(B2) Le groupe de Liverpool nous avait habitué à une musique plus dance. Cette fois, ils ont choisi une musique toute douce. Un air lancinant. Quelques accords. L’intérêt est aussi un texte en forme de dénonciation d’un des hommes les plus puissants. Écoutez Living in the past
V. Poutine en plein sacre de la personnalité © Pet Shop Boys – extrait B2The past isn’t even past
Cette chanson qui vient d’être publiée sur le site de Pet Shop boys (alias PSB), formé par Neil Tennant et Chris Lowe, vaut le détour. Elle se veut une réaction, à chaud, à la célébration par Vladimir Poutine début février à Volgograd (ex Stalingrad) des 80 ans de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, dévoilant un nouveau buste de Staline. Un évènement qui avait troublé le groupe au point de susciter un virulent commentaire : « Stalin is back » sur leur site.
Je veux que les hommes meurent avec mon nom sur leurs lèvres
On est loin ainsi du rythme syncopé, très dance de Go West des Villages People repris par PSB deux ans après la chute de l’URSS ou de Always on my mind. Fabriqué à la maison, comme une démo, et diffusé pour l’instant sur You Tube, le ton est moins enthousiaste aussi. Il fait référence à une autre actualité, plus tragique, la sanglante offensive russe en Ukraine commencée il y a presque un an, le 24 février 2022.
Il est trop tard pour perdre
Le duo de Liverpool, n’a jamais renié à la critique, sociale dans West End Girls ou sur l’éducation catholique, comme dans It’s the sin. Mais, là, il s’attaque à plus haut, au niveau international. Il se livre à une critique acerbe de la psychologie politique de Poutine : un être sans cœur, poursuivi par un désir personnel de prendre sa revanche, mû par une volonté de redonner à la Russie ce qu’était l’URSS hier.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Traduction maison des paroles en anglais
Cet article [Musique] Poutine, l’homme qui vit dans le passé, selon Pet Shop Boys est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
(B2) Le séisme en Turquie a pris à revers l’Alliance atlantique. L’organisation qui déroule habituellement son action, de façon linéaire, planifiée, s’est trouvée en fait bien dépourvue face à ce tremblement de terre qui nécessite d’envoyer rapidement hommes et matériels. Elle a bien essayé de prouver l’efficacité de son dispositif de réaction rapide (EADRCC). Au prix d’un artifice frôlant le mensonge.
Equipe de sauvetage bulgare à l’œuvre autour d’un bâtiment détruit par le séisme en Turquie (photo : ECHO – Protection civile bulgare)Que dit l’Alliance ?
« Plus de 1400 membres du personnel d’intervention d’urgence de plus de vingt pays alliés et partenaires de l’OTAN — dont la Finlande et la Suède — sont déployés en Turquie pour aider à répondre aux tremblements de terre du 6 février » indique l’Alliance dans un communiqué publié mardi. C’est vrai en effet. Il y a « plus de 1400 sauveteurs et 100 chiens de recherche » envoyés sur place dès le début.
Ce qu’omet de dire l’Alliance, c’est que cette aide a été principalement fournie dans le cadre du mécanisme européen de protection civile (UPCM) de la Commission européenne (1). En fait, selon nos informations, seuls deux pays (Islande et Azerbaidjan) ont répondu par l’intermédiaire du centre de l’OTAN. Tous les autres pays européens qui ont envoyé des secours (26 pays de l’UE, ainsi que trois pays tiers (Albanie, Monténégro et Serbie)) — ont préféré passer par le mécanisme européen de protection civile.
Une réalité d’autant plus difficile à admettre du côté de l’Alliance, que la Turquie — pourtant non membre de l’UE, mais participante au mécanisme européen de protection civile — a déclenché le mécanisme européen en premier. Car elle en connait son efficacité pour l’avoir testée à plusieurs reprises. Ce n’est que six heures plus tard qu’elle a déclenché le mécanisme de l’OTAN.
Le pieux mensonge de l’OTAN
Quand l’OTAN affirme ainsi que le « soutien est fourni par l’intermédiaire du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC) de l’OTAN, le principal mécanisme civil d’intervention d’urgence de l’Alliance dans la zone euro-atlantique », on passe ainsi du pieux mensonge par omission, à l’affirmation mensongère. Surtout quand l’Alliance omet de dire un seul mot sur l’action de la Commission européenne (2). Un oubli d’autant plus étrange que les deux organisations se sont jurées, à travers les déclarations successives UE-OTAN, de coopérer, notamment dans des domaines civils.
