orientations diplomatiques. Haïti, le Salvador et les Africains sont des « pays de merde »[1].

Parallèlement, pourtant, devant un parterre choisi d’interlocuteurs privés et officiels, à Davos, le 28 janvier 2018, comme le 30 janvier devant le Congrès des États-Unis, le président a fait preuve d’une logorrhée en coitus interruptus. Lisant le texte sur prompteur, et donc un discours préparé, il a défendu la priorité américaine en termes mesurés. La défense de l’intérêt national, la sécurité des ressortissants nord-américains, la révision des conditions d’entrée et de séjour sur le sol des États-Unis ont bien occupé une place importante dans le propos présidentiel. Mais sans viser personne, pays ou peuple en termes désobligeants.

Ce double exercice de rhétorique politique a été suivi les 2-7 février 2018 d’un déplacement inédit du Secrétaire d’État des États-Unis, Rex Tillerson, dans cinq pays de la région (Argentine, Colombie, Jamaïque, Mexique, Pérou). Le déplacement a pris une tournure d’autant plus significative qu’il a été précédé d’une longue explication de texte devant les étudiants de l’université du Texas le 1er février[2].

Plus qu’une succession de rendez-vous de routine, cette tournée du Secrétaire d’État en terres « hémisphériques », au vu des agendas et des propos tenus, visait à recadrer les propos à l’emporte-pièce du président et à redonner du sens à une diplomatie en perte de boussole. Commerce bilatéral, lutte contre le trafic de stupéfiants, politiques migratoires ont bien sûr été évoqués.

Mais des gestes inattendus, compte tenu du passif accumulé ces derniers mois, ont été faits. Ils avaient pour objectif de reconstruire un climat de confiance. Ils l’ont été au cours de conférences de presse conjointes du Secrétaire d’État avec les ministres des Affaires étrangères argentin, mexicain, péruvien, et en Colombie avec le président Juan Manuel Santos.

À Mexico, le Secrétaire État a parlé ALENA avec son homologue mexicain, mais aussi avec la ministre canadienne des Affaires étrangères. Dans ses différentes étapes, Rex Tillerson a repris à son compte la reconnaissance d’une coresponsabilité des États-Unis faite par Barack Obama sur le dossier des stupéfiants. Et dans toutes les capitales visitées, l’accent a été mis sur les valeurs qu’auraient en partage Argentine, États-Unis, Colombie, Jamaïque, Mexique, et Pérou, ainsi que sur les libertés politiques comme commerciales. Le Venezuela, dénoncé à chacune des étapes, a servi de fil conducteur au lien que cherchait à renouer Rex Tillerson.

Mais il y a sans doute une autre raison ayant motivé cet aggiornamento. Aux Nations unies, Bolivie, Brésil, Chili, Costa-Rica, Cuba, Équateur, Nicaragua, Uruguay, Venezuela ont condamné le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem. Les Latino-Américains néo-libéraux, désormais aux affaires dans une majorité de pays, ont par ailleurs saisi depuis un an les échappatoires offertes par le monde global. Les échanges avec toutes sortes de pays se sont multipliés (Israël, la Turquie, l’Inde, la Russie et bien sûr la Chine). Colombie, Mexique, Pérou, pays membres de l’Alliance du Pacifique, ont décidé avec leurs partenaires asiatiques du TPP de poursuivre leurs négociations sans les États-Unis. Le sommet des Amériques qui se tient à Lima-Pérou, les 13 et 14 avril 2018, quelques mois avant un G-20 [3]en Argentine ne pouvait que mettre en évidence l’impasse diplomatique et commerciale des États-Unis.

