Vous êtes ici

PECO

Bratislava dit « NON au fascisme, à l’intolérance et à la xénophobie »

HU-LALA (Hongrie) - dim, 19/03/2017 - 21:01
L’info date de plusieurs jours mais mérite l’attention. Un millier de personnes sont descendues dans la rue le samedi 11 mars dans une marche contre l’extrémisme et le fascisme dans le centre historique de Bratislava. Quelques jours en amont de l’anniversaire de la création de la République Slovaque le 14 mars 1939, alliée à l’Allemagne nazie, cette manifestation était une réponse aux rassemblements d’extrémistes qui ont pour habitude de venir commémorer cette période par un recueillement sur la tombe de Jozef Tiso.

Bratislava, correspondance – Parmi les manifestants, un certain nombre d’hommes politiques ont répondu à cette initiative de l’association Bratislava bez nackov (Bratislava sans fascistes), dont le maire de Bratislava Ivo Nesrovnal et le gouverneur de région Pavol Freso. Les manifestants se sont rendus notamment sur la place proche du Danube Rybné námestie où se trouve un mémorial de l’Holocauste, en lieu et place de l’ancienne synagogue détruite par les communistes pour la construction du pont principal de la ville SNP.

Dans un discours énoncé sur la place centrale, Ivo Nesrovnal a rappelé la tradition de tolérance qui a marqué l’histoire de la capitale slovaque, mais qu’il n’est désormais plus suffisant « d’être une majorité silencieuse qui refuse l’extrémisme et le fascisme. Il est nécessaire aujourd’hui de le dire à haute voix et de prendre position clairement ». Pavol Freso a tenu le même type de discours en affirmant la nécessité de la réunion de tous les démocrates, de gauche ou de droite, sur la question de la lutte contre l’extrémisme. De là, la nécessité de se réunir et de « devenir suffisamment nombreux pour battre les fascismes sous toutes ses formes. ».

« NON aux expressions du fascisme, de l’intolérance et de la xénophobie »

Le maire Ivo Nesrovnal a aussi adressé un message sur sa page facebook, à la suite de ce rassemblement : « Bratislava est une ville dans laquelle des personnes aux opinions religieuses, aux nationalités et aux opinions politiques différentes ont coexisté pendant des siècles. Avec cette participation à la mobilisation antifasciste, tous ensemble nous disons : NON aux expressions du fascisme, de l’intolérance et de la xénophobie. Merci à tous les citoyens de Bratislava y ayant participé. ».

Ce rassemblement a été suivi lundi 13 mars par un Forum d’Europe Centrale sur le fascisme, qui s’est tenu aux abords du Vieux Marché de Bratislava, où plusieurs intervenants se sont succédé pour débattre de l’extrémisme. Cette initiative a lieu alors que depuis le 1er janvier, la Slovaquie a adopté de nouvelles mesures législatives pour condamner plus fermement les propos et les actes de haine et  racistes, dans le but de lutter plus fermement contre une expression toujours plus banalisée dans certaines parties du pays. Ces modifications législatives vont notamment s’appliquer à une jeune femme de Ruzomberok, qui s’était filmée en train de brûler un Coran et d’inciter à la haine contre les Roms et les étrangers, et à un individu de Banska Bystrica qui avait frappé sans raison apparente un résident français pour le seul fait de sa couleur de peau.

En Slovaquie, une unité spéciale pour lutter contre l’extrémisme

Photo : page facebook de Bratislava bez náckov.

Catégories: PECO

Visages de la Lettonie : héros modernes

HU-LALA (Hongrie) - ven, 17/03/2017 - 11:55
Durant la dernière décennie, la Lettonie a connu une vague d’émigration sans précédent. Plus de 200 000 Lettons – environ 10% de la population – ont quitté leur pays natal. Nous avons rencontré ceux qui sont restés : une génération de chamans urbains, d’entrepreneurs en technologie et de journalistes, qui reflètent les différents visages de la Lettonie d’aujourd’hui. Cet article a été rédigé par Ance Šverna dans le cadre du projet Beyond91 sous la direction de Cafébabel Berlin et avec le soutien de Babel International, Advocate Europe et Allianz Kultustiftung. L’entrepreneur en technologie et nomade numérique, Uldis Leiters est le fondateur d’Infogr.am. Ce service avant-gardiste de visualisation de données lancé en 2012 est utilisé par plus de 30 millions de gens chaque mois.

Les dinosaures ont joué un rôle majeur dans l’enfance d’Uldis Leiterts, avec comme point culminant, un voyage au Musée paléontologique de Moscou lorsqu’il avait 4 ans. « Rien n’a changé », dit-il après une visite récente. Mais même s’il n’utilise pas de téléphone portable, Uldis n’est pas vraiment un dinosaure. Le jeune entrepreneur de 31 ans a visité 30 pays cette année (et s’apprête d’ailleurs à repartir), avec sa vie dans une valise. Durant ses voyages, il a remarqué non sans ironie que « les endroits imparfaits qui souffrent du mauvais temps sont particulièrement propices à l’innovation ».

La description correspond parfaitement à Riga, la ville natale d’Uldis. Pour échapper à la grisaille de cet ancien port et carrefour commercial balte, Uldis lance avec des amis le Festival de Liberté Numérique (Digital Freedom Festival, DFF) en 2016. Imaginé comme un rendez-vous mondial pour célébrer la révolution digitale, le premier DFF qui s’est tenu à Riga a réuni des professionnels IT venus du monde entier. « C’est une chance pour les autochtones qui ont de l’ambition », explique Uldis, en présentant ses plans. « En Lettonie, Internet est presque 30 fois plus rapide qu’aux États-Unis (mais toujours moins qu’à Séoul et Tokyo). Il faut choisir : passer sa vie à regarder des TED Talks ou faire venir Mark Zuckerberg ici. »

« La Lettonie a besoin de 100 000 à 200 000 programmeurs de talents, d’ingénieurs et de scientifiques. Nous ne pouvons pas attendre 25 ans pendant qu’ils grandissent », explique Uldis, qui semble particulièrement concerné par la vitesse à laquelle la population de son pays natal diminue. Depuis 1991, la population lettone est passée de 2,66 millions à 1,98 millions – presque un quart. La plupart de ceux qui sont partis sont des migrants économiques, parmi lesquels 40% ne comptent pas revenir.

Avec son siège à Riga, Infogr.am emploie des gens de 15 pays différents. Uldis reconnaît que le chaos, le bruit et les opinions divergentes sont un moteur pour lui. « C’est lorsque je sais ce qu’il va se passer que j’ai peur. »

Inin Nini est une coach spirituelle, une chamane et une conteuse. En tant que doyenne de sa communauté – la tribu Moonlight (clair de lune) – elle pratique des danses rituelles dans les forêts lettones, les manoirs et les banlieues.

A 35 ans, Inin aime toujours jouer dans la forêt près de chez elle. Elle se souvient de son enfance comme d’une vie où les habits et les poupées étaient les mêmes pour toutes les petites filles, à l’image de leurs oncles et tantes, qui se ressemblaient tous. « Les gens du bloc de l’Est sont unis par une tristesse et une honte commune, celle d’avoir passé leur temps dans la prison du système soviétique, sans réelles chaussures ou véritable Coca-Cola. » Aujourd’hui, des perles scintillent sur la robe sombre d’Inin, qu’elle porte sans occasion particulière. « Ce sont mes habits de tous les jours », explique-t-elle. Inin est convaincue que sa pauvreté a renforcé sa créativité. « Je suis encore en mode rebelle : les dix premières années de ma vie ont coïncidé avec la fin de l’Union soviétique. Rompre le système pour mieux respirer la liberté ! »

La Lettonie est devenue officiellement (et véritablement) libre en 1991. Pour autant, cela n’a pas résolu les problèmes au sein de la nation ou du peuple. Au début, Inin tenait un blog sur l’intimité, et tentait de trouver un mot plus attrayant pour parler de cet élément fondamentalement humain qu’est le vagin. Puis, elle a quitté son boulot dans la publicité pour voyager en Amérique du Sud et faire l’expérience du chamanisme.

À son retour, elle a changé son nom en Inin Nini. « Chaman, sorcière, interprète de rêve, prêtre, psychothérapeute – autant de noms pour désigner des gens qui rappellent aux autres l’existence du corps, de l’esprit et de l’âme. Ils sont tous importants », explique Inin. Sa mission est d’éveiller chez les gens le savoir qu’ils prétendent avoir oublié.

Inin apprécie à sa juste valeur la relation à la nature, qui est l’une des composantes essentielles de l’identité lettone : qu’il s’agisse des célébrations nationales des solstices ou de la connexion avec l’abondance de la nature – les champignons, les feuilles de thé, les pommes de terre. « Nous savons faire quelque chose à partir de rien », ajoute-t-elle.

Un quart (25,6%) de la population lettone est d’origine russe, une forte proportion qui est parfois perçue comme une menace, au regard des récents événements en Ukraine. Inin n’a pas de lien véritable avec le peuple russe, mais sa conception des relations entre Lettons et Russes est plus que bienveillante : « Nous pouvons choisir d’être en compétition, d’avoir peur ou de nous battre contre leur appétit de pouvoir. Ou bien nous pouvons établir une limite et prier pour leurs âmes. Ce serait tellement beau que nos prières aident les Russes à se mettre debout. Ce serait une bonne chose pour le monde entier ».

Andrejs Strokins est un photographe internationalement récompensé. 

Lorsqu’Andrejs, né à Riga de parents polonais et russes, a dû intégrer une école lettone, ses camarades de classe ne l’ont pas vraiment accueilli à bras ouverts. « Ils m’appelaient ‘Ruskie’ (Le russe, ndt) » se souvient Andrejs, 32 ans. « Je devais me défendre : j’ai craché au visage de l’un des types, qui est plus tard devenu mon meilleur ami. » Aujourd’hui, il parle couramment letton et habite le centre de Riga, même s’il reconnaît avoir déjà songé à partir : « Je n’en ai simplement pas eu le courage ».

Andrejs est convaincu que ses parents préféreraient oublier l’époque soviétique plutôt que d’en parler : « C’est le cas de beaucoup de gens », ajoute-t-il. Pourtant, pour Andrejs, qui travaille en tant que photographe de presse, l’histoire est essentielle. Il fait collection d’albums de photographie amateur de l’Union soviétique, qui sont emplis d’images de la vie quotidienne plutôt que de grands moments historiques. « J’essaie de trouver plus d’informations sur cette période douloureuse, mais c’est plutôt galère », raconte Andrejs. Lui qui sait combien il est facile de manipuler des photos se montre sceptique à propos de l’histoire qu’on lui a enseignée.

« De nos jours, de nombreux russophones en Lettonie regardent le journal télévisé russe et en absorbent l’information. Dès que l’on commence à aborder les problèmes politiques, ça devient conflictuel », explique-t-il. Il y a quelques temps, son père a eu l’idée de convertir leur nom de famille russe en letton, pensant que cela pourrait mettre fin aux souvenirs douloureux, liés au passé russe de la famille. Finalement, il a changé d’avis. Andrejs, qui se considère davantage polonais que russe, n’a jamais eu de problème avec son nom.

Agnese Kleina est une journaliste visuelle et éditrice du bookazine bilingue Benji Knewman.

Quand elle était jeune, Agnese, 34 ans, était bonne en gym et en expression écrite, mais considérait l’écriture comme une « affaire 100% locale ». Ses amis ont surnommé son appartement à Riga « Le Musée », car Agnese raffole du design. Ce qui l’intéresse particulièrement sont les intérieurs post-modernes qui ne sont plus à la mode depuis les dernières années de l’URSS. « J’ai vécu cette époque, et j’ai eu envie d’en parler au monde », dit-elle.

Le résultat se nomme Benji Knewman. Le magazine, dont le slogan est « Life that you can read » (La Vie qu’on lit, ndt) a été lancé en 2014. Chaque numéro se vend à environ 2 200 exemplaires, avec des histoires en letton, en anglais et parfois en russe. L’idée, précise-t-elle, est d’aider l’Est et l’Ouest à se rencontrer : « Comme un archéologue, je voudrais permettre à mes lecteurs de se projeter au-delà de l’émotion et du rétro, pour aller de l’avant », explique-t-elle.

Concernant la scène politique et sociale de la Lettonie moderne, Agnese est principalement préoccupée par les conséquences de l’occupation soviétique. De 1944 à 1991, la Lettonie faisait partie de l’URSS et se nommait la République socialiste soviétique de Lettonie. « Ces cinquante années sont un véritable fardeau. La jeunesse doit vivre avec des parents et des professeurs qui semblent continuer de traîner ce boulet derrière eux, au lieu de l’examiner de plus près, et de se regarder dans la glace. » Agnese est aussi obsédée par l’idée de créer un musée d’art moderne en Lettonie. Son but ? Dépoussiérer et exposer l’art créé durant les cinq décennies de domination soviétique.

Egils Grasmanis est le directeur de Brain Games (Jeux du cerveau, ndt) et le fondateur du mouvement I Want to Help Refugees (Je veux aider les réfugiés, ndt).

« Les jeux de société sont un excellent outil pour permettre aux gens de se rencontrer », explique Egils, 39 ans, l’homme qui a importé la culture des jeux de société en Lettonie. Avec sa société Brain Games, Egils, qui se voit comme un « Européen », édite et exporte des jeux adaptés à la trentaine de pays dans lesquels il les vend. En 2016, le jeu de famille Ice Cool a remporté le prix du meilleur jeu de société pour enfants au Royaume-Uni.

Egils confesse être fasciné par sa grand-mère, aujourd’hui âgée de 93 ans. « Elle a une véritable et profonde compréhension du monde. Ce qu’elle a vécu au sein des différents systèmes et en tant que réfugiée a profondément influencé sa manière de traiter les autres. » Durant la Seconde Guerre mondiale, plus de 200 000 Lettons ont quitté leur pays en tant que réfugiés. Ce souvenir transgénérationnel est la raison pour laquelle Egils a commencé à jouer à des jeux de société avec des demandeurs d’asile en Lettonie.

Selon les données du gouvernement, 364 et 328 demandeurs d’asile sont respectivement arrivés en Lettonie en 2014 et 2015 et représentent aujourd’hui 0,018% de la population totale. Cependant, selon un sondage des Nations unies en 2016, 55% des résidents lettons tendent à rejeter les réfugiés et à penser que leur niveau de vie baisserait s’ils les avaient pour voisins. En 2015, Egils a créé un groupe Facebook « I Want to Help Refugees » – aujourd’hui, c’est un mouvement à part entière qui tente de renverser la vapeur en Lettonie « pour que la majorité soit en faveur et non contre les réfugiés. »

Selon Egils, la véritable bombe à retardement est la fracture ethnique qui existe au sein de la Lettonie. « Les russophones sont blessés par la trahison de 1991,» explique-t-il. « Les politiciens avaient promis la citoyenneté lettone pour tous, mais ça n’est jamais arrivé. Les minorités se sentent marginalisées. La Russie paie leurs retraites, leurs allocations, et leur donne la citoyenneté, ils se sentent les bienvenus là-bas, mais pas ici. C’est tragique ! »

Egils pense que des excuses permettraient de consolider une société, aisément influençable. « Notre peuple a besoin d’un esprit critique,» juge-t-il. « La créativité et l’innovation sont ce pour quoi nous pourrions et aimerions être connus. »

Catégories: PECO

Le libraire Alexandra ferme des dizaines de magasins en Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 16/03/2017 - 16:08
Depuis quelques semaines, les librairies de l’enseigne hongroise Alexandra ferment leurs portes les unes après les autres. Plus de la moitié des 56 boutiques du franchisé Rainbow Kft. sont concernées, les 28 autres ayant déjà trouvé des repreneurs.

