La Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies sera célébrée vendredi prochain, le 29 mai. Le thème de la Journée est: "l’Onu a 70 ans. Maintien de la paix: paix, présent, futur".
Pour la septième année consécutive, l’Organisation honorera les quelques 126 Casques bleus qui ont perdu la vie en 2014 au service de la paix (déjà 51 pour 2015).
Les activités commémoratives auront lieu au Siège des Nations Unies, à New York, et dans les bureaux et missions de maintien de la paix de l’ONU dans le monde.
L’Assemblée a choisi la journée du 29 mai car elle marque la date, en 1948, où l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve, (ONUST) première mission de maintien de la paix, a commencé ses opérations en Palestine.
On lira ici les noms de casques bleus tombés en 2014. Et ici le détail des Casques bleus tués depuis 1948.
Le Burundi connaît depuis un mois un mouvement de contestation populaire contre le président Nkurunziza. Au pouvoir depuis 2005, il est candidat à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin (les législatives sont prévues le 5 juin), ce que les accords d'Arusha interdisaient en 2000.
Les manifestations, quasi quotidiennes à Bujumbura, sont émaillées de heurts avec la police qui fait largement usage de ses armes à feu (photo Reuters), avec près d'une trentaine de morts en quatre semaines. Plusieurs responsables de la contestation sont passés dans la clandestinité. L'armée dont des officiers ont tenté un putsch le 13 mai, reste loyale au Président et épaule la police pour réprimer les mouvements de protestation mais les tensions, en sont sein, sont perceptibles.
Vendredi, le Département d'Etat US (DoS) a annoncé la suspension de son programme de formation des casques bleus burundais.
Lors du Press briefing du 22 mais (à lire ici), la porte-parole du DoS a répondu à la question suivante:
"Burundi. Has there been a change in the U.S. funding for Burundi? In particular, is the U.S. looking at cuts in funding that may impact its involvement in AMISOM?"
Voici la réponse de Marie Harf:
"It’s my understanding there hasn’t been a cut to funding. We continue to support Burundian troops currently in Mogadishu under AMISOM, but due to security concerns inside Burundi, the U.S. has temporarily halted peacekeeping training activities such as the Africa Contingency Operations Training and Assistance program. Continued instability and violence in Burundi, and in particular the commission of human rights violations and abuses by security forces, could jeopardize Burundi’s ability to continue to contribute to the AMISOM peacekeeping mission. We also, though, I would say, understand that members of the military have largely acted professionally and neutrally during the recent protest. We’re aware of at least two press reports of soldiers being shot and killed while acting to protect civilians during skirmishes with the police, and we, for that, express our deepest condolences to the family and friends of those soldiers."
En clair, il y a une pause dans les activités en cours (programme ACOTA), pause motivée par des questions sécuritaires.
Quelques précisions:
- la pause ne constitue aucunement (pour l'instant) une mesure coercitive pour faire pression sur le pouvoir en place. C'est plutôt la police que Washington mettrait en cuase.
- les instructeurs US ont en réalité quitté le pays depuis un mois. Ce qui retarde la constitution du 3e bataillon destiné à l'AMISOM. Les formateurs US étaient déployés sur le site de Mudubugu. Des On notera que les autorités américaines n'ont pas demandé aux civils de quitter le pays (ce que Paris n'a pas fait non plus, se contentant d'envoyer des renforts d'une quinzaine de gendarmes à l'ambassade).
- Dans la réponse de Marie Harf, il n'est fait allusion qu'à la seule OMP en Somalie (dans le cadre de l'UA). Or, le Burundi est aussi engagé en RCA au sein de la Minusca. Au total, avec 1 281 Burundais engagés dans des OMP onusiennes, le Burundi est le 25e contributeur du DPKO.
- Cette pause aura-t-elle un effet sur le contrat d'OMP Solutions (Ineo et Marck) avec le Burundi (lire ici)? Pour l'heure, selon des responsables, la crise politique a "peu d'incidences" puisque les équipements fournis par OMP Solutions ont été livrés au Cameroun (pays où une délégation burundaise se rendra la semaine prochaine) avant leur transfert vers la RCA où ils seront remis aux trois unités burundaises sous casque bleu au sein de la MINUSCA.
(B2) Le général Barrera est un peu une des figures de l’armée française. Après avoir servi dans les Balkans (Bosnie, Kosovo) et en Afrique (Tchad, Côte d’Ivoire), il est envoyé au Mali en 2013 pour prendre la tête de l’opération Serval au Mali alors qu’il vient de prendre la tête de la 3e Brigade mécanisée (3BM). Pour l’avoir rencontré, dans le cadre de l’IHEDN, on peut dire que l’homme dégage une certaine intensité et ses « Notes de guerre » sur l’opération, menée à partir de janvier 2013 au Mali par l’armée française, en prennent de la graine. Pour ceux qui s’intéressent aux opérations modernes, de celles qui se mènent en quelque sorte « sabre au clair », ce livre mérite le détour. J’en ai retenu quelques passages. L’un est particulièrement poignant, sur les enfants soldats. Les deux autres sont plus géopolitiques sur la coopération avec l’Algérie et l’assistance belge et danoise.
