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L'Afrique réelle (Blog de Bernard Lugan)

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Site officiel de l'historien africaniste Bernard Lugan, professeur à l'Université Lyon III et expert au tribunal international d'Arusha
Updated: 1 month 3 weeks ago

Article de Valeurs Actuelles consacré à Bernard Lugan

Sat, 19/06/2021 - 18:16
La France debout
Pas un jour ne se passe sans que la France soit mise au ban des accusés, son passé montré du doigt, le pays et ses habitants sommés de s’excuser et de faire « repentance » pour les crimes prétendument commis, au premier rang desquels l’esclavage et la colonisation. Derrière cette offensive, une idéologie est à l’oeuvre, autrement dit une idée appliquée à l’histoire, une idée qui suit sa propre logique sans se soucier de l’expérience et des événements, ainsi qu'Hannah Arendt avait défini l’idéologie.
Qu’on la nomme « mouvance décoloniale » ou « indigénisme », elle est un poison qui gangrène lentement le corps social avec la complicité et la lâcheté des pouvoirs publics. Leur nom dit tout du mensonge: ces idéologues souvent venus d’ailleurs se prétendent « indigènes » quand ils sont allogènes, et veulent « décoloniser » un pays vis-à-vis duquel ils se comportent eux-mêmes en colons. Leur acte d’accusation tient en quelques mots : l’homme blanc est coupable par essence, son histoire est une infamie et les descendants des peuples colonisés sont victimes de discriminations « systémiques ». La solution ? S’effacer et leur laisser la place, pardi.
C’est à ces « décoloniaux » alliés aux islamo-gauchistes (dont ils seront un jour les dupes) que Bernard Lugan répond dans un livre fort utile. Spécialiste de l’histoire africaine, expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda de l’Onu et ancien professeur à l’École de guerre, c’est peu de dire qu’il connaît son affaire. La France a pillé l’Afrique, affirment les « décoloniaux » et elle a ainsi une dette vis-à-vis des peuples colonisés. La vérité, c’est que l’empire colonial fut le véritable tonneau des Danaïdes de la France qui s’y ruina plus qu’autre chose.
Lugan rappelle que lorsque la gauche républicaine lança le pays dans la course impériale à la fin du XIXe siècle, la dimension économique était secondaire. C’est l’ « émancipation » et le progrès que l’on voulait apporter à l’Afrique, au nom d’une supériorité philosophique supposée, quoi qu’on en pense.
Et en matière de pillage, c’est 50 000 kilomètres de routes bitumées laissées par la France à son départ, 18 000 kilomètres de voies ferrées, 63 ports équipés, 196 aérodromes, 2000 dispensaires modernes, 600 maternités, etc. La vérité, c’est qu'au moment des décolonisations, la situation de l’Afrique était en tout point meilleure qu’elle ne l’est aujourd'hui et que c’est par conséquent la décolonisation qui a créé la catastrophe africaine !
Quant à l’Algérie, c’est d’avoir choisi un modèle rentier au moment de son indépendance et de s’être livrée à des dirigeants cleptocrates et incompétents qu’elle doit son naufrage, et non à la France qui l’a unifiée, lui a donné son nom, a bonifié ses terres et a soigné sa population, laissant à son départ routes, voies ferrées, ports, ponts, tunnels, viaducs, barrages, centrales hydroélectriques et thermiques, etc.
Plutôt que d’écouter des idéologues qui rêvent de nous voir mettre genou à terre, lisons Lugan et l’on verra que non seulement nous n’avons pas à avoir honte de notre histoire mais que nous avons tout lieu d’en être fiers.
Olivier Maulin, Valeurs actuelles, 3 juin 2021

Pour commander le livre « Pour répondre aux décoloniaux »cliquer ici
Categories: Afrique

Barkhane victime de quatre principales erreurs commises par l’Elysée

Fri, 11/06/2021 - 18:15
Prenant pour prétexte le coup d’Etat du colonel Assimi Goïta au Mali, Emmanuel Macron a décidé de « transformer », en réalité il convient de lire « démonter » Barkhane[1].

Et pourtant, le coup de force de l’ancien commandant des Forces spéciales maliennes était au contraire une chance pour la paix. Ayant par ses fonctions une juste appréciation des réalités du terrain, ce Minianka, branche minoritaire du grand ensemble sénoufo, n’a de contentieux historique, ni avec les Touareg, ni avec les Peul, les deux peuples à l’origine du conflit[2]. Il pouvait donc ouvrir une discussion de paix en corrigeant quatre grandes erreurs commises par les décideurs parisiens depuis 2020, erreurs qui ont interdit à Barkhane de donner toute sa mesure.

La suite de cette analyse (87%) est réservée aux abonnés à l'Afrique Réelle. 

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[1] Le bilan de l’Opération Barkhane sera fait dans le numéro du mois de juillet de l’Afrique Réelle.
[2] Voir à ce sujet mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours.
Categories: Afrique

L'Afrique Réelle n°138 - Juin 2021

Tue, 01/06/2021 - 17:36

























Sommaire
Actualité :Ceuta et Melilla Plazas de soberiano et portes de l’immigration
Dossier : La question ethnique et ses conséquences sur la stabilité du Tchad- Les trois grands groupes ethno-régionaux et leurs conflits traditionnels- Les guerres des années 1965-1979 : nordistes contre sudistes- 1980-1990 : de la guerre inter-Toubou à la guerre Zaghawa contre Goranes- 2004-2021: Les guerres d’Idriss Déby- Le Tchad pourra-t-il surmonter ses déterminismes ethno-claniques ?

Editorial de Bernard Lugan :
L’explication de la déferlante migratoire sur l’enclave espagnole de Ceuta est pourtant simple à comprendre : la gauche espagnole a les « yeux de Chimène » pour le Polisario, organisation révolutionnaire, butte témoin des « mouvements de libération » des années 1970.  Le Polisario a pour but le démembrement du Maroc par la création d’un « Etat saharaoui » indépendant, ce qui permettrait à son parrain algérien  de s’ouvrir une fenêtre sur l’océan atlantique… Pour le Maroc, auquel il serait alors demandé d’entériner les amputations territoriales sahariennes subies à l’époque coloniale, cela est évidemment inacceptable.
Or, cette gauche au pouvoir à Madrid à travers le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), a minutieusement et clandestinement organisé l’hospitalisation en Espagne, sous un faux nom, de Brahim Ghali, chef de ce même Polisario que Rabat considère comme une organisation séparatiste. Sous un faux nom car Brahim Ghali est poursuivi par la justice espagnole pour, entre autres, tortures, assassinats et disparitions à la suite de plaintes déposées par plusieurs espagnols d’origine saharaoui ayant réussi à s’enfuir des camps où ils étaient retenus.  Depuis des décennies, le Polisario, diverticule des Services algériens, retient en effet plusieurs dizaines de milliers de civils saharaouis dans des camps installés en Algérie et à côté desquels l’Albanie hier et la Corée du Nord aujourd’hui, pourraient faire penser à d’aimables villégiatures... Toutes réalités naturellement occultées par la bien-pensance espagnole de gauche qui considère au contraire le Polisario comme porteur des idéaux « démocratiques » face au Maroc « féodal ».Et, comme en même temps, jouant sur deux tableaux à la fois, le gouvernement  espagnol lui demande d’empêcher le passage des migrants, le Maroc a donc lancé un avertissement aux dirigeants socialistes espagnols… et, à travers eux, à la gauche européenne qui, à Bruxelles, par idéologie, soutient le Polisario.
A Kigali, genou à terre, Emmanuel Macron a commis deux très graves fautes politiques et historiques :
1) Il a parlé d’une « responsabilité accablante » de la France dans le génocide du Rwanda.  Or, la France est à l’origine des  Accords de paix d’Arusha d’août 1993 à la suite desquels elle s’est retirée, laissant le relais à une force militaire de l’ONU qui s’est par la suite montrée totalement incompétente. Ses forces n’étaient donc plus au Rwanda le 6 avril 1994, au début du génocide. Enfin, elle fut le seul pays au monde à proposer une opération humanitaire laquelle ne fut autorisée par le Conseil de sécurité que le 22 juin, soit plus de deux mois après le début du génocide, en raison du blocage des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne qui soutenaient les forces du général Kagamé…  2) Alors qu’une profonde réécriture de l’histoire du génocide du Rwanda a été faite,  deux décennies durant, devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) (voir à ce sujet mes livres Rwanda, un génocide en questions et Dix ans d’expertises devant le TPIR) le président Macron a délibérément fait l’impasse sur l’état des connaissances scientifiques, pour cautionner d’une manière plus qu’insolite l’histoire officielle  écrite par le régime du général Kagamé. L’Histoire lui en demandera des comptes.
Categories: Afrique

Emmanuel Macron au Rwanda, un cas clinique de masochisme et de mensonge historique

Thu, 27/05/2021 - 12:14
Drapé dans les incohérences, les omissions et les mensonges du « rapport Duclert », le président Macron vient :

1) Contre l’état des connaissances historiques, de reconnaître  « la responsabilité » de la France dans le génocide du Rwanda. Un génocide  effectué avec des machettes….arme jusque-là considérée comme peu  en usage en France…

2) De cautionner l’histoire  du génocide écrite par le régime du général Kagamé. Une histoire-propagande qui tient en trois points :

1) Le génocide était prémédité.
2) La France a soutenu les génocidaires groupés autour du président Habyarimana.
3) Le président Habyarimana a été assassiné par ces mêmes génocidaires.