Corvin Plaza, Andrássy út, Károly körút… A Budapest, les magasins du libraire Alexandra se vident peu à peu. Malgré des écriteaux indiquant une « fermeture pour raisons techniques », certaines boutiques semblent avoir tiré leur rideau définitivement. La première boutique à avoir fermé est celle du centre commercial Corvin dans le huitième arrondissement. Déjà libéré de ses livres et ameublements, il ne reste comme trace de l’enseigne que le logo au dessus de l’entrée.

Ces fermetures concernent en réalité les 56 boutiques gérées par la société Rainbow Üzletlánc Kft., dont 24 ont pu être reprises par Janikovszky és Kolosi Kft. (une alliance de maisons d’édition qui rassemble Líra Könyv Zrt. et Móra Kiadó Zrt.), et quatre par des sociétés détenues par le fondateur d’Alexandra, Dezső Matyi. Sur les 362 salariés licenciés par Rainbow, la moitié devrait être rembauchée par les repreneurs. Le sort de la vingtaine de boutiques restante n’est pas encore connu.

La raison de ces fermetures semble imputable à la société franchisée Rainbow, laquelle a indiqué en janvier ne plus avoir les moyens de faire fonctionner les magasins Alexandra qu’elle gérait. Selon Index, la société PD Consulting propriétaire de Rainbow avait alors déclaré être à la recherche d’un repreneur pour la gestion de ces 56 boutiques. Une nouvelle alors fraîchement accueillie par le franchiseur et fondateur d’Alexandra Dezső Matyi, selon lequel le but de PD Consulting « n’était pas de se battre pour le réseau Alexandra, ni pour ses salariés ou encore ses 20-25% de surface de vente, mais de s’en servir pour faire disparaître ses transactions illégales », selon des propos rapportés par Index.

Reste à savoir quels seront les impacts des turbulences traversées par la chaîne de libraires auprès des petits acteurs du secteur. Pour un célèbre libraire indépendant de Budapest, auquel nous avons posé quelques questions, « le lecteur qui achète à Alexandra n’est pas le même que celui qui vient dans une petite librairie où le calme règne, tandis que dans une grosse chaîne, le client fait affaire avec un vendeur et pas un conseiller ». Paradoxalement, c’est l’afflux potentiel de nouveaux clients qui risque, selon lui, de poser problème aux petites boutiques de la capitales : « les clients vont se tourner vers les autres librairies et cela risque d’engendrer la sur-fréquentation des librairies plus petites qui souffriront d’un manque d’espace et de personnel ».

Par ailleurs, les petites librairies n’offrent pas tout à fait la même gamme de choix susceptibles de contenter les habitués d’Alexandra. Les livres sont souvent plus spécialisés, notamment en littérature hongroise classique ou en sciences humaines et sociales. C’est Libri, le géant allemand de la distribution de livres qui risque de profiter à plein pot des difficultés de son plus gros concurrent dans le pays. Selon l’Union hongroise des éditeurs et libraires (MKKE), les difficultés de la société fondée à Pécs en 1993 ne s’arrêtent pas à ses démêlés avec Rainbow : la branche distribution du groupe Alexandra aurait contracté près de trois milliards de forint de dettes ces dernières années (près de dix millions d’euros).

Catégories: PECO

En Hongrie, pour la fête nationale…démobilisation générale !

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 16/03/2017 - 12:20
Le 15 mars sonne en Hongrie comme la célébration de la révolution de 1848 et de la guerre d’indépendance contre les Habsbourg. Des trois fêtes nationales hongroises, le 15 mars est sans doute la plus politique, comme l’ont encore montré les célébrations de cette année.

Budapest – Ce mercredi, un cortège militaire a défilé de Kossuth Lajos tér jusqu’au Musée national en passant par Alkotmány utca et Bajcsy-Zsilinszky út. Un défilé haut en couleur, lancé dans les rues de Budapest, constitué entre autres du Régiment d’honneur de la Cavalerie nationale hongroise, de la Fanfare de la garnison de Budapest ou encore de la Fédération pour la conservation de la tradition hussarde et militaire. Tout était minutieusement réglé et s’est déroulé sans accroche, malgré un groupe de musique qui a perturbé la parade et déboussolé quelques chevaux habitués à la régularité de l’orchestre.

Au Musée national, imposant édifice classique situé sur le petit boulevard, la foule a pu assister à quelques danses et chants traditionnels, avant d’entonner à l’unisson l’Himnusz – l’hymne national écrit par Ferenc Kölcsey et Ferenc Erkel -, les couvres-chefs ôtés évidemment. Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a prononcé son habituel discours, devant un public acquis, pour beaucoup amené par cars entiers de province. Cette année, le chef de gouvernement a repris l’antienne du « souverainiste obsidional »[1]Gradvohl Paul, 2017, « Orbán et le souverainisme obsidional », Politique étrangère, 13 mars 2017, Printemps, n°1, p. 35‑45. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_7982_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_7982_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, leader d’un camp assiégé, seul contre tous dans un monde hostile : « Nous (…) ne pouvons que nous vanter du plus grand triomphe possible. Nous avons toujours gagné la guerre – menée pour la survie de la patrie et de la nation (…) nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, donc la responsabilité gouvernementale doit rester entre les mains des forces nationalistes ».

Ailleurs à Budapest, les kokárda, la cocarde hongroise, sont en revanche beaucoup plus rares qu’à l’accoutumée. Sans doute un effet de la politisation des symboles nationaux par le Fidesz depuis 2010. Des drapeaux polonais, rouge et blanc, étaient également présents, pas tant soutenir que pour rappeler à Viktor Orbán la déception des conservateurs du PiS après la reconduction – avec l’aval de Budapest – de leur pire ennemi Donald Tusk à la tête de l’Union européenne. La tribune du chef de gouvernement fut précédée et suivie sur place par des concerts, des récitals et des spectacles de danse. La fête s’est ensuite déplacée et poursuivie, dans la même veine, toute l’après-midi à Buda, entre l’église Matthias et le château. Loin du bruit des violons et du duda, d’autres lieux de Budapest ont été investis d’une autre manière en ce mercredi 15 mars. A l’instar de la gare de Keleti, où les partisans du parti d’opposition Ensemble (Együtt) s’étaient rassemblés pour écouter leur leader Péter Juhász leur promettre qu’en 2018, le discours de Viktor Orbán sera son dernier en tant que Premier ministre. Environ trois mille personnes se sont aussi rassemblées autour de László Majtényi, le candidat défait à la présidence de la République au début de la semaine. Elles ont défilé entre l’Opéra et Alkotmány proche du parlement.

Notes   [ + ]

1. ↑ Gradvohl Paul, 2017, « Orbán et le souverainisme obsidional », Politique étrangère, 13 mars 2017, Printemps, n°1, p. 35‑45. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Catégories: PECO

« Le groupe de Visegrád ne veut pas entendre parler d’Europe sociale »

HU-LALA (Hongrie) - mer, 15/03/2017 - 11:51
Situation des libertés publiques en Hongrie, attitude du PPE face à Viktor Orbán, horizons pour la gauche alternative en Europe centrale… Entretien avec Marie-Christine Vergiat, députée européenne Front de gauche (groupe GUE/NGL) et membre de la Commission des libertés civiles (LIBE) du Parlement européen. Quels étaient les enjeux de l’audience sur la situation hongroise organisée le 27 février dernier par la Commission des libertés du Parlement européen ?

L’audition du 27 février portant sur la situation des libertés publiques en Hongrie s’inscrit dans le travail de suivi du Parlement européen. Celui-ci a adopté un certain nombre de résolutions concernant ce pays, dont la dernière remonte à juin 2015. Il était déjà question de la situation migratoire, mais nous avions alors été alertés par un certain nombre de déclarations fracassantes de Viktor Orbán – dont il n’est pas avare -, concernant notamment la peine de mort[1]Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Il y a pas mal de choses qui se sont produites en Hongrie depuis, toujours en lien avec la crise des réfugiés, comme le montre le nombre croissant de rapports d’ONG sur ces sujets. Parmi les éléments d’inquiétude, il y a également la situation des organisations non gouvernementales accusées de recevoir des financements étrangers. Ça n’est pas sans rappeler des choses qui se passent dans d’autres pays qui ont des problèmes avec les droits de l’Homme, comme la Russie ou encore Israël.

Nous sommes quelques-uns à avoir demandé un débat en séance plénière sur la situation en Hongrie. Mais sous la pression du Parti populaire européen (PPE), auquel appartient le Fidesz de Viktor Orbán, il a été décidé qu’il n’y aurait pas de débat tant que la commission des libertés civiles n’aura pas de nouveau  travaillé la question.

Comment les députés assistants à l’audience ont-ils accueillis les répondes faites par László Trocsányi, ministre hongrois de la justice, qui était présent ?

Je ne veux pas engager mes autres collègues, mais le ministre nous a fait un discours qui était, par certains aspects très langue de bois et par d’autres un peu provocateur. Sur la question migratoire, il a commencé en rappelant l’histoire de la Hongrie en la matière, en mélangeant d’une façon un peu curieuse la façon dont le pays a accueilli les réfugiés aux frontières serbe et croate au moment de la guerre en Yougoslavie avec la situation des réfugiés hongrois de 1956. Il a beaucoup insisté sur la différenciation entre réfugiés et migrants économiques, en précisant que la situation d’un Syrien d’Alep n’était pas la même que celle d’un ressortissant marocain. Or, il me semble que les migrants qui ont été condamnés à Röszke[2]Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, n’étaient pas des ressortissants marocains, mais bien des réfugiés potentiels y compris syriens.

« Le PPE laisse, en quelque sorte, les députés hongrois en première ligne comme si les autres députés du groupe n’avaient pas vraiment envie de prendre position. »

Pour ce qui concerne les députés du PPE présents, ils étaient quasiment tous hongrois. Étaient même présents des députés de la droite hongroise qui ne sont pas membres de la commission des libertés civiles, ainsi que quelques députés conservateurs issus des minorités hongroises des pays frontaliers[3]Le PPE compte en son sein plusieurs députés issus des minorités hongroises de Slovaquie et de Roumanie, à l’instar de Pál Csáky (Parti de la communauté hongroise, SMK-MKP), Iuliu Winkler et Csaba Sógor (Union démocrate magyare de Roumanie, UDMR-RMDSz). jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_3").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_3", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Ça n’est pas la première fois que ça arrive et c’est un peu étonnant. Le PPE laisse, en quelque sorte, les députés hongrois en première ligne comme si les autres députés du groupe n’avaient pas vraiment envie de prendre position. C’est une hongroise, Mme Kinga Gál, qui est vice-présidente de la commission, qui est notamment intervenue parmi les premiers orateurs. Si j’étais membre du PPE, je ne ferais pas monter au créneau des députés du pays concerné, surtout en première ligne parce qu’ils ne peuvent que manquer d’objectivité. Il faut traiter ces questions avec un minimum de distance.

Le fait que le Fidesz soit membre du PPE explique-t-il le deux poids deux mesures quant au comportement des institutions européennes face à la Hongrie et à la Pologne ?

Il y a beaucoup d’hypocrisie sur l’ensemble de ces dossiers, quels que soient les pays concernés. Si la Hongrie semble en première ligne, c’est parce qu’elle accumule les préoccupations depuis l’arrivée au pouvoir de M. Orbán. Il y a des raisons de s’interroger sur l’évolution de la situation en Hongrie, y compris lorsque M. Orbán veut instaurer une démocratie « illibérale »[4]Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_4").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_4", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); et prend comme modèles des gens comme M. Poutine ou M. Erdoğan. Même les députés du PPE en général ont tendance à critiquer cela.

Le gouvernement polonais semble bien s’entendre avec le gouvernement hongrois et l’a souvent pris comme modèle pour justifier certaines réformes[5]Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_5").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_5", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Les deux pays partagent énormément de positions, mais il est vrai que le PPE est beaucoup plus offensif sur la situation en Pologne. Peut-être parce que les députés du PiS (Droit et Justice) le parti qui gouverne aujourd’hui à Varsovie, est membre du groupe conservateur alors que les députés de la Plateforme civique (PO) qui les ont précédés sont membres du PPE. C’est assez triste que nombre de parlementaires européens ne semblent pas capables de se positionner sur des situations nationales en faisant abstraction de la  couleur politique des gouvernements concernés. A l’inverse, je trouve bien qu’il y ait pu y avoir un débat en plénière sur la Roumanie après le récent mouvement de mobilisation sur la remise en cause des lois contre la corruption. Chacun a ses opinions politiques, mais ça ne devrait pas nous empêcher de débattre de situations surtout quand elles portent atteintes aux droits fondamentaux.

Comment se positionne la Commission européenne sur la situation hongroise ?

Ça arrange bien tout le monde qu’on n’en parle pas, notamment ceux qui ont la majorité dans les institutions européennes. Je n’ai pas vu de réactions récentes, mais il est vrai que la Commission n’est pas allante. Une procédure d’infraction a été engagée en décembre 2015 en ce qui concerne la législation de la Hongrie sur le droit d’asile et pour le moment, on est au point mort. On va essayer de relancer la procédure au Parlement européen après l’audition du 27 février en Commission des libertés publiques.

On est dans une période politique difficile où le groupe de Visegrád s’agite dans tous les sens et constitue une menace pour la cohésion de l’Union européenne elle-même.

Sur la Hongrie, le Parlement européen n’a pas dit son dernier mot. Les députés européens ont voté en octobre dernier le projet de résolution contenu dans le rapport de Sophia In’t Veld, dont l’objet est de sanctionner les « manquements perçus à la démocratie, à l’Etat de droit et aux droits fondamentaux » dans les États membres. C’est  une tentative de réponse face à l’impossibilité d’utiliser l’article 7 des Traités dans des cas de violations des droits fondamentaux et des valeurs de l’UE telles que définis notamment par l’article 2 des mêmes Traités. Ce rapport est un peu la suite du rapport de Rui Tavares sur la situation des droits fondamentaux et les réformes constitutionnelles en Hongrie (2013)[6]Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_6").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_6", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. La proposition est de créer un mécanisme qui permette un suivi permanent sur la situation des droits fondamentaux à l’intérieur de l’Union et de préconiser des recommandations en cas de franchissement de ligne rouge. C’est calqué sur ce qui se fait déjà au sujet de pays extérieurs à l’UE et cela répond au reproche de certains de stigmatisation de certains pays, et de la Hongrie en particulier.