Une découverte maudite : l’enfant soldat utilisé par les djihadistes
« Les légionnaires trouvent un enfant soldat blessé par éclats. Réfugié près d’un muret de pierre, sous une couverture, il grelotte de fièvre, impuissant devant l’infection de ses plaies. Cela fait deux à trois jours qu’il attend la mort … Un enfant qui n’a sans doute pas 15 ans. Cette découverte et celle qui va suivre ont incontestablement marqué un tournant pour les combattants de la brigade. (…) Nous avons compris, ce jour-là, pour ceux qui en doutaient, que notre adversaire n’était pas valeureux. » L’enfant sera pris en charge par l’équipe médicale du régiment et « sauvé ».
Un peu plus tard, les « légionnaires découvrent dans (une) cache deux enfants armés et un adulte noir, anglophone, qui avouera plus tard être nigérian et affilié à Boko Haram. Après avoir enlevé une dizaine d’enfants, principalement peuls, dans la région de Gao, il les emmenés dans ce sanctuaire pour les éduquer et en faire de bons djihadistes. (…) Dans les heures qui suivirent, sapeurs et fantassins découvrirent des cadavres d’enfants dans la vallée, certains chargés de gourdes vides et envoyés à la mort par les djihadistes assoiffés. »
Quelques jours plus tard, deux autres enfants soldats seront capturés. « Comme un esclave, le premier portait des bouteilles vides et un sac pour un groupe de djihadistes armés, abattus à très courte portée. » Il fut sauvé et « surpris de s’en sortir ». Grâce au sang-froid et « à l’entraînement des légionnaires ». « Le second fut blessé par une sentinelle à quelques dizaines de mètres de son bivouac. (Il) cherchait à s’infiltrer dans le dispositif en profitant de la végétation. » Blessure superficielle, il fut soigné et évacué à Tessalit.
« Ces visions provoqueront des blessures invisibles chez mes soldats (…). Ils devaient de passer dix jours à se battre sous un soleil sahélien mais ces images les hantaient, certains se demandant même s’ils n’avaient pas tiré sans le savoir sur un gamin qui avait l’âge de leur fils. L’enfant soldat, la pire découverte de cette vallée maudite ! « Les yeux vitrés, comme drogués, ces gosses étaient utilisés comme porteurs, messagers ou éclaireurs. Kidnappés dans la boucle du Niger, enlevés pour certains à leurs familles de bergers plus au nord, il seront ensuite envoyés à Bamako pour suivre un programme de réinsertion conduit par l’ONU. »
Le kérosène algérien…
A plusieurs reprises, dans son ouvrage, le général évoque les besoins en matériel, le ravitaillement en eau qui s’effectue à flux tendus, les pièces détachées qui manquent, le carburant nécessaire. C’est l’Algérie voisine qui fournira à plusieurs reprises le carburant nécessaire, les hommes allant se ravitailler dans des missions baptisées « Septenkéro » (kérosène septentrional). « Cette livraison, plusieurs fois répétée dans les semaines suivantes, est la conséquence d’un accord entre les deux pays, touchés par le même terrorisme ». Les moyens de transport (avions ou hélicoptères) sont comptés également.
… et les hélicos belges et moyens danois
Le 6 mars, c’est un (nouvel) accrochage avec une « katiba du Muajao », provoquant plusieurs blessés, maliens et français… Il y a deux blessés graves (alpha), un Malien, un Français, le brigadier-chef Wilfried Pingaud (lire aussi : Un 4e soldat français tué au Mali à l’est de Gao). Les hélicoptères, « un Puma et un Agusta belge foncent vers l’ouest pour récupérer les cinq blessés. (…) Nos amis belges ont été engagés aux côtés de leurs alliés français pour sauver des vies. Il existe une vraie fraternité d’armes avec l’armée belge. Leurs pilotes d’hélicoptères et d’avions de transport ont été des nôtres. Tout au long de la campagne, ils nous ont acheminé l’approvisionnement nécessaire à Gao et Tessalit, prenant parfois le relais de nos avions à bout de potentiels. Sur les pistes les plus éloignées, les cocardes françaises ont souvent côtoyé celles des royaumes de Belgique et du Danemark. (*) »
Commentaire : ces besoins illustrent également, même si le général ne le mentionne pas précisément, la nécessité qu’il y aurait sans doute eu d’un soutien plus affirmé des Européens, ne serait-ce qu’en moyens de transport ou d’évacuation. Cette question n’est toujours pas réglée. Et d’un point de vue politique, on peut se demander si une opération identique devait être réitérée demain, est-ce que la situation serait considérablement changé. Le commentaire élogieux du général sur l’allié belge, à juste titre, ne serait peut-être plus de mise. Au vu du positionnement de l’actuel gouvernement belge dirigé par le libéral Charles Michel et de son ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), beaucoup plus réticent à s’engager dans les opérations en « Européen » (cf. RCA, EUNAVFOR Med), on peut se demander si un tel engagement aurait lieu aujourd’hui, pour des raisons budgétaires mais aussi politiques.
(NGV)
• « Opération Serval. Notes de guerre, Mali 2013 » Bernard Barrera. Editions Seuil, collection Sciences Humaines et Documents, mai 2015, 448 pages, 21,50 €
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