Or, ces trois points ayant été définitivement balayés par les travaux du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda-ONU) consciencieusement ignorés par le « Rapport Duclert », en plus d’humilier la France, Emmanuel Macron laissera dans l’histoire l’image d’un Lyssenko de l’histoire. Il ne pourra en effet pas dire qu’il ne savait pas puisque la réfutation détaillée de cette propagande historique a été faite dans mon livre « Rwanda un génocide en questions » publié au Rocher et réédité en 2021 et que je lui ai fait directement parvenir à l’Elysée. Ce livre peut être commandé à l’Afrique Réelle.
Categories: Afrique

Les ONG et le Parlement européen réussiront-ils à provoquer la guerre civile au Tchad ?

Sat, 22/05/2021 - 10:15
 Alors que, par « miracle », le Tchad n’a pas ( encore ?) explosé après la mort d’Idriss Déby et cela, uniquement parce qu’un pouvoir fort a rempli le vide politique provoqué par sa disparition, le Parlement européen vient de sommer le CMT (Conseil militaire de transition),  d’entamer  d’ « urgence un processus démocratique pluraliste » en appelant à un surréaliste retour à l’ « ordre constitutionnel et au respect des valeurs démocratiques » par la remise du pouvoir à  des « acteurs de la société civile », afin de « garantir la transition pacifique au moyen d’élections démocratiques libres et équitables ».
Totalement ignorant des  failles de la tectonique ethnique tchadienne et de l’histoire chaotique du pays depuis les années 1960, aveuglé par l’idéologie démocratique, le « machin » bruxellois ne pouvait pas mieux faire pour mettre en place les conditions du chaos. Cette prise de position hors-sol ne doit pas étonner car, en vérité, cet aveuglement  est la conséquence du « lobbying » pratiqué par des ONG irresponsables qui tissent la toile  idéologique dans laquelle elles emprisonnent le parlement bruxellois. Derrière cette prise de position, l’on retrouve en effet, entre autres, la marque  de « Pain pour le Monde », l’organisation des églises protestantes et évangéliques allemandes, celle du « CCFD Terre solidaire », celle d’ « Agir ensemble pour les Droits humains, celle de « Misereor » l’organisme des évêques catholiques allemands » et celle d’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture). Et la liste pourrait être poursuivie…
Ainsi, au nom des « vertus chrétiennes devenues folles », ces ONG largement confessionnelles ont consciencieusement entrepris de préparer la voie à la dislocation du Tchad, verrou essentiel de la stabilité régionale. En effet, si le CMT entamait un processus démocratique, l’ethno-mathématique électorale tchadienne donnerait le pouvoir aux plus nombreux, c’est-à-dire aux Sudistes. Or, depuis l’indépendance, la vie politique du Tchad tourne au contraire autour des principales ethnies nordistes, à savoir les Zaghawa, les Toubou du Tibesti (les Teda), les Toubou de l’Ennedi-Oum Chalouba (les Daza-Gorane) et les Arabes du Ouadaï qui totalisent moins de 25% de la population du pays (voir à ce sujet mon livre : Les guerres du Sahel des origines à nos jours). Or, les ONG et les députés européens refusent de voir que c’est autour de leurs rapports internes de longue durée, de leurs alliances, de leurs ruptures et de leurs réconciliations plus ou moins éphémères que s’est écrite l’histoire du pays depuis l’indépendance. C’est autour d’eux que se sont faites toutes les guerres du Tchad depuis 1963. C’est de leurs relations que dépend le futur du pays, la majorité de la population n’étant que la spectatrice-victime de leurs déchirements et de leurs ambitions. Nous voilà bien loi de la « démocratie parlementaire… »
Si les actuels dirigeants tchadiens cédaient au diktat européen inspiré par les ONG, le Tchad basculerait dans la guerre comme le Mali, avec des populations nordistes minoritaires refusant le totalitarisme démocratique sudiste reposant sur la seule loi du nombre. 
Le Tchad doit donc rejeter le chantage démocratique et son compère, l’odieux et hypocrite néocolonialisme  de la pitié et de l’émotionnel. Il en va en effet de la paix civile. Ne perdons pas de vue que ce fut le diktat démocratique imposé par la France socialiste au général Habyarimana qui réveilla puis exacerba les fractures de la société rwandaise, ce qui déboucha sur le génocide (voir à ce sujet mon livre Rwanda : un génocide en questions).
Plus généralement, et à moins de demeurer pour l’éternité des  colonisés, les Africains doivent chasser  les essaims des ONG qui s’abattent sur eux. Que peuvent en effet leur apporter à long terme ces organisations composées d’exclus, de laissés pour compte ou de retraités des pays du Nord dont les motifs altruistes masquent le fait qu’ils sont trop souvent eux-mêmes à la recherche de solutions à leurs propres problèmes existentiels ou matériels ? Sauf rares exceptions dans le domaine médical ou comme dans le cas de certaines organisations admirables comme l’est l’Ordre de Malte, ces « petits blancs » étouffent littéralement l’Afrique sous le poids de leurs jérémiades humanitaires, sous leurs « petits » projets aux « petites » capacités, portés par de « petites » ambitions, le tout soutenu par de « petits » moyens et surtout avec une absence totale de perspective et de coordination.
Categories: Afrique

L'Afrique Réelle n°137 - Mai 2021

Fri, 30/04/2021 - 23:05
Sommaire

ActualitéLe Tchad après la mort d'Idriss Déby
- Idriss Déby une vie de combats
- Les dernières guerres d’Idriss Déby (2019-2021)
- Les nordistes tchadiens
Repentance :
Génocide du Rwanda : la commission Duclert n'a pas vu que le vrai responsable est le diktat démocratique
Histoire :
Bonaparte en Egypte

Editorial de Bernard Lugan

Conséquence de la guerre insensée faite au colonel Kadhafi, la Libye est devenue le sanctuaire des rebelles tchadiens. Durant des années, ces derniers se vendirent aux belligérants libyens en fonction de leurs intérêts du moment. Le 16 octobre 2018, le général Haftar effectua une visite officielle à N’Djamena. En échange de l’appui tchadien, il s’engagea à pourchasser les opposants au président Idriss Déby. D'autant plus volontiers que ces derniers s’étaient entretemps alliés à la ville de Misrata, son ennemie mortelle.Afin de ne pas tomber entre les mains des forces du général Haftar, au mois de janvier 2019, les frères Timan et Tom Erdibi, Zaghawa et neveux du président Idriss Déby, tentèrent alors le tout pour le tout en se lançant à la conquête de N’Djamena sous la bannière de l’UFR (Union des forces de la résistance). Mais ils furent pulvérisés les 4, 5 et 6 février par l’aviation française. 
A partir du mois de juillet 2020, profitant de la défaite du général Haftar devant Tripoli et de son repli à l’est de la Libye, les opposants tchadiens se réinstallèrent dans le Fezzan. Ils y furent armés par la Turquie qui avait décidé de se servir d’eux dans sa stratégie de poussée vers la région péri-tchadique, renaissance de la politique ottomane de jadis. 
Au mois d’avril 2021, sous le drapeau du FACT (Front pour l'Alternance et la Concorde au Tchad) de Mahamat Mahdi Ali, des Toubou-Gorane lancèrent alors une offensive depuis le Fezzan en longeant la frontière du Niger. Pour mémoire, Gorane est le nom arabe désignant les Toubou de l’Ennedi et d’Oum Chalouba. C’est en les combattant qu’Idriss Déby trouva la mort.
Désormais, que vont faire les Toubou ? Dans les années 1970, les deux composantes toubou s’opposèrent dans une lutte fratricide. L’une était dirigée par Goukouni Weddeye, fils du Derdéi, le chef spirituel des Tomagra du Tibesti. L’autre, par Hissène Habré, Gorane du clan Anakaza d’Oum Chalouba qui fut renversé en 1990 par Idriss Déby. Si, les Toubou s’unissaient et si la Turquie les poussait à agir, le régime de Mahamat Idriss Déby serait alors extrêmement fragilisé.N’oublions cependant pas que Mahamat Idriss Déby, étant de mère Gorane et ayant lui-même épousé une Gorane, tous les clans gorane ne se dresseront donc pas contre lui. Certes encore, mais certains clans Zaghawa considèrent donc qu’il n’est qu’en partie des leurs… Quant au clan arabe du Ouadaï auquel appartient Hinda, l’une des épouses d’Idriss Déby, il est détesté à la fois par les Zaghawa et par ceux des Gorane qui suivaient son mari… L’avenir du Tchad, verrou de l’Afrique centrale, dépend donc de la manière dont vont s’exprimer ces puissants déterminismes ethno-claniques dans un contexte régional conflictuel aggravé par les solidarités ethniques transfrontalières (Libye, Soudan, Nigeria, Niger et RCA). Et par les manœuvres de la Turquie depuis la Libye, et celles de la Russie depuis la RCA…. 
Pour tout ce qui concerne ces constantes de longue durée qui font l'histoire de la région, on lira mon livre « Les guerres du Sahel des origines à nos jours ». 
Categories: Afrique