Quelle est l’influence des pays de Visegrád (Pologne, Hongrie, Tchéquie et Slovaquie) sur le débat européen ?

J’ai souvent l’impression que c’est leur position qui domine sur un certain nombre de sujets et notamment en matière de migrations.

En réalité, personne ne combat leur position sur ces questions au sein du Conseil européen. Aucun chef d’État ou de gouvernement ne propose d’alternative. Mme Merkel en accueillant les réfugiés en 2015 et M. Juncker avec le mécanisme de relocalisation ont bien essayé, mais on sait ce qu’il en est advenu[7]C’est notamment suite à la proposition de « quota de réfugiés » que le groupe de Visegrád a été réactivé par la Hongrie. Viktor Orbán a même engagé un référendum sur le sujet, mais ce dernier a été invalidé. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_7").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_7", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.

C’est pourtant dramatique que les États membres de l’UE ne soient pas à la hauteur de la situation et sont incapables d’un minimum de solidarité. Leur position est à l’opposé : de plus en plus empêcher toutes celles et tous ceux qui ne seraient pas des « bons » réfugié-e-s d’entrer sur le territoire européen. Toutes celles et tous ceux qui ne pourraient accéder à la protection internationale seraient des migrants économiques et donc de « mauvais migrants » qu’il faudrait refouler.

« Ceux à qui on veut refuser l’accès de l’UE sont ceux qui viennent du Sud. J’appelle ça du racisme. »

Or, les derniers chiffres publiés sur les migrations légales en 2015 montrent que 2,5 millions migrants légaux sont arrivés sur le territoire de l’UE (tous statuts confondus). Parmi eux 500 000 Ukrainiens dont  450 000 sont arrivés en Pologne avec un titre de travail ! Eux seraient donc de « bons migrants » – ce sont pourtant des migrants économiques ? Alors que, durant la même période, seulement 100 000 Syriens sont arrivés légalement dans l’UE.  Quelle politique migratoire mène-t-on ? Avec quels pays ? On différencie les migrants selon leur pays d’origine. Ceux à qui on veut refuser l’accès de l’UE sont ceux qui viennent du Sud. J’appelle ça du racisme.

Il y a une position très majoritaire du Parlement européen pour dire qu’il faut accueillir les réfugiés et ouvrir des voies légales tant pour les réfugiés que les migrants. C’est le meilleur moyen d’empêcher l’immigration clandestine, de lutter contre les passeurs et les trafiquants et d’éviter les morts en Méditerranée. Mais quand on voit l’évolution des propositions législatives qui nous sont adressées depuis quelques mois, à nous députés européens, on voit bien que l’obsession est: « contrôler, contrôler, contrôler encore et toujours plus les frontières » pour empêcher les migrants dits irréguliers d’arriver dans l’Union.

Quand la France et l’Allemagne s’accordent sur l’objet d’une Europe à plusieurs vitesses, ça s’adresse directement au groupe de Visegrád ?

Il s’agit en fait d’une tentative désespérée pour sauver l’Union européenne. On appelle ça la réponse au Brexit, mais en réalité c’est aussi une réaction à la poussée de l’extrême droite un peu partout en Europe et notamment en France. Ce que je constate, c’est que dans les propositions mises en avant, on cherche essentiellement à compléter l’Union économique et monétaire et à mettre en place une Union de la défense. Ce n’est pas vraiment ce que demandent les citoyens européens. Quand on regarde le « Parlemètre » (le sondage annuel du Parlement européen sur l’opinion des citoyens européens), ils demandent d’abord une réelle Europe sociale. Or, c’est justement sur ce sujet, que le groupe de Visegrád est le plus bloqué. Ce sont des grands partisans de la liberté de circulation des travailleurs détachés sans contrôle, au nom de la liberté d’entreprise[8]Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_8").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_8", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.

« [Stopper le dumping social :] le groupe de Visegrád ne veut pas en entendre parler. »

Le Parlement européen est, lui, plutôt favorable à des avancées sociales même si cela ne va pas aussi loin que j’aimerais. Ainsi, sur la réforme de la directive des travailleurs détachés, l’idée est d’avoir un texte qui permette aux travailleurs détachés dans n’importe quel État membre de bénéficier des protections du pays d’accueil, ceci afin de stopper le dumping social. Le groupe de Visegrád ne veut pas en entendre parler. Sa vision c’est : « je prends dans l’Europe uniquement ce qui m’intéresse et correspond à mes positions ».

Le groupe de Visegrád revendique surtout un retour à une logique intergouvernementale face au pouvoir de la Commission européenne…

L’Union européenne est déjà très intergouvernementale et tend d’ailleurs à l’être de plus en plus ! Ces pays veulent juste le moins de compétence possible pour l’UE. J’ai suivi leur réunion à Varsovie vendredi dernier[9]Référence à la réunion du groupe de Visegrád le 27 février 2017 à Varsovie jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6585_9").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6585_9", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, ils revendiquent plus de souverainisme national, c’est tout. Ce qui n’est pas la même chose que la seule intergouvernementalité. Leurs positions sont proches de l’UKIP, voire du Front national ou d’autres partis d’extrême droite en Europe.

Dans ce contexte, la question de l’accès de ces pays aux fonds européens peut se poser. Ils en sont largement bénéficiaires. Est-ce que cela peut durer s’ils refusent toute solidarité européenne ?

Est-ce que le Parti de la gauche européenne (PGE) a des relais dans ces pays ? Comment analysez-vous la situation de la gauche alternative en Europe centrale ?

La gauche alternative a du mal à trouver des débouchés politiques dans ces pays. La dernière fois que j’ai été en Hongrie, j’ai assisté notamment à l’université d’été du LMP et j’ai trouvé cela intéressant. C’était au moment où ils discutaient de leur  stratégie vis-à-vis du Parti socialiste hongrois (MSzP). Et cela a provoqué une scission.

Le PGE (Parti de la Gauche européenne) a des interlocuteurs mais c’est souvent difficile car on y  agite un anticommunisme « primaire » en oubliant notamment que l’Histoire n’est pas la même à l’Est et à l’Ouest. La gauche alternative européenne n’a pas bien mené le débat sur ces questions. Et ce qui me frappe, pour avoir effectué plusieurs missions dans la région, c’est que nous sommes pourtant souvent en phase avec la société civile, laquelle partage bien plus que ses dirigeants les valeurs  « européennes » de démocratie, d’Etat de droit et de droits de l’Homme. C’est peut-être d’ailleurs pour ça que M. Orbán a raté son référendum faute de participants.

Entretien réalisé par téléphone le 6 mars 2017 par Ludovic Lepeltier-Kutasi. Les réponses ont été relues et complétées par écrit par Mme Vergiat.

Notes   [ + ]

1. ↑ Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet 2. ↑ Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet 3. ↑ Le PPE compte en son sein plusieurs députés issus des minorités hongroises de Slovaquie et de Roumanie, à l’instar de Pál Csáky (Parti de la communauté hongroise, SMK-MKP), Iuliu Winkler et Csaba Sógor (Union démocrate magyare de Roumanie, UDMR-RMDSz). 4. ↑ Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet 5. ↑ Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet 6. ↑ Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet 7. ↑ C’est notamment suite à la proposition de « quota de réfugiés » que le groupe de Visegrád a été réactivé par la Hongrie. Viktor Orbán a même engagé un référendum sur le sujet, mais ce dernier a été invalidé. 8. ↑ Retrouver l’article de Hulala sur ce sujet 9. ↑ Référence à la réunion du groupe de Visegrád le 27 février 2017 à Varsovie function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Catégories: PECO

Le maire de Budapest ne se représentera pas en 2018

HU-LALA (Hongrie) - dim, 12/03/2017 - 20:53
István Tarlós, maire Fidesz de Budapest, a annoncé ce dimanche ne pas briguer sa succession en 2018. L’édile conservateur avait été élu à la tête de la capitale hongroise en octobre 2010, puis réélu en 2014.

Faut-il y voir un effet de la déflagration de la campagne Nolimpia ? Ou bien le résultat d’une longue guerre de nerf avec Viktor Orbán ? Quoiqu’il en soit, István Tarlós a annoncé ce dimanche dans une interview sur la chaîne ATV qu’il n’effectuera pas de troisième mandat comme maire de Budapest. « A l’instant où je vous parle, je ne suis pas vraiment déterminé à être candidat et encore moins à tout faire pour l’être », a-t-il déclaré lors de l’émission hebdomadaire Heti Napló.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Élu une première fois en 2010, István Tarlós avait alors bénéficié de la vague « orange » qui avait porté Viktor Orbán à la tête du gouvernement. Cinq mois après les élections législatives de mai, le parti conservateur Fidesz avait raflé quasi toutes les localités du pays, y compris l’immense majorité des arrondissements de Budapest. Ancien maire du 3e arrondissement (Óbuda-Békasmegyer), István Tarlós s’était alors distingué comme un régulier opposant au festival Sziget, en raison de programmations jugées « trop favorables aux homosexuels ». En tant que maire de Budapest, ses deux mandats ont été marqués par des réalisations plus consensuelles, notamment en matière de développement des transports publics et de réhabilitation des espaces publics. Mais aussi par des sujets de clivage, comme le durcissement des décrets hostiles aux sans-abri, le projet de Bois aux musées, la digue mobile de Római part ou plus récemment la candidature de la capitale hongroise aux Jeux olympiques de 2024.

La campagne Nolimpia et le succès qu’on lui connait ont sans doute joué en faveur de ce retrait de la course. Il n’aura fallut que l’hostilité chronique de Viktor Orbán et d’une bonne partie du Fidesz pour finir de l’achever. En 2014 déjà, les intrigues au sein du parti conservateur déjà affaibli la candidature d’István Tarlós, mais ce dernier s’était finalement imposé faute de prétendant viable. Souvent poil à gratter du gouvernement, le maire sortant de Budapest s’était souvent vu mettre des bâtons dans les roues, notamment dans le fumant dossier de la rénovation du métro 3, sans cesse promise puis contrecarrée par le cabinet du Premier ministre.

De nombreux maires Fidesz d’arrondissement pourraient être tentés de briguer sa succession. S’il sera difficile à Antal Rogán de se présenter, vu les nombreux soupçons de corruption qui pèsent sur lui, il est probable que la place revienne à l’ambitieux Máté Kocsis, actuellement à la tête du 8e arrondissement et président du groupe de la majorité au conseil de Budapest. En-deçà du prestige de la fonction, les compétences du maire de la capitale sont en réalité très limitées. Elles agissent sur des sujets de dimension « métropolitaine » ou sur des dossiers qui impliquent plusieurs arrondissements.

Catégories: PECO

Tusk réélu : même la Hongrie a lâché la Pologne !

HU-LALA (Hongrie) - ven, 10/03/2017 - 16:55
Varsovie a finalement été la seule capitale européenne à s’opposer, en vain, à la reconduction de Donald Tusk à la tête du Conseil Européen. Le “lâchage” des pays du Groupe de Visegrád et particulièrement de Budapest suscite d’intenses réactions.

Le gouvernement polonais, farouchement opposé à la candidature de Donald Tusk, a déploré la décision des membres du Conseil Européen : « Nous savons maintenant que c’est une Union européenne sous le diktat de Berlin », a réagi le ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, au site internet wpolityce.pl. « L’Union Européenne est une organisation dominée par un seul pays. On ne peut pas le cacher, ce pays c’est l’Allemagne », a précisé de son côté Jarosław Kaczyński, le président du parti conservateur polonais PiS (Droit et Justice). Contrairement à ses partenaires européens, M. Kaczyński considère que ce vote altère un peu plus l’intégrité du bloc des 28.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});

 Orbán accusé de “traîtrise”

Le vote en faveur de Donald Tusk de la République tchèque, de la Slovaquie, mais bien plus encore de la Hongrie, n’est pas passé inaperçu car le groupe de Visegrád avait affiché son unité lors d’une réunion préparatoire le 2 mars. Le malaise se lit dans cette brève réaction de Jarosław Kaczyński : « Viktor Orbán a eu un comportement décevant mais la pression était énorme » (444.hu).

Des citoyens polonais – dont on imagine qu’ils sont de fervents partisans du PiS – ont vivement réagi en prenant d’assaut la page facebook de Viktor Orbán, sur laquelle ils lui adressent d’ordinaire leurs louanges : « Maintenant, nous savons … que vous êtes un politicien comme les autres. Vous avez trahi le gouvernement polonais. Plus de respect. Au revoir … Orban. Vous n’êtes plus le bienvenu en Pologne », écrit un certain Andrzej Pantol. « Tu as montré à quel point tu es faible hier, alors que tu étais mon héros. Tu as perdu ton intégrité. Pologne !!! », rajoute Marcin Luis, un autre internaute.


« traître »

La procédure de la Commission, le véritable stress-test

Mais Viktor Orbán le pragmatique – déjà sous le feu des critiques de l’UE en raison de ses relations privilégiées avec la Russie et pour son intransigeance sur la question migratoire – pouvait-il se permettre de voter contre le Parti Populaire Européen auquel il appartient (le PiS est membre de l’Alliance des conservateurs et réformistes européens) ? Et Beata Szydło comptait-elle réellement sur son soutien ?

En réalité, le véritable test de résistance du tandem polono-hongrois, concerne la procédure de « sauvegarde de l’Etat de droit » que la Commission européenne a enclenché à l’encontre de Varsovie en janvier 2016 et qui fait planer sur la Pologne la menace de sanctions. Sanctions auxquelles le Premier ministre hongrois a promis à Jaroslaw Kaczynski d’opposer son veto. La lune de miel entre les deux capitales est bel et bien achevée, mais le couple n’a pas (encore?) rompu.

Catégories: PECO

Il y a quarante ans : la Charte 77 et la dissidence tchécoslovaque

HU-LALA (Hongrie) - ven, 10/03/2017 - 16:19
La proclamation, le 1er janvier 1977, de la déclaration constitutive de la Charte 77 constitua probablement l’évènement le plus important de l’histoire tchécoslovaque entre le Printemps de Prague de 1968 et la Révolution de velours de 1989.

En effet, suite au processus de démocratisation en vue de créer un socialisme à visage humain, les troupes du Pacte de Varsovie envahirent le territoire tchécoslovaque le 21 août 1968 ; puis, le 17 avril 1969, Gustáv Husák remplaça Alexander Dubček à la tête du Parti communiste tchécoslovaque et mit en œuvre le processus de « normalisation », selon l’euphémisme qu’employait à l’époque la bureaucratie pour qualifier la mise au pas de la société tchécoslovaque. Cette dernière rentra alors dans une phase de léthargie, que les signataires de la Charte 77 tentèrent d’interrompre.