Les gestes signalés en direction des Latino-Américains rappellent, selon Rex Tillerson, que pour ces pays « les États-Unis sont disposés à approfondir les relations mutuelles, (..) parce qu’ils sont le partenaire le plus constant de l’hémisphère occidental (..) L’Amérique latine n’a pas besoin de nouvelles puissances impériales » (..) la Chine, la Russie, (..) qui ne partagent pas les valeurs fondamentales de la région ». À bon entendeur …

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[1] « Shitholes countries », dans le texte original

[2] Devant le Centre Clements de sécurité nationale et le Centre Robert Strauss pour la sécurité et le droit international

[3] Trois pays latino-américains sont membres du G-20, l’Argentine, le Brésil et le Mexique.

Theresa May et le bateau ivre du Brexit

IRIS - ven, 09/02/2018 - 16:56

Alors que la deuxième phase de négociations sur le Brexit vient de débuter, le pays est plongé dans un état de chaos politique inédit : le parti conservateur semble plus que jamais divisé sur la politique à mener, fragilisant Theresa May, la cheffe du gouvernement. D’autant que le Royaume-Uni paraît être affaibli également sur la scène extérieure. Le point de vue d’Olivier de France, directeur de recherche à l’IRIS.

Entre la publication dans la presse d’un rapport officiel démontrant les dégâts sérieux qu’occasionnerait le Brexit sous toutes les hypothèses, et les rumeurs de renversement de la cheffe du gouvernement, Theresa May dispose-t-elle encore d’un leadership tant au sein de sa famille politique que vis-à-vis de l’Union européenne ?

Le début des négociations de la seconde phase du Brexit a débuté suite à la visite de Michel Barnier à Londres cette semaine. Celles-ci doivent tracer les contours de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne au-delà de l’échéance du 29 mars 2019, ainsi que les modalités d’un éventuel accord de transition. Le moins que l’on puisse dire est que le Royaume-Uni n’aborde pas ces négociations en position de force. Le pays, qui traverse une période d’instabilité et d’affaissement politique assez inédit dans son passé récent, semble déboussolé.

Un rapport du ministère du Budget britannique est sorti inopinément dans la presse la semaine dernière. Il démontrait que sous tous les scénarios, négociés ou non, le Brexit infligerait un dommage conséquent au pays. Franchement, le constat est loin d’être une surprise. Tout d’abord, parce que ce sont les conclusions auxquelles ont abouti la majorité des experts depuis un an et demi. Mais, on l’a oublié aujourd’hui, c’est aussi le résultat auquel le gouvernement avait abouti lui-même dans son Balance of Competencies Report, une grande étude qu’il avait commandée avant le référendum, et que les conservateurs ont enterré. Il portait sur les relations eurobritanniques et concluait que la situation était relativement favorable aux intérêts nationaux britanniques. Les conclusions du rapport du ministère du Budget sont homogènes par rapport à toutes les analyses récentes, y compris celles du gouvernement britannique lui-même.

Cette annonce arrive dans un moment de fragilité politique très fort. Rendez-vous compte. Tout d’abord, un ministre en charge du Brexit a ouvertement désavoué sa propre administration à la suite de la publication de ses prévisions économiques, et l’a accusée d’avoir falsifié les chiffres afin de présenter des résultats orientés, avant de s’excuser. Des parlementaires ont été accusés de traîtrise pour avoir fait leur travail, et avoir demandé qu’au pays de la démocratie représentative, le parlement ait voix au chapitre dans le vote sur l’accord final. Les juges de la Cour Suprême ont été accusés d’être des « ennemis du peuple » dans la presse, ayant jugé que l’activation de l’article 50 de l’Union devait recevoir approbation du Parlement. Boris Johnson, ex-maire de Londres tout de même, et donc de la City, a violemment critiqué la Confederation of British Industries – peu ou prou l’équivalent anglais du MEDEF – qui souhaite rester dans l’Union douanière. Vénérable et respectée institution britannique, la BBC, après avoir été dénigrée pour sa position anti-Brexit, est aujourd’hui assez durement accusée du contraire.