Tchad : les clés de compréhension passent par la reconnaissance des fondamentaux ethno-claniques, non par les incantations démocratiques

Thu, 22/04/2021 - 23:21
Dans l’incertitude actuelle, en dépit des rumeurs, des jeux politiques, des déclarations des-uns et des autres, des questions sur l’avenir du G5 Sahel, du jeu de plus en plus « clair » de la Turquie, de celui la Russie, de la Chine et de la navigation à vue de la France, l’essentiel est de voir que la question du Tchad est d’abord ethno-clanique.
Les Zaghawa, les Toubou du Tibesti (les Teda), les Toubou de l’Ennedi-Oum Chalouba (les Daza-Gorane) et les Arabes du Ouadaï sont divisés en une multitude de sous-groupes. Tous additionnés, ils totalisent moins d’un quart de la population du Tchad. Démocratiquement, c’est à dire « occidentalement » parlant, ils ne comptent donc pas puisque, toute élection « loyale » les écarterait mathématiquement du pouvoir. Or, ils constituent la fraction dominante de ce qui est devenu le Tchad. C’est autour de leurs rapports internes de longue durée, de leurs alliances, de leurs ruptures et de leurs réconciliations plus ou moins éphémères que s’est écrite l’histoire du pays depuis l’indépendance. C’est autour d’eux que se sont faites toutes les guerres du Tchad depuis 1963. C’est de leurs relations que dépend le futur du pays, la majorité de la population n’étant que la spectatrice-victime de leurs déchirements et de leurs ambitions. Voilà qui est difficile à faire comprendre aux universalistes démocrates du monde occidental.
Pour résumer la question :
- Idriss Déby Itno était Zaghawa du clan Bideyat. Or, les Zaghawa sont à ce point divisés que, depuis 2004, les frères Timan et Tom Erdibi, ses propres neveux, étaient en guerre contre lui. Comment vont donc maintenant se positionner les divers clans zaghawa dans la lutte pour le pouvoir ? Là est la première interrogation.
- Le nouveau chef de l’Etat, Mahamat Idriss Déby, l’un des fils d’Idriss Déby Itno est de mère gorane. Gorane est le nom arabe désignant les Toubou de l’Ennedi et d’Oum Chalouba dont la langue est le daza. Lui-même a épousé une Gorane. D’où la méfiance de certains Zaghawa qui considèrent qu’il n’est qu’en partie des leurs. Même si, par le passé, des alliances plus qu’étroites ont pu régulièrement associer Zaghawa et certains clans Gorane, que vont donc faire ceux des Gorane qui suivaient Idriss Déby ? Là est une deuxième grande question.
- Hinda, l’épouse favorite d’Idriss Déby Itno, est une Arabe du Ouadaï. Favorisé par Idriss Déby, son clan qui faisait partie du premier cercle présidentiel est détesté à la fois par les Zaghawa et par ceux des Gorane qui suivaient son mari. Quel est alors l’avenir du cercle arabe ouadaïen qui gravite autour d’Hinda ? S’il y avait rupture avec lui, la triple alliance ethno-clanique constituée par Idriss Déby serait alors réduite à deux, à savoir une fraction zaghawa et une fraction gorane. Une autre grande question concerne les rebelles qui sont divisés en trois principaux mouvements militaires. Deux sont des émanations de certains clans toubou-gorane qui n’ont pas pardonné à Idriss Déby de s’être soulevé contre Hissène Habré, lui-même Gorane du clan Anakaza de la région d’Oum Chalouba :
- Idriss Déby a perdu la vie en combattant le Fact (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad). Fondé au mois d’avril 2016 par Mahamat Mahdi-Ali, le Fact rassemblait à l’origine des Toubou parlant le daza, donc essentiellement des Toubou-Gorane de l’Ennedi. En Libye, le Fact a combattu avec les milices de Misrata contre les forces du maréchal Haftar. Aujourd’hui, il est armé par la Turquie qui s’en sert dans sa poussée vers la région péri-tchadique, renaissance contemporaine de la grande politique ottomane de jadis dont le but était le contrôle de l’Afrique centrale et de ses ressources en ivoire et en esclaves.
- Au mois de juin 2016, les Toubou du clan Kreda qui sont également des locuteurs daza quittèrent le Fact pour suivre Mahamat Hassane Boulmaye qui fonda le Ccmsr (Conseil de commandement militaire pour le salut de la République).
- L’Ufr (Union des forces de la résistance) qui a été fondée en 2009, est essentiellement composée  de certains clans zaghawa et tama. Ce mouvement a, lui aussi, combattu les forces du général Haftar en Libye. C’est lui que l’aviation française a stoppé dans sa marche sur N’Djamena au mois de février 2019. L’Ufr aurait apporté son soutien au Fact.
Déstabilisée par sa mort, l’alchimie ethno-clanique constituée par Idriss Déby Itno est actuellement en ébullition. Si, à la faveur de ses rivalités internes et des règlements de compte qui s’annoncent, les Toubou refaisaient leur unité, comme en 1998 quand Youssouf Togoïmi fonda le Mdjt (Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad) pour fédérer les opposants toubou à Idriss Déby, et si l’une ou l’autre des fractions ou des sous-fractions de l’ancienne matrice ethno-clanique constituée autour d’Idriss Déby, rejoignait les rebelles, le régime de son fils serait alors extrêmement fragilisé.Tout le reste, à commencer par les sempiternelles références à l’Etat de droit, par la psalmodie de la « bonne gouvernance » et par les artificielles incantations à la tenue d’élections, n’est hélas, et en réalité, que bavardage européo-centré… 
Pour tout ce qui concerne l’historique des complexités des rapports ethniques tchadiens, l’on se reportera à mon livre : Les Guerre du Sahel des origines à nos jours. Dans le numéro du mois de mai de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront au début du mois, un dossier sera consacré à la question du Tchad.
Categories: Afrique

La France peut-elle laisser sauter le verrou tchadien ?

Mon, 19/04/2021 - 19:39
Le 11 avril, au Tchad, au moment où se tenaient les élections présidentielles, une colonne rebelle venue de Libye a traversé le Tibesti, dans le nord du pays. Donnant le change, elle a laissé croire que son objectif était Faya, ce qui lui a permis d’y attirer les forces gouvernementales, l’ANT (Armée nationale tchadienne), dont une partie des meilleurs éléments se trouve actuellement au Mali en appui des forces françaises de Barkhane. 
Pendant ce temps, une colonne rebelle marchait vers le sud en longeant à l’ouest la frontière avec le Niger. Son but était-il de  prendre N’Djamena ou bien d’opérer une  diversion ? Quoiqu'il en soit, dans l’urgence, les forces gouvernementales directement commandées par le président Déby ont alors opéré un mouvement vers le sud, et, le 17 avril, elles ont accroché et détruit cette colonne rebelle à une centaine de kilomètres au nord de la ville de Mao. A ce moment-là, l’état-major tchadien a annoncé sa victoire.
Mais les forces gouvernementales étaient tombées dans un piège car les rebelles s’étaient divisés, seule une de leurs  colonnes étant entrée en contact avec l’ANT. Puis, lundi 19 avril, plusieurs attaques simultanées se déroulèrent, provoquant un mouvement de panique à N'Djaména où les ambassades américaine et britannique demandèrent à leurs ressortissants de quitter le pays. 
Pour mémoire, une précédente attaque avait eu lieu au mois de janvier 2019, déjà depuis la Libye. Mais en direction de l’Ennedi, cette fois quand des rebelles tchadiens dirigés par les frères Timan et Tom Erdibi, tous deux Zaghawa Bideyat et neveux du président Idriss Déby Itno avec lequel ils sont brouillés depuis 2004 avaient tenté de prendre N'Djamena, sous la bannière de l'UFR (Union des forces  de la résistance), un mouvement fondé au Darfour en 2009 et étroitement ethno-centré sur des fractions  Zaghawa et Tama. Les 4,5 et 6 février, l’aviation française avait détruit la colonne dans la région de Bao dans le nord-est de l'Ennedi, sauvant ainsi le régime du président Déby. 
Une intervention militairement justifiée du côté français car la sécurité du Tchad devait impérativement être garantie, faute de quoi l’avenir du G5 et de Barkhane aurait été compromis. D’autant plus qu’Idriss Déby Itno avait fait valoir un argument de poids auprès des autorités françaises à savoir que, faute d’aide française, il serait contraint de retirer son contingent du Mali. 
L’attaque qui se déroule actuellement est menée par le FACT (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad) bras armé des Toubou-Gorane du clan Daza. Son armement lui est largement fourni par la Turquie dont le but est de chasser la France  du Sahel central afin de pouvoir renouer avec sa pénétrante péri-tchadique, comme avant 1912, quand l’empire ottoman exerçait son autorité sur cette partie du Sahara (voir à ce sujet mon livre « Les Guerre du Sahel des origines à nos jours). Or, l'UFR vient d’apporter son soutien au FACT… ce qui pourrait signifier qu’en dépit de leurs multiples rivalités ethniques, toutes les forces rebelles auraient décidé de se coaliser contre le président Déby.
Ce dernier réussira-t-il une fois de plus à triompher de ses adversaires ? L’avenir le dira. Mais si son régime tombait, c’en serait fini du « verrou tchadien » avec toutes les conséquences régionales qui en découleraient…mais également de Barkhane dont l’état-major est, comme je n’ai cessé de le dire,  plus que très imprudemment installé à N’Djamena...
Le numéro du mois de mai de l’Afrique Réelle reviendra sur cette question.
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Danièle Obono contre Valeurs Actuelles, ou quand intellectuellement défaits, les décoloniaux se tournent vers les juges…