La Charte se voulait « une communauté informelle, libre et ouverte d’hommes et de femmes de profession, de confession et de convictions diverses, unis par la volonté de s’employer, individuellement et collectivement, à faire respecter, chez nous et partout dans le monde, les droits de l’homme et du citoyen ». Elle était issue d’un groupe qui s’était constitué contre les poursuites en justice du groupe de musique populaire Plastic People : ses membres demandaient au gouvernement de respecter les engagements démocratiques de l’acte final du Processus d’Helsinki qu’il avait signé le 1er août 1975. Certains parmi les plus grands noms de l’intelligentsia et de la politique de l’époque en furent signataires : je n’évoquerai que deux de ses porte-parole, le dramaturge Václav Havel et le Ministre des Affaires étrangères sous le Printemps de Prague, Jiří Háyek.

Un livre paru peu après, et traduit en français sous le titre Douze Femmes à Prague, évoque le monde des signataires de la Charte et offre un reflet saisissant du monde des démocraties populaires d’alors. Son auteure, elle-même signataire de la Charte, rencontre douze personnes signataires de la charte ou membres du Comité de défense des personnes injustement poursuivies (le VONS selon les initiales en tchèque).

Le titre français évoque l’angle féministe ; ainsi, l’une des femmes interrogées dit qu’« avant de se mettre à me lire, les hommes manifestent une sorte de condescendance typiquement masculine » alors qu’une autre dénonce la dureté des tâches du ménage.

Mais cet aspect s’efface dans le livre derrière celui de la résistance à la répression, qui pouvait être très dure ; en témoigne le décès du philosophe Jan Patočka, porte-parole de la Charte, le 13 mars 1977 à l’issue d’un interrogatoire de police particulièrement long. Une militante évoque le procès de 1972 – quatre à Prague, cinq à Brno – qui prononça cinquante condamnations et dix grâces contre des opposants à la normalisation.

Mais ce qui frappe dans le récit des militantes, c’est le caractère le plus souvent insidieux de la répression – une répression mesquine, comme il y avait l’apartheid mesquin en Afrique du Sud à la même époque. Telle vedette du journalisme se voyait contrainte de devenir employée de ménage ; telle autre se voyait ostensiblement suivie par deux policiers en civil, à tout instant de la journée, jusqu’à sa maison de campagne ou encore les enfants d’une autre étaient interdits d’études malgré un parcours brillant. La police a par ailleurs accusé une vedette pop qui avait rencontré Alexander Dubček d’avoir joué dans des films pour adultes – selon un montage grossier, extrait d’un film érotique danois ; telle autre est déchue de la nationalité tchécoslovaque après son départ pour l’Allemagne de l’Ouest. Bien évidemment, la résistance à cette répression requiert un courage de tous les jours.

La figure la plus marquante est sans doute celle de Gertruda Sekaninova-Cakrtova, qui fut avocate communiste dans l’Entre-Deux-Guerres, séjourna au camp de Theresienstadt (aujourd’hui Terezín, en République tchèque) de 1942 à 1944 et qui, devenue membre du Parlement au mois d’octobre 1968, fit partie des quatre députés qui votèrent contre le « stationnement temporaire des troupes soviétiques sur le territoire tchécoslovaque » (dix autres s’abstinrent). Elle fut ensuite exclue du Parlement et signa la Charte.

Un élément malheureux m’a frappé, l’isolement des militants. La Police l’entretenait, par exemple en recommandant aux parents d’interdire à leurs enfants de fréquenter les enfants de dissidents.

Mais l’isolement des militants n’est pas que moral, il est aussi sociologique : toutes les personnes interrogées, en effet, font partie de l’intelligentsia et sont universitaires, journalistes, artistes, avocates, etc. Le livre n’évoque jamais les milieux populaires, et la Charte ne contient pas de revendication sociale.

Dans la Pologne voisine, par contraste, des intellectuels s’étaient constitués en rassemblement de soutien aux ouvriers victimes de la répression qui a suivi l’émeute de la ville de Radom, en 1976 – ce qui annonçait le soulèvement des chantiers navals de Gdańsk, en 1980, et l’apparition au grand jour de la figure de Lech Wałęsa.

Quoi qu’on pense des options politico-religieuses de ce dernier, et de son parcours subséquent au service de la réaction, on ne peut nier qu’il fut le leader d’un mouvement de masse qui agita la société polonaise de manière très profonde. Le contraste avec l’isolement social des signataires de la Charte est à cet égard frappant.

Les signataires n’en restent pas moins celles et ceux qui, comme le dit l’une des femmes du livre, ont « montré, désigné avant tout la voie à suivre pour sortir du bourbier moral qui s’était mis à grandir dans la société après 1970. » C’est un mérite énorme… malgré des limites énormes.

755368 4FRDNTE6 items 1 le-tapuscrit-author-date default ASC http://hu-lala.org/wp-content/plugins/zotpress/

Le texte de la Charte77 : http://www.cairn.info/revue-tumultes-2009-1-page-389.htm

Catégories: PECO

Journée du 8 mars : les Polonais toujours mobilisés

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 09/03/2017 - 20:20
Cette année, la Journée internationale des droits des femmes a été marquée par un appel à la grève inspiré par le succès du Czarny Protest organisé en Pologne le 3 octobre dernier. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont pris part aux manifestations ce 8 mars à Varsovie et dans plusieurs villes du pays dans un contexte politique tendu. Barbara Nowacka, grande figure de la lutte féministe en Pologne, témoigne pour Hulala.

A l’instar de millions de personnes dans le monde, les Polonais ont défilé dans 80 villes ce mercredi 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Environ 17 000 personnes ont pris part aux manifestations à Varsovie, d’après des chiffres communiqués par la mairie. Le dimanche précédent, 4 000 manifestants s’étaient déjà rassemblés dans la capitale afin de protester contre la restriction d’accès à la contraception proposée par le PiS, le parti au pouvoir depuis fin 2015.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});

Barbara Nowacka, représentante du comité «Sauvons les femmes» («Ratujmy Kobiety»).

Cette année, la célébration avait pris une tournure plus militante avec un appel à la grève lancé dans 50 pays pour montrer la contribution des femmes au fonctionnement de l’économie. Une initiative originaire de Pologne, où les droits des femmes sont depuis quelques temps régulièrement menacés par la droite conservatrice. « En l’espace d’un an, le PiS a détruit de nombreuses avancées en matière d’égalité des sexes », explique à Hulala Barbara Nowacka, tête de liste de la gauche unie lors des dernières élections législatives et récente lauréate du prix Simone de Beauvoir pour avoir réussi à faire reculer le gouvernement polonais sur le durcissement de l’accès à l’IVG avec le comité «Sauvons les femmes» («Ratujmy Kobiety»).

« Stopper les ultra-conservateurs fanatiques »

Cet appel s’inscrit notamment dans le sillage de la « protestation noire » (Czarny Protest), laquelle avait fait descendre dans la rue plusieurs dizaines de milliers de Polonais en octobre dernier. L’enjeu était de s’opposer par la grève à un projet de loi visant à revenir sur le droit à l’avortement des femmes polonaises. « La manifestation du 3 octobre 2016 a marqué un changement en Pologne. Les militant(e)s ont pu se rencontrer, voir qu’ils étaient forts et déterminés, nous avons de l’espoir », selon Barbara Nowacka. « Je pense que nous avons apporté de l’espoir à beaucoup d’autres femmes qui se battent pour l’égalité et la justice. À notre manière de vouloir stopper les ultra-conservateurs fanatiques avec nos manifestations géantes, en réunissant les femmes dans les grosses villes mais aussi à la campagne, dans des régions plus traditionnelles, on a donné à d’autre femmes la force de manifester, de marcher, de se faire entendre et de se battre. Et elles protesteront tant que nous n’aurons pas l’égalité des genres, des droits et des salaires », conclut-elle.

« Les mœurs traditionalistes des religions qui sont responsables des violences faites aux femmes ».

Autre grief des manifestants à l’encontre du PiS, l’annonce en décembre dernier du retrait de la Pologne de la Convention d’Istanbul, traité conclu par le Conseil de l’Europe en mai 2011 en faveur de la protection contre la violence contre les femmes et les violences domestiques. « Droit et Justice est contre la Convention d’Istanbul depuis le début. Cette convention est un document progressiste qui pointe du doigt les mœurs traditionalistes des religions qui sont responsables des violences faites aux femmes », précise Barbara Nowacka, « c’est un concept inacceptable pour le PiS. Il est également contre un contrôle international du respect de cette convention. Donc si la Pologne n’abandonne pas la Convention, le PiS ne la respectera tout simplement pas ».

Obscurantisme au parlement européen – Une semaine avant la Journée des droits des femmes, c’est au Parlement européen qu’un Polonais avait suscité railleries et indignation au sujet de sa conception toute particulière de l’égalité des sexes. Le député européen non-inscrit Janusz Korwin-Mikke avait ainsi déclaré que « les femmes doivent gagner moins que les hommes, parce qu’elle sont plus faibles, elle sont plus petites et elles sont moins intelligentes ». Et de se justifier en évoquant l’absence de femme dans le classement des 100 meilleurs joueurs d’échecs mondiaux. Ces déclarations, Ewa (le prénom a été changé), 21 ans, serveuse et étudiante à Varsovie, ne les avait même pas remarquées. Mais, « les positions de Korwin à ce sujet sont bien connues et beaucoup de gens ne sont plus surpris. C’est une conclusion assez triste, mais on s’habitue à ce genre de déclarations ».

Catégories: PECO

L’ingérence du gouvernement hongrois pour contrer les gender studies

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 09/03/2017 - 18:52
En Hongrie, le gouvernement conservateur de Viktor Orbán ne voit pas d’un bon œil l’ouverture à la rentrée prochaine d’un master de gender studies à l’Université Loránd Eötvös (ELTE) de Budapest.

Il fallait que l’annonce tombe le même jour que la Journée internationale des droits des femmes pour marquer les esprits. Lors d’une conférence organisée ce mercredi par l’Académie hongroise des sciences, Zoltán Balog, le ministre chargé des « ressources humaines », a déclaré que le gouvernement hongrois soutiendrait l’ouverture d’un cursus en septembre prochain dédié aux « sciences de la famille » à l’Université Corvinus. « On nous gave de faits et de points de vue souvent tellement erronés, qu’il est important que nous ripostions. Nous rejetons l’idée selon laquelle les genres seraient des constructions sociales et préférons faire des recherches sur leur rôle dans la société. C’est à quoi servent les sciences de la famille », a notamment déclaré devant les académiciens celui qui dispose entre autres du portefeuille de l’enseignement supérieur.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Cette ingérence du gouvernement hongrois dans l’orientation pédagogique et scientifique d’une université publique est justifiée par la nécessité de riposter à l’annonce faite il y a un mois par l’Université Loránd Eötvös (ELTE) de l’ouverture d’un master consacré aux gender studies. Pour les caciques du Fidesz, les études du genre portent une conception dévoyée de la différenciation sexuelle et participent à une remise en cause politique de la famille traditionnelle. La semaine dernière, le secrétaire d’État Bence Rétvári déclarait d’ailleurs que « le contenu de cette formation s’opposait à toutes les valeurs gouvernementales au sujet de l’être humain », estimant que celle-ci « n’est pas rationnelle et n’a pas été créée pour répondre à des besoins du marché du travail ni pour transmettre aux étudiants un savoir utile et mobilisable ».

Cette charge du gouvernement hongrois contre les sciences sociales et l’autonomie de la recherche arrive quelques semaines après la lettre de Lőrinc Nacsa, président des jeunes chrétiens-démocrates (IKSz) au recteur d’ELTE Barna Mezey. Ce proche soutien de la coalition Fidesz-KDNP au pouvoir y déplorait l’ouverture d’une formation portant sur un domaine « aux allures de science, gavée de politiquement correct, et qui n’apportera rien à la société hongroise ».

En Hongrie, charge politique contre les gender studies

Les « sciences de la famille » ne correspondent pas à un champ consensuel dans le monde de la recherche. Contrairement à la sociologie de la famille, dont l’objet porte sur l’étude des structures familiales et des relations entre les membres d’une même parentèle, les « sciences de la famille », telles qu’elles existent dans le monde francophone, ont une vocation davantage pratique. Dispensés très majoritairement dans des établissements catholiques, les cursus de sciences de la famille comportent souvent des enseignements théologiques.

Source : 444.hu

Catégories: PECO

« Puis la jeune génération hongroise s’est mise à parler anglais »

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 09/03/2017 - 11:14
Au début de mon séjour à Budapest et alors que mon hongrois était encore hésitant, j’avais appris une petite phrase sacramentelle que je répétais aux vendeuses du marché qui s’évertuaient à me parler en allemand : « Francia vagyok. Nem beszélek németül. Kérem mondja még egyszer lassan magyarul és talán meg fogom érteni » (« Je suis français. Je ne parle pas allemand. Répétez je vous pris lentement en hongrois et je pourrai peut-être comprendre »).

Dans la Hongrie de 1988, l’allemand était encore la langue véhiculaire parlée par les vieilles personnes, l’intelligentsia et les Hongrois qui étaient en contact pour des raisons professionnelles avec des étrangers comme les vendeurs du marché ou le personnel des hôtels de Budapest ou du Balaton. Le NDK Zentrum, institut de l’Allemagne de l’Est occupait ainsi un immeuble stratégique à la sortie du métro Deák tér. La minorité allemande était très présente pour défendre ses intérêts et le Budapester Zeitung était un des rares journaux publié en langue étrangère à Budapest.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
L’histoire, la géographie expliquait cette présence de l’allemand, à la fois langue véhiculaire de l’Empire d’Autriche-Hongrie et langue de l’Allemagne de l’Est, ce pays frère où de nombreux étudiants hongrois allaient faire une partie de leurs études dans les universités de Leipzig, Dresde ou Berlin.

Le russe qui avait encore en 1988 le statut de langue obligatoire ne bénéficiait pas d’une telle aura. On racontait l’histoire de ce bachelier passant à l’oral une épreuve de russe après 10 ans d’étude et qui était incapable de prononcer un seul mot. Désespéré le professeur montrait alors un livre à l’élève en lui demandant: « Что это? » (« Qu’est-ce que c’est ? » ou, pour la blague, « C’est un chto ? ») et le bachelier répondait: « Да, это что. » (« Oui, c’est un chto »).

J’ai eu la chance d’être l’un des derniers étudiants de l’Institut Puskin du temps où il était dans son magnifique bâtiment Semmelweis utca et j’ai pu ainsi avoir des cours quasi privés avec deux professeurs en même temps qui étaient ravies de trouver enfin un étudiant qui s’intéressait au russe. Je n’ai jamais su si ce désintérêt manifeste pour la langue russe était le reflet d’une résistance passive face à l’occupant soviétique ou tout simplement s’il était dû à une paresse des étudiants hongrois peu enclins à apprendre une langue réputée difficiles pour eux.

Le français à cette époque-là jouissait, tout comme l’anglais d’une curiosité bienveillante de la part d’une intelligentsia élitiste. L’institut français et l’Alliance française de Budapest accueillaient environ 500 étudiants qui poursuivaient des objectifs bien différents. La plupart étaient des jeunes gens qui venaient chercher un complément de formation pour passer les examens de langue de Rigó utca, une institution dans un pays où le baccalauréat seul ne permettait pas d’entrer à l’université. D’autres étudiants avaient le projet de quitter la Hongrie pour aller s’installer en Suisse ou au Canada et plus rarement en France. Enfin l’institut accueillait les très jeunes étudiants francophones qui avaient le plus souvent appris le français en Algérie où leurs parents avaient été expatriés.