La carte des interventions des équipes de sauvetage européenes source ECHO / B2Pourquoi l’UE et pas l’OTAN ?
C’est simple, le mécanisme de protection civile de l’UE a plusieurs atouts. A commencer par son expérience, son étendue d’action… et son budget !
30 ans d’expérience
Accolé à l’office européen d’aide humanitaire, créé il y a trente ans, en pleine guerre de Yougoslavie en 1992, ce mécanisme créé en 2001, est aujourd’hui particulièrement rôdé. Il regroupe au-delà des seuls membres de l’Union européenne, huit pays du voisinage européen, dont la Turquie. Selon un principe assez simple : « Tu m’aides un jour, je t’aide le lendemain ».
Un fonctionnement très civil
Il fonctionne comme une bourse d’échange entre le pays demandeur et les pays qui envoient hommes et matériels. Et selon un principe : la « neutralité » d’action. Son intervention se veut « apolitique », « civile » et est surtout « inodore ». Chaque pays peut ainsi revendiquer l’aide envoyée comme nationale et purement civile (même si elle est souvent assurée par des militaires). À travers l’OTAN, l’aide apparait immédiatement comme très politique et très militaire. Logique le rôle de l’OTAN reste une organisation politico-militaire, à la différence de l’Union européenne, organisation politico-civile.
Une salle de crise rôdée aux catastrophes de tous genres
Sa salle de commandement 24 h / 24 (alias ERCC) gère régulièrement toute une série d’urgences : des feux de forêt l’été aux séismes ou catastrophes technologiques, telles l’explosion du port de Beyrouth (lire dossier N°86. L’Europe face à la crise du Liban après l’explosion du 4 août 2020), en passant par la crise du Covid-19 ou les guerres (lire : Aide humanitaire, protection civile et Medevac. Le plan de l’aide européenne pour l’Ukraine).
Un puissant atout financier
Le mécanisme de l’UE a surtout un argument sacrément efficace : argent et organisation. Doté d’un budget conséquent (3), il permet de financer une bonne partie des coûts : 75% des coûts de déploiement opérationnel (notamment transport des matériels et des équipes) sont pris en charge dans le cas de la Turquie, a confirmé à B2 un responsable du sauvetage. Autant dire une sacrée incitation. Car le reste des coûts (salaires des personnels, etc.) est de toute façon à charge des États.
Une administration dédiée à la réponse de crises
Le dispositif est aussi très rôdé. En 2021, il a ainsi été déclenché à 114 reprises. Autrement dit, une fois tous les trois jours. Géré par une direction générale de la Commission, celle en charge de l’Aide humanitaire (la DG ECHO), il anticipe les crises, en passant des contrats cadres soit avec des ONG (pour l’aide humanitaire), soit avec des fournisseurs. Il faut ajouter à cela, la réserve d’urgence de la Commission européenne (RescUE) mise en place depuis 2019 et renforcée après la crise du Covid-19, permettant de disposer de plusieurs stocks ou services spécialisés pour répondre à certaines urgences (feux de forêts, médical, NRBC).
Commentaire : un jeu bien puéril
On peut comprendre pourquoi un État, même membre de l’Alliance, préfère passer par le dispositif de l’UE que de l’OTAN. Celui-ci ne disposant ni de cette organisation ni de ce budget. Entre les deux, c’est un peu la comparaison entre un club de football professionnel et un club amateur des copains du dimanche. Il n’y a pas photo. Plutôt que de faire abstraction de l’Union européenne, de manière assez puérile, l’OTAN aurait tout intérêt à la mettre en avant pour vanter la bonne coopération qui règne (même si elle existe peu en l’espèce) entre les deux organisations. Au lieu de cela, on est dans une espèce de « marquage à la culotte », particulièrement pitoyable, d’autant plus grave en pleine période de tension Russie-Occident, où la désinformation fait rage. L’Alliance ne voudrait pas donner pièce à la Russie qui accuse régulièrement l’OTAN de mentir sur la guerre en Ukraine, qu’elle ne s’y prendrait pas autrement…
(Nicolas Gros-Verheyde)
Lire nos fiches (réservées aux adhérents) :
Dans la salle de crise de la Commission européenne, à l’heure du CoronavirusMis à jour 12.2 23h50 – nombre de pays européens intervenants + la carte d’intervention
Cet article [Analyse] Le petit mensonge de l’Alliance sur l’aide humanitaire à la Turquie après le séisme est apparu en premier sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique.
Le deuxième tome du Sang des cerises est paru en novembre 2022, clotûrant le dernier épisode de la saga des Passagers du vents. J'en ressors avec un sentiment mitigé.
Nous parlons quand même de François Bourgeon, l'auteur des Passagers du vent. Pour les jeunes lecteurs, l'irruption de cette série dans les années 1980 (aux éditions Glénat, nouvel acteur de l'édition de BD à l'époque) avait donné sinon un coup de fouet, du moins un coup d'accélérateur à la BD de qualité, la sortant défintivement des rayons enfantins. Dargaud avait suivi en lançant la série XIII... Je collectionne des BD sérieusment depuis cette époque...
Revenons à Bourgeon : les Passagers du vent mêlaient un beau dessin, minutieux dans les détails, réaliste dans les attitudes, empreint de poésie grâce aux vieux gréments et à la mer, un scénario original, des personnages attachants et finalement à la mentalité très contemporaine. Autrement dit, une réinvention de la BD historique qui fit florès. Bourgeon poursuivit avec deux autres séries : Les compagnons du crépuscule, sensationnelle plongée dans le Moyen-âge, et le cycle de Cyann, à dominante de science-fiction fantasy (à laquelle j'ai moins accroché). Il reprit ensuite la série des passagers du vent avec "La petite fille bois Caïman" puis avec cette troisième et dernière saison, "Le sang des cerises", dont le tome 1 est paru en 2018 et dont voici le tome 2.
L'action se passe au temps de la Commune. On suit les lentes prérégrinations de Zabo la communarde qui raconte (à la fin des années 1880) à un jeune bretonne un peu perdue, Klervi, son expérience de la Commune, de la défaite, de l'emprisonnement à Versailes jusqu'au transfert à Rochefort, puis le voyage de déportation vers la Nouvelle Calédonie, le temps passé là-bas, le retour et l'ultime voyage en Bretagne.
Disons les choses simplement : malgré les artifices du scénario pour relancer la "conversation", le gigantesque flash-back de Zabo paraît artificiel, verbeux et pour tout dire, ennuyeux. Ce qui était léger dans les volumes précédents est ici lourd, discursif, pesant. Et du coup, on se perd. J'ai mis du temps à m'attacher aux personnages... quant à la chute, elle peine à convaincre...
Le trait reste toujours de très bonne qualité mais là encore, avec quelques pesanteurs disgracieuses, sans les illuminations ni les chocs visuels qu'on avait eus lors des premiers opus.
Bref, un album que l'on conserve par amitié mais sans être réellement convaincu.
O. Kempf
(B2) Un an après le début de l’intervention militaire massive de la Russie en Ukraine (le 24 février 2022) et du soutien tout aussi massif des Européens à l’Ukraine, on peut légitimement se poser la question aujourd’hui. Éléments de réflexion.
Arrivée de véhicules donnés par les Européens en Ukraine (Photo : SEAE – Josep Borrell)Pour y voir clair… reprenons la définition de Clausewitz, le théoricien de la guerre moderne : « la guerre est 1. un acte de violence dont 2. l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté (…) Pour atteindre cette fin avec certitude 3. nous devons désarmer l’ennemi ». La guerre conduit à monter « aux extrêmes », il s’agit d’avoir un emploi « illimité de la force », mais aussi d’avoir un « calcul des efforts » nécessaires et une « escalade mesurée ».
Ces éléments (objectif, moyens, tempo), sont-ils remplis ? Pour en avoir le cœur net, examinons les moyens mis en œuvre par les Européens (et plus généralement par les Alliés).
1. La volonté politique. La désignation de l’adversaire est très claire. La Russie, son gouvernement, sont désignés explicitement comme l’initiateur du conflit : « une guerre d’agression non provoquée et injustifiée menée par la Russie contre l’Ukraine », une « invasion » selon la terminologie consacrée. Elle est considérée comme responsable de la plupart des crimes de guerre, sur ordre, voire même d’un génocide. Et ses dirigeants doivent être jugés pour ses faits. D’où l’idée d’un tribunal international ou d’un tribunal spécial pour juger ses dirigeants.
L’objectif de contraindre l’adversaire à exécuter la volonté est aussi clair. Les Européens affirment régulièrement leur volonté d’ « augmenter la pression collective sur la Russie pour qu’elle mette fin à sa guerre et retire ses troupes ». Ils se disent tout aussi régulièrement aux côtés de l’Ukraine : « l’UE soutiendra l’Ukraine et le peuple ukrainien contre [cette] guerre […] aussi longtemps qu’il le faudra ».
Et le but de cette pression est aussi clair : la libération de tout le territoire dans « ses frontières internationalement reconnues ». Autrement dit : tout le Donbass, voire la Crimée. Les Européens rappelant leur « attachement indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de [ces] frontières ». NB : les citations, tirées de la déclaration commune lors du sommet UE-Ukraine du 3 février seront reprises ce jeudi (9 février) lors du sommet européen à Bruxelles en présence du président ukrainien V. Zelensky.
2. La pression économique. Elle est très claire, forte et assumée. Avec près de dix paquets de sanctions (dont le dernier devrait être présenté si non approuvé d’ici le 24 février), l’objectif n’est pas juste d’adresser un signal politique. Il s’agit de mettre à bas une partie des ressources économiques et technologiques russes. Il s’agit de miner la capacité militaire de la Russie d’agir en Ukraine, ou au moins de ralentir ses efforts, en coupant tous les flux financiers et économiques européens. Bref de la « désarmer » au sens classique du terme, mais par des moyens « pacifiques », du soft power : l’économie, en lui coupant les vivres.
3. Le soutien militaire massif assumé. Ce soutien passe par une panoplie vaste d’équipements : des munitions aux pièces d’avions de chasse, en passant par les missiles portatifs, les chars, les soutiens d’artillerie, la défense aérienne, ou l’essence, … les Alliés ont de façon graduelle augmenté, et surtout assumé, cette assistance militaire.
Le montant aujourd’hui n’est négligeable. On atteint près de 12 milliards € du seul côté européen. Soit un milliard € par mois en moyenne. C’est grosso modo la moitié du budget d’équipement de l’armée française. Dont 3,6 milliards € sont financés en commun via la facilité européenne pour la paix (FEP).
La décision récente de Berlin et Washington de livrer des chars Leopard et Abrams (lire : Les Alliés vont équiper une brigade blindée ukrainienne. Le club des chars Leopard se met en route), et Londres les Challenger n’est pas en soi révolutionnaire. Elle s’inscrit dans un continuum qui a commencé dès le début par la livraison de chars lourds de fabrication soviétique (type T-72, plus de 400 livrés).
La nouveauté est ailleurs : elle se trouve plutôt dans la médiatisation et dans la volonté affirmée d’agir en coalition. Là où auparavant, chaque pays avait une politique variable de médiatisation — de la discrétion latine à l’outrance polono-britannique. Et où chacun prenait bien soin de préciser que c’étaient des décisions nationales.
4. Un soutien affirmé dans la formation de l’armée ukrainienne. Ce soutien n’est pas anecdotique. Européens et autres alliés (Royaume-Uni et USA) veulent former plusieurs brigades ukrainiennes pour les préparer dans un temps express (deux mois maximum par rotation) au combat.
Un effort massif inégalé dans l’époque moderne ! Côté européen, l’objectif de 15.000 (d’ici mai) au départ a été relevé à 30.000 hommes formés d’ici l’automne 2023. Idem côté britannique et côté américain. L’objectif est bien de doter les forces ukrainiennes des effectifs nécessaires pour faire face à une offensive russe comme de recompléter ses effectifs perdus au combat (environ 100.000 hommes décédés ou blessés hors de combat).
5. Un soutien en renseignement. La discrétion est de mise dans ce domaine. Mais elle est avérée. Les moyens satellitaires européens (français, allemand, britanniques) et américains sont utilisés pour fournir des renseignements précieux aux forces ukrainiennes.
C’est une partie de la puissance de renseignement alliée mise au service des Ukrainiens qui leur permet d’avoir une perception de la zone de combat complète, avec ses propres “capteurs” de terrain (renseignement humain notamment), assez efficaces (de la baba ukrainienne avec son téléphone portable qui renseigne les sources locales aux analystes). Le renseignement ukrainien bénéficie sur place d’analystes européens.
6. Placer l’Ukraine hors de portée de l’influence russe. Cette pression politique, militaire et économique sur la Russie se double d’une volonté politique et économique « d’arracher » l’Ukraine à la domination et l’influence russes. Une volonté commencée en douceur en 2014 avec la signature d’un accord d’association qui se double aujourd’hui d’une promesse d’adhésion à l’Union européenne. Un processus accéléré ! Avec la déclaration de la reconnaissance de pays candidat en quelques mois. Le tout accompagné d’un soutien financier net (environ 1,5 milliard € par mois en soutien budgétaire, 18 milliards pour 2023), en passant par l’association de l’Ukraine à vitesse accélérée aux instruments européens. On assiste ainsi à une réorientation en urgence des réseaux ukrainiens (train, électricité, route, etc.) aux réseaux européens, jusqu’à l’insertion de l’Ukraine dans l’espace de roaming téléphonique européen.
La guerre... ou la paix
Si on revient à la définition classique de la guerre donnée par Clausewitz, on voit que certains éléments sont bien là : le but de « contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté », la « recherche du renversement de l’adversaire », de le « désarmer », le « calcul des efforts nécessaires », etc. Mais il reste tout de même une absence notable : on ne peut pas dire qu’il y ait un acte de « violence » de la part des Européens envers la Russie ni de volonté « d’usage illimité de la force ».
Sans être belligérant — la notion de cobelligérant est très floue : on est belligérant ou pas —, les Européens sont donc bien à mi-chemin de la belligérance, aux cotés clairement d’une partie en guerre (Ukraine), en utilisant tous les instruments à leur disposition (sauf la force militaire) contre l’adversaire de celle-ci (Russie). Sans aucune ambiguïté. Mais ils restent prudemment sous la limite de la guerre, se cantonnant à la légitime défense.
L’objectif final recherché des Européens n’est pas le renversement du régime en Russie (cf. encadré), mais bien son retrait d’Ukraine. C’est donc une singulière différence par rapport à la définition de la guerre classique. Il s’agirait plutôt d’une guerre hybride : utiliser tous les moyens, en restant au-dessous de la limite de la guerre ouverte. De fait à la guerre ouverte déclenchée par les Russes, les Européens et Alliés réagissent par des moyens hybrides.
On remarquera cependant que dans l’histoire de l’Europe moderne, à ma connaissance, jamais les Européens ne se sont engagés aussi clairement et aussi massivement en faveur d’un pays contre un autre. Même du temps des guerres yougoslaves, même s’il y avait un soutien, il restait plus ou moins discret (notamment pour le soutien militaire). L’intervention militaire au Kosovo sous couvert de l’OTAN est une exception. Mais elle a été courte et limitée dans l’espace, et n’était pas empreinte de la confrontation avec un membre du Conseil de sécurité de l’ONU doté de la puissance nucléaire.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Des nuances sur l’objectif final recherché
Entre la réduction du pouvoir russe et un retour à une normalité des relations
Pour certains pays — les balto-polonais —, il faut en terminer avec une Russie agressive, qui n’en finit pas d’intervenir dans son voisinage, et lui couper, définitivement, les ailes. D’où leur dureté dans tous les aspects de la pression contre la Russie et dans le soutien à l’Ukraine (sanctions économiques maximales, soutien militaire maximal, adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE comme à l’OTAN). Une position justifiable (cf. ci-dessous). Pour d’autres (France, Allemagne, Italie), il faut limiter les ambitions de la Russie, mais trouver un nouveau mode d’équilibre avec ce qui reste néanmoins un voisin. Un point de vue rejoint, peu ou prou par les USA, qui ont un autre impératif stratégique : éviter la constitution d’un bloc sino-russe et contrer la montée douce de l’impérialisme chinois.
La Russie intervient dans son voisinage
Quand on jette un regard en arrière sur la liste des interventions russes (et URSS), elle est frappante. Les troupes russes interviennent régulièrement dans leur voisinage. Deux interventions majeures durant la guerre froide : 1956 Hongrie, 1968 Tchécoslovaquie. Et cinq interventions depuis la chute du mur de Berlin : 1992 Moldavie (guerre de Transnistrie), 1992-1993 Géorgie pour l’Abkhazie (avec plus de 20.000 morts civils et militaires) et l’Ossétie du Sud, 2008 Géorgie de nouveau pour l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, 2014 Ukraine (Crimée et Donbass), 2022 Ukraine (toutes zones). Soit une intervention tous les dix ans en moyenne. Et une accélération nette depuis 2007 (tous les six-huit ans). D’où l’inquiétude des pays d’Europe de l’Est (Pologne, Baltes et Roumanie particulièrement), plutôt compréhensible.
Si on contrebalance cela par les interventions de l’OTAN dans le « voisinage » russe (ou ce qu’elle considère comme son voisinage), on peut comptabiliser trois interventions majeures visant à un changement de régime (regime change) : le Kosovo 1999, l’Afghanistan 2001, la Libye 2011. Ces deux dernières n’étant pas vraiment couronnées de succès. NB : l’intervention en Iraq 2003 comme en Syrie 2012 ne peuvent être considérées comme du voisinage, mais sont plutôt des zones d’adversité confrontationnelles.
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