Thu, 15/04/2021 - 18:14
Le 14 avril 2021, le Parquet de Paris a donné suite à la plainte de Madame le Député Obono contre Valeurs Actuelles, décidant que l’hebdomadaire serait jugé le 23 juin par le tribunal correctionnel pour « injure publique à caractère raciste ».
Figure de proue du mouvement « décolonial », Madame le Député Obono partage bien des combats des islamo-gauchistes. Membre de La France Insoumise, parti qui, au mois de juin 2020, devant le Parlement européen, déposa un amendement visant à ne reconnaître comme « crime contre l’humanité » que la Traite européenne, la seule traite européenne, et non pas toutes les traites, dont la traite arabo-musulmane et la traite interafricaine, comme cela était prévu dans le texte initial, Madame le député Obono ne trouve pas choquante la formule « nique la France ».
Réponse « du berger à la bergère », au mois d’août 2020, l’hebdomadaire Valeurs Actuelles publia un article humoristique illustré d’un dessin représentant Madame le Député Obono enchaînée et prisonnière de chasseurs d’esclaves noirs. Le journal entendait ainsi mettre en évidence la grande réalité de l’histoire de la traite qui est que cette dernière eut été impossible sans leurs associés pourvoyeurs-associés africains auxquels les négriers européens achetaient les captifs. Sans ces partenaires locaux, cette traite eut été en effet, et par définition, impossible puisque les esclaves étaient capturés, transportés, parqués et vendus par des chasseurs d’esclaves noirs. Et comme les acheteurs blancs attendaient sur le littoral ou à bord de leurs navires que les captifs leur soient livrés, il dépendait donc in fine des négriers africains d’accepter ou de refuser de leur vendre leurs « frères » noirs. Une réalité essentielle que je développe largement dans mon livre « Esclavage, l’histoire à l’endroit » en démontrant qu’une partie de l’Afrique s’est enrichie en vendant l’autre partie…
Une évidence historique notamment mise en lumière par Mathieu Kérékou, l’ancien président du Bénin qui n’a pas hésité à écrire que « Les Africains ont joué un rôle honteux durant la Traite », ainsi que par les évêques africains en des termes très forts :
« Commençons donc par avouer notre part de responsabilité dans la vente et l’achat de l’homme noir… Nos pères ont pris part à l’histoire d’ignominie qu’a été celle de la traite et de l’esclavage noir. Ils ont été vendeurs dans l’ignoble traite atlantique et transsaharienne » (Déclaration des évêques africains réunis à Gorée au mois d’octobre 2003). 
Tout aurait pu en rester là de l’article de Valeurs Actuelles écrit dans la grande lignée culturelle française du pastiche. Or, à travers la caricature la représentant, la mise en évidence des responsabilités historiques d’une partie des Africains dans la vente de leurs « frères » noirs aux négriers européens, ulcéra Madame le Député Obono. Elle décida donc de porter l’affaire en justice et, le 14 avril 2021, le Parquet de Paris donna suite à sa plainte, décidant que Valeurs Actuelles serait jugé le 23 juin par le tribunal correctionnel pour « injure publique à caractère raciste ». En revanche, l’on attend toujours une réaction de ce même Parquet de Paris après les déclarations clairement racistes et les appels au génocide des Blancs proférés par Madame Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF qui se définit elle-même comme « une extrémiste anti-blanc »:
« Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’histoire de France…Wallah …on s’en balek (traduction : on s’en bat les c…), objectivement, c’est votre délire de petits blancs » (15 avril 2019). « On devrait gazer tout (sic) les blancs (resic) » cette sous race (25 mai 2014).
Lors de ce procès dont l’arrière-plan sera le « deux poids, deux mesures », les avocats de Valeurs Actuelles auront beau jeu d’avancer que, revendiquant fièrement, et à juste titre, sa double ascendance maternelle Punu, et paternelle Fang (Ballart.fr, 3 juillet 2017), deux grandes ethnies du Gabon, Madame le Député Obono peut difficilement se poser en descendante de victimes. En effet, l’expansion parfaitement documentée de ces deux grands peuples conquérants et colonisateurs, s’est faite en forme de tenaille dans laquelle les ethnies indigènes furent broyées avant d’être soumises et en partie vendues aux négriers européens. 
La galanterie imposant de commencer par l’ethnie de Madame Mère, les avocats de Valeurs Actuelles ne manqueront pas de s’intéresser tout d’abord aux Punu. Qualifiés de « peuple belliqueux » par l’universitaire gabonaise Cerena Tomba Diogo, les Punu se désignent sous le nom de « batu diba di badi » ou « gens de guerre », leur nom étant lui-même, et toujours selon Cerena Tomba , une « déformation du terme puni qui signifie tueur ». A partir des années 1550, venus de l’actuelle RDC, les Punu dévastèrent et ruinèrent le brillant royaume de Kongo qui fut sauvé de justesse de la totale destruction grâce à une intervention portugaise. En 1574, les Punu franchirent le fleuve Congo pour aller conquérir une partie des actuels Congo-Brazzaville et Gabon, réduisant au passage les pygmées en esclavage (Rey, 1969). Puis, ils lancèrent d’incessantes incursions chez les peuples voisins, devenant ainsi les principaux pourvoyeurs d’esclaves d’une partie de la côte de l’actuel Gabon (Picard-Tortorici, 1993). 
Quant aux Fang, les Pahouin de la littérature coloniale, il s’agit de l’ethnie paternelle de Madame le Député Obono. Cet autre grand peuple, lui aussi au riche passé expansionniste vit aujourd’hui à cheval sur le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon, régions conquises à la suite d’un vaste et rapide mouvement de colonisation. A la suite des récits de Paul du Chaillu, explorateur-naturaliste qui voyagea dans le pays dans les années 1855-1865, leur fut associée une réputation de cruauté doublée de cannibalisme. Cette dernière mention qui fut à l’origine d’interminables débats et controverses, a été exhumée d’un passé oublié par Frédéric Lewino dans un article de l’hebdomadaire le Point en date du 4 août 2018, intitulé « Le tour du monde des cannibales : les Fang d’Afrique centrale ». 
Que les Fang aient été cannibales ou non, peu importe. Là n’est en effet, et en aucun cas l’essentiel car nos ancêtres Cro-Magnon faisaient bien leurs délices de nos autres ancêtres Neandertal… En revanche, il est clairement établi que la conquête Fang du Moyen-Ogooué s’opéra notamment aux dépens des Seke, des Mpongwe, des Kele, etc. 
Dans leurs plaidoiries, les avocats de Valeurs Actuelles ne manqueront évidemment pas de citer le célèbre ethnologue Georges Balandier, pour lequel les Fang constituaient un « groupe mobile, organisé pour la conquête (…) dont la poussée continue a été entretenue par la terreur au sein des populations refoulées ». Un mouvement de conquête qui, là encore, n’en déplaise aux « décoloniaux » et à Madame le député Obono, fut bloqué par la colonisation vue comme libératrice et émancipatrice par les populations qui le subissaient….
Conclusion : l’erreur de Valeurs Actuelles fut de représenter Madame le député Obono en esclave, sous les traits d’une malheureuse victime, alors que son ascendance ethnique la rangerait au contraire parmi les peuples conquérants, non parmi les peuples conquis. Une « affaire » qui n’en n’est pas une et une plainte qui, en d’autres temps eut été qualifiée de « corne-cul », mais qui illustre à merveille, les contradictions du mouvement « décolonial ». Ce dernier prétend en effet vouloir détruire la société française, mais il n’hésite pas à s’adresser à sa justice quand il se trouve mis en difficulté intellectuelle... Voir à ce sujet mon livre « Répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance ». 
Références bibliographiques- Balandier,G., (1949) « Les Fan (Fang), conquérants en disponibilité » Tropiques, n° 3/6, décembre 1949, pp 23-26.- Du Chaillu, P., (1863) Voyages et aventures dans l’Afrique équatoriale. Paris.- Hombert, J-M et Perrois, L., (2007) « Cœur d’Afrique, gorilles, cannibales et Pygmées dans le Gabon de Paul du Chaillu ». Paris, éditions du CNRS. - Picard-Tortorici, N et François, M., (1993) « La traite des esclaves au Gabon du XVII° au XIX° siècle. Essai de quantification pour le XVIII° siècle ». Les Etudes du CEPED (Centre français sur la population et le développement), n°6, Paris, juin 1993.- Rey, P-P., (1969) « Articulation des modes de dépendance et des modes de reproduction dans deux sociétés lignagères (Punu et Kunyi du Congo-Brazzaville). En ligne- Tomba Diogo, C.A., ( 2015) « Etude d’un genre de la littérature orale : la devise « kûmbu » chez les Punu du Gabon ». Université Sorbonne Paris, en ligne. 
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Pourquoi il est illusoire de s’obstiner à continuer de croire qu’une « pacification des mémoires » avec l’Algérie et le Rwanda est possible