Ce panorama des langues étrangères allait être bouleversé en quelques années après la chute du mur. Les Hongrois qui pendant plus de mille ans n’avaient eu de cesse de protéger leur propre langue, comprirent très vite la nécessité d’apprendre une langue étrangère ne serait-ce que pour tirer plus efficacement profit du capital touristique du pays. Je dois dire que je suis agréablement surpris de voir comment en vint-cinq ans la jeune génération hongroise s’est mise à parler anglais. Je ne peux que regretter toutefois que malgré tous les efforts déployés, le français reste encore aujourd’hui une langue réservée à quelques amoureux de notre culture.

Catégories: PECO

Au-delà du « moment Momentum »

HU-LALA (Hongrie) - mer, 08/03/2017 - 16:33
Ni de droite, ni de gauche ? Car la gauche ne serait pas assez nationale ? Amis de Momentum, ayez un discours un peu plus novateur… Tribune de Árpád Tóta W., publiée 7 mars 2017 dans HVG sous le titre « Moment, bitte » (« Un moment, s’il vous plait »). Traduite du hongrois par Ludovic Lepeltier-Kutasi.

Nos jeux olympiques ont filé sous notre nez à toute berzingue, crachons derrière le passage de cette connerie à étages et soyons reconnaissants envers ceux qui ont compromis leur organisation. Mais la reconnaissance n’est pas un chèque en blanc et encore moins un ticket gratuit.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
« Nous devons dépasser le clivage gauche-droite qui a structuré le XXe siècle, dans la mesure où il n’y a pas de place pour l’idée de solidarité à droite et aucun imaginaire national positif à gauche ». Le ton était donné lors du discours inaugural triomphant du Mouvement Momentum (MoMo) et je dois dire qu’à ce moment là je ne m’en suis pas beaucoup préoccupé ; je me suis dit qu’ils ont prononcé quelque chose de travers et que le lendemain ils se reprendront. Mais ils ont récidivé. Je crois qu’ils pensent vraiment ce qu’ils disent.

Le mouvement venait juste de répondre à Ferenc Gyurcsány, lequel avait dit accueillir avec plaisir leur apparition sur la scène politique. Un accueil sans doute hypocrite au premier abord, mais pas dénué de fond. C’est sûr que l’arrivée d’un nouveau rival n’est jamais vraiment une bonne nouvelle, mais il faut rappeler que la campagne antiolympique n’a pas bénéficié uniquement à Momentum, mais a plus largement ramené les gens à la politique. Cette situation a été profitable à tous ceux qui ont su l’utiliser. Ces dernières années, le sentiment d’impuissance a profondément dépolitisé les Hongrois, au point que la possibilité d’un changement avait disparu et que les gens semblaient hausser les épaules sur des sujets qui les atteignaient parfois dans leur chair. Il y eut un petit soubresaut avec les affaires de corruption ou encore la crise dans l’éducation et la santé, mais le temps fut à chaque fois court avant la capitulation.

Ayant tiré son épingle du jeu, c’est sur le MoMo que les regards sont désormais braqués pour savoir ce que l’on peut attendre d’un parti qui a aussi bien réussi son coup. Peut-être est-ce ici une bonne occasion de faire connaissance avec lui.

Nous allons reprendre le fil du début. Waouh, quelle innovation ce que nous avons là ! Il y a enfin des gens qui veulent en finir à la fois avec la gauche et la droite ! La créativité atteint ici des sommets ; je pense que ça vaudrait le coup de noter toutes ces trouvailles sur un tableau aux côtés de l’invention du fil à couper le beurre. Cette invention, tous les chiens passant par là l’ont déjà marqué à l’urine, sauf peut être le chien à deux queues. Elle a eu plusieurs petits noms : la « troisième voie », la « gauche nationale » ou encore « ni droite ni gauche, seulement Hongrois et chrétien » ; il suffit simplement de consulter la collection complète qui se trouve dans le legs du LMP. L’odeur du marquage la plus forte reste néanmoins celle d’une force politique centrale. Ne faites pas la moue, la gauche et la droite seraient des concepts dépassés.

Les valeurs et les idéologies sont étroitement liées ; ça n’est pas un hasard si la question des droits humains est à ce point un champ de bataille. On pourrait admettre qu’à la faveur d’un court moment, leur offre ressemble à un joli bouquet de fleurs, mais ce qui m’inquiète, c’est que tout ceci n’ait pas beaucoup de cohérence, que les gens se retrouvent ensuite désorientés et que tout ceci se termine par un pathétique louvoiement.

Parmi ces valeurs se trouve celle par exemple de la solidarité, laquelle reste une revendication légitime dans la Hongrie d’aujourd’hui, mais qui implique un certain nombre d’orientations spécifiques. Il existe déjà pas mal de modèles d’organisation sociale connus et identifiés dans le monde entier. Il faudra bien faire son choix tôt ou tard en faveur de l’un d’eux. Ces gens-là le reconnaissent eux-mêmes.

« Le fait que la gauche soit considérée comme traître à sa patrie ne nous renvoie pas seulement à la fin du communisme, mais a toujours été un refrain lancinant »

Ça n’est pas un problème en soi d’avoir une vision du monde. C’est vrai que toutes les visions existantes sont déjà prises, mais dire ne pas en avoir du tout du fait d’être à part, ça ne dure qu’un temps. Les grands principes facilitent les discours clairs, protègent l’intégrité individuelle et préviennent les erreurs comme celle de jeter à la figure de plus d’un million et demi de personnes comme quoi elles n’auraient pas de récit national positif.

Garder tout ça pour soi est une question de bonnes manières, l’histoire récente suffit pour s’en convaincre. Le fait que la gauche soit considérée comme traître à sa patrie ne nous renvoie pas seulement à la fin du communisme, mais a toujours été un refrain lancinant, dusse-t-on remonter jusqu’à Jésus Christ. Les qualificatifs ne manquent pas dans l’histoire : xénophilie et extranéité[1]Le fait d’être étranger ou de préférer les aspects culturels étrangers à sa propre nation jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3403_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3403_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, « être sans racine »[2]Référence au « Cosmopolitisme sans racine », euphémisme soviétique, introduit par Staline lors de la campagne antisémite de 1949 à 1953. Cette campagne culminera avec la révélation du prétendu complot des blouses blanches. Le terme « cosmopolite sans racine » se réfère principalement (mais pas seulement) aux intellectuels juifs, les accusant de manque de patriotisme, c’est-à-dire d’un manque d’allégeance à l’Union soviétique. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_3403_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_3403_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, alliance avec l’étranger, magyarité diluée. En outre, cette parole maladroite implique que la droite ait au contraire un récit national très positif. Hmmm, qu’elle n’ait finalement aucun problème avec la conception de la nation. Il s’agit d’une découverte scientifique d’un nouveau genre les gars, expliquez nous donc de quoi il en retourne !

Ah, tout ceci n’est que rhétorique et positionnement tactique ? Là non plus, rien de bien nouveau. Finalement, les discours sur les migrants, ce n’était aussi que de la rhétorique, tout comme l’expression de « camp national » prononcée par la droite hongroise toute parée de sa vision très positive du récit national. Des mots, rien que des mots en somme.

Le problème est que les mots que nous employons disent ce que nous sommes.

Le problème, c’est que toutes ces illustres conneries prennent de la consistance avec le temps et font leur propre lit. À la fin, l’importance de dominer l’instant se fait aux dépens de la vérité. Ça aussi, c’est une de leur trouvaille ; il est inutile et dangereux de le rappeler.

Peut-être qu’il serait temps d’arrêter de faire des coups d’éclat, de venir gentiment derrière le pupitre et de nous dire de façon claire quel est ce récit national positif qui manque à la gauche et que l’on trouverait à droite ?

« D’un point de vue intellectuel, Momentum n’a pas vraiment rattrapé le niveau de l’opposition parlementaire »

Je pense que l’on arriverait ici à la limite de leur science. Parce qu’il faudrait parler de notre relation à l’OTAN et à l’Union européenne, de la Russie, de notre Histoire et de ces périodes honteuses durant lesquelles l’attrait du pouvoir a vu dans l’exclusion des autres son chemin vers le succès. Si nous commençons à parler de tous ces sujets avec un peu de sérieux, alors il sera difficile d’avoir un discours très différent de celui que porte l’opposition depuis plusieurs années.

C’est d’ailleurs déjà un peu le cas avec les quelques positions prises par le mouvement au sujet de la santé et de l’éducation. Les objectifs et les moyens employés peuvent faire l’objet d’ajustements, là n’est pas le propos ; c’est juste qu’il s’agit là de lieux communs qui figurent déjà dans les programmes électoraux et « l’imaginaire national positif » des partis de gauche réformistes. La seule différence c’est que ces derniers les traitent avec un peu plus de conséquence.

Cette crainte diffuse dans les rangs de l’opposition s’est bien vue durant la campagne antiolympique, au point que le succès de cette dernière ait pris l’apparence d’une menace. La menace de voir arriver ces jeunes polyglottes dans le vent, avec leur bagout, leur créativité, leur humour, leur coolitude, et de s’inquiéter déjà des places et des positions qu’ils revendiqueraient. Jusqu’à présent, cette peur s’est révélée sans fondement. D’un point de vue intellectuel, Momentum n’a pas vraiment rattrapé le niveau de l’opposition parlementaire, mais s’emploie à vouloir la rayer de la carte avec une arrogance telle, que le Fidesz se frotte déjà les mains de pouvoir lui donner un coup de pouce. Rien de nouveau ici non plus, mis à part le prix d’ami et la taille de la bouée de sauvetage. Momentum n’a pas confirmé avoir besoin du Fidesz à l’avenir. Tout ce que l’on voit ici n’est pas la fin de la transition post-communiste. Cela s’appelle remuer la vase.

Momentum a seulement démontré qu’il y avait un intérêt à faire de la politique et que le changement est possible. Ce défi n’est pas uniquement le leur, mais s’adresse à tous les autres. Il ne faut pas craindre ce mouvement, mais continuer à travailler et être plus intelligent qu’eux. Ça n’est pas une mission impossible, au contraire, cette compétition va faire du bien à tout le monde. Y compris à nos challengers.

Momentum : un nouveau parti politique est né en Hongrie

Notes   [ + ]

1. ↑ Le fait d’être étranger ou de préférer les aspects culturels étrangers à sa propre nation 2. ↑ Référence au « Cosmopolitisme sans racine », euphémisme soviétique, introduit par Staline lors de la campagne antisémite de 1949 à 1953. Cette campagne culminera avec la révélation du prétendu complot des blouses blanches. Le terme « cosmopolite sans racine » se réfère principalement (mais pas seulement) aux intellectuels juifs, les accusant de manque de patriotisme, c’est-à-dire d’un manque d’allégeance à l’Union soviétique. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Catégories: PECO

Cette Hongrie « homogène » et « ethniquement complexe »

HU-LALA (Hongrie) - mer, 08/03/2017 - 08:54
Un journaliste de la revue Szombat se livre à une petite explication de texte d’un discours prononcé la semaine précédente par Viktor Orbán, dans lequel le Premier ministre hongrois prônait la défense de l’homogénéité ethnique et culturelle de la Hongrie. Cet article a été publié le 1er mars 2017 sur le site internet de la revue Szombat. Il a été traduit du hongrois au français par Paul Maddens.

Selon la dépêche de l’agence de presse hongroise MTI, la partie du discours incriminée est la suivante :

En outre il [Viktor Orbán, ndlr] a mis en valeur la réindustrialisation – en parlant de la tentative de faire renaître la fabrication hongroise de bus – le renouveau de l’agriculture ainsi que la création d’une économie basée sur le travail. En relation avec cela, il a critiqué les propositions de revenus de base sans lien avec l’exercice d’un travail. « Les relations ethniques de la Hongrie sont complexes, ce n’est pas une question aussi simple » mais tant du point de vue des caractéristiques du pays et tant du point de vue de la compétitivité basée sur le travail, « ceci est un programme totalement inimaginable » – a dit le chef du gouvernement. Abordant les engagements à venir il a parlé de la diminution des prix de l’énergie – signalant que le nucléaire est indispensable à une énergie bon marché – de l’élargissement des ressources de la recherche-développement et des mesures pour améliorer la situation démographique. Le chef du gouvernement a également parlé du fait que pour « valoriser » le pays, il faut conserver l’homogénéité ethnique du pays car « un trop grand mélange s’accompagne habituellement de problèmes », de la même façon l’homogénéité culturelle, le maintien d’une sécurité publique de haut niveau sont importants tout comme le fait que la Hongrie est « un pays propre, vert », autrement dit il n’est pas atteint par la pollution industrielle, quant à la terre elle est cultivée.

L’expression « économie basée sur le travail » signifie évidemment quelque chose du genre que l’Etat ne soutient pas les revenus reçus à divers titres sans travail. Exprimée ainsi, l’expression est cependant délicate : les dictatures totalitaires ont glorifié l’effet libérateur et anoblissant du travail, alors qu’une bonne partie de leur richesse était basée sur le travail forcé et meurtrier accompli dans les camps de travail. Cet usage linguistique est trop proche de la rhétorique nazie ou communiste, la connotation est trop forte. Si nous considérons les centaines de milliers de personnes qui triment dans l’emploi d’intérêt général qui peuvent choisir entre un salaire de misère et rien du tout, alors il n’est pas besoin d’aller bien loin pour faire un lien pénible.

En ce qui concerne un revenu de base, le chef du gouvernement s’est exprimé ainsi : « Les relations ethniques en Hongrie sont compliquées, donc cela n’est pas une question aussi simple… ».

Traduit en langue de tous les jours, cela donne évidemment quelque chose du genre : les Tsiganes abuseraient immédiatement du revenu de base, ce dont il faut se garder.

Continuons : « Pour valoriser le pays il faut conserver l’homogénéité ethnique, car un trop grand mélange s’accompagne habituellement de problèmes ». Donc la Hongrie est caractérisée, d’une part, par des relations ethniques compliquées, mais d’autre part, elle est homogène. L’orateur se perd dans une contradiction évidente, mais il est facile de la résoudre ainsi : nous avons assez de mal avec nos propres relations ethniques, l’ethnie « immigrant » ne nous manque pas.

C’est justement le point de vue d’un très ancien conservatisme dans l’Europe d’aujourd’hui, mais il est encore dans les limites de ce qui peut être défendu, si seulement il n’y avait pas l’intervention de cette expression : l’« homogénéité ethnique » qui peut, en poussant un peu, se traduire en nettoyage ethnique et nous en arrivons immédiatement au vocabulaire des dictatures de l’Europe Centrale des années 30.

L’expression « homogénéité culturelle » est également importante.

Cette « homogénéité culturelle » est complètement dépassée dans l’Europe du 21e siècle et ne peut être atteinte qu’en déployant des lourds moyens administratifs. Il apparaît que là ce sont les désirs du Premier ministre qui sont en jeu et non la réalité.