Avec un bref recul historique on s’aperçoit en somme, que le système politique, juridique, médiatique et diplomatique britannique, qui était reconnu et envié de par le monde, a volé en éclat. Comme sur un bateau qui traverse l’équateur, tout est sens dessus dessous. Rappelons par ailleurs que les postes les plus puissants de l’exécutif britannique sont occupés par des personnalités qui désapprouvaient le Brexit avant le référendum. Theresa May avait (certes timidement) appelé au « Remain », de même que le chancelier de l’échiquier Philip Hammond, et la ministre de l’Intérieur, Amber Rudd. Aussi, l’exécutif britannique et globalement les Tories sont-ils atteints d’une véritable schizophrénie, tiraillés en leur propre sein entre les factions en faveur d’un soft ou hard Brexit. C’est la résultante des tensions qui parcourent le Parti conservateur depuis des décennies, et que le référendum n’a fait qu’exacerber. Mais la personne sous les auspices de laquelle ce bateau ivre qu’est le Brexit a commencé à naviguer est tout de même l’ancien premier ministre David Cameron, ne l’oublions pas. Lui est parti se retirer sur ses terres en sifflotant.

Quant à Theresa May, elle est prisonnière de son poste. En dépit de ce climat marqué d’une grande tension, la Première ministre britannique reste paradoxalement la moins mauvaise solution à l’heure actuelle. Elle est un trait d’union entre toutes ces factions qui s’affrontent et ne trouvent pas de terrain d’entente. Face à la question de Michel Barnier « Quel est votre choix ? », elle n’est pour l’instant pas en capacité de répondre, alors que le temps commence à manquer. Pour le Royaume-Uni, le risque est que la nécessité d’énoncer un choix clair dans des délais de plus en plus courts commence à prendre le pas sur le contenu précis des modalités de sortie de l’UE. Or, actuellement, personne n’est sûr de l’option prise, y compris au sein des conservateurs.

Quelle est la position de l’Union européenne vis-à-vis de cette période d’instabilité politique britannique qui tend à enrayer le processus des négociations ? Saura-t-elle conserver l’image d’unité qu’elle semble afficher jusque-là ?

L’affaiblissement du Royaume-Uni ferait presque passer l’Union européenne pour un acteur uni, cohérent et parfaitement au fait de ses objectifs.  C’est un constat paradoxal au regard des divisions politiques qui minent l’Union européenne sur d’autres dossiers. Sur le Brexit, l’Union européenne est toujours restée cohérente dans les négociations. Cette unité est certes compréhensible à long terme, car tout le monde a compris qu’il s’agissait d’une menace existentielle pour elle. Mais à court et moyen terme,  l’UE joue la partition de la cohésion tout simplement parce que cela fonctionne – comme l’a montrée la première phase des négociations qui fut dominée par l’UE.

Il y a néanmoins plusieurs dangers à cela. Tout d’abord, la seconde phase des négociations sera plus délicate que la première pour Bruxelles, car les intérêts économiques et commerciaux – industrie automobile allemande, agriculture et agro-industrie françaises – des États membres de l’UE vont s’entrechoquer, et des voix vont naturellement émerger pour les défendre.

Par ailleurs, ce succès lors de la première phase ne devrait pas être interprété pour autre chose qu’il n’est. Par exemple, soyons clair, il n’est en rien l’illustration d’une relance tant espérée du projet européen. L’unité de l’UE ne s’étendra pas magiquement du Brexit aux autres domaines qui font dissension. Or, en 2017, les États membres s’étaient dit que l’année 2018 serait cruciale pour le projet européen au vu des échéances en 2019 : élections européennes, nouvelles équipes à la Commission, nouveau budget en préparation. Or, pour l’instant, tout est en stand-by, les réformes se font attendre.

Cet aspect est crucial, car les défauts de l’UE sont connus et la volonté des Britanniques de quitter l’organisation ne vient pas de nulle part. Il ne faudrait donc pas que cette union circonstancielle serve de feuille de vigne pour persister dans le statu quo une année de plus et dissimule d’autres divergences non moins importantes.

L’international a été présenté au lendemain du Brexit comme l’opportunité de renforcer des partenariats bilatéraux avec des pays tiers de l’UE. Pouvez-vous revenir sur le concept de bilatéralisme comme « béquille diplomatique » ?