Fri, 09/04/2021 - 20:11
Emmanuel Macron s’obstine à refuser de voir que la France, l’Algérie et le Rwanda ne parlent pas de la même chose quand est évoquée la question mémorielle. Pour Paris, l’histoire est une science permettant de connaître et comprendre le passé. Pour Alger et pour Kigali, il s’agit d’un moyen servant à légitimer les régimes en place à travers une histoire « arrangée ». L’incommunicabilité étant totale, les dés sont donc pipés dès le départ. D'où le naufrage du « Rapport Stora » et du « Rapport Duclert ».

L’Algérie et le Rwanda ne veulent en effet pas d’une « pacification des mémoires » au sens où l’entend la France puisque toute normalisation passerait obligatoirement par des concessions mémorielles qui feraient exploser les fausses histoires sur lesquelles reposent les « légitimités » des deux régimes. Le président algérien Tebboune l’a d’ailleurs plus que clairement reconnu quand il a déclaré que « la mémoire nationale ne saurait faire l’objet de renonciation, ni de marchandage ».
En définitive, la France recherche une paix mémorielle fondée sur une connaissance scientifique des évènements du passé quand l’Algérie et le Rwanda exigent son alignement sur leurs propres histoires fabriquées.

Avant de se lancer d’une manière évaporée dans le processus de mise à plat des mémoires, Emmanuel Macron aurait peut-être pu entrevoir la considérable différence d’approche des pays concernés, ce qui lui aurait alors permis de comprendre que sa démarche était vouée à l’échec. Mais, pour cela, il lui aurait fallu demander conseil aux véritables spécialistes de l’histoire de l’Algérie et du Rwanda, aux connaisseurs des mentalités leurs dirigeants. Or, et tout au contraire, pour le dossier algérien le président français a choisi de s’adresser à un historien militant signataire d’une pétition de soutien aux dérives islamo-gauchistes de l'UNEF, et, pour le dossier rwandais, à un historien totalement incompétent en la matière. Benjamin Stora s’inscrit dans la ligne de l’histoire officielle algérienne écrite par le FLN quand la thèse de Vincent Duclert portant sur « L’engagement des savants dans l’affaire Dreyfus », ne fait pas de lui un connaisseur de la complexe alchimie ethno-historique du Rwanda… et ne l’autorise pas à oser parler, contre toute la culture régionale, d' « absence d’antagonismes ethniques dans la société traditionnelle rwandaise » (!!!).

Comment Emmanuel Macron pouvait-il d’ailleurs attendre une « avancée » de la part du « Système » vampirique pompant la substance de l’Algérie depuis 1962 quand celui-ci veille avec un soin plus que jaloux à ce que l’histoire légitimant sa domination sur le pays ne soit pas remise en question ? Il en va en effet de sa survie. L’homologue algérien de Benjamin Stora n’a ainsi fait aucune proposition de révision historique, laissant au chef d’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha, le soin de faire monter les enchères avec la France en évoquant, contre l’état des connaissances, des « millions de martyrs  de la guerre d’indépendance »… D'une phrase, la pauvre tentative élyséenne de rapprocher les points de vue entre la France et l’Algérie était ainsi pulvérisée. De plus, tout en dynamitant la relation de confiance établie entre les présidents Macron et Tebboune, le général Chengriha montrait clairement que le président algérien n’est qu’une marionnette et que c’est l’institution militaire qui gouverne et  impose sa loi.

Maîtres du temps, les généraux algériens vont maintenant faire pression sur Emmanuel Macron, exigeant de lui qu’il livre ou qu’il expulse quelques grandes figures de l’opposition actuellement réfugiées en France… L’éthérée et idéologique recherche d’un consensus historique aura donc abouti à une déroute française.

Dans le cas du Rwanda la situation est carrément caricaturale car le « Rapport Duclert » va encore plus loin que le « Rapport Stora » dans la mesure où il s’aligne quasi intégralement sur les positions de Kigali, légitimant ainsi la fausse histoire sur laquelle repose la « légitimité » du régime du général Kagamé. Une histoire ancrée sur trois principaux postulats :
- La France a aveuglement soutenu le régime du président Habyarimana.
- Ce furent des Hutu qui, le 6 avril 1994, abattirent en vol l’avion du président Habyrarimana afin de faire un coup d’Etat permettant de déclencher le génocide.
- Le génocide des Tutsi était programmé.

Or, tout au contraire :

- Alors que la tragédie du Rwanda fut provoquée par l’attaque lancée depuis l’Ouganda au mois d’octobre 1990 par des Tutsi réfugiés ou déserteurs de l’armée ougandaise, le « Rapport Duclert » affirme, comme le fait Kigali, qu’entre 1990 et 1993, la France a aveuglement soutenu le régime  du Rwanda. Or, chaque intervention militaire française fut subordonnée à une avancée obtenue du président Habyarimana dans le partage du pouvoir avec ceux qui lui avaient déclaré la guerre au mois d’octobre 1990… La différence est de taille.

- Tournant le dos à l’état des connaissances et s’alignant là encore sur la thèse officielle de Kigali, le « Rapport Duclert » laisse entendre que ce seraient ses propres partisans qui, le 6 avril 1994, auraient abattu l’avion du président Habyarimana. Une hypothèse que même les juges Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux, en charge de l’affaire de l’attentat, ont estimé n’être étayée par aucun des éléments du dossier. De plus, s’ils avaient pris la peine de s’intéresser véritablement aux travaux du TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), et non d’en parler à travers des lectures de seconde ou de troisième main, les auteurs du « Rapport Duclert » auraient appris que ce tribunal qui a travaillé plus de vingt ans sur la question, a clairement écarté toute responsabilité des Hutu dans l’attentat déclencheur du génocide.

- Pour les rédacteurs du « Rapport Duclert », tout cela n’a d’ailleurs pas d’importance car, selon eux, et toujours ainsi que le soutient Kigali, comme le génocide était programmé, il aurait eu lieu de toutes les façons, même sans l’attentat… Or, et une fois encore, il a été plus que clairement établi devant le TPIR que le génocide était la conséquence de l’assassinat du président Habyarimana…

Grâce au « Rapport Duclert», voilà donc désormais Kigali en position de force  pour exiger de la France des excuses officielles qui devront être soutenues par le versement d’espèces « sonnantes et trébuchantes »… Et si Paris se montrait indocile, comme le « Rapport Duclert » a, contre toute vérité historique, reconnu une part de responsabilité française dans la genèse du génocide, conseillé par l’un ou l’autre cabinet juridique d’Outre-Atlantique, le Rwanda pourrait alors décider de poursuivre la France devant un tribunal international… Un nouveau chantage pourrait donc s’annoncer. Résultat de la faiblesse française et de la volonté du président Macron de mettre à plat le contentieux avec le Rwanda, c’est désormais la France qui est à plat ventre…

Bibliographie
- Pour tout ce qui concerne la critique de l’histoire officielle de l’Algérie popularisée en France par Benjamin Stora, on se reportera à mon livre Algérie, l’Histoire à l’endroit.
- Pour tout ce qui concerne la critique de l’histoire officielle du génocide du Rwanda reprise dans le « Rapport Duclert », on se reportera à mon livre Rwanda, un génocide en questions et à mes rapports d’expertise devant le TPIR intitulés Dix ans d’expertises devant le Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR)- Pour tout ce qui concerne la repentance en général, on se reportera à mon livre Répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance.
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L'Afrique Réelle n°136 - Avril 2021

Thu, 01/04/2021 - 11:46
Sommaire du n°136 (avril 2021)
Actualité :
Darfour : la guerre raciale
Climat :
Les causes du réchauffement de l'Afrique
Histoire :
Les Egyptiens anciens étaient-ils noirs de peau ?