…le maintien d’une sécurité publique de haut niveau, tout comme le fait que la Hongrie est « un pays vert, propre », autrement dit il n’est pas touché par la pollution industrielle, quant à la terre, elle est cultivée

Les quelques courts paragraphes qui précèdent composent donc le tableau suivant :

Le peuple hongrois de souche, ethniquement et culturellement homogène, soucieux de sa sécurité publique, bâtisseur d’une société basée sur le travail vit tant bien que mal avec des Tsiganes aspirant à recevoir un revenu sans travailler, mais il ne souhaite pas plus d’étrangers.

Il s’agit d’une image de la nation du 19e siècle, nationaliste, très conservatrice, avec de fortes connotations renvoyant à un vocabulaire des dictatures du 20e siècle

NB : Selon Index.hu, on a aussi pu entendre cette phrase sympathique dans la bouche du Premier ministre : « L’argent n’a pas d’odeur, mais son propriétaire en a une ». Quant à savoir à qui se réfère le Premier ministre, je n’ose y penser…

Catégories: PECO

Pourquoi la Pologne s’oppose-t-elle à la réélection de Donald Tusk ?

HU-LALA (Hongrie) - mar, 07/03/2017 - 16:02
Le gouvernement polonais ne veut pas voir son concitoyen Donald Tusk rempiler à la présidence du Conseil européen. Il propose un candidat alternatif, Jacek Saryusz-Wolski. Débat le 9 mars à Bruxelles. Photo : Donald Tusk, 2014, Kancelaria Prezesa Rady Ministrów, Warszawa (par Mateusz Włodarczyk- www.wlodarczykfoto.pl / Wikicommons).

Varsovie (correspondance) – Il n’y a que deux candidats à la présidence du Conseil européen et ils sont tous les deux polonais et anciens membres d’un même parti de centre-droit, Plateforme Civique (PO).

L’un, Donald Tusk, brigue un second mandat, soutenu par une large majorité des États membres de l’Union européenne, à l’exception… de la Pologne, dont il est l’ancien Premier ministre. L’autre, Jacek Saryusz-Wolski, député européen et ancien ministre des Affaires européennes, vient d’être désigné candidat par le parti au pouvoir ultraconservateur Droit et Justice (PiS). Il n’en fallait pas plus pour porter un conflit de politique intérieure sur la scène européenne.

Tusk, l’ennemi juré

Cette candidature alternative est la dernière étape d’un conflit qui oppose le PiS à Donald Tusk, considéré depuis des années comme l’ennemi juré du chef du parti et homme fort de la Pologne, Jarosław Kaczyński.

Parmi les vieilles rancœurs figure l’affaire du crash de Smolensk. En 2010, le Président et frère jumeau de Kaczyński, Lech, perdait la vie dans un accident d’avion en Russie, avec 95 autres officiels polonais. L’enquête, alors menée sous le gouvernement de Donald Tusk, a conclu à un accident. Un résultat auquel ne croient pas les membres du PiS, qui privilégient la piste d’un attentat russe.

Jarosław Kaczyński a dénoncé à plusieurs reprises la responsabilité de Donald Tusk, notamment en octobre, lorsqu’il a fallu exhumer les corps des victimes pour pratiquer des autopsies : « L’enquête sous le gouvernement précédent fut un scandale qui devrait conduire plusieurs personnalités sur le banc des accusés […]. Les corps, une fois transportés en Pologne, n’ont pas été examinés, il n’y a pas eu d’autopsie. On a menti en avançant des raisons sanitaires », a affirmé le leader du PiS.

Dans un entretien au magazine conservateur Gazeta Polska, il y a quelques jours, le chef du PiS a répété ses doutes quant à la probité de Donald Tusk dans plusieurs affaires, notamment le scandale Amber Gold, du nom d’une entreprise responsable d’une vaste escroquerie, qui a ruiné en 2012 des dizaines de milliers de Polonais. Aucune preuve n’a été donnée de l’implication dans ce scandale de Donald Tusk, alors Premier ministre. Seul le nom de son fils Michal est pour l’instant apparu dans l’enquête, puisqu’il travaillait pour une filiale d’Amber Gold.

Les différends qui opposent le PiS à Donald Tusk concernent également sa fonction de président du Conseil européen. Alors que plusieurs réformes (du Tribunal constitutionnel notamment) ont conduit la Commission européenne à menacer la Pologne de sanctions, le gouvernement accuse Donald Tusk de « violer le principe de neutralité face à un État membre » en « s’opposant aux intérêts de la Pologne ».

En janvier, Jarosław Kaczyński avait déclaré qu’il était « tout simplement impossible de soutenir une telle personne » qui, en se prononçant pour les pénalités financières pour les États refusant d’accueillir des migrants, « était en faveur de solutions extrêmement dangereuses pour la Pologne ».

Favori malgré tout

L’ancien Premier ministre a été qualifié de « traître » et « d’icône du mal » par le ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, qui lui reproche notamment de « ne rien faire » pour aider la Pologne dans les négociations avec le Royaume-Uni en vue de Brexit. Il y a un mois, le ministre s’était déjà opposé à Donald Tusk, qui évoquait dans une lettre, au sommet de Malte, son inquiétude quant à la nouvelle administration de Donald Trump. « Ce n’est pas à nous de juger ou de critiquer ce programme, avait réagi Witold Waszczykowski. Trump a été élu par les Américains […]. Exactement comme nous ne voulons pas que la démocratie en Pologne soit jugée par quiconque hors des citoyens polonais […]. Ce jugement de l’État de droit aux États-Unis est inutile et inapproprié ».

C’est pourtant Donald Tusk qui est le grand favori, soutenu par une large majorité d’États membres. Aucun pays ne pouvant exercer de droit de veto lors de cette élection, la Pologne n’est pas en mesure de priver l’ancien Premier ministre d’un second mandat, qui débutera le 1er juin. Elle risque en revanche d’être isolée au sein de l’UE. Włodzimierz Czarzasty, le président du parti Alliance de la gauche démocratique (SLD) estime dans les colonnes du quotidien Rzeczpospolita que ce conflit entre « deux mâles alpha qui s’est déplacé de Varsovie à Bruxelles » est « puéril » et « embarrassant ». L’Europe a besoin de stabilité, explique-t-il. Une stabilité que Donald Tusk a les meilleures chances de garantir.

Article publié le 6 mars sur ouest-france.fr.

Catégories: PECO

« Roues libres est dans la veine de ce qui se fait de mieux dans le cinéma hongrois actuel »

HU-LALA (Hongrie) - mar, 07/03/2017 - 13:15
Deuxième long métrage réalisé par le Hongrois Attila Till, Roues libres a été projeté en avant-première mondiale à Karlovy Vary en 2016 dans la sélection East of the West. Entretien avec Johanna Mayer-Lhomme, directrice de la société de distribution Pretty Pictures. Cet article fait l’objet d’une publication commune avec l’association Kino Visegrad, site d’information et de diffusion du cinéma centre-européen dans l’espace francophone. Qu’est-ce qui vous a décidé à distribuer Roues libres en France ?

Tout simplement par coup de cœur ! Nous avons tous visionné le film au bureau, et sommes tombés sous le charme de son rythme et de son humour noir grinçant. Tout comme l’a été la presse par la suite, nous avons d’emblée apprécié la dimension inédite et audacieuse du propos du film, qui parvient à montrer le handicap sans tabou, et à faire de ses personnages handicapés de héros attachants. Le film est à nos yeux dans la veine de ce qui se fait de mieux en termes de cinéma hongrois actuel – d’ailleurs, le film est produit par les mêmes producteurs que Le fils de Saul (Laokoon Films).



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});

Est-ce le premier film hongrois que vous distribuez ?

Nous avions distribué il y a quatre ans un autre film hongrois, Le Grand cahier, qui avait remporté le Globe de Cristal à Karlovy Vary.

Quelles difficultés rencontrez-vous pour populariser le cinéma d’Europe centrale en France ?

Il est aujourd’hui très difficile de faire exister ce genre de films d’auteur dans les salles françaises – avec un nombre de sorties hebdomadaires accru, le premier problème qui se pose est celui de l’accès aux salles, en particulier pour des films qui ne sont ni très « pointus » ni tout à fait « grand public ». Or, sans un nombre de salles suffisant, il est difficile de débloquer un budget marketing conséquent pour accorder de la visibilité au film. Ainsi, nous sommes passés par des réseaux hors média, avec l’idée d’atteindre un public sensible aux thématiques du film dans la durée – en bénéficiant, par exemple, du soutien de l’ADAPT (L’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées), afin d’assurer la création d’une audiodescription du film et d’organiser des projections événementielles en régions.

Malgré l’importance de l’aide européenne MEDIA, qui apporte un soutien tout particulier aux films d’Europe de l’Est, il reste donc compliqué de diffuser ces films afin qu’ils rencontrent leur public, mais pour des raisons structurelles qui ne sont pas spécifiques aux films d’Europe de l’Est, mais bien au cinéma Art et Essai étranger dans son ensemble.

Le premier long-métrage d’Attila Till, Panic, a été distingué par le prix de la Meilleure Actrice décerné en 2008 à Ági Gubík lors de la Semaine du Cinéma Hongrois. Son premier court-métrage, Csicska, un drame glaçant sur l’esclavagisme moderne, a (entre autres) été projeté en compétition à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2011.

Roues libres est sorti en France le 15 février dernier. Le film a reçu le Prix du public à Arras Film Festival 2016 et il sera projeté à l’Institut hongrois de Paris en coopération avec Kino Visegrad le 13 avril prochain à 20h.

Catégories: PECO

Dans les années 1970, le charme (redoutable) des routes en Hongrie

HU-LALA (Hongrie) - ven, 03/03/2017 - 15:11
Ceux qui auront eu l’audace ou l’inconscience de sillonner les routes hongroises sur la fin des années soixante et dans les années soixante-dix ne peuvent oublier les délicieuses émotions que, tout comme moi, ils auront sans nul doute ressenties.




(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Tout d’abord, ma terreur face à ces imposantes limousines noires officielles, dont le matricule commençait par les lettres « Á » ou, pire, « B ». La lettre « Á » désignant « Állami », c’est-à-dire « Domaine, État », la lettre B désignant quant à elle le ministère de l’Intérieur (Belügy Minisztérium), ces dernières étant les plus redoutables. Il s’agissait d’énormes berlines noires de taille impressionnante, mais de vrais veaux. De fabrication soviétique, à savoir la Volga (2 500 cm3) et surtout la Tchaïka – qui signifie « mouette » en russe, allez savoir pourquoi ! -avec ses 5 500 cm3 et 5,6 mètres de longueur. En quelque sorte, les Cadillac de l’Est, toutes proportions gardées. Qui se risquait à vouloir en dépasser une s’exposait aux pires représailles : klaxons intempestifs et gesticulations menaçantes du chauffeur outré pour vous rappeler à l’ordre et vous sommer de regagner sur le champ votre place bien sagement derrière lui. Mais oui, quel culot que d’oser de la sorte provoquer la puissance publique ! J’en garde encore quelques frémissements. J’exagère peut-être un peu, mais à peine.

Policier hongrois et Trabant, en 1981 – Fortepan

À l’opposé de la chaîne, ces délicieuses Trabant, made in der DDR. Souvent dénigrées avec leur look peu sexy, leur moteur à deux temps et leur carrosserie en plastique. Pas la Formule 1, certes, mais pas si ridicules, après tout. Appréciables tout d’abord du simple fait que, par leurs prix et délais de livraisons relativement acceptables, elles mettaient la conduite à portée de nombreux ménages. Et puis, il m’est arrivé d’en croiser une au sommet du Großglockner[1]Ou « Grossglockner » avec l’orthographe moderne, est le point culminant de l’Autriche à 3798m d’altitude jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6304_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6304_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });. Je ne sais comment elle est parvenue là haut, n’empêche qu’elle l’a fait[2]Les Trabants sont encore disponibles sur le marché de l’occasion (sur Internet) à prix défiant toute concurrence (quelques centaines d’euros), et avec un moteur à 4 temps. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6304_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6304_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.

Voiture de police hongroise de marque Lada, en 1979 à Budapest, Aranka utca – Fortepan

De fabrication soviétique, est venue ensuite la Jigouli[3]Laquelle fut rebaptisée ultérieurement Lada dans une version améliorée. jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6304_3").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6304_3", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });, version socialiste de la Fiat 124. Pour le coup, une voiture « à part entière » ne faisant pas si mauvaise figure à côté de nos modèles occidentaux. Bien que non sans poser de problèmes à la commande (choix des couleurs limité, délais de livraison), la Jigouli se répandit très vite (aux côtés de la Škoda tchèque, sorte de Dauphine socialiste, mais en plus inconfortable, et de la Moskvitch russe – au demeurant pas si mauvaise, malgré son moteur à deux temps). Pour les ménages plus aisés en exista une version polonaise, supérieure, la Polski Fiat.

En 1976, une Polski Fiat perdue en Norvège – Fortepan

Pour en revenir aux charmes qu’offrait à l’époque la conduite sur les routes hongroises, j’en évoquerai ici l’un des principaux dangers. A savoir, outre le manque de pratique des conducteurs (c’est là un euphémisme), les différences notables de vitesses entre petites et moyennes-grosses cylindrées. De sorte qu’au sortir d’un virage ou d’une côte sans visibilité, vous pouviez tomber droit sur un véhicule traînard qui vous forçait à freiner en catastrophe. Sans parler des voitures à cheval encore très répandues. D’où de nombreux accidents, provoqués pour la plupart par des touristes occidentaux, le plus souvent venus de l’Autriche voisine. Autre danger, surtout la nuit : les cyclistes zigzagant au beau milieu de la chaussée – parfois éméchés – non éclairés. Là encore, nombreux étaient les accidents.

Car de marque Ikarus sur une route nationale en 1973 – Fortepan

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est relativement tôt, dès le milieu des années soixante, que la Hongrie vit construire son premier tronçon autoroutier. À ce sujet, j’aimerais ici évoquer une initiative qui m’avait bien amusé à l’époque. La première autoroute fut construite en direction du lac Balaton (l’actuelle M7). Dans un premier temps (1970) furent seulement terminées les deux voies de la partie gauche. Pour ne pas entraver le flux des voitures se rendant au Balaton – ou en revenant – au cours des week-ends, il fut décidé de mettre les deux voies de cette « semi-autoroute » à sens unique. En direction du Balaton en début de week-end (le samedi) et en direction de Budapest en fin de week-end (le dimanche). Avec une fermeture de quelques heures durant les deux nuits. Une idée pour le moins originale et un coup de chapeau au passage aux policiers qui devaient alors contrôler tous les accès pour régler la direction des flux, et s’assurer que l’autoroute était bien vide entre les deux ouvertures. Et ça a marché ! Aucun accident à ma connaissance durant les trois-quatre années que dura l’expérience.

Décidément, ces Hongrois n’en auront pas fini de nous surprendre.