Pour simplifier, la politique extérieure du Royaume-Uni marche actuellement sur deux jambes : une économique, et l’autre stratégique. La jambe stratégique est inextricablement liée aux États-Unis, notamment à travers l’OTAN et en matière de dissuasion nucléaire, de renseignement, ou d’opérations extérieures.

La jambe économique, elle, est rattachée à l’Union européenne. Il s’agit du premier bloc économique et commercial du monde, et pour le Royaume-Uni, c’est un peu moins de 50% de ses échanges. Le pays s’est ainsi tiré une balle dans le pied économique pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec les enjeux économiques.

Rappelons que depuis John Major et Margaret Thatcher, Londres a eu une énorme influence sur la création du marché unique et sur sa définition. Les Tories sont donc en train de renoncer à un objet qu’ils ont contribué à créer. Si son partenariat économique avec Bruxelles est menacé, sa relation stratégique avec Washington l’est également depuis l’arrivée de Donald Trump. Theresa May se voit donc contrainte de trouver dans le bilatéralisme une béquille diplomatique.

Cette stratégie pose question néanmoins, quand il faudra obtenir des résultats tangibles. Un accord commercial avec la Chine mettrait sans doute plus d’une dizaine d’années pour être préparé, négocié et conclu après le Brexit. Et si l’on prend des pays comme la Chine ou l’Inde, ils ont leurs propres intérêts. Dans le contexte actuel, le rapport de force serait forcément asymétrique et la négociation se ferait mécaniquement aux dépens des Britanniques.

El putinismo, sistema político de Rusia

Real Instituto Elcano - ven, 09/02/2018 - 13:56
ARI 16/2018 - 9/2/2018
Mira Milosevich-Juaristi

¿Cuáles son las principales características del actual sistema político de la Federación Rusa?

El legado español en Asia

Real Instituto Elcano - ven, 09/02/2018 - 13:44
Comentario Elcano 12/2018 - 9/2/2018
Elisa Lledó

Aprovechando la conmemoración de los 500 años de la Expedición Magallanes-Elcano, no se puede obviar que las exploraciones del Pacífico por parte de los Iberian pioneers durante los siglos XV y XVI cerraron con broche de oro el legado español en Asia.

« Faire l’Europe dans un monde de brutes » – 4 questions à Enrico Letta

IRIS - ven, 09/02/2018 - 10:31

Enrico Letta fut chef du gouvernement italien dans les heures mouvementées de la crise de l’euro et de la crise des migrants. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage, « Faire l’Europe dans un monde de brutes », aux éditions Fayard, fruit d’entretiens avec Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors.

Européen convaincu, vous regrettez néanmoins que l’Europe ait été façonnée principalement pour les élites.

Aujourd’hui, les citoyens européens vivant « sur leur propre peau » les grandes opportunités offertes par l’Europe représentent un faible pourcentage de la population totale. C’est la partie « cosmopolite » de nos sociétés. Je pense, par exemple, aux étudiants hautement spécialisés qui parlent différentes langues, aux managers qui voyagent souvent pour le travail, etc. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’avantages pour le reste de la population ; cependant, ceux-ci ne sont pas également évidents et tangibles.

Quand nous parlons d’Erasmus en tant que symbole par excellence de l’Europe, nous pouvons tomber dans un piège. Il est certainement vrai que le projet d’échange entre les étudiants universitaires a été et continue d’être un succès ; néanmoins, c’est précisément quelque chose qui ne vise qu’une partie de la société, c’est-à-dire les familles qui peuvent se permettre d’envoyer leurs enfants à l’université. Aujourd’hui, cette logique doit être élargie, afin que tout le monde puisse profiter de ce type de projets. L’Europe n’aura de futur que si elle parvient à entrer positivement dans la vie quotidienne de tous les secteurs de la société, afin de réduire au maximum le fossé réel, mais surtout perçu, entre les élites et le reste des citoyens.

La concentration géographique des institutions européennes à Bruxelles contribue également à creuser ce fossé, donnant l’impression que l’Europe n’est que froide, bureaucratique et distante, même physiquement, de la vie, des besoins et des préoccupations des citoyens. Le message n’est pas seulement trompeur, mais aussi contre-productif, car il aliène et décourage les populations. Dans le livre, j’ai intitulé un chapitre « Dé-bruxelliser », précisément pour attirer l’attention sur la nécessité de revoir la relation entre l’Europe et ses membres : européaniser certaines compétences ne signifie pas créer un « super-État » européen ; au contraire, cela signifie maximiser la valeur ajoutée pour le citoyen, selon le principe de subsidiarité.

Pourquoi, selon vous, est-ce la perception d’une domination allemande de l’Europe qui explique le ressentiment général des populations des autres pays ?

C’est une question complexe car de nombreux facteurs contribuent à donner une telle image de l’Allemagne. Tout d’abord, en période de difficulté, il y a toujours une tendance à identifier un ennemi externe à blâmer. Or, l’Allemagne, à certains égards, se prête bien à ce rôle.

Je pense toujours à une couverture de 2013 de l’Economist, dans laquelle l’Allemagne a été définie comme l’« Hégémon réticente ». La question est la suivante. D’un côté, le leadership de l’Allemagne en Europe est indiscutable ; il suffit de regarder les chiffres. D’un autre côté, parmi les classes dirigeantes allemandes, il semble y avoir encore une résistance trop répandue à exercer ce leadership jusqu’au bout ; et, par conséquent, en assumant aussi les fardeaux de la direction elle-même et en prenant en charge les intérêts propres et communs des autres Européens.

Au cours de la crise économique, les Allemands prétendaient imposer des réformes à tout le monde, mais sans un horizon idéal durable, c’est-à-dire un projet qui tient compte de l’évolution du contexte économique et social et qui interprète profondément l’esprit d’intégration entre les États membres. Celui-ci aurait pourtant dû être fondé sur la solidarité mutuelle et pas seulement sur l’orthodoxie comptable de la Bundesbank.

Mais je pense que quelque chose a changé au cours des dernières années. L’Allemagne est plus encline à assumer ses responsabilités de leadership. Le chaos mondial des trois, quatre dernières années – et je pense en particulier à la crise ukrainienne, la question des réfugiés et la menace du terrorisme – ainsi que les résultats des dernières élections, qui ont montré à tout le monde que même l’Allemagne n’est pas totalement immunisée contre l’avancée du populisme, semblent avoir inversé la tendance. En particulier, la crise des réfugiés a permis à Angela Merkel de jouer un rôle de véritable femme d’État, essentiel pour promouvoir une solution européenne partagée. Paradoxalement, cette nouvelle position, ou perçue comme telle à l’extérieur, a suscité une réaction presque contraire en Allemagne.

Dans les prochains mois, la contribution de l’Allemagne aux réformes en Europe sera cruciale. J’espère donc que l’incertitude politique qui a caractérisé les derniers mois au-delà du Rhin disparaîtra le plus rapidement possible.

Quelle distinction faites-vous entre « leadership » et « homme fort » ?

Partant d’un aspect sémantique, le leadership est un concept qui peut être décliné de plusieurs façons. Par exemple, il peut être vertical ou horizontal, diffus ou concentré, partagé ou individuel. Au contraire, quand on parle d’un homme fort, il n’y a pas beaucoup d’interprétations possibles : il n’y a qu’un seul individu. Mon concept du leadership est ainsi exactement inverse.

Je crois que dans le monde d’aujourd’hui, aux mille nuances et facettes, une seule personne, même bien préparée, n’est pas capable d’affronter seule la complexité des défis. Je suis un partisan convaincu du leadership partagé et diffus, qui exalte la diversité, qui cherche à impliquer et à responsabiliser le gens. Nous devons donc dissiper le mythe selon lequel il n’y a qu’un seul type de leadership, celui de l’homme fort. L’avenir exige un changement de paradigme, même dans le leadership.

Il ne s’agit cependant pas d’un modèle facile à encourager en temps de crise ou d’incertitude comme celui que nous traversons actuellement, où certains sont prêts à renoncer à une partie de leur liberté en échange d’une plus grande sécurité, compris à la fois d’un point de vue économique, mais aussi physique. Selon leur logique, les valeurs démocratiques sont incompatibles avec la sécurité. En réalité, cette incompatibilité n’existe pas : au contraire, nos valeurs sont un élément essentiel du bien-être et de la croissance. C’est la vraie bataille actuelle : une bataille culturelle. Gagner cette dernière permettrait de défendre nos valeurs, qui constituent la base de notre modèle de société. Au contraire, si nous ne trouvons pas une façon de rester unis, nous deviendrons de simples récepteurs de règles décidées par d’autres ; et ces autres sont des hommes forts qui sont à la tête de géants non européens…

Quelles sont les responsabilités du monde occidental dans les crises stratégiques actuelles ?

Les classes dirigeantes du monde occidental ont de nombreuses responsabilités et il est crucial qu’elles soient reconnues. L’alibi facile et banal du populisme, derrière lequel se cache une classe politique, ne permet plus de s’acquitter des lourdes responsabilités. Prenons deux exemples peut-être les plus pertinents à l’heure actuelle : la situation au Moyen-Orient et les inégalités.

Concernant le premier point, il est frappant de regarder les statistiques des demandeurs d’asile en Europe en 2015 : on y constate l’explosion de flux de réfugiés. Les trois premiers pays d’origine étaient, dans l’ordre, la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak, qui coïncident avec les trois dernières grandes campagnes militaires de l’Ouest. À ces pays s’ajoute la situation difficile en Libye, aujourd’hui le théâtre de graves violations des droits de l’homme et de la jonction fondamentale dans le terrible trafic d’êtres humains de tout le continent africain. Il est évident que les grandes migrations sont un phénomène d’époque conduit par des processus démographiques ; cependant, les échecs occidentaux en matière de politique étrangère ont contribué à rendre la situation plus complexe, notamment par la formation de groupes terroristes.

Concernant le second domaine, celui des inégalités, on constate un échec des classes dirigeantes. En fait, la seule redistribution partielle des avantages de la mondialisation a laissé beaucoup de gens derrière – les soi-disant left behind – et a mis en difficulté la classe moyenne, qui est l’épine dorsale des démocraties. Tout cela a provoqué une polarisation interne des sociétés occidentales, créant, avec d’autres facteurs, un terrain extrêmement fertile pour le succès des partis antisystèmes. Mais il s’agit des effets de l’échec des classes dirigeantes, pas la cause ! Il est essentiel d’inverser cette relation de cause à effet.

« Les Jeux offrent une visibilité diplomatique »

IRIS - ven, 09/02/2018 - 09:57

Les deux Corées mettent leurs rivalités de côté le temps des Jeux olympiques. A qui va profiter cette trêve ?

La Corée du Sud est la grande bénéficiaire de cela, dans la mesure où elle a la garantie que les Jeux vont bien se passer, sans incident, et que chacun se sentira en sécurité et pas sous la menace d’un chantage permanent de la Corée du Nord. C’est aussi une victoire personnelle pour le président Moon, puisqu’il veut montrer que sa stratégie de petits pas avec la Corée du Nord produit plus d’effets que la stratégie du coup de poing sur la table et des déclarations agressives de Donald Trump. Le premier vainqueur c’est donc plutôt le président sud-coréen. Kim Jong-Un de son côté y a gagne aussi, parce qu’il va apparaître, non pas comme le fou que tout le monde prétend qu’il est, mais comme le chef d’une Corée du Nord qui est un pays finalement pas aussi éloigné des autres. Il va montrer qu’il n’est pas quelqu’un qui menace la Terre entière et la région en permanence.

Le perdant est un peu Donald Trump qui a été pris de court par la participation de la Corée du Nord aux JO. Trump apparaît un peu isolé et finalement esseulé, même s’il communique en disant que si la Corée du Nord est venue à un meilleur comportement, c’est du fait de ses menaces. Mais quand on entend les demandes de Trump pour obtenir des scénarios d’options militaires, quand on entend que l’ambassadeur américain désigné en Corée du Sud, qui est pourtant un faucon, juge les déclarations de Trump dangereuses, on voit bien que c’est le président américain qui sort perdant.

Que va-t-il se passer entre les deux Corée après les Jeux ?

Les relations inter-coréennes sont depuis vingt ans soumises au chaud et au froid : des rapprochements suivis de ruptures. On peut donc difficilement anticiper. Mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y aura pas de réconciliation, car la Corée du Nord ne renoncera pas aux armes nucléaires qui sont la garantie du régime. Deux options sont alors possibles : de nouveau un retour aux invectives en cas de manœuvres militaires importantes, ou un apaisement entre les deux Corées débouchant sur une relation plus stable.

Les Jeux olympiques sont-ils la seule façon pour certains pays d’exister diplomatiquement ?

La Corée du Nord existe sans les Jeux olympiques, mais de façon négative. Avec les JO, elle va exister cette fois de façon positive. Les Jeux olympiques ont été pour la Corée du Nord un prétexte idéal pour faire un geste vers la Corée du Sud. Les Jeux ont donc été extrêmement utiles pour faire baisser les tensions. Sans les JO, cela aurait été beaucoup plus difficile.

Dans le choix des villes hôtes des JO, dans la façon dont les JO ou certaines grandes compétitions sont organisées, les enjeux sportifs ne sont-ils pas éclipsés par les enjeux diplomatiques ?

Il y a les deux. Il y a bien sûr des enjeux sportifs qui restent. On va regarder les épreuves, on va suivre, les uns et les autres, des athlètes en fonction du pays ou de la discipline, etc. Les enjeux sportifs donnent une visibilité énorme aux Jeux olympiques, et notamment pour ceux d’été. Mais il y a également une visibilité diplomatique, stratégique qui est très forte.

Les Jeux olympiques sont-ils encore une tribune pour certaines causes, comme on l’a vu par le passé à Mexico en 1968 ?

Parallèlement aux Jeux, cela peut être l’occasion de faire avancer des causes. Mais pour les athlètes, le CIO (Comité international olympique, ndlr) interdit toute manifestation de peur d’être débordé. Pour les athlètes qui participent, s’ils montraient le moindre signe, ils seraient sanctionnés. Il y a bien sûr des exceptions, comme à Mexico, mais c’est extrêmement rare.

Propos recueillis par Philippe Rioux pour la Dépêche du Midi

Echanges avec Alexis Kohler

Institut Montaigne - ven, 09/02/2018 - 08:30
Echanges avec Alexis Kohler Institut Montaigne ven 09/02/2018 - 08:30

Vendredi 9 février, l’Institut Montaigne accueillait Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée. Il est revenu à cette occasion sur les réformes engagées par le gouvernement et a présenté les pistes de travail qui guideront son action, en France et en Europe.

Blanc 9 février 2018 Activé Avec Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée. Fermé Non Non

Die Reform des Europäischen Parlaments

SWP - ven, 09/02/2018 - 00:00

Im Vorfeld der Europawahlen 2019 steht die Reform des Europäischen Parlaments (EP) auf der Agenda. Zwei Impulse kommen dabei zusammen. Erstens stellt sich nach dem Brexit die Frage, ob und wie die 73 britischen Sitze neu verteilt werden. Zweitens existiert ein EP-interner Reformstau, was die Zusammensetzung des Parlaments angeht; diese Blockade droht sich über die Wahlen 2019 hinaus zu verlängern. Die Regierungen Italiens und Frankreichs haben – neben anderen – in diesem Zusammenhang die Idee aufgegriffen, einen aus transnationalen Listen bestehenden EU-Wahlkreis zu schaffen. Er soll dazu dienen, bei Europawahlen den Parteienwettbewerb auf europäischer Ebene zu stärken. Doch das EP hat dem Vorschlag nicht zugestimmt; dies bekräftigt den Eindruck, dass es im EU-Reformjahr 2018 keine Mehrheiten für föderale Ideen gibt. Die Diskussionen über einen EU-Wahlkreis haben dennoch Potential. Würde er genutzt, um Verzerrungen zwischen Stimmenzahl und Sitzverteilung abzubauen, wäre dies ein wichtiger Beitrag zur Stärkung der demokratischen Legitimation der EU.

Graphik: Reformvorschläge zur Sitzverteilung im EP nach dem Austritt Großbritanniens

Bahrain Parliament and IPI Promote Sustainable Development and Peace

European Peace Institute / News - jeu, 08/02/2018 - 23:01

Photos

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Marking 17 years since Bahrain’s creation of the National Action Charter (NAC), IPI MENA and the Bahrain Parliament held a joint conference on Feburary 8, 2018 entitled, “Future Prospects, Sustainable Development and Peace.” The conference comprised of three panels that delved into political, religious, and economic aspects of sustainable development and democracy.

Opening the conference, H.E. Ahmed Bin Ibrahim Al Mulla, Bahrain’s Parliament Speaker, recalled the contribution of the NAC in restoring constitutional institutions, including the return of the parliamentarian activity. The Speaker said the current reform strategies are irreversible, and that Bahrain aims to join the global process towards progress, development, and peace.

Speaking on behalf of IPI President Terje Rød-Larsen, Nejib Friji, Director of IPI MENA, stressed the importance of this joint initiative in taking the first steps towards developing a collaborative framework on the road to advancing sustainable development and peace.

Mr. Friji commended the frameworks constructed by Bahrain’s constitutional monarchy in enabling the Kingdom to thrive in a number of fields that are crucial to and interconnected with sustainable development.

Recognizing Bahrain’s efforts to support gender equity and women empowerment as part of these developments, Mr. Friji stated that “women constitute half of Bahraini society, and the government has recognized their crucial and integral roles in the sustainable development of the Kingdom.” In particular, he noted the advancement and empowerment of women in the different domains, politically, economically and socially, “through the enactment of laws and legislations to integrate women in the development process of the Kingdom.”

Emphasizing the tolerance and cooperation valued in the Kingdom, Mr. Friji also commended their practical application in ways “that have allowed the IPI to host interreligious dialogues with representatives of the many religions that coexist peacefully, and that have maintained strong relations with the Kingdom.”

Mr. Friji stated that these developments have “enabled the Kingdom to maintain strong ties with the United Nations in observing their democratic policies in efforts to safeguard the diversity and unity of the Bahraini society.”

Concluding his remarks, the IPI MENA Director noted that, although several challenges remain on the road ahead, IPI will continue to assist, based on the values of the UN Charter, in the quest for peace, development, and security.

“This is only the first step,” Mr. Friji stated, “in the joint Bahrain Parliament and IPI partnership that will feature research, convening, ‘think tanking’ towards ‘do-tanking,’ and other activities.”

The conference was attended by Speakers of the Council of Representatives from Saudi Arabia, Kuwait, Oman, and the United Arab Emirates, as well as senior government officials, diplomats, regional and international organizations, academics, journalists, and media representatives.

De la paix et des jeux. Entretien avec Dominique Moïsi

Institut Montaigne - jeu, 08/02/2018 - 17:46
De la paix et des jeux. Entretien avec Dominique Moïsi Institut Montaigne jeu 08/02/2018 - 17:46

Alors que s’ouvrent les XXIIIe Jeux olympiques d'hiver à Pyeongchang en Corée du Sud, Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut Montaigne, revient sur les enjeux diplomatiques de cette rencontre sportive après une année 2017 marquée par les tensions entre les de

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