Editorial de Bernard Lugan
Au Mali où nous sommes face à trois guerres, la situation évolue différemment sur chacun des trois fronts.
- La première guerre, celle qui a tout déclenché, a éclaté au nord fin 2011 - début 2012. Sur ce front, où le problème n’est pas tant celui de l’islamisme que celui de l’irrédentisme touareg, les rapports de force locaux ont changé depuis 2012. En effet, ses « émirs » algériens ayant été tués les uns après les autres par Barkhane, Al-Qaïda-Aqmi est désormais localement dirigée par le Touareg Iyad ag Ghali ; même si. au début du mois de février 2021, Aqmi a nommé un successeur à Abdelmalek Droukdel tué au mois de juin 2021 par Barkhane, en la personne d’un autre Algérien, Abou Oubéida Youssef. Pour le moment, résultat des négociations menées avec Bamako, le nord du Mali, c’est à dire la région de Kidal est « calme ». L’Algérie qui ne veut pas d’un embrasement à sa frontière soutient Iyad ag Ghali et les trafics qui font vivre la région ont repris.
- Au centre et au sud du Mali, c’est la résurgence de conflits antérieurs à la période coloniale (voir à ce sujet mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours) qui a fait entrer des querelles paysannes amplifiées par la surpopulation et par la péjoration climatique, dans le champ du jihad régional. Ici aussi, l’approche ethnique actuellement suivie par les négociateurs maliens devrait permettre de faire baisser l’intensité des affrontements.
- Reste la région des « Trois frontières » - Niger, Mali, Burkina Faso - où les massacres qui se succèdent provoquent une situation apocalyptique. Ici, l’alchimie ethnique avec son mille-feuille de revendications contradictoires offre un terrain favorable à Daech à travers l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara).
En dépit d’actions violentes de plus en plus meurtrières dans la région des « Trois frontières », le jihadisme sahélien stagne. Cependant, le non règlement des grandes questions ethno-politiques qui sont à la base des conflits lui permet de maintenir des foyers d’infection qui pourraient lui permettre de déclencher une septicémie sahélienne. Mais, pour le moment, les trois conflits dont nous venons de parler n’ont pas « coagulé » car les jihadistes se trouvent face à une grande contradiction. Leur islam qui se veut universel, n’a en effet pas réussi, à ce jour, à transcender les ethnies. Tout au contraire, puisque, face à l’échec de leur projet universaliste, ils ont été contraints de prendre appui sur certaines d’entre elles. S’obstiner à ne pas le voir comme continuent à le faire certains conduit à l’impasse.Le jihadisme se trouve en effet pris au piège des rivalités ethno-centrées qui constituent la vraie réalité sociologique régionale. Tout le reste n’est que bavardage européocentré.
Le conflit ouvert localement entre l’EIGS et Al-Qaïda, s’explique ainsi parce que le premier accuse les chefs locaux d’Al-Qaïda d’être des ethno-jihadistes privilégiant leurs ethnies et voulant conserver le cadre politique du Mali aux dépens du califat transfrontalier. La clé de la paix est dans cette donnée.. 
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Comment les décoloniaux et les islamo-gauchistes prennent le contrôle de l’université française

Sat, 20/03/2021 - 16:21

 Voici une fiche de recrutement pour un poste d’enseignant-chercheur  à l’université de Paris 8. Un cas « clinique » qui met en évidence le processus de conquête des universités à travers le recrutement des enseignants.

On se reportera à ce sujet au chapitre III « La gauche universitaire, ses errances scientifiques et son aveuglement idéologique », de mon livre « Répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et auxterroristes de la repentance ».


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La France entre l’Œdipe algérien et celui des décoloniaux…

Sun, 14/03/2021 - 20:15

Le « Système » algérien et les « décoloniaux » accusent la France d’être responsable de leurs problèmes. Une attitude œdipienne déjà bien décrite en son temps par Agrippa d’Aubigné quand il écrivait que :
« Le cadavre de France se décompose sous l’œil de deux enfants : le premier est félon et le second parasite. L’un est tourné vers la mort et l’autre vers la dévastation. »

Au mois de janvier 2021, un journaliste algérien complaisamment relayé par les médias français, exigea même de la France un dédommagement pour le « pillage » du fer « algérien » qui, selon lui, aurait servi à fabriquer la Tour Eiffel !!!

Or, comme l’a montré Paul Sugy, les pièces composant l’emblématique monument furent fondues en Lorraine, dans les aciéries de Pompey, à partir de minerai de fer extrait de la mine de Lurdres, également située en Meurthe-et-Moselle…

La prétention aussi exorbitante que surréaliste de ce stipendié du « Système » algérien n’est pas le coup de folie d’un illuminé. Elle s’inscrit tout au contraire dans une stratégie de surenchère revendicatrice destinée à obtenir des excuses, puis des réparations « sonnantes et  trébuchantes » de la part de la France.

Or, il faut bien voir que, jusqu'à l’arrivée de François Hollande au pouvoir, la position algérienne avait été relativement « retenue ». Ni Georges Pompidou, ni Valéry Giscard d'Estaing, ni François Mitterrand, ni Jacques Chirac et ni Nicolas Sarkozy n’auraient en effet accepté de telles demandes d’excuses. Or, tout a changé avec les déclarations irresponsables de François Hollande suivies de celles d’Emmanuel Macron au sujet de la colonisation. A partir de là, la France s’étant auto-humiliée, l’Algérie s’est donc trouvée en position de force pour exiger toujours plus d’elle. D'autant qu’acculé par la rue, sa survie étant même en jeu, le « Système » algérien n’a plus que deux moyens pour tenter de détourner la marée de la contestation populaire  qui menace de l’emporter :

1) S’attaquer au Maroc, comme en 1963 quand la « Guerre des Sables » lui a permis de mettre en parenthèses le soulèvement kabyle. Mais, avec le Maroc, qui s’y frotte s’y pique…

2) Rien de tel avec le chapon français dont les actuels dirigeants n’osent pas rappeler à leurs homologues algériens qu’en 1962, la France « mère généreuse », légua à sa « chère Algérie » selon la formule du regretté Daniel Lefeuvre, un héritage composé de 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), de 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, de 4300 km de voies ferrées, de 4 ports équipés aux normes internationales, de 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots),  de 34 phares maritimes, d’une douzaine d’aérodromes principaux, de centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages etc.), de milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, de 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, d’une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie etc., de milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes ( soit autant d’instituteurs, dont deux-tiers de Français), d’un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, de trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, de 14 hôpitaux spécialisés et de 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler du pétrole découvert et mis en exploitation par des ingénieurs français. Ni même d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu'aujourd’hui l’Algérie doit même importer du concentré de tomates, des pois chiches et jusqu'à  la semoule du couscous…

Tout ce qui existait en Algérie en 1962 avait été payé par les impôts des Français. En 1959, l’Algérie engloutissait ainsi 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce !  Et tout ce que la France léguait à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé puisqu'il était directement passé de la colonisation turque à la colonisation française. Même son nom lui avait été donné par la France…  

L’attitude des « décoloniaux » relève quant à elle d’un complexe œdipo-existentiel doublé d’une dose de schizophrénie.

Selon eux, la France qui les accueille, les nourrit, les habille, les soigne, les loge et les éduque, est une nation « génétiquement esclavagiste, raciste et colonisatrice », dans laquelle les descendants des colonisées sont dans une « situation coloniale », c’est-à-dire de « dominés ». D'où leur prétendue « marginalisation ». A cette affirmation victimaire s’ajoute un sentiment à la fois revanchard et conquérant bien résumé par Houria Bouteldja, une des figures de proue de ce courant:

« Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité (…) ».

Authentiquement francophobes, haïssant la France, les « décoloniaux » rejettent donc tout ce qui se rattache à elle. Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF, a ainsi écrit le 15 avril 2019, jour de son incendie :

« Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’histoire de France… Wallah … on s’en balek (traduction : on s’en bat les c…), objectivement, c’est votre délire de petits blancs ».

Cependant, exprimant  leur ressentiment et leur haine de la France dans la langue du « colon » honni, et s’affirmant intellectuellement à travers ses références philosophico-politiques, les « décoloniaux » ont une attitude schizophrénique…

Là n’est cependant pas le moindre paradoxe de ces sycophantes dont la « pensée » a germé sur le terreau philosophique de la révolution de 1789. En s’attaquant frontalement, et d’une manière œdipienne, aux dogmes de leurs géniteurs - « valeurs de la République », « droits de l’homme », « vivre ensemble » et « laïcité » -, les « décoloniaux » ont en effet pulvérisé l’armature doctrinale et morale de cette gauche universaliste qui, depuis des décennies, est le vecteur de la décadence française. Comme elle ne survivra pas à la mort de son idéologie et de ses « valeurs fondatrices », la voilà qui sort donc peu à peu de l’histoire, dégageant ainsi la voie à un changement de paradigme.

Aux porteurs de forces créatrices de saisir cette opportunité historique !

- Pour la critique de l’histoire officielle de l’Algérie écrite par le FLN et par Benjamin Stora, l’on se reportera à mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.

- Pour l’analyse et la réfutation de l’idéologie « décoloniale », on consultera mon livreRépondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance.

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Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance

Thu, 04/03/2021 - 10:19
 


Présentation du livre :
Alliés à l’islamo-gauchisme, les « décoloniaux » ont entrepris de déconstruire la France au moyen d’un terrorisme médiatique et intellectuel sans précédent. Ce n’est pas de « séparatisme » qu’il s’agit. Ils ne veulent en effet pas faire sécession. Ils bénéficient de tant d’avantages dans cette France qui les accueille, les nourrit, les loge, les soigne, les éduque… et qu’ils haïssent… À l’image d’Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF, qui, le 15 avril 2019, jour de l’incendie de la cathédrale, a écrit : « Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’Histoire de France… Wallah… on s’en balek [traduction : on s’en bat les c…], objectivement, c’est votre délire de petits blancs. »
Leur but est d’invertir la France. Pour ensuite la soumettre en lui imposant des normes raciales, philosophiques, culturelles, sociales, politiques, historiques, alimentaires, vestimentaires, artistiques, sexuelles et religieuses qui, toutes, vont à l’encontre de sa nature profonde.
En pleine déroute intellectuelle, acculés dans l’impasse idéologique des « droits de l’homme », du « vivre ensemble », du « pas d’amalgame » et du sépulcre phraséologique de  la « laïcité », les  dirigeants français  sont désarmés face à cette entreprise de subversion et de conquête, unique dans l’Histoire millénaire de ce pays.
Quant aux indigènes français, sommés de débaptiser leurs rues, de dépouiller leurs musées, de renier leur Histoire, d’abattre leurs statues, et, quasiment, de devoir s’excuser d’exister, ils ont le choix entre la « soumission » et la réaction.
Or, cette dernière passe par la totale remise en question du corpus idéologique dominant, terreau sur lequel se développent et prospèrent les pensées invasives qui veulent faire de la France autre chose que la France…


Table des matières :

I) Ces trois gauches qui ont enfanté les « décoloniaux »
- La gauche coloniale et son universalisme dévastateur
- La gauche tiers-mondiste, son dolorisme, son misérabilisme et son christiano-marxisme
- La gauche universitaire, ses errances scientifiques et son aveuglement idéologique
II) La francophobie des « décoloniaux », un produit de la gauche « morale »
- La France et le « pillage » de l’Afrique
- Le franc CFA, une « danseuse » entretenue, pas une « vache à lait »…
- La guerre d’Algérie ou l’ethno-masochisme de gauche
III) Le corpus idéologique des « décoloniaux », entre postulats et terrorisme intellectuel
- La « primauté créatrice » de la « négritude », un transfert psychanalytique valorisant
- Le courant « décolonial », un racisme noir assumé
- De la concurrence des mémoires victimaires au cas d’école de Madame le député Obono
IV) Remettre ordre et cohérence dans l’esprit des « décoloniaux »
- Ce n’est pas la colonisation qui a provoqué la catastrophe africaine, mais la décolonisation
- Ce n’est pas la France qui a pillé l’Algérie, mais les dirigeants algériens
- Ce n’est pas l’apartheid qui a ruiné l’Afrique du Sud, mais l’ANC de Nelson Mandela


IMPORTANT : CE LIVRE EST UNIQUEMENT DISPONIBLE VIA L'AFRIQUE REELLE
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Quand M. Bastien Lachaud, député de la « France insoumise » tente de faire interdire l’audition de Bernard Lugan par la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale…

Tue, 02/03/2021 - 14:03
Mardi 2 mars 2021, passant outre à la tentative de censure de la « France insoumise », Bernard Lugan a été longuement auditionné par la Commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale au sujet de la situation dans la BBS et de la force Barkhane.

Pour l’édification des lecteurs de ce blog, nous donnons copie de la lettre du député Bastien Lachaud, du groupe « France insoumise », adressée à Madame la présidente de la Commission de la Défense pour fins de censure.

Selon Wikipédia, le député Bastien Lachaud a été condamné le 9 décembre 2019 par le tribunal correctionnel de Bobigny à 6000 euros d’amende pour « acte d’intimidation contre l’autorité judiciaire, rébellion et provocation ».

Sa lettre :

« Madame la Présidente, chère collègue,

Je tiens à vous faire part de mon incompréhension de voir la mission d’information sur Barkhane auditionner demain monsieur Bernard Lugan. Je regrette de n’avoir pu vous en faire part plus tôt mais comme vous le savez la modestie des effectifs de mon groupe ainsi que l’usage qui a cours à l’Assemblée de laisser aux rapporteurs une grande latitude dans l’organisation de leurs travaux ne me permettent pas de m’y investir autant que j’aurais souhaité.

Néanmoins je tiens à vous signaler que, selon moi, monsieur Lugan ne devrait pas être auditionné par la mission d’information. Ce polygraphe extrêmement prolixe, auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages, n’est tout simplement pas un spécialiste de la région sahélienne.

En outre, de très nombreux universitaires considèrent, non sans raison, que ses écrits sont, à tout le moins, empreints d’une idéologie politique qui fait de la race ou de l’ethnie le critère prépondérant sinon unique pour la compréhension des relations sociales et de l’organisation des sociétés, en particulier africaines.

Quoique monsieur Lugan ait longtemps professé ses thèses dans les milieux militaires, on pouvait croire que la recherche scientifique contemporaine avait fini par faire reconnaître que le biais intellectuel et politique qui affecte toute sa production était de nature à brouiller la compréhension des sociétés africaines, mais aussi de faire advenir les tensions intercommunautaires par un mécanisme de « prophétie autoréalisatrice » hélas bien connu.

Notre mission d’information doit certes veiller à recueillir une diversité de points de vue académiques afin de proposer, en toute conscience, une reformulation politique des résultats et des défis de l’opération Barkhane. En revanche, cet impératif éthique et méthodologique ne devrait pas bénéficier à la promotion d’une recherche universitaire dévoyée ni à un conservatisme politique extrême dissimulé sous les atours d’une érudition ampoulée.

Si notre commission souhaite l’éclairage d’universitaires reconnus pour compléter celles de messieurs Alain Antil, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Olivier de France et de madame Caroline Roussy, je me permets de suggérer d’entendre plutôt mesdames Niagalé Bagayoko, Johanna Siméant, Marielle Debos, messieurs André Bourgeot et Yvan Guichaoua ou encore pour une réflexion sur l’histoire longue du continent madame Catherine Coquery-Vidrovitch ou messieurs François-Xavier Fauvelle et Jean-François Bayart.

Notre commission pourrait également s'appuyer sur de nombreux jeunes chercheurs, docteurs et doctorants dont la discrétion n'a d’égale que la maîtrise des complexités africaines, et sahéliennes en particulier.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à ce courrier et vous prie d’agréer, Madame la Présidente, mes meilleures sentiments républicaines.

Bastien Lachaud »

Nous donnons rendez-vous aux lecteurs de ce blog et à tous ceux qui reçoivent ses communiqués, au jeudi 4 mars pour l’annonce d’une robuste riposte aux offensives des « islamo-gauchistes » et de leurs alliés « décoloniaux ».

Categories: Afrique

L'Afrique Réelle n°135 - Mars 2021

Sat, 27/02/2021 - 20:41
Sommaire
Actualité :- Ethiopie-Soudan : la question du triangle d’El-Fashaga- Les trois guerres du Sahel
Dossier : L’Algérie deux ans après le début du Hirak- L’impasse politique- L’impasse économique et sociale- La fin annoncée des hydrocarbures- Comment l’Algérie peut-elle tenter de réagir ?
Histoire :L’Egypte est-elle la fille du Sahara ?

Editorial de Bernard Lugan :
En Algérie, le Hirak a débuté le 16 février 2019 en protestation contre la candidature du président Bouteflika à un 5e mandat présidentiel. Il s’est ensuite transformé en lame de fond contre le « Système » qui a fait main basse sur le pays depuis l’indépendance de 1962. Or, si le Covid19 a mis un terme (provisoire) aux immenses manifestations populaires, la crise politique, sociale et morale demeure sur fond d’épuisement de la rente pétrolière et donc de naufrage économique...
L'Algérie a connu son pic pétrolier entre 2005 et 2007 avec 2 millions de barils/jour, puis, la courbe décroissante s’amorça. Jusqu'en 2014, la baisse de production fut voilée par l'envolée des prix, mais, depuis le 3e trimestre 2018, le ralentissement se fait dans des proportions inquiétantes. Cette année-là, la production algérienne a ainsi baissé de 70.000 barils/jour avec une production d’un peu moins de 1 million de b/j (966 000) alors que les chiffres officiels étaient de 1,2 million b/j. 
Le choc est donc double, avec à la fois, baisse du prix et épuisement des nappes. En effet, non seulement les gisements actuellement en activité déclinent, mais, encore plus grave, aucune découverte majeure susceptible de redresse le volume des productions n’a été faite.
La situation du gaz n’est guère meilleure. La production moyenne de gaz algérien est d’environ 130 mds de m3. Or, comme 30 à 40% de cette production sont réinjectés dans les puits pour qu’ils puissent demeurer actifs, le pays ne dispose en réalité que d’environ 86 mds de m3 de production commercialisable. De plus, sur ces 86 mds de m3, environ 35 à 40 mds de m3 sont consommés localement pour la fabrication d’électricité. Dans l’état actuel de la production, il ne reste donc qu’une quarantaine de mds de m3 pour les exportations.
Comme pour le pétrole, les exportations algériennes de gaz sont en baisse. Elles sont ainsi passées de 64 mds de m3 en 2005, à 51 mds en en 2018, puis à 48 mds en 2019 et enfin à 41 mds en 2020. Selon M. Abdelhamadjid Attar, actuel ministre de l’Energie, en 2025, les exportations devraient atteindre environ 25 mds de m3, soit moitié moins qu’en 2005...
Ces quelques chiffres illustrent le drame algérien. En effet, les hydrocarbures fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires algériennes, ce qui permet, puisque le pays ne produit rien, d’acheter à l’étranger de quoi nourrir, habiller, soigner et équiper la population. Or, avec l’effondrement de la rente des hydrocarbures, comment l’Algérie pourra-t-elle encore satisfaire les besoins élémentaires de sa population ? Au mois de janvier 2021, l’Algérie comptait ainsi plus de 44 millions d’habitants avec un taux d’accroissement annuel de 2,15% et un excédent de plus de 900 000 habitants chaque année.
La leçon des crises des années 1986, 1990 et 1994 n’ayant donc pas été retenue par le « Système », l’économie algérienne ne s’est pas diversifiée et elle a continué à vivre sur la rente des hydrocarbures. D’où l’impasse actuelle.
Pour tenter de calmer la révolte populaire qui gronde, les dirigeants algériens utiliseront donc leur joker habituel, à savoir la dénonciation de l’héritage colonial français. Mais ils l’ont tant de fois abattu que le Peuple va finir par ne plus être dupe…
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Deux ans après le début du hirak, le Titanic algérien fonce droit vers un iceberg politique, économique et social…

Tue, 09/02/2021 - 18:27
En Algérie, le Hirak  débuta il y a deux ans, au mois de février 2019, en protestation contre la 5e candidature présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika devenu impotent. Après la déposition-démission de ce dernier intervenue le 2 avril, le massif mouvement de rue se transforma en lutte totale et frontale contre le « Système ». Ayant réussi à faire élire à la Présidence Abdelmadjid Tebboune, l’un des siens, ce même « Système » bénéficia ensuite d’une « divine surprise » quand la pandémie du covid19  mit un terme aux manifestations. Mais la crise politique, sociale et morale demeurait, sur fond de naufrage  économique...
Un naufrage prémonitoirement annoncé en quelques lignes le 28 septembre 2015 par Sid-Ahmed Ghozali, ancien ministre et président-directeur général de la Sonatrach (la société nationale  des hydrocarbures) de 1966 à 1979, quand il avait déclaré au journal el Watan :

« Je crains un effondrement. Il est inéluctable (…) Après 53 ans d’indépendance, notre société vit par la grâce d’une richesse épuisable et unique, de surcroît non créée par nous (merci à la France, ma note) l’Algérie est l’un des rares pays, sinon le seul, à se retrouver dans cette si grande et si dangereuse précarité : 99% de nos importations, y compris le blé de notre pain quotidien, sont payées par les revenus des hydrocarbures ! (…) Qui est responsable de cet état de choses ? Un pouvoir vautré dans l’économie de la rente ».
Sid Ahmed Ghozali avait vu juste car la leçon des crises des années 1986,1990 et 1994 n’ayant pas été retenue, l’économie algérienne n’avait pas été diversifiée, le pays continuant à vivre sur la rente des seuls hydrocarbures. Voilà qui explique l’impasse actuelle  due à la fois, certes à l’effondrement conjoncturel des cours, mais, bien plus grave, à l’épuisement des réserves. D’où une baisse de la production entamée en 2008, baisse un temps camouflée par l’envolée des cours. Aujourd’hui, les gisements en activité s’épuisent et aucune découverte majeure n’a été faite susceptible de redresser le volume de la production.

La question s’énonce  donc simplement : comme les hydrocarbures fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires, le Titanic algérien va inéluctablement se trouver en perdition.
 
Paralysés, et afin de détourner l’attention du Peuple, les dirigeants d’Alger abattront alors leur « joker » habituel, à savoir la dénonciation de l’ « héritage colonial ».
Ils ont d’ailleurs commencé à le faire mardi 9 février quand M. Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement algérien et ministre de la  communication a réclamé (lire exigé) que la France reconnaisse ses « crimes coloniaux ». Quelques jours auparavant, lors d’un entretien donné au quotidien El Massa, le même ministre avait osé parler de la France en des termes qui, en d’autres temps, auraient, au moins entraîné une réaction diplomatique: « Le criminel (lire la France) fait généralement l’impossible pour éviter d’admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en avant ne peut pas durer ».
 
Voilà qui en dit long sur la réponse d’Alger à la volonté d’ « apaisement des mémoires » demandée par le président Macron à ce pauvre Benjamin Stora…[1]. Traité avec des relents d’antisémitisme de « nouveau harki de la France » par la presse algérienne, ce dernier ne cesse, depuis la remise de son Rapport, de donner des gages à ses amis du FLN. Dans un entretien accordé le 7 février 2021 au site web algérien L’Expression Nationale, il a ainsi déclaré qu’il ne voyait pas d’inconvénient à la présentation d’excuses de la France à l’Algérie pour les massacres commis ».
[1] Voir à ce sujet mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.

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Sahel : derrière les apparences…

Fri, 05/02/2021 - 16:46
Lundi 1er février 2021, la  DGSE a publié la vidéo d’une réunion à laquelle participaient les trois principaux chefs d’Aqmi (Al-Qaïda) dans la BSS (Bande sahélo-saharienne), à savoir l’Algérien Abdelmalek Droukdel chef d’Al-Qaïda pour toute l’Afrique du Nord et la BSS, le Touareg Iyad ag-Ghali et le Peul Ahmadou Koufa. Ce document est par définition antérieur au 3 juin 2020, date de l’élimination de Droukdel et de trois de ses commandants locaux (Sidi Mohamed Hame,  Abou Loqman alias Taoufik Chaib et Ag Baye Elkheir), tués par Barkhane au Mali, dans le cercle de Tessalit, à proximité de la frontière algérienne. 

Selon la DGSE, lors de cette réunion, Abdelmalek Droukdel aurait décidé d’étendre les opérations d’Aqmi à la Côte d’Ivoire, au Ghana et à l’Europe.

Si cette menace est naturellement à prendre au sérieux, la liquidation d’Abdelmalek Droukdel a cependant changé le contexte régional sur trois points essentiels :

1) Iyad Ag Ghali et Ahmadou Koufa sont désormais autonomes et, semble-t-il, ils n’ont pas les mêmes objectifs que ceux qui avaient été définis par Abdelmalek Droukdel.

2) Al-Qaïda dans la BSS n’est plus dirigé par un étranger, en l’occurrence un Algérien, mais par deux Maliens, le Touareg Iyad Ag Ghali et le Peul Ahmadou Koufa.

3) Derrière les slogans faisant référence au califat universel, Iyad Ag Ghali et dans une moindre mesure Ahmadou Koufa, ont une approche politique « nationale ». L’islam est en effet pour eux, et à des degrés différents, le paravent de revendications ethno-politiques résurgentes enracinées dans leurs peuples (voir à ce sujet mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours).

Après la mort d’Abdelmalek Droukdel, j’ai formulé une hypothèse selon laquelle ses ordres qui étaient d’élargir la zone d’opérations d’Aqmi, non seulement ne seraient pas exécutés par Iyad Ag-Ghali, mais, et tout au contraire, qu’ils seraient remplacés par une volonté de règlement du conflit. Du moins pour la partie nord du Mali, là où la guerre régionale a démarré en 2011.

Depuis, quatre éléments sont venus à l’appui de mon hypothèse qui ouvrent sur plusieurs scénarios :

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