Mickaël Correia est un journaliste indépendant. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de l’ouvrage « Une histoire populaire du football » [1], aux éditions La Découverte.
Pourquoi, alors qu’il est fréquent d’entendre que le football est l’opium du peuple, considérez-vous qu’il est, au contraire, un moyen de contestation ?
La simplicité des règles du football, tout comme le peu de moyens nécessaires à sa pratique (un ballon, même rudimentaire, et un coin de rue suffisent), font du football un sport facilement appropriable par tous et toutes. Qu’il s’agisse d’une pratique sportive ou d’un spectacle, il a d’ailleurs tout au long de l’Histoire été approprié par des groupes sociaux opprimés ou des communautés de lutte.
Sur le terrain, jouer au ballon peut avoir une portée politique, car il met en scène des corps en mouvement. Les exemples sont nombreux, mais on peut citer les ouvriers britanniques du XIXe siècle qui font de la passe à un coéquipier un geste essentiel du football, alors que ce sport, initialement aux mains de la bourgeoisie victorienne, était très individualiste et considérait cette action comme un aveu de faiblesse. D’une certaine manière, le jeu collectif déployé par la working class et basé sur la passe traduit sur la pelouse l’esprit de coopération et de solidarité qui règne à cette époque au sein des usines et des communautés ouvrières. On peut aussi mentionner le football féminin qui possède pour nombre de féministes une dimension politique, car il met en scène une autre vision du corps de la femme, contestant en acte les stéréotypes de genre autour de la féminité. On peut enfin souligner la popularisation du dribble au Brésil au début des années 1920-1930, qui permettait aux Afro-brésiliens d’esquiver les charges brutales des défenseurs blancs que les arbitres racistes ne sifflaient pas… C’est un geste qui incarne la condition du colonisé : pour exister sur le terrain comme dans la société, il doit se soustraire à la violence du colon.
Les clubs, en tant que structure démocratique et espace social, furent aussi des lieux de résistance à l’ordre établi. Durant l’occupation allemande, aux Pays-Bas comme en France, certains ont servi de réseau d’entraide. En Afrique subsaharienne, notamment au Nigéria, les clubs de foot autoadministrés furent un des foyers de contestation de la domination coloniale. Au Brésil, au début des années 1980, des joueurs mythiques comme Sócrates ou Wladimir ont fait de leur club, le SC Corinthians de São Paulo, un étendard populaire de contestation de la junte militaire, au pouvoir depuis 1964. En mettant en place des pratiques d’autogestion et de répartition équitable des bénéfices au sein du club, ils ont démontré, dans une société verrouillée par une dictature militaire, que la démocratie était possible.
En quoi, dans de nombreux régimes autoritaires, le stade est-il un refuge pour les protestataires ?
Sous le totalitarisme stalinien ou sous la dictature franquiste, les tribunes des stades vont en effet être un espace où il est possible d’échapper un temps à la surveillance policière grâce à l’anonymisation que permet la foule. Ainsi, à Moscou dans les années 1930, lors des matchs où jouent le Dynamo (affilié à la police politique soviétique) ou le CSKA (le club de l’Armée rouge), on entendait dans les gradins des slogans hostiles aux forces de répression et à l’armée. Quant au Camp Nou, le stade du FC Barcelone, il était sous Franco un lieu de résistance culturelle, dans le sens où l’on a pu y converser en catalan (alors que la langue était prohibée) à partir des années 1960, y faire circuler des pamphlets anti-franquistes ou entonner des chansons populaires interdites par le régime comme Els Segadors, chant de ralliement des Catalans républicains durant la guerre civile d’Espagne.
Plus récemment, lors des printemps arabes en 2011, les supporters ultras ont réussi à échapper aux régimes autoritaires en place à l’époque. Ces « radicaux » sont organisés en groupes indépendants des clubs, autonomes financièrement, farouchement antiautoritaires et cultivant l’anonymat, autant d’éléments qui leur ont permis d’échapper à la mainmise du pouvoir étatique. Ils ont fait des tribunes un espace libéré de toute répression pour une jeunesse qui aspire à plus de liberté.
En Égypte, les premiers slogans anti-Moubarak sont donc entendus dans les stades et, quand la révolution de 2011 éclate, ces supporters vont devenir le bras armé du mouvement révolutionnaire égyptien. Comme ils sont le seul groupe social à avoir élaboré des pratiques d’autodéfense face à la police, ils vont apporter leur savoir-faire à l’ensemble du mouvement social égyptien et vont défendre la place Tahrir face à l’armée. On retrouve le même phénomène en Turquie, lors du mouvement de la place Taksim en 2013 : ce sont les ultras des clubs d’Istanbul, notamment du Besisktas, qui vont apprendre à la jeunesse stambouliote comment résister collectivement à la répression policière du régime d’Erdoğan.
Comment expliquez-vous le mépris d’une grande partie des élites françaises à l’égard du football ?
Parmi les grandes figures intellectuelles du XXe siècle, les défenseurs du ballon rond, à l’instar d’Albert Camus ou Pier Paolo Pasolini, sont plutôt rares. Sans compter qu’une théorie critique du sport, portée entre autres par le sociologue freudo-marxiste Jean-Marie Brohm, a émergé dans les années 1970, analysant le sport comme une idéologie purement capitaliste, voire fascisante. Une réflexion critique encore vivace aujourd’hui à gauche – mais qui fait paradoxalement part d’un incroyable mépris de classe – appréhende les amoureux du foot et ses pratiquants comme une « masse d’aliénés » …
Plus globalement, les stéréotypes du footballeur benêt et du supporter sexiste et raciste ont longtemps été assénés par les médias français, ce qui a participé à ce que les élites se distancent de ce sport populaire. Mais ces clichés s’érodent : depuis les années 1980, l’université aborde de plus en plus le football sous un angle historique ou social, grâce à des pionniers comme Alfred Wahl en France ou « l’école de Leicester » outre-Manche, portée par des sociologues comme Eric Dunning. Sans compter que dans le champ médiatique, nombre de revues et de sites internet abordent désormais le football en tant que culture.
Bref, le vent tourne et on découvre enfin que le football a toujours été intimement lié à l’histoire politique, autant qu’il est le support d’une culture populaire à la fois riche et inédite.
Las lecciones aprendidas por AQMI al-Qaeda en el Magreb Islámico tras años de actividad en el Sahel han cristalizado en la creación de JNIM, cuya propaganda analiza este documento para arrojar luz sobre esta nueva alianza y su relación con la matriz regional.
Seit 2015 steht der Umgang mit Flucht- und Migrationsbewegungen ganz oben auf der Agenda der EU und ihrer Mitgliedstaaten. Große Hoffnungen sind an entwicklungspolitische Interventionen geknüpft, die migrationswilligen Menschen Perspektiven in ihren Heimatländern bieten. Diese Politik geht mit einer Fixierung auf Wanderungsstatistiken einher; die lokalen Kontexte und die regionalen Dynamiken der Partnerländer werden dabei häufig vernachlässigt. Hier setzt die Studie an: Auf welche gesellschaftlichen, politischen und wirtschaftlichen Prozesse trifft die externe Migrationspolitik der EU in afrikanischen Staaten. Welche Möglichkeiten der Kooperation sind realistisch?
Die Untersuchung konzentriert sich auf mehrere Länder, die in unterschiedlichem Grade autoritär regiert werden: Ägypten, die Maghrebstaaten Algerien und Marokko, den Sahelstaat Niger sowie die am Horn von Afrika in einem »Migrationskomplex« miteinander verbundenen Länder Sudan und Eritrea. Sie analysiert die Resonanz der migrationspolitischen Zusammenarbeit in Ländern mit unterschiedlich enger Anbindung an Europa und setzt sich mit der Frage auseinander, ob und inwiefern gerade autoritäre Herrscher von dieser Zusammenarbeit profitieren.
Dabei wird deutlich, dass die externe EU-Migrationspolitik je nach Verfasstheit der Partnerländer unterschiedliche Auswirkungen hat. Das jeweilige Maß an Zentralisierung, die Durchsetzungskraft und der Gestaltungswille bzw. die regionalen Ambitionen der Regime sind entscheidend dafür, ob europäische Angebote eher als willkommener Zufluss von Projektgeldern oder als Gelegenheit wahrgenommen werden, übergreifende politische Ziele zu verfolgen. Machterhaltungsinteressen und Legitimationsstrategien der Eliten spielen in allen untersuchten Ländern für die Reaktion auf Kooperationsangebote eine prägende Rolle.
Inhaltsverzeichnis
David Kipp / Anne Koch,
Auf der Suche nach externen Lösungen: Instrumente, Akteure und Strategien der migrationspolitischen Kooperation Europas mit afrikanischen Staaten,
S. 9-22
Isabelle Werenfels,
Migrationsstratege Marokko – Abschotter Algerien,
S. 23-35
Melanie Müller,
Migrationskonflikt in Niger: Präsident Issoufou wagt, der Norden verliert,
S. 36-46
Annette Weber,
Migrationsknotenpunkt Sudan/Eritrea: Enttäuschte Erwartungen – widerstreitende Interessen,
S. 47-59
Stephan Roll,
Ägypten: Migrationspolitik und Herrschaftskonsolidierung,
S. 60-70
Anne Koch / Annette Weber / Isabelle Werenfels,
Vielfalt der Kooperationskontexte als Herausforderung,
S. 71-79
Anhang
S. 80-81
Figure 3: UN peace operations with environmental capacities (click to enlarge)
The 2010 cholera outbreak in Haiti, triggered by the UN mission there, killed more than 9,000 people and affected nearly 807,000. This disastrous case drew attention to the negative effect UN peace operations can have on the surrounding communities and environment—something peacekeepers had started paying attention to with the deployment of new large-scale operations in the 2000s. As operations have grown in size, so too has the size of their environmental footprint.
This report looks at the environmental impact of peace operations and how the UN has responded, including through policies and guidelines, dedicated staff, and training material. In particular, it assesses the challenges the Department of Field Support faces in implementing its Environment Strategy.
Based on this assessment, which includes a detailed examination of the UN mission in Mali, the report puts forward a series of short-, medium-, and long-term recommendations. It concludes that a UN presence should not be a source of stress but should improve local environmental sustainability and build resilience.
Du 13 au 14 avril s’est déroulé le 8e Sommet des Amériques, à Lima (Pérou). Malgré l’absence du président des États-Unis, de Cuba, de l’Équateur et du Venezuela, cette rencontre a regroupé 33 chefs d’État du continent américain. Le thème de la corruption a été au cœur des discussions, interrogeant sur l’état des démocraties latino-américaines. La situation préoccupante au Venezuela a également été source de division entre les participants, alors que les élections présidentielles doivent y avoir lieu le 20 mai prochain. Pour nous éclairer, le point de vue de Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS.
Quel bilan peut-on dresser de ce 8e Sommet des Amériques ? L’absence de Nicolas Maduro et de Donald Trump a-t-elle impacté la bonne tenue de la rencontre ?
Depuis plusieurs semaines déjà, le gouvernement péruvien – actif au sein du Groupe de Lima qui regroupe les 14 pays américains hostiles à Caracas sur la base des positions de l’opposition interne au gouvernement vénézuélien – avait déclaré Nicolas Maduro persona non grata à ce Sommet. Quant à ce dernier, il avait fait savoir qu’il ne s’y rendrait pas, ce sommet étant devenu désormais inutile pour la région selon lui. La présence de Donald Trump, quant à elle, était fortement attendue autant que redoutée. Il a finalement décliné quelques jours avant le début du Sommet en se déclarant prioritairement concentré sur la Syrie. C’est Mike Pence, le vice-président, et la fille du président, Ivanka Trump, qui ont représenté les États-Unis. Raul Castro ne s’est également finalement pas rendu à Lima, mandatant son ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez. Il faut également mentionner l’absence du nouveau président de l’Équateur, Lenin Moreno. Ces absences ont permis d’ôter à cette rencontre une partie des tensions potentielles, mais également de sa symbolique, et ont eu des conséquences mesurables à plusieurs niveaux.
Les annonces préfigurant ce sommet semblaient avoir pour objectif de mener un front anti-vénézuélien. C’est en partie ce qui s’est passé puisque de nombreux États sur place ont condamné Nicolas Maduro. Dans une déclaration conjointe intitulée « Déclaration sur le Venezuela », l’Argentine, les Bahamas, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, les États-Unis, le Guatemala, le Guyana, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou et Sainte-Lucie (c’est-à-dire 16 des 33 pays représentés) ont exigé « la restauration des institutions démocratiques » au Venezuela et l’organisation d’une élection présidentielle donnant « toutes les garanties nécessaires pour un processus libre, juste, transparent et démocratique, sans prisonniers politiques, qui inclue la participation de tous les acteurs politiques ». Les États-Unis ont rappelé par avance qu’ils ne reconnaîtront pas les résultats de l’élection présidentielle du 20 mai. Le message signifie : un nouveau train de sanctions, qui plongera le pays dans toujours plus de difficultés, sera adopté contre le Venezuela après cette échéance.
Cette déclaration n’a cependant pas fait consensus puisqu’elle n’a pas été signée par plusieurs acteurs de poids régionaux : la Bolivie, Cuba, l’Équateur, le Nicaragua ou l’Uruguay. On retrouve la ligne de fracture régionale. Il n’est pas fait mention du Venezuela dans la déclaration finale du Sommet.
Cette rencontre a par ailleurs permis de comprendre davantage la position des États-Unis vis-à-vis de la région. Leur intérêt s’est principalement porté sur les sujets comme la lutte contre la corruption – dont Washington considère qu’elle nuit aux entreprises américaines interdites de pratiques autorisées ou tolérées en Chine ou en Europe -, le narcotrafic ou les relations commerciales. Les États-Unis veulent imposer aux pays latino-américains plus de bilatéralisme à leurs conditions et souhaitent qu’ils se distancient plus de la Chine. Ici aussi, le thème de la lutte contre la corruption doit être compris comme une partie de la stratégie de Washington. Il y a la question des entreprises, mais aussi l’idée – qui va avec – consistant à réduire considérablement les pratiques de prêts, contrats ou marchés « gré à gré » prisées par la Chine dans ses relations avec les Etats et entreprises latino-américaines.
Dans un climat d’événements tragiques – forte corruption, droits humains bafoués, assassinats de trois journalistes du quotidien équatorien El Comercio en Colombie -, dans quelle situation les démocraties latino-américaines se retrouvent-elles ?
La question des démocraties latino-américaines est paradoxale. L’Amérique latine reste une des régions parmi les plus démocratiques au monde, en comparaison au continent africain ou asiatique. Elle est devenue une région de stabilité et d’ancrage démocratiques au cours des années 2000, en rupture avec sa tradition passée (région des régimes dictatoriaux et des coups d’État au 20e siècle). Cela étant, la situation s’est indéniablement détériorée ces dernières années suite à différents phénomènes combinés : la crise économique, la crise sociale et les crises politiques plus ou moins intenses (Venezuela, Brésil, Pérou) démarrées dans la période mondiale post-2008. Parallèlement, d’autres phénomènes s’ajoutent à ces dynamiques cycliques, telles que la violence et le narcotrafic. Dans certains pays, ils sont structurels à la société. Le Mexique, en premier lieu, est dévasté par ces phénomènes rendant impossible la bonne gouvernance et l’existence d’une démocratie viable – certains parlent de «narco-État » pour le qualifier. On pourrait parler du « Triangle Nord » (Guatemala, Salvador, Honduras) en Amérique centrale. La Colombie connaît, quant à elle, un nombre important d’assassinats, touchant les défenseurs des droits humains, les syndicalistes, etc.
Dans ce contexte, la corruption est également devenue un thème central dans le débat public latino-américain, directement lié à la question de l’altération des processus démocratiques. C’est un des défis globaux aujourd’hui au sein du continent – mais pas seulement en Amérique latine, toutes les sociétés sont concernées dans le monde, à commencer en Europe.
À ce titre, ce sujet fut au cœur des travaux de Lima. Ce Sommet a établi un lien entre qualité démocratique et lutte contre la corruption. Mais la déclaration finale est paradoxale quant à ces thématiques, car si elle affirme bien plusieurs orientations utiles quant à l’assainissement et la modernisation des pratiques au sein des institutions et des administrations publiques (transparence, marchés publics, cyberadministration, autonomie judiciaire, renforcement des organismes de contrôle, coopération en matière de partage des données, traçabilité dans le financement des campagnes électorales, etc.), elle ne dit rien sur les moyens financiers mobilisés pour atteindre ces objectifs et très peu sur le rôle – pourtant déterminant – du secteur privé dans la corruption, comme agent corrupteur (évasion et fraude fiscales, corruption des agents publics, etc.). Mention de l’évasion fiscale est faite, mais quelques codes de bonne conduite pour les multinationales et le secteur privé ne font pas du tout le compte.
En Amérique latine, l’importance prise par le thème de la corruption a plusieurs causes. Tout d’abord, les pays de la région ont connu un enrichissement significatif dans les années 2000 (les Etats, le secteur privé, la société en général), ce qui a multiplié et accru les niveaux de détournement et d’accumulation frauduleuse. Ce phénomène est connu partout. Plus un pays s’enrichit, plus la corruption y augmente.
Dans le même temps, lorsque l’État et les tissus institutionnels restent fragiles, vulnérables comme c’est le cas dans la région, elle trouve un terrain de prolifération. Plus l’État est faible et absent de la société, plus la corruption, la violence, l’économie noire et sauvage sont fortes. Et dans des pays où pauvreté, inégalités, absence de sécurité collective, manque de services publics dominent, ce qu’on appelle « corruption » sont aussi des arrangements quotidiens qui permettent une sorte de répartition des ressources disponibles et organisent des formes de liens clientélistes de solidarité sociale. Ce thème est très délicat et compliqué.
Enfin, en Amérique latine, ce thème est aussi devenu, tandis que les opinions publiques tolèrent moins la corruption lorsque la vie quotidienne devient plus difficile (crise économique et sociale), un thème politique. La corruption est l’un des thèmes par lequel les forces de droite attaquent désormais pour éliminer celles de gauche, au pouvoir ces dernières années. La situation est cocasse lorsqu’on sait à quel point elles sont pourtant concernées par le sujet.
Las vicisitudes de las euroórdenes cursadas por el poder judicial español por presuntas actuaciones delictivas de políticos han originado confusión y perplejidad.
Alors que les « lignes rouges » qu’ils avaient eux-mêmes fixées – à savoir l’utilisation d’armes chimiques – ont de nouveau été franchies par le régime de Bachar Al-Assad, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont décidé de répliquer. Ils ont néanmoins évité de franchir deux autres lignes rouges : un engagement massif et général contre la Syrie et un affrontement direct contre les alliés de cette dernière, la Russie et l’Iran.
Les frappes ont particulièrement visé des installations chimiques syriennes, et chaque protagoniste a déclaré qu’elles n’avaient causé aucune victime civile. Pour les pays occidentaux, il s’agissait avant tout d’un test de crédibilité. Mais, soucieux de ne pas tomber dans un engrenage aux conséquences incalculables, ils ont fortement encadré leur réaction et prétendent ainsi avoir respecté leur parole (ce qui est leur premier et principal objectif).
Certains s’étonnent des réactions occidentales devant l’usage d’armes chimiques et de leurs silences face à celui d’armes conventionnelles, qui causent pourtant beaucoup plus de morts. Les armes chimiques ont d’abord un statut à part depuis la Première Guerre mondiale, confirmé ensuite par le droit international : par une convention signée en 1993, dont la France est dépositaire, la possession, la fabrication et l’usage d’armes chimiques sont totalement interdits. Avec les armes biologiques (1972), il s’agit de la seule catégorie d’armes faisant l’objet d’une interdiction générale pesant de la même façon sur la totalité des États. Les armes nucléaires, elles, divisent entre les États qui ont le droit d’en posséder et les autres.
La Syrie a rejoint le traité d’interdiction des armes chimiques en 2013. C’est parce qu’elle en est signataire que l’intervention des puissances occidentales bénéficie d’un statut juridique particulier. Elle ne correspond pas aux critères légaux de l’action militaire – autorisation du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) ou légitime défense -, mais elle répond à un type particulier de violation du droit international. L’intervention ne change cependant pas le rapport de force militaire sur le terrain.
Les frappes ne sont pas venues affaiblir B. Al-Assad qui, grâce aux appuis russe et iranien, a réussi son pari de se maintenir au pouvoir, au prix d’une répression atroce et sanglante. La triste réalité est que B. Al-Assad demeure à la tête d’un pays qu’il sera très difficile de reconstruire. Cela prouve malheureusement qu’un gouvernement prêt à tout pour survivre est en mesure de le faire, à condition de bénéficier du soutien d’une grande puissance.
Il est dans un premier temps urgent d’éviter que la situation syrienne dégénère en conflit qui verrait s’affronter Russes, Américains, Israéliens, Saoudiens et Iraniens. Il n’en demeure pas moins que seule la diplomatie peut permettre de sortir de cette situation préoccupante. Au-delà de la dramatisation de l’action et du vocabulaire employé, on constate que chacun fait preuve d’une certaine retenue. Les positions russes ont été soigneusement évitées, quand cette dernière n’a pas déployé ses systèmes de défense. Mais avec la montée des tensions, chacun doit percevoir l’urgence d’approfondir les consultations entre puissances militaires concernées et, surtout, de relancer un processus diplomatique inclusif, et non avec ses seuls proches.
Qui fera céder B. Al-Assad ? Qui fera accepter à l’opposition modérée et à la majorité des Syriens le maintien au pouvoir de ce dernier ? Si l’intransigeance russe est condamnable, il ne faut pas oublier que les Syriens sont également des victimes indirectes des catastrophiques expéditions irakienne et libyenne de 2003 et 2011.
Les Russes pourraient-ils accepter de lâcher B. Al-Assad en échange d’une solution – déjà évoquée dans le passé – d’un gouvernement de coalition comprenant des éléments du régime sans B. Al-Assad et de l’opposition sans les groupes djihadistes ? De son côté, B. Al-Assad fera tout pour éviter cette situation.
La Russie n’a pas les moyens de reconstruire la Syrie, pas plus que l’Iran. Le principe défini en 1991 par Colin Powell à propos de l’Irak pour justifier son refus d’aller jusqu’à Bagdad (You break it, you own it) s’applique à la situation actuelle.
Emmanuel Macron se rend à Washington du 23 au 25 avril pour ce qui sera la "première visite d’Etat" d’un dirigeant étranger depuis l’arrivée de M. Trump à la Maison-Blanche.
En matière d'interventions, militaires comme humanitaires, il existe des cycles. Les massacres intervenus dans l'Afrique des Grands Lacs en 1994 ont joué un rôle décisif, à la fin des années 1990, dans la décision américaine d'intervenir au Kosovo.
El Gobierno sirio y los que le apoyan tienen ahora la certeza de que todo lo más que pueden esperar de una intervención occidental, incluso tras usar armas químicas contra su propia población, es una acción puntual, pulcra, limitada y con preaviso.
¿Cuáles son las coincidencias y transformaciones de los sistemas políticos español y portugués en el período previo y posterior a la crisis económica?