Notes   [ + ]

1. ↑ Ou « Grossglockner » avec l’orthographe moderne, est le point culminant de l’Autriche à 3798m d’altitude 2. ↑ Les Trabants sont encore disponibles sur le marché de l’occasion (sur Internet) à prix défiant toute concurrence (quelques centaines d’euros), et avec un moteur à 4 temps. 3. ↑ Laquelle fut rebaptisée ultérieurement Lada dans une version améliorée. function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }
Catégories: PECO

L’Europe centrale, la Chine et la nouvelle Route de la soie

HU-LALA (Hongrie) - ven, 03/03/2017 - 12:26
Jarosław Kaczyński, le chef de Droit et Justice (PiS), le parti conservateur au pouvoir en Pologne, a rendu visite au premier ministre slovaque, Robert Fico, au début du mois de février. Au programme : des discussions liées à l’énergie, et la coopération au Format « 16 + 1 ». Un partenariat stratégique qui lie la Chine aux pays d’Europe centrale et orientale.




(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Cinq ans après la signature de la Déclaration du partenariat stratégique entre la Chine et la Pologne, l’un des pays les plus investis dans la coopération au format « 16 + 1 », la Chine accélère le pas. Les échanges avec la Pologne, qui ont dépassé les 20 milliards d’euros en 2015, ont été multipliés par six depuis 2004. La Pologne n’est pas un cas isolé en Europe excentrée, et la Chine continue sur cette lancée.

Le format « 16+1 » est une alliance entre la Chine et 16 pays d’Europe centrale et orientale (PECO). Aux pays d’Europe centrale – Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie – s’ajoutent les États baltes : Estonie, Lituanie et Lettonie. Ainsi que certains pays des Balkans : Albanie, Roumanie, Bulgarie, Slovénie, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Croatie et Macédoine. Tous ont signé plusieurs accords de coopération avec la Chine, au sommet de Varsovie en 2012, de Bucarest en 2013, de Belgrade en 2014, de Suzhou en 2015 et de Riga en 2016.

Avant tout : un « dialogue stratégique »

Cette collaboration internationale doit permettre le développement économique de la partie orientale de l’Europe, et aussi l’épanouissement commercial des plus petites puissances. Cédric Pellen, chercheur en sciences politiques et spécialiste de la Pologne nous explique : « A un niveau plus politique, [ces puissances] espèrent peut-être également pouvoir affirmer ainsi leur autonomie diplomatique par rapport aux pays d’Europe de l’Ouest ». L’objectif est de former un contre-poids économique et d’accroître la visibilité des 16 États sur le plan international.

Dans un premier temps, un « dialogue stratégique » a été instauré entre la Chine et la Pologne. Cette dernière étant le partenaire commercial de la Chine le plus important au sein des PECO, il fallait privilégier la communication entre ces puissances. Des visites annuelles ont été programmées entre les deux vice-ministres des affaires étrangères pour contribuer au développement d’un consensus politique et poser les orientations fondamentales de la coopération dans des domaines tels que l’économie, l’industrie, l’agriculture, la culture, la science et le tourisme.

Une route de la soie 2.0

Les échanges matériels et concrets entre l’Europe centrale et orientale et la Chine sont amenés à se multiplier : la création d’une nouvelle « route de la soie » est en projet. Appelée « Road and Belt » (la Route et la Ceinture), celle-ci reliera le Sud-Est asiatique à l’Europe par les voies maritimes et terrestres. Les quatre corridors s’appuient sur des accords économiques régionaux qui, mis bout à bout, formeront un réseau commercial à l’échelle continentale. Outre le corridor du BCIM (Bangladesh, Chine, Inde, Myanmar), ont également été retenus sont le couloir économique sino-pakistanais, le couloir économique Chine-Mongolie-Russie et le corridor sino-vietnamien.

Grâce à ces réseaux de coopération économique, le transport de marchandises sera facilité : autoroutes, chemins de fer, gazoducs, oléoducs, réseaux de fibres optiques sont en projet. Cette nouvelle route de la Soie ira jusqu’en Europe de l’Est par la Mer Méditerranée et le continent asiatique pour importer les produits chinois directement en Europe orientale. Espace Schengen oblige, avec la concrétisation de ce projet, c’est la porte ouverte à l’Europe toute entière pour la Chine

Un pour tous et tous pour un

Cette nouvelle route de la soie est une aubaine pour les PECO qui voient en elle le moyen de rompre leur dépendance à l’Allemagne et à la Russie en matière de commerce extérieur. Car si la Chine importera plus en Pologne -celle-ci est le plus grand partenaire commercial de la Chine au sein des PECO – c’est également l’inverse qui se produira. La Pologne exportera plus en Chine et sera donc moins dépendante de ses actuels pays consommateurs : avec plusieurs clients, elle sera plus encline à décider pour elle-même.

Malgré ça, la balance commerciale reste très inégale : la Chine est beaucoup plus importante dans le marché polonais qu’inversement. Ce déséquilibre créé un fort écart dans ce traité asymétrique : le Président polonais Andzrej Duda négocie depuis plusieurs années avec la Chine pour augmenter la part d’importations polonaises et bénéficier d’un traité plus égal. Ce qui semble compromis au premier abord : pourquoi la Chine entreprendrait une relation « d’exclusivité » avec la Pologne au détriment d’importations plus rentables ? Une diplomate chinoise de haut rang a déclaré à Xinhua News Agency, l’agence de presse chinoise : « Une augmentation des importations chinoises de produits agricoles d’Europe centrale et orientale donne non seulement davantage de choix aux consommateurs chinois, mais favorise également le développement économique des pays de cette région, alors que la présence active de la Chine dans des projets d’infrastructure des pays d’Europe centrale et orientale, tels que le chemin de fer entre la Hongrie et la Serbie, aide non seulement des entreprises chinoises à pénétrer le marché mondial, mais contribue aussi à la modernisation de l’infrastructure et de l’interconnectivité des pays d’Europe centrale et orientale ».

La Chine voit donc dans ce partenariat un moyen de raccourcir le temps d’acheminement entre son pays et l’Europe, elle espère moderniser l’Europe centrale à son profit. Quant aux pays d’Europe centrale et orientale, d’après Cédric Pellen, « ils espèrent certainement bénéficier économiquement de ces potentiels futurs investissements ». Ils se servent de la Chine pour financer en partie ces infrastructures et les moderniser à moindre coût, favorisant les axes internationaux pour le commerce régional.

Catégories: PECO

En Slovaquie, la discrimination envers les Roms se fabrique à l’école

HU-LALA (Hongrie) - ven, 03/03/2017 - 11:11
Jugés inaptes à suivre une formation normale, les enfants Roms de Slovaquie sont orientés de façon quasi systématique vers des cursus scolaires dédiés aux élèves souffrant de déficience mentale dès leur entrée à l’école primaire, dénoncent Amnesty International et le Centre Européen pour les Droits des Roms (CEDR).

Un rapport d’Amnesty International a été publié le 1er mars sur la base d’une étude menée dans quatre localités de Slovaquie orientale – Šarišské Michaľany, Krombachy,  Moldava nad Bodvou et Ostrovany -, là où la ségrégation envers les Roms est la plus élevée. Dès l’entrée à l’école primaire, les enfants répondent à une évaluation permettant de définir leurs aptitudes scolaires. Conclusion quasi-systématique: les enfants roms ne seraient pas aptes à suivre un cursus scolaire classique et doivent intégrer des établissements spéciaux au même titre que des enfants souffrant d’un léger handicap mental.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Selon Amnesty International, ces tests biaisés ont pour but de discriminer les enfants roms dès le plus jeune âge pour leur faire suivre un enseignement allégé et « de mauvaise qualité ». Plusieurs parents d’élèves roms ont rapporté des anecdotes à charge contre le système éducatif slovaque. Certains élèves auraient notamment eu les consignes de faire des travaux abstraits et artistiques pendant les cours de slovaque, entraînant des difficultés dans l’apprentissage de la langue orale et écrite. À Krompachy, dans une des quatre localités où les recherches ont été menées, les filles roms voient leur formation limitée à des cours de Praktická Žena (« Femme pratique ») , dans le cadre d’une formation enseignant l’art de devenir une « bonne ménagère », grâce à des cours de cuisine et de ménage. Les garçons, eux, travaillent à la chaîne dans des usines d’assemblage au profit d’entreprises privées.

Si l’école est perçue dans d’autres pays d’Europe comme une opportunité de grimper l’échelon social et de sortir des déterminismes économiques, elle ne serait pour les Roms de Slovaquie qu’un moyen d’être tiré vers le bas dès le plus jeune âge.

Des mesures prises par l’UE

Amnesty International rapportait déjà en 2010 les discriminations dont souffraient les enfants roms à l’école primaire. Depuis sept ans, les menaces de sanction proférées par l’Union européenne contre la Slovaquie n’ont eu que peu d’effets. « Cela fait presque deux ans que la Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre la Slovaquie pour discrimination et ségrégation au sein du système éducatif. Pourtant, les enfants roms demeurent pris au piège du cercle vicieux de la pauvreté, de la marginalisation et du désespoir », a déclaré Ðorđe Jovanović, président du Centre Européen pour les Droits des Roms (CEDR). En l’absence de mesures concrètes pour lutter contre cette ségrégation, la Cour de Justice de l’Union Européenne sera convoquée pour infliger des pénalités forfaitaires à la Slovaquie.

Le cas slovaque n’est cependant pas isolé en Europe centrale. En mai dernier, la Commission européenne avait pointé du doigt le système scolaire à deux vitesses en Hongrie, où certains enfants roms sont dirigés vers des écoles spéciales. La Tchéquie avait pour sa part fait l’objet d’une procédure similaire à celle engagée contre la Slovaquie en 2015.

Catégories: PECO

En Hongrie, l’avènement d’un nouveau populisme de gauche ?

HU-LALA (Hongrie) - jeu, 02/03/2017 - 16:49
La nomination du maire de Szeged László Botka comme tête de liste du Parti socialiste hongrois (MSzP) à l’élection législative de 2018 pose question. Au-delà d’un discours de rupture avec les années 2002-2010 durant lesquelles la gauche a mis en oeuvre une politique de type blairiste (« Troisième voie »), la « société des égaux » promise par Botka n’est-elle pas le signe de l’avènement d’un nouveau populisme de gauche en Hongrie ? Article publié le 25 février 2017 dans Népszava. Traduit du hongrois par Ludovic Lepeltier-Kutasi.

István Ujhelyi, député européen socialiste, a peut-être raison : sans doute y a-t-il désormais, avec l’entrée en scène de László Botka, un leader et une vision pour mettre à bas le régime de Viktor Orbán. La question du parti n’est même pas évoquée. Même le responsable des élections István Hiller, mettant de côté un instant les débats stratégiques et les conflits au sein de l’intelligentsia, s’en est ouvert : pour lui, László Botka incarne « le futur solide de la gauche ».

Le parti « mis de côté »

Bien qu’il n’en ait fait aucune mention lors de son discours sur l’état du pays samedi 18 février dernier, Botka avait déclaré quelques jours auparavant à 24.hu « ne pas avoir construit sa carrière politique pour un parti, mais pour une cause, (…) d’ailleurs je m’occupe très peu du sort du parti après 2022. Sa situation actuelle ne m’intéresse pas beaucoup plus. Mon but est de battre Orbán ». La volonté est noble, mais sans parti, ce sera difficile.



(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Il semble assez clair qu’il sera possible de vaincre le pouvoir du chef du gouvernement. Le régime de Viktor Orbán ne correspond pas à une nécessité historique, ni à un désir émanant de la caractérologie nationale, ni à la nation, mais plutôt à un pouvoir s’exerçant sur une armée de mamelouks, réunie par un faisceau très fin d’intérêts économiques communs. Ce régime est mortel. Nous ne savons pas encore très bien à quel point celui-ci a imprégné les strates de la société, mais il est clair que dans n’importe quelle démocratie libérale, il aurait déjà été mis à terre. Il est tout à fait possible que le mouvement NOlimpia restera un épisode passager comme tant d’autres, mais il s’en faut de peu pour que tous ces moments coagulent et forment un jour une narration commune. Seule l’opposition est responsable de ne pas avoir su transformer le ras-le-bol social en ras-le-bol politique. La responsabilité n’est pas celle du « peuple stupide », comme tendraient à le dire celles et ceux qui n’arrivent pas à parler avec lui d’une même voix.

« Le populisme a trouvé un terrain fertile sur les errements des responsables politiques »

Botka est assez lucide sur la situation, lorsqu’il déclare notamment que le populisme a trouvé un terrain fertile sur les errements des responsables politiques, « lesquels ont pris leur aise dans le balancier de l’alternance entre le centre-gauche et le centre-droit, mais aussi sur le fait que la gauche n’ait pas trouvé de solution à l’appauvrissement de milliers voire de millions de gens. Ce qui a ouvert la route aux populistes, c’est que la gauche a cru qu’il n’y aurait pas de perdant de la modernisation. Alors qu’elle a offert un environnement favorable pour les mieux formés et diplômés, elle a désespéré tous les exclus de la nouvelle économie. Le populisme de droite n’est que le résultat d’une gauche faible et impuissante au pouvoir. Les gens ont cru que leur salut viendrait forcément d’un leader avec une poigne de fer ». La leçon qu’il faut en tirer, c’est que seule une personne qui a tiré ces conclusions à partir de l’expérience de la gauche au pouvoir entre 2002-2010, pourra se présenter avec un projet crédible en 2018.

Les croyances d’une gauche un peu gauche

Le changement de régime – ou en tout cas de gouvernement – aurait pu advenir dès 2014. La popularité soudaine de Gordon Bajnai après son discours du 23 octobre 2012 devant le pont Élisabeth était un signe avant-coureur. La principale cause des espoirs envolés et des attentes déçues des autres partis d’opposition reste le MSzP. Le problème n’est pas tant que le MSzP se soit positionné comme le principal parti d’opposition – car tel était le cas -, mais parce qu’il s’est servi de sa position dominante pour imposer Attila Mesterházy comme le candidat commun au poste de Premier ministre.

Cinq ans après la déroute de Ferenc Gyurcsány et la dissidence de la Coalition démocratique (DK), l’ambition poussive des socialistes a fortement rebuté l’opinion publique. Peut-être ces derniers avaient-ils encore en tête l’épisode de 1994 durant lequel le chef du parti, Gyula Horn, grand vainqueur des élections, avait ouvert sa majorité aux libéraux de gauche, alors que rien ne l’y obligeait. C’était pour lui une façon d’acheter le silence du parti anticommuniste et de tenir à l’écart ceux qui, au sein de son propre parti, avaient conservé la mentalité de l’ancien parti unique (dont le MSzP était l’héritier, ndt). Il l’a en tout cas fait croire.

La direction 2012-2014 du MSzP n’a pas vraiment réussi à tourner la page de la tactique de Horn. Elle n’a pas réalisé qu’en tenant à tout prix à une candidature socialiste au poste de Premier ministre, elle sapait la construction du micro-parti autour de Bajnai, dont la principale conséquence fut de provoquer une cuisante défaite électorale. Elle ne s’est pas rendue compte que le soutien extérieur à un gouvernement représentait un pouvoir plus grand que d’en prendre le contrôle. Alors que les gens gardaient un souvenir de paix civile du court mandat de Bajnai en 2009, Mesterházy n’est pas parvenu à réunir la confiance nécessaire. A l’approche de la victoire électorale de Orbán, le MSzP avait sans doute peur de Bajnai, lequel bénéficiait du soutien des députés socialistes là où celui-ci avait manqué à Gyurcsány. La fin ne fut pas belle à voir : l’on accuse encore les socialistes d’avoir agi au diapason des attentes du Fidesz en désignant Gyurcsány comme seul responsable de l’arrivée au pouvoir de la droite, sans aucune mise en cause de leur propre responsabilité collective.

« Avec la survenue de László Botka, (…) l’on pourrait croire qu’il s’agit là d’une énième tentative pour les socialistes d’imposer à l’opposition leur propre candidat »

Avec la survenue de László Botka, le parallèle avec 2014 est tentant, dans la mesure où l’on pourrait croire qu’il s’agit là d’une énième tentative pour les socialistes d’imposer à l’opposition leur propre candidat, et ça ne fonctionnera sans doute pas. Les petites formations ont également appris du passé, même s’il reste difficile de saisir les conséquences qu’auraient la mise en place entre elles d’une alliance pré-électorale malgré l’échec du projet de primaire, ainsi qu’une candidature autonome de DK, contrainte par la marginalisation forcée de Gyurcsány. La survenue de Botka – dont la principale raison est l’absence d’autres candidats valables – indique que le MSzP présentera certainement sa propre liste, ce qui aura sans doute pour effet la défaite, mais également la satellisation des petits partis qui, malgré leur hargne, ne représenteront pas un grand danger pour le pouvoir dans le prochain Parlement.

Tourner la page Gyurcsány

Il y a beaucoup de leçon à tirer du conflit actuel entre László Botka et Gyurcsány. « Je ne suis pas phobique de Gyurcsány, d’ailleurs mon opinion personnelle sur lui est sans doute meilleure que celle de l’électeur moyen, mais les faits sont têtus : le rassemblement d’une majorité suffisante pour faire tomber Orbán est impossible tant que Gyurcsány fait partie des dirigeants de la gauche. Les gens ne nous feront confiance que si nous leur donnons des garanties sur le fait que nous ne mènerons pas les mêmes politiques qu’avant 2010. Orbán n’a pas gagné les Deux tiers du Parlement à la tombola : les gens gardent un mauvais souvenir des gouvernements qui se sont dits de gauche », a déclaré Botka à 24.hu. Des propos qu’il a répétés lors de son discours sur l’état du pays, sans cette fois prononcer le nom de Gyurcsány : « La Hongrie ne connaîtra une période de consolidation et de paix, que lorsque ses deux dirigeants politiques les plus honnis – les icônes adulées et détestées de la gauche et de la droite – descendront enfin de leur piédestal ».

Mais Botka ne s’est pas non plus attardé sur le cas Gyurcsány. Il a donné les trois conditions nécessaires à la candidature au poste de Premier ministre. Parmi celles-ci, c’est l’exigence d’une nouvelle gauche – dont il s’est approprié la formulation – qui est sans doute le plus intéressant. Il serait dommage de critiquer à l’instar de DK, le fait que Botka renie ainsi son ancien soutien à Gyurcsány, dans la mesure où il a très bien pu trouver son chemin de Damas dans son rejet de la politique sociale-démocrate de type « Troisième voie », défendue en son temps par Tony Blair, Gerhard Schröder et Bill Clinton et menée avant 2010 par le gouvernement libéral de gauche. C’est-à-dire le type de politique commise par Gyurcsány, avec laquelle il était certes possible de gagner une élection en 2006 en Hongrie, mais qui apparaît désormais rédhibitoire.

« La critique sociale-démocrate que fait Botka pose néanmoins problème, dans la mesure où la Hongrie n’a jamais vraiment suivi la Troisième voie »

La critique sociale-démocrate que fait Botka pose néanmoins problème, dans la mesure où la Hongrie n’a jamais vraiment suivi la Troisième voie et qu’il reste difficile de savoir comment serait le pays, si telle politique avait vraiment été mise en œuvre. Il ne reste dans nos souvenirs que ce que Gyurcsány avait dit de la modernisation du pays entre les deux tours de l’élection législative à l’automne 2006, alors qu’il était le candidat du MSzP. Il s’agit de la seule trace valable et concrète qui reste de cette conception du rattrapage économique européen, et celle-ci n’a à vrai dire pas vraiment été suivie des faits. Ce projet fut balayé en même temps que Gyurcsány par son propre parti (ce qui a aboutit au final à la scission de DK). Le fait que la gauche ait écouté avec un silence complice le discours d’Őszöd n’étant que l’interprétation de la droite.

Le principal reproche que Botka adresse à la politique sociale-démocrate de type « Troisième voie », est que « la promesse de l’égalité des chances reposait sur le fait que tout le monde pourrait trouver sa place au sein d’une économie de la connaissance reposant sur un haut niveau de qualification et qui était alors en construction. Cette promesse resta illusion. La politique sociale-démocrate de type « Troisième voie » que nous avons menée a été un échec. Cette politique, qui a fait oublier à la gauche son idéal d’égalité et l’a fait s’aligner sur l’ordre économique du capitalisme, n’a fait que creuser les inégalités. De nos jours, la « Troisième voie » a disparu. Son échec s’explique par sa nature simpliste. C’était une naïveté de croire que le seul objectif de l’égalité des chances suffise en soi. Quand bien même nous aurions réussi à garantir la mobilité sociale au sein de l’éducation et du monde du travail, nous n’aurions pas pour autant réussi à faire disparaître les inégalités économiques ni les problèmes d’exclusion sociale. Le principe d’égalité des chances, en cela qu’il cherche à réduire les différences de richesse entre les citoyens sans pour autant les considérer comme égaux, n’est pas viable. L’égalité des chances est sans doute nécessaire, mais elle n’est pas une condition suffisante pour créer une société des égaux. S’il suffit de 2% de la société hongroise pour détenir plus de la moitié de la richesse du pays, alors il ne peut y avoir ni égalité des chances, ni justice sociale. »

La promesse d’une société des égaux ?

Pour Botka, le principe de la nouvelle gauche est « de vouloir à la fois la justice et l’égalité », son objectif étant la création d’une société des égaux. Son objet est de montrer que la prospérité et la démocratie ne sont pas contradictoires, mais qu’elles se nourrissent l’une et l’autre. Selon lui, il y a besoin d’un véritable virage à gauche. Cela signifie qu’il faut adapter le système éducatif aux défis de la société de la connaissance, qu’il y ait une place qui soit donnée à l’effort, au mérite et à la créativité dans un pays qui ne soit pas seulement celui de quelques uns, mais à l’image de la majorité (on croirait entendre là le discours de gauche de DK). La meilleure voie pour accéder à la promotion sociale ne devrait pas être l’accumulation de compétences lexicales adaptées au monde moderne de l’entreprise, mais une école non ségréguée, qui favorise davantage la créativité, l’autonomie ainsi que l’entraide.

« Comme si tous les perdants de l’orbanisme étaient pris sous les ailes réconfortantes de la vieille gauche »

Ceci n’est jusqu’ici pas tellement contradictoire avec la « Troisième voie ». Sauf si l’on considère que les différents gouvernements de gauche restent tributaires – avec le régime du Fidesz – du creusement inexorable des inégalités économiques. D’autant plus qu’ils n’ont jamais vraiment tenté quoi que ce soit pour l’enrayer – ce que l’examen des faits confirme bien. Botka promet la mise en oeuvre de l’idéal d’une société des égaux aux travailleurs manuels, aux prolos des grands ensembles, à ceux qui ne vivent que de leur salaire, aux petites pensions, aux employés, aux enseignants, aux infirmiers, aux fonctionnaires, aux familles pauvres ou exclues, aux quatre millions de personnes qui vivent des minima sociaux. Comme si tous les perdants de l’orbanisme étaient pris sous les ailes réconfortantes de la vieille gauche. Il s’agit sans doute d’un message affectif fort, mais qui nous éloigne un peu de l’essentiel. Parce que le propos s’adresse également aux grandes entreprises et aux oligarques qui se sont enrichis « sur notre dos » ces 27 dernières années, et qui doivent ouvrir leur porte-monnaie pour prendre part à l’effort collectif et rétablir le sens de la justice sociale. « Ceux qui au contraire ont toujours perdu à la courte paille, bénéficieront les premiers de la sécurité sociale et de la politique fiscale, parce que les inégalités sont injustes ». 

Les inégalités ont toujours été, sont, et resteront injustes, parce qu’au contraire de Botka, les tenants de la « Troisième voie » n’ont jamais promis qu’il n’y aurait pas de perdants de la modernisation. Ils avaient uniquement promis qu’un État actif et intrusif, représentant l’intérêt général – tel celui que Botka souhaite – les aiderait à rattraper les autres. Ceux qui n’en seraient pas capables pourraient alors s’appuyer sur un système social robuste. Mais le néolibéral Orbán a décidé de le dépecer jusqu’à la moelle.

Bien que jouant sur les affects, Botka ne parle ici que de la réforme du système fiscal et n’évoque jamais l’efficacité, la productivité, ni la façon dont seront redistribués les fruits de la croissance. « Croyez-moi, avec l’endiguement de la corruption qui existe désormais au sommet de l’État, la neutralisation de l’influence des oligarques dans la politique ainsi que leur taxation fourniraient suffisamment de ressources pour injecter de l’argent dans des secteurs qui en ont besoin. Les propriétaires de villas à cent millions et de voitures à plus de dix millions doivent s’attendre à payer un impôt d’exception ».

Un nouveau populisme de gauche

« Nous redirigerons alors les contributions supplémentaires prélevées sur les multinationales, les grandes entreprises et l’élite économique afin d’améliorer la situation des bénéficiaires de la politique sociale, des pauvres et de la classe moyenne. Toutes les personnes qui en ont le besoin et qui le méritent devraient avoir accès aux biens produits en commun. Les riches doivent payer ! »

Y croiront qui veulent, c’est leur problème, mais cette phrase de conclusion ressemble à s’y méprendre à une brochure de Karl Marx, ce qui montre bien que nous assistons en Hongrie à l’arrivée d’une variante molle de la nouvelle gauche populiste occidentale. Nous assistons avec dépit à ce nivellement vers le bas.

Ça n’est pas une surprise que la nouvelle gauche européenne cherche à enterrer Bad Godesberg, là où les sociaux-démocrates allemands avaient rompu officiellement et définitivement avec le marxisme, abandonné la lutte à mort contre le capitalisme et embrassé le modèle occidental de l’État-providence comme le produit d’un compromis entre le capital, le travail et le système politique. Ce ne serait pas un problème si le MSzP faisait vraiment un pas en direction de la mise en place d’un État social. Pour ce faire, il ne faudrait pas seulement un changement de majorité, mais un véritable changement de régime en Hongrie, une quatrième République que seule l’union de toute l’opposition démocratique pourrait obtenir face à la virulence de la droite et de l’extrême-droite.

Une partie des intellectuels politiques de l’Ouest pense que l’État-providence à l’européenne reste réformable. Les autres, qui estiment qu’il y a un profond conflit qui couve entre le capital et les « nouveaux prolétaires », se déchirent pour savoir si le mouvement qui porte actuellement les pouvoirs populistes et autoritaires n’est qu’une parenthèse qu’il sera possible de refermer, ou s’il ne relève pas plutôt de l’exploitation par la droite d’une dynamique du capitalisme entrevue par Marx, selon laquelle il existe une divergence irréconciliable et de plus en plus profonde des intérêts entre le capital et le travail.

Il semble que nous ne sommes encore bien loin de traiter tout ceci avec la sérénité et le recul nécessaires.

Les socialistes hongrois tournent le dos au social-libéralisme

Catégories: PECO

Viktor Orbán : « Il faut défendre l’homogénéité ethnique de la Hongrie »

HU-LALA (Hongrie) - mar, 28/02/2017 - 20:07
Dans un discours tenu ce mardi devant la chambre de commerce et d’industrie, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a défendu le « succès » de sa politique économique. Alors que la Hongrie est confrontée à une importante pénurie de main d’oeuvre, le dirigeant conservateur a estimé « important » de sauvegarder la « monochromie culturelle » du pays.




(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Viktor Orbán l’a martelé ce mardi lors de son discours annuel sur l’état de l’économie hongroise : il assume une politique qui conforte l’identité agraire du pays ainsi que la « monochromie culturelle » comme levier de croissance. En dépit de l’émigration importante de la main d’œuvre qualifiée vers les pays occidentaux, le Premier ministre hongrois a mis en garde contre le recours à une immigration de travail pour compenser les pénuries de bras, évoquant « la défense nécessaire de l’homogénéité ethnique » du pays. Le chef du gouvernement a préféré évoquer la possibilité d’encourager la sollicitation transitoire de travailleurs étrangers tout en défendant l’idée selon laquelle « si la Hongrie confie tous ses emplois peu qualifiés à des immigrés, à la fin, plus le pays s’enrichira, moins il pourra fournir de travail à ses ressortissants ».

Pour le dirigeant hongrois, « il n’y a pas de problèmes avec [sa] politique économique, même si beaucoup sont tentés de la ternir ». Ragaillardi par une croissance à 2%, supérieure d’un demi-point à la moyenne européenne, Viktor Orbán a reconnu que les efforts restaient devant les Hongrois. « Si nous continuons sur le même rythme que ces six dernières années, cela ne suffira pas », a-t-il notamment déclaré, selon des propos rapportés par HVG. Pour le Premier ministre, l’enjeu est de préserver les intérêts vitaux de la Hongrie « que Bruxelles cherche à sanctionner », évoquant notamment le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Budapest et Belgrade, objet d’un massif investissement chinois. « Le monde a changé » a-t-il également déclaré pour justifier la réorientation de la stratégie commerciale du pays vers l’Asie centrale et orientale.

Sanctionner « les pays qui maltraitent les Hongrois »

Viktor Orbán a également réitéré ses critiques contre le projet autrichien de moduler le niveau d’allocations familiales en fonction des minima sociaux des pays d’origine des ressortissants européens. Selon des propos prononcés vendredi dernier et rapportés par Kurier, le dirigeant hongrois reproche à l’Autriche « de détricoter sournoisement les traités européens ». Ceux-ci auraient, une fois n’est pas coutume, quelque vertu pour le maître de Budapest, donc celles de garantir la mobilité des Européens, surtout ceux originaires d’Europe centrale et orientale. « Si des pays sont tentés de discriminer les travailleurs hongrois, la Hongrie appliquera le principe de réciprocité à leurs ressortissants », a-t-il déclaré aujourd’hui devant la Chambre de commerce et d’industrie.

La Hongrie produit en masse des travailleurs pauvres

Catégories: PECO